TABITHA KING ET LE SEXE
Préalable.
Steve a connu Tabitha à
l'Université du Maine durant l'été 1970 alors
qu'il terminait ses études. Tabitha a encore une année
à effectuer. Steve vit de petits boulots. Le mariage de Steve
et Tabby eut lieu le 2 janvier 1971. Ils ont eu trois enfants, Naomi,
Joe et Owen.
Steve et Tabitha se comprennent
bien intellectuellement. Tabitha, qui a quelque talent, a
été évincée des cours de poésie de
Burton Hathlen, quand elle était à la fac du Maine avec
Stephen, mais cela ne l'a pas dissuadée d'écrire.
D'ailleurs, dès que ses enfants seront élevés,
elle se consacrera elle aussi à
l'écriture1.
Steve, comme dans d'autres domaines, fait confiance au jugement de
Tabitha: "Elle est
capable de lui donner une appréciation fondée sur une
oeuvre. Elle ne mâche pas ses mots. Parce qu'elle se
préoccupe de lui, elle dit la vérité et ne le
ménage pas. Pour moi, c'est sa qualité la plus
sympathique."2 C'est Tabitha qui a ramassé, fin
1972, le tapuscrit de Carrie, jeté à la poubelle dans un moment de
colère par un King écoeuré par ses échecs
Elle l'incitera à l'envoyer à l'éditeur
Doubleday: "Ma
considération distinguée», ironise King, «était ce qu'avait
écrit le plus grand perdant de tous les
temps.»"
(SKS, 79)
Tabitha a toujours soutenu
Steve, et son comportement, lors de son accident, a été
exemplaire.
.. du site ..
Tabitha dans sa
trentaine.
Comparer Tabitha à Steve est
d'autant plus facile qu'elle a, comme lui habituellement,
limité le champ d'action de ses oeuvres à un petit coin
du Maine, un monde clos, avec ses habitants souvent mesquins, au
courant de tout, son restaurant et son bar nocturne, son centre
commercial et même son lac! Univers familier à tous deux
qui facilitent les rapprochements.
Tabitha n'est pas bégueule. Elle aussi évoque
longuement le sexe, et on pourrait pratiquement reprendre le plan de
ce livre et y ajouter les paragraphes la concernant. Mais il y aurait
moins de matière -elle a bien moins écrit que Steve- et
les développements concernant le sexe sont succincts bien
qu'étant souvent répétitifs. Les notations sont
nombreuses, qui vont, comme chez Steve, du "support à journaux lourdement chargé de
magazines à dominante rose chair" à la fille sexy aux
"rondeurs de presse spécialisée" et divers développements sur ses seins
(thème qui revient comme les jambes chez Steve!). de la femme
"qui gémit de plaisir
dans son bain" à la
bibliothécaire qui propose une fellation sur le bord d'une
table. (TCh, 43) Le
priapisme, les lesbiennes, les menstruations (certaines situations
que l'on ne trouve pas chez Steve, comme l'amour pendant les
règles), l'avortement. Les préjugés aussi:
"Les danseurs, tous des
pédérastes"
(TCh, 116), elle-même proposant un
personnage principal poète qui est bisexuel...
Apparaissent évidemment des thèmes rencontrés
chez son mari. Ainsi le comportement du prêcheur
séducteur, évoqué par Steve dans Les
Tommyknockers, mais qui prend dans Chaleurs
et L'Histoire de Reuben une importance notable, avec des commentaires
déjà rencontrés chez Steve: "La femme de Reuben l'a quitté pour un
prêcheur fondamentaliste. Cela s'est passé il y a cinq
ans, juste avant la puberté de Karen. Laissez-moi vous dire
que ce fut un drôle de désastre. Karen ne s'est jamais
remise et Reuben semble complètement
déboussolé.
(...) Tous ces prêcheurs
devraient imaginer autre chose que le péché originel
pour alimenter leurs sermons, ne croyez-vous pas? Ils semblent tous
obsédés par la sexualité. Ils ne tarissent pas
sur le sujet. cependant, quand il s'agit de percevoir des fonds, ils
ne cherchent pas à savoir d'où vient
l'argent.".
(TCh, 39)
Si les scènes de sexe sont presque toujours succinctes, il y
en a beaucoup!.On fait l'amour souvent, dans la voiture, sur un
divan, dans un lit, sur la plage, dans le jardin... Et les aventures
des héroïnes nombreuses, vues dans des perspectives
typiquement féminines. Certaines sont particulières.
Dans Traquée,
Liv et son fils sont
séquestrés l'hiver par trois voyous dans une maison
isolée, et Liv évidemment violée. Mais alors que
les viols sont ordinairement subis par les femmes, Liv, pour
protéger son fils de sévices éventuels, et
abréger son affaire, participe à sa façon:
"«Espèce de
salaud, pensa-t-elle. Tu l'auras voulu.»
Elle contracta les muscles de son vagin et le sentit aussitôt
hésiter. Elle recommença, il s'interrompit.
- Tu le fais exprès ou quoi? (...) Je ne suis
pas sûr d'aimer ça, grogna-t-il.
Mais il ne lui dit pas non plus de cesser et elle continua à
lui imprimer un mouvement de succion qui, réalisa-t-elle en
osant un oeil, le mettait à l'agonie. Pour un peu, elle aurait
éclaté de rire. Aucune des pochardes et des gamines
qu'il avait séduites ou terrorisées ne lui avait fait
le moins du monde soupçonner ce qu'il était vraiment.
Elle sentit sa propre terreur descendre d'un cran. Inutile de le
«baiser à mort», il suffirait de l'humilier.
À présent qu'elle était consciente de son
pouvoir, elle le conduisit d'abord lentement, puis à un rythme
plus rapide, sans lui laisser un instant de répit, à un
orgasme inattendu, violent, total." (14)
Cette scène est significative d'un double choix de la part de
Tabitha. Personnel d'abord: elle est pudique sur le sexe, plus
clinique que complaisamment descriptive. Idéologique ensuite:
l'amour, c'est la guerre des sexes. Les femmes n'ont pas à
subir la loi des mâles et à s'y soumettre. C'est
d'ailleurs moins la volonté qui les conduit que le souci de
suivre leur pente, et de réaliser, même
contradictoirement, leurs désirs du moment. Dans
Chaleurs,
Pearl est séduite par deux hommes, très
dissemblables.
Elle couche avec David. Cinq lignes:
"Le voile léger de la
moustiquaire semblait suffire à préserver leur
intimité. Comme dématérialisés, ils
n'étaient plus que sensations. Puis la violence et
l'intensité de son orgasme la frappèrent de
stupeur." C'est tout pour la
scène de sexe. (8.6) Rentrée chez elle, elle rencontre
un peu plus tard Reuben, qui lui a apporté des fraises. Les
choses s'enchaînent: "Il
la tint un instant contre lui, puis ils roulèrent ensemble sur
le sofa. Les fraises s'écrasèrent sur la couverture et
contre sa chemise de nuit, embellissant la nuit de leurs derniers
parfums.
Quelle différence cela faisait-il qu'elle n'avait pris aucune
disposition contraceptive? Parmi le tumulte de ses émotions,
Pearl l'écervelée se voulut sarcastique. «Jette
donc un foulard rouge sur ta lampe de chevet, Messaline, et fais donc
ton prix. Après tout, qui s'inquiète de savoir si tu es
une folle hystérique ou une vieille fille
desséchée?»
Elle était totalement ouverte à l'homme, et une douce
moiteur lui recouvrait le corps. Si ce n'avait pas été
leur première étreinte et sans l'état de
légère ébriété où il se
trouvait, il aurait probablement été surpris de la
précipitation, de la violence de sa réaction. (...)
Elle qui se croyait épuisée réalisait à
présent que cette grande fatigue participait à son
plaisir. elle s'y abandonna avec ferveur, inexplicablement soumise
à l'homme, à l'amour et à cette chaude nuit
d'été." (8.7)
La scène est plus longue que la précédente,
à cause des réflexions de Pearl. Mais tout aussi peu
complaisante dans l'érotisme. Par contre elle manifeste de
manière éclatante le droit féminin
affirmé par Tabitha de ne pas se laisser lier par les
convenances sociales.
On ne trouve pas donc pas chez
Tabitha de passages graveleux. Elle considère le sexe avec
naturel et sans faux-fuyants, avec simplicité, sans
éprouver le besoin d'en rajouter, sans trivialité. Avec
parfois des surprises, quand par exemple Pearl se fait entreprendre
par Reuben sur la plage: "Vas-y, rame, murmura-t-elle." (12.7) Les rapports entre les personnages sont directs.
Ainsi la serveuse du restaurant, à sa patronne, à
propos du poète: "Mais
dites-moi? Qu'est-ce qui se passe, entre vous deux? Est-ce que vous
allez devenir amants?" On y
rencontre bien sûr des éléments qui font
davantage partie de la féminité et ignorés par
Steve, qui n'évoque qu'en passant la méthode Ogino et
la pilule. Avec Tabitha on a droit par contre à des
descriptions spécifiques. Par exemple, à la pharmacie,
Pearl, trente-cinq ans: "Elle
mit dans son panier une boîte de bicarbonate de soude en
prévision du long bain qu'elle avait prévu, un pot de
vaseline, une mousse contraceptive en atomiseur, un tube de
désinfectant pour le diaphragme quelle comptait
déballer aussitôt rentrée chez elle et porter en
permanence jusqu'à la fin de ses jours, sans oublier, dans
l'éventualité où Dieu lui pardonnerait ses
folies de la veille, une boîte de serviettes
hygiéniques. Finalement, ôtant ses lunettes, elle
regarda furtivement à droite et à gauche. Personne en
vue. Elle s'empara promptement de plusieurs boîtes de
préservatifs." Suivent
des observations sur les réactions pudibondes de certaines
habitantes du Maine: "Alors
qu'elle posait son panier sur le comptoir près de la caisse
enregistreuse, la caissière se mit brusquement à
renifler. Pearl leva les yeux sur le visage émacié
d'une femme entre deux âges qui portait ses lunettes
attachées à un cordon de crainte de les perdre, sans
doute. En identifiant les différents produits, elle eut un
mouvement de recul, comme si on avait déversé un tas
d'immondices sur son comptoir. (...) La
caissière s'empressa de taper la facture de Pearl en jetant
d'un geste vif les répugnants produits dans un grand sac."
(9.3) Il faut d'ailleurs
noter incidemment, à propos de ce passage, que Tabitha glisse
dans sa description des critiques aussi significatives que celle de
Steve sur l'étroitesse d'esprit des habitants des petites
villes du Maine. Il y a, par opposition, chez Tabitha un
côté ménagère du sexe, et ses amants
parlent tranquillement de diaphragme, de préservatif et des
précautions à prendre. Et quand Liv vient à bout
de son violeur, elle le vide "un peu comme un tube dentifrice que l'on presse une
dernière fois avant de le jeter."...L'objet n'est pas nécessairement la femme
violée...
Manquent chez Tabitha -par rapport
à Steve- la sexualité enfantine, la conjugalité
tranquille -peu évoquée par Tabitha alors qu'elle
intervient constamment chez Steve-, les relations entre les personnes
âgées, la grande curiosité de Steve à
l'égard du sexe dans sa diversité individuelle et
sociale. Il y a beaucoup de ménages séparés dans
les romans de Tabitha, et ses personnages n'éprouvent pas
à l'égard du divorce l'attitude réprobative de
la plupart des personnages de King. Contrairement à Steve,
elle n'a pas hésité à prendre comme personnage
principal dans Chaleurs une
métisse à la peau sombre, issue d'une blanche et d'un
noir3, personnage rencontré rarement dans les
campagnes du Maine. Mais où les différences sont
éclatantes, c'est dans le traitement des sentiments. Il y a
peu d'états d'âme proprement sentimentaux chez Steve,
proportionnellement à la longueur de la plupart de ses
oeuvres. Par contre, les romans de Tabitha, des thrillers
sentimentaux, sont consacrés exclusivement aux échanges
amoureux entre hommes et femmes, et pratiquement l'histoire se
résume à des affaires de coeur. L'action est peu
développée et tout se passe au niveau du jeu des
sentiments. Ainsi Pearl, qui a compris qu'elle "ne serait pas une de ces femmes vertueuses,
qui se contente de faire des enfants et de payer leurs impôts,
sagement installées de neuf à cinq dans leur petit
emploi. Elle serait une... rebelle. Quelqu'un qui voit par
delà l'hypocrisie et le vernis des
conventions."
(TCh, 210) Pearl ne sait pas choisir entre deux
hommes, un garagiste et un poète, David. Les
événements l'emportent, sans résoudre son
problème. Elle couche avec David, alors qu'elle a appris qu'il
est bisexuel, autant attiré par les hommes que par les femmes.
Quelques heures après, elle couche avec Reuben. La même
série de deux se présente plusieurs fois,
indépendamment des coucheries isolées. Ces
échanges amoureux et la faiblesse indécise de Pearl
forment l'essentiel du roman.
Le cas du second personnage féminin n'est guère
différent. Karen, serveuse, seize ans, bombe sexuelle, vit
dans le désir des hommes, passe ses nuits en coucheries, se
trouve enceinte -ce sera aussi le sort de Pearl-, se fait avorter.
Finalement l'érotisme n'est pas dans les descriptions, mais
dans le climat. Les personnages sont constamment impliqués,
parfois malgré eux, dans les entrelacs compliqués de
l'amour et du hasard. L'intellectualité est très
réduite par rapport aux romans de Steve. Jeux du sentiment,
toujours renouvelés: "En substance, il était apparu à Pearl que
la mort, l'oubli ou la rancoeur ne pouvaient jamais totalement
annihiler l'amour, mais seulement le transformer. Rien de plus."
(189) Un aveu de romantique,
l'idée que l'amour est indéterminé et
indéterminable.
Encore que leur travail soit ainsi très différent l'un
de l'autre, il est inévitable que deux romanciers, vivant et
travaillant4 ensemble,soient en osmose partielle. Steve est
introverti, sur la réserve, n'exprime pas volontiers ses
sentiments profonds, se masque en public. Cette pudeur dans
l'affichage des sentiments explique la réserve sentimentale de
Steve dans ses romans. Tabitha est plus directe, s'affiche davantage.
Elle possède ce dont la plupart des écrivains masculins
sont dépourvus, et notamment Steve: une certaine dimension
humaine liée à la romance et à la tendresse. Une
partie de la sentimentalité de Tabitha se transfuserait-t-elle
à Steve? Dans cette perspective, on comprend mieux les
confidences de la Postface de Magie et Cristal: "Je savais
qu'écrire Magie et Cristal signifiait rEvenir sur la jeunesse
de Roland et retracer sa première histoire d'amour. et cela me
causait une peur bleue. Si le suspense m'est relativement facile, le
roman d'amour me crée des difficultés. en
conséquence de quoi, j'ai lambiné, temporisé,
remis au lendemain. (...)
Mais j'ai tout oublié
de l'amour romantique et de sa sincérité, me disais-je.
Je sais tout du mariage et de la maturité de l'amour mais,
à quarante-huit ans, on a une fâcheuse tendance à
ne pas se souvenir de la passion et de la flamme de ses
dix-sept.(...)
Mais, par-dessus tout, mes
mercis vont à ma femme qui m'a soutenu dans cette folie
furieuse du mieux qu'elle a pu et m'a aidé pour ce livre d'une
façon qu'elle ne soupçonne même pas. Au cours
d'une période noire, elle m'a fait cadeau d'une drôle de
figurine en caoutchouc qui m'a rendu le sourire. Celle de Rocket J.
Squirrell, affublé de son casque d'aviateur bleu et les bras
vaillamment ouverts. J'ai posé la figurine sur mon manuscrit
qui ne cessait de grossir (encore et encore) en espérant qu'un
peu de l'amour ayant inspiré son offre viendrait
féconder mon travail."
On peut considérer que l'histoire de Roland et Susan est bien
la plus sentimentale de toutes celles qu'il a
écrites5, sorte de synthèse entre une affectivité
plus disponible et l'intellectualité métaphysique,
entre l'étreinte et le ka: "Comme il la serrait de plus près, semant des
chapelets de baisers dans son cou, elle sentit la dureté de
pierre qui affectait sa personne au-dessous de la boucle de sa
ceinture, en parfaite harmonie avec le creuset en fusion,
situé exactement à la même place chez elle; les
deux endroits-là étaient faits l'un pour l'autre, comme
elle pour lui et lui pour elle. C'était le ka après
tout -le ka,venu comme le vent et elle se laisserait volontiers
emporter, abandonnant honneur et promesses derrière
elle." (303). Une place
importante était déjà donnée au sentiment
dans Insomnie
et La Ligne
Verte. Elle se retrouve
dans Sac
d'Os, mais plus
modeste.
Chacun des époux met ainsi en
musique sa partition concernant le sexe. Alors que Steve est
extrêmement contrasté, utilisant cuivres et timbales
fortissimo, aussi bien que la petite flûte pianissimo,Tabitha
joue sa partition constamment en sourdine, sans oppositions majeures,
en jouant juste, sans effets. Elle a, comme Steve, un vif sentiment
de l'humain, mais exprimé avec une simple
compréhension, sans éclats. Steve a besoin de clamer
les différences, en forçant souvent la note, le trait.
Quand il tombe juste, le résultat est
remarquable6. Mais il y a des fausses notes: les effets sont
perdus
Tabitha n'a pas ces errances, son ton est toujours égal et
retenu. Sa compréhension de l'humain et son rendu sont
contrôlés, presque intellectualisés. Ce qui
l'intéresse, c'est l'humain que nous portons en nous, et ses
aspects négatifs sont évoqués sans
diabolisation. Steve est intéressé aussi par l'humain,
mais l'écrivain voit tout le parti qu'il peut en tirer sur le
plan de la dynamique, forçant le trait, dégageant des
flamboyances comme des platitudes. Tabitha est un bon
écrivain, qui parle du sexe, avec une plus grande audace que
Steve, mais de manière étouffée. Steve
l'inhibé peut être aussi bien sublime que rater
complètement ses effets.
Tabitha est une femme-écrivain. Steve est un
écrivain-homme.
Tabitha a été élevée, comme Steve, dans
«l'esprit pionnier américain» des années
cinquante. Les USA étaient la plus forte nation du monde, les
jeunes Américains se devaient d'être forts. On leur
demandait de changer le monde, de bâtir de belles
carrières professionnelles. À tous aussi, mais aux
filles plus particulièrement, de réussir des mariages
solides, d'élEver de bons enfants. Tout en cultivant le sens
de l'humour7. Tabitha a été bonne élève
et a respecté le contrat.
Il est probable que si on demandait à Steve de définir
le modèle de femme qui lui agrée, il choisirait une
Tabitha. Mais certainement pas une des héroïnes de sa
femme, avec leurs complications et leur
imprévisibilité. Avec en prime, pour lui qui se laisse
aller à l'inspiration du moment, dans un certain goût du
désordre, la présence rassurante de la femme
organisée, méthodique, rangée, qui lui assure la
stabilité.
Notes :
1 Depuis 1981, elle a publié, outre des essais, 7
romans, dont 4 ont été traduits en français chez
Flammarion: Traquée,
1985; Chaleurs, 1988; Contacts, 1993;
L'Histoire de
Reuben, 1994. Le dernier
roman paru de Tabitha est Passion Fatale
(Survivor), 1998.
2 Selon Christopher Chesley, qui le connaît depuis
leur adolescence commune et qui a autopublié en même
temps que lui leurs premières créations à
l'âge de 16 ans, voir Beahm (SKS, 78).
3 Les amateurs de relations croisées en trouveront
chez Tabitha; par exemple est cité plusieurs fois par Pearl le
noir Dick Halloran, cuisinier dont elle aurait été
l'élEve (Le
Talisman, Ça)
4 Il est amusant de constater que si, on l'a vu, King a
consacré de nombreux remerciements ou dédicaces
à Tabitha, celle-ci lui renvoie sans difficulté
l'ascenseur: "sans oublier mon
mari Stephen, pour ses conseils éditoriaux" (TCh); "Stephen,
Naomi, Joe Hill, Leonora, Owen et Shane m'ont également
apporté un appréciable soutien." (TRe)
5 Quand Steve est interrogé à ce sujet, il
proteste: "«Lisez
L'Accident, c'est une histoire d'amour, c'est l'histoire de Johnny
Smith et de Sarah, de comment il la perd et comment il la
retrouve.» Et c'est plutôt mignon: on retrouve cet aspect
des choses dans Sac d'os.",
propos cité par Elton DeBiani, Ténèbres, #4,
octobre-décembre 1998, 18.
6 Pour rester dans le ton, Gustav Mahler est le musicien
qui lui ressemble le plus.
7 C'est probablement parce qu'elle est elle-même un
bon produit de cette génération qu'Hillary Clinton (qui
a l'âge de Tabitha) rencontre tant de popularité chez
les Américaines.
Steve et Tabitha ,
décembre 1999
ce texte a
été publié dans ma Revue trimestrielle
différentes saisons
saison # 5 -
hiver 1999.
|
Le
livre est paru en janvier 2000. Si vous êtes
intéressé, commandez le livre chez votre
libraire en lui communiquant éventuellement les
références de la maison d'édition:
éditions
Naturellement ,1, place Henri Barbusse, 69700
GIVORS,
E-mail:Alain
Pelosato pelosato@altavista.fr
.http://www.sfmag.org .et.http://www.sfmag.net
|
PRÉSENTATION
PRÉFACE
INTRODUCTION
TABLE DES
MATIÈRES
EXTRAITS
TABITHA KING ET LE
SEXE. : extrait de
Stephen King
et le sexe.
Comparer Tabitha à Steve est
d'autant plus facile qu'elle a, comme lui habituellement,
limité le champ d'action de ses oeuvres à un petit coin
du Maine, un monde clos, avec ses habitants souvent mesquins, au
courant de tout, son restaurant et son bar nocturne, son centre
commercial et même son lac! Univers familier à tous deux
qui facilitent les rapprochements. Il y a peu d'états
d'âme proprement sentimentaux chez Steve, proportionnellement
à la longueur de la plupart de ses oeuvres. Par contre, les
romans de Tabitha, des thrillers sentimentaux, sont consacrés
exclusivement aux échanges amoureux entre hommes et femmes, et
pratiquement l'histoire se résume à des affaires de
coeur.
ÊTRES FANTASTIQUES ET
SEXE ..
.
La diversité sexuelle est une
des caractéristiques des êtres fantastiques. Les lois
littéraires du genre donnent à chacun ses aspects
sexuels propres, qui ne sont transgressés
qu'occasionnellement. Les entités venues d'ailleurs, les
vampires, les morts-vivants s'en donnent à coeur joie. La
sexualité est également liée à des lieux
ou des objets qui ont, liés à divers pouvoirs, ont une
charge sexuelle importante.
Textes proches :
KING TRIVIAL, 1ère partie. 128 Ko
Dans toute culture, il y a des choses
«répugnantes» qui ne se font pas: elles sont
interdites. On n'en parle que négativement, pour rappeler les
commandements et stigmatiser les errements. Quand on ose les
évoquer ou en parler positivement, c'est clandestinement, dans
le secret du Necronomicon.,
avec le risque du bûcher. Il y a aussi les choses qui se font
-et même très couramment-, mais dont on ne parle pas. On
n'en parle pas parce qu'elles sont
déconsidérées, jugées vulgaires,
inconvenantes ou «répugnantes». King, comme bien
d'autres, n'a pas échappé aux condamnations pour
trivialité ou obscénité: il a été
vilipendé par les bien-pensants, interdit dans certaines
écoles, menacé par un projet de loi contre
l'obscénité. D'où la tentation, le recul du
temps aidant, et l'Ïuvre de King s'étalant maintenant sur une
durée raisonnable, de faire le point. Cette étude ne
portera que sur le trivial concernant les fonctions organiques autres
que la sexualité. Je viens de terminer un livre sur
King et le
sexe, actuellement proposé
aux éditeurs.
KING
TRIVIAL
2émepartie. 119Ko
Les conclusions de la première
partie de cette étude mettaient en évidence que les
notations triviales de King sont de deux ordres. Les unes
appartiennent à l'expression spontanée des enfants, des
adolescents ou de diverses catégories d'adultes en situation
et ont leur justification dans un désir de dépeindre
aussi exactement que possible une réalité existante.
Mais les autres dépassent les exigences de la seule
description: elles sont l'expression de caractéristiques
personnelles et la traduction du King profond qui vit masqué.
Ce sont ces deux aspects que nous allons étudier
successivement, en chaussant nos "bottes d'égoutier" sans
éviter le terrain "un peu bourbeux".Il lui a fallu trouver un
équilibre entre toutes ces influences et il y est parvenu par
l'écriture, soumise à l'opposition entre son
côté naturel dionysiaque et des influences
éducatives apolliniennes. Cet équilibre instable fait
que d'une Ïuvre l'autre, suivant que le contrôle l'emporte sur
les pulsions, le trivial occupe une place plus ou moins importante,
pour cet écrivain populaire capable d'écrire dans tous
les registres.
Contenu de ce site
Stephen King et littératures de l'imaginaire :
.. du site Imaginaire
.. ... .
.. du site
Stephen King