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Au courrier des lecteurs du Monde (15/02/2002) est parue une version tronquée d'une lettre de Valerio Evangelisti. Voici le texte original : Je viens de lire l'interview à Andrea Camilleri sur Le Monde des Livres du 7 février. Étant l'un des écrivains italiens invités au Salon du Livre de Paris (d'accord, pas des plus illustres), je veux exposer l'opinion de quelqu'un qui, n'aimant pas du tout le gouvernement de M. Berlusconi, a toutefois décidé de participer au Salon. Je vois en effet le risque que, en France comme en Italie, on finisse par penser que tous ceux qui viendront au Salon avec la délégation officielle soient des laquais de Berlusconi, et que ceux qui resteront chez eux ou viendront en voie privée soient les vrais opposants. Il faut éclaircir quelques points préalables : - À ce que je sais, la décision de mettre l'Italie à l'honneur au Salon du Livre est antérieure à la victoire électorale de M. Berlusconi. Dans mon cas, j'ai su en voie non-officielle de mon invitation exactement le 11 juillet 2001, par un éditeur français : trop tôt pour attribuer mon choix aux autorités italiennes actuelles; - Seulement très récemment, le 29 janvier 2002, le sous-secrétaire italien à la Culture Vittorio Sgarbi a presque revendiqué à soi et à son gouvernement la paternité de toute l'initiative et le choix des invités. Évidemment il peut dire ce qu'il veut, même si cela contraste un peu avec les données du réel. Il est vrai que son ministère a contribué à organiser et à financer l'événement, mais c'est ce que ferait n'importe quel gouvernement, face à une occasion si importante. Cela dit, je crois que nous, les invités, on a des obligations avant tout face au Salon, qui a décidé de mettre au centre de la manifestation la culture italienne (en ce moment en crise sérieuse) ; et aussi face à nos éditeurs et lecteurs français. Boycotter le Salon serait reconnaître l'absurde appropriation tentée par M. Sgarbi et perdre l'occasion de parler devant une tribune plus vaste qu'une revue de ce qui se passe en Italie. Sans négliger la noblesse des positions de MM. Tabucchi, Consolo, Camilleri, il faut que le public français comprenne que les écrivains italiens qui seront à Paris ne sont pas tous des « collabos ». A mes yeux, par exemple, le scandale du gouvernement de centre-droite a été évident bien avant les mesures contre les magistrats : dans l'horrible boucherie de Gênes, par exemple (une réplique agrandie de ce que, quelques mois auparavant, le gouvernement de centre-gauche avait fait à Naples), ou dans les camps de détention pour immigrés clandestins (autre héritage du centre-gauche, repris et rendu plus inhumain). Quant au Salon, je remarque l'absence, parmi les invités, de Cesare Battisti, un écrivain populaire en France mais ignoré comme trop troublant en Italie. J'aimerais entendre un peu plus souvent les auteurs qui vont déserter le Salon sur des thèmes comme ceux-ci. . Valerio Evangelisti, Bologne (Italie) |
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Valerio
Evangelisti, né à Bologne le 20 juin 1952
où il réside encore maintenanta une formation
d'historien (sciences politiques). Il passe sa maîtrise en 1976
et devient fonctionnaire au cadastre en donnant des cours d'histoire
contemporaine et d'histoire de l'Amérique Latine à
l'université de Ferrare.
Il publie des articles correspondant à ses recherches et plusieurs livres de sociologie et d'histoire sur des courants de gauche ou de l'extrême gauche, de la fin du XVIIIè jusqu'à l'Amérique Centrale contemporaine.
Il gardera de sa formation :
-un goût prononcé pour l'histoire.
- une sympathie pour les courants politiques de gauche.
Il passe sans succès des concours universitaires (mode de recrutement de l'enseignement supérieur en cours alors en Italie). Il dirige quelques années la revue Progretto memoria, spécialisée dans les conflits sociaux. Il préside également un Centre d'archives voué à la nouvelle-gauche (qui n'est pas le socialisme "rose" français, dit-il.)
Son esprit rebelle et sa haine de la bureaucratie le conduisent vers la littérature d'imagination. Il aime la littérature populaire, notamment de terreur, et le genre policier. Il se met à écrire des romans, qui ne sont pas publiés. Son premier roman a comme personnage principal le fantôme de Nicolau Eymerich, né en 1330, inquisiteur général du royaume d'Aragon. C'est le succès. Dans ses romans, la sympathie d'Evangelisti pour les exploités politiques ou économiques et les mouvements révolutionnaires, sa haine des fanatismes et des dictatures ne s'est jamais démentie.
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À ces ouvrages, il faut ajouter une quarantaine d'articles publiés dans Il Mulino, Rivista di storia contemporanea, Quaderni sardi di storia, Quaderni emiliani, et d'autres revues ou ouvrages collectifs.
Articles d'Evangelisti parus en français :
Une littérature des étages inférieurs, la science-fiction en prise avec le monde, Le Monde Diplomatique, août 2000.
L'extrême droite investit le science-fiction, Le Monde Diplomatique, octobre 2001.
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