LA PLACE DE LA FANTASY dans Le Talisman et Les Territoires.

2. suite LE COMBAT ENTRE LE BIEN ET LE MAL

US

"Alors que le bien met en général si longtemps à se développer,

le mal a cette capacité de croître très vite.

Il vous saute à la figure comme un diable de sa boîte." (Ter, 406)

 

LES FORCES EN ACTION dans Les Territoires.

Pour le début de l'étude.

L'élu, vingt ans après.

Jack, la trentaine maintenant, est devenu policier 27 , puis, pour des raisons personnelles liés à son statut particulier, s'est mis lui-même à la retraite. Ses parents lui ont laissé une fortune importante et il n'a pas de soucis d'argent. À la fin de sa brillante mais courte carrière - il lui suffisait pratiquement de voir un suspect pour savoir s'il était innocent ou coupable - , il a eu l'occasion d'arrêter un serial-killer, cannibale amateur d'enfants, dans une petite ville du Wisconsin, French Landing. Il a été séduit par la beauté et le calme du paysage et s'y est installé : "Nous retrouvons notre ancien compagnon de route, celui qui, dans sa jeunesse, a connu un certain Richard Sloat et croisé trop brièvement la route d'un autre garçon, qui s'appelait tout simplement Wolf. C'est dans cette ferme solide, pimpante et isolée que nous allons le rejoindre, celui qui a jadis traversé le continent d'une côte à l'autre à la recherche d'un puissant talisman, qui, à travers obstacles et périls, a mené à bien sa quête et utilisé à bon escient ce qu'il était allé chercher. Quelqu'un, n'hésitons pas à le dire, qui a accompli des miracles, bref, qui s'est conduit en héros." (Ter, 87)

De tout cela, Jack ne se souvient plus. Non seulement il a beaucoup oublié, mais il a évacué dans sa vie d'adulte tout ce qui pouvait les lui rappeler et a travaillé à se maintenir dans cet état d'amnésie. Il lui en reste cependant des traces : "Depuis que Jack y est allé, depuis qu'il a tenu le Talisman entre ses mains, tous les chevaux sur lesquels il parie arrivent premiers, toutes les actions qu'il achète triplent de valeur, toutes les mains qu'il obtient au poker sont gagnantes." (Ter, 351)

Son physique actuel correspond à son statut : "Une autorité naturelle irradie de Jack Sawyer. Il suffit de le regarder pour voir qu'il appartient à une catégorie d'êtres vers lesquels les autres se tournent quand ils se sentent dépassés, menacés ou contrés par les circonstances. L'intelligence, la résolution et la constance ont si profondément modelé ses traits que leur beauté formelle est sans rapport avec ce qu'ils expriment. C'est un homme qui ne s'arrête pas devant une glace pour s'admirer, non. La vanité est étrangère à son tempérament. (...) Chez lui, d'ailleurs, l'âge paraît aussi peu significatif que la beauté physique. Il donne l'impression d'avoir déjà vécu des vies entières avant celle-ci, d'avoir été dans des lieux et vu des choses qui échappent à la plupart des humains." (Ter, 94)

Les forces se signalent.

Jack a évidemment été attiré en ce lieu par une Force. Le policier, Dale, qui l'accompagne, remarque chez lui "l'émerveillement, le ravissement" quand il contemple le paysage, qui lui rappelle les Territoires : "Une sorte d'extase se lisait sur ses traits. Jack lui avait fait l'effet de quelqu'un qui rentre chez lui après un long voyage alors qu'il n'y était jamais venu." (Ter, 82) Effet sans doute aussi de son précédent «voyage». Quand il arrive pour visiter une maison qu'il souhaite acheter : "Son regard était comme porteur de réminiscences, d'une part de lui-même et d'une part essentielle. Tout était sacré, soudain. Il savait qu'il allait l'acheter, cet endroit, quels qu'en soient l'apparence ou le prix." (Ter, 85)

Il est donc venu habiter à French Landing, a sympathisé avec Dale, le chef de la police locale. Ce dernier le sollicite pour résoudre un nouveau cas de serial-killer, un cannibale qui mange les enfants qu'il tue, et qu'un journaliste a appelé le Pêcheur, allusion au nom du célèbre criminel Fisher, qui sévissait dans les années 30. Jack refuse d'abord, puis se laisse entraîner par les événements. C'est une sorte de voyant, pouvoir qui lui a été donné par le Talisman, mais il se refuse à voir. Il n'est pas le seul : "
Personne encore qui soit capable de reconnaître la force actuellement assoupie au bord du fleuve de Tom Sawyer et Huckleberry Finn : le «dérapage»." (Ter, 83) Les gens sont "aveugles", mais certains ont des pressentiments, dont Jack.

Il s'est trouvé, sans l'avoir cherché, capable d'aller spontanément dans les Territoires, sans effort. Il reçoit des «signes" : des plumes d'oiseau apparues de nulle part et des oeufs de rouge-gorge qu'il trouve ici et là. Il sent qu'une force essaie de l'entraîner à une action dont il ne désire pas se charger et refuse de considérer ces anomalies qui le dérangent. Il rêve aussi, et peu à peu admet que quelque chose de mauvais se passe dans les Territoires, qui entraînera sa participation : "À son réveil, ce matin, une petite voix en lui a annoncé : «J'suis un flicquicier..." (Ter, 95) "Jack Sawyer a d'autres chats à fouetter que ces incohérences venues d'un rêve, ces télescopages de mots - «flicquicier»... dignes d'un babillage enfantin. Les chats à fouetter, également, il aimerait bien les effacer, mais ils refusent de s'en aller. Pis, ils lui tournent autour comme des prédateurs." (Ter, 100)

Un matin, en se réveillant, il trouve un mot sur son bloc-notes, écrit en écriture automatique, semblable à celle de la main de sa mère : "La Tour. Les Rayons. Si les Rayons se cassent, Jack-boy, si les Rayons se cassent et que la Tour s'écroule." (Ter, 201) Il ne comprend pas ce que cela veut dire, aurait-il imité parfaitement l'écriture de sa mère, qui le surnommait ainsi, dans une crise de somnambulisme? Il rencontre à l'hôpital Judy, la mère du jeune Tyler qui vient de disparaître. Judy lui raconte qu'elle entend des voix des Territoires, en rêve aussi, et croit qu'elle y a un double. Quand elle demande à Jack de retrouver son fils, il prend la décision de rechercher le gamin. L'aventure peut enfin commencer : "Elle est de nouveau là, cette formidable aventure, non par sa volonté mais parce qu'il en est ainsi, parce que des forces qui le dépassent l'ont attrapé par la nuque et l'ont poussé devant. (...) Le Pêcheur est fier de son travail, oui. Il les provoque tous, mais son défi s'adresse en fait à Jack Sawyer et à lui seul, car lui seul a connu les Territoires... Dans ce cas, les Territoires et tout ce qu'ils recèlent ont à voir avec ces crimes monstrueux. Jack a été entraîné dans un drame dont il ne peut encore mesurer les énormes conséquences." (Ter, 255) Mais le but que s'est donné Jack est limité : retrouver un enfant. Il sera bientôt pris dans un mouvement plus vaste.

Pologne

La mission.

Le médiateur sera à nouveau Speedy, Parkus dans les Territoires, celui qui a envoyé certains des signes. Il se manifeste dans un rêve, et annonce la mission de Jack, comme il l'avait fait vingt ans plus tôt 3: "T'as encore tout plein de chemin à faire, Jack. Et ça fait un brin de temps que j' te le dis. (...) Fais pas le niais avec moi, Jacky. J't'ai envoyé les plumes, non? Envoyé l'oeuf de rouge-gorge, non ? Et plus d'un, encore. (...) T'es un flicquicier, c'est tout." Speedy lui indique qu'il intervient parce que le dernier enfant enlevé par le tueur est un cas particulier, de grande importance pour la «Force» dont il est le représentant, comme pour son adversaire, qu'il nomme, ce qu'il n'avait pas fait dans Le Talisman : "Celui-là, faut le ramener, et vite. Si tu peux pas le ramener, tu vas devoir le tuer toi-même, et j'aime pas penser à ça, j'aime pas. Parce que lui, c'est un Casseur. Et un très fort, en plus. Un de plus, c'est peut-être tout ce qu'il lui faut pour tout démolir." (Ter, 199) "Il", c'est le Roi Écarlate. Speedy n'en dit pas plus. Jack entend aussitôt une voix mentale contraire, "une autre voix, glaciale, affreuse, pleine de mal". Jack devine qu'elle appartient à quelqu'un de l'ordre opposé à Speedy : "«T'en mêle pas. Tu fais le con avec moi et on retrouvera tes boyaux de Racine à La Riviere. (...) Fuis ! Fuis le Roi! Cours si tu tiens à ta merde de vie!» Les mots se brouillent en rires déments et ce sont eux qui poursuivent Jack Sawyer dans le sombre goulot entre deux mondes." (Ter, 200)

Rencontré dans les Territoires, lors d'une incursion ultérieure de Jack, Speedy précise le sens des événements, qui vont bien au-delà d'un enlèvement d'enfant conduit dans les Territoires. Les serial-killers que Jack a arrêtés durant sa carrière de flic, comme celui qu'il recherche, sont en fait habités par un démon. Le serial-killer actuel disparu, il n'aura qu'à habiter le corps d'un autre (autrement dit, les démons" des Territoires peuvent exercer leurs talents sur divers mondes, non par eux-mêmes, directement, mais par la possession d'autochtones) : " Et si tu le [le serial-killer] tues dans le Wisconsin, la chose n'aura qu'à passer dans un autre réceptacle." Le suppôt du Mal n'a que le nom qu'on lui donne : "Quand [la Chose] habitait Albert Fish, celui-ci l'appelait Monday Man. Le zigue que tu poursuis lui donne du Mr. Moonshoon. Ce sont de mauvaises tentatives pour exprimer ce qui est imprononçable dans n'importe quelle langue de n'importe quel monde." (Ter, 406)

Ce qui attend Jack, à son niveau, est d'importance cosmique. King d'ailleurs se saisit de l'occasion pour situer le policier terrestre par rapport à un autre justicier, d'importance cosmique celui-là, d'une autre envergure que Jack : Roland de Gilead, le Pistolero. La Terre, les Territoires font partie d'un ensemble bien plus vaste, tous concernés par ce qui se passe avec la Tour des existences, celle qui a été longuement commentée dans
Insomnie. L'atteinte à la Tour risque de rompre l'équilibre de ces mondes innombrables : "Ils sont tous concernés, dans cette histoire. Pourquoi tu crois que je t'ai couru après comme ça? Les plumes, les oeufs de rouge-gorge, ce que j'ai pu me démener pour te réveiller! Combien de mondes? tu as demandé. La réponse, dans le Dit Suprême, c'est da fan. Les mondes au-delà du dicible. (...) Il trace sur le sol un 8 couché. Le symbole grec de l'infini." (Ter, 406)

La fonction de la Tour, sorte d' "axe sur lequel tournent plein, plein de roues" (Ter, 406) paraît être la même que celle qu'autrefois King avait donné au Talisman, "l'axe de tous les mondes possibles"(Tal, 583, qui aurait pu rendre Jack semblable à "Dieu, ou quelque chose de si approchant que cela ne faisait pas de différence" (Tal, 592/3), si telle avait été son ambition. Cette place donnée au talisman semble maintenant occupée par la Tour. Le talisman semble ramené à un rôle plus modeste, le propre des talismans, chargés de pouvoirs magiques limités.

Dans Le Talisman, il n'était question que des ambitions de Morgan, qui paraissaient démesurées, comme d'ailleurs ses possibilités, qui semblaient peu vraisemblables (il avait été formé, comme le père de Jack, dans un Institut s'occupant d'audio-visuel. Il n'avait rien d'un ingénieur ou d'un chercheur). Dans Les Territoires, on passe brusquement - et plus vraisemblablement - à un nouvel avatar du Diable avec Ram Abbalah, le Roi Écarlate 28, qui voudrait abattre la Tour "qui maintient tous ces mondes en place", Tour dont Jack n'avait jamais entendu parler jusqu'alors 29. King reprend une fois encore la situation biblique Dieu-Diable maintes fois utilisée 30.

Espagne

La place du Mal.

En détruisant la Tour, le Roi Écarlate "sera alors libre d'écumer le chaos qui en résultera... La Din-tah, la fournaise 31. Certaines parties du Monde du milieu ont déjà été englouties." (Ter, 406)
Comme il l'avait fait dans
Le Talisman, Speedy ne dit pas ce qu'il sait, mais ce que Jack a besoin de savoir pour sa mission : "Pas facile de déterminer ce que tu as besoin de savoir ou non! Si je néglige une information indispensable, les étoiles s'éteindront peut-être, et pas seulement ici mais dans des milliards d'univers. C'est ça qui est si compliqué. Enfin, écoute: depuis un temps immémorial, depuis toujours peut-être, le Roi a essayé de démolir la Tour pour s'en libérer. Il a du mal, parce qu'elle est renforcée de Rayons... des Chevrons entrecroisés qui jouent le rôle de câbles de soutènement, disons. Ils ont résisté pendant des millénaires et ils auraient dû continuer, mais dans les deux derniers siècles... " (Ter, 406) Speedy n'en dit pas davantage.

King/Straub, par la voix de Speedy, développent avec lyrisme ce combat entre la Lumière et les Ténèbres, et situent l'action de Jack à son véritable niveau : utile, mais de peu d'importance rapportée au monde, au "grand mouvement des choses". "Alors que le bien met en général si longtemps à se développer, le mal a cette capacité de croître très vite. Il vous saute à la figure comme un diable de sa boîte. Or le ka 32 ne fait pas de distinction entre le bien et le mal, il les traite d'égal et d'égal." 33 (Ter, 406)

Et, brusquement, King/Straub ouvrent des perspectives nouvelles
1 . Ils affirment - mais on ne sait trop pour quelles raisons cosmiques 2 cette transformation se serait produite - aux deux derniers siècles quand la pensée scientifico-technique a exercé ses ravages en permettant l'apparition des civilisations industrielles (ils qualifient cette pensée d' "empoisonnée"), le nombre des "télépathes" 34 a augmenté : "Les sociétés ont toujours abrité en elles des télépathes, poursuit Parkus. Dans tous les mondes. Ils restaient, cependant, des cas exceptionnels. Des prodiges, si tu veux. Mais depuis que l'âge de la Pensée empoisonnée s'est emparé de ton monde, en a pris «possession», de tels êtres se sont multipliés."
Pour Speedy, les télépathes sont de plusieurs sortes : les voyants, qui "
ne sont plus une rareté", les devins et les médiums. Ce sont ces derniers que le Roi Écarlate recrute, des " passeurs de mondes", comme Jacky. Ses suppôts 35 recrutent pour lui sur la Terre des exploiteurs, des criminels, des tueurs, qu'ils peuvent contrôler par télépathie, pour en faire une "armée d'esclaves" : "Cette force asservie, ce... goulag 36, est sa plus grande réalisation. Nous les appelons les Casseurs." (Ter, 407)

Les Casseurs sont des destructeurs, des dévastateurs. Le Roi Écarlate se sert maintenant des Casseurs pour briser les Rayons : "Le drame est en cours, Jack. Regarde ton monde à toi pour avoir une idée de l'ampleur des dégâts. Des six Chevrons qu'il y avait chez vous, un seul tient encore, deux n'ont qu'une action limitée et les trois autres sont fichus. Il a fallu des milliers d'années pour que l'un d'entre eux lâche, par usure naturelle, mais les deux autres... C'est l'oeuvre des Casseurs. Et ça en deux siècles seulement ou même moins." (Ter, 408) 37

Jack commence à comprendre pourquoi Speedy a qualifié le criminel anthropophage qu'il poursuit, le Pêcheur, de "menu fretin"
38. Ce qui intéresse Speedy, c'est récupérer sa victime, le jeune Tyler. Le Roi Pourpre mène actuellement de front deux projets : le premier est d'occuper et d'écarter Roland pour terminer son oeuvre de destruction au plus vite 39. Le second est de recruter autant de Casseurs que possible. Or Tyler est potentiellement "l'un des deux Casseurs les plus efficaces que les mondes aient jamais engendrés." (Ter, 411)

Sa mission ainsi définie, Jack est un peu déçu de la voir bien moins enivrante que la conquête du Talisman, l'axe des mondes, quand il était enfant, car Speedy lui a montré ses limites. À sa question de savoir s'il doit se charger du Roi Écarlate, "Parkus ne peut dissimuler qu'il est choqué. - Jamais de la vie, Jack! Ni toi ni personne! L'abbalah te soufflerait comme une bougie, mon pauvre. Mais ça pourrait suffire pour que tu règles son compte à Mr. Moonshoon. Pour aller au Pays des Fournaises et en ramener Tyler." (...) Tu trouves Black House, puis tu trouves le reste : les fournaises, les machines, Mr Moonshoon et Tyler." (Ter, 414)

Le Casseur à l'oeuvre... pour le Bien.

"C'est peut-être sa dernière nuit, pense-t-il soudain. Demain, il peut mourir. Il ne suffit pas qu'il soit persuadé de la nécessité de sa victoire. Avant lui, de fiers empires et de nobles règnes ont basculé dans le néant. Le Roi Écarlate est capable de jaillir de la Tour et de répandre son chaos. Et Tyler Marshall ne sera plus un pauvre Casseur enchaîné à sa rame sur la galère du purgatoire mais un super-Casseur, une apocalypse nucléaire dont l'abbalah se servira pour transformer les mondes en fournaises nourries par des cadavres sans nombre... (...) Il est partagé entre terreur et beauté, harmonie et souffrance... Épuisé, il a plus que jamais conscience de l'essentielle fragilité de l'Univers, du mouvement irrépressible qui le conduit à la disparition, et du sens que lui donne, précisément, cette progression inexorable. Vous voyez toute cette beauté autour de vous, à couper le souffle ? Regardez bien, parce que, d'ici peu, vous ne respirerez plus..." (Ter, 460)

Avec l'aide du chef de la police et de deux motards entrés avec lui dans les Territoires, Jack réussit à empêcher les projets du Roi Écarlate de se réaliser. Il pénètre dans le Pays des Fournaises, là où se trouvent d' "immenses machines. Noires ou rouges, noyées dans la fumée... Avec d'énormes courroies et des enfants innombrables. Ils peinent, ils peinent en marchant sur ces courroies qui entraînent les machines. Loin, dans les terriers de renard, loin, dans les trous à rat, loin, dans les vastes cavernes." (Ter, 413)

Il élimine avec ses compagnons les suppôts du Roi Pourpre, et sauve Tyler, parvenant par cette action, selon Speedy, à empêcher le "
chaos" de "s'emparer des mondes". Mais ce n'est pas terminé. Et le jeune Casseur se montre à la hauteur des espérances qui l'avaient fait choisir pour le Roi Pourpre. Mais en agissant pour le Bien, et non le Mal. Car Tyler est de l'ordre de la Lumière : "Les yeux de Tyler sont habités d'une lumière incomparable, d'un pouvoir qui rend dérisoire celui de lord Malshun. Il serait capable de le tuer d'une pichenette. Sur la terre, cette force n'a jamais été remarquée." (Ter, 527). Il ne serait pas étonnant qu'il devienne, plus tard, lui aussi, un compagnon du Pistolero, ou mène une action identique Et c'est le pouvoir du jeune Tyler, répétant l'action de Jack dans Le Talisman, qui met fin à la recherche du Grand Alliage : "Il ne se passe rien pendant une seconde, puis un grondement naît dans les entrailles du Grand Alliage, ses superstructures vibrent comme un mirage. Les gardes et les contremaîtres hésitent tandis que les plaintes du métal tordu couvrent celles des esclaves qui se sont arrêtés de travailler, stupéfaits. Les rouages brusquement paralysés oscillent, inversent leur course, de plus en plus vite. L'édifice tremble. Loin dans la fosse, des chaudières explosent et des colonnes de feu jaillissent, dévorant des courroies géantes qui tournaient depuis des millénaires sous de petits pieds ensanglantés.
Jack voit des enfants s'agripper aux coursives, d'autres surgir des tréfonds de la machine, cherchant par où s'enfuir. Les gardes courent, hurlent, tentent de mater la révolte qui s'étend, mais déjà l'essaim d'abeilles s'est porté vers la construction en folie; il attaque en piqué; chargés d'une partie des pouvoirs de Tyler, leurs dards sont mortels, désormais, et déciment la chiourme."
(Ter, 526)

Et curieusement, dans tous les mondes, des phénomènes se produisent, favorables à l'ordre de la Lumière : "Le Gang à Sawyer ne s'attarde pas pour contempler le dénouement de la destruction. (...) De monde en monde, les esprits malfaisants se dispersent dans l'affolement, des despotes s'étranglent sur un os de poulet, des tyrans sont frappés par la mort avant même d'avoir reçu la balle de leur assassin, avant même d'avoir plongé leur cuillère dans le blanc-manger empoisonné que leur a préparé leur perfide maîtresse, des bourreaux étouffent sous leur capuche et s'affalent sur le sol éclaboussé de sang. Le haut fait de Tyler se répercute à travers une succession d'univers, châtiant le mal au passage. À deux mondes du nôtre, dans une grande cité que l'on appelle là-bas Londinorium, Turner Topham, parlementaire respecté et pédophile sans pitié, prend brusquement feu alors qu'il flâne sur une place animée. Là-haut, très haut dans son inaccessible prison, le Roi Écarlate grimace de douleur et s'écroule sur une chaise en se tenant le ventre. Il a senti un bouleversement essentiel, un événement qui a transformé son empire.
Les yeux bien ouverts, les traits alertes, Tyler Marshall est juché sur les épaules de Jack tel un enfant roi. Derrière lui, des centaines et des centaines de petits esclaves quittent l'usine en feu
. (...) En haillons ou complètement nus, ils ont eu leur visage reproduit pendant des mois sur des avis de disparition et , sur des sites de recherche d'Internet. Les uns pleurent, d'autres rient, d'autres rient et pleurent à la fois. Les plus forts soutiennent les plus faibles. Ils ne savent pas où ils vont, pas du tout, mais s'en aller, s'éloigner de cette machine qui leur a volé leur force et leur joie si longtemps." (Ter, 528/9)

Espagne

Conclusion.

Les oeuvres cosmiques n'ont d'abord eu qu'une place réduite dans la production de King. Le Fléau, le premier roman cosmique, est son septième publié. Les autres oeuvres de ce type paraissent ensuite à intervalle régulier, entre d'autres romans qui explorent des sujets variés. Certains ont des dimensions considérables (Le Fléau version complète, Ça, Insomnie). Les derniers édités ont une longueur plus raisonnable. Mais leur parution s'accèlère : la majorité des derniers romans sortis sont des romans cosmiques.

On peut d'abord penser que, si King a montré et montre toujours davantage son intérêt pour le conflit entre les forces de la Lumière et celles des Ténèbres, ce n'est pas entièrement par imprégnation spiritualiste, mais aussi par influence littéraire. Il connaît bien La Bible, et a dû remarquer qu'on y trouve de nombreuses situations «théâtrales», et une remarquable mise en scène. Le texte a été poli par des générations de narrateurs à la recherche des effets, montrant aussi bien la puissance de la divinité que les attentes populaires. Ont été gommées les explications compliquées au profit du récit, de la parabole et du spectacle.

Jack Miles, dont on a évoqué dans l'Introduction l'intérêt de la démarche littéraire pour l'exploration du personnage de Dieu, utilise une comparaison dans son commentaire du Livre de Daniel, qui peut être reprise ici. L'histoire du monde créé par Dieu, telle qu'elle est racontée dans La Bible, correspondrait au montage d'un film à épisodes, tourné avec un scénario assez lâche. Les instructions ont été données aux opérateurs de faire preuve d'initiative et d'accepter les idées, les modifications ou les prolongements demandés par les acteurs. Les bobines de pellicules ont été ainsi tournées selon quelques grandes lois directrices - on sait quand même où on va -, mais avec des variantes de façon à permettre au metteur en scène de décider du déroulement précis de l'histoire au montage - choisir par quel moyen on va y aller : "Que Dieu ait pu réaliser le film importe moins que le fait que lui et ses anges peuvent organiser des avant-premières à leur discrétion ou (...) ajourner indéfiniment sa sortie." 40 J'ajouterai, pour compléter cette comparaison, que Dieu peut décider de choisir telle variante plutôt que telle autre au montage définitif 41, voire même de compléter un épisode ou en tourner un autre. Autrement dit, les grandes lignes de l'histoire existent, mais dans le détail, il y a une marge importante laissée à l'initiative.

On peut se représenter le Dieu biblique comme une intelligence transcendante qui agence les choses en fonction de son projet, de son dessein, inconnu des créatures. En fait, l'étude de
La Bible montre qu'il y a une grande part d'indétermination dans la réalisation divine. Pendant la période lointaine où Dieu est intervenu directement dans l'histoire des hommes, il s'égare, se reprend : il cherche. En bref, le dessein de Dieu n'est qu'une ligne directrice à partir de laquelle il est constamment obligé d'improviser. Somme toute, dans cette période, rien n'est écrit dans le détail et Dieu «cafouille». Ce sont les exégètes au cours des siècles qui essaieront d'interpréter les réalisations divines et donneront de la clarté à ses conduites.


Or le propre d'un romancier intuitif comme King est d'agencer de multiples faits de telle manière que, présentés d'abord de façon éparse, ils s'adaptent peu à peu comme des mécanismes ou des organismes liés à un fonctionnement d'ensemble. La réussite est d'autant plus grande que ces éléments improvisés, indépendants et sans rapport, vont s'ajuster dans un ensemble de relations et de conséquences, comme s'ils étaient finalement nés les uns des autres selon un plan établi.

C'est exactement la situation de l'écrivain King-Dieu quand il monte un ouvrage : un scénario lâche et beaucoup d'improvisations au tournage
42, avec une remarquable script-girl mentale personnelle pour établir les correspondances et placer où il faut les détails sans trop se perdre dans les événements. Il transpose cette attitude de créateur à ses entités : elles savent en gros ce qu'elles font et où elles veulent aller. Le Dieu de David veut éliminer Tak. Mais, comme on l'a vu plus haut, il y a des variantes possibles. Et celle retenue, le sacrifice de l'écrivain, un coup de théâtre pour le lecteur, confirme bien cette perspective. Il en est de même dans Les Territoires où la distribution des rôles passe brusquement - et épisofdiquement - de Jack à Tyler.

On saisit mieux dès lors pourquoi le climat biblique convient si bien à King. L'omniprésence d'un Dieu qui a son projet - conduire son peuple - mais qui improvise constamment les solutions pour y parvenir : c'est son cas, la Lumière cherche à éclairer les Ténèbres. Les manifestations théâtrales et spectaculaires mises en scène pour la foule : il les aime. Les missions données à l'élu : il en est un, de l'édition, et il en connaît les tourments. Et deus ex machina, il lui arrive de se moquer de son pouvoir. Dieu de ses livres, il peut choisir Boulder, où il a résidé, comme un des lieux importants de Le Fléau. Et comme l'Hébreu «à la nuque raide» de La Bible qui se plaignait des rigueurs de Yahvé, un de ses personnages/créatures, qui n'est pas content du temps qu'il fait à Boulder, se plaint à son auteur : "Il sentait le froid (...). Pour la énième fois, il se dit qu'il aurait préféré que le dieu ou la muse d'Abigaël choisisse plutôt Miami ou New Orleans." (851)...


Une morale du coeur vivante, incarnée, marquée par la conviction, la responsabilité, l'effort, le travail, et qui ne veut pas se résigner au mal, considéré à la fois comme un scandale et un défi : voilà les valeurs qu'incarnent ses personnages positifs. Leurs comportements manifestent des constantes, seulement modifiées en apparence par les circonstances changeantes.

On doit ici signaler l'importance de l'influence de la religion méthodiste. On a déjà dit que King a été élevé dans une famille méthodiste stricte religieusement, et que son intérêt pour la lutte entre le bien et le mal vient en grande partie de cette influence. Il y a des correspondances heureuses entre la nature de King et l'inspiration méthodiste, la méfiance du rationnel d'abord. John Wesley, inspirateur du méthodisme protestant du XVIIIème siècle 2 , a en effet subi comme beaucoup l'impact romantique. Il répudie tout appel à la raison : la religion est une affaire de coeur et de communion et elle ne recherche pas la démonstration et le spectacle 43. Elle est hors de portée de la logique créée par l'homme et repose sur l'inspiration divine et la conviction intérieure. L'existence quotidienne est un vaste drame où l'âme sert de champ de bataille entre Satan et le Christ, où l'expérience émotive du divin est la seule preuve de foi authentique conduisant au salut. L'homme a le libre-arbitre pour accepter ou refuser la grâce divine par sa propre décision. Et Wesley ne doute pas des miracles et croit que les maladies peuvent être guéries par la prière ou l'action de grâces.

En plus, Wesley a été fasciné par les idées de son siècle, la philosophie des Lumières, et son idéal de liberté. Il y a beaucoup de points communs entre sa religion du coeur et les Encyclopédistes. Il critique l'ordre établi, se méfie des autorités, se situe du côté des modernes plutôt que des anciens. Il manifeste le même élan philanthropique, et pense qu'il convient de traiter chaque homme, enfant de Dieu, avec patience, douceur et bonté. Il partageait l'optimisme des Lumières sur les possibilités de progrès de la nature humaine.On pourrait presque accoler point par point l'enseignement de Wesley et les comportements manifestés par les personnages de King à l'égard des Forces...


Le littéraire s'interrogera par ailleurs sur la coexistence chez King de deux univers cosmiques qui se mêlent difficilement. Le premier, inspiré essentiellement de la pensée biblique et apollinienne, avec son caractère sacré et quasiment intouchable dans l'esprit du croyant. Le second provenant de la mythologie de Lovecraft
44, dans la mesure où sa découverte est liée à la symbolique paternelle d'une part 45, mais aussi à une composante visqueuse à rattacher à son côté Dionysos. C'est peu dire que l'auteur du mythe de Cthulu hante son imaginaire. Dès lors, comment concilier le paganisme de Lovecraft avec l'inspiration judéo-chrétienne de King?

La plupart des spécialistes littéraires reconnus dédaignent ces romans qui traînent comme un boulet le naïf symbolisme de l'ombre et de la lumière. C'est vrai que ces oeuvres sont populaires, que King est un bon écrivain, mais pas un grand. Cependant cette oeuvre lisible par les foules, aimée des jeunes, riche et variée, comporte des vertus pédagogiques. Il n'existe guère de romanciers qui puissent ainsi servir de support à une réflexion métaphysique sur les rapports entre la liberté humaine et la nécessité, le bien et le mal, l'antagonisme de l'ordre et du désordre. Qui puissent aussi nous amener à nous interroger sur notre mystérieux destin, ses lumières et ses ombres. Le décodage ayant été effectué par leurs enseignants, combien d'élèves du secondaire pourraient aborder la compréhension du passé spirituel de l'humanité et les grands problèmes humains à partir d'une oeuvre où l'auteur parle comme ils parlent, utilise les mots qu'ils utilisent et développe des idées qui ne sentent pas l'odeur poussièreuse des livres jamais sortis des bibliothèques?

Dans cette perspective, il serait possible de donner à ces élèves la possibilité d'accéder à une réflexion éthique, en ces époques de spiritualité défaillante où les foules qui ne peuvent se rattacher à un passé spirituel sont prêtes à croire n'importe quoi. De leur faire sentir qu'au-delà de notre petit monde quotidien sans grandes perpectives, il y a des choses qui échappent à notre conscience. Que l'action des hommes n'a pas en elle-même son explication ou sa raison d'être dans la seule satisfaction immédiate de ses besoins matériels, mais qu'elle obéit à son insu à quelque chose qui n'a pas été éclairé. Qu'à travers la gesticulation humaine, il y a pour les meilleurs la nécessité de se grandir, et de grandir les autres. Pour lever les yeux au-delà des contingences humaines, vers ces limites lointaines où prennent leur source les grands mystères cosmiques.

Roland Ernould © 2003

US

Pour le début de l'étude.

Notes :

1 Raisons «cosmiques» supérieures? Car on est ici complètement hors de l'histoire er des explications des phénomènes sociaux comme le capitalisme, apparu au XVème siècle, qui utilise au XIXème le machinisme industriel et organise à son profit la mondialisation au XXème.

2 Puisqu'on est ici complètement en dehors de l'histoire et des explications rationnelles de phénomènes sociaux comme le capitalisme, le machinisme, l'industrialisation et la mondialisation.

3 "Tu ne peux faire autrement, c'est la volonté du Seigneur", a dit Speedy dans Le Talisman. (Tal, 41)

4 Théologien anglais (1703-91), fils d'un pasteur anglican. Il rompt avec l'Église d'Angleterre et crée le le mouvement religieux méthodiste, s'imposant aux masses par sa piété, sa puissance oratoire et l'ardeur de son zèle. Le méthodisme est devenu une des forces vives du protestantisme, répandu dans le monde entier (environ 33 millions de pratiquants, pour une communauté de 70 millions). Il se caractérise par l'importance de l'évangélisation, l'indifférence à l'égard du culte et un sacerdoce universel acceptant les laïcs.

27 Il faut se rappeler que Speedy/Parkus s'est présenté à la fin de Le Talisman, comme étant, dans les Territoires, un "mélange de Haut-Commissaire et d'Exécuteur de la Haute Justice." (Tal, 625).

28 Dont l'existence est duelle : "Son être physique est retenu dans une cellule tout en haut de la Tour, mais il a une autre manifestation, tout aussi réelle, qui vit au Can-tah abbalah, à la Cour du Roi Écarlate." (Ter, 406)

29 Le signe qui indique le Diable. Quand Speedy dit que le Roi Pourpre voudrait abattre la Tour, "Soudain, les flammes du feu de camp paraissent plus sombres, plus rouges. Jack aimerait que ce ne soit qu'une illusion produite par son esprit surmené, mais il n'arrive pas à s'en persuader." (Ter, 406) Le Diable est en effet le Prince des Enfers.

30 Voir mon étude : DU NÉCRONOMICON AU LIVRE

31 Allusion aux Enfers de feu et de flammes du Diable, où rôtissent éternellement les damnés, piqués par des démons armés de tridents, tels qu'il ont été décrits dans les sermons et figurent dans l'iconographie chrétienne.

32 Le mot, utilisé incidemment dans Les Tommyknockers, sera repris de nombreuses fois dans le deuxième volume de la Tour Sombre, avec des sens qui varient. Le premier, le plus souvent utilisé, est synonyme de destinée : "Il n'y avait que trois choses qui comptaient: la mort, le ka et la Tour" (Brassage). Roland a passé "sa vie entière à lutter contre la fatalité brutale -c'était son ka en quelque sorte" (Le Pusher, 1.2). Un second sens est proche du mana : "Ça essayait de leur sucer la vie? Presque, mais ce n'était pas tout à fait cela. Ce n'était ni leur vie, ni leur âme (...) que la chose dissimulée dans le linceul fuligineux voulait d'eux; ou du moins, pas exactement. C'était leur force vitale, leur ka" (Insomnie, 584). Un sens proche est celui de la force vitale effectuant un transfert psychique, quand Roland se projette dans l'esprit d'un autre : "Un ka détaché dans le cerveau d'Eddie" (Le Prisonnier, 3.17) et s'y interroge: "Il se demandait comment l'homme dans l'esprit duquel son ka de pistolero avait élu domicile pouvait être aussi bête." (Le Prisonnier, 3.8) . Ensuite le ka prend le sens de cerveau coordinateur: "Divorcé d'un corps diminué, son esprit -son ka- retrouvait son acuité foncière" (Le Pusher, 1.4).

Et enfin un lieu lié à l'action et sa localisation: "Ici, ka veut dire devoir ou destin, ou encore, dans l'usage courant, un lieu où tu dois te rendre" (Brassage).

33 Pour bien comprendre cette remarque, voir l'étude consacrée aux rapports entre l'Intentionnel, l'Aléatoire et l'Ultime dans Insomnie, et leurs rapports avec la triade mazdéiste : DU NÉCRONOMICON AU LIVRE

34 Voir mon étude : KING ET LA TÉLÉPATHIE

35 Au royaume du Roi Écarlate, selon Speedy, il y a des "monstres", les "messagers" du Roi, ses "chevaliers errants", qui remplissent "plusieurs missions". (Ter, 408)

36 Nouvelle allusion à l'univers concentrationnaire, soviétique cette fois.

37 On apprend ici seulement le rôle que joue Roland dans la saga de La Tour Sombre (on le pressentait, bien sûr) : "Depuis toujours, la mission de protéger la Tour et les Rayons a incombé à la fraternité guerrière de Guilead, dont les membres sont appelés ici et dans d'autres mondes les justiciers. Ils peuvent développer une force psychique capable de contrôler les Casseurs." (Ter, 411)

38 "Ils emploient des sous-traitants humains. Ceux-là travaillent... on ne voudrait pas dire «pour le plaisir», mais, hélas ! c'est le cas.Combien de Casseurs Albert Fish a fournis à son contrat en tant, Monday Man ? demande-t-il à Parkus. Deux? Trois? Une douzaine? (...) Albert Fish n'est plus là depuis belle lurette. Monday Man est désormais Mr. Moonshoon. Il a passé le contrat suivant avec ton assassin. Burnside peut tuer et manger tous les enfants qu'il veut, pourvu qu'ils ne soient pas doués pour ce que tu tu sais. Mais s'il y a un Casseur parmi eux, il doit le remettre immédiatement à Mr. Moonshoon." (Ter, 411)

39 Pour répondre aux fans de la Tour Sombre, déçus d'avoir constaté que l'action n'avait guère progressé dans le tome 4 : Magie et Cristal, davantage consacré à mieux connaître Roland et ses compagnons.

40 Dieu, une Biographie, chap. 12, Vieux Jours, 380 et sv.

41 Un exemple: le film d'Alain Resnais Smoking / No Smoking, 1993.

42 "Je suis un écrivain très intuitif. J'ai tendance à créer sous l'inspiration du moment. Ce qui veut dire que, lorsque je m'asseois devant ma machine à écrire, je ne suis pas entièrement certain de ce qui va sortir", interview de Martin Coenen, citée dans Les Dossiers de Phénix 2, éd. Lefrancq, Bruxelles, 1995, 59. Un exemple. Écoutons King nous parler de la composition de la Tour Sombre. En 1982, à la parution des nouvelles en volume: "Tout ça pour dire que je ne suis jamais complètement sûr de savoir où je vais, et c'est d'autant plus vrai dans ce récit (...). Qu'en est-il du brumeux passé du pistolero? Seigneur, j'en sais si peu. Et de la révolution qui a balayé son «monde de lumière»? Alors là, rien du tout". Et l'énumération de ses ignorances continue (Postface de Le Pistolero). En 1987 : "Sais-je vraiment ce qu'est cette Tour, et ce qu'en attend Roland (s'il l'atteint, car il faut vous préparer à l'eventualité bien réelle qu'il ne soit pas celui qui en définitive y parviendra)? Oui... et non" (Les Trois Cartes, Postface). En 1991 : "Je dois cependant souligner que j'ai été aussi surpris qu'ont pu être quelques-uns de mes lecteurs par la conclusion de ce troisième volume." (Terres Perdues, Postface).

43 "Les méthodistes sont, dans des circonstances ordinaires, les moins démonstratifs parmi les adorateurs de Dieu: ils n'écoutent pas de sermons mais des «messages», ils prient l'essentiel du temps dans un silence impressionnant, et ils considèrent que les «amen» de la congrégation ne doivent intervenir qu'à la fin de Notre Père et des rares hymnes qui ne sont pas chantés par le choeur", Les Tommyknockers, 186.

44 Une étude à paraître ultérieurement sera consacrée à la place de Lovecraft dans ces deux romans de King et Straub, tous deux intéressés par le maître de Providence. Les Territoires (titre anglais, Black House, la maison noire) s'inspire nettement de La Maison Maudite, ou L'Étrange maison haute de la Brume de Lovecraft, ainsi que la place prise par les profondeurs.

45 "J'avais trouvé ma voie. Lovecraft - par l'intermédiaire de mon père - l'avait ouverte pour moi, comme il l'avait fait pour bien d'autres écrivains avant moi", Anatomie de L'Horreur, page 117.

Pour le début de l'étude.

Autres textes sur King et la fantasy :

LA FANTASY DANS L'OEUVRE DE STEPHEN KING

LA FANTASY dans Le Talisman et Les Territoires.

1. LA PLACE DE L'ÉCOLOGIE

2. LE COMBAT ENTRE LE BIEN ET LE MAL

aux saisons suivantes :

Quelques motifs de fantasy

Le mondes parallèles

Fantasy et magie

ce texte a été publié dans ma Revue trimestrielle

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saison # 18 - hiver 2002

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