Stephen King : Désolation, étude.
DU
NECRONOMICON AU LIVRE.
«Nombreuses
et multiformes sont les horreurs insoupçonnées qui
infestent la Terre depuis la nuit des temps.
Elles
sommeillent sous la pierre que le pied ou la main n'a pas
dérangée (...),
elles dorment au
coeur de sanctuaires oubliés».
Abdul Alhazred, extrait de
NECRONOMICON1.
Ce passage du livre interdit de
l'Arabe fou s'impose à la lecture des deux romans
récents de King,
DESPERATION2 et THE
REGULATORS3, dans lesquels Tak, dieu, démon au autre chose,
vit sous la terre du désert une existence insolite. Et le
rapprochement avec cette confidence de King s'impose encore plus:
«Le plus fabuleux de ces
trésors4 était un recueil de H. P. Lovecraft.
Le titre m'en échappe; un cimetière (...),
en pleine nuit, et surgissant de sous une pierre tombale, une
répugnante créature verdâtre pourvue de longues
griffes et d'yeux de braise. Derrière elle, à peine
suggéré par le dessinateur, un tunnel
conduisant aux entrailles de la terre. Depuis lors, j'ai
vu plusieurs centaines d'éditions de Lovecraft, mais c'est
celle-là qui en résume le mieux la terreur à mes
yeux»5.
Ce jour-là et le jour
suivant (...), j'ai fait connaissance d'un étrange Arabe avant
l'OPEP, Abdul Alhazred (auteur du NECRONOMICON)6.
.. du site ..
Une deuxième réflexion
s'impose également: déjà dans THE STAND7, la vieille Abigaël, inspirée par son Dieu,
donnait à l'intrigue des orientations religieuses
décisives; des années plus tard King reprend le
même canevas: c'est ici le Dieu de David, onze ans, qui va
diriger l'entreprise.
C'est cette présence du Dieu biblique en lutte contre les
forces du mal : Randall Flagg, l'homme noir, ou Tak, l'informe, qui
est originale. En effet, King, nourri de Lovecraft qu'il cite des
dizaines de fois dans son panorama du fantastique américain
DANSE MACABRE, fait intervenir une force divine qui
n'apparait nulle part chez l'auteur des nouvelles des Mythes de
Cthulhu.
Cette comparaison entre les deux auteurs majeurs du fantastique
américain s'impose d'autant plus que dans DESPERATION, la présence divine est quasi permanente.
LOVECRAFT,
LES MYTHES ET LE DIEU DU LIVRE 8.
«J'avais trouvé ma
voie. Lovecraft - par l'intermédiaire de mon père -
l'avait ouverte pour moi, comme il l'a fait pour bien d'autres
écrivains avant moi»9.
Il n'est pas question de reprendre ici la formidable synthèse
Lovecraftienne des mythes et légendes humains, les conflits
des Grands Anciens, de la Grande Race et des Anciens Dieux.
Rappelons seulement que, équivalence de la révolte de
Lucifer et la chute des anges, les Grands Anciens ont
été bannis à l'intérieur du globe, au
fond des mers et des cavités de la terre, ou à
l'extérieur de notre monde terrestre, dans des étoiles
lointaines. Condamnés à vivre dans les
ténèbres, ils provoquent, chez des humains au psychisme
approprié, des rêves, des comportements, ou une
évolution mentale effrayants ou aberrants.
Caractéristiques communes.
Bon nombre de nouvelles de Lovecraft
présentent des points communs avec DESPERATION, et
King s'est inspiré, comme bien d'autres romanciers, de ce
fonds extraordinaire.
La
malédiction du lieu.
La plupart des légendes
terrifiantes concernant les lieux hantés sont liées
à l'existence d'êtres mystérieux, des
«êtres doués
d'une demi-existence inimaginable avant même la formation de la
Terre et des autres mondes intérieurs du système
solaire»10 qui se trouveraient sous la terre: «Ce lieu avait été
autrefois le refuge d'une malfaisance plus ancienne que
l'humanité et plus vaste que l'univers que nous
connaissons»11.
Ces êtres indéfinissables très anciens ont
été contraints à se cacher depuis
l'arrivée et la domination des hommes. D'où le grand
nombre de lieux hantés, pratiquement un dans chaque nouvelle
de Lovecraft, impossibles à recenser ici. Les hommes vivant
sur place s'en méfient ou s'en éloignent, et ont
élaboré des explications superstitieuses.
L'idée que les autorités civiles refusent de voir la
situation est également mise en avant -comme King le fera-
avec la suggestion qu'il y a des complicités actives et
criminelles entre ces forces mystérieuses et certains hommes.
«J'essaie en vain de me
persuader que ces créatures démoniaques ne vont pas
arriver progressivement à une nouvelle politique
néfaste à la Terre et à ses habitants
normaux». «Une mise en garde contre ces sauvages collines
du Vermont [contribuerait]
davantage à la
sécurité publique que ne ferait le
silence»12.
La
malédiction de l'objet.
De nombreux objets, qui vont des
pierres dégrossies ou gravées aux objets expressivement
réalisés, ont des pouvoirs prodigieusement
maléfiques13.»A cette époque (...),
les premiers hommes avaient organisé le culte autour de
petites idoles que les Grands Anciens leur avaient
révélées. C'était des idoles
apportées en des ères indistinctes d'obscures
étoiles14. Un exemple : «Décrire avec précision cette surface
et la forme générale de la pierre échappe aux
pouvoirs du langage. Impossible d'imaginer selon quels principes
géométriques inconnus elle avait été
taillée (...)
et je n'avais jamais rien vu
qui m'eût autant frappé par sa radicale
étrangeté»15.
D'autres sont réalisées par des humains sous l'emprise
des Grands Anciens: «C'était la silhouette curieusement
stylisée d'un molosse accroupi et ailé, sorte de sphynx
à la tête à demi canine, d'une gravure exquise,
suivant le style de l'ancient Orient, taillé dans un morceau
de jade vert. L'expression de ses traits, abominable au-delà
de toute description, rappelait à la fois la mort, la
bestialité et la malignité»16.
La
possession des êtres.
Les Grands Anciens peuvent prendre
l'apparence humaine. «Ne
serait-ce pas un avatar de Nyarlathotep qui, dans l'antique et
ténébreuse Khem, est allé jusqu'à prendre
figure humaine?»17. Le même qui se manifeste sous l'apparence de
quelqu'un qui ne nous est pas inconnu: l'Homme noir, qui
protège les sorcières: «Il avait la figure immémoriale du
représentant ou de l'envoyé de puissances
cachées ou redoutables -l'Homme Noir du culte des
sorcières, et le Nyarlathotep du
NECRONOMICON»18.
Ou emprunter des corps par envahissement psychique. «Je me retrouvais là où
elle était partie avec mon corps». «Elle empruntait
sans cesse mon corps pour aller en des lieux sans nom
célébrer des cultes
innommables»19. Ou encore, il y a pénétration dans le
cerveau d'un organisme à étudier: «L'esprit projeté dans le corps
d'un organisme du futur se comportait alors comme un membre de la
race dont il empruntait l'apparence»20.
Autres
caractéristiques, (vues
brièvement):
- les langages:
Lovecraft parsème ses récits de syllabes
mystérieuses, d'onomatopées ou même d'assemblages
bizarres de lettres, censés représenter des langages
inconnus;
- les odeurs: se trouvent dans tous les lieux maudits et
là où sont les puissances démoniaques;
les sons: un
peu partout, comme: «un
battement de tambours, à rendre fou, et la faible plainte
monotone de flûtes impies, venus de lieux obscurs,
inconcevables, au-delà du Temps»21;
- et même le mystérieux organe de DESPERATION qui prend possession de l'humain qui passe à sa
portée: «l'oeil
brûlant aux trois lobes»22.
Et l'aboutissement pour les hommes ne serait pas différent de
celui qu'instaure Tak à Désolation: «L'humanité serait tout à
fait semblable aux Grands Anciens; libre et fougueuse, au-delà
du bien et du mal, les lois et les morales rejetées, tous ses
membres criant, tuant, se divertissant joyeusement. C'est alors que
les Anciens, libérés, leur enseigneraient de nouvelles
manières de crier et de tuer, de se divertir et de jouir de
leur existence; puis toute la terre s'enflammerait dans un holocauste
d'extase et de liberté »23.
La cosmogonie
lovecraftienne et le Dieu biblique.
Les
Anciens Dieux.
Dans la cosmogonie de Lovecraft, les
Grands Anciens ont été précipités sous la
mer ou sous la terre par les Très Anciens Dieux. Sur ces
dieux, Lovecraft ne nous donne guère de détails.Si bien
que des questions fondamentales restent
posées24 :
-1. Les Très Anciens Dieux peuvent-ils, dans leur rôle
primitif, être associés au Dieu biblique, agissant pour
le bien contre le mal? Ont-ils condamné et exclu les Grands
Anciens au nom d'une loi morale transcendante, comme Yahvé le
fit avec Lucifer et les anges rebelles?
Il ne le semble pas. Lovecraft a créé un univers
strictement païen, où l'ici et l'ailleurs, le
passé, le présent et l'avenir n'ont pas le sens que
nous leur donnons. Les trente siècles du judaïsme et les
vingt siècles du christianisme sont purement et simplement
gommés. Sa prodigieuse synthèse cosmique, qui
intègre superstitions, croyances, légendes et mythes,
est au-delà de notre temps historique.
Dans cet univers hors-norme, il n'y a pas la présence
régulatrice d'une puissance divine unique cherchant à
réduire le mal au profit du bien. Ses valeurs -si on peut
utiliser ce terme- ne sont pas des valeurs nietzschéennes
consécutives à la mort de Dieu: elles sont
également au-delà du bien et du mal, mais hors
Dieu.
-2. les Anciens Dieux ne seraient dès lors que des puissances
antérieures, jaloux de leur puissance chronologique, qui
auraient été concurrencés par la montée
en force des Grands Anciens devenus rivaux.
Dans cette hypothèse, en punissant les Grands Anciens, les
Très Anciens Dieux n'ont pas cherché à
établir ce qui pourrait être un acte de justice dans
notre référentiel. Ils ont profité de rapports
de forces favorables pour éliminer des adversaires dangereux
pour leur pouvoir.
Et ce que les hommes ont appelé le Démon ou le Diable,
en réalité le Grand Ancien Yog-Sothoth avançant
masqué, n'aurait rien à voir avec le mal
chrétien.
Ce que
croit Lovecraft.
En dehors de sa littérature de
fiction, la pensée de Lovecraft est celle d'un rationaliste au
matérialisme rigoureux. En voici quelques brefs aspects,
toujours en relation avec le livre de King.
La
religion.
«Bien que la tradition
ecclésiastique soit une part importante de notre folklore, et
bien qu'il nous faille la respecter en raison de son influence sur
l'histoire, un esprit adulte, ou presque adulte, ne peut, sans
hypocrisie, continuer à en admirer les formes après
s'être aperçu de sa totale
vacuité»25.
L'homme et
le cosmos.
«L'histoire de la galaxie, du
système solaire, de la terre, de la vie organique et de
l'espèce humaine constituent un incident des plus secondaires
et des plus temporaires (...). Bien
entendu, tout ceci para»t choquant et bouleversant pour une
génération élevée naïvement dans la
croyance que cet homme insignifiant est la clef de voûte du
cosmos, et que ses actes, son destin, sont profondément
liés aux puissances qui gouvernent le monde. Il est pour eux
particulièrement effrayant de se rendre compte que l'homme et
le monde qu'il habite ne constituent qu'un incident
négligeable et passager».
La
morale.
«La religion n'a rien fait
d'autre que de légitimer de façon compréhensible
des codes de conduite issus en fait de l'expérience des faits
et du jeu des émotions esthétiques (...). Ce code, sous
ses divers aspects, n'est pas forcé de dispara»tre en
même temps que la religion qui lui a donné naissance; il
est donc stupide d'affirmer que la société s'effondrera
dès que la foi aura disparu. Au contraire, il est probable que
le code moral en question pourra se trouver formulé de
façon bien plus rationnelle et flexible une fois que l'on aura
reconnu ses origines naturelles et
évolutives».
Concluons: la situation d'un Dieu biblique inspirant de bout en bout
la conduite des héros et l'intrigue d'un roman ne peut avoir
aucun sens pour Lovecraft.
DE LA
PUISSANCE DES
TÉNÈBRES À LA PUISSANCE DE
DIEU.
Schématisons l'intrigue:
David, incroyant de onze ans, passe un pacte avec Dieu: si Dieu sauve
son copain Brian, accidenté26, David se mettra à son service. Le copain
rétabli, David se catéchise. Dieu a un problème:
pour le résoudre, il lui faut une équipe,
dirigée par David, qui attend et transmet ses directives, ou
les réalise quand il est concerné. David est
disposé au sacrifice de sa vie, mais un écrivain de
rencontre décide de mourir à sa place pour donner
à son existence un sens qu'elle n'avait jamais eu.
Par ailleurs, Tak, l'informe, qui vit dans les entrailles d'une terre
désertique, à Desolation, dans le Nevada, a pu,
à la faveur d'un accident de mine, reprendre en mains son
territoire. «Est-ce que
tu penses à Dieu?» demande à David le flic, devenu la
créature de Tak.»Pas la peine. Par ici, le pays de Dieu
s'arrête à la Source Indienne, et même Satan ne
pose pas son pied fourchu au-delà de Tonopah. Il n'y a pas de
Dieu à Desolation, mon petit gars. Ici, il n'y a que ... can
de lach» (p.
137)27.
Soit Dieu (son rival habituel, Satan, est absent de cette histoire),
contre Tak.
Caractéristiques communes.
«Il y avait d'autres dieux
à Desolation. Il en était
sûr» (p. 383).
«Tak est un dieu, dit
David. Ou un démon. Ou peut-être rien du tout, juste un
nom, une syllabe sans signification - mais c'est un rien
dangereux» (p. 427). En
fait, «Tak est l'ancien,
le corps informe» (p.
515).
La
malédiction du lieu.
Tak vit caché, en un
«mauvais
lieu», connu depuis
toujours par les animaux comme tel, et que «les hommes avaient essayé
d'oublier» (p. 349). Une
mine a été creusée là.
«David découvrit
un trou noir qui le mit
profondément mal
à l'aise. C'était comme si un monstre
enterré dans le désert avait ouvert un oeil sans
âme» (p. 418).
«Le trou semblait le
regarder, l'attirer» (p.
421). «C'est la place de
Tak (...). «L'ini, le puits des mondes»
(p. 436), siège de la «force du mal» (p. 437).
Dans l'ini,«de l'autre
côté du goulot au fond du puits (...), je ne suis pas
sûr que cet endroit soit sur terre, ni même dans l'espace
normal» (p. 515).
La
malédiction de l'objet.
Le refuge de Tak est rempli de
petites statuettes de pierre sculptées, représentant
des animaux, mais aussi «des créatures cauchemardesques qui
n'avaient jamais existé sur terre» (p. 546).
La force maléfique de Tak s'est insinuée dans ces
statuettes: il émane d'elles une sorte de champ
magnétique, diffusant «fureur, rage et sexe» (p. 275). Les toucher donne de
l'énergie, mais les hommes qui le font passent au service de
Tak, et sont affligés d'une «abominable rage destructrice» (p. 408). Enfin l'énergie se retire
des possédés en même temps que la puissance des
pierres.
La
possession des êtres.
Tak l'informe, pur pneuma, ne vit que par le soma des autres.
La prise de possession initiale ne peut se faire que dans l'ini par
pénétration des orifices du nez et de la bouche (p.
549). Cette première prise de possession effectuée, le
pneuma de Tak use le soma de sa
victime d'emprunt à une vitesse considérable. Il lui
faut donc constamment changer de corps. Le second type de possession
se fait par un bouche-à-bouche de transfert (p. 463) avec la
nouvelle victime choisie. Il est ainsi nécessaire que Tak
garde en réserve un certain nombre d'humains pour satisfaire
une consommation énergétique insatiable (pages
377,381).
Il lui est aussi possible de s'insérer dans le corps d'un
animal, ce qui ne peut être qu'une solution d'attente,
compte-tenu de la rapidité encore plus grande avec laquelle
les animaux s'usent28. Enfin, sur son territoire, il commande des animaux
inférieurs, qui comprennent la langue de l'informe,
reconnaissent et servent ses soma successifs.
Autres
caractéristiques.
Le langage. Tak «utilise le vieux langage» (p.488), «la langue des morts» (p. 282), «la langue de l'informe, celle de l'époque
où tous les animaux ne faisaient qu'un» (p. 349). Ce vieux langage s'exprime par des
monosyllabes ou des associations de mots peu
complexes29. Il est compris des animaux et des insectes .
Les odeurs. Puanteur constante dans les lieux où
les avatars de Tak se trouvent ou ont passé, dans la mine,
etc. A noter l'idée intéressante de l'odeur à
rebours, quand une possédée par les statuettes
perçoit en inversé l'odeur d'un
non-possédé: «Elle tomba à genoux devant (...) David. Comme il était laid! L'odeur qui
émanait de lui la dégoûtait encore plus que son
aspect. Il (...) puait comme
un ragoût de viande avariée dans du lait
tourné» (p.
385).
Les sons. Dans la paix de l'ini, «il entendait un son, très
lointain - une sorte de bourdonnement profond, atonal. C'était
un son inepte... mais aussi merveilleux et
attirant» (p. 451).
Et enfin «l'oeil
brûlant aux trois lobes » de Lovecraft devient ici : «des trous comme des yeux. Trois.
Peut-être plus, mais il en voyait clairement trois. Un triangle
de trous (...), des trous comme des yeux qui
murmureraient» (p.
549).
DIEU ET
TAK.
Le dessein
de Dieu.
Simple : il faut éliminer Tak,
dont le soma se trouve dans une mine, près du
village de Désolation.
Tak «étranger
complet, tellement différent de nous que nous ne pouvons
même pas y appliquer notre esprit» (p. 515) est en voie de reconquérir
son territoire: «Il y a
des forces, dehors, que vous ne pouvez même pas imaginer»
(p. 138).
Et Dieu n'aime pas ça :
«C'est le champ empoisonné (...). Il n'y
aura aucun moyen de faire revivre cette terre. Elle doit être
éradiquée - ensemencée de sel et
labourée. Tu sais pourquoi? (...) Parce que
c'est un affront envers Dieu30. Fin de
l'histoire. Il n'y a pas d'autre raison. Rien de caché, ni de
dissimulé, pas de petits caractères au dos du contrat.
Le champ empoisonné est une perversité et un affront
envers Dieu» (p.
417).
Sa
stratégie l. Il a choisi son Moïse.
«Dieu nous a
amenés, dit David.
Pour
l'arrêter» (p.
431).
La guérison miraculeuse de son copain Brian a «poussé David, parfait
illettré religieux de cette fin du XXè siècle,
à chercher des réponses (...),à chercher
Dieu» (p.
160). «Il était
toujours sous l'emprise de ce sentiment puissant (...) qu'une personne plus expérimentée que lui
le guidait « (p. 142).
Dieu lui parle par une voix intérieure : «Il était dans l'obscurité,
aveugle,mais pas sourd. Dans l'obscurité, il écoutait
son Dieu» (p. 139).
Par truchement : «quelle
que soit la personne à qui j'ai parlé (...),
en fait, c'était Dieu. Seul Dieu ne peut aller vers les autres
tel qu'il est31: il les ferait mourir de peur
et n'arriverait à rien. Il se montre sous un autre
aspect» - «C'est sûr, Dieu est grand ma»tre des
déguisements» (p.
429).
Ou par vision, celle de l'ini par exemple : «Il ouvrit les yeux. Comme toujours, il regarda
d'abord l'obscurité au centre de ses mains jointes, et comme
toujours, la première chose que cela lui rappela fut un oeil -
un trou comme un oeil. Mais l'oeil de qui ? De Dieu ? Du Diable ?
Seulement le sien?» (p.
163).
Sa
stratégie 2. Il a choisi ses alliés.
Alors que sur la Nationale 50 passent
des voitures et des camions, certains seulement se font arrêter
par l'avatar Tak-flic, et tous ne sont pas tués:
«Alors, pourquoi est-ce
qu'il nous a épargnés, nous?» (p. 295). Il nous a choisis, répond
David, parce qu'un signe que nous avions sur nous lui signifiait
«de nous arrêter et
de se saisir de nous au lieu de nous laisser
passer» (p. 433).
Sa tactique
1. Il leur laisse leur libre-arbitre.
«Maintenant, Tak veut qu'on
parte, et [Dieu]
sait qu'on peut partir. A
cause de la clause du libre arbitre. L'important est que jamais Dieu
ne nous force à faire ce qu'il veut qu'on fasse. Il nous le
dit, c'est tout, et puis il s'efface et il regarde ce qui se passe
(...) «Dieu dit : prenez ce que vous voulez et
payez-le» (p. 434).
Il leur laisse leur décision : après diverses
péripéties, Marinville, écrivain sceptique, a
une expérience décisive: «Il se divisait littéralement en deux. Il y
avait le John Edward Marinville qui ne croyait pas en Dieu et ne
voulait pas que Dieu croie en lui (...). Et il y
avait Johnny qui voulait rester. Plus encore: qui voulait se battre.
Qui avait progressé assez loin dans cette folie surnaturelle
pour vouloir mourir dans le Dieu de David» (pages 504/505).
Sa
tactique 2. Mais il truque cruellement le jeu.
«Un Dieu qui aime les
ivrognes et déteste les petits
garçons!», c'est
le cri de la mère de Brian, écrasé par un
chauffard et qui se meurt à l'hôpital (p. 147). Aussi
David demande au pasteur: «Dieu n'est pas très indulgent, n'est-ce
pas? - Si, en fait, il l'est. Il le faut bien parce qu'il est
tellement exigeant. - Mais il est cruel, aussi, non?.- Oui, Dieu est
cruel» (p. 161).
David se souvient qu'il avait promis à Dieu de faire ce qu'il
voudrait si son copain Brian ne mourait pas. «Le pire, c'est que Dieu savait que je
viendrais là, et il savait déjà ce qu'il
voudrait que je fasse
32. Et il savait
qu'il faudrait que je le sache pour le faire (...).
L'ennuyeux, ce n'est pas que Dieu m'ait mis en position de lui devoir
une faveur, mais qu'il ait blessé Brian pour y
parvenir» (p. 514).
D'où sa conclusion : «Dieu est cruel (...) -Oui, il
l'est. Meilleur que Tak, peut-être, mais méchant quand
même» (p.
514).
TAK ET
YAHVÉ.
Synthétisons ces
données éparses.
*
1. Tak est emprisonné
sous la terre, dont il ne peut somatiquement sortir, dans un trou qui
n'est plus notre espace normal. Il ne peut avoir une existence
terrestre qu'au travers des avatars où passe son
pneuma. En collationnant point par point les
remarques faites plus haut, on constate que Tak a toutes les caractéristiques d'un Grand
Ancien. La
quasi-totalité des données lovecraftiennes s'y
retrouvent.
* 2. Mais, nouveauté par rapport à
Lovecraft qui n'a imaginé nulle part cette situation, Tak, le
Grand Ancien, a peur du Dieu de David :
Il a eu peur de David, qu'il n'a pas osé tuer: «C'était lui la source,
David Carver. Ce putain de merdeux de cul-bénit. La
chose33 aurait dû le tuer (...),
mais elle ne l'avait pas fait, et elle ne savait pas pourquoi. Il y avait un vide autour de Ma»tre Carver, une
sorte de protection. C'était ce qui avait sauvé le
petit cul-bénit»
(p. 375).
Car Tak obéit aux ordres de ce Dieu. L'écrivain est
dans l'ini et va être entra»né par Tak:
«De la fumée
sortant de l'entonnoir s'insinua entre ses jambes et tenta de le
saisir (...). «Lâche, dit-il, Dieu
l'ordonne». La fumée brune retomba» (p. 351). Étonnant, non, ce Tak qui
n'a pas le Démon sur son territoire, mais qui obéit,
lui-aussi, aux ordres de Dieu?
* 3. Le Dieu de David para»t bien pouvoir
entrer dans le schéma proposé plus
haut34. Il défend son territoire et ses
prérogatives, et veut non pas éliminer
définitivement Tak (le peut-il?), mais le contraindre à
rester enfoui, sans influence, sous la terre, comme l'ont
décidé les Très Anciens Dieux avec les Grands
Anciens. Sa position est faite d'antagonisme et de défense
outragée.
Le Dieu de David ne peut-il
pas être assimilé, dans cette perspective, à un
des Très Anciens Dieux de Lovecraft?
* 4. Ce Dieu est calculateur, manipulateur,
truqueur, uniquement orienté par ses visées
hégémoniques35. Si on examine sa tactique, des conclusions s'imposent
d'elles-mêmes. Il n'est question nulle part d'agir pour le bien
ou la justice, mais uniquement de suivre, à la manière
d'un programme informatique (si..., alors...) ce que Dieu, qui a
plusieurs fers au feu, voulait que des hommes fassent. Cela veut dire
que le chauffard a suivi le dessein de Dieu, prêt à
sacrifier Brian (ou non, on ne saura pas), suivant la décision
que David (libre-arbitre) prendrait; que tous les sacrifiés
l'ont été pour faire avancer la cause divine d'une
façon ou d'une autre. Et que pour la destruction de Tak, Dieu
avait deux possibles : David, prêt à se sacrifier pour
remplir sa promesse, ou l'écrivain, qui pouvait ou non
(toujours le libre-arbitre!) prendre la décision
d'éliminer Tak. L'un excluant l'autre.
Mais finalement pour quoi faire? On a beau retourner la question dans
tous les sens : on ne voit qu'une lutte pour la possession ou la
conservation d'un territoire désertique...
* 5. Ce Dieu est insensible à la
souffrance des hommes en général, et des siens en
particulier. Ses partisans ont bien des difficultés à
faire la différence entre le culte de Tak et celui de ce Dieu
dont la religion, sur le plan éthique, se réduit
à peu de choses.
«Que sais-tu de la nature de Dieu, David? Quelle est ton
expérience?».
Avec la plus grande des réticences, David déclara :
«Dieu est
cruel» (p. 415).
Il revoit sa mère, possédée par Tak
: «Oui, ton Dieu est
fort, dit-elle. Je ne le nie pas. Mais regarde ce qu'il m'a fait. Sa
force vaut-elle qu'on l'admire? Peut-on se réjouir d'avoir un
tel Dieu? (...). Quel est ce Dieu? Détourne-toi de lui et
viens vers le mien36 . Lui, au moins,
est honnête dans sa cruauté» (p. 411).
* 6. En ce qui concerne le culte des Dieux,
revenons-en à ce qu'en pense Lovecraft, l'incroyant.
«En fait, s'il faut que
la civilisation occidentale ait une forme ou une autre de
superstition surnaturelle, je crois vraiment que les
anciens dieux sont bien plus appropriés que ce christianisme
d'apparence que nous affichons depuis que les circonstances
historico-politiques nous l'ont infligé. Le christianisme ne
nous a jamais convenu, toute notre conduite est en contradiction avec
nos bonnes résolutions du dimanche. D'un autre
côté, les anciens dieux sont vraiment nos dieux, ils
sont le produit imaginaire du même courant culturel qui a
produit jusqu'à nos instincts inconscients et nos
manières d'être. Si nous les adorions ouvertement, notre
conduite habituelle, avide et sans pitié, ne serait plus
hypocrite. Je suis sûr que Thor et Odin37 nous semblent plus proches et importants que
notre sauveur anémique et
crucifié»38.
Il est malheureusement indiscutable, si on se rapporte à
l'histoire de l'humanité, que les hommes sont plus
portés à suivre des Tak sanguinaires, sans aucune
perspective d'élévation humaine, que de rechercher la
sainteté et la charité...
* 7. Il est évident que le Dieu de David
n'est pas le Dieu des Évangiles. C'est le Dieu de peuplades de
bergers, qui a du mal à s'affirmer contre des Dieux
rivaux39, qui doit sans cesse menacer40, voire faire massacrer, pour survivre. C'est le
Yahvé du Pentateuque, Très Ancien Dieu au sens
Lovecraftien (?), dieu redoutable, porteur d'une religion de crainte
plutôt que d'une religion d'amour. C'est le Dieu du
LIVRE de la Loi de Moïse, en progrès
sur les autres dieux de ce temps, qui commande certes sans justifier,
mais a permis de codifier des règles de conduite qui nous
inspirent encore. Par rapport à Tak, plus sincère dans
sa brutalité, mais totalement destructeur, équivalent,
à l'époque de Moïse, de Baal et de ses sacrifices
humains, le choix est vite fait: «Face à Tak, vous n'auriez le même
Dieu qu'un roi cannibale» (p. 432).
On saisit sans doute mieux maintenant le titre de cette étude:
le LIVRE n'est pas la BIBLE, qui
réunit l'Ancien et le Nouveau Testament; ce n'est pas non plus
le livre de ceux que les coranistes appellent les Gens du Livre,
juifs et chrétiens. C'est le Dieu sectaire du LIVRE DE LA LOI, seul livre fondateur adopté par une
assemblée d'hébreux il y a 2500 ans41, qui a rassuré le peuple élu,
mais qui a apporté à l'humanité plus de terreur
que de consolation.
Peut-on écrire que DESPERATION
rapporte le conflit entre Tak, un Grand Ancien, et Yahvé, un
Grand Ancien Dieu, conflit direct qui n'aurait pu exister nulle part
dans Lovecraft?
On sait que King a été élevé dans une
famille méthodiste42 très stricte religieusement43 et que son intérêt pour la lutte
entre le bien et le mal vient en grande partie de cette
influence44.
On comprend dès lors que King ait dû faire faire appel
au Nouveau Testament, aux Evangiles, pour ne pas finir son roman sur
une note trop pessimiste. Avec ce Dieu-là et la foi,
l'espérance est possible, et peut-être l'amour :
«Première
ép»tre de Jean, chapitre 4, verset 8. «Dieu est
amour».
- L'est-il, David?,
demanda-t-elle après l'avoir longuement regardé. Est-il
amour?
- Oh oui, répondit
David (...). Je crois qu'il est un peu...tout»
(p. 571).
Roland Ernould © 1996.
(roland.ernould@neuf.fr).
Armentières, le 23 décembre 1996. Étude parue
dans Steve's
Rag, janvier 1997.
Ces opinions n'engagent que leur auteur.
Lire aussi
mes études :
DEUX UTILISATIONS
DE L'APPORT DE LOVECRAFT DE CROUCH END (Stephen King)
à Mr. X. (Peter Straub)
LOVECRAFT ET
KING ..
King et Straub renouvelant
leur collaboration du Talisman
d'il y a vingt ans avec une suite, Black House, il m'a paru intéressant,
bien que le lien entre les deux textes soit un peu flou, de
comparer deux oeuvres où le point commun est
l'influence du maître de la terreur de Providence qui
les a inspirés l'un et l'autre. Crouch
End a été
choisi à cause de la visite rendue à Londres
à Peter Straub par un King en début de
carrière, à une époque où il
n'était pas encore bien dégagé de ses
influences de jeunesse. King connaît bien Lovecraft et
les notations le concernant sont nombreuses dans son oeuvre.
Une nouvelle de jeunesse de 1967, d'un apprenti de 19 ans,
Celui
qui garde le ver ,
où, manifestement, l'emprise de Lovecraft est
omniprésente, véritable inventaire des motifs
et de la thématique de Lovecraft. La lecture attentive de Crouch End, nouvelle plus personnelle d'un
écrivain qui a gagné en expérience,
manifeste une volonté de rassembler le maximum de
notations lovecraftiennes, plusieurs par page,
indépendamment de l'histoire dédiée
à Cthulhu,
Peter STRAUB : Mr
X et LE CULTE DU MAÎTRE DE
PROVIDENCE..
Pour Straub, il s'agit d'un
roman de maturité, écrit récemment,
où l'influence de Lovecraft a été
digérée et dans laquelle il lui a
été possible d'innover de manière
importante. Contrairement à King, Straub ne cherche
pas dans Mr. X à ressusciter ces monstres
lovecraftiens, mais à examiner les
dégâts produits pendant de longues
années sur une famille (aux dons particuliers, il est
vrai) par l'égarement d'un homme qui est devenu fou
de Lovecraft, au point d'en avoir fait le centre de sa vie
et de ses pensées. Il sera pour lui impossible
d'avoir une existence qui ne soit pas en conformité
avec ce qu'il doit aux grands Anciens. Il existe dans le
monde - ils forment la clientèle des sectes - un
certain nombre d'esprits déséquilibrés
de ce genre, comme le montre l'exemple de l'édition
contemporaine du Nécronomicon, livre maudit inventé par
Lovecraft.
|
NOTES
1 Lovecraft,
OEUVRES COMPLÈTES, édition en 3 volumes, présentée
(introduction remarquable) et établie par Francis Lacassin,
Laffont, édition de 1995, tome 1, page 687. Toutes les
citations sont faites d'après cette édition.
2 1996, trad. fr.
DÉSOLATION, éd. Albin Michel, 1996.
3 1996, sous le
pseudonyme de Richard Bachman, trad. fr. LES RÉGULATEURS,
éd. Albin Michel, 1996.
4 Vers 1960, à
douze ans, il a découvert dans le grenier une caisse de
livres, venant de son père (par lequel il avait
été abandonné à l'âge de deux ans).
Son père, amateur de science-fiction et d'horreur, a
même essayé d'écrire quelques histoires de cette
veine, toutes refusées et perdues. Raconté dans King
DANSE MACABRE, 1981; trad. fr. ANATOMIE
DE L'HORREUR, éd du Rocher,
1995, pages 114/115.
5 King op. cit :
ANATOMIE DE L'HORREUR, op. cit, p 116.
6 Sur l'histoire -
inventée par Lovecraft - du NECRONOMICON, livre
maudit, recueil de connaissances secrètes, de prières
maléfiques et d'incantations abominables, voir Lovecraft, op.
cit., page 597.
7 THE STAND , écrit
en plusieurs années, a été publié dans
une version «allégée» en 1978, et dans la
monumentale rédaction d'origine en 1990, traduction
fr. LE FLÉAU, éd. Jean-Claude Lattès, 1991.
8 Le mot BIBLE vient du grec
biblion, livre. Le Peuple du LIVRE est d'abord le peuple
hébreu (qui a adopté en assemblée vers -2500 le
Livre de la Loi ou Code de Moïse): son Dieu est Yahveh et le
Christ -donc le christianisme- n'est pas encore apparu. Cette
distinction est ici fondamentale, comme on le verra plus loin. Les
Gens du Livre, dont il est question dans de nombreuses sourates du
Coran, sont les juifs et les chrétiens.
9 ANATOMIE DE L'HORREUR, op.
cit., page 117.
10 Lovecraft,
op.cit., CELUI QUI CHUCHOTAIT DANS LES
TÉNÈBRES, t.I, page
275.
11 Lovecraft,
op.cit., CELUI QUI CHUCHOTAIT DANS LES
TÉNÈBRES, t.I, page
582.
12 Lovecraft,
op.cit., CELUI QUI CHUCHOTAIT DANS LES
TÉNÈBRES, t.I, page 311
et 277.
13 Il y en a trop! Voir
notamment, op.cit.: LA MAISON DE LA
SORCIÈRE, page 477;
DANS L'AB»ME DU
TEMPS, page 548; LE MONSTRE SUR LE SEUIL,
page 502.
14 Lovecraft, op.cit.,
L'APPEL DE CTHULHU, t.I, page 74
15 Lovecraft,
op.cit., CELUI QUI CHUCHOTAIT DANS LES
TÉNÈBRES, t.I, pages 311
et 277.
16 Lovecraft,
op.cit., LE MOLOSSE , t.I, page 41.
17 Lovecraft, op.cit.,
CELUI QUI HANTAIT LES
TÉNÈBRES, t.I, page
596.
18 Lovecraft, op.cit.,
LA MAISON DES
SORCIÈRES, t.I, pages 471, 482
et 483.
19 THE COSMOS AND
RELIGION, repris dans Lovecraft,
op.cit., t.III, pages 1187 à 1192.
20 Lovecraft, op.cit.,
L'AB»ME DU TEMPS, t.I, page 532.
21 Lovecraft, op.cit.,
NYARLATHOTEP, t.I, page 26.
22 Lovecraft, op.cit.,
CELUI QUI HANTAIT LES
TÉNÈBRES, t.I, page
596.
23 Lovecraft,
op.cit., L'APPEL DE
CTHULHU, t.I, page 75.
24 Ne font-elles pas la
richesse d'une oeuvre ?
25 THE COSMOS AND RELIGION,
repris dans Lovecraft, op.cit., t.III, pages 1187 à
1192.
26 En fait, c'est plus
subtil : c'est Dieu qui provoque l'accident de Brian pour contacter
David (qui, à ce moment-là, ne connait pas cette
embrouille...).
27 Le chiffre (.) est
l'indication de la page de la trad. fr. DÉSOLATION,
éd. Albin Michel, 1996.
28 Heureusement pour le
récit qu'il n'y a pas de gros animaux dans le
désert...
29 La traduction en est
donnée incidemment par King dans la seconde partie du
livre.
30 «Tu n'auras pas d'autres dieux en face de
moi» EXODE 20, 3. Les extraits
de l'Ancien Testament sont de la traduction Osty, éd. du
Seuil, 1973, et cités par l'auteur de l'étude.
31 «Tu ne peux voir ma Face, car l'homme ne peut me
voir et vivre», EXODE, 33, 20.
32 Dix mois avant les
événements présents
33 Le pneuma de Tak,
incarné.
34 Rappelé ici
pour éviter des recherches : dans cette hypothèse, en
punissant les Grands Anciens, les Très Anciens Dieux n'ont pas
cherché à établir ce qui pourrait être un
acte de justice dans notre référentiel moral. Ils ont
simplement profité de rapports de forces favorables pour
éliminer des adversaires dangereux pour leur pouvoir.
35 «Car tu ne te
prosterneras pas devant un autre dieu; Yahvé (...) est un Dieu
jaloux», EXODE, 34, 14.
36 Tak.
37 ODIN, le premier des
Dieux, dieu de la guerre, l'équivalent du germanique Wotan.
Divinité sauvage, complexe, amateur de poésie et
redoutable amoureux des combats. Il juge la valeur des guerriers et
décide s'ils ont su mourir suffisamment glorieusement pour
rejoindre le Valhalla, paradis où ils combatteront et
banquetteront pour l'éternité. THOR est son fils,
colosse populaire, convive insatiable et bon vivant.
38 THE COSMOS AND RELIGION,
repris dans Lovecraft, op.cit., t. III, page1191.
39 «Tu ne te prosterneras pas devant leurs dieux et tu
ne les serviras pas. Tu devras démolir et briser leurs
stèles», EXODE, 24, 24.
40 «Moi,
Yahvé, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux», EXODE, 20 ,5.
41 Après lecture
publique faite par le roi de Juda, Josias, vers-600.
42 Et pour raprocher
plus encore King de Lovecraft: «Si
tant est que l'on doive adopter quelque chose d'aussi extra-rationnel
qu'une religion, le système catholique et le système
épiscopal m'apparaissent les deux seules sectes à
posséder les racines ancestrales suffisantes pour justifier la
conversion d'un artiste. La vie qu'ils expriment est la vie
naturelle, la vie simple, celle des temps anciens, avant que ne se
soit répandu l'industrialisme et que la science n'ait
entamé la transformation et la destruction de notre
société. Aucune religion ne pourrait exprimer
davantage», extrait d'une lettre
à August Derleth, 20 février 1927, reprise dans
Lovecraft, op.cit., t. III, page1201.
Si Steve a lu cette lettre, elle a dû
lui faire plaisir.
43 Un exemple: la caisse
de livres provenant du père de Steve, dont il a
été question dans la note 4, a disparu tout de suite
après sa découverte, la tante institutrice, hostile
à ces lectures, étant sans doute responsable de cette
disparition. ANATOMIE DE
L'HORREUR, op. cit., page 117.
44 Il semblerait que
Steve ait eu besoin de conseils: dans ses remerciements figure le nom
de William Winston, pasteur épiscopalien, à
côté de celui d'un responsable des mines...,
DESPERATION, op.cit., page 573.
voir mes 2
études sur ..
..
DERRIERE LA
PORTE et DU TAK AU
TAK
ce texte a
été publié dans ma Revue trimestrielle
différentes saisons
# 1 : automne
1998
Contenu de ce site
Stephen King et littératures de l'imaginaire :
.. du site Imaginaire
.. ... .
.. du site
Stephen King
..
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