Le motif du
LIEU dans SHINING.
Avec Shining,
King a atteint la plénitude de ses moyens d'auteur et de son
habileté de raconteur d'histoires1. La particularité de Shining est de mener deux reconnaissances contrefaites
simultanées : celle de l'innommé, avec le don de
voyance de Danny (ordre au paranormal); et celle de l'innommable, les
pouvoirs de l'esprit de l'hôtel Overlook et son emprise sur le
père de Danny (ordre du surnaturel). La conjonction des deux
reconnaissances conduisent inexorablement à l'apparition du
monstre et son affrontement dans une tentative d'infanticide
sacrificatoire.
Une écriture fantastique réussie est celle qui, sur un
même événement, donne des explications multiples
et laisse le plus longtemps possible le lecteur dans l'incertitude.
Dans Shining,
roman qui servira pour la démonstration, plusieurs
protagonistes donnent des explications contradictoires en partant
d'observations fragmentaires sur le même sujet. Cette sorte
d'introduction au récit, par opposition de points de vue, met
en appétit le lecteur à condition d'être bien
agencée. À un critique qui se plaignait
qu'"il ne se passait rien dans
les 250 premières pages", l'agent littéraire de King, Kirby McCarley
répondit avec justesse : "Oui, mais il y a des violons dans le lointain et
ça suffit pour attirer les gens." 2
.. du site ..
'hôtel Overlook édition
japonaise
L'hôtel Overlook, quel que soit
l'esprit qui l'habite, vit sur un même espace, mais à
sur plusieurs niveaux de temps. L'hôtel n'a pas de
temporalité déterminée. Il est plutôt
constitué d'éléments qui se sont
additionnés au cours des décennies, et qui vivent en
coexistence synergique quelle que soit l'époque où ils
ont été intégrés. L'esprit qui hante
Overlook fait penser au metteur en scène d'une pièce de
théâtre exigeant, qui ne sélectionnerait, parmi
une multitude d'auteurs, que ceux qu'il aurait soigneusement retenus
en fonction d'un goût particulier pour une
théâtralité macabre. De même pour un
certain nombre d'objets, qu'il a peu à peu
intégrés à sa mise en scène
particulière.
Le Guignol
d'Overlook.
L'hôtel puise ainsi, à
divers moments de son histoire, des êtres choisis pour
agrémenter son existence parallèle. Les spectres
l'amusent. Les apparitions s'additionnent dans une sorte de
continuité et la plus grande distraction de l'hôtel
semble être le bal qu'il reproduit régulièrement
comme l'amateur une scène de cinéma
particulièrement appréciée.
Le procédé pour mettre en place cette idée dans
l'esprit du lecteur n'est pas le même de ceux qui ont
été utilisés pour faire accepter les
particularités du don de Danny. King confrontait
différentes opinions pour son lecteur, qui, aidé par de
multiples observations, faisait peu à peu son opinion. Dans le
cas de l'hôtel, il n'y a pas de confrontations d'opinions, mais
tout une série de notations qui s'additionnent et qui
amène tout naturellement le lecteur à accepter la vie
maléfique de l'hôtel.
Ce passé n'est pas mort. Il
survit dans un temporalité parallèle, se
réveille occasionnellement sur l'incitation de son
organisateur. Il se peut que, chaque jour, dans ce monde
parallèle, soit un spectacle dont l'hôtel est friand :
"Mais la fête
s'était-elle réellement interrompue? N'était-ce
pas plutôt qu'elle se poursuivait ailleurs, dans une autre
dimension temporelle qu'elle ne pouvait plus
percevoir? (377). Quand la
pièce jouée lui devient monotone, l'hôtel puise
dans notre réel un nouvel élément qui
l'intéresse. Il y a ainsi, à certains moments,
coïncidence entre notre monde chronologique et cet univers
différent constitué de noyaux durs fossilisés de
notre passé.
Tout se passe comme si, à plusieurs reprises, l'hôtel
s'était figé dans le temps : "Toutes les époques de l'hôtel semblaient
avoir fusionné pour ne plus faire qu'une seule. Il n'y
manquait que l'actuelle, celle des Torrance, mais très
bientôt celle-là aussi viendrait rejoindre les autres.
Et il [Jack] s'en félicitait, c'était une
excellente chose. Il pouvait les entendre, les beaux
étrangers. Il commençait à prendre conscience
d'eux comme ils avaient dû prendre conscience de lui à
son arrivée." (88)
Apparitions.
Le lecteur a été prévenu par un effet d'annonce
de Hallorann que l'hôtel présentait des aspects
inquiétants, qui semblent ne se manifester qu'à ceux
qui ont le «don»10. L'hôtel est en effet capable de
déclencher des apparitions : "J'ai fait de mauvais rêves ici; j'ai eu parfois de
sales pressentiments. Je n'ai fait que deux saisons et pourtant j'ai
dû avoir au moins une douzaine de cauchemars. Plusieurs fois,
j'ai eu des visions, mais je ne te dirai pas ce que j'ai vu. Ce n'est
pas pour les enfants - c'est trop dégoûtant. La
première fois, ça s'est passé dans la buissaie,
là où poussent ces maudits buissons taillés en
forme d'animaux. La deuxième fois, c'est arrivé
à cause d'une des femmes de chambre, une certaine Dolores
Vickery. Elle devait avoir le Don, elle aussi, mais sans s'en rendre
compte. (...) Elle prétendait avoir vu quelque chose
dans une des chambres, la chambre 217. Il s'y est passé
quelque chose de moche. Je veux que tu me promettes de ne jamais y
mettre les pieds. Pas une une seule fois, de tout l'hiver. Tu fais
comme si elle n'existait pas." (88)
Dès son arrivée, Danny
voit l'hôtel tel qu'il est au-delà des apparences, comme
lorsqu'il visite à son arrivée la suite
présidentielle : "Il
avait les yeux rivés sur le mur tapissé de soie
à rayures blanches et rouges à côté de la
porte de la chambre. (...) De grandes
éclaboussures de sang séché, tachetées de
minuscules caillots d'une substance grisâtre, maculaient la
tapisserie. Danny en avait la nausée. Les taches
suggéraient la représentation d'un visage humain,
convulsé par la terreur et la douleur, bouche béante,
la tête à moitié pulvérisée.
C'était l'"uvre d'un fou, dessiné dans le
sang..." (95) Dans le cas
présent, le don de voyance de Danny lui permet des passages
temporels : "Il eut
l'impression d'avoir crevé une fine membrane sensorielle, de
remonter dans le temps se trouvait à présent dans le
couloir devant la suite présidentielle, au troisième
étage. Près de lui, jetés l'un sur l'autre, les
cadavres sanglants de deux hommes en complet veston et cravate
étroite, qui avaient été abattus à coups
de revolver, se mirent à remuer et à se dresser.
Il allait pousser un cri, mais il se retint.
(VOUS N'ÊTES QUE DES FANTÔMES! VOUS N'EXISTEZ PAS!)
Le tableau se fana devant ses yeux comme une vieille photographie et
disparut." (405) On a
l'explication historique de cette vision : "Cet hôtel, dit Jack, a été la
propriété pendant un certain temps des gens de la Mafia
de Las Vegas, des gangsters. En 1966, un des caïds du milieu, un
certain Vito Gienelli, a été assassiné ici avec
ses deux gardes du corps. Un journal a publié une photo de la
scène qui correspond tout à fait à la
description de Danny."
(246)
Hallorann l'avait mis en garde contre de telles visions, mais dans un
effet d'annonce optimiste, quand il essaie de le rassurer :
"Je crois qu'il n'y a rien
à craindre ici. Alors ne te bile pas. (...) Il ne
faut pas avoir peur de tes visions. Elles ne peuvent pas te faire de
mal, pas plus que les images dans un livre. (...) Dans cet
hôtel, c'est pareil. Je ne sais comment te l'expliquer, mais on
dirait que le mal hante cet endroit. On en relève encore les
traces. (...) Alors, si tu vois quelque chose de bizarre
dans un corridor, ou dans une chambre, ou dehors, dans la
buissaie..., tu n'as qu'à détourner les yeux, et quand
tu regarderas de nouveau, la vision aura disparu. Tu
comprends?" Mais il n'en est
pas si sûr au fond de lui-même : "Je crois... Mais s'il se
trompait?" (89/90)
Car les diverses apparitions (dont
l'influence et l'action vont croissant) qui se présentent
à Danny, d'abord innocentes (les buis, l'extincteur). Elles se
montrent de plus en plus menaçantes, comme déjà
le cadavre de la chambre 217.
Le spectre de la
chambre 217.
Le motif du mixte
fantôme/mort-vivant est utilisé à double titre :
un autre exemple de la vie parallèle de l'hôtel d'une
part, mais aussi - le texte s'y prête bien - à une
analyse plus détaillée de la progression réussi
du climat d'un sujet fantastique. L'histoire de la chambre est
d'abord racontée de manière objective par le gardien
Watson. Une vieille femme abandonnée par son jeune amant s'est
suicidée dans cette chambre : "Une semaine plus tard, la femme de chambre, une connasse
du nom Dolores Vickery, entre dans la chambre où elle est
morte pour faire le lit, pousse un cri à réveiller les
morts et tourne de l'"il. Quand elle revient à elle, elle
raconte qu'elle a vu le cadavre de la vieille dans la salle de bains,
qu'elle était couchée toute nue dans la baignoire.
«Elle avait la figure toute violette, dit Dolores, et elle m'a
fait un grand sourire.» Ullman l'a virée
sur-le-champ." (33) Ce
procédé, dit d'anticipation, annonce de façon
succincte, et souvent de manière détournée, un
épisode important qui doit intervenir dans le récit. Le
lecteur, prévenu par cet effet d'annonce, est plus
réceptif à l'événement quand il se
produira11. Cet effet d'annonce sur le même
événement peut être répété,
sous forme de confirmations ou de variantes12.
Le début de la narration de la
vision du cadavre est évidemment consacré à
l'objet horrible et à sa description, dont les termes sont
choisis pour susciter la montée de l'horreur. Malgré la
défense, Jack pénètre dans la chambre :
"Il fit glisser le rideau de
douche.
La femme qui gisait dans la baignoire était morte depuis
longtemps. Elle était toute gonflée et violacée
et son ventre, ballonné par les gaz et ourlé de glace,
émergeait de l'eau gelée comme une île de chairs
livides. Elle fixait sur Danny des yeux vitreux, exorbités
comme des billes. Un sourire grimaçant étirait ses
lèvres pourpres. Ses seins pendillaient, les poils de son
pubis flottaient à la surface et ses mains congelées se
recroquevillaient comme des pinces de crabe sur les bords
godronnés de la baignoire en porcelaine."
Se produit évidemment
la peur, avec ses caractéristiques particulières :
"Danny hurla sans qu'aucun son
ne sortit de sa gorge; le cri refoulé plongea au fond de son
être comme une pierre qui tombe au fond d'un puits. Il recula
de nouveau, faisant tinter le carrelage sous ses pas, et subitement
il sentit que dans son affolement il s'était inondé
d'urine."
À ce stade, pour que la peur
laisse la place à la terreur, il faut une menace
précise, donc de l'action : "Alors la femme se mit sur son séant.
Toujours grimaçante, elle rivait sur Danny ses énormes
yeux exorbités. Ses paumes mortes crissaient sur la
porcelaine, ses seins se balançaient comme de vieux
punching-balls craquelés. Quand elle se leva, on entendit un
bruit à peine perceptible de bris l'échardes de glace,
mais elle ne respirait pas : ce n'était qu'un cadavre, mort
depuis des années."
Seconde période, qui permet au
romancier de décrire les effets physiques de la peur et les
perturbations psychologiques qu'elle entraîne :
"Les yeux
écarquillés, les cheveux dressés sur la
tête comme des piquants de hérisson, Danny fit
volte-face et s'enfuit à toutes jambes vers la porte
extérieure qu'il trouva refermée. Sans penser qu'elle
n'était peut-être pas verrouillée et qu'il
suffisait de tourner la poignée pour sortir, il se mit
à cogner dessus et à pousser des hurlements
déchirants qu'aucune oreille humaine ne put
entendre." Les derniers mots
ne sont évidemment pas anodins, la solitude constituant un
élément d'angoisse supplémentaire.
Vient la troisième phase de
l'action, avec un crescendo dans la terreur : "La morte au ventre ballonné, aux
cheveux desséchés, qui gisait, magiquement
embaumée, depuis des années dans cette baignoire,
s'était levée et, les bras tendus, s'était
lancée à sa poursuite."
Ménager une pause est une bonne solution, à ce stade du
récit. Ce procédé, dit de retardement, vise dans
le cas présent à maintenir la tension pendant une
durée variable (en différant la poursuite de l'action
d'un paragraphe, voire d'un ou plusieurs chapitres13 ). La détente qui se produit renforce,
par l'attente, la relance de la peur : "Tout à coup, une voix calme et rassurante se fit
entendre, la voix de Dick Hallorann. Et Danny, qui avait
retrouvé la sienne, se mit à pleurer doucement, non pas
de peur mais de soulagement.
(Je ne crois pas que tes visions puissent te faire de mal..., pas
plus que les images dans un livre... Si tu fermes les yeux, elles
disparaîtront.)"
Un dernier rebond porte l'horreur
à son comble : "Quelques minutes passèrent. Il commençait
tout juste à se détendre (...) quand deux
mains puantes, tuméfiées, suintantes de
l'humidité des années, se refermèrent doucement
autour de son cou et le forcèrent à se retourner et
à regarder dans les yeux le visage violacé de la
mort." (214/5)
Pour renforcer le suspense psychologique, le bon
procédé à ce stade est de passer au chapitre
suivant, ne portant pas sur le même sujet... Aussi le lecteur
ne sait plus bien où il en est quand, quelques pages plus
loin, il retrouve Danny sans qu'une autre explication soit
donnée : "Le col et les
épaules de sa chemise étaient trempés et il
avait des hématomes au cou et sous le menton." (226)
Wendy croit que c'est son mari est le responsable. Déjà
sous l'emprise de l'hôtel, Jack poursuit son discours
pseudo-psychologique : "Il
avait nié toute responsabilité dans ce qui était
arrivé à Danny. Il avait paru sincèrement
horrifié par les bleus sur son cou et par son état
semi-comateux. Si c'était lui le coupable, il avait
probablement agi sous l'emprise d'un dédoublement de la
personnalité."
(230)
Aux parents maintenant de prendre
connaissance de la version de Danny : "Je suis entré dans la chambre,
commença-t-il. (...)
Alors elle s'est
dressée et elle a voulu me prendre. Je sentais bien que c'est
ça qu'elle voulait. Elle ne pensait pas vraiment, pas comme
Papa et toi vous pensez. Elle avait des pensées noires, des
pensées qui voulaient faire mal. (...)
Alors je me suis appuyé
contre la porte, j'ai fermé les yeux et j'ai pensé
à ce qu'avait dit Mr. Hallorann, que ces visions ne pouvaient
pas me faire de mal qu'elles étaient comme des images dans un
livre. Je me suis dit que si je répétais sans cesse
«Vous n'êtes pas là, vous n'êtes pas
là...», elle finirait pas s'en aller. Mais ça n'a
pas marché.
Sa voix se fit aiguë, hystérique.
- Elle m'a attrapé, elle m'a forcé à la
regarder... Je pouvais voir ses yeux..., ils étaient tout
petits.., puis elle a commencé à m'étrangler...
Je pouvais la sentir... Elle sentait la mort... " (217) Danny s'est évanoui quand
l'événement s'est produit, ce qu'ignorait le lecteur.
King ne nous contera pas ce qu'a fait la morte alors... Bel exemple
d'emprise psychologique d'un auteur sur son lecteur, que cet
épisode parcouru le c"ur battant. Il vaut mieux ne pas trop
réfléchir sur ce qu'un enfant de cinq ans peut bien
connaître de l'odeur de la mort... Mais on sait que le
récit d'horreur ne peut bien fonctionner que quand il est
question de vie ou de mort.
Le bal
d'inauguration.
En 1947, lors de sa
réouverture après un long abandon, un bal masqué
a été donné à Overlook pour
célébrer l'événement. Sur le carton
d'invitation : À minuit on ôtera les masques et le bal
commencera. Pour Danny, averti par Tony, Hallorann, puis enfin Jack,
l'hôtel est suspect : "Il se peut aussi que l'Overlook ne soit pas un
hôtel comme les autres.
(...) L'Overlook serait
plutôt hanté par le résidu psychique
laissé par ceux qui ont séjourné ici et par
leurs actes, bons ou mauvais. On peut dire, j'imagine, que tous les
hôtels sont «hantés» en se sens-là, et
tout particulièrement les vieux hôtels." (263) Il est vrai qu'on décède
beaucoup dans cet hôtel : "D'après mes calculs, entre quarante et cinquante
types sont morts dans cet hôtel depuis que mon
grand-père l'a ouvert en 1910." (33)
Jack est le premier à avoir vu
- ou cru voir - la vie parallèle secrète et
cachée de l'hôtel : "Autour de lui, l'Overlook commençait à
s'animer. (...)
C'était une perception
qui, sans faire appel ni à la vue ni à l'ouïe,
restait très proche d'elles, comme si elle n'en était
séparée que par une fine pellicule presque
imperceptible. Un autre Overlook, caché sous l'apparence des
choses, affleurait peu à peu et venait faire concurrence au
monde réel - si toutefois il existait un monde réel, se
dit Jack. Cela lui rappelait les films en trois dimensions de son
enfance. Si vous regardiez l'écran sans les lunettes
spéciales, vous n'aperceviez qu'une image double - exactement
l'impression qu'il avait maintenant. Mais, quand vous mettiez les
lunettes, alors tout prenait un sens. (...)
Toutes les chambres de l'Overlook étaient occupées ce
matin.
L'hôtel était au grand complet." (328)
La porosité des frontières entre le monde réel
et celui d'Overlook fait que, plusieurs fois, Jack paraît
participer à ce bal, cause avec le barman, boit abondamment
alors qu'il n'y a pas d'alcool dans l'hôtel, danse avec une
jeune femme séduisante. Puis brusquement Jack sort de cette
vision : "Le dancing
était vide.
Les chaises aux jambes grêles étaient posées
renversées sur les tables recouvertes de housses en plastique.
La moquette à motifs dorés avait été
remise sur la piste de danse pour en protéger le vernis. Sur
l'estrade déserte traînaient un microphone
démonté et une guitare sans corde, couverte de
poussière." (339) Et
il n'y a a pas de verre sur le comptoir. Le cerveau de Jack, qui se
dérange, a-t-il imaginé cette scène? Trois faits
viennent interdire cette hypothèse.
D'abord des objets insolites trouvés dans l'ascenseur,
après des bruits qui ont alarmé la famille Torrance,
attribués par Jack, devenu de mauvaise foi, à un
court-circuit : "Elle
réussit enfin à monter dans la cabine. Elle avait les
joues en feu, son front était d'une pâleur
lunaire. (...)
Qu'est-ce que tu dit de
ça. Jack? Est-ce un court-circuit?
Elle lui jeta quelque chose et le couloir s'emplit soudain d'une
pluie de confetti multicolores.
-Et ça?
C'était un serpentin vert, décoloré par
l'âge.
-Et ça?
Elle lança en l'air un loup de soie noire pailletée qui
alla atterrir sur les guirlandes de la moquette bleu de
nuit. (...) Sur la moquette jonchée de confetti le
loup fixait le plafond de son regard vide." (294) Un serpentin décoloré : de quand
peut-il bien dater? Comment est-il là?
Wendy entend des échos du bal : " Elle avait en effet cru entendre des voix, de la
musique, des rires, des applaudissements lui étaient parvenus
par intermittence, comme des messages codés à la
radio." Elle avait cru
comprendre que Jack discutait avec un certain Grady. "Les sons, les voix ne duraient jamais plus de
trente secondes à une minute, juste assez pour qu'elle se
sente défaillir de terreur." (348/9)
Au bar, "elle fut saisie par
une puissante odeur de gin. Pourtant les rayons étaient vides.
Où diable l'avait-il trouvée? Était-ce une
bouteille cachée au fond d'un placard? Mais où?
(...) Elle se pencha par-dessus le comptoir et le
découvrit, étendu de tout son long, ivre mort. A en
juger par l'odeur, il avait dû prendre une sacrée
cuite." (351)
Le serpentin fané, la musique
et les bruits de voix, l'odeur de gin. Wendy est
équilibrée, a fait preuve d'intuition et de bon sens.
Elle n'a pas l'imagination enfantine de Danny et le cerveau
dérangé de Jack. La conclusion s'impose
d'elle-même. Cet hôtel a sa vie propre, dans un plan
parallèle, sur le même espace géographiques, mais
négligeant les contraintes de notre temps. Avec de temps en
temps des débordements d'un plan sur l'autre, ce qui
justifierait ces débordements. Cette compréhension
permet à Wendy de conjuguer cette vie de l'hôtel et le
don de Danny pour en arriver à la conclusion que l'hôtel
veut s'en emparer.
"Ôtez vos masques !
Ôtez vos masques!
(Et la Mort Rouge les tenait en son pouvoir...)" 14 À plusieurs reprises Jack a eu la vision de ce
bal (234, 236/9, 243). Il en pénètre peu à peu
son fonctionnement. Il finit par admettre la réalité de
sa vie propre : "Il savait. Un
bal masqué cauchemardesque se tenait ici depuis des
années. Et petit à petit, secrètement,
silencieusement, un pouvoir maléfique s'était
emparé de ces lieux. Fallait-il parler de Force, de
Présence, d'Esprit? Peu importaient les mots. Pour se cacher,
le mal pouvait emprunter mille masques." (404)
La puissance occulte de l'hôtel vient du pouvoir
maléfique d'un esprit, dont l'ombre s'enfuit à la fin
du récit (dénouement privilégié par King
pour terminer une histoire, et qu'il reprendra plusieurs fois dans
d'autres romans). Elle se nourrit de ses visiteurs15. Elle veut surtout entrer en possession des
gens «brillants» (C'est un autre sens du titre : par son
don extraordinaire, Danny «brille» plus que d'autres). Sa
stratégie est d'utiliser le père pour posséder
le fils (dans le récit, Jack se bat pour conserver son
équilibre mental et Danny pour survivre).
Outre l'apparition de la chambre 217, les diverses apparitions du
barman Grady, l'interprète de l'hôtel, et des divers
invités du bal, (dont l'homme-chien (321, 333),
véritables marionnettes manipulées par l'hôtel,
il faut signaler pour être complet un enfant apparu dans le
tunnel du terrain de jeux (280).
Les objets
de l'hôtel.
Les créatures passées
dans le monde de l'hôtel sont évidemment restées
possédées et exécutent ses ordres dans notre
espace-temps, dans les moments temporels où les deux mondes
interfèrent. Mais ils paraissent être capables
occasionnellement d'action directe sur ce monde. L'hôtel
contacte ainsi Jack enfermé par précaution dans
réserve par sa femme. Jack jure au fantôme de Grady, le
barman, de tuer Danny. La porte s'ouvre alors de manière
inexplicable : "Le verrou fut
tiré avec un bruit sec et la porte s'entrebailla d'un
centimètre. Jack se tut et retint son souffle. Il lui semblait
que la mort elle-même se trouvait de l'autre côté
de la porte. (...)
La cuisine était
déserte. Grady avait disparu. (...) Sur la
planche, il vit un verre à cocktail, une bouteille de gin et
une assiette en plastique pleine d'olives.
Un des maillets de roque de la remise à outils était
appuyé contre la planche.
Pendant un long moment il ne put en détacher son regard."
(368)
Ce qui signifie que l'hôtel,
par l'intermédiaire de ses créatures, est capable
d'action sur des mécanismes de notre monde (la porte), de
déplacer et/ou de placer matériellement des objets.
Déjà de l'alcool avait été auparavant
fourni à Jack, qui s'était énivré, alors
qu'il n'y en a pas une goutte dans l'hôtel.
De la même manière sont contrôlés un petit
nombre d'objets, dont le principal est l'ascenseur, qui parait jouer
un rôle important. Il semblerait que l'hôtel ne
désire pas son remplacement, bien qu'il soit archaïque et
en mauvais état. Dès les premières pages du
roman, l'ascenseur parait avoir des difficultés
mécaniques à se situer par rapport aux niveaux des
étages : "Danny
regardait fixement cette dénivellation qui lui semblait porter
atteinte à l'ordre naturel des choses." (94) Chaque fête de l'hôtel se
manifeste par des mouvements de l'ascenseur. L'ascenseur sert de
«porte» entre les vies parallèles (ce qui
expliquerait son état). Wendy elle-même a entendu les
bruits de l'ascenseur (ainsi que ceux étouffés d'une
fête, et a eu un semblant de vision (291), avant de constater
que divers objets étaient restés dans la cage. D'autres
objets interviennent : le maillet du jeu de roque, qui hante les
rêves de Danny avant d'être utilisé par le monstre
pour le poursuivre, un extincteur (96,171), une pendule (295, 338)
"qu'un diplomate suisse avait
offerte à l'hôtel en 1949", qui marque le temps de l'hôtel : "Ses aiguilles marquaient minuit moins une."
(416), l'heure de la mort
rouge d'Edgar Poe. L'hôtel utilise pour sa défense
extérieure des buis taillés en animaux qui paraissent
menaçants à Hallorann, Jack et Danny (204,282/7).
D'abord inoffensifs, ils deviennent aussi dangereux que des fauves
quand l'hôtel est menacé, comme le lion de buis qui
agresse Hallorann : "Un
éclair de douleur lui lacéra le visage, le cou et les
épaules, tandis que sur sa nuque, son passe-montagne fut
déchiré de haut en bas. Il fut éjecté du
scooter et alla rouler dans la neige." (389)
Autres
procédés.
King utilise traditionnellement le
fantastique des lieux. En visitant l'Overlook, le visiteur est
surpris par ses nombreux couloirs et son caractère de
labyrinthe, aspects évidemment d'emblée angoissants :
"Mr. Ullman les fit passer par
un labyrinthe de couloirs et leur montra, au passage, quelques autres
chambres." "Ils sortirent au deuxième où ils
découvrirent un labyrinthe de couloirs encore plus
inextricable." (96) La mise
en condition des protagonistes et l'agression de Danny se produira
dans ces couloirs.
La cave, où se trouve la chaudière, devient peu
à peu l'endroit de prédilection de Jack, et
l'hôtel y accentuera son emprise, en lui préparant la
documentation nécessaire - équivalent du livre maudit -
(signalée par le barman parallèle Grady :
"On a laissé au
sous-sol à votre intention un certain album... - Qui l'a
laissé, dit Jack fiévreusement? - Le manager,
naturellement." (337) Il
utilise le caractère symbolique ou significatif des escaliers,
avec les mouvements montants (l'étage du haut interdit
à Danny) et descendant vers la cave, la partie obscure de la
maison, liée à la puissance souterraine de
l'hôtel.
Comme la plupart des auteurs fantastiques, King accorde beaucoup
d'importance à la mise en scène climatique qui lui
permet de renforcer le climat angoissant : "Vers huit heures du matin, tandis que la tempête
dehors rassemblait ses forces
dévastatrices..."
(347) Ces contraintes météorologiques retarderont
l'arrivée d'Hallorann et créeront un effet
supplémentaire de suspense. Dans l'inventaire qui sera fait
ultérieurement, on constatera que les conditions de temps
anormales sont propices à l'étrange, et quelquefois
amenées par des êtres surnaturels, ce qui n'est pas le
cas de Shining.
On peut encore noter la temporalité de l'hôtel
liée à la pendule, qui, brisée, marquera sa fin
: "Les fenêtres de
l'Overlook volèrent en éclats et dans le dancing le
globe en verre qui abritait la pendule sur la cheminée se
brisa en deux et tomba par terre. Le tic-tac de la pendule
s'arrêta, rouages et balancier s'immobilisèrent. Dans la
chambre 217," etc...
(418)
La fin
de l'hôtel.
Comme King le reproduira maintes fois
par la suite, l'entité n'est qu'un monstre de pacotille, juste
bon à faire peur aux grands enfants que nous sommes
restés. Le comportement de l'esprit qui habite l'hôtel
se fait geignard et quasi-infantile quand il se rend compte que le
combat devient incertain, comme un adulte rageur
dépassé par les événements se livre
à une gesticulation inutile : "Ah! non! Ça ne se passera pas comme ça!
Certainement pas! Non! ah! maudit enfant! Ce n'est pas possible! Ah,
ah, ah!". Il devient
dément après sa défaite : "La créature n'avait plus de voix;
elle seule entendait ces cris de rage impuissante et de terreur, ces
malédictions. Elle se dissolvait, se défaisait, se
vidait de son intelligence et de sa volonté. Elle cherchait
désespérément à fuir, mais il n'y avait
plus qu'une issue pour elle : l'anéantissement. La fête
était terminée." (418)
L'entité disparaît, alors que l'hôtel brûle
: "Hallorann fut le seul
témoin de la dernière scène, et il n'en parla
jamais. Il crut distinguer une grande forme noire qui
s'échappait de la fenêtre de la suite
présidentielle. Elle plana un instant devant l'hôtel,
pareille à quelque mante géante, puis, happée
par le vent, elle se déchira comme une feuille de vieux papier
et ses lambeaux furent emportés par un tourbillon de
fumée. L'instant d'après, elle avait disparu sans
laisser de trace. Peut-être n'avait-elle été,
après tout, qu'un nuage de fumée ou un morceau de
papier peint déchiré, ballotté par le vent.
Peut-être n'y avait-il rien eu d'autre que l'Overlook,
transformé en bûcher et flambant au c"ur de la nuit."
(421) Fin ambiguë d'un
monstre, qui méritait mieux. Il y en aura d'autres, plus ou
moins décevantes.
Dans les oeuvres qui suivront Shining, la
présence, presque toujours visible, spectaculaire du
surnaturel sera habillée des matériaux fantastiques les
plus divers. Si le motif utilisé dans Shining - la maison hantée - reste simple, King
employera, dans des modalités quelquefois plus complexes, des
monstres variés, utilisant toute la palette de la
monstruosité, parfois sur divers plans de temporalité.
Cette stratégie aux multiples facettes - dont
Ça
est la réalisation la plus complexe - se révèle
généralement cohérente dans la manifestation des
effets et les péripéties de l'action. Certains de ses
motifs seront développés dans l'intertextualité,
et King ne se prive pas d'annoncer ses références.
Mais une insuffisance pénible se révèle parfois
au moment de la monstration, qui confond la mise en scène
efficace et le Grand Guignol. Dans Shining,
l'affrontement attendu avec l'esprit de l'hôtel le montre
finalement sous un jour plutôt décevant. Il en est de
même de Ça, ce monstre polymorphe, qui se
révèle au-dessous des espérances. Pour
résumer en une formule, King est efficace et brillant dans le
suspense, la montée de l'escalier, mais nettement moins bon la
porte ouverte. Souvent d'ailleurs, il complète la monstration
par un complément cataclysmique, comme dans Shining l'incendie de l'hôtel. La destruction dune ville
entière dans la fureur lui plaît
particulièrement, pour parvenir à un de ces moments
où, comme le fait remarquer Astic : "La violence qui se déchaîne,
l'étalage du monstrueux finissent par ne plus signifier.
L'innommable et l'irrationnel emportent tout dans une sorte de chaos
généralisé." 18 Chez King, la mise en scène est très
visuelle, inspirée de celle des films dont le jeune King s'est
entièrement imbibé.
Enfin il faut noter que King diffère de la plupart des auteurs
populaires en ne cherchant que rarement à dénouer ses
récits de manière confortante. Si le bien triomphe,
cela se fait dans la douleur et sans prix de consolation. De plus, le
mal reste généralement en coulisses, près
à reparaître ailleurs, sous une autre forme.
Quant aux techniques littéraires, King se montre un auteur
duel, tantôt suggérant, tantôt montrant, souvent
même à l'excès. Il met en "uvre tour à
tour deux stratégies d'écriture, l'une
généralement liée à la découverte
du fait surnaturel, l'autre à sa manifestation. Comme
l'explique plus généralement Guy Astic,
"la première est
à l'origine des textes de l'ambiguïté, où
les catégories de l'évitement, de la suggestion, de
l'hésitation et du soupçon prévalent. La
seconde, particulièrement étudiée par Denis
Mellier, rassemble les textes de la monstration,
caractérisés surtout par l'excès ou le
paroxysme, l'expressivité, l'absence d'ambiguïté
et la force pathétique." 19
Avec Shining,
King a atteint la plénitude de ses moyens. Il a
créé la forme dans laquelle il coulera bon nombre de
ses livres fantastiques. Bien sûr, il y aura des variantes et
des évolutions, mais l'essentiel persistera. Il lui arrivera
de mettre en évidence tel aspect plutôt que tel autre,
mais il est bien rare qu'en dehors des changements dûs au
récit on ne retrouve pas en filigrane les mêmes
données. Avec son troisième roman publié dans le
registre du surnaturel, il a atteint sa maturité, après
avoir longuement fait ses gammes sur les nouvelles écrites et
publiées depuis sa première année
d'université.
Roland Ernould © Armentières, 2001.
1 Voir : les premières
nouvelles (avant 1973)
2 Fangoria, Stephen King-Clive Barker, les maîtres de la
terreur, éd.
Naturellement, 1999, 122.
3 Cette expression de la couleur des pensées
possible avec certaines voyances sera oubliée quelque temps,
mais réapparaîtra avec force dans Insomnie.
4 King a toujours eu peur de la folie et craint les
psychiatres. Voir sur ce sujet le chap. 23 de King et le sexe, éd. Naturellement, 2000.
5 Alors que, comme le souligne Guy Astic,
"l'autre forme de
cohérence («logique secrète ou inconnue »,
«lois [...]
mystérieuses») qui
vient concurrencer et ébrécher l'ordre familier ne se
laisse que pressentir, pas saisir." Le
fantastique, op. cit.,
12.
6 Guy Astic, Le
fantastique, op. cit.,
6.
7 Un autre exemple : "Danny se réveilla en sursaut avec l'impression
d'étouffer. Il venait de faire un affreux cauchemar: un
incendie avait dévoré l'Overlook. Sa maman et lui
l'avaient regardé flamber depuis la pelouse.
Maman avait dit: «Regarde, Danny, regarde les buis.»
Il les avait regardés: ils étaient tous morts. Leur
feuillage roussi laissait paraître par endroits, comme des
squelettes à moitié décharnés, des
touffes compactes de petites branches. Une torche vivante
s'était ruée dehors par la porte d'entrée.
C'était son père, les vêtements en flammes, ses
cheveux flambant comme un buisson ardent, la peau déjà
bronzée par un hâle sinistre." (320) À noter la perfidie de King qui
annonce un incendie tel qu'il s'est produit, et une mort horrible par
le feu qui ne se réalise pas dans le récit.
8 Déformation du titre du Caprice de Goya correctement cité dans en exergue :
"Le sommeil de la raison
engendre des monstres."
9 Signe que Danny, qui s'affirme et qui prend ses
diatances comme Tony le lui recommande, «grandit»
psychiquement : naguère Danny voyait Tony comme un
«grand», presque en âge de conduite une voiture, le
rêve de tout gosse, signe du passage de l'enfance à
l'âge adulte.
10 Hallorann ne sait pas trop si Jack, le père de
Danny, a le don : "Hallorann
hésita. Il avait sondé Jack et ne savait qu'en penser.
Ses essais avaient donné des résultats étranges,
comme si Jack Torrance cachait quelque chose, comme s'il gardait ses
pensées si profondément enfouies dans son esprit qu'il
était impossible de les atteindre. Je ne crois pas qu'il ait
le Don, dit-il enfin." (89)
Mais comme Jack a des visions, que n'a pas Wendy, on peut supposer
qu'il en possède au moins un don minimal.
11 Ce procédé est utilisé dans
Shining par les annonces de deux personnages.
Hallorann a un long entretien avec Danny qui renferme plusieurs
données importantes donnant un éclairage sur les
événements qui vont se produire. Tony, par ses
évocations reçues par Danny en état de
rêve et ses messages, complète les propos d'Hallorann.
Il faut noter que, dans Shining, King
n'utilise pas la prolepse, ce qu'il fait parfois : l'annonce par
l'auteur lui-même, en tant que conteur,et à mots
couverts, de l'issue généralement malheureuse des
événements, ou des difficultés qui attendent un
ou des personnages.
12 Deux autres fois par Hallorann, qui confirme ainsi le
propos du gardien Watson. Une fois pour prévenir Danny
à mots couverts et lui faire promettre de ne pas entrer dans
la chambre. Une seconde fois en rappelant un souvenir :
"Ce qu'il avait vu dans la
salle de bains de la chambre 217 avait été si horrible
qu'il avait décidé de ne pas revenir l'an prochain.
Ç'avait été pire que la pire des images dans le
plus terrifiant des livres."
(90) Du Lovecraft... La monstration ne viendra que plus tard.
13 King a également l'art d'introduire des
digressions, des notations abondantes de détails
réalistes, mais inutiles à l'action; ou des
réflexions de personnages parasitaires.
14 Un long extrait de Le Masque de la mort rouge, d'Edgar Poe, est cité en exergue du
roman.
15 Procédé d'antipation au moment où
la famille Torrance arrive à l'hôtel : "Ils étaient rentrés à
l'intérieur. C'était comme si l'Overlook les avait
engloutis." (91)
16 Est incidemment noté ici le rôle
négatif des parents : le père brutal de Jack, la
mère possessive de Wendy.
17 Un monstre ou une entité se manifestent toujours
chez King par des propos - souvent orduriers - liés à
la sexualité.
18 Guy Astic, Le
fantastique, op. cit.,
14.
19 Guy Astic, Le
fantastique, op. cit., 12.
L'ouvrage de Denis Mellier auquel il est fait allusion est
L'Écriture de
l'excès : poétique de la terreur et fiction
fantastique, op. cit.
A lire :
Denis Labbé, Gilbert Millet, Étude sur Stephen King, Shining
Ellipses Résonances,
2001.
note de
lecture
ce texte a été
publié dans ma Revue trimestrielle
différentes saisons
saison # 15 - printemps
2002.
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