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Nostradamus
"La
matière onirique est aussi modelable que
l'argile."
(3.411)
La trilogie
du Roman de
Nostradamus est
maintenant traduite en français. Notes de lecture
:
1. Le présage
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2..Le piège
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3. Le
Précipice
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Étude
de synthèse :
SÉLÉNÉ CONTRE HÉLIOS.
Au terme d'une longue
évolution, Michel Nostradamus est devenu un «Magus»,
capable de se déplacer dans le temps, dans l'espace et la
lumière astrale. Le huitième ciel et l'Anima Mundi
n'ont pour ainsi dire plus de secrets pour lui. Mais s'il
contrôle bien la mise en oeuvre, il lui manque une
dernière clé. Il lui reste peu à faire pour
égaler Ulrich de Mayence, son ancien maître en magie
devenu son ennemi : la maîtrise complète de la
capacité d'altérer l'évolution de l'âme
humaine (3.408). Créateurs de mondes, les magus
agissent en effet sur l'imaginaire humain : "La matière onirique est aussi modelable
que l'argile." (411). Ils
ont le redoutable pouvoir de modifier les rêves et les
fantasmes des hommes, dans le sens par exemple de comportements
pacifiques ou belliqueux. Ils possèdent les clés de
leurs rêves et de ceux de l'humanité. Ils ont ainsi
accès à l'âme commune de tous les vivants et
peuvent en altérer le contenu. Et orienter, dans une certaine
mesure, leur évolution individuelle et collective. Tous deux
Magus, Nostradamus et Ulrich vont posséder les mêmes
pouvoirs. Mais leurs visées sont dissemblables sur le futur
des humains. L'un souhaite un imaginaire de guerre (Mars),
rattaché au soleil (Hélios), l'autre accorde la
première place à la sensibilité et à
l'amour, composantes féminines (Séléné,
du nom grec de la Lune).
Michel a peur de son pouvoir qu'il
sent grandir. Il lui semble se trouver perpétuellement
suspendu au-dessus d'un précipice insondable (le titre du
roman), qui, masqué par les dehors d'une vie banale, lui
révèle un autre monde et une existence
différente. Dans cette époque de guerre de religions,
barbare et sanglante, son destin lui semble écrit, le
précipice deviendrait sa demeure.
Le second ennemi de Nostradamus lui est inconnu. Michel ne
connaît pas la ruse et l'absence de scrupule du père
Michaelis, dominicain comme Eymerich. Devenu jésuite (l'ordre
nouveau d'Ignace de Loyola), cet ambitieux cherche à regrouper
sous son contrôle à la fois l'inquisition, en nette
perte d'influence, et le nouveau pouvoir jésuite qui se
développe rapidement. Michaelis n'est pas sans rappeler
Eymerich, ses desseins tortueux et ses moyens impitoyables. D'abord,
comme tous les jésuites de haut rang, il est insensible aux
plaisirs de la chair. Cependant Michaelis se perdra par son amour
pour une belle comtesse italienne, de laquelle il s'est servi d'abord
pour obtenir ce qu'il convoitait : l'élimination de ses
adversaires et l'Arbor Mirabilis, livre maudit, sorte de
Nécronomicon qui donne la puissance. Ce livre, que
possédèrent Ulrich, puis Nostradamus, a maintenant
disparu et Michaelis est sur sa trace. Nostradamus met longtemps
avant de se découvrir cet ennemi terrestre, aussi dangereux
que son ennemi cosmique Ulrich.
ULRICH ET SON
MONDE.
Ulrich est le magicien le plus
puissant que la terre ait jamais connu (3, 218). Il
apparaît, précédé par ses insectes
préférés, des scarabées par milliers, qui
semblent grouiller dans toutes les directions visibles et invisibles.
Ces scarabées ont des ailes aux curieux reflets
métalliques : ils symbolisent en fait les armes
mécanisées, chars, astronefs ou bateaux qu'Ulrich
propose aux humains comme avenir. Avec sa longue barbe, ses yeux
cruels et fébriles derrière lesquels brûle un feu
secret, Ulrich, sous ses habits de magicien du XVIe siècle,
est l'inspirateur et le père de tous les tyrans guerriers
mécanisés du XXè.
Une
conception mathématique du monde.
Les conceptions philosophiques
d'Ulrich sont, à leur manière, les ferments du
scientisme moderne. L'univers ne serait que chaos s'il n'était
régi par la norme numérique. Dieu n'est rien d'autre
qu'une série de proportions et d'équilibres. Les
entités individuelles ne comptent pas. Dieu est un dessein,
non une entité. Et ce dessein est fondé sur les
mathématiques. Les nombres sont la seule clé qui permet
d'accéder à l'univers de Dieu et à ses multiples
sphères. Celui qui réussit à dominer les
mathématiques peut tout dominer. (3.218)
Ulrich souhaite ainsi procurer le
bonheur par la force et ramener l'homme à son état
animal. Il pense qu'une "élite de prédateurs" doit se lever1, "allant
jusqu'à dominer le temps et modeler les cieux par leur seule
volonté, jusqu'à en chasser toute trace de
féminité",
signe de faiblesse. (3.333) Dans ce but
il a créé l'Ekklesia, placée sous le signe et la
puissance magique d'Abrasax, l'entité supérieure du
monde "numérique". Les adeptes sont baptisés au cours
d'une cérémonie qui les marque à jamais et leur
fait éprouver leurs premières visions :
"J'eus aussitôt la
sensation qu'un rideau de hautes flammes emprisonnait le cercle au
centre duquel j'étais agenouillé. Entre deux langues de
feu, je commençais à percevoir des visages ricanants de
monstres, de dragons ailés, de créatures folles ou
énigmatiques. En réalité, je les connaissais
toutes, comme tout homme les connaît." (3.334)
L'origine des
monstres.
Ces monstres sont les images qui
envahissent les rêves de l'humanité depuis qu'elle est
apparue, et que "les
nouveaux-nés portent eux aussi en eux, avant que ne leur
naisse une conscience capable de freiner leur
apparition." (3.334)
Ces images sont porteuses de mort et symbolisent les multiples
spectacles auxquels les hommes devront assister au cours de leur vie
: "À ces
créatures succédaient des spectacles de mort,
appartenant à des époques différentes.
(...) Massacres et
bûchers, épées et armes inconnues, machines de
guerre et engins volants."
(3.334)
Des démons sont liés
à ce monde, esprits en accord avec cet univers de chaos, dont
Parpalus, une créature familière que trouvera souvent
Nostradamus dans ses visions : "Un démon obscène, au visage poupin,
revenait souvent au milieu de ces images, (...)
semblait trouver ce spectacle
à son goût et m'incitait à l'apprécier
à mon tour. Il m'appelait depuis cette dimension hors du
temps, où de froids esprits supérieurs dominaient
toutes les époques terrestres." (3.335)
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Jérôme
Bosch, Le jugement dernier, fragment,
Pinacothèque
de Munich, vers 1500. Nostradamus est né en
1503.
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Ces démons, qui se trouvent
dans des régions glacées hors du temps, peuvent
communiquer avec les humains, mais se trouvent prisonniers :
silhouettes immobiles qui paraissent "pétrifiées", comme l'observe Nostradamus dans une de ses incursions
dans ces autres sphères : "On aurait dit qu'elles représentaient tous les
êtres, dieux, démons et dragons, qui avaient
peuplé les songes et les cauchemars des hommes depuis les
temps les plus reculés." (3.220) Englués dans la glace comme des
insectes dans la résine, ils attendent "que la glaciation brise leurs cages. Mais
cette ère ne surviendra que lorsque l'homme, ce composant du
cosmos, retournera à son état primitif et que
l'élément féminin sera vaincu." (3.334)
L'exclusion
de l'élément féminin.
Fidèle à certaines
conceptions gnostiques (332), Ulrich se
situe dans la perspective d'une conception solaire où l'astre
est doté d'une nature cruelle : "J'ai compris depuis longtemps que les véritables
lois qui gouvernent tout, et donc également les hommes, sont
celles de la violence et du chaos. Mieux vaut donc s'en rendre compte
et gouverner l'aveugle chaudron de la matière, animée
et inanimée. Mais à cette fin, il s'avère
indispensable d'éliminer la composante féminine de la
création, ennemie de la barbarie naturelle et amie de la vie."
(3.284)
L'univers est actuellement
régi par l'équilibre entre masculin et féminin,
et la symbolique de ce dualisme est très riche : le soleil et
la lune, le roi et la reine, la lumière et les
ténèbres... Ulrich ne pense pas que ce dualisme puisse
être durable. Il veut que le soleil prévale, que
l'élément masculin écrase le féminin.
Cette ère ne surviendra que lorsque l'homme, ce composant du
cosmos, retournera à son état primitif en ayant vaincu
l'élément féminin. (3.333/4)
Plusieurs symboles participent de
cette involution, comme les scarabées qui accompagnent
toujours Ulrich. Un ami de Nostradamus lui dit que Plutarque a
décrit les scarabées comme ne connaissant pas le sexe :
"De leur semence, ils font une
petite boule qui roule d'est en ouest, en imitant la course du
soleil. C'est de cette boulette que naît un nouveau
scarabée, sans avoir eu besoin d'une femelle." (3.407)
Un autre symbole : l'anneau en forme
de serpent qui se trouve sur la table de travail d'Eymerich prend
l'apparence d'un véritable reptile et se met à ramper.
Nouvelle explication de l'ami : "L'Ouroboros, le serpent qui se mord la queue, est depuis
toujours un symbole de la réunion de l'élément
masculin et de l'élément féminin. Le nom d'Eve,
Hawwah, est né des vocables hayah, la «vie», et
hivyah, le «serpent». Le serpent circulaire est une
entité bénéfique, qui comprend une dimension
mâle et une dimension femelle, les deux faces du cosmos. Le
serpent raide, comme celui d'airain fabriqué par Moïse,
est en revanche un symbole exclusivement masculin, une
représentation du phallus." (3.408)
Troisième symbole, la
préséance donnée au soleil dans la conception du
monde d'Ulrich. Hélios, le soleil est l'élément
mâle. Nostradamus comprend qu'Ulrich veut "un univers dont l'élément
féminin soit absent. Où règne le soleil, mais
pas la lune... une force, mais pas la pitié..."
(3.408)
Les démons seront libérés lors de la disparition
de l'élément féminin,
Séléné : "L'oeil de Dieu contemplera alors un ciel sans lune et se
refroidira devant la vacuité de la nuit. Alors viendra le
temps d'impitoyables créatures de glace, maîtresses
incontestées de la dernière ère de
l'humanité : celle de la glaciation, des mathématiques
abstraites, du métal froid, de la domination de la force
aveugle." (3.335) Alors sera venu le monde que projette Ulrich, la
violence comme "loi absolue de
l'univers." (3.408)
MICHEL
NOSTRADAMUS.
On se rappelle le jeune Michel de
Nostre-Dame, issu d'une famille de juifs convertis. Le souci de sa
respectabilité, de son statut social et sa peur de la mort
obnubilent ses actes. Il va jusqu'à dénoncer un ami
Huguenot venu le prévenir qu'un danger le menace. Tyrannique
avec sa femme qu'il conduit à la mort avec ses deux enfants
pour n'avoir pas su tenir son rang, il change du tout au tout avec
l'âge et surtout l'influence considérable de sa seconde
femme, Jumelle. Son abandon lui pèsera le temps qu'il durera.
Car Jumelle, qui aime Nostradamus, ne veut cependant pas vivre dans
son ombre.
À cinquante-sept ans, barbe
blanche, faisant plus que son âge, astrologue
réputé, Nostradamus compose les quatrains et les
almanachs qui lui ont permis de rencontrer un vif succès et
lui ont donné une certaine aisance. Conseiller des Grands de
l'Europe et de la reine Anne d'Autriche, il est l'égal des
grands savants de son époque. Objet de libelles calomnieux et
accusateurs, suspect dans sa religion, il accorde peu d'importance
à la vie matérielle. Il a la goutte, se déplace
difficilement, boit beaucoup. La vie des sens, éveillée
lors de son mariage avec Jumelle, sa seconde épouse, s'est
pratiquement suspendue. Ses problèmes conjugaux, un moment en
sourdine, réapparaissent avec force quand Jumelle, à
laquelle il a fait quatre enfants, quitte le domicile conjugal pour
retrouver son statut personnel de femme libre. En proie à ses
démons intérieurs, le plus souvent l'esprit ailleurs,
Nostradamus ne se rend véritablement compte de la
dégradation de son union que lors de son abandon par son
épouse.
Sa
magie.
Parmi les nombreuses pratiques
magiques utilisées à cette époque (magie des
miroirs, l'hydromancie, la géomancie, les amulettes, les
fumigations du Picatrix (3.84), et d'autres,
venant de traités cités divers, Nostradamus utilise un
anneau qui représente un serpent qui se mord la queue, qui
tournoie et qui déclenche des visions. Il récite
mentalement des séquences de chiffres d'Abrasax, puis se
trouve brutalement plongé dans des visions ou projeté
dans un autre monde. Ces pratiques magiques obligent le démon
Parpalus, qui lui est lié, à lui révéler
des fragments du futur. Mais ces morceaux de vérité ne
peuvent prendre de sens qu'en fonction des événements :
"Le seul lambeau de pouvoir
magique qui te reste aujourd'hui est celui qui contraint Parpalus
à te révéler des fragments du futur. Mais c'est
un pouvoir bien stérile. Tes prophéties ne servent donc
à rien. Tu n'es qu'un misérable vendeur
d'almanachs", se moque
Ulrich. (3.220)
Nostradamus voit des horreurs chaque
nuit et vit péniblement une existence qui ressemble à
une malédiction. Il fait semblant d'être catholique,
mais éprouve suffisamment de sympathie pour le protestantisme
pour aider ses amis adeptes de cette croyance, pensant même que
leur foi, en théorie, est la seule authentique. Pour son
compte, il croit en une synthèse particulière entre
paganisme et christianisme, où les anciens dieux de l'Olympe,
devenus des planètes, ont conservé leur pouvoir tout en
se soumettant à la domination d'un Dieu plus fort. Un curieux
Panthéon, où les anciens dieux et les nouveaux se
hiérarchisent en une conception semblable à une
ancienne doctrine "diabolique", comme la nomme Michaelis, qui
"a tenté de marier
christianisme et esprits planétaires, culte du soleil et
adoration de Dieu. Elle se nommait gnosticisme. Voilà le nom
de l'hérésie à laquelle ce sorcier
adhère." (3.161)
Nostradamus,
homme de paix et d'amour.
Nostradamus est un des rares homme de
paix dans son siècle, l'opposé des adeptes inconscients
d'Ulrich, qui aspire à instaurer la violence comme
"loi absolue de
l'univers." (3.408) On
ne peut donner aucune justification à la guerre :
"Les guerres justes n'existent
pas. La guerre tourne toujours en folie générale et
exprime ce qu'il y a de plus bestial en nous. Chaque conflit en
entraîne un autre, jusqu'à ce nous régressions
à un stade primitif. Je m'efforce de dénoncer cette
dérive, mais personne ne semble vouloir
m'écouter."
(3.299)
Nostradamus croit que, dans une certaine mesure, la destinée
des hommes dépend d'eux, par l'orientation de leurs
désirs et leurs espoirs, issus de l'imaginaire. Si le destin
apparaît sous sa forme presque toujours négative, c'est
que personne n'a la force de le modifier seul. Cela requerrait une
volonté partagée par tous, et une action collective que
l'égoïsme humain ne permet pas. Pour Nostradamus, la
seule loi de Dieu est fondée sur l'amour et l'attraction. Si
les objets, les personnes et les esprits ne s'attiraient pas, rien
n'existerait en ce bas monde. "Les mathématiques seules rendent Dieu superflu et
constituent le blasphème." (3.219)
Car Dieu est amour, donc empathie.
Les rapports qu'entretiennent hommes et femmes existent
également dans les atomes et les plus minuscules particules de
l'existence : "Tout ce qui
existe possède une forme duelle." (3.219) Avec des convictions contraires, Ulrich
prétend vouloir battre les faibles et les vaincus
jusqu'à ce qu'ils périssent. Il est le magicien le plus
dangereux parce que pour lui la raison doit l'emporter sur
l'intuition, la force sur la pitié, la culture sur la nature,
qui inspire également dans une certaine mesure les religions
judéo-chrétiennes, négatives à
l'égard de la plupart des aspects féminins.
Tout en professant la dualité nécessaire entre le
masculin et le féminin, Nostradamus a eu des problèmes
avec les femmes : "J'avais
alors à cette époque une conception des femmes que
beaucoup partagent encore aujourd'hui : des créatures
fragiles, instables, dépendantes
d'éphèmères cycles naturels." (3.333) Il a
changé d'avis avec le suicide de sa première
épouse, qui a tué ses enfants. Plus tard, dans l'ultime
combat qui l'opposera à Ulrich, ce sont ses deux
épouses devenues maintenant esprits dans les espaces cosmiques
qui le soutiendront, le tenant par le bras et l'embrassant à
tour de rôle : "Le
cercle d'amour s'est formé! s'exclama-t-il, exultant. Il
s'agit simplement maintenant de se conformer à la loi du
serpent." (3.419)
Ayant ainsi fait la preuve que femmes et hommes peuvent s'entendre,
contrairement à Ulrich, il en appelle à Dieu pour unir
le calme à la force, l'amour à la raison. Il est
écouté et Ulrich, vaincu, doit s'écarter. Mais
il prévient que ce ne sera que momentanément.
AUTRES
THÈMES ET MOTIFS.
Le livre
maudit.
L'Arbor Mirabilis est une des oeuvres
les plus horribles et infernales jamais conçue par un esprit
humain, un "véritable
sacrilège adressé à Dieu et au genre humain tout
entier." (3.218)
Evangelisti va plus loin dans ses explications que Lovecraft,
créateur du mythe de Cthulhu et inventeur du
Nécronomicon, qui a les mêmes caractéristiques.
Il nous présente les illustrations de deux extraits, et les
grilles de décodage permettant son déchiffrage, lent et
pénible travail de spécialiste. La première
ligne contient - clin d'oeil - le mot CTHULUH exactement
écrit.
Ce recueil de textes de magie
d'inspiration gnostique, qui mêle entités
démoniaques chrétiennes et hébraïques, aux
divinités chaldéennes et égyptiennes, attribue
certains pouvoirs à des mots similaires,
répétés avec quelques variantes. Ce rituel
magique est utilisé par Nostradamus, qui en a jadis fait
l'étude avec Ulrich et qui a possédé l'Arbor un
certain temps. De nombreuses femmes sont représentées
sur les illustrations du livre, allusion à un univers qui
comprend une composante féminine. À première
vue, ce qui scandalise un esprit du temps est de rencontrer Adam et
Éve placés sur un pied d'égalité, dans
l'oubli de la faute. Mais une analyse plus fine montre que l'Arbor
Mirabilis est plus qu'un texte d'invocations à la face
féminine de la divinité. Une partie du rituel serait
destinée "à
détruire la composante féminine de la divinité
ou de l'univers."
(3.371)
La mort de la
magie.
La création est une
réalité psychique, modelée par les vecteurs de
la pensée des vivants. C'est hors du temps que nos
rêves, nos cauchemars prennent leur consistance, à la
frontière entre le monde matériel et le monde
habité par les corps sidéraux, l'important n'est pas la
formule magique seule, mais l'intention et la force de conviction :
"Si je réussis à
rendre concrète, par la seule volonté de mon esprit,
l'image de ce qui se trouve dans l'au-delà, je suis capable de
la transférer ici-bas.
(...) Une forte
impulsion mentale, générée par un Magus,
pourrait altérer la composition du monde sidéral,
autrement dit de nos rêves et cauchemars." (3.331)
Cette conception magique de la vie du
cosmos, plausible et crédible depuis des millénaires,
que Nostradamus a poussée à son terme, est
dépassée selon Ulrich. Elle finira avec le XVIè
siècle. Les siècles à venir doivent conforter la
prédominance de la conception du monde scientiste d'Ulrich.
Ils modifieront la pensée dans un sens numérique, pour
se conformer au modèle d'un univers mathématique.
Ulrich précise le sort de la magie : "Veux-tu connaître un secret? D'ici un
siècle terrestre, la magie n'opérera plus. D'ici deux
siècles, elle deviendra risible, et d'ici trois, plus personne
n'y croira. Et tu sais comme moi que la magie n'opère que si
on y croit." (3.219)
Les croyances auront disparu, combattues par les esprits positifs.
Trois siècles : notre temps.
L'époque de Nostradamus semble sur le point de se conclure
dans le sang, et ses moyens sont en outre limités :
"La nouvelle science qui
remplacera la nôtre ne sera plus capable de fabriquer de
l'or. (...)
Elle séparera l'esprit
de la matière, telles des substances
inconciliables
2. (...) La
magie se meurt. Aucun de ceux qui tâcheront nous imiter ne se
montrera à la hauteur. Aucun, parce que le ciel au-dessus de
leurs têtes sera froid et vide." (3.406)
Inquisiteurs
et jésuites.
Du temps de Nostradamus, la Compagnie
de Jésus cherche à se substituer à
l'Inquisition, à rallier le peuple et les élites
à l'Église par une apparente complaisance à leur
égard. Ils cherchent à rendre la religion plus aimable,
tout en renforçant leur doctrine par la fondation
d'écoles et de collèges pour l'instruction des classes
aisées. Ils ont des yeux partout, avec bon nombre de
laïcs ayant prêté obédience.
Survivance du Moyen-Âge,
durablement dirigée d'une main de fer par des dominicains
comme Eymerich, l'Inquisition était crainte et
présentait une religion exigeante et sinistre. Pour les
Jésuites, elle est périmée et a fait son temps.
Ils croient que son fanatisme éloigne par son arbitraire les
religions dissidentes. Bien qu'affaiblie du temps de Nostradamus -
elle est cependant restée forte en Espagne -, l'Inquisition
peut encore jouer un certain rôle, aider à
défendre le catholicisme contre le protestantisme. Certains
rêvent donc d'infiltrer l'Inquisition pour s'en rendre
maîtres. C'est le cas du père Michaelis, ancien
dominicain devenu jésuite, qui convoite la fonction
d'Inquisiteur Général de France.
L'absolution qu'il donne à ses
fidèles est semblable à celle qu'Eymerich aurait pu
pronocer : "Tout ce que vous
avez accompli l'a été pour le bien suprême de
l'Église, aujourd'hui soumise à de terrifiantes
menaces. Vous devez vous sentir partie intégrante d'une
armée engagée dans un combat, où le simple
soldat ignore parfois le but précis de sa tâche. Mais si
le Christ vous guide, quiconque aura participé à cette
mission, consciemment ou non, activement ou perinde ac cadaver,
trouvera sa propre récompense." (3.320) Jusqu'au cadavre...
Les manières cyniques d'agir
du père Michaelis, sa politique d'intrigues ne peuvent se
faire qu'au détriment de la spiritualité. Comme Ulrich,
il admet la force et la haine comme moyens de gouvernement :
"La haine peut
véhiculer l'amour. Une haine commune contre ceux qui menacent
la suprématie pontificale aide à vaincre les
différences et ouvre la voie de l'harmonie." (3.399)
Alors que tant de religieux ne dédaignent pas les plaisirs
amoureux, comme Eymerich, Michaelis respecte son voeu de
chasteté. Mais s'il résiste à la faute, du moins
subit-il la tentation, et c'est ce qui le perdra. Autre revanche de
Séléné sur le belliqueux Hélios...
Le statut de
la femme.
Jumelle est l'image de la femme
moderne, qui refuse de se laisser asservir par le statut que le
société lui impose, le statut d'épouse et de
mère. Elle a gardé de l'époque où elle se
prostituait un fort esprit d'indépendance. On la croyait
heureuse d'avoir été épousée par
Nostradamus : en fait cet état n'a duré qu'un temps.
Jumelle n'aime pas que le devoir et le plaisir se confondent, le
premier oblitérant lentement le second. Elle a cherché
dans le mariage une complémentarité, et non une
dépendance. Le seul reproche que Jumelle peut faire à
Nostradamus est d'importance : "Un homme comme toi, capable de se projeter
au-delà du temps... Tu n'as jamais su t'affranchir des
conventions de ton époque." (3.404)
La
guerre.
La guerre est provoquée par un
esprit masculin non tempéré par la composante humaine
féminine, pitié et sentiment. La guerre inverse le
cours de l'histoire, de positif le rend négatif, laisse les
hommes incertains de leur identité et les fait
régresser jusqu'à la folie primitive. Comme les romans
précédents, y compris ceux consacrés à
Eymerich, le récit regorge de spectacles de guerre, d'images
de carnage et d'atrocités.
Le précipice présente la même
originalité de la série des Eymerich, relier le
passé au présent, lien rendu possible par les
prédictions du petit monde de devins et d'astrologues que
côtoie Nostradamus. Très tôt il est question du
fameux quatrain consacré à l'année 1999, et aux
sombres prédictions qu'il comporte : "Un démon, Parpalus, m'a
suggéré une date : 1999. (...) Un roi
d'épouvante descendra au moment d'une
éclipse". (3.409) Le
sens du quatrain est confus. Nostradamus formule son
interprétation avec les mots de son époque :
"Voici ce que je
prévois pour l'année 1999, l'année où le
Roy d'effrayeur descendra sur terre. (...)
Des déluges de feu
tombant du ciel, des nuits qui brûleront des feux de joie
provenant de manufactures abandonnées. Tout cela favorisera la
pugnacité de quelques chefs." (3.85) Mais, d'après Nostradamus, ce Roy
d'effrayeur, qu'on croit être visible, est faussement
interprété : "Personne ne pourra prévoir la crise qui se
prépare." (3.409) Il
n'est pas nécessairement à comprendre comme la venue
d'une réalité aux apparences humaines.
|
Jérôme
Bosch, Le jardin des délices, fragment du volet de droite,
L'enfer musical, Prado de Madrid, vers 1485.
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Evangelisti va rattacher la vision de
Nostradamus aux expériences de création de
matière qui se font ici et là dans le monde.
L'APOCALYPSE.
Le thème du cataclysme mettant
fin à la vie terrestre est très ancien, et on le trouve
largement illustré dans la Bible3. La folie des hommes les conduisant au désastre
a surtout été exploitée littérairement
depuis la fin du XIXe, et les menaces que font peser les multiples
utilisations des découvertes scientifiques ont excité
nombre de littérateurs. L'originalité d'Evangelisti a
été, comme dans les Eymerich, de relier le XVIe, avec
ses conceptions magiques en voie de disparition, aux recherches les
plus modernes, ce qui nous donne l'occasion de voir illustrer avec
des représentations et des mots différents les
mêmes réalités.
La vision de
Nostradamus.
Un ami de Nostradamus essaie de
préciser le sens de sa vision, avec les mots et la conception
du monde de ce temps : "Qu'est-ce qui est visible dans le noir? Une
lumière. Et s'il faut que le soleil s'obscurcisse pour qu'elle
se manifeste, cela signifie qu'il s'agit d'une lumière
d'intensité égale. Voilà, selon moi, le monstre
que votre ennemi déchaînera sur la race humaine. Quelque
chose d'aussi lumineux que le soleil qu'il adore." (3.410)
Or l'esprit de Michel est, depuis longtemps, fréquemment
traversé par une formule confuse, mais terrifiante : «La
mort s'approche à neiger plus blanc.»
Éclairé par les propos de son interlocuteur, il
comprend alors ce que pourrait être cette mort plus
immaculée que la neige, celle due à une
"chaleur plus ardente que le
feu, matérialisée en une lumière qu'aucun oeil
humain ne pourrait supporter." (3.410) Cet holocauste de l'humanité tout
entière est celui désiré par Ulrich, qui
souhaite le triomphe de la "nature prédatrice et sauvage du mâle,
capable de s'immoler au nom du chaos et de la fin du
temps." (3.410)
Nostradamus précise sa vision.
Une "blancheur aveuglante,
plus intense que mille soleils", transperce l'écorce terrestre, venue de
cavernes souterraines, aux labyrinthes compliqués
"dans lesquels erraient et se
télescopaient sans fin des fragments de fragments de
matière, engendrant des niveaux aberrants de
chaleur." (3.418)
Mais ce n'est pas le seul signe avant-coureur de l'Apocalypse :
"Des armées aux
étendards indistincts se livraient à des batailles sans
merci. (...)
De minuscules
étincelles de lumière solaire tombèrent sur le
sol, prémices de futures agonies." (3.418)
Des visions terribles comme celles que l'on trouve chez le peintre
flamand de la même époque, Jérôme
Bosch...
Les
expériences actuelles.
Le roman se termine, suggérant
le rapprochement, par la relation d'expériences faites aux
USA, dans un accélérateur de particules atomiques,
où on cherche à faire circuler des noyaux d'ions d'or
aux limites de la vitesse de la lumière, afin qu'ils
engendrent une chaleur 100.000 fois supérieure à celle
du soleil. La réussite de ces expériences rendrait
possible la désintégration de protons et de neutrons,
"jusqu'à la formation
d'un plasma composé de gluons et de quarks" (3.425). Un des
risques de l'expérience, minimisée par les chercheurs,
est que les fragments de quarks ainsi formés acquièrent
une telle densité qu'ils se montrent capables de plier le
tissu spatio-temporel, absorbant la lumière environnante. Une
telle éventualité mettrait instantanément fin
à l'histoire de l'humanité.
Heureusement, le directeur de
laboratoire de recherche effrayé, a décidé de
suspendre provisoirement l'expérience, fixée au mois de
juin 1999, jusqu'au rapport d'une commission chargée
d'évaluer l'ensemble des risques liés à le
création de cette boule de feu et à ses
conséquences. Victoire de l'esprit de Nostradamus? Provisoire,
jusqu'au retour d'Ulrich?
Evangelisti
contre Nietzsche.
Sur le plan philosophique, il y a
quantité de notions discordantes dans les oeuvres de
Nietzsche, mais le public non spécialiste n'a retenu que les
idées qui ont inspiré les idéologies de la
violence, le fascisme, le national-socialisme, et les tueurs des
dernières guerres. Littérairement et philosophiquement,
Nietzsche rappelle sans cesse Dionysos, dieu affirmatif, pour qui la
vie est une force qui doit s'imposer, et non un fardeau à
justifier ou à racheter. Ulrich aurait fait ses délices
des aphorismes de Nietzsche4. L'instinct de cruauté et la ruse sont des
conditions favorables à l'éclosion d'esprits robustes.
Le monde est une forme primaire de vie, un grand tout instinctif,
où la volonté de puissance, l'énergie pure
permettent la liberté hors de toute loi. Il n'y a que deux
types de morales ; celle des maîtres, des dominateurs, et des
soumis. Les sentiments, la pitié sont des
faiblesses5. La protection de la race contre la
médiocrité, les tares physiques, les êtres
faibles se justifient. Le meilleur et le plus vivant se confondent.
La seule vraie mort est glorieuse, jeune,et
tragique.6
Evangelisti se fait une tout autre
conception de la vie. Les guerres sont évitables. Il refuse
une quelconque fatalité du risque de guerre.
L'universalité du genre humain est une constatation, qui
amène entraide et coopération. Et rien ne lui
paraît plus terrible que les menaces du nucléaire et de
ses armes de destruction et d'anéantissement, qui
n'empêche que provisoirement les adversaires de renoncer
à l'agression, par la dissuasion due à la menace
réciproque. Ce faux équilibre de la terreur risque
à chaque instant d'être remis en question par des
découvertes nouvelles.
On sait de quel camp aurait
été Nostradamus s'il avait vécu de notre temps.
Il ne fait que convoquer les obsessions réelles d'Evangelisti,
son angoisse très réelle devant les progrès
incontrôlés - et bientôt incontrôlables -
des recherches scientifiques, que dans le langage de l'époque
Ulrich traduit par le seul terme de «numérique». Les
expériences échappant à ceux qui les
mènent provoquent une angoisse que nos contemporains esquivent
le plus possible, pour ne pas avoir dans leur sommeil les rêves
de désolation et de terreur de Nostradamus. Evangelisti court
le risque de déranger autant le confort intellectuel que le
conformisme moral de ses lecteurs.
Roman d'aventures fantastiques ou roman fantastique d'aventures?
Evangelisti a su adopter, plus encore que dans la série des
Eymerich, les caractéristiques du roman populaire. Il rend
d'ailleurs hommage à Michel Zévaco. Il sait tenir son
lecteur en haleine, interrompre la narration à un moment
crucial pour passer à autre chose au chapitre suivant. En
effet, plusieurs aventures se situent en parallèle, aux
imbrications multiples, qui se nouent de manière inattendue au
terme d'un récit rondement mené, ne fournissant
cependant les éléments essentiels que par bribes. Il
est d'ailleurs significatif qu'il ait fallu attendre ce
troisième roman pour que l'aventure cosmique de Nostradamus
apparaisse dans sa pleine signification. Si l'avenir collectif
paraît lourd de menaces, il n'est pas certain que pour la
plupart des lecteurs ce point sera l'essentiel : ils se satisferont
de ce que, comme dans tout bon roman populaire, les bons et les
méchants soient clairement identifiables, et que le bien
triomphe apparemment du mal. Le personnage de Nostradamus,
franchement déplaisant dans Le Présage, prend des aspects plus humains. Nostradamus se
débat au milieu de complications où il paraît
souvent dépassé. D'où l'inquiétude - et
par voie de conséquence - la compréhension
gagnée du lecteur. L'esprit de Nostradamus, qui voyage dans
les autres mondes, ignore le plus souvent, en dépit de ses
prédictions dont il ne comprend pas bien le sens, ce que
seront ses actions et se laisse emporter, non sans se débattre
et souffrir, dans une aventure qu'il lui est difficile d'analyser et
dont il ignore les tenants et les aboutissants. Sa force de
conviction et sa lucidité lui permettront de l'emporter sur
ses adversaires, sans qu'Evangelisti ait eu besoin de faire appel
à un deus ex machina
Cette magistrale parabole de la
violence, de la mort et de l'amour, qui l'emporte ne serait-ce que
provisoirement, comporte d'excellentes pages. Les meilleures sont
celle où Nostradamus se trouve dans d'autres mondes, dans un
singulier univers de démons, d'esprits planétaires et
d'archontes des trois cent soixante-cinq sphères. Et l'image
du quatrième cavalier de l'Apocalypse, monté sur son
cheval aubère, errant parmi les ruines, "heureux que l'obscurité ait
écrasé la pénombre féminine et que la
force soit devenue la seule loi", (3.418) restera
longtemps dans nos esprits.
Roland Ernould
© 2000
NOTES.
1 Idée qui rappelle certaines de Nietzsche (sur
lesquelles je reviendrai), et d'Oswald Spengler, mort en 1936,
Le déclin de l'Occident
,1918, où il appelle
les jeunes générations à abandonner toute
rêverie sur le passé et à se vouer joyeusement
à l'avenir technique, militaire et césarien, qui est
désormais le futur de l'Occident.
2 Allusion, bien sûr, à la
découverte de la structure des atomes et de son exploitation,
conduisant, entre autres nuisances, à l'armement
nucléaire.
3 Notamment
l'Apocalypse de saint Jean.
4 Frédéric Nietzsche, Au-delà du bien et du mal (Jenseitd von Gut and Böse), 1886.
5 "L'homme tragique est l'homme sain, le christianisme un
état morbide. L'intellectualisme, pour lequel «comprendre
est devenu une fin», la pitié, la charité,
l'altruisme, l'importance attachée aux états de plaisir
et de déplaisir sont des symptômes de
dégénérescence et d'impuissance, les signes
d'une vie diminuée." Thierry Maulnier, Nietzsche, Gallimard, 1943, 151)
6 "Il importe de consumer sa vie d'un feu qui ne laisse
après lui que des cendres. (...) La mort seule
annonce au héros qu'il n'est pas resté en dessous de
lui-même. (...) L'homme est toujours à la recherche de ses
dernières limites, c'est-à-dire la recherche de la
mort.", id. 155.
Couvertures de
l'édition italienne.
..
.. du site Imaginaire : liste des auteurs
.. du site Différentes Saisons, revue trimestrielle
.. général
|
Revue Phénix #57, mai 2002.
Numéro spécial Valerio
Evangelisti, avec un chapitre
inédit des Chaînes d'Eymerich, une interview
inédite
et de
nomreux articles de Roland Ernould, l'auteur de ce
site.
Ce
copieux dossier de 140 pages comprend également un
article de Delphine Grépilloux et une bibliographie d'Alain
Sprauel.
Le dessin de
couverture est de Sophie
Klesen
En librairie : 13 ¤. La
revue Phénix
est éditée par la SARL Éditions
Naturellement, 1, place Henri Barbusse, 69700 Givors.
Directeur : Alain
Pelosato.
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