LE CADRE DU
MYTHE
par Sylvain Tavernier
Regards sur
l'architecture imaginaire de la bande dessinée
Etude de La Quête de l'Oiseau du
Temps,
de Serge LeTendre et Régis Loisel
PRÉSENTATION.
Chers internautes, chers
lecteurs
Je vais tâcher de faire court,
en vue de la taille considérable du texte que,
j'espère, vous vous apprêtiez à lire. Quelques
mots donc, pour dédramatiser. Je reconnais la nature
universitaire de ce travail : il s'agit, après tout, d'une
maîtrise de lettres modernes (horreur !), respectant en cela
les contraintes de formes que le procédé exige. Le but
n'est cependant pas, comme on peut trop souvent le penser, de faire
étalage d'une érudition (que, de toutes façons,
je ne possède pas), associée à un catalogue
indigeste de termes techniques et faussement intellectuels. Si la
recherche implique nécessairement de se familiariser avec un
certain vocabulaire, destiné à saisir la richesse d'un
nouveau langage, elle est avant tout un moyen d'accès à
une réfléxion générale, ouverte,
susceptible de plaire à chacun.
Ce mémoire n'exige pas d'être lu dans l'ordre, un mot
après l'autre, au risque de se détourner rapidement du
texte avec la tête lourde et l'unique envie de prendre un bain.
Il est question ici de mythes et de bandes dessinées,
d'histoires qui pour la plupart vibrent dans nos coeurs dès
l'enfance et se prolongent au cours de notre vie lorsque, lentement,
les sentiments s'étiolent et sont remplacés par une
lente nostalgie, tendres regrets des visages effacés. Chacun
de vous est libre de faire l'impasse sur les passages qui lui
sembleraient obscurs, pénibles, ou tout simplement sans
intérêt (ne souriez pas, je sais qu'il y en a), de
commencer par la fin, de lire à reculons, une ligne sur deux,
ou même de ne pas lire du tout. J'essaie juste de vous
convaincre que la démonstration proprement dite n'est pas
l'essentiel : l'écriture bien sûr suit une direction
précise, avec objectifs, liens syntaxiques et nombre de
circonvolutions littéraires censées impressionner un
jury, mais l'on peut aussi se contenter de flâner entre les
pages, à la recherche d'un détail, d'un
élément précis venu s'insérer dans ce
grand ensemble.
Je n'avais d'autre intention, en commençant à
écrire, que d'essayer de formuler ma fascination pour les
thèmes universels, de comprendre, du moins en partie, les
raisons de notre émotion à l'écoute des grands
récits mythiques qui résonnent dans les oeuvres
majeures de l'Imaginaire actuel. Le Seigneur des Anneaux, Star Wars,
des rêves de gosse que l'on aimerait véritables, en
sachant nous montrer raisonnables et capables d'en saisir les
principes qui les gouvernent, et font en sort que ces histoires
exercent leur magie. Je pense sincèrement qu'au terme d'une
réflexion sérieuse, appuyée sur les
écrits d'auteurs aussi envoûtants que Joseph Campbell,
nous sommes davantage en mesure de savourer la beauté des
mythes et de tirer profit de leurs enseignements.
A tous ceux qui se demanderaient encore ce que diable ils sont venus
faire ici, je tiens à préciser que la première
partie risque de paraître laborieuse à une personne ne
s'intéressant pas particulièrement à la «
technique » de la bande dessinée, à sa
spécificité en tant que genre narratif. J'espère
que la plupart d'entre vous saisira l'opportunité de
s'investir dans une découverte du système de la bande
dessinée, et que cet art trop longtemps sous-estimé,
négligé, saura vous plaire ensuite autant que la
littérature et le cinéma, ses deux grands cousins trop
visibles qui le maintiennent dans la pénombre. Mais plus pour
très longtemps.
Pour ceux qui se moquent de savoir comment fonctionne une bande
dessinée (et je le comprends très bien, même si
je ne vous félicite pas) et qui souhaiteraient plutôt
connaître les archétypes mythologiques à l'oeuvre
dans La Quête de l'Oiseau du Temps, il n'est que de jeter un
oeil avide au sommaire, de bondir jusqu'à la deuxième
partie, et de tout lire d'un coup, sans boire ni manger tellement
c'est captivant.
Enfin, et parce que j'avais promis de me limiter, j'ose penser que
vous ne verrez aucune flagornerie dans la présence de cette
maîtrise sur le site. Mon unique désir étant de
partager avec d'autres amateurs de merveilleux ma passion pour la
bande dessinée (oui, ça fait beaucoup de passions,
Stephen King, le cinéma, tout ça, mais bon hein), je
souhaite de tout coeur que vous vous plairez à la lecture de
ces pages. Il y en a beaucoup aussi, d'accord. C'est pour ça
que je vous remercie par avance, tout comme je remercie Roland
d'avoir accueuilli mon travail, et pour ces derniers jours de mise en
ligne intensifs. Un merci sincère également à
tous ceux qui ont lu mes nouvelles, et plus encore à ceux qui
m'ont écrit pour me le dire et m'encourager. Aucun de ces
textes, pas plus que celui-ci, n'a jailli tout seul comme un grand de
mon clavier, et vos nombreux courriers sont une douce aspirine.
À tous les membres du forum de Bdparadisio qui passeront ici,
j'adresse un « GeoOOOoorges » de bienvenue : ils m'ont
souvent permis de rire un bon coup lorsque la rédaction du
mémoire me rendait cinglé. Et si les auteurs de romans
ont pris l'habitude (on ne sait pourquoi ni qui a commencé) de
citer les musiques qu'ils ont écoutées pendant leur
travail, je dirai juste qu'en cours d'écriture je relisais en
parallèle l'intégrale de La Tour Sombre : il est donc
fort possible que certains passages de mon texte soient
imprégnés de mon amour pour ce récit.
Cordialement vôtre,
Sylvain
TABLE DES
MATIÈRES.
Introduction p. 1
Première Partie
Mythe et bande dessinée,
une architecture au service de l'imagination
1. 1 - UN TOUT FAIT
DE PLUSIEURS, FRAGMENTS D'UNE GÉNÉRALITÉ
1. 1. 1. Vignettes et
péripéties p. 3
1. 1. 2. Le multicadre et le mythe p. 9
1. 1. 3. Le macrocadre et le mythe universel p. 13
1. 2 - L'ARCHÉTYPE : UN GENRE MINEUR ?
1. 2. 1. Constance des thèmes
et rigidité du médium p. 20
1. 2. 2. Défense et illustration du
cliché p. 24
1. 2. 3. Pour une culture « mineure » p. 30
1. 3 - PARADOXE
DE LA MODERNITÉ
1. 3. 1. Naissance du mythe p. 33
1. 3. 2. « La douce langue natale » p. 35
1. 3. 3. Vers La Quête de l'Oiseau du
Temps p. 40
Deuxième Partie
La Quête de l'Oiseau du Temps
Entre classicisme stylistique et
modernité de création, une nouvelle approche des
archétypes mythologiques
Argument p. 42
2. 1 - L'APPEL
DE L'AVENTURE : REGARDS SUR UNE SÉQUENCE
2. 1. 1. Pélisse, franchir le
premier seuil p. 44
2. 1. 2. L'appel de l'Inconnu p. 49
2. 1. 3. Bragon ou « la voie royale » du héros p.
50
2. 2 - LE
PARCOURS DU HÉROS : D'UN SEUIL À L'AUTRE,
POURSUIVRE
LA QUÊTE
2. 2. 1. La Conque de Ramor,
renoncement et renaissance p. 63
2. 2. 2. Le Temple de l'Oubli : les enjeux du tressage p. 77
2. 2. 3. Le Rige, vaincre le labyrinthe p.
88
2. 3 - UNE VIE MOINS ORDINAIRE : SACRIFICE ET
DÉSESPOIR
2. 3. 1. Le retour du héros p.
101
2. 3. 2. Bulrog, du sacrifice à l'illumination p. 105
2. 3. 3. La mort du héros p. 108
Conclusion p. 112
Bibliographie p. 117
BIBLIOGRAPHIE
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DESSINÉE
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Temps, éd. Dargaud,
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l'Oubli, 1ère
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- Le Rige, 1ère éd. Charlie Mensuel,
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Vernant Jean-Pierre, L'Univers, les Dieux, les Hommes, éd. Seuil, 1999.
©
Sylvain Tavernier 2003 <syltavernier@wanadoo.fr>
Université du Littoral
Lettres Modernes
2002-2003
LE CADRE DU MYTHE
Regards sur l'architecture imaginaire de la
bande dessinée
Etude de La Quête de l'Oiseau du Temps,
de Serge LeTendre et
Régis Loisel
Mémoire de Maîtrise
sous la direction de Joël Ganault, 2003
Étudiant
en lettres modernes à l'Université du
Littoral, Sylvain Tavernier est un fan des
littératures de l'imaginaire en général
et de Stephen King en particulier. Il écrit des
nouvelles et tient la rubrique de la filmographie de Stephen
King, et la plus grande partie des critiques du
film
du mois de ce site.
Vous trouverez de Sylvain
Tavernier sur ces pages :
u une nouvelle : Un truc qui gratte
une
nouvelle : Simon le boiteux
une
nouvelle : Josh le Ventru
une
nouvelle : Space fantasy
une étude : la filmographie de Stephen King
une étude : Approche du mythe de l'un et du double dans
l'imaginaire kingien
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ce texte a
été publié dans ma Revue trimestrielle
différentes saisons
# 21 automne 2003
saison # 22 - hiver 2003
saison #
23 - printemps 2003
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