"Si l'on en croit la légende, il est vieux..., très vieux.
Peut-être a-t-il eu douze noms différents. Peut-être en a-t-il eu mille.
King a subi notamment diverses
influences, les plus notables étant celles de Lewis Carroll,
H. P. Lovecraft et Jack Finney, s'ajoutant à celle
déjà signalée de la Quatrième Dimension,
signalée plus haut.
Ces univers parallèles sont une extrapolation sans limites à ce que Lewis Carroll appelait "l'autre côté du miroir." 30 Au début de ce roman, assise devant le miroir du salon, Alice laisse vagabonder son imagination et communique ses fantasmes à sa chatte Kitty : "Oh, Kitty, comme ce serait merveilleux si l'on pouvait entrer dans la Maison du Miroir! Je suis sûre de ce que je dis, oh! elle contient tant de belles choses! Faisons semblant d'avoir découvert un moyen d'y entrer, Kitty. Faisons semblant d'avoir rendu le verre inconsistant comme de la gaze et de pouvoir passer à travers celui-ci. Mais, ma parole, voici qu'il se change en une sorte de brouillard! Cela va être un jeu d'enfant que de le traverser... » Tandis qu'elle prononçait ces mots, elle se trouva juchée sur la cheminée, sans trop savoir comment elle était venue là. Et, à coup sûr, la glace commençait bel et bien à se dissoudre, comme un brouillard de vif argent. À l'instant suivant, Alice avait traversé la glace et sauté avec agilité dans le salon du Miroir." 31 C'est souligner la force psychique de l'imagination, force que King ne se privera jamais de mettre en scène.
À partir de cette trouvaille de Carroll 32 (le premier passage de Jack dans les Territoires n'a pas été plus difficile), aucun auteur n'a, à ma connaissance, accordé autant d'importance au motif du passage que Stephen King, passage largement utilisé dans La Tour Sombre. King & Straub ont diversifié ces nombreux passages, en donnant à chacun sa singularité, sa part de nouveauté, avec nécessairement des reprises, mais en suivant une courbe d'intensité dramatique nettement progressive. Rattachés rapidement à la poursuite de Jack par Morgan, ils s'effectuent presque toujours dans l'urgence, par nécessité vitale.
L'action des divers chapitres repose en grande partie sur des passages multiples, médusant le lecteur qui ne sait trop s'il doit se plaindre de l'utilisation du motif jusqu'à l'usure, ou s'il doit admirer une mise en scène particulièrement étudiée liée à une action valsante et tourbillonnante
Abraham Merrit 33 et surtout H. P. Lovecraft 34 sont des auteurs dont King est imbibé. La notion d'"extériorité" à notre Terre, développée chez Merrit à partir de 1919 , qui influença Lovecraft, lui est familière et il la met fréquemment en usage. Il a trouvé dans Le Gouffre de la Lune de Merrit un personnage qui entend une "musique des sphères" et voit un être de lumière qui "participait de notre monde sans pour autant en faire partie. Les traits provenaient d'une autre sphère. (...) C'était quelque chose d'amorphe, d'extra-terrestre, comme la forme de dieux invisibles, inconnus, indifférents, qui surgiraient du fin fond des espaces, inter-stellaires; mais quelque chose qui appartenait quand même à notre terre, car on y sentait sourdre l'âme de la terre." (259)
Les personnages de Lovecraft et de Merritt utilisent couramment des passages entre la Terre et des espaces extérieurs : les êtres de Le Gouffre de la Lune ont accès à "des images de l'espace, leur ouvrant mille fenêtres par où ils examinaient la vie de milliers et de milliers de mondes en mouvement." (296) Lovecraft non seulement utilise le passage d'un monde à un autre, mais le théorise : "Un homme - doué de connaissances mathématiques dépassant de l'avis général toutes les probabilités d'acquisition humaine - pourrait passer volontairement de la terre à tout autre corps céleste situé à l'un d'une infinité de points précis du modèle cosmique." Sans subir de dommages physiques : "Un tel passage, dit-il, ne demanderait que deux étapes; d'abord la sortie de la sphère à trois dimensions que nous connaissons, et ensuite le retour à la sphère à trois dimensions en un autre point, peut-être à une distance infinie. Que ceci pût être réalisé sans perdre la vie était concevable dans beaucoup de cas. Tout être de n'importe quelle région de l'espace à trois dimensions pouvait probablement survivre dans la quatrième dimension; et sa survie lors de la seconde étape dépendrait de la région étrangère de l'espace à trois dimensions qu'il choisirait pour sa rentrée. Les habitants de certaines planètes pouvaient vivre sur certaines autres - même si celles-ci appartenaient à des galaxies différentes, ou à des phases dimensionnellement similaires d'autres continuums espace-temps - bien que naturellement il doive exister des quantités considérables de corps ou de zones d'espace inhabitables les uns pour les autres, même s'ils sont mathématiquement juxtaposés." 35
Un personnage de Lovecraft, Carter, après avoir traversé la porte de la clef d'argent, définit l'univers comme un ensemble de mondes en relation les uns avec les autres, et entre lesquels des passages sont possibles : "Il interrogeait, sans intention définie, la Présence afin d'accéder à un monde pâle et fantastique dont les cinq soleils multicolores, les constellations magiques, les vertigineux rochers noirs, couverts de coquillages, les habitants griffus au groin de tapir, les bizarres tours de métal (...) s'étaient maintes et maintes fois imposés à ses rêves. Ce monde (...) était le seul qui, dans le cosmos concevable, fût en contact avec les autres et il était impatient (...) de s'embarquer à travers l'espace vers ces mondes encore plus lointains." 36 D'autres auteurs avaient déjà, avant Merrit et Lovecraft, mis en scène de tels "passages" entre la Terre et les espaces, ou en ouvrant des fenêtres d'où l'observation est possible.
Je ne reprendrai pas celles que le
lecteur trouve dans Le Talisman des Territoires, qui ont fait l'objet d'une étude
précédente. Les objets se transforment sans se
dénaturer, les vêtements aussi pour la plupart. car
certains, mystérieusement, ne se modifient pas : la fiole
contenant la potion magique de Jack, par exemple. Et même le
train de Morgan... Quelquefois la transformation a des ratés,
et Jack se retrouve un jour revenant des Territoires avec, aux pieds,
des chaussures interverties...
(Ter, 418)
Plus surprenant encore, des arbres des Territoires ont pu "migrer"
sur la Terre, où ils s'en prennent de nouveau à Jack
(Talism, 530). Lors du quatrième passage
analysé plus haut, on a vu comment les vêtements se
transformaient lors des passages. Suivant quelles lois? On se rend
bien compte que le but des auteurs est de ne pas se créer des
complications avec l'apparence insolite des personnages dans un monde
différent; et de rechercher à tout prix des effets
pittoresques au détriment de la crédibilité. Car
la transformation est totalement gratuite dans ce quatrième
passage par exemple : puisque Morgan d'Orris est déjà
dans les territoires, habillé ainsi, et ce n'est que l'esprit
de Morgan qui s'introduit dans celui d'Orris (que devient
provisoirement le corps de Morgan jusqu'à ce qu'il le
réintègre??? Les auteurs ont soigneusement
évité la difficulté.) Car si Jack, unique,
effectue le passage en disparaissant d'un monde pour
réapparaître tout aussi physiquement dans l'autre,
à un endroit homothétique, les auteurs ont bien
signalé que, dans le cas de Morgan et de son double Orris,
seuls les esprits font le voyage. Lors d'un passage, le corps de
Morgan est un instant en apesanteur, puis il perçoit sous lui
une sensation de mouvement : "Il entendait le claquement des lanières de cuir,
les gémissements et les cognements des grossiers ressorts en
fer, les jurons de son cocher. Il rouvrit les yeux dans la peau de
Morgan d'Orris. Comme toujours, sa première réaction
tenait du pur ravissement; à côté, la coke
semblait de l'aspirine pour nourrisson. Sa poitrine était plus
étroite, son poids moindre. Le coeur de Morgan oscillait entre
quatre-vingt-cinq pulsations/minute et cent vingt en cas de
contrariété. Celui d'Orris dépassait rarement
soixante-cinq. (...)
La cocaïne avait
obstrué les narines de Sloat, émoussant son sens de
l'odorat. Le nez d'Orris était totalement
dégagé, ce qui lui permettait de sentir la
poussière, la terre et l'air avec une parfaite
fidélité."
(434)
Les auteurs ne se contentent pas de ces quelques notations physiques retenues ici (elles sont beaucoup plus nombreuses). Avec audace, ils se livrent à une tentative d'explication du fonctionnement des doubles : "Il savait ces choses, savait exactement où il se trouvait, parce qu'Orris était encore là, à l'intérieur de sa tête, et lui parlait à la manière dont l'hémisphère cérébral droit parlait au gauche durant les rêveries : à voix basse mais distinctement." Deux esprits occupent ainsi le même cerveau, et King se souviendra de cette situation dans Les Trois Cartes 37 ou Dreamcatcher 38,
où l'extraterrestre qui occupe
un terrien fouille les "fichiers" de son cerveau à la
manière d'un logiciel d'ordinateur. L'impression
créée reste la même quand Orris occupe sur Terre
l'esprit de Morgan : "Sloat
avait parlé à Orris avec la même voix
intérieure, lors des rares occasions où Orris avait
émigré.
(...) Quand quelqu'un
émigrait et s'introduisait dans le corps de son Double, le
résultat était une sorte de possession
bénigne." (432)
On a un exemple de Morgan "possédé" par Orris alors
qu'en voiture il rentre du bureau : "Il avait senti le froid saisir son esprit. On aurait dit
qu'une source avait brusquement jailli quelque part dans son
subconscient, y déversant une étrangeté inconnue
qui ressemblait à... à... (à du sperme)... il ne
savait pas exactement à quoi. Sauf que ça se
réchauffait rapidement, acquérait des connaissances, et
qu'il avait eu juste le temps de réaliser que c'était
lui, Orris ; après quoi tout s'était retrouvé
sens dessus dessous." Orris
n'est pas très à l'aise au volant de la voiture :
"C'était Orris assis au
volant d'une Ford aérodynamique de 1952, Orris portant le
complet croisé marron et la cravate John Penske, Orris encore
qui se tripotait l'entrecuisse, non par inconfort, mais avec une
curiosité mêlée de dégoût. Orris
qui, bien sûr, ignorait le port du
caleçon." (434)
Orris manquant monter sur le trottoir, Morgan prudemment reprend en
main la voiture...
Jack n'a pas de tels problèmes Sa nature d'"unique" fait qu'il
se retrouve intégralement tel quel, en passant d'un monde
à un autre : "La seule
chose qui avait maintenu Jack en vie aussi longtemps, c'était
l'ahurissante simplicité de sa nature. Chaque fois que le
drôle s'envolait quelque part, il se retrouvait toujours dans
l'endroit équivalent à celui qu'il avait laissé.
Alors que Sloat atterrissait toujours là où
était Orris, c'est-à-dire aussi bien à des
kilomètres de distance de là où il voulait
être... comme c'était le actuellement le
cas." (Talism, 433)
Dans Les Territoires, Judy, la mère du petit Tyler enlevé, a des obsessions depuis l'enfance. Elle raconte qu'elle entendait alors la voix d'une petite fille de son âge qui chuchotait derrière un mur : "Quand je m'endormais, presque toujours je rêvais de l'endroit où cette petite fille vivait. Je l'appelais Très-Loin, et c'était pareil qu'ici, pareil que le Pays des Ravins, mais en plus gai, en plus propre, en plus... magique. Là-bas, les gens se déplaçaient en calèche et habitaient dans des grandes tentes toutes blanches. Là-bas, il y avait des hommes capables de voler dans les airs." (Ter, 277) Ces voix ont continué, l'âge passant : "Je n'arrivais pas à voir que Très-Loin essayait de me communiquer quelque chose. La petite fille derrière le mur avait recommencé à chuchoter, sauf qu'elle était une femme, maintenant, et qu'elle mourait de peur." (Ter, 278) En voyant Jack, elle a eu immédiatement l'impression qu'il connaissait Très-Loin : "Vous avez été dans ce pays de Très-Loin et vous avez fait quelque chose de fantastique." (Ter, 279) Judy sait qu'y vivent des lapins grands comme des kangourous, ceux que Jack a vus lorsqu'il est retourné adulte sans les Territoires. Judy sent que son fils est dans le Très-Loin (ce que Jack appelle les Territoires), et que Jack a une mission à accomplir : "Il y a en vous quelque chose de vital que vous devez élucider. Sans même en avoir conscience." (Ter, 279) Jack se rappelle que, avant sa démission, il était chargé de faire respecter la loi et la justice, qu'il est un «flicquicier»".
Jack finit par comprendre que
Judy a un double, et que ce double essaie d'entrer en communication
avec elle 39 sans le pouvoir, parce que ni l'une ni l'autre ne
peuvent effectuer de passages 40 : "Judy Marshall
a une gémelline, et ça fait un moment qu'elle chuchote
derrière son mur. Pas étonnant qu'elle ait fini par se
mettre à crier!
(...) Les
gémellins, voilà le fond de l'affaire, pense Jack en se
frappant la tempe du poing. Quel idiot il a été de ne
pas le comprendre sur-le-champ! Sa seule excuse est d'avoir
refusé si longtemps de se pencher sur l'affaire, malgré
les interventions de Speedy.
(...) Durant toute
l'enfance de Judy Marshall, sa gémelline lui a parlé au
travers de la membrane qui sépare les deux mondes, et ces
derniers mois, de plus en plus inquiète, elle a passé
le bras pour la secouer et la secouer encore... Jack, lui, est
unique, sans gémellin. C'est donc à Speedy qu'est
revenu le même rôle. Il n'arrive pas à croire
qu'il ait mis si longtemps à comprendre.
Voilà pourquoi, aussi, il a du mal à supporter tout ce
qui pourrait s'interposer entre lui et Judy; celle-ci est
la
porte qui conduit
à sa gémelline, comme au gémellin du
Pêcheur (...).
Ce qui va se passer au
pavillon D aujourd'hui va changer la face des
mondes." (Ter, 378)
On a a relevé à la lecture le mot : "porte", qui
signifient que Judy aura un rôle à jouer lors d'un
passage.
Quand Jack, un peu plus tard,
passe dans les Territoires et voit la gémelline de Judy,
Sophie, il constate qu'elle s'est blessé le bout des doigts :
"Les yeux sur les petits
pansements qui couvrent le bout de ses doigts, il se dit que l'une et
l'autre ont tellement lutté pour se rejoindre, lutté
pour passer le mur... Alors que Morgan Sloat, apparemment, pouvait se
muer en Morgan d'Orris à sa guise. Et, à douze ans,
Jack avait rencontré d'autres êtres doués de la
même capacité. Lui, non. Lui n'avait pas de contrepartie
et restait Jack dans un monde comme dans l'autre. Mais Sophie et
Judy, elles, ont été incapables de « passer
». Quelque chose leur a été refusé, les
réduisant à murmurer derrière la paroi...
À cet instant, il ne peut rien imaginer de plus
triste." (Ter, 392)
Puisque Judy est la "porte", le passage de Jack ne peut s'effectuer
qu'avec son aide et son énergie, dans une scène
psychologiquement belle parce que pour Judy, c'est celle de
l'acceptation et du renoncement : "Prends-moi par les mains et fais-le, Jack. Elle attend.
Il faut que je te donne à elle... (...)
Une impulsion venue du centre
de la Terre envahit son corps, un flot d'électricité
l'ébranle des pieds à la tête, jusqu'à ses
doigts tendus vers Judy Marshall, qui frissonne, également. Il
ne s'est jamais senti aussi léger ni aussi fermement retenu
par l'attraction terrestre, résistant à l'envol. Quand
ils vont partir, a-t-il le temps de penser, ce sera comme le
lancement d'une fusée, et, certes, le sol tremble sous
lui.
Il regarde Judy, rejetée en arrière, la tête
parallèle au plancher secoué de vibrations, un sourire
de satisfaction extatique aux lèvres. Une mince enveloppe de
lumière blanche resplendit autour d'elle, ses jambes nues sous
la vieille chemise de nuit brillent, ses pieds également,
fermement plantés au sol. La même lueur entoure
maintenant le corps de Jack, et tout cela vient d'elle, d'elle et
de..." (Ter, 390)
Se produit alors une sorte de multiplication de forces (ne pas oublier que le monde des Territoires est un monde magique!) dont le résultat est explosif. King est très attaché à cette idée que, quand des individus sont ensemble ou en groupe, le résultat n'est pas de l'addition de leurs forces individuelles, mais plutôt leur multiplication, comme le montre la victoire du groupe d'enfants sur Ça qui les surprend eux-mêmes : ""Nous nous sommes montrés capables, à un moment donné, d'exercer une sorte de volonté de groupe." 41 L'essentiel pour le groupe est d'avoir la foi : foi en l'entreprise, foi dans les autres. 42
Comme le pense Jack plus tard,
l'énergie mise en oeuvre est "cent fois" plus forte
qu'ordinairement : "Un
sifflement continu emplit la pièce. Les reproductions de
Georgia O'Keeffe s'envolent des murs, le divan de psychiatre danse
sur place, les papiers fusent, un lampadaire halogène tombe
bruyamment à terre. Dans toutes les chambres de
l'hôpital, les lits vibrent, les postes de
télévision s'éteignent, les instruments
cliquettent sur les plateaux stérilisés. Dans la
boutique de cadeaux, les jouets cascadent des étagères
et les vases pleins de lis dérivent sur le sol en marbre. Au
quatrième étage, les ampoules explosent en geysers
d'étincelles dorées. L'ouragan s'amplifie, encore et
encore, s'exacerbe en un immense voile de lumière blanche qui
s'évanouit aussitôt. Avec lui, Jack
Sawyer. (...)
Aspiré dans les
Territoires, projeté, catapulté." À son arrivée il trouve, lui
donnant la main, "une femme
extraordinaire couchée près de lui. Judy. Non, pas
Judy, qu'il aime «à sa façon», mais une
autre, tout aussi remarquable. Celle qui murmurait jadis
derrière le mur et qui s'est tant approchée de Judy,
ces derniers temps." Il vient
de rencontrer le double de Judy, Sophie. (390)
Sur Terre, les sirènes retentissent, c'est la désordre
et la panique dans l'hôpital que Jack vient de quitter et qu'il
réintégrera un temps plus tard.
Dans les dernières pages de Le Talisman des Territoires, les auteurs nous proposent le dernier "passage" du roman, celui de Morgan, qui ressemble singulièrement à un épisode de Le Fléau. Morgan possède un talisman, une petite clé/paratonnerre capable d'envoyer une énergie destructrice, que le lecteur a déjà rencontrée en action dans le roman. Il envoie un faisceau d'énergie pour détruire le talisman, mais celui-ci le lui retourne, et Morgan disparaît de la Terre : "Une brèche s'ouvrit entre les mondes, au moins de la taille du tunnel conduisant à Oatley, et Jack vit Sloat s'y faire aspirer, son élégant complet marron en feu, une main squelettique, noircie, encore cramponnée à sa clé. Les yeux de Sloat bouillaient dans leurs orbites, mais ils n'en étaient pas moins grands ouverts... lucides. Et au moment où il se volatilisait, Jack le vit se métamorphoser; il vit la cape apparaître, pareille aux ailes d'une chauve-souris 43 qui a frôlé de trop près la flamme d'une torche, ses bottes et ses cheveux en train de flamber, la clé se transformer en une espèce de paratonnerre miniature." (Talism, 621)
Dans Le Fléau 44, King n'avait pas utilisé un gadget semblable, mais avait octroyé un pouvoir particulier à Flagg, l'Homme Noir, auquel un de ses sbires apporte en cadeau un engin atomique sur un chariot : "Une boule bleue (...) jaillit de l'extrémité du doigt de Flagg avec un léger craquement et une vague odeur d'ozone. [Larry] vit la boule d'électricité que Flagg avait fait jaillir de son doigt. Elle avait effroyablement grandi. Elle était à présent suspendue. dans le ciel, menaçant La Poubelle, lançant des étincelles comme de longs cheveux. Larry se rendit vaguement compte que l'air était tellement chargé d'électricité que tous les poils de son corps en étaient hérissés. (...) Flagg n'était plus là. Devant l'endroit où il s'était trouvé, Larry eut l'impression de sentir une chose monstrueuse, quelque chose d'accroupi, de voûté, presque sans forme - quelque chose, avec d'énormes yeux jaunes fendus de deux pupilles de chat noir. Puis l'impression disparut. Larry vit les vêtements de Flagg - le blouson, le jeans, les bottes - qui tenaient tout seuls en l'air. Une fraction de seconde, ils conservèrent la forme du corps qui les avait habités. Puis ils s'effondrèrent. Dans un crépitement, la boule de feu se précipita sur la voiturette électrique que La Poubelle avait réussi à ramener." (111) Tous ceux qui étaient là périssent dans l'explosion.
Si Flagg disparaît, c'est, dans la version de 1998/9, pour réapparaître ailleurs. Cet épilogue a été ajouté par King à la première édition, et intègre la notion de passage : "Il se réveilla à l'aube. Il avait ses bottes. Il s'assit et regarda autour de lui. Il se trouvait sur une plage dont le sable était blanc comme de la poudre d'os. (...) Qui suis-je? Il ne le savait pas. Où suis-je? Quelle importance?" (1181)
Dans Le Talisman des Territoires, Jack a un autre problème, qui
l'angoisse. Il a vu les perturbations qu'apportait le passage en
force de Morgan d'un territoire à l'autre. Alors qu'il
était enfant, il avait connu la mort de l'électricien
attaché à l'immeuble de Morgan, Jerry Bledsoe,
électrocuté inexplicablement . À six ans, Jack
s'était alors posé la question : "Qui est responsable de ces changements,
papa?" (Talism, 183) Se
pourrait-il que des désordres soient ainsi
créées d'un monde à un autre? Dans le cas de de
Jerry Bledsoe, il semblerait que les perturbations sont liées
à Morgan : "Ce
jour-là, ton père était parti - et Morgan aussi.
Ils étaient venus ici. Où ça, ici? Je crois
qu'ils se trouvaient dans un endroit des Territoires qui correspond
à leur immeuble en Californie. Et ils ont dû faire
quelque chose, du moins l'un d'eux a fait quelque
chose," pense Jack.
( 204)
Jack a entendu son père Phil expliquer à Morgan que le
"seul fait d'être ici
pouvait avoir des répercussions terribles dans l'autre monde.
Déclencher la Troisième Guerre mondiale? Non,
probablement pas. Il n'avait assassiné aucun roi, Jeune ou
vieux. Mais qu'est-ce qui pouvait donc avoir entraîné la
mort de Jerry Bledsoe? L'oncle Morgan avait-il assassiné le
Double de Jerry (s'il avait eu un Double) ? Ou avait-il essayé
de rendre à un type important des Territoires le concept
d'électricité
45?
(...) Qui était
responsable de ces perturbations? Qu'est-ce qui déclenchait
ces perturbations?
(204)
Plus tard, lors de la
quête qui le mène des USA aux Territoires, Jack se
demande si un de ses voyages n'a pas créé de telles
perturbations. à Angola, une petite ville enfumée
près du lac Erié où il vient de passer. Car un
grave tremblement de terre a fait s'effondrer la structure
entière d'un immeuble en construction, enterrant de nombreux
ouvriers sous les décombres : "Cinq corps ont été retirés des
ruines de l'immeuble et les recherches se poursuivent pour retrouver
deux autres ouvriers qui sont probablement morts." (212)
Jack est très inquiet de
cette situation, qui le perturbe quelque temps, jusqu'à ce
qu'il rencontre Speedy, qui lui remonte le moral : "Tu peux pas porter le monde à toi tout
seul sur tes épaules, mon petit gars; y'a des choses contre
lesquelles on ne peut rien. y'a des fois où des gens meurent
parce que quelqu'un a fait quelque chose... mais si ce quelqu'un
n'avait pas fait cette chose, beaucoup plus de gens auraient
été tués. Tu vois où je veux en venir,
petit. L'aveugle parlait de choix difficiles à faire. Il
suggérait qu'il y avait peut-être une différence
entre un choix difficile et une conduite criminelle. Et que le
criminel n'était peut-être pas celui qu'on croyait.
Le criminel était peut-être le type qui lui avait dit,
cinq minutes plus tôt, de rappliquer illico dans le New
Hampshire," Morgan...
(223)
Quand, à Point Veneti, Jack réussit à prendre possession du talisman, un peu partout sur terre des événements se produisent en correspondance (pages 585 à 591). mais également sur l'ensemble des mondes, créant des tremblements de terre : "Dans tous les mondes, quelque chose comme une grosse bête bougea et se réinstalla dans une position légèrement différente... mais à Point Veneti la bête logeait dans le terre; elle gronda parce qu'on l'avait réveillée et ne se rendormit pas avant soixante-dix neuf secondes selon l'Institut de Séismologie de Cal/Tech. Le tremblement de terre avait commencé." (Talism, 591)." "L'épicentre de cataclysmes similaires courait de cet endroit à travers tous les mondes, comme poinçonné par la sonde creuse d'un géomètre." (Talism, 594)
Quand Tyler détruit le Grand Alliage, des conséquences en résultent pour les partisans des forces des Ténèbres : "À travers les multiples dimensions de l'infini, de monde en monde, les esprits malfaisants se dispersent dans l'affolement, des despotes s'étranglent sur un os de poulet, des tyrans sont frappés par la mort avant même d'avoir reçu la balle de leur assassin, avant même d'avoir plongé dans le blanc-manger empoisonné que leur a préparé leur perfide maîtresse, des bourreaux étouffent sous leur capuche et s'affalent sur le sol éclaboussé de sang. Le haut fait de Tyler se répercute à travers une succession d'univers, châtiant le mal au passage. À deux mondes du nôtre, dans une grande cité que l'on appelle là-bas Londinorium, Turner Topham, parlementaire respecté et pédophile sans pitié, prend brusquement feu alors qu'il flâne sur une place animée. Là-haut, très haut dans son inaccessible prison, le roi Écarlate grimace de douleur et s'écroule sur une chaise en se tenant le ventre. Il a senti un bouleversement essentiel, un événement qui a transformé son empire." (Ter, 528)
Il était tentant, pour
certains littéraires et cinéastesde donner une caution
scientifique à cette vieille croyance humaine aux passages
d'un monde à l'autre et à la
téléportation qui le permet, et sur laquelle
naguère on ne se posait pas de questions, faute de
connaissances suffisantes. Le télé-transporteur a
été l'une des plus spectaculaires inventions des
scénaristes de Star Trek, qui
voulaient éviter les dépenses d'atterrissage et de
décollage avec des engins spatiaux que leur budget ne leur
permettait pas de réaliser. King & Straub connaissent
évidemment cette série, qui sévit aux USA depuis
la fin des années soixante.
La téléportation, moyen systématisé dans
Star
Trek, a eu le mérite de
focaliser durablement le grand public sur les nouvelles
découvertes scientifiques qui rendraient "possibles" dans le
futur les impossibilités flagrantes qu'y voient les
scientifiques. Les calculs sur l'énergie à mettre en
oeuvre pour qu'une téléportation comme celle de Jack
donnent le vertige.
Lawrence Krauss, dans La physique de "Star Trek" explique que la téléportation d'un être humain (qui n'est actuellement concevable qu'avec un engin technique comme celui de Star Trek, les élucubrations sur le sujet - comme celles de King & Straub étant pour les scientifiques totalement loufoques) est une "vraie somme d'impossibilités. Imaginez qu'à chaque fois qu'il désintègre un être humain, cet appareil doit retenir la position exacte des 10 28 atomes de l'organisme. J'ai calculé que s'il fallait stocker cette information sur des disques durs de 10 gigaoctets et de 10 cm d'épaisseur, l'empilement de ces derniers s'étendrait sur une distance de... 10 000 années-lumière. Sans compter qu'au rythme de transfert actuel des disques, l'opération prendrait 2000 fois l'âge de l'Univers, soit environ 30 milliards d'années. Mieux vaut donc ne pas être pressé. Mais ce qui rend vraiment cette expérience impossible c'est le principe d'incertitude de Heisenberg, qui dit que l'on ne peut pas connaître avec précision et en même temps la position et la vitesse d'une particule subatomique. C'est une incertitude intrinsèque, inévitable, qui interdit de connaître le plan atomique exact d'un individu. C'est pourquoi les auteurs de «Star Trek» ont inventé un mystérieux compensateur de Heisenberg." 46 Qui n'existe évidemment que dans leur imagination et n'est pas techniquement concevable.
La téléportation pose des problèmes scientifiques et techniques insurmontables. Le corps humain étant composé du nombre énorme d'atomes énonce plus haut (10 28, ou 10 exposant 28 d'atomes, soit le chiffre 1, suivi de 28 zéros...), il faudrait, pour téléporter Jack, le "désintégrer" sur Terre et le "recomposer" sur les Territoires), donc reproduire et mettre à la bonne place tous ces atomes. Car la téléportation d'un endroit (la Terre) à un autre endroit (les Territoires) ne peut pas être considérée globalement, comme dans le roman. La téléportation d'un être ou d'un objet n'est pas le simple déplacement de l'être physique tout entier ou de l'objet d'un lieu A à un autre B. Il faut opérer la dématérialisation de l'être ou de l'objet en A, envoyer les instructions contenant les plans du sujet ou de l'objet de A vers B, puis reconstruire l'objet au point B. Tout cela en supposant que les atomes permettant la reconstruction se trouve déjà en B. En effet, la reconstruction ne se peut évidemment se faire qu'à partir d'atomes qui se trouveraient déjà en B. Aucune matière ne peut voyager, dans l'état de nos connaissances. Seule l'information peut se communiquer. Le sujet ou l'objet en B ne serait donc pas, si on savait le téléporter, le même que l'objet en A, puisqu'il n'est pas fait des mêmes atomes, mais sa copie à partir d'autres éléments.
On ne peut même pas parler de clonage puisque la copie n'est pas construite à partir des mêmes atomes que l'original. Que devient la personnalité d'un individu, faite de multiples influences (éducation, expérience) ?. Sans évoquer l'âme, problème qui concerne les croyants, on ne voit pas pourquoi, si l'individu était apparemment le même, il se comporterait de la même façon puisqu'il ne pourrait avoir la même personnalité. À moins d'imaginer, difficulté supplémentaire, que toutes les informations stockées dans le cerveau soient décodées (comment?) et transmises en même temps. On n'ose même pas imaginer les difficultés qu'entraîneraient les modifications des données éducatives et apprises au cours d'une vie, stockées dans le cerveau (en plus, Jack est capable de parler spontanément la langue des Territoires...) Il ne suffit pas de reprendre l'exemple de Star Trek, le capitaine Kirk disparaissant dans un nuage de particules lumineuses, et de faire disparaître le vadrouilleur Jack dans un nuage de lumière pour éclairer le problème. De tels transferts sont des fantaisies de scénaristes ou de littérateurs...
Les partisans de la
téléportation font actuellement état de
découvertes très récentes, de quelques
années. Des physiciens italiens, autrichiens, français
et suisses, travaillant dans des laboratoires différents, sont
parvenus, depuis 1997, à transmettre l'état quantique
d'un photon (polarisation) à quelque distance. Il ne s'agit
pas de téléporter le photon lui-même. Ce sont des
informations inhérentes à une particule qui ont
été téléportées. Car un photon,
selon la mécanique quantique, est une seule entité,
mais il comprend deux particules, utilisées dans le dispositif
inventé par les chercheurs, qui ont trouvé le moyen de
transporter une information d'une particule à l'autre.
Mais on en est là aux particules... , et ces recherches sont
en développement, donc fragiles. Si on les prenait pour base,
et si l'on envisageait la téléportation des particules
des atomes du corps humain, il faudrait briser les atomes qui le
constituent. Certains ont calculé qu'il faudrait, pour ce
faire, disposer d'énergies énormes, et
développer des températures de l'ordre de centaines de
milliards de degrés...
Résultat déjà intéressant, mais plus modeste, des physiciens qui travaillent sur le projet pensent utiliser la technique qu'ils ont découverte pour transmettre l'information au cryptage des télécommunications 47, avec un horizon de réalisation à dix ans. On a aussi parlé de leur utilisation dans les futurs ordinateurs quantiques. Mais l'informatique quantique en est aussi à ses premiers balbutiements....
On a donc beaucoup
exagéré ces découvertes dans la presse
spécialisée, et raconté n'importe quoi. Il sera
longtemps encore scientifiquement impossible d'imaginer se trouver
dans la situation de Jack buvant sa potion magique, ou
d'être en mesure de disposer d'une force spéciale pour
"passer" dans les Territoires. Ne confondons pas les deux mondes
fondamentalement différents, celui de la science,
vraisemblable parce que démontré, et celui de la
littérature d'imagination. L'un est moins austère que
l'autre, mais il est évidemment artificiel. À partir de
ces découvertes, on ne peut que laisser courir son
imagination, la folle du logis comme l'appelait Malebranche
48...
C'est donc, avec une connaissance acceptable des données de la science et tout en sachant que les actions romanesques qui nous permettent l'évasion n'ont aucune autre valeur que celle de leur intérêt ludique que le lecteur peut, passionné ou amusé par les audaces des écrivains, participer aux aventures de leurs héros. On ne fait là que retrouver les grands courants mythiques dans lesquelles baigne l'imaginaire des hommes depuis des millénaires. comme le signale Mircea Eliade 49 : "Le désir de la liberté absolue se range parmi les nostalgies essentielles de l'homme, quels que soient son stade de culture et sa forme d'organisation sociale. La création infiniment reprise de ces innombrables univers imaginaires où l'espace est transcendé et la pesanteur abolie, en dit long sur la véritable dimension de l'être humain. Le désir de rompre les liens qui le tiennent rivé à la terre, n'est pas le résultat de la pression cosmique ou de la précarité économique - elle constitue l'homme en tant qu'existant jouissant d'un mode d'être unique dans le monde. Un tel désir de se délivrer de ses limites, senties comme une déchéance, et de réintégrer la spontanéité et la liberté, désir exprimé, dans l'exemple qui nous occupe, par les symboles du « vol », doit être rangé parmi les notes spécifiques de l'homme."
Avec la rupture de niveau
d'existence rendue possible par la possibilité du « vol
» ou de la téléportation, l'homme cherche à
satisfaire son besoin de transcendance. Il n'est pas
indifférent de retrouver, par un acte lucide et sans illusion
sur la vérité de ces inventions de l'imagination, les
états les plus archaïques de notre culture , avec leur
signification profonde : le désir de "l'animal humain" devenu
"homme" 50 dans une progression millénaire, de
dépasser "par le haut" la condition humaine
imprégnée d'animalité pour la transmuer dans un
élan de spiritualisation. Car c'est ainsi que l'on peut
traduire ces rêves et ces légendes, par l'obscur
désir de voir le corps animal humain se comporter en «
esprit », de dépasser la modalité corporelle
humaine pour lui donner une dimension spirituelle dont il est le seul
être de notre monde à en ressentir l'aspiration.
Roland Ernould © février-mars 2003
D'autres tableaux du surréaliste René Magritte (belge , 1898-1967), représentant des tours, sont sur ce site. Ce tableau intitulé La Voix des Vents (1928, 73x54 cms, coll.p.), a été peint à la même période que le tableau de Dali vu par ailleurs. Voguant dans le ciel au-dessus d'une prairie qui évoque la calme campagne des Territoires, ces trois sphères de substance indéterminable (communiquent-elles? Ou pas?) ont un aspect insolite, symbolisent une menace indéfinie et suscitent l'inquiétude.
30 Lewis Carroll (Charles L. Dogson, 1832-98). Logicien et écrivain anglais, qui, en inventant le pouvoir de passer de l'"autre côté du miroir" (titre du livre portant ce titre de 1872), est devenu grâce aux aventures d'Alice le plus connu des auteurs pour enfants (Alice au pays des merveilles, 1865) et un précurseur du surréalisme et du genre fantastique. Il a réussi à maintenir séparées dans sa vie les deux faces de son personnage (logicien et théoricien de l'absurde). Ses associations d'idées, ses télescopages de situations et de mots, la révélation des aspects cachées des attitudes sont la transposition imagée des mutations que subissait la pensée scientifique de son temps dans un domaine imaginaire différent.
31 Lewis Carroll, Tout Alice, De l'autre côté du miroir, traduction Henri Parisot, GF-Flammarion 1979, 217.
32 Utilisée littéralement dans Rose Madder, où Rosie traverse littéralement le tableau qui se trouve dans son studio. Rose Madder (Rose Madder, 1995). Édition fr. Albin Michel 1997.
33 Abraham Merritt (USA, 1884-1943). Ce journaliste devenu écrivain s'attache principalement à la découverte des civilisations inconnues qui peuplèrent autrefois le passé de la Terre. Mais il a choisi de traiter ses sujets comme des aventures épiques, avec un schéma identique : ses héros vivent des aventures fantastiques en s'opposant aux forces gigantesques des divinités antiques. Abondante production, dont on peut retenir : Le Gouffre de la Lune (1918), Le Visage dans l'abîme (1923), La Nef d'Isthar (1924) et Les Habitants du mirage (1932).
34 Howard Lovecraft (USA, 1890-1937) tenta, dans ses nouvelles fantastiques de fondre les acquisitions scientifiques de son époque avec ses fantasmes oniriques. Voir mes études :
35 Lovecraft, La maison de la sorcière (The Dreams in the Witch-House, 1932), in Oeuvres Complètes, édition en 3 volumes, établie et présentée par Francis Lacassin, Laffont Bouquins éd, I, 468.
36 Lovecraft, Oeuvres Complètes, op. cit. Démons et merveilles, À travers les portes de la clé d'argent, III, 182.
37 Eddie est "possédé" par Roland : "La vue d'Eddie se retrouva soudain véhiculée par deux paires d'yeux, et ses sensations gouvernées par deux arborescences nerveuses, (...) appréhendant le monde par dix sens, pensant avec deux cerveaux, le sang fusant dans ses artères au rythme d'un double coeur." Les trois cartes, La Tour Sombre 2 (The Drawing of the Three, 1987), édition fr. J'ai lu 1991, Le prisonnier, 3.
38 Dreamcatcher (Dreamcatcher, 2001), édition fr. Albin Michel 2002.
39 À comparer aux tentatives de communication de la femme morte de l'écrivain dans Sac d'os (Bag of Bones, 1998). Édition fr. Albin Michel, 1999.
40 King a repris l'idée dans Insomnie, roman dans lequel les puissances supérieures peuvent descendre de la Tour des Existences sur Terre (l'Homme Vert, le Roi Pourpre), mais les subordonnés ne peuvent pas accéder aux étages supérieurs (440). Insomnie (Insomnia 1994), édition fr. Albin Michel 1995.
41 Ça (It). Édition fr. Albin Michel 1988, 501.
42 L'importance de la force du groupe sera exploitée systématiquement dès le deuxième tome de la Tour Sombre. King baptisera son groupe ka-tet, et l'efficacité du ka-tet est directement liée à sa force de cohésion.
43 Dans Shining, alors que Overlook brûle, l'entité de l'hôtel disparaît dans des conditions que King a partiellement reprises ici : "Hallorann fut le seul témoin de la dernière scène, et il n'en parla jamais. Il crut distinguer une grande forme noire qui s'échappait de la fenêtre de la suite présidentielle. Elle plana un instant devant l'hôtel, pareille à quelque mante géante, puis, happée par le vent, elle se déchira comme une feuille de vieux papier et ses lambeaux furent emportés par un tourbillon de fumée. L'instant d'après, elle avait disparu sans laisser de trace." (The Shining, 1977), édition fr. Alta 1979 et J'ai Lu, 1981,.(421)
44 Le Fléau (The Stand, the Complete & Uncut Edition, version complète revue 1988/9, publication : 1990. Édition. fr. Lattès 1991. (Première publication : The Stand, 1978. Première édition. fr. Alta, 1981).
45 Il a fait tuer Phil, le père de Jack, son associé, parce qu'il le freinait dans ses ambitions et voulait restreindre ses "transformations" de la société des Territoires : y apporter des armes, installer l'électricité, susciter apparemment le "progrès" mais en fait réaliser des profits.
46 Lawrence M. Krauss, La physique de "Star Trek" ou comment visiter l'univers en pyjama, Sciences Bayard Éditions, 1998.
Autre ouvrage sur le sujet : Richard Hanley , La métaphysique de Star Trek , Bayard éd. 1998.
Sur la téléportation, voir mon article : PROCÉDÉS MANTIQUES EN VOYANCE ET BILOCATION
47 Voir le récent article du journal Le Monde qui a consacré une page au sujet, Les photons messagers, ultimes recours de la confidentialité, de Stéphane Foucart, 5 mars 2003.
48 Nicolas de Malebranche (1638-1715), philosophe français du courant cartésien, qui assimile vérité et raison. Le recherche de la vérité ne peut se faire que par le recours aux "idées claires et distinctes" (méthode rationnelle de Descartes. Auteur de : De la Recherche de la vérité (1674-1678) et Entretiens sur la métaphysique et la religion (1688).
49 Mircea Eliade, Mythes, rêves et mystères, Gallimard, 1957. Folio Essais, 135.
50 Voir mon texte sur Les animaux dénaturés de Vercors.
La Fantasy dans Le Talisman et Les Territoires. Les mondes parallèles de la Tour Sombre |
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