Stephen KING ET LE PARANORMAL : LA PERCEPTION EXTRASENSORIELLE.
"Quand Duddits entre en scène, l'image devient cent fois plus brillante,
cent fois plus précise." (Dreamcatcher, 505)
Adolescent, King a lu avec fascination les recueils de faits et anecdotes étranges publiés en livre de poche : Ripley's Believe It or Not (Incroyable, mais vrai), où il trouve d'innombrables curiosités, des faits merveilleux, mais aussi des monstres animaux ou humains, ces aberrations tératologiques qui écÏurent ou effraient les hommes depuis toujours : "C'est dans le Ripley's Believe It or Not que j'ai commencé à voir pour la première fois à quel point pouvait être ténue la ligne qui sépare le fabuleux de l'ordinaire, aussi que la juxtaposition des deux faisait autant pour jeter une lueur nouvelle sur les aspects ordinaires de la vie que pour éclairer ses manifestations les plus aberrantes." (Rêves et Cauchemars, 11) King continue toujours à vivre dans ce monde de l'extraordinaire en correspondance avec son Ïuvre : "L'univers entier pullule de faits bizarres et inexplicables. Il y a même des journalistes qui passent leur vie à en dresser l'inventaire dans des recueils du type La Réalité dépasse la fiction." 0 |
Cette étude fait partie d'une série de six, qu'il vaut mieux lire dans l'ordre suivant : 1. LA VOYANCE 3. PROCÉDÉS MANTIQUES EN VOYANCE ET BILOCATION * 4. L'IMPORTANCE DU MÉDIUM dans l'oeuvre de King 5. UNE EXCEPTIONNELLE MISE EN SCÈNE DE L'AURA 6. L'ÉNERGIE VITALE.. |
La croyance la plus archaïque de l'humanité, l'animisme1, prétend que les végétaux, animaux, différentes choses, et bien sûr les hommes, ont un esprit. Dans ce monde, ordinairement invisibles, existent aussi des entités, ou des esprits d'hommes trépassés, qui sont doués d'intentions. Il est possible à certains humains et aux esprits de toutes sortes de communiquer. Si les humains ordinaires étaient en effet considérés comme inaptes à une telle communication , certains hommes ayant des dons spéciaux avaient ce pouvoir, souvent en modifiant leurs états de conscience. Chaque civilisation a éprouvé le besoin d'avoir ses spécialistes du sacré : chamanes, prêtres, hommes-médecine, devins, magiciens, médiums, guérisseurs, exorcistes, qui prétendaient avoir la capacité de communiquer avec les esprits.
La valeur de la transmission d'informations venant du monde-autre2 dépend ainsi de la présence d'individus particulièrement doués servant d'intermédiaires entre les deux mondes, le nôtre et celui de la Surnature. On les a appelés «médiums», d'un mot latin signifiant «moyen, milieu». Le médium, qui tient une grande place dans la doctrine spirite, joua au fil du temps un rôle social important, puisqu'il peut parler au nom des esprits ou des entités. «Médium» signifie «en position intermédiaire» et les médiums se présentent bien comme des médiateurs entre notre monde habituel et le monde des forces magiques, ou entre le monde matériel et le monde spirituel3. Dans l'Antiquité, on pensait que les dieux ou les génies s'exprimaient par leur intermédiaire. Au Tibet, nombreux sont les médiums qui interprètent les messages des morts lors de séances collectives.
La médiumnité est
l'ensemble des phénomènes de communication avec ce
monde inconnu. Le mot appartient notamment au vocabulaire de la
doctrine du spiritisme, dans laquelle les vivants et les morts
peuvent communiquer (les morts sont, pour le spiritisme, des esprits
désincarnés). La doctrine spirite4 se fonde en effet sur la croyance qu'il
existe des relations entre le monde matériel et le monde
invisible et que le médium est celui dont le corps, caisse de
résonance particulière, a le pouvoir d'exprimer par son
corps ou sa voix le besoin de communication du monde-autre. Certains
spirites expliquent en effet que le médium peut
réaliser leurs intentions par son corps5 : quand Carrie exerce la
télékinésie, elle utiliserait en fait un esprit
qui interviendrait dans le monde matériel6. Les êtres du monde-autre se
manifestent aussi par la voix quand le médium communique aux
autres les mots qu'il reçus, parfois sans les comprendre,
généralement par télépathie.
D'autres commentateurs, qui trouvent
ces explications spirites insatisfaisantes, cherchent à ces
manifestations une formulation apparemment scientifique. Ils font
intervenir la «parapsychologie», qui explique ces
manifestations par des forces (et non par l'intervention des
esprits), mais la théorisation est encore à faire, et
nous n'avons pas pour l'instant de résultats probants de ce
qui est avancé. Nous n'avons actuellement aucune idée
de la façon dont ces forces peuvent se manifester dans la vie
psychique, même si elles se manifestent
vraiment...7 On en arrive à des explications de plus en plus
sophistiquées (et évidemment sans possibilité de
preuve), mêlant parapsychologie et spiritisme : par exemple un
médium aurait une force parapsychique particulière, qui
extérioriserait de l'énergie dans laquelle les esprits
viendraient puiser les vibrations nécessaires pour rendre
possible une action psychocinétique...8
Dans son Livre
des médiums9, Allan Kardec distingue plusieurs sortes de
médiums, les médiums «facultatifs», qui ont
conscience de leur pouvoir et provoquent par conséquent les
phénomènes de leur plein gré, et les
médiums naturels qui les produisent inconsciemment. Il
énonce leurs caractéristiques. Chaque médium a
une méthode spécifique pour entrer en contact avec les
entités, ce qui permet de définir plusieurs
catégories.
Le liste des médiums d'Allan
Kardec n'a subi que peu de modifications en un siècle et demi.
On trouve à peu près tous ces médiums dans
l'oeuvre de King.
Pour les médiums
voyants en divination,
spécialisés dans la lecture du passé et de
l'avenir, le lecteur est renvoyé à l'étude
proposée sur ce site de la voyanceðchez Stephen King.
Les médiums
sensitifs ont la
capacité de percevoir la présence des esprits en
éprouvant une sensation plus ou moins vague, qui peut
être bonne et agréable, ou bien mauvaise et angoissante,
en fonction de la nature de l'esprit. Ainsi Mike Nonan,
écrivain et médium naturel, ayant acquis à un
certain moment des dispositions de télépathe
(voir mon étude sur LA
TÉLÉPATHIE). Dans sa maison
hantée Sara Laughs, il ressent pour la première fois la
présence de l'esprit de sa femme morte, alors que
précisément il pense à elle : "Je me tournais pour quitter la pièce,
lorsqu'une soudaine bouffée d'air frais,
phénomène stupéfiant par cette chaleur, me
frôla le visage. Pas le corps : seulement le visage. Une
sensation tout à fait extraordinaire, comme si deux mains
avaient, pendant un bref instant, doucement tapoté les joues
et mon front. En même temps je crus entendre une sorte de
soupir tout contre mon oreille... Mais le mot ne
convient pas vraiment. Ce fut plutôt un susurrement qui passa
devant mes oreilles, comme un message soufflé très vite
dans un murmure."
(Sac d'os10, 153) Il
faut noter, pour bien insister sur le caractère surnaturel de
la situation que, dans le cas de cette présence sentie par un
courant d'air, seul le médium ressent cette impression. Les
rideaux de la pièce par exemple ne flottent pas sous l'effet
d'un déplacement d'air. L'expérience est
complètement subjective.
Une convention veut que les fantômes malveillants sont accompagnés par une impression de froid, alors que les bienveillants le sont par la chaleur (analogie avec la qualification des sentiments suivant leurs caractéristiques : froids ou chaleureux) : "Une présence, démesurée mais invisible, me frôla comme un obus. Pas un cheveu ne se déplaça sur ma tête, mais j'eus l'impression très vive d'être secoué, comme on l'est par le déplacement d'un train express lorsqu'il passe à toute vitesse dans une gare. (...) Je poussai un cri de surprise et reposai mon verre. (...) Je n'éprouvais plus aucun besoin de me rafraîchir, d'ailleurs, car la température de Sara Laughs venait de dégringoler furieusement." (Sac d'os, 378)
Les esprits ont conservé les
mêmes sentiments que les hommes, l'amour comme la haine. Ils
sont disposés à leur nuire ou à les aider, et
demeurent aussi belliqueux que les vivants. Dans Sac d'os, l'écrivain assiste à un long combat
entre des esprits, dont le narrateur ne perçoit la
présence que les modification de la température de
l'air : "Le vent se mit
à souffler, un vent froid, bientôt rejoint par un autre,
chaud celui-ci, presque brûlant pour former un cyclone. Sa
valse folle vient tourbillonner autour de moi." (528) Ce sont les
esprits de deux mortes, son épouse Johanna qui l'aide et une
adversaire, Sara, obsédée de vengeance. Dans le cas
présent, les esprits sont capables d'agir sur les choses et de
réaliser des modifications physiques, ce qui n'est possible
que dans certaines situations, liées à l'utilisation
par les esprits d'une énergie extérieure qui leur rend
possibles ces actions.11
Les médiums
auditifs entendent la voix ou
les manifestations sonores des esprits de deux manières : en
dedans d'eux-mêmes, comme une voix dans leur tête; ou
venant d'en dehors d'eux-mêmes, perçues par l'ouie,
comme celle d'une personne normale (ou éventuellement
l'enregistrement au magnétophone).
Le premier cas, la communication intérieure directe télépathique, est
fréquent chez King. Il pratique systématiquement
l'utilisation d'une deuxième ou troisième voix, qui
reflète le plus souvent des aspects divers de conscience (en
termes freudiens, le moi, le ça et le surmoi (le surmoi se
manifeste souvent sous la forme de propos d'un parent ou d'un
proche). Mais un esprit peut se manifester ainsi. Dans Sac d'os, l'esprit d'un garçon mort, noyé par un
criminel, se manifeste à Mike Noonan le romancier, sans qu'il
sache de qui il s'agit, presque sous la forme d'un poème :
"Des pensées ne
m'appartenant pas
(...) s'agitèrent dans ma tête. Elles battaient
contre les parois de mon crâne comme des papillons de nuit pris
dans un abat-jour ... ou dans une lanterne japonaise.
aide je suis noyé
aide je suis noyé
homme casquette bleue dit j'taurai
homme casquette bleue dit il m'laissera pas jacter
aide je suis noyé
perdu mes mûres sur le terrain
lui me tient
son visage brouillé méchant
lâche-moi lâche-moi oh mon Dieu
lâche-moi" (...) etc
(329)
Autre exemple, de Ça,
où les voix intérieures des entités se
produisent à plusieurs reprises : "La Tortue parla dans la tête de Bill, et Bill
comprit sans trop savoir comment qu'il existait encore un Autre et
que cet Autre ultime demeurait dans le vide au-dessus de
celui-ci." (103)
Dans Désolation, David, après avoir visité à
l'hôpital son copain gravement accidenté, s'est
retiré sur une plate-forme qu'il avait édifiée
avec lui dans un arbre. Il est accablé de douleur, mais il
sent comme une présence:"Il y a quelqu'un? Je vous en prie,
répondez!". Et quelque
chose se manifeste: "Oui,
avait dit cette voix. Je suis là.
- Qui êtes-vous?
- Qui je suis, dit la voix avant de se taire comme si cela expliquait
tout." (152)
Dans le cas d'une communication ordinaire, les voix des esprits peuvent prendre les
intonations et la force des paroles humaines. Un bon exemple de
gradation est donné dans Sac d'os,
où Mike sent et entend progressivement la présence de
l'esprit de son épouse morte avant de la voir, du
"susurrement" (153) au cri de
douleur : "Je fermai les yeux
et commençai à m'enfoncer dans le sommeil, lorsqu'un
hurlement déchira le silence de la maison. (...)
C'était Johanna. Je ne l'avais jamais entendu hurler ainsi,
pendant toutes les années que nous avions passées
ensemble, mais je n'en éprouvais pas moins la certitude que
c'était elle."
(427)
Avec un peu d'entraînement, les médiums deviennent capables de reconnaître les esprits qui se manifestent au timbre de leur voix : "Le bruit de l'air en mouvement se mit alors - comment exprimer cela? - à se concentrer, en quelque sorte, à se ramasser sur lui-même pour devenir un bruit de voix, de voix haletantes, des voix d'outre-tombe pleines de fureur. Elles auraient hurlé si elles avaient eu des poumons. (...) Un bref instant, j'entendis Sara qui grondait de sa voix de fumeuse : Barre-toi, salope! Barre-toi, j'te dis! Ce truc-là ne te regarde... Puis il y eut un bruit sourd, mais sans substance, comme si de l'air venait d'entrer en collision avec de l'air 12. Il fut suivi d'un cri (...) que je reconnus : je l'avais entendu au milieu de la nuit. Johanna hurlait, Sara lui faisait mal, Sara la punissait parce qu'elle intervenait et Johanna hurlait." (529)
Les médiums parlants ont la faculté de parler à la place des esprits. Il ne faut pas confondre les médiums auditifs et les médiums parlants : les premiers entendent la voix des esprits, puis répètent aux autres ce qu'ils ont entendu : "Le Seigneur Dieu me l'a dit en rêve. Je ne voulais pas l'écouter. Je suis une vieille femme, et tout ce que je veux, c'est mourir sur ce petit bout de terre. La terre de ma famille depuis cent douze ans. Mais il est dit que ce n'est pas là que je mourrai, pas plus que Moïse n'est allé en Canaan avec les enfants d'Israël. (...) Dans mes rêves, je m'en allais vers l'ouest. D'abord avec quelques personnes, puis avec d'autres, et d'autres encore. À l'ouest, toujours à l'ouest, et je voyais un jour les montagnes Rocheuses. Nous formions une véritable caravane, deux cents personnes, plus peut-être. Et il y avait des signes... non, pas des signes de Dieu, des panneaux indicateurs : BOULDER, COLORADO, 965 KILOMÈTRES ou encore DIRECTION BOULDER." (Le Fléau, 511)
Les médiums parlants ne comprennent pas toujours ce que les esprits veulent
leur faire dire, et se contentent de «prêter» leur
bouche à l'entité qui désire s'exprimer à
travers eux. Dans
Insomnie, le vieux Dorrance,
médiateur de l'Intentionnel, qui ressemble à un
"prophète de l'Ancien
Testament" (199),
vient voir Ralph pour lui transmettre une directive :
"Le message dit : Annule le
rendez-vous." (196). Cet
ordre laconique ne s'accompagne d'aucune justification. La
médiation n'implique pas que le médiateur soit
personnellement pénétré du message qu'il livre.
Il n'est qu'un canal par où circulent les intentions de
l'Ordre de l'Intentionnel et les instructions d'exécution,
comme le signale Dorrance "Je
ne me mêle pas de leurs affaires, je te l'ai dit. De temps en
temps, je me charge d'un message, comme aujourd'hui. C'est
tout (...). Le reste te
regarde." (197).
Il arrive que des médiums tiennent des propos et formulent des
pensées éloignés de leurs idées
habituelles ou qui ne font pas partie de leurs connaissances.
Certains parlent parfois avec un timbre de voix différent du
leur, avec un accent, ou bien utilisent une langue
étrangère. Dans la nouvelle lovecraftienne Jerusalem's Lot, une malédiction familiale pèse
sur la demeure du narrateur venu récemment y habiter. Elle est
sous le contrôle d'une créature d'un autre monde. Le
narrateur visite l'église du village voisin abandonné
depuis des siècles, et monte à la chaire, sur le lutrin
de laquelle se trouve ouvert le Livre du culte nouveau :
"Deus vobiscum magna
vermis...
Devant moi, sur la page, les mots
s'animèrent, serpentèrent, trempés dans le sang
du sacrifice, esclaves d'une créature d'au-delà des
étoiles... (...)
Et le latin fit place à
une langue plus ancienne, déjà vieille quand
l'Égypte était jeune et que ses pyramides
n'étaient que du sable, déjà vieille quand la
Terre n'était encore qu'une boule instable de gaz
incandescents.
- Gyyagin vardar Yogsoggoth! Verminis! Gyyagin! Gyyagin! Gyyagin!
La chaire commença à se fendre, se dilatant vers le
haut... (...) Je restai pétrifié et la force
surnaturelle m'investit tel un antique vaisseau qui a attendu pendant
des années... pendant des générations.
- Gyyagin vardar! tonnai-je. Serviteur de Yogsoggoth, Celui qu'on ne
peut Nommer! Le Ver d'Outre-Monde! Celui qui gobe les Étoiles!
Celui qui aveugle le Temps! Verminis! Voici venue l'Heure de
l'Assouvissement, le Temps de la Soumission!
Verminis!" (Danse
Macabre, 61)13
Les médiums voyant les esprits ont cette capacité qui s'exerce soit
à l'état de veille, soit en phase de transe. Dans
Sac
d'os, Mike a l'occasion de voir
à plusieurs reprises son épouse, tantôt
matérialisée, tantôt en partie
dématérialisée. Matérialisée, elle
porte les vêtements du jour de sa mort : "Johanna était habillée de la
blouse blanche et du pantalon bleu qu'elle portait le jour de sa
mort. (...)
Je ne pouvais voir le lac
à travers son corps; elle s'était complètement
matérialisée. J'éprouvais une curieuse sensation
de me vider à hauteur de na nuque et je crus comprendre
pourquoi." 14 (561) Ayant dû
lutter contre le fantôme de Sara, Johanna, toute énergie
disparue, perd sa consistance matérielle progressivement :
"Johanna s'y trouvait
toujours, silhouette indistincte à travers laquelle
j'apercevais maintenant le lac, ainsi que les nuages noirs du
prochain orage surgissant au-dessus des montagnes. (...)
C'était Johanna que je
voulais voir, Johanna venue de Dieu sait savait et ayant souffert
Dieu seul savait pour m'aider. Elle semblait épuisée,
tourmentée et fondamentalement
diminuée. (...)
Johanna se tourna vers moi et
me sourit.
«On a réussi, Jo!».
Ses lèvres bougèrent. J'entendis bien des sons, mais
ils paraissaient provenir de trop loin et étaient trop
indistincts pour que je puisse distinguer les mots. (...)
Des mots qui me parvenaient
d'une autre galaxie, à peine entrevus sur des lèvres
qui s'estompaient. Elle était maintenant réduite
à deux yeux flottants, dans la lumière sourde, deux
yeux qui paraissaient émaner du lac,
derrière. (...)
Elle
s'évanouit."
(566/7)
Les médiums guérisseurs peuvent guérir par le toucher, le
regard ou le geste, sans médicaments, ni potions, grâce
à leur énergie personnelle. C'est la cas de Caffey dans
La Ligne
Verte, condamné à
mort. Il guérit le gardien-chef qui souffre d'une maladie
douloureuse de la vessie : "Il
a plaqué sa main sur mon bas-ventre, juste au-dessus de mon
pénis, précisément sur le pubis. (...)
Au même instant, j'ai
ressenti une secousse, l'impression d'encaisser un grand coup dans le
bide mais sans éprouver la moindre douleur. Le choc m'a tout
de même projeté en avant, dos
cambré. (...)
Pendant un moment, cependant,
tout fut affecté d'une étrange
distorsion. (...)
Je sentais mes doigts agriffer
l'air et mes pieds battre frénétiquement le sol de la
cellule.
Et puis, ça s'est arrêté. Je ne souffrais plus.
Le feu et la douleur lancinante avaient déserté mon
bas-ventre, la fièvre n'était plus qu'un
souvenir." (III, 26) 15
Il arrive souvent que des médiums guérisseurs
bénéficient, plus ou moins directement, de l'aide d'une
entité qui accroît leur propre énergie. C'est le
cas d'Abigaël, qui guérit Frannie : "La douleur... mon mal de-dos, Parti, dit-elle
en regardant Stu, complètement parti. Regarde,
Elle se pencha et se toucha le bout des pieds: une fois, deux fois.
Puis elle se pencha une troisième fois et posa ses mains
à plat sur le plancher sans fléchir les genoux..
Elle se releva et ses yeux croisèrent ceux de mère
Abigaël.
- Votre Dieu essaie de m'acheter?" (Le Fléau, 936)
King s'amuse à inventer le cas d'un esprit qui établit
un diagnostic et prescrit un traitement dont le médium
n'aurait pas la moindre idée dans des conditions normales.
Tom, dans Le
Fléau, n'arrive pas
à soigner correctement Stu. Il rencontre le fantôme de
Nick, un ami mort, muet quand il était vivant, mais qui peut
lui parle télépathiquement maintenant, sans devoir
écrire pour communiquer comme il le faisait dans sa vie
antérieure : "Il faut
que tu saches. Il fait une pneumonie double. (...) Il faut que tu fasses certaines choses pour lui."
Tom se retrouve brutalement
déplacé dans une pharmacie, pour y retrouver le
fantôme de Nick derrière le comptoir, en blouse blanche
: "Nick? - Certainement,
monsieur, répondit Nick en alignant une série de petits
flacons devant Tom. Voici de la pénicilline. Excellent contre
la pneumonie. Ceci est de l'ampicilline, et ici nous avons de
l'amoxicilline. Excellent également. Voici de la V-cilline,
administrée surtout aux enfants. Elle peut donner des
résultats si les autres ne sont pas efficaces. Le malade
devrait boire beaucoup d'eau et de jus de fruits, mais la chose n'est
peut-être pas possible. En ce cas, donnez-lui donc ceci. Ce
sont des pastilles de vitamine C. Il faut également le faire
marcher. (...) À nouveau, Nick était comme de
la fumée qui passait à côté de lui,
peut-être même à travers lui. " (1134)
Les médiums
pneumatographes se
caractérisent par l'écriture directe, automatique. Ils
écrivent des messages écrits par les esprits, sans
intervenir personnellement, des signes, des lettres, des mots, des
phrases et parfois même des textes. Comme Mike,
l'écrivain de Sac d'Os, auquel
sa femme fantôme veut donner un conseil en lui faisant
écrire un court texte répétitif, transcription
interrompue par un "esprit" adversaire : "Je fus saisi au poignet par quelque chose de chaud
à la consistance d'oreiller. Ma main, propulsée en
avant, atterrit brutalement sur le bloc-notes. Je la vis le tripoter
avec maladresse, à la recherche d'une page blanche, puis
attraper le crayon posé à côté. Elle s'en
saisit comme d'une dague et quelque chose se mit à
écrire par ce truchement, non pas en guidant ma main, mais en
la violant. Elle se déplaça lentement au début,
pratiquement à l'aveuglette, puis prit de la vitesse et finit
par voler, déchirant presque le papier, à la
fin.
J'avais quasiment atteint le bas
de la page lorsque le froid retomba, ce froid extérieur qui
était comme une averse de grésil en janvier, me
glaçant la chair et pétrifiant la morve dans mon nez,
tandis que de ma bouche sortaient, dans un hoquet, deux
bouffées blanches. Ma main se crispa et le crayon se cassa en
deux. (...) Dans
mon dos, il y eut aussi un étrange double : pop! comme si deux
bouchons de champagne venaient de sauter 16. Puis
ce fut terminé. J'étais de nouveau
seul." (445)
Les médiums
écrivains, dits encore
psychographes, écrivent en écriture automatique (comme
le faisaient) ou dessinent sous l'influence des esprits. Certains
amateurs ou écrivains, notamment des surréalistes,
prétendent avoir écrit ainsi17. D'autres n'ont pas conscience d'être
manipulés. L'entité exprime ses directives ou sa
volonté par l'intermédiaire du médium, qui le
plus souvent croit avoir écrit avec sa pleine conscience. En
fait, il n'at été que l'intermédiaires
écrivant sans intervention de sa volonté, dans une
sorte d'état d'inconscience . Dans Sac d'Os, le fantôme de l'épouse vient en aide
à son mari écrivain Mike, un des derniers descendants
de l'auteur d'un crime horrible perpétré au
début du siècle, poursuivis depuis par des forces
vengeresses du monde-autre. Mike, qui écrit un roman alors
qu'il était en panne d'inspiration, est un grand amateur de
mots croisés comme sa femme. Il se rend soudain compte que le
texte qu'il croit avoir écrit seul est en fait codé :
"Une sorte de monument
édifié par
(...) ma femme me
passant des messages dans le dos des gardiens, priant avec tout son
vaste coeur pour que je voie et comprenne." (523)
Les premiers caractères de chaque ligne de certaines pages lus
verticalement délivrent le message : hibou sous atelier. Le
contenu renforce ce message : "Andy Rake, dans My Childhood Friend de Michael Noonan a
rarement le front plissé ou la mine renfrognée; il
fronce plutôt les sourcils. Il fronce les sourcils parce qu'il
y a un hibou dans tout froncement de sourcils 18. Avant de venir en Floride, il avait
travaillé dans un atelier de Californie. La première
fois que Rake rencontre Regina Whiting, c'est dans l'atelier de
celle-ci. La dernière adresse connue de Ray Garraty
était rue de l'Atelier à Key Largo. La meilleure amie
de Regina s'appelait Steffie Souate, et le mari de celle-ci Abou
Souate, et Abou Souate se trouvait à un moment donné
ficelé, lié - Abou Souate lié - deux pour le
prix l'un, pas mal, non?
Hibou sous atelier. C'était partout, sur chaque
page." (523) Le texte
même reproduit ce message si on rassemble les premières
lettres de chaque ligne du manuscrit.
Ce message renvoie à deux hiboux en plastique l'épouse
a achetés19. Un des hiboux cache des documents et des informations
précieuses pour la compréhension des
événements dramatiques qui se produisent :
"Je feuilletai le manuscrit et
vis les mots-clefs partout, parfois placés de manière
à être lus sur plusieurs colonnes différentes.
Avec quelle opiniâtreté avait-elle essayé de
faire passer son message..."
(524)
- les médiums
intuitifs ont, eux,
conscience de ce qu'ils écrivent, et du fait qu'ils
n'expriment pas leur pensée, mais celle d'un autre. Ils ont
une fonction d'interprètes et doivent, pour pouvoir la
transmettre convenablement, comprendre la pensée de
l'entité. King propose deux exemples dans Le Fléau : la vieille Abigaël et Flagg, qui
envoient des messages télépathiques répercutant
les desseins de leurs divinités respectives : " La vieille femme était une sorte de
médium. Et Flagg aussi, l'homme noir. Ils étaient des
radios humaines, en quelque sorte." (737) Un peu plus loin, un personnage
suggère que mère Abigaël a "une ligne directe avec le
ciel." (831)
- les médiums
somnambules sont ceux qui
entrent en contact avec les entités non pas à
l'état de veille ordinaire, mais au cours de phases de
somnambulisme ou d'un état de conscience semblable : la
transe. Les modes de transmission et les genres de manifestations
sont les mêmes que les précédents, la
différence résidant dans l'état de conscience
différent du médium. L'état de somnambulisme ne
doit pas être confondu avec la transe, dont il sera question
plus loin. Je n'ai pas relevé d'exemple de ce type de
médiums en crise de somnanbulisme.
Les médiums à
effets physiques sont
capables de produire des déplacements d'objets, des bruits,
des coups, etc20. Cela va des manifestations les plus simples et
usuelles (mouvements de guéridon au cours de séances de
spiritisme), aux phénomènes les plus rares et
spectaculaires, comme l'élévation d'objets pesants (la
télékinésie dans Carrie), la capacité de produire des combustions (la
pyrokinésie dans Charlie),
l'apparition et la disparition d'objets, la matérialisation de
substances particulières (comme un ectoplasme) ou d'apparences
revêtant la forme d'êtres humains ou d'animaux (comme
Seth, médium de Tak dans Les Régulateurs)21.Les médiums des tables tournantes ou des
planchettes Oui-ja pensent entrer en rapport avec les esprits, par le
nombre et la cadence des coups perçus (rags) qui constituent
un code de communication auditive. Il est possible d'obtenir des
informations avec de la patience : on énumère les
lettres ou les chiffres et l'esprit frappe un coup à
l'élément choisi. Les lettres ou chiffres retenus
forment des mots ou des nombres qui peuvent être
assemblés en phrases. Il est régulièrement fait
allusion à la planchette Oui-ja dans les romans de King, qui
intervient dans une longue scène de Le Fléau : "C'est une
planchette oui-ja, un instrument dont se servent les médiums.
Les kinesthéologues...
(...) Ils
prétendent que la planchette réagit en fait à de
petits mouvements des muscles, probablement guidés par le
subconscient. Naturellement, les médiums prétendent que
la planchette obéit aux esprits." (784). La planchette Oui-ja a été
étudiée dans un autre article ð. Dans
Sac
d'os, Mike a senti une
présence sur laquelle il voudrait mettre un nom, en utilisant
le code ordinaire des raps des pratiquants des tables tournantes, un
coup pour oui, deux coups pour non. Un extrait du curieux
échange : "«Es-tu
Lance Devory?»
Toc-Toc, immédiatement.
«Ce n'est pas dangereux pour moi d'être à Sara?
Suis-je en danger?»
Toc. Un silence. Je savais que c'était un silence et que la
chose dans l'escalier n'en avait pas terminé. Puis : Toc-toc.
Non, ce n'était pas dangereux. Si, c'était
dangereux. (...)
«Es-tu la personne qui
pleure dans la nuit?» demandais-je?
Toc-toc." (183)
Les représentants des médiums kingiens (les exemples
retenus ont été volontairement limités) ont une
constante particulière. Ce sont sont souvent des enfants ou
des écrivains qui ont conservé l'esprit
d'enfance.
Quel est le profil psychologique d'un
médium? Deux thèses sont en présence chez les
partisans de l'occulte, que King reprend toutes deux avec
opportunisme, suivant l'optique de ses romans.
Anomalies
génétiques avec apparence de
dégénérescence.
En accord avec Sigmund Freud, qui écrivait que la
télépathie était un "mode d'action archaïque" par lequel les individus parvenaient à se
comprendre mutuellement, mais que le cours de l'évolution de
l'espèce avait repoussé à l'arrière-plan
avec l'apparition du langage, on a volontiers fait des médiums
des demeurés. On a interprété le qualificatif
"archaïque" dans un sens régressif, rejoignant une
tradition remontant à un lointain passé. King fait
allusion à cette tradition22 dans Le Fléau
en évoquant Tom, un débile mental : "Les fous et les retardés ont parfois
été considérés dans le passé comme
des hommes investis de pouvoirs divins. Je ne crois pas qu'il
[Tom] nous ait dit quoi que ce soit qui puisse nous
être utile en pratique, mais il m'a fait drôlement
peur. (...)
- Ça me dépasse
complètement, marmonna Ralph. Ces choses qu'il a dites sur
mère Abigaël, je ne veux même pas y
penser." (830) Tom
lui-même s'appelle le "fou de Dieu".
On s'est en effet demandé dans quelle mesure la nature du
médium pouvait intervenir sur la communication, et s'il ne
fallait pas qu'il ait une personnalité exceptionnelle.
D'après la doctrine spirite, l'influence de la
personnalité du médium, simple intermédiaire, ne
devrait pas opérer pour plusieurs raisons. D'abord, la plupart
des sujets abordés au cours des séances se situent
souvent hors de la capacité de compréhension du
médium, ce qui ne peut s'expliquer que par l'intervention
surnaturelle d'un être à l'intelligence
supérieure. Ensuite, dans le cas des médiums
écrivains, l'écriture change chaque fois qu'une
nouvelle entité se manifeste. Enfin on a remarqué que
beaucoup de médiums avaient un niveau culturel faible, et
qu'on trouvait même parmi eux des analphabètes. La seule
explication de ces diverses constatations est que peu importe la
personnalité du médium, l'essentiel est qu'il soit une
bonne caisse de résonance23
Deux personnages sont
particulièrement caractéristiques, Tom Cullen, dans
Le
Fléau, et Duddits dans
Dreamcatcher.
Paraissant jeune (la vingtaine) alors qu'il est déjà
vieux (quarante-cinq ans), Tom Cullen a souvent "le visage vide, comme un robot dont on a
débranché la prise." Il le reconnaît naïvement :
"J'ai été
jusqu'en dixième, mais j'avais seize ans. Et mon papa a
trouvé que ça suffisait comme ça. Que
j'étais trop grand."
(398) "De toutes ces
vilaines expressions dont on se servait pour parler de
l'arriération mentale
24, une convenait
tout à fait à Tom Cullen. Nick l'avait souvent
employée à son sujet, avec toute la compassion dont il
était capable, dans le silence de son coeur. Et cette
expression était la suivante : il lui manque une case. Ou
plusieurs. C'était bien cela. Tom jouait aux cartes avec un
jeu incomplet. ."
(822)
Cependant Tom fait l'étonnement de son entourage parce qu'il
sait et comprend beaucoup de choses. Dans son état normal, il
réagit souvent avec l'intuition vive de l'animal sauvage. Mis
sous hypnose, il révèle alors l'étendue de ses
possibilités. Par exemple, mère Abigaël a disparu,
personne ne sait où elle est, mais Tom est capable de la
«voir» : "Tom, dit
soudain Ralph, sais-tu si mère Abigaël... est encore
vivante ?
Le visage de Ralph était tendu, comme le visage d'un homme qui
mise tout sur les dés qu'il vient de jeter.
- Elle est vivante.
Ralph se recula contre le dossier de sa chaise en prenant une grande
respiration.
- Mais elle n'est pas encore avec Dieu, ajouta Tom.
- Pas encore avec Dieu? Pourquoi pas, Tom?
- Elle est dans le désert, Dieu l'a emportée dans le
désert, elle ne craint pas la terreur qui vole à
l'heure de midi, ni la terreur qui rampe à l'heure de
minuit... le serpent ne saurait la mordre pas plus que l'abeille la
piquer... mais elle n'est pas encore avec Dieu. Ce n'est pas la main
de Moïse qui fit jaillir l'eau du rocher. Ce n'est pas la main
d'Abigaël qui a renvoyé les belettes le ventre vide. Il
faut avoir pitié d'elle. Elle verra, mais elle verra trop
tard. Il y aura la mort. Sa mort à lui. Elle mourra du mauvais
côté du fleuve. Elle...
- Faites-le arrêter, gémit Ralph. Vous ne pouvez pas le
faire arrêter?"
(827)
On retrouve les mêmes signes apparents de
dégénérescence biologique ou d'anomalie d'ordre
génétique avec Duddits de Dreamcatcher. Il a l'allure d'un mongolien et, enfant, va à
la Mary M. Snowe School for the Exceptional, connue par les gosses du
quartier comme l'Académie des Retardés, ou
l'École des débiles (138). Plus tard, il
ressemble à Tom Cullen : "C'était ça, avec Duddits, il avait
à présent près de trente ans, mais il allait
mourir enfant, bien avant d'avoir atteint la
quarantaine. (...)
Le syndrome de
Down 25 avait
fait de lui un Peter Pan qui disparaîtrait bientôt et
pour toujours dans le Pays Imaginaire." (210)
Et cependant le trisomique de Derry
voit "la ligne", a des capacités spéciales de voyant
télépathe qui communique en partie son don à ses
amis qui l'ont côtoyé journellement pendant leur
enfance. Il est leur "attrapeur de rêves", à l'aide
duquel ils élimineront un extraterrestre désireux de
contaminer une réserve d'eau pour répandre son
espèce par le moyen de spores : "Quand Duddits entre en scène, l'image devient
cent fois plus brillante, cent fois plus
précise. (...).
Parce que Duddits est
peut-être retardé à de nombreux titres, mais pas
à celui-ci; dans ce domaine, ils ne sont que de pauvres petits
débiles tandis que Duddits est un
génie." (505)
Des dons
nouveaux.
Contrairement à Freud, des parapsychologues, comme Aimé
Michel, n'ont pas vu dans la médiumnité un mode de
communication archaïque en voie de disparition. Pour eux, il n'y
aurait pas dégénérescence, mais bien au
contraire apparition des nouvelles possibilités d'une
surhumanité, le résultat de modifications
génétiques favorables permettant l'irruption d'une
nouveau potentiel humain26. D'autres, comme Marcel Martiny, un anthropologue, ont
repris cette thèse pour lui donner la consistance historique
nécessaire : comment en effet expliquer qu'il n'y a pas
davantage d'humains ainsi exceptionnellement doués. Martiny
prétend qu'au cours de l'histoire ceux qui montraient des dons
exceptionnels étaient persécutés, voire
éliminés. Il donne l'exemple de l'Inquisition
brûlant les prétendues sorcières, ou des pogroms
ou véritables psychoses épidémiques collectives
frappant les hommes jugés «différents». Ces
suppressions n'auraient pas permis aux doués de transmettre
leur capital génétique à la
postérité et seuls quelques rares mutants de ce type
serait parmi nous. Un des leitmotiv du «paranormal»
consiste à déclarer que des «forces»
inconnues actuellement peuvent être mises en valeur par
certains individus qui ont «obtenu» l'accès à
une connaissance secrète.
King a d'abord repris cette
perspective avec Carrie. Son don provient d'une mutation
génétique, selon la commission d'enquête
chargée d'expliquer son cas : "Nous sommes amenés à conclure que
l'autopsie que, si l'autopsie pratiquée sur le sujet
révèle certaines modifications cellulaires susceptibles
d'indiquer la présence d'un éventuel pouvoir
paranormal, il n'y a aucunement lieu de croire à la
possibilité d'une récurrence du phénomène
considéré."
(277) Et pourtant ce don se perpétue, comme dans cette
famille dans laquelle la mère se rend compte que sa fille a le
même don que Carrie, jouant par exemple avec des billes qui ont
"l'air de danser sans qu'elle
les touche. Cela m'a rappelé la mémé, tu te
rappelles quand la police est venue chercher Pete et que leur
pistolet leur a sauté des mains, et la mémé qui
rigolait, qui rigolait."
(278) La seule inquiétude de la mère est que sa
fille risque d'avoir des palpitations, comme la mémé...
On sait que le don de Charlie (pyrokinésie) provient d'une
mutation due à l'ingestion par ses parents d'une drogue dans
le cadre d'expériences médicales où ils
s'étaient portés volontaires. Les mutants sont bien
là...
Moyens
complémentaires de la
médiumnité.
La transe.
La médiumnité se manifeste souvent au cours de transes,
qui, historiquement, ont toujours joué un rôle important
dans les sociétés humaines. Les états de transe
étaient par exemple provoqués par des danses et des
chants, des rythmes hypnotiques, pendant lesquels certains hommes
sont supposés devenir les hôtes d'un être
surnaturel. Le médium en état de transe se comporte
alors comme l'y contraint l'esprit qui l'habite et qui s'exprime par
sa voix. Ces rituels de possession, pendant lesquels un dieu ou un
esprit rendait visible sa présence dans le corps d'une
personne, avaient l'effet social important de renforcer la croyance
collective dans l'existence de ce genre de
phénomènes27.
Les transes et les visions ont ainsi joué un grand rôle
dans les religions, qu'elles inspirassent la "danse des Esprits" aux
Indiens d'Amérique du Nord, ou la transe collective des tribus
Africaines ou les visions de la Vierge Marie. Ces modifications de
l'état de conscience devant permettre l'exercice de pouvoirs
exceptionnels, étaient pratiquées aussi bien par les
chamanes sibériens, les gourous Indiens, les lamas
tibétains que les derviches tourneurs
turcs...28
Dans L'Accident,
Johnny, un voyant «tactile», a besoin de toucher un objet
pour entrer en transe si la prédiction à faire est
importante et demande une forte dépense d'énergie. Dans
l'exemple qui suit, il aide le shérif Bannerman à
trouver un criminel et s'assoit sur le banc près duquel un
crime a eu lieu : "Johnny
retira ses gants, les mit dans sa poche, puis s'agenouilla et creusa
la neige pour dégager le siège du banc. Bannerman fut
à nouveau frappé par la pâleur de son
visage. (...)
Il saisit le banc à
deux mains et un soudain mystère l'envahit. Il n'avait rien
ressenti d'aussi intense auparavant et s'y agrippa,
c'était...."
(212) (Quantité d'impressions affluent alors, dans une
longue description)
"Le shérif recula : les
veux de Johnny étaient froids et lointains. Ses cheveux
sombres, agités par le vent, étaient rabattus sur son
visage, il avait les mains rivées au banc." Il se met à parler avec la voix du
tueur : "Son regard
transperçait Bannerman. Personne n'était capable
d'inventer cela, de produire une telle mise en scène, et le
plus terrible c'est que cela lui rappelait quelqu'un, le sourire,
l'intonation de la voix... Johnny Smith avait disparu,
remplacé par un autre. Dissimulé derrière les
traits de Johnny, un autre visage apparaissait : le visage du tueur.
Un visage que, lui, Bannerman connaissait." (213) Et
Johnny se met à raconter l'histoire du tueur.29
Dans certains cas, le sujet en transe semble dormir, manifeste
normalement une totale indifférence à l'égard de
son environnement et ne conserve pas le moindre souvenir de ce qui se
passe quand il est dans cet état. On verra plus loin le cas de
Tom, mis en état de transe par hypnose.
Dans Sac d'os, des messages sont transmis à Mike,
l'écrivain, par un esprit grâce à des plots
magnétiques déplacés sur le porte du
réfrigérateur. C'est l'occasion pour King de produire
un rapprochement intéressant entre l'état de transe,
provoqué par une contemplation prolongée de la porte du
réfrigérateur, avec l'état de transe dans lequel
est placé un écrivain au cours de l'action
d'écriture : "Je me mis
à manipuler les plots magnétiques, à les
déplacer, regardant les mots se former, se défaire, se
reformer. C'était un genre particulier d'écriture...
Mais c'était de l'écriture. Je me rendais compte
à la manière dont j'étais gagné par la
transe.
Cet état de demi-hypnose est quelque chose que l'on cultive
jusqu'au moment où l'on peut y entrer et en sortir à
volonté. La partie intuitive de l'esprit se
déverrouille, quand on se met au travail, et
s'élève à une hauteur d'environ deux
mètres (peut-être trois, les bons jours)
30. Une fois-là, elle se contente de
faire du surplace et de vous envoyer de sombres messages magiques et
des images fulgurantes. En dehors des moments où elle se
libère spontanément et où la transe vous prend
de manière inattendue, l'esprit se mettant à produire
des associations qui n'ont rien à voir avec des pensées
rationnelles et des images fortes et inattendues. D'une certaine
manière, c'est l'aspect le plus étrange du processus
créatif. Les muses sont des fantômes, et il leur arrive
d'entrer en scène sans y être invitées."
31 (355) Comme
les fantômes que côtoie Mike dans sa maison de Sara
Laughts.
L'hypnose.
Cet état de sommeil artificiel s'obtient par suggestion ou par
autosuggestion. Il n'a rien de pathologique et revêt au
contraire une importance thérapeutique notable. L'hypnose est
en effet utilisée en psychothérapie pour aider un
patient à se débarrasser de graves blocages
émotionnels irrésolus.
Beaucoup d'expériences paranormales ont eu lieu sous hypnose,
car, en abaissant le niveau de veille, le sujet s'avère plus
ouvert aux manifestations extrasensorielles. L'état hypnotique
est différent de la transe 32 (bien que ses résultats soient en partie
identiques à ceux de la transe) puisqu'il est provoqué
par l'expérimentateur ou par le sujet lui-même, par
autohypnose. C'est le cas de Tom, dans Le Fléau, apparemment un demeuré mental :
"Je pense que Tom est
ultra-sensible à l'hypnose depuis que je l'ai rencontré
en Oklahoma. Apparemment, il arrive depuis des années à
s'hypnotiser tout seul, jusqu'à un certain point en tous cas.
On dirait que ça l'aide à établir un rapport
entre les choses." Nick,
muet, écrit que Tom n'a pas d'abord compris à qui il
avait affaire : "Il ne pigeait
rien du tout. Et puis, j'ai eu l'impression qu'il se
débranchait. Je ne trouve pas de meilleur mot. Il est devenu
totalement immobile. Ses yeux étaient complètement
vides. Puis il est revenu sur terre, exactement comme le patient se
réveille quand l'hypnotiseur lui en donne l'ordre. Et il avait
compris. Comme ça, c'est tout. Il a fait le vide autour de lui
et il a obtenu la réponse." (717)
Connaissant son don de voyance, ses
amis décident de l'hypnotiser pour avoir des renseignements
indispensables : "Tom ferma
immédiatement les yeux. sa tête bascula en avant. sa
respiration se fit plus lente, plus profonde. Stu le regardait,
stupéfait.
(...) Ce
n'était pas la voix habituelle de Tom, mais il n'aurait pu
dire pourquoi. Elle lui rappelait quelque chose qui était
arrivé lorsqu'il avait dix-huit ans. Ils étaient dans
le vestiaire des garçons depuis... depuis le premier jour de
l'école maternelle dans au moins quatre cas, la plupart des
autres depuis presque aussi longtemps. Un instant, il avait vu
à quel point ces visages avaient
changé. (...)
Celle vision du changement
l'avait fait frissonner alors, comme elle le faisait frissonner
maintenant. Les visages qu'il avait regardés n'étaient
plus des visages d'enfants... mais ils n'étaient pas encore
devenus des visages d'hommes. c'était des visages dans les
limbes, des visages en suspens entre deux états parfaitement
définis." (825) Sous
hypnose, Tom fait les révélations
désirées. De même Jonesy à la commission
d'enquête sur le rôle qu'il a joué lors de
l'invasion des extraterrestres (qui se comportent chez King en partie
à la manière des esprits) (Dreamcatcher,
683)
Durant l'hypnose, le sujet devient une marionnette entre les mains de
son hypnotiseur et biologiquement ne fonctionne qu'à partir
des directives du médium. Alors que pendant la transe, le
médium conserve son autonomie.
Conclusion
:
D'après certains écrits et dans la publicité de
certains médiums abondamment diffusée dans les
médias, rien ne semble impossible aux médiums. Leurs
exploits défient les lois de la physique et ne sont pas
corroborés par les connaissances scientifiques, mais ils
continuent à rencontrer un vif succès auprès des
foules crédules. Sur scène ou en spectacle, ils sont
favorisés par l'obscurité qu'ils veulent faire
régner quand se déroulent leurs opérations.
Henri Poincaré, le célèbre mathématicien
français, se déclarait incapable de contrôler
lui-même une expérience de ce type, pour laquelle,
disait-il, il fallait une attention en éveil et des sens
aiguisés, sens qu'il ne croyait pas posséder. Il
proposait de faire l'expérience devant un illusionniste mieux
préparé que lui pour "saisir le truc au vol" 33 et en pleine lumière, avec une
caméra.
D'autres contrôles scientifiques ont eu lieu, Langevin, Lapicque, Rabaud, Piéron, Laugier, tous grands savants de l'époque et membres de l'Union Rationaliste, ont examiné certains médiums. Les plus récents contrôles ont fait intervenir Mystag, un illusionniste lui aussi membre de l'Union Rationaliste. Des résultats obtenus, il ressort que chaque fois que les expériences et les vérifications ont été rigoureusement conduites, les phénomènes annoncés ne se sont pas produits ou se sont manifestés dans les conditions douteuses, explicables par la fraude. Des prix importants ont été offerts pour la réalisation d'expériences simples dans des conditions correctes, expériences que des médiums effectuent aisément dans des séances privées : ils n'ont jamais été sollicités.34
King lui-même a
évoqué ce problème dans L'Accident, où un journaliste douteux vient demander
à Johnny le voyant de collaborer à leur journal de
grande diffusion. Dans le roman, le journaliste connaît
parfaitement les réussites de Johnny. Mais comme Johnny refuse
de vendre la célébrité de son don, seule chose
qui intéresse le journaliste (Johnny se contenterait, s'il
accepte, de signer les articles que d'autres écriront à
sa place, moyennant un gros chèque), il le chasse. En
représailles, le journaliste décide de le
discréditer dans son journal, Vie Intérieure. Il y publie un article vengeur : "Les docteurs
mystifiés" : "Le propos
de Vue Intérieure a toujours été non seulement
de vous révéler les médiums inconnus de la
presse officielle, mais aussi de dénoncer les tricheurs et les
charlatans qui ont retardé pendant si longtemps l'acceptation
de l'authentique médium. Un de ces mystificateurs
révèle sa supercherie à un de nos informateurs.
Ce soi-disant "médium", John Smith, de Pownal dans le Maine, a
raconté à notre informateur que toute l'affaire
était une trouvaille publicitaire pour payer sa note
d'hôpital. "S'il y a un livre là-dessus, il me
rapportera suffisamment pour payer tout ce que je dois et vivre
tranquille pendant deux ans par la même occasion. Les gens sont
prêts à croire n'importe quoi, prétend Smith.
Pourquoi ne pas en profiter?" Grâce à Vue
Intérieure qui a toujours prévenu ses lecteurs qu'un
médium en cache deux faux, le train de l'abondance de John
Smith a fini par dérailler. Nous renouvelons notre
récompense de 1 000 dollars à quiconque
dénoncera un faux médium." (188)
En quelques lignes, King a fait
davantage pour discréditer le phénomène social
de la médiumnité qu'un long discours : quel
crédit accorder à des publications qui n'ont d'autre
préoccupation que celle de vendre, sans se soucier de
l'objectivité ou de la véracité des notions
qu'ils affichent dans leurs pages? Qu'ajouter? Nos concitoyens, mal
formés, ballottés et succombant sous le poids d'images
et d'informations mal digérées, rejoignent la
mentalité magique des peuples sous-développés et
attendent les remèdes miracles qui viendront diminuer leurs
maux. Toutes les pratiques susceptibles de leur donner l'espoir et la
confiance que leur procurent les procédés magiques
seront les bienvenues, même souvent provoquées. Nos
contemporains se tournent à nouveau vers les mages, les
gourous, les voyants, les marabouts, les religions orientales ou les
nouvelles religions pseudo-rationnelles des sectes. C'est bien d'un
supplément de pensée rationnelle que nous manquons et
dont ont un urgent besoin les sociétés occidentales,
et, bien sûr, les autres.
Roland Ernould ©
septembre 2002.
Notes :
0 Pour le rationaliste, ces recueils sont des compilations sans esprit critique, rassemblant des récits d'expériences individuelles non vérifiées car non vérifiables. Il se demande quel intérêt peuvent avoir ces relations qui trahissent une méconnaissance des méthodes scientifiques d'investigation, dont les auteurs comme les lecteurs ignorent les exigences les plus élémentaires (impersonnalité, objectivité, contrôle, cohérence). Il est significatif que de tels recueils, qui existent depuis longtemps, se sont révélés stériles aussi bien pour la science que pour la technique. Ils n'ont jamais permis de provoquer ou de favoriser des découvertes scientifiques. Le bilan de ces traditions orales, rassemblées en anthologies dès les débuts de l'imprimerie, est entièrement négatif. Bien sûr, dira King, mais ce n'est pas étonnant, quand on constate l'esprit obtus et bloqué des savants...
1 Cette tendance à l'animisme se rencontre chez les peuples archaïques et les enfants. Elle se retrouve à des degrés divers chez tous les hommes; et certaines philosophies en sont imprégnées : le finalisme suppose un but intentionnel à chaque événement et n'admet pas le hasard. Il faut une connaissance suffisante des mécanismes physico-chimiques de la réalité pour échapper à de type d'explication. Voir L. Lévy-Bruhl, La mentalité primitive, PUF.
2 Ce terme me convient mieux que l'expression le «monde au-delà», qui suggère simultanément une conception d'une vie «ailleurs» après la mort. Le terme «monde-autre» n'a pas de connotation religieuse particulière. Pour ceux qui font profession d'accepter le surnaturel (sociologiquement ou littérairement, le monde des spirites ou celui créé par le romancier pour ses lecteurs), le réel apparent n'est pas la réalité véritable qui est ailleurs, cachée, mais brusquement manifestée par l'intrusion de la Surnature, avec une autre réalité qui lui est propre et nous est inconnue.
3 Selon la doctrine spirite, l'être humain se
compose de trois éléments: le corps, l'âme
(esprit incarné dans le corps) et le périsprit, le lien
qui rattache l'âme au corps. Après la mort, qui se
traduit par la destruction du corps, l'esprit conserve le
périsprit, sorte de «corps éthérique»
normalement invisible mais susceptible d'être perçu dans
certaines circonstances par les médiums. Les esprits (ou
âmes désincarnées) appartiennent selon Kardec
à différents ordres définis en fonction de leur
nature et classés dans une «échelle spirite»
suivant leur degré d'évolution et leurs
qualités. Kardec distingue dix classes d'esprits
réparties en trois ordres. Dans cette doctrine, les
médiums facilitent la communication entre le monde des hommes
et celui des entités. Y. Lignon, Introduction à la parapsychologie
scientifique,
Calmann-Lévy, 1994.
Pour les parapsychologues, ce sont des dispositions spéciales,
des composantes neuropsychologiques particulières qui
expliquent ces possibilités. En parapsychologie, il n'est pas
question d'esprits. R. Broughton, Parapsychologie, une science
controversée,
éditions du Rocher, 1995.
4 Allan Kardec (pseudonyme de Léon Hippolyte
Rivail qui se prétendait la réincarnation d'un druide
gaulois, dont il se mis à porter le nom) a fait au milieu du
XIXème siècle la synthèse de ses
précurseurs (le magnétisme de Mesmer, le spiritualisme
de Swedenborg, et la pratique du somnambulisme de Chastenet) dans son
Livre des
Esprits (1857,
réédition récente Mortagne, 1983),
"contenant les principes de la
Doctrine spirite sur l'immortalité de l'âme, la nature
des esprits, leurs manifestations et les rapports avec les hommes,
les lois morales, la vie présente, la vie future et l'avenir
de l'humanité, selon l'enseignement donné par les
Esprits supérieurs à l'aide de divers
médiums." Le livre
connu un énorme succès.
définition du spiritisme par Kardec : "La doctrine spirite, c'est-à-dire le
spiritisme, se fonde sur la croyance dans les relations entre le
monde matériel et le monde invisible, soit entre les hommes et
les esprits, et nous appellerons spirites tous ceux qui
adhèrent à cette doctrine."
5 Yves Lignon résume ce qu'est la médiumnité pour les spirites : "Quand un médium exerce son E. S. P. , c'est un décédé qui donne l'information; quand un médium produit télékinésies et ectoplasmies, c'est un décédé qui intervient dans le monde matériel." Introduction à la parapsychologie scientifique, Eché éd., 1988. Je rappelle que ESP (Extra-Sensory Perception, perceptions extra-sensorielles) a pour domaine la voyance et les visions, la télépathie et le dédoublement ou l'OBE (Out of the Body Experience). Voir ð PROCÉDÉS MANTIQUES EN VOYANCE ET BILOCATION.
6 Ce n'est pas le cas de King dans ce roman. Il propose une explication différente (une mutation) et décrira un pouvoir particulier. Son explication est celle de la parapsychologie (voir le paragraphe suivant)
7 Il faut noter que, pour l'instant, la parapsychologie ne fait pas partie du domaine scientifique dans la mesure où elle ne peut faire l'objet d'une explication vérifiable.
8 Énergie qui peut être amplifiée par des humains formant une chaîne en se tenant les mains et se concentrant sur le phénomène...
9 Allan Kardec, Le Livre des médiums, rééd. récente : Dervy éd., 1972.
10 Sac d'os (Bag of Bones). Création : 1997-98. Première Publication : 1998. Éd. fr. Albin Michel, 1999.
11 Pour King, un esprit a besoin de l'énergie des vivants pour concrétiser son action. Insomnie et Sac d'os sont des romans qui utilisent particulièrement cette disposition. L'esprit de Sara puise son énergie dans les habitants du village : "Les vieux ne bougeaient pas, ne disaient rien. Des vieux qui étaient dans la zone, exactement comme moi. Des vieux qui envoyaient leurs vibrations. Elle y puisait ses forces. Elle les leur volait. Elle avait fait de même avec Devory, et avec moi, bien entendu. Bon nombre de manifestations dont j'avais été victime depuis mon retour avaient vraisemblablement été créées à partir de mon énergie psychique." (Sac d'os, 527)
12 Évidemment, un choc de fantômes...
13 Jerusalem's Lot. Créée lors d'un travail à l'Unversité en 1967, elle fut probablement réécrite pour été publiée en 1978. Elle fait partie du recueil Danse Macabre (Night Shift,1978). Éd. fr. Alta, 1980.
14 On examinera plus loin l'explication que donne King du mode de fonctionnement des entités, qui puisent pour agir l'énergie vitale des êtres vivants. Dans le cas présent, Johanna a trouvé en Mike l'énergie pour se matérialiser. Sur les problèmes d'énergie chez King, voir L'ÉNERGIE VITALE
15 La pranothérapie obtiendrait la guérison grâce aux mains du médium en contact direct avec le corps du malade.
16 Cest évidemment le bruit du choc des deux fantômes qui se heurtent...
17 C'est aussi le cas d'autres créateurs qui ont essayé d'obtenir des résultats en prenant diverses drogues hallucinogènes ou champignons. Le mouvement psychédélique fut très à la mode dans les années 60, dont une partie de l'art a été influencé par la traduction d'états psychédéliques. Le surréalisme est un mouvement artistique né après la seconde guerre mondiale, dont le représentant principal fut André Breton, qui publia Le Manifeste du surréalisme en 1924, ainsi qu'une revue Révolution Surréaliste. Les surréalismes se sont exprimés dans une sorte de fantastique onirique (Tanguy, Magritte, Dali) et certains écrivains par l'écriture automatique, révélant le fonctionnement réel de la pensée. Des aspects de certaines oeuvres de King sont surréalistes.
18 Allusion à une expression ou un fait américain que je ne connais pas?
19 Les hiboux sont capables, selon les croyances indiennes, de chasser les mauvais esprits (522)
20 À ne pas confondre avec les cas de Poltergeist, qui se caractérisent eux aussi par des transports d'objets, des coups, etc. diverses manifestations, toujours spontanées, et produites sans médium.
21 Dans une autre étude, à paraître ultérieurement, sera étudiée la psychokinésie, ou le PK (Psycho-Kinesis), action de la pensée sur la matière, avec déplacement d'objets, incendie, poltergeists (esprits frappeurs), la lévitation, les guérisons miraculeuses, etc.
22 L'idiot, le poète, l'inspiré, l'initié ont souvent été considérés comme des fous par certains aspects de leur comportement, parce qu'ils échappent aux normes communes. Tantôt on les a considérés comme bénéfiques, tantôt ils ont été persécutés.
23 Qui a acoustiquement la propriété d'accroître la durée ou l'efficacité du son.
24 King s'amuse à en citer un certain nombre : "Il lui manque une vis. Ramolli du ciboulot. Une araignée au plafond. Il a un petit grain. Il travaille du chapeau. Et, par ordre alphabétique: cinglé, cinoque, cintré, dingo, fada, loufoque, louftingue, maboul, marteau, piqué, siphonné, sonné, tapé, timbré, toc-toc, toqué, tordu, zinzin." (Le Fléau, 821)
25 Le syndrome de Down est celui de la trisomie 21, ou mongolisme, marqué par un retard mental important et un retard du développement.
26 Licencié de philosophie, diplômé de psychologie, un moment enseignant, puis à l'ex-ORTF avec Pierre Schaeffer, écrivain, Michel fut toujours excité par les idées parallèles. Il fit partie de l'équipe de la revue Planète, dirigée par Louis Pauwels et Jacques Bergier. Dans Le matin des magiciens, ces auteurs écrivaient : "S'il existe des mutants répondant à notre description, tout porte à penser qu'ils travaillent et communiquent entre eux au sein d'une société superposée à la nôtre, et qui s'étend sans doute sur le monde entier", avec moyens de communication non repérables. Ed. Gallimard, 1960. Folio 129, p. 612.
27 Sur le plan individuel, la possession peut se révéler être une thérapie efficace pour ceux qui ont des troubles émotionnels psychologiques. L'«esprit» qui les possède pouvait être chassé jadis par un exorcisme. De nos jours, la psychothérapie leur permet de trouver un accommodement avec ce qui n'est en réalité qu'une partie d'eux-mêmes.
28 La transe peut être obtenue par des drogues, dans certaines maladies, avec des postures spécifiques, par une profonde concentration ou bien d'autres facteurs. Les mystiques prétendent entrer en transe en s'isolant de leur corps. Dans cet état, ils disent ne plus ressentir la fatigue ou la douleur physique. Des philosophies orientales utilisent la transe comme le moyen de transcender son corps physique pour exister à un niveau supérieur.
29 À son habitude, King propose une explication de ce don spectaculaire, par l'intermédiaire du docteur Weizak. Johnny a eu un accident de voiture et son cerveau a été touché : "Pour en revenir au cas qui nous intéresse, une zone du cerveau de notre patient a été irrémédiablement lésée lors de l'accident. Pour rééquilibrer ce manque, l'activité cérébrale s'est accrue dans d'autres zones, je résume très schématiquement. La zone privilégiée pour ce plan d'activités semble se situer dans le lobe pariétal très annelé. Les réponses aux tests prouvent que cette zone n'est plus ce qu'elle devrait être. Le lobe pariétal est le centre du «toucher», c'est là que se définissent et se sélectionnent formes et textures. Nous avons pu observer que les pressentiments de Johnny sont toujours précédés d'un contact, d'un «touché»" (139)
30 Humour kingien, comparaison placée à cet endroit pour faire passer des considérations techniques sur l'écriture, une astuce de romancier qui fait sourire.
31 King évoque à plusieurs reprises cette transe de l'écrivain : "Johanna prétendait cependant que quand je m'enfonçais dans la «zone» Écriture, il était inutile de me parler de quoi que ce soit : les choses m'entraient par une oreille et sortaient de l'autre. Il lui arrivait même parfois de m'agrafer une note à la chemise - course à faire, coup de fil à donner - comme si j'avais quatre ans." (Dreamcatcher, 178)
32 B. Méheust, Somnambulisme et médiumnité (2 vol.), Les empêcheurs de Penser en Rond éd., 1999.
33 Collectif : Les sciences occultes ne sont pas des sciences, éd. Rationalistes, 1962, 125.
34 Collectif : Dictionnaire rationaliste, éd. Rationalistes, 1964, 303
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