Serge Brussolo, Le papillon des abîmes

Peggy Sue et les fantômes 3

Plon éd, 2002, 332 pages.

Ce troisième roman de la série a bénéficié d'un premier premier tirage de 90.000 exemplaires, preuve du succès des précédents. Brussolo a trouvé le bon filon qu'il ne lâchera pas de sitôt. Cette fois, la connaissance par le lecteur de la parenté de Peggy s'enrichit avec un personnage pittoresque et amusant, celui de sa grand-mère, chez laquelle ses parents l'ont envoyée pour les vacances. Elle se retrouve à Shaka-Kandarec, le pays des orages, avec le chien bleu, Sebastian, le garçon de 14 ans, bien plus âgé en fait, qui a rajeuni en échappant aux sortilèges de démon (tome 2) et un rouquin un peu plus âgé, le bricoleur du village. Peggy constate avec surprise que sa grand-mère Katy est un peu sorcière et dotée de pouvoirs magiques et que le village est aussi particulier qu'elle. Sa vie étrange est rythmée par un papillon gigantesque dont l'ombre rend heureux ceux qu'il survole. Les habitants ont motorisé leurs maisons sur roues pour se déplacer dans l'ombre du papillon. Autres particularités : les orages sont tellement violents que le métal n'est pas utilisé dans le village; la foudre qui tombe est de l'or; les pommiers fabriquent des fruits explosifs...

Un ennemi surnaturel a installé sur les nuages une fonderie où il liquéfie les étoiles du firmament pour verser le fluide obtenu sur le papillon et mettre le feu à ses ailes. On retrouve évidemment les invisibles derrière ces maléfiques forgerons. Toujours prête à rendre service, Peggy n'hésite pas à se lancer à la recherche du papillon qui s'est réfugié au centre de la terre. Des occupants s'y trouvent déjà : obsédés eux aussi par la recherche du bonheur, ils veulent connaître le secret du papillon. Ce dernier est en mauvais état et commence à rétrécir. Peggy va chercher à le sauver pour qu'il continue à distribuer le bonheur dans le village et elle entreprend une quête qui la conduira successivement dans les nuages, au centre de la terre et sur une autre planète.

Comme dans les récits précédents, l'histoire ne connaît pas de temps morts et va de rebondissements en rebondissements.
On sait que Brussolo travaille à la demande et ajuste ses romans en fonction de ses jeunes lecteurs. Il reçoit de nombreux e-mails, organise des rencontres, recherche les points communs possibles et adapte son langage à leur psychologie. Dans ce troisième roman, il a tenu surtout compte des réactions des adolescentes, en attente de sentiments amoureux absents des premiers tomes : il instaure une rivalité entre les deux garçons et suscite chez Peggy la naissance de tendres mouvements du coeur tout en lui prêtant de grands sentiments : "L'amour ce n'est pas seulement s'amuser ensemble. C'est aussi affronter les problèmes main dans la main et essayer de s'entraider. Ce serait trop simple et trop bête, si la vie ne consistait qu'à rigoler! Triompher des épreuves rapproche davantage que les blagues et la fête." (212) Le chien bleu tient une place de plus et plus importante dans le récit, et s'inspire du clébard impoli et mélomane de Men in Black de Barry Sonnenfeld. Et Brussolo retrouve les problèmes de société avec des rivalités et les visées divergentes des habitants du gouffre et du domaine souterrain dans lequel s'est réfugié le papillon. Les revenants-squelettes sont particulièrement agressifs dans leur désir de faire mourir ceux qui descendent dans le gouffre pour récupérer leurs ossements et les utiliser dans leur orchestre...

Les péripéties sont tellement nombreuses qu'il n'est pas possible de résumer ce qui s'y passe. Brussolo donne l'impression de laisser son imagination gambader joyeusement au gré de sa fantaisie inépuisable. Ayant trouvé des ingrédients particulièrement extensibles (aventures rocambolesques, personnages loufoques, mondes délirants...) il les varie à chaque épisode sans craindre l'invraisemblable. Le délire est permanent et entraîne des divagations continues. Pour qui ne déteste pas les extravagances littéraires, le roman plaira. Les amateurs de récits carrés et traditionnels n'iront pas bien loin dans leur lecture, en laquelle ils ne verront qu'absurdités et extravagances. Rien à voir en tous cas avec la traditionnalité de la série des Potter.

À noter un petit cadeau de Brussolo : une courte aventure de Peggy Sue et du chien bleu,
La chose qui grattait derrière le mur, précédemment publiée sur l'Internet.

La quatrième de de couverture :
Tout est possible dans l'univers de Peggy Sue.
Dès le premier jour des vacances, sa grand-mère lui explique qu'en mangeant les pommes du jardin, elle pourrait provoquer la fin du monde! Au village, les maisons ont des roues, les chats changent de couleur selon leur humeur!
Mais le plus étonnant, c'est qu'un papillon gigantesque vole dans le ciel. Son ombre a le pouvoir de rendre heureux tous ceux qu'elle recouvre!
Hélas, un mystérieux ennemi, perché sur les nuages, essaie de mettre le feu à ses ailes en le bombardant avec des étoiles enflammées !
Peggy Sue et le chien bleu devront descendre au centre de la Terre, chez les mangeurs de feu, pour trouver une solution à ces terribles problèmes!
Mais ceux qui vivent dans les abîmes les laisseront-ils remonter à l'air libre?

Serge .Brussolo .... La série de Peggy Sue et les fantômes

Serge .Brussolo .... Le Jour du chien bleu, 1, Plon éd, 2001.

Serge .Brussolo .... Le Sommeil du Démon, 2, Plon éd, 2001.

Serge .Brussolo .... Le papillon des abîmes, 3, Plon éd, 2002.

Serge .Brussolo .... Le zoo ensorcelé, 4, Plon éd, 2003.

 

Note biographique. Serge Brussolo approche de la cinquantaine. Depuis son premier recueil de nouvelles, publié en 1980, ses romans se bousculent (près d'une centaine), soutenus par une imagination incontrôlable, touchant à tous les domaines. Il a ses inconditionnels, mais l'opinion est partagée à son égard. Pour mon lecteur qui ne connaîtrait pas Brussolo (y en a-t-il?) et qui voudrait le connaître, je conseillerai plutôt La planète des Ouragans, La petite fille et le doberman (Présence du futur, 557): Rempart des naufrageurs (id. 583) et Naufrage d'une chaise électrique (id. 584)

Succès de librairie, la série Peggy Sue a maintenant un pendant, la nouvelle série Sigrid et les mondes perdus, toujours de Brussolo, dont le premier tome, L'Oeil de la pieuvre (éd. du Masque) a été bien accueilli. Ce roman, aussi délirant que ceux de la série Peggy Sue, se déroule à bord d'un sous-marin qui sillonne les eaux mutagènes de la planète Almoha. Quelques gouttes sur la peau transforment en sirène ou en triton, et les enfants ne vieillissent plus, tandis que les adultes continuent à prendre de l'âge...

En cours de publication :

- Une compilation d'oeuvres de Brussolo, Omnibus éd.

- Une collection qui comprendra plusieurs volumes (actuellement deux parus), éd. Le Masque.

 Roland Ernould © 2002

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