KING, JOB et
DIEU
2ème partie :
Le Livre de
Job
William Blake Job souffrant
On ne peut pas bien comprendre le
sens historique du texte si on ignore qu'à l'époque
où fut rédigé le Livre de Job, écrit après l'exil à Babylone,
à une date incertaine (- Vème/-IVème
siècle?) d'importants changements s'opèrent dans la
mentalité juive. Dans l'ancienne théologie
hébraïque, le «ciel», en tant que paradis et
gratification n'existe pas. La vertu doit être
récompensée sur cette terre, ou elle ne le sera jamais.
On pensait que Yahvé récompensait l'homme pieux et non
l'infidèle. Les bonheurs, comme les malheurs, viennent de
Yahvé, et sont la sanction d'une conduite humaine.
L'injustice
dans le monde.
On a vu15 que La
Bible a établi une
relation particulière entre Dieu et son peuple: un dieu
d'abord patriarcal, protégeant son troupeau, mais punissant
ses fautes. Dans les premiers livres de La Bible,
ces rapports frustes, facilement compréhensibles au demeurant
tant ils sont proches de l'attitude des parents envers leurs enfants,
ont cependant paru un moment inquiétants avec l'épisode
du sacrifice d'Isaac, souvent rappelé par King. Y
apparaît pour la première fois l'image d'un Dieu
rusé et arbitrairement cruel16. Pour mettre à l'épreuve
l'obéissance d'Abraham à sa loi, Yahvé lui
demande de sacrifier son fils unique, Isaac, engendré il est
vrai avec son aide particulière17. Au dernier moment, il suspend le bras armé
d'Isaac qui s'apprêtait à immoler son fils. Double
manifestation évidente d'arbitraire, une punition inutile
capricieusement levée, peu conciliable avec l'idée d'un
dieu juste et bon avec les siens. Ce que Yahvé a donné,
il peut le reprendre à chaque instant, sans justification.
Le malheur pouvait donc s'expliquer par une piété
insuffisante, ou des comportements réprouvés. Mais on
avait déjà bien remarqué que des méchants
réussissaient, alors que des hommes de bien subissaient les
pires souffrances. On se plaignait aussi, mais à mots de moins
en moins couverts, des malheurs du peuple d'Israël emmené
en captivité. Pourquoi Yahvé avait-il abandonné
son peuple, qu'il a désigné comme le peuple
«élu»? Israël avait adoré
l'Éternel, comme Job, et se trouvait dans le malheur. Mais
Babylone, qui méprisait Yahvé, avait ses propres dieux,
était florissante. Qu'escompter d'un tel Dieu? Des
Israélites ont dû penser comme le dit à son fils
la mère de David, possédée par Tak
: "«Oui, ton Dieu est
fort, dit-elle. Je ne le nie pas. Mais regarde ce qu'il m'a fait. Sa
force vaut-elle qu'on l'admire? Peut-on se réjouir d'avoir un
tel Dieu? (...) Quel est ce
Dieu? Détourne-toi de lui et viens vers le
mien. Lui, au moins, est honnête dans sa
cruauté»" (Désolation, 411).
Écrit dans ces perspectives, par des auteurs
différents, le Livre
de Job ne prétend
pas à l'universalité. Il soulève le
problème de l'injustice dans le monde, mais en le symbolisant
dans le problème d'un seul homme, un «juste», qui
subit sans comprendre pourquoi il est ainsi affligé des pires
maux. Le Livre commence par un prologue en prose, où l'on voit
apparaître, au milieu des anges, la première figure du
satan, en fait ici, au sens littéral, l'«adversaire»
du genre humain, le tentateur. Le satan n'est pas encore devenu
historiquement l'incarnation du mal. Il est une sorte de procureur du
tribunal de Dieu, chargé de missions sur la terre pour le
compte de Yahvé, un des membres de sa cour céleste
divine, agissant expressément selon les instructions de
Dieu.
Job
réclame justice.
Job est un homme intègre et
droit, qui craint Dieu, fait le bien18, évite soigneusement le mal, au point de faire
des sacrifices expiatoires pour ses enfants. Exemple classique de la
rétribution personnelle compensatoire, Dieu l'a comblé
de richesses, d'une abondante progéniture et d'une excellente
santé. Les choses n'ont pas changé depuis 25
siècles: qu'espérer de mieux?
Mais un petit doute subsiste: sa conduite est-elle consécutive
à l'amour porté à son
créateur?19 Ou bien est-il un hypocrite qui calcule soigneusement
son intérêt, pour sauvegarder ses richesses? C'est le
satan, qui suscitera la curiosité de Yahvé: si tu le
plonges dans le malheur, il te maudira comme les autres. Je parie que
non, dit Yahvé, et je te l'abandonne. Seule limite
dictée: ne pas toucher à l'intégrité
corporelle de Job20.
Job est accablé de divers malheurs: ses dix enfants meurent,
la foudre tue ses serviteurs, ses richesses lui sont
ôtées21. Mais Job ne perd pas la foi: Dieu me l'a donné,
il me l'a repris, que l'éternel soit béni.
"Nu je suis sorti du sein de
ma mère, nu j'y retournerai." (1.20)
Le satan, qui paraît connaître les points faibles des
hommes autant que son Dieu, propose alors une autre épreuve,
celle de toucher Job dans sa chair, ce que Yahvé avait d'abord
interdit. Job est affligé d'un ulcère repoussant,
devient un objet de dégoût pour ses proches. Sa femme
l'incite à maudire le Seigneur. Mais Job s'y refuse et ne
faiblit pas dans sa foi: "Tu
parles comme une femme insensée. Nous recevons de Dieu le bien
et nous n'en recevrions pas le mal?" (2.10)
Plusieurs dialogues en vers vont suivre. Une partie importante est
consacrée aux propos de trois de ses amis qui sont venus le
voir et le consoler, dans la perspective de la doctrine
traditionnelle de la rétribution, dans laquelle il y a
corrélation entre l'intensité dans la souffrance et la
gravité du péché. Ils essaient de lui prouver
que l'explication de ses tourments doit être cherchée
dans des péchés cachés, peut-être
l'orgueil? Leurs arguments, plusieurs fois
répétés, excèdent Job, qui proteste sans
cesse de son innocence sans se laisser persuader. Job sait bien qu'il
n'est pas coupable, et sans cesser d'adorer Yahvé, il maudit
le jour où il est né. Il expose, dans un poème
plein de grandeur, le drame du juste persécuté alors
que le méchant mène une vie heureuse. Mais il ne
condamne pas Yahvé: "J'aurais du moins cette consolation / et ce sursaut de
joie en ma torture atroce / de n'avoir pas renié les paroles
du Saint." (6.10) Ce qu'il
voudrait seulement savoir, c'est en quoi il manqué:
"Ne me condamne pas, fais-moi
savoir pourquoi tu m'incrimines." (10.2)
Un quatrième ami utilise alors une autre démonstration,
celle du rôle formateur de la souffrance. Dieu met les hommes
à l'épreuve au moyen des douleurs et des peines. Il ne
faut donc pas s'insurger contre ces maux, mais y reconnaître la
puissance de Dieu, notre ignorance des effets et des causes. On le
voit: dans le Livre de
Job se trouve
l'argumentation fondamentale qui depuis sera sans cesse reprise au
cours des siècles avec des variations dues à la
sensibilité sociologique différente suivant les
époques.
Mais Job n'est toujours pas convaincu. C'est Dieu même qu'il
veut entendre. "Apprends-moi
mon forfait, mon péché." (12.23) C'est à l'Éternel qu'il s'adresse
uniquement, parce qu'il sait qu'il est l'auteur de ses maux, parce
que tout ce qui lui arrive ne peut que venir de Yahvé, et que
sa foi le persuade qu'il ne peut trouver en lui qu'un juge
suprême qui ne pourra pas tolérer que sa justice soit
bafouée: "Je veux
simplement plaider ma cause devant lui." (13.15) Somme toute, Job le juste se propose de
rencontrer Dieu en cour de justice. Si Dieu accepte, Job est si
sûr de son droit qu'il accepte sa peine, si sa faute est
reconnue: "Je crie à la
violence et reste sans réponse, / j'appelle au secours et
point de jugement."
(19.7)
De plus, Job constate qu'il a mené une vie
irréprochable et bienfaisante, et qu'il est
sanctionné22 alors qu'il voit autour de lui des méchants
impunis: "Ils disaient
à Dieu: tiens-toi loin de nous, / nous ne voulons pas
connaître tes voies!"
(21.14). "Combien de fois
s'éteint la lampe des méchants / et l'infortune
fond-elle sur eux? / Combien de fois dans sa colère leur
distribue-t-Il des douleurs?"
(21.17)
Dieu
répond... mais à côté.
Alors que Job demandait un tribunal
de justice, dans la dernière partie, Yahvé intervient
enfin dans toute sa majesté, dans un débordement de
tempête23... Il donne tort à tout le monde: à Job,
qui ose demander des comptes; à ses amis, qui s'aventurent
orgueilleusement à vouloir expliquer Dieu et le justifier. Son
discours, proféré avec une ironie hautaine, n'est qu'un
étalage de la toute-puissance du Maître suprême de
la création: où étais-tu quand je fondai la
terre24, quand chantaient en choeur les étoiles du
matin? Avec la fierté naïve d'un architecte plein
d'admiration pour sa propre oeuvre, Yahvé étale toutes
les merveilles de la nature devant Job, qui ne peut que se taire.
Aucun être vivant ne peut s'opposer aux désirs et
à la volonté divine, même s'ils sont arbitraires.
As-tu un bras comme celui de Dieu et tonnes-tu d'une voix comme la
sienne? Un homme n'est rien par rapport à lui. Comment Job
ose-t-il demander au Très-Haut la raison de ses actions? Sans
le dire, Yahné demande à Job l'attitude d'acceptation
d'Abigaël dans Le
Fléau:
"«Abbie, dit le Seigneur,
tu as du travail à faire. Alors, je vais te laisser vivre, et
vivre encore, jusqu'à ce que ta peau colle sur tes os. Tu vas
voir tous tes enfants mourir devant toi, et tu continueras ta route.
Je vais te laisser voir partir la terre de ton père, petit
bout par petit bout. Et finalement, ta récompense sera de t'en
aller avec des étrangers, de quitter tout ce que tu aimes pour
mourir en terre étrangère, sans même terminer ton
travail. Telle est Ma volonté, Abby», dit le Seigneur. Et
moi je réponds: «Oui, mon Dieu. Que Ta volonté
soit faite». Et dans le fond de mon coeur, je Le maudis et je
demande: «Pourquoi, pourquoi, pourquoi?». Et la seule
réponse que je reçois, c'est celle-ci: «Où
étais-tu quand j'ai fait le monde?» (520/1).
Yahvé ne veut même pas reconnaître que Job est
innocent. Au nom de sa toute-puissance, il se conduit à
l'égard des hommes comme il l'entend, sans que sa
créature ait le droit de contester ses procédés.
Job, écrasé par cette tonitruance, ne sait plus que
dire, mais semble n'en penser pas moins. Et pour finir, Yahvé
rétablit Job dans son état premier, en doublant ses
biens antérieurs, richesses, troupeaux et...
enfants25... Le croyant naïf a dû se réjouir de
la générosité de Dieu récompensant la
patience et la foi de Job.
Mais ceux qui ont étudié avec attention le
Livre de
Job ont été
déroutés et on les comprend. Le livre repose sur une
incohérence fondamentale, qui provient sans doute du fait que
plusieurs rédacteurs ont participé, à diverses
époques, à son élaboration. Mais cela ne change
rien au résultat et tous les commentaires édulcorants
des commentateurs depuis des siècles n'y changeront rien.
Quand on considère le point de départ du pari entre
Yahvé et le satan, Dieu peut imaginer (mais ne devrait-il pas
connaître toutes les pensées des hommes?) que la
piété de Job est discutable parce
qu'intéressée: alors que penser de la récompense
octroyée ultérieurement? L'infortuné Job,
soupçonné de cupidité, donc de
matérialité et de défaillance spirituelle, voit
ses biens doubler, ce qui place la récompense sur un plan
toujours strictement matérialiste, précisément
le point de vue utilitaire que le livre semblait s'efforcer de
surmonter... On perçoit bien que cette solution est
bâtarde: Job n'a finalement pas eu de réponse à
ses questions et le problème posé, celui de la vaine
souffrance des hommes demeure entier26.
Le peuple d'Israël a été retenu 70 ans à
Babylone: bel exemple d'endurance dans le malheur. On voit bien
sûr que les survivants de l'exil ont écrit cette
légende de Job pour soulever la question qui leur paraissait
fondamentale: quelle peut bien être la véritable nature
de Dieu, et quelle place a-t-il dans les souffrances
injustifiées de l'humanité? Jusque là, les
Hébreux suivaient les décrets de Dieu. Certains se
mettent maintenant à philosopher pour la première
fois27 puisqu'ils ne sont plus satisfaits par les
réponses traditionnelles. Le Livre de Job
ne propose aucune solution immédiate à la souffrance.
Certes il a mis en lumière de façon saisissante le
drame de la condition humaine. Mais les réponses divines (la
spirituelle comme la matérielle) paraissent bien
insuffisantes.
Un livre
contestataire.
Job est un remarquable modèle
de stoïcisme28, l'homme qui supporte, sans renier jamais sa foi en son
Dieu malgré les malheurs qui s'abattent sur lui. C'est l'image
de ce Job que les traditions religieuses ont toujours voulu
véhiculer. Job se soumet, mais le lecteur contemporain qui
cherche une réponse actuelle aux problèmes des hommes
ne trouvera pas une réponse satisfaisante dans son exemple. Il
cherche un autre message, un autre éclairage, qui ne sera pas
donné dans La
Bible
ultérieurement. Car après Job, l'Éternel ne
parlera plus directement aux hommes de son peuple. Ce sont les
prophètes qui parleront pour lui, au travers de leurs visions
symboliques. Mais ce que les auditeurs de l'époque ont pu
retenir, ce n'est pas seulement la foi dans le mystère divin
proposée comme modèle: c'est aussi la
légitimité de la quête de l'homme pour percer ce
mystère.
Comme le constate le docteur Louis Creed, dans Simetierre, "la plupart des
gens sont persuadés que Dieu a écrit un, ou des Livres
pour relater Ses actions et en expliquer (au moins partiellement) les
motifs. Étant donné que ces gens sont
généralement aussi persuadés que Dieu a
créé les humains à Son image, on doit pouvoir Le
considérer comme un individu ou, pour Le traiter avec les
égards appropriés, Un Individu." (9)29
Si l'on veut bien suivre ce point de vue, et considérer, comme
le fait Jack Miles30, Dieu comme un personnage objet de livres, donc
littéraire31, il faut reprendre une analyse de Camus qui
éclaire la question. Camus a analysé magistralement
cette situation: "Le
révolté métaphysique se dresse contre une
puissance dont simultanément il affirme l'existence, il ne
pose cette existence qu'à partir de l'instant même
où il la conteste. Il entraîne alors cet être
supérieur dans la même aventure humiliée que
l'homme, son vain pouvoir équivalent à notre vaine
condition."
(L'homme
révolté,
Pléiade, 436) Yahvé a refusé la situation, en
affirmant sa toute puissance. Mais ce faisant, il a aussi
montré dangereusement qu'on pouvait le tirer de
"son refuge intemporel pour
l'engager dans l'histoire."
Dieu devient vulnérable.
Le Livre de
Job est un livre
contestataire, dont la portée est d'autant plus grande qu'il
possède une puissante force dramatique. Dans le passé,
il a dû entraîner dans l'incertitude un lot non
négligeable de «douteurs», si on considère
les injures des prophètes à leur égard:
"L'Insensé a dit dans
son coeur, il n'y a pas de Dieu." (Psaumes,
14.1 et 53.1). Ces «insensés» ont dû
créer des perturbations dans la pensée d'Israël.
Ainsi, le Livre de
Job a porté un
coup important à la thèse traditionnelle de la
rétribution32, et préparé l'évolution qui a
conduit d'une part à l'Ecclésiaste, épicurien, sceptique et pessimiste; et d'autre
part, plus tard, à ce qui deviendra le christianisme, avec son
paradis compensateur. Cependant, dans les deux cas, la contestation
de la morale traditionnelle garde à Dieu sa place, dans le
cadre du monothéisme d'Israël. Dieu est contesté,
mais demeure.
Roland Ernould © 2003.
(roland.ernould@neuf.fr).
Site web Stephen King: http://rernould.perso.neuf.fr
L'auteur des peintures et dessins illustrant cette
étude :
William Blake (1757-1827) est un peintre, graveur
et poète visionnaire anglais, auteur des Chants d'innocence (1789, 1794) et
des Chants d'expérience
(1794), essentiellement des sujets religieux, comme en
témoignent ses illustrations des ouvrages de John
Milton ou celles de John Bunyan, comme le
Voyage du pèlerin ou bien encore vingt et une
illustrations du Livre de Job
pour la Bible (années 1820). Ses recueils de
poèmes illustrés, d'un genre unique dans la
littérature occidentale, préfigurent le
romantisme.
|
Notes
:
16 Ces traits apparaissaient nettement déjà
avec l'épisode de Caïn et d'Abel, tué par son
frère à cause d'un sacrifice qui n'avait pas plu
à Yahvé.
17 Dieu rencontre Abraham qui se reposait à
l'entrée de sa tente et lui dit: "«Je reviendrai chez toi [dans un an]
à pareille date, et voici que Sara, ta femme, aura un
fils.» (...)
Or Abraham était vieux
et avancé en âge, et Sara avait cessé d'avoir ce
qui arrive aux femmes."
(d'après Genèse,
17.17, Sara avait 90 ans et Abraham plus de cent). Sarah rit:
"Yahvé dit à
Abraham: «Pourquoi donc Sara a-t-elle ri, en disant: Est-ce que
je puis enfanter, alors que moi je suis devenue vieille? Y a-t-il
rien d'impossible pour Yahvé?»" (18, 13/4) Le nom d'Isaac signifie en hébreu
«il rit».
18 "J'étais
les yeux de l'aveugle/
et les pieds du
boiteux;/j'étais le père des
indigents." etc, (29,
15/6)
19 Il est à noter que, jusqu'au Livre de Job, Yahvé ne paraissait pas s'être
posé cette question: il ne demandait à son peuple que
respect, obéissance à la loi et sacrifices: pas
l'amour.
20 Ce que King traduit ainsi: "Tu as déjà lu le Livre de
Job? (...). [Ma
mère] voulait
absolument nous donner une certaine culture religieuse, à mon
frère Fred et à moi. Elle n'a jamais dit pourquoi.
Ça ne m'a servi qu'à une chose, autant que je sache: je
pouvais toujours répondre aux questions sur la Bible dans les
jeux de la télévision. (...) Job
était l'enjeu d'un pari entre Dieu et le démon. Le
démon dit: «D'accord, il Te prie. Mais il se la coule
douce. Si Tu lui fais la vie dure suffisamment longtemps, il va Te
tourner le dos». Dieu accepta le pari." (Fléau,
939) Historiquement le «satan n'est pas encore le
démon.
21 La mère de Johnny accidenté:
"Elle avait refermé sa
bible, son index lui servant de marque-page, pressée sans
doute de reprendre la lecture du livre de Job et du monumental
gâchis que celui-ci avait fait de sa vie, suffisamment
malchanceuse pour qu'elle puisse la comparer à celle de son
fils, et à la sienne propre." (L'Accident, 55).
King commet une importante erreur: Jacob n'est en rien responsable
des calamités qui l'accablent arbitrairement.
22 "Qu'est-ce que
vous pensez de ça? «N'est-ce pas un service de soldat que
fait le mortel sur terre, et ses jours ne sont-ils pas des jours de
mercenaire? Tel un esclave aspirant après l'ombre, et tel un
mercenaire attendant son salaire, ainsi ai-je hérité de
mois de déception, et des nuits de peine me sont
échues».
- Super, dit Lucy sans trop d'enthousiasme. Vraiment joli.
- Non, ce n'est pas joli. Il n'y a rien de joli dans le Livre de Job,
Lucy, dit le juge en refermant sa bible" (Fléau,
629).
23 "Je me sentais
comme Job devait se sentir quand Dieu lui parla dans la
tempête."
(Fléau, 511, passage 38.1 du Livre de Job).
24 "Sur le lutrin,
la Bible était ouverte au trente-huitième chapitre du
Livre de Job. Burt baissa les yeux et lut: "L'Éternel
répondit à Job du milieu de la tempête et dit:
« Qui est celui qui obscurcit mes desseins par des discours sans
intelligence?... Où étais-tu quand je foulais la terre?
Dis-le, si tu as de l'intelligence.»" (Enfants du
maïs, Danse Macabre, 340) Texte de la traduction Osty: "Où étais-tu quand je fondais la
terre? / Indique-le, si tu connais l'intelligence. / Qui en a
fixé les mesures?"
(38, 4/5)
25 Les 20 enfants, qui remplacent les 10 disparus, ne sont
évidemment pas les mêmes. On ne sait pas d'où ils
peuvent bien venir. Les sentiments paternels à l'époque
n'étaient certainement pas les nôtres et s'apparentaient
à ceux d'un propriétaire de bétail, pour lequel
seul le nombre des animaux compte...
26 Aussi a-t-il fallu, par la suite, inventer une autre
vie dans l'au-delà de la mort (les prophètes Daniel,
Ézechiel). Dans cette vie, tous les torts seraient
redressés et les méchants seraient punis de l'enfer du
Diable (qui a, maintenant, été nécessairement
créé en tant que force du mal, devenu l'ennemi de Dieu
et le chef des anges déchus et des démons). Aux justes
est réservée la vie éternelle. C'est ce courant
de pensée qui a inspiré la plus grande partie du
christianisme.
27 A noter qu'en Grèce, à la même
époque apparaissaient aussi les premiers philosophes.
28 "Il ne pouvait
être d'aucune utilité à sa femme. Elle avait
trouvé consolation dans le livre de Job et cela
l'excluait." (L'Accident, 55)
29 Les incroyants supprimeront les majuscules.
30 Jack Miles,
Dieu, une biographie
(God a
biography) 1995. Laffont
éd. 1996.
31 "Si la vie de
Dieu m'intéresse ici, c'est -uniquement- en tant que
protagoniste d'un classique de la nature universelle, à savoir
la Bible hébraïque ou l'Ancien
Testament." (17).
C'est-à-dire considérer Dieu en tant que personnage
littéraire, en ignorant le phénomène religieux.
L'essai de Jack Miles fourmille de remarques pertinentes.sur la place
du Livre de
Job dans La Bible et sur le personnage de Dieu.
32 "J'attendais le
bonheur, et le malheur est venu, / j'espérais la
lumière et l'obscurité est venue." (30.26)
ce texte a
été publié dans ma Revue trimestrielle
différentes saisons
# 21 automne 2003
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