.. du site
Sac d'os
mon
opinion :
3 études :
FANTÔME
AIMANT CONTRE REVENANT MALÉFIQUE.
À
première vue, les deux substituts de ce titre,
«fantôme» et «revenant» renvoient
à la même réalité: un
fantôme n'est-il pas un revenant? Non: le revenant est
un défunt qui a eu une mauvaise mort. Victimes de
leur vivant, passés de l'autre côté sans
trouver le repos, les revenants en reviennent
généralement maléfiques. Le
fantôme est d'une autre essence: c'est le mort revient
faire ou faire faire n'a pas pu réaliser de son
vivant, rattraper ses erreurs. Parfois il revient, comme
dans Sac
d'os, par grand
amour... Car l'originalité de ce roman est de
présenter une lutte entre des entités dont les
desseins sont différents: se servir d'un romancier et
lui faire accomplir sa vengeance pour l'une, l'informer et
le sauver pour l'autre. Dans le monde parallèle des
fantômes où savent s'introduire de
mystérieux Extérieurs dangereux, le combat
s'engage. Oeuvre d'autant plus intéressante que les
fantômes ne sont pas nombreux dans les romans de
King. 102 Ko
Sac
d'os: L'ÉCRIVAIN
ET SON ÉGÉRIE.
Il y a un livre à
composer sur King écrivain et la manière dont
il met en scène ses nombreux personnages qui
écrivent. Il a abondamment publié sur le
sujet, depuis les analyses critiques de L'Anatomie de
l'horreur ou
Pages
Noires, jusqu'aux
commentaires dans ses nombreuses préfaces et
postfaces, sans compter les confidences de ses interviews.
On sait par ailleurs qu'il a annoncé la sortie d'un
essai sur l'écriture pour l'année 2000,
intitulé actuellement On Writing. L'originalité de Sac d'os est de consacrer plus d'une centaine de
pages à la situation d'un écrivain en
situation de «blocage» et à donner des
aperçus jamais développés à ce
point sur tout ce qui gravite autour du travail d'un
écrivain populaire et la course à la vente de
ses éditeurs. Avec, en plus, quantité de
réflexions intéressantes sur l'art du
romancier. 102 Ko
la
page de l'invité (e)un complément
LES AGES
DE LA VIE dans Simetiere et Sac d'os. par Delphine Lespinasse
«Le Monde
entier est un théâtre, et tous, hommes et
femmes, n'en sont que les acteurs. Tous ont leurs
entrées et leurs sorties, et chacun y joue
successivement les différents rôles d'un drame
en sept âges. " Voici la
vie, ou voici plutôt une épanadiplose de la
vie, résumée dans ce superbe monologue de
Shakespeare. Une
évolution suivie d'une régression ramenant le
vieillard au stade du nourrisson. Une ébauche de la
vie se dessinera à travers l'analyse de l'enfance, de
l'âge adulte et de la vieillesse dans Simetière et Sac
d'os. Cette étude constitue la
première partie d'une approche des âges de la
vie, de la fuite du temps et de la mort dans deux oeuvres
kingiennes.
un
complément
QUELQUES
FANTÔMES de Stephen KING... ..
Les histoires d'apparitions, esprits,
revenants, spectres et fantômes ont alimenté
longtemps les légendes des veillées, pour
être utilisées de nos jours dans les Ïuvres de
fiction romanesques ou cinématographiques. Ces
êtres surnaturels forment une vaste famille, où
les fantômes sont les mieux codifiés. Le mot
fantôme (du mot grec : apparaître) a
été longtemps utilisé pour
désigner l'image incorporelle ou semi-corporelle
d'une créature humaine ou animale
trépassée. L'âme d'un mort, continuant
de se maintenir terrestrement parce qu'elle ne peut trouver
la paix ou qu'elle a une mission particulière
à accomplir, revient parmi les vivants. Le motif du
fantôme a été longuement utilisé
par King dans Sac
d'os. Mais d'autres fantômes
apparaissent chez King, de façon beaucoup plus
brève.
|
mon opinion :
Stephen King, Sac d'os, Albin Michel
éditeur, paru le 8 septembre 1999
Nous le savons, nous sommes tous
destinés à finir en tas d'os. Mais certains sacs d'os,
enfouis depuis longtemps, peuvent poursuivre des
générations de vivants de leurs intentions
maléfiques.
Un prolongement de Misery et de la Part
des Ténèbres,
voilà la première réflexion qui vient à
l'esprit quand on commence Sac
d'os. Un romancier à
succès, un de plus, Mike, rencontre des problèmes
d'inspiration et se retrouve complètement bloqué peu
après la mort de son épouse Jo. Le roman, écrit
à la première personne comme Dolores Claiborne et La Ligne
verte, évoque d'abord
longuement les quatre années pénibles passées
dans le désarroi par un homme aimant, resté seul, qui a
perdu ses repères. Quantité de notations et de
réflexions sur les rituels d'écriture, les agents
littéraires, les éditeurs, la concurrence entre les
écrivains, leurs revenus permettent des développements
psychologiques et sociologiques auxquels King n'avait jamais
consacré cette ampleur. Avec plus d'une cinquantaine d'auteurs
cités, les uns incidemment, les autres en situation, parmi
lesquels on a la surprise de rencontrer Thad Beaumont, de
La Part des
ténèbres et
William Dendrought, de Ça...
Une sorte de petite musique sur le métier, avec le ton
distancié, parfois ironique, sans gros effets, d'un conteur
d'histoires qui a perdu ses moyens.
Puis ce roman remarquablement
construit prend plusieurs directions, qui se révéleront
autant de fausses pistes, pour l'explication des
phénomènes bizarres qui se produisent dans la
résidence d'été de l'auteur, où Mike
n'est pas revenu depuis la mort de sa femme. Il a trouvé un
mystère dans la vie de Jo, qui ne sera levé que
tardivement. D'autres éléments se mettent en place: la
jolie jeune veuve Matty, dont notre auteur s'éprend, sans pour
autant oublier son épouse; un amour de petite fille; un
affreux grand-père, vieillard pourrissant, mais tout puissant,
richissime, prêt à tout pour obtenir la garde de sa
petite fille. Sur les rives d'un lac qui a sa légende, le
chalet de l'auteur paraît hanté. Y passent des
fantômes, de curieux phénomènes s'y produisent.
Des puissances mystérieuses luttent entre elles, que le
romancier ne peut qu'observer sans les comprendre. Elles essaient de
communiquer avec lui, ainsi qu'avec la petite fille. Un fantastique
sans gros effets, avec de multiples notations curieuses et
intrigantes, qui suscitent la peur devant l'inconnu, un
étrange discret mais menaçant, et plus raffiné
que celui qu'on trouve habituellement chez King. Si l'on veut bien
excepter un long rêve épouvantable, qui montre que King
n'a pas perdu ses moyens.
Le nom que porte la maison est
celui de la chanteuse noire d'un orchestre qui, au début du
siècle, s'est produite dans la région avant de
disparaître dans des conditions mystérieuses. Comme dans
La Tempête du
siècle et bien d'autres
romans qui mettent en scène des petites villes, les vieux du
TR. 90 savent, mais ne parlent pas. C'est en vain que
l'écrivain essaie de reconstituer l'histoire. Comment
dès lors comprendre que ces manifestations inexplicables,
incohérentes en apparence, sont dues à la lutte de deux
fantômes dont les intentions sont contradictoires:
détruire ou sauver? Et le roman que Mike s'est mis à
écrire vient-il de son inspiration ou est-il suscité
par une puissance favorable pour exorciser le mal?
Le récit gagne lentement en
puissance pour aboutir à la venue d'une tempête
cataclysmique, la plus puissante que celles que King ait
décrites, pendant que le vrai drame se noue et se
dénoue avec des fortunes diverses. Plusieurs dizaines de pages
se succèdent, hallucinantes, qu'on lit le cÏur battant, tout
esprit critique suspendu, des pages haletantes parmi les meilleures
que celles que King ait composées.
Plus original, ce roman est un
hymne à l'amour conjugal, dont on ne peut dire davantage pour
ne pas dévoiler l'intrigue. Alors que jusqu'à
présent une intervention divine ou d'une autre force
était nécessaire pour vaincre le mal, ici c'est l'amour
qui l'emporte au-delà de la mort. Et c'est Vénus,
plutôt que Cassiopée, qui est
régulièrement repérée dans le ciel
nocturne.
Récit remarquablement
monté, avec une maîtrise de la mise en scène qui
laisse admiratif. Allant bien au-delà des variations sur le
thème de la maison ou du lieu hanté, ce roman attachant
allie à la fois force et tendresse. Brillant témoignage
d'un écrivain qui, quoi que certains prétendent, n'a
jamais été au mieux de sa forme.
Roland Ernould 10/09/99
©
Note critique parue dans Phénix,
#53, p. 285.
* Bag of
Bones est paru aux USA en
septembre 1998. La traduction française de W. O. Desmond a
été éditée le 8 septembre 99 par Albin
Michel.
* De nombreux sites
américains ont publié des informations sur Bag of Bones (Sac
d'os).
Le plus intéressant est celui mis en ligne par les
éditeurs:
http://www.simonsays.com/king/,
qui ont mis en ligne de nombreuses informations concernant Bag of
Bones: une lettre de King, les chapitres 1 & 2 en
américain, une audio du chapitre 7, des commentaires de
lecteurs.
En attendant l'édition française, voici une lettre de Stephen King © Simon &
Schuster, 1998, et le début du chap. 1
de Bag of Bones.
* Autre site
proposant une revue critique:
http://www.appelbooks.com/king/bagbones.html
Une préface
inédite de King traduite en
français pour ce site.
En complément de l'édition de poche de Bag of Bones (parue cette première
semaine de juin)) on trouve une lettre de Stephen King, qui nous
parle de Hearts in Atlantis, du passage
à l'âge adulte dans les années soixante, du
métier d'écrivain en général avec un
petit commentaire sur son livre On
Writing, qui combine souvenirs et conseils techniques:"Je
crois qu'ils ne mettront jamais ce livre au programme dans les
écoles. Je me suis trop amusé pour l'écrire"
Cette lettre, avec d'autres informations, peut être
consultée en langue anglaise sur
http://www.simonsays.com/king/heartsletter.cfm
Hearts in Atlantis sera disponible le 14
septembre 1999 aux USA.
La prochaine édition de poche de Bag of
Bones comportera cette lettre de Stephen King:
Fidèles lecteurs,
J'espère que Bag of
Bones vous aura empêché de dormir
au moins une nuit. Désolé, c'est comme ça que je
suis. Moi-même, je n'ai pas pu dormir pendant une nuit ou deux
et depuis que j'ai écrit ce bouquin, j'hésite à
descendre à la cave -je m'attends toujours à ce que la
porte se referme, que les lumières s'éteignent et que
l'on se mette à frapper de grands coups. Mais c'est aussi ce
qui est amusant, du moins pour moi. Si je ne me sens pas très
bien, surtout n'appelez pas le médecin.
Lorsque je suis venu trouver Scribner and Pocket Books, je leur ai
proposé trois ouvrages très différents. Le
premier, c'est le roman que vous venez de lire (si du moins vous
n'êtes pas l'un de ces curieux individus qui commencent par
lire ce qui est à la fin d'un livre), le second était
un recueil de nouvelles, et le troisième On writing, un essai
sur le métier d'écrivain qui combine souvenirs et
conseils techniques. Je crois qu'ils ne mettront jamais ce livre au
programme dans les écoles. Je me suis trop amusé pour
l'écrire.
Mais je m'écarte du sujet.
J'ai pensé que le recueil de nouvelles serait d'un abord plus
facile. Il devait être un peu plus important que Night Shift (mon
premier recueil) et un peu moins important que Skeleton Screw (mon second
recueil). J'avais à ma disposition tout un tas de bonnes
histoires dont quelques-unes avaient paru dans de petits magazines et
plusieurs étaient restées inédites (seules deux
nouvelles Everything's
Eventual et The Man in the Black Suit avaient été publiées dans des
magazines à gros tirage). J'avais même un titre tout
trouvé pour ce recueil, One Headlight, d'après la
chanson des Wallflowers -il paraissait tout à fait
approprié. Si écrire des nouvelles ce n'est pas
atteindre son but avec un seul phare, alors je ne m'y entends
pas.
[One Headlight = un seul phare. NdT]
Mais voilà. Quelque chose d'inattendu s'est produit. Je crois
que j'étais plus ou moins stimulé par la venue d'un
autre éditeur et de nouveaux lecteurs; mais surtout j'avais
trouvé une bonne idée et je m'étais
laissé emporter par cette idée. Entre les
différentes périodes de travail intensif sur
Bag of Bones (sur la longue ligne sinueuse qui mène à leur
publication, j'ai découvert que les livres reviennent vous
tourmenter comme des accès de fièvre), j'ai
écrit une nouvelle intitulée Hearts in Atlantis. C'est un
de mes «petits romans», une oeuvre trop longue pour
être une nouvelle, mais trop courte pour être
considérée comme un véritable roman. Au cours de
ma carrière où l'on n'a pas cessé de ma
reprocher d'écrire des ouvrages beaucoup trop longs (comme par
exemple, The Stand, It ou The
Tommyknockers), j'ai écrit une douzaine
de ces petits romans et je les ai gardés pour être
publiés à part dans des recueils séparés.
Le premier de ces recueils a été Different Seasons, le second
Four Past Midnight. J'aime beaucoup ces deux livres; les histoires qui s'y
trouvent comptent parmi celles que je préfère.
Cependant je n'avais pas l'intention de publier un recueil de ce type
après Bag of
Bones, car je n'avais plus d'histoires en
réserve, mes tiroirs étaient vides. C'est alors qu'est
arrivé Hearts in
Atlantis, et cela a déclenché
chez moi quelque chose qui attendait patiemment de s'exprimer depuis
trente ans ou davantage. J'étais un enfant des années
60, j'étais aussi un enfant de la guerre du Vietnam et j'ai
toujours eu eu envie au cours de ma carrière d'écrire
quelque chose sur cette époque, depuis The Fish Cheer
jusqu'à la chute de Saïgon, en passant par la fin des
pantalons à pattes d'éléphant et la mort du
disco funk. Bref, je voulais parler de ma génération
-quel écrivain n'en a pas envie?- mais j'avais l'impression
que si je m'essayais, ce serait un épouvantable gâchis.
Par exemple, comment imaginer que je puisse écrire une
histoire avec des personnages qui seraient adeptes de la non-violence
ou qui diraient: «Hey... groovy!» [Ah, sensass! Ndt]
De Los Angeles, Gertrude Stein a dit: «Voilà un nom qui ne recouvre rien de
précis.» C'est ce que je pense
des années soixante, au cours desquelles s'est
véritablement forgée la conscience des hommes et des
femmes de ma génération, et de toutes les années
qui ont suivi et qui nous ont vu remporter quelques victoires et
subir de cuisantes défaites. Il me semblait plus facile
d'avaler une brique que de dire comment la première
génération d'après-guerre aux États-Unis
était passée des carabines à air comprimé
Red Ryder aux fusils de l'armée, puis aux pistolets laser des
salles de jeux. Et puis, j'avais peur. Allen Guisberg a dit:
«J'ai vu décliner tous les
grands esprits de ma génération.» Moi-même j'ai vu quelques-uns des meilleurs
écrivains de ma génération essayer de parler de
ce qu'on appelle les Baby Boomers et n'exprimer qu'un grand fatalisme
dans un flot de platitudes et de lieux communs.
J'en suis venu à penser qu'il n'est pas bon, mais alors pas
bon du tout, pour l'écrivain, de trop réfléchir,
et lorsque je me suis mis à écrire Hearts in Atlantis
je ne pensais pas à grand chose -je n'écrivais pas pour
parler d'une génération d'hommes et de femmes mais pour
me faire plaisir, en exploitant un incident que j'avais pu observer
lorsque je n'étais encore qu'en première année
de fac. Je n'avais pas vraiment l'intention de publier cette
histoire, mais j'ai pensé qu'elle pourrait amuser mes enfants.
Et c'est comme ça que j'ai trouvé la solution. j'ai
commencé à entrevoir comment je pourrais parler de ce
que nous avons failli avoir, de ce que nous avions perdu et de ce que
nous étions finalement devenus, et faire tout cela sans
pontifier. Je déteste pontifier dans mes ouvrages, ce que
quelqu'un (peut-être Robert Bloch) a défini comme
«vendre son droit d'aînesse pour
avoir le privilège d'utiliser une
tribune.»
Une fois terminé Hearts
in Atlantis , je suis revenu en arrière
et je me suis mis à écrire une nouvelle histoire d'une
bonne longueur, une sorte de roman à part entière,
intitulé Low Men in
Yellow Coats. Il existait déjà
une troisième histoire, Blind Willie. Il suffisait de
l'arranger un tout petit peu pour l'adapter à ce que je
voulais faire. Une quatrième histoire, également
inédite (Why We're in
Viet Nam), me paraissait mettre un point final
et résumer ce que j'avais à dire. Mais même dans
ce cas il me semblait que je n'avais pas tout à fait
terminé et j'écrivis une dernière oeuvre
intitulée Heavenly
Shades of Night Are Falling. Hearts in Atlantis débute avec Bobby Garfield à Harwich,
Connecticut (une banlieue imaginée de Bridgeport) en 1960 et
se termine dans Shades of
Night avec le même Bobby Garfield
à Harwich quarante ans plus tard. Le produit fini (surtout
avec l'adjonction de la dernière oeuvre) ressemble beaucoup
plus à un roman qu'à un recueil d'histoires, mais peu
importe, j'en suis assez content -je crois que toutes les histoires
qui s'y trouvent sont effrayantes, drôles, tristes et font
parfois réfléchir. On n'arrive jamais à dire
tout ce qu'on voudrait dire mais quelquefois on réussit tout
de même à trouver une piste, suffisamment pour
être satisfait un certain temps. C'est une piste que je
n'aurais jamais imaginé suivre il y a dix ans, un livre que je
n'aurai jamais imaginé écrire et que je n'aurais jamais
pu écrire si j'avais projeté de l'écrire. Pour
reprendre une expression des années 60, ç'a
été un véritable «happening»
Hearts in Atlantis sera disponible chez Scribner à partir du mois de
septembre. Si vous étiez adolescent à l'époque
où régnaient les chaussures à semelles
compensées et se produisaient des groupes qui s'appelaient par
exemple The Strawberry Alarm Clock, peut-être que le livre vous
rappellera ce que vous avez été, ce que vous avez eu,
ce que vous avez perdu et ce que vous avez acquis. Si vous êtes
né après, Hearts
in Atlantis vous aidera peut-être
à comprendre ce que nous avons été et les
raisons qui font que nous sommes devenus ce que nous sommes.
J'espère bien que vous le lirez et que vous me direz ce que
vous en pensez. En attendant... allez en paix, les gars.
Tous mes remerciements à Bernard Briandet
qui a traduit cette préface pour mon
site et à Simon & Schuster,
Inc. Copyright (© 1998) http://www.SimonSays.com/king
Vous trouverez ici la lettre de Stephen King © Simon &
Schuster, 1998.
Lettre de Stephen King :
Dear Readers,
As I began work on Bag of Bones, the novel which Scribner will
publish in the fall of 1998, I looked a few sheets down the calendar
and saw fifty staring me in the face. That's a lot of years since
Carrie and Salem's Lot and The Stand; a lot of good times for me, and
-- I hope -- a lot of shivers for the people who read my books. But
fifty is a dangerous age, a time when a writer may have to find a few
new pitches if he's going to continue to be successful. I think I can
still throw a pretty good fastball when I need to, but in Bag of
Bones I've mixed in a few sliders, a few change-ups, and maybe a
midnight curveball or two.
I wanted to write at least one more really good scary story before
hitting the big five-oh, but I wanted something else, as well: to
tell a tale combining the romantic suspense of Rebecca and that sense
of otherworldly terror that permeates The Haunting and The Uninvited.
I also wanted to write about my Maine again. I found myself lonely
for it after spending time in Nevada (Desperation) and the border
south (The Green Mile).
I have a new publisher; I wanted to bring them the best book I
have in me to write. I wanted to tell a story which would please my
old friends and perhaps make a few new ones, as well. Bag of Bones is
the result -- a summation of all I know about lust, secrets, and the
unquiet dead. If I had to describe it, I'd call it a haunted love
story.
I hope you like it.
Best regards, Stephen King.
Hugues Morin vous offre un
commentaire sur le premier chapitre:
"Dès les premières
lignes, une chose étonne; le roman est narré à
la première personne. Un cas assez rare chez King, qui n'a
utilisé cette forme de narration que très peu souvent
au cours de sa carrière. L'exemple le plus évident de
cette forme est le roman Dolores Claiborne, mais dans le cas de
Bag of Bones, le niveau de langage est fort différent.
Michael Noonan, le narrateur, est écrivain. Il nous raconte
donc son histoire comme il l' aurait racontée s'il l'avait
inventée... Il s'excuse même parfois de prêter des
émotions aux protagonistes, n' étant pas certain que
c'est bien ce qu'ils ont ressenti, mais qu'il imagine la chose
plausible. Car pour nous raconter son histoire, Mike a
interrogé plusieurs personnes, témoins des divers
incidents qui se sont produits.
Toujours dans le premier paragraphe, on
remarque que l'action de Bag of
Bones se déroule à
Derry, Maine, petite ville typique de ce coin de pays et que l'auteur
(et ses lecteurs) a déjà visité dans les
romans lt et lnsomnia. Retour
dans le Maine, donc, endroit que King avait négligé
avec ses quatre derniers romans (Desperation, The Regulators, The Green Mile et Wizard
and Glass). Et donc retour, en
partie, à ce bon vieux King aux clins d'oeil comme celui de la
résidence d' été de Mike Nooman qui est à
Dark Score Lake, l'endroit où Jessie Burlingame était
lors de l'éclipse dans Gerald's Game.
Et en lisant ce premier paragraphe (et il
est court!) le lecteur est tout de suite accroché. Pas de
bavardage, pas de longue mise en sitation; paf! Un punch, comme
ça. Puis, on se rend compte que King a
téléphoné son effet - comme il le fait souvent -
en lançant ce punch et en revenant en arrière par la
suite pour nous raconter comment c'est arrivé. Il se sert de
petits détails pour installer un suspense qu'il a pourtant
vendu dès le départ, et réussi non seulement
à maintenir notre intérêt mais encore à
nous surprendre.
Enfin, comme King sait si bien le faire,
l'intrigue passe subtilement d'éléments
réalistes et bien ancrés dans l'esprit du lecteur
à un élément surnaturel, que le narrateur et
principal personnage s'empresse de nier (et de rationaliser autant
que possible)... Et c'est déjà la fin de ce premier
chapitre, dont j'ai soigneusement évité de vous
raconter l'histoire, question de ne pas vous gâcher le plaisir,
chapitre qui laisse le lecteur avec suffisamment
d'intérêt pour avoir hâte de pouvoir lire la
suite.
Chose certaine, ce King-ci m'a l'air de
relever à la fois de ce bon style confortable qu'on
connaît à l' auteur, mais avec un petit quelque chose de
différent, ce qui me laisse optimiste pour la suite."
Fenêtre Ouverte, #
15.
Début du premier
chapitre © Simon & Schuster, 1998.
Chapter 1.
"On a very hot day in August of 1994, my wife told me she was
going down to the Derry Rite Aid to pick up a refill on her sinus
medicine prescription -- this is stuff you can buy over the counter
these days, I believe. I'd finished my writing for the day and
offered to pick it up for her. She said thanks, but she wanted to get
a piece of fish at the supermarket next door anyway; two birds with
one stone and all of that. She blew a kiss at me off the palm of her
hand and went out. The next time I saw her, she was on TV. That's how
you identify the dead here in Derry -- no walking down a subterranean
corridor with green tiles on the walls and long fluorescent bars
overhead, no naked body rolling out of a chilly drawer on casters;
you just go into an office marked PRIVATE and look at a TV screen and
say yep or nope.
The Rite Aid and the Shopwell are less than a mile from our house,
in a little neighborhood strip mall which also supports a video
store, a used-book store named Spread It Around (they do a very brisk
business in my old paperbacks), a Radio Shack, and a Fast Foto. It's
on Up-Mile Hill, at the intersection of Witcham and Jackson.
She parked in front of Blockbuster Video, went into the drugstore,
and did business with Mr. Joe Wyzer, who was the druggist in those
days; he has since moved on to the Rite Aid in Bangor. At the
checkout she picked up one of those little chocolates with
marshmallow inside, this one in the shape of a mouse. I found it
later, in her purse. I unwrapped it and ate it myself, sitting at the
kitchen table with the contents of her red handbag spread out in
front of me, and it was like taking Communion. When it was gone
except for the taste of chocolate on my tongue and in my throat, I
burst into tears. I sat there in the litter of her Kleenex and makeup
and keys and half-finished rolls of Certs and cried with my hands
over my eyes, the way a kid cries.
The sinus inhaler was in a Rite Aid bag. It had cost twelve
dollars and eighteen cents. There was something else in the bag, too
-- an item which had cost twenty-two-fifty. I looked at this other
item for a long time, seeing it but not understanding it. I was
surprised, maybe even stunned, but the idea that Johanna Arlen Noonan
might have been leading another life, one I knew nothing about, never
crossed my mind. Not then.
Jo left the register, walked out into the bright, hammering sun
again, swapping her regular glasses for her prescription sunglasses
as she did, and just as she stepped from beneath the drugstore's
slight overhang (I am imagining a little here, I suppose, crossing
over into the country of the novelist a little, but not by much; only
by inches, and you can trust me on that), there was that shrewish
howl of locked tires on pavement that means there's going to be
either an accident or a very close call.
This time it happened -- the sort of accident which happened at
that stupid X-shaped intersection at least once a week, it seemed. A
1989 Toyota was pulling out of the shopping-center parking lot and
turning left onto Jackson Street. Behind the wheel was Mrs. Esther
Easterling of Barrett's Orchards. She was accompanied by her friend
Mrs. Irene Deorsey, also of Barrett's Orchards, who had shopped the
video store without finding anything she wanted to rent. Too much
violence, Irene said. Both women were cigarette widows.
Esther could hardly have missed the orange Public Works dump truck
coming down the hill; although she denied this to the police, to the
newspaper, and to me when I talked to her some two months later, I
think it likely that she just forgot to look. As my own mother
(another cigarette widow) used to say, "The two most common ailments
of the elderly are arthritis and forgetfulness. They can be held
responsible for neither."
Driving the Public Works truck was William Fraker, of Old Cape.
Mr. Fraker was thirty-eight years old on the day of my wife's death,
driving with his shirt off and thinking how badly he wanted a cool
shower and a cold beer, not necessarily in that order. He and three
other men had spent eight hours putting down asphalt patch out on the
Harris Avenue Extension near the airport, a hot job on a hot day, and
Bill Fraker said yeah, he might have been going a little too fast --
maybe forty in a thirty-mile-an-hour zone. He was eager to get back
to the garage, sign off on the truck, and get behind the wheel of his
own F-150, which had air conditioning. Also, the dump truck's brakes,
while good enough to pass inspection, were a long way from tip-top
condition. Fraker hit them as soon as he saw the Toyota pull out in
front of him (he hit his horn, as well), but it was too late. He
heard screaming tires -- his own, and Esther's as she belatedly
realized her danger -- and saw her face for just a moment.
"That was the worst part, somehow," he told me as we sat on his
porch, drinking beers -- it was October by then, and although the sun
was warm on our faces, we were both wearing sweaters. "You know how
high up you sit in one of those dump trucks?"
I nodded.
"Well, she was looking up to see me -- craning up, you'd say --
and the sun was full in her face. I could see how old she was. I
remember thinking, 'Holy shit, she's gonna break like glass if I
can't stop.' But old people are tough, more often than not. They can
surprise you. I mean, look at how it turned out, both those old
biddies still alive, and your wife..."
He stopped then, bright red color dashing into his cheeks, making
him look like a boy who has been laughed at in the schoolyard by
girls who have noticed his fly is unzipped. It was comical, but if
I'd smiled, it only would have confused him."
Avec tous mes remerciements à © Simon & Schuster,
1998. http://www.SimonSays.com/king
Contenu de ce site Stephen King
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