L'avis de Stéphane Benaim ©,
L'Écran
Fantastique #
332, avril
2003
"Inspirée du roman éponyme
de Stephen King, cette adaptation un peu fade
réalisée par Lawrence Kasdan
(scénariste inspiré des Aventuriers de l'Arche
Perdu, de L'Empire contre-attaque, ou encore du Retour du
Jedi), se situe aux confluents de plusieurs genres. Du
fantastique au gore, en passant par la science-fiction ou
encore l'épouvante, l'histoire ne parvient pas
à s'ancrer dans un style authentique.
Malheureusement, cette confusion des genres se trouve
doublée d'une prolifération de
procédés narratifs (flashs-back
récurrents, temps présent et monde
intérieur onirique), qui renforcent la sensation
d'éparpillement du récit. Si les passages
intimistes du début se concentrent avec justesse sur
les péripéties des protagonistes, ils
s'accordent mal à la suite, qui décrit de
façon manichéenne une intervention
gouvernementale massive prête à
éradiquer toute une population contaminée.
Alors que la première partie, très
cinématographique, expose avec minutie les
personnages et leur amitié indéfectible
renforcée par des événements
traumatiques survenus durant leur jeunesse (renvoyant
directement à l'enfance meurtrie des héros de
It), la seconde moitié, plus proche du
téléfilm, s'enfonce dans le cliché de
la théorie grandiloquente du complot, type "X-Files",
avec ses sempiternels militaires et scientifiques
corrompus."
Seul passage "détonant", la
séquence-choc de la manifestation de l'Alien : "Cette
séquence-choc mémorable, unique passage
réellement gore du film et hautement humoristique,
laisse la place à une explosion réjouissante
de violence sanglante dans des toilettes. Ce n'est certes
pas la première fois que Stephen King se frotte aux
envahisseurs, ce fut déjà le cas avec Les
Tommyknockers, dont l'adaptation TV était
décevante. Avec Dreamcatcher, l'écrivain ne
parvient pas à renouveler le genre, ni à
surprendre, et la réalisation de Kasdan, en
dépit d'effets spéciaux surprenants, n'arrive
pas à trouver son rythme pour séduire vraiment
le spectateur."
Avec mes remerciements à
L'Écran
Fantastique. Voir aussi des
extraits d'une interview de Kasdan.
"Recette pour un navet d'après Stephen King. Prenez
des mollusques venus de l'espace qui se développent
dans le corps humain et jouez la carte de la scatologie
douteuse. Ajoutez des personnages aux pouvoirs filandreux et
multipliez les péripéties jusqu'à
l'incohérence. Saupoudrez d'effets spéciaux
assommants, et copiez autres films [tiens, pourquoi pas
Independence Day, même si cela a rien à voir?
Touillez lourdement, en faisant attention à ce que la
sauce ne prenne pas. Versez les giclées de sang et
d'humeur vaseux. Servez. 8 des giclées de sang et
d'humour vaseux. Servez." D. R. L'Express,
17/04/2003
"Dans cette nouvelle adaptation d'un best-seller de Stephen
King, quatre amis quadragénaires se retrouvent pour
les vacances dans un chalet isolé. Doués de
légers pouvoirs divinatoires, ils se souviennent de
leur enfance et de leur amitié avec un gamin
attardé mental. Une attaque d'extraterrestres va leur
permettre de comprendre la véritable origine de leur
petit camarade d'alors.
Flagrant spécimen d'un fantastique
conscient de soi, le film de Lawrence Kasdan exhibe
crûment ses propres déterminations
psychologiques en décrivant des individus incapables
de faire le deuil de leur enfance. Les créatures
monstrueuses, littéralement des étrons
carnassiers, renvoient le refoulé de l'horreur
à son origine physiologique et le fantastique
cinématographique à la gestion
désabusée, paresseuse et prosaïque
d'archétypes." Jean-François Rauger
Le Monde
, 17/04/2003
"Ne pas se fier au titre poétique,
«l'attrapeur de rêves», en français,
au risque de choper de gros cauchemars. Ceux de quatre
copains télépathes isolés dans une
forêt enneigée et embêtés par des
extraterrestres tenant du zizi mal en point, du ver de vase
mutant et de l'étron gluant Mais que les amateurs de
gore ne se réjouissent pas trop. Le roman de Stephen
King nourrissait son intrigue série B de suspense et
humanité. L'adaptation ciné n'est qu'un
brouillon visqueux." Cécile Mury, Télérama, 23/04/2003
" "Dreamcatcher : incontinence day ! Le
désastre est à la mesure des ambitions du
projet : gigantesque. Il y avait pourtant du beau monde sur
la ligne de départ : un réalisateur assez
prestigieux fourvoyé, un scénariste de renom
incapable de condenser les 600 pages du roman de Stephen
King (il faudra dire à Toullec de relire le bouquin :
700 pages, et non 600 !), des comédiens talentueux
dont surtout Morgan Freeman, qui livre l'unique prestation
navrante de toute sa carrière... Et d'autres
pointures encore, tous paumés dans une histoire
d'extraterrestres belliqueux qui flotte au gré de
scènes entre un premier degré mal
fagoté et un second involontaire. La grande question,
d'ailleurs : Dreamcatcher ne serait-il pas tout simplement
une invraisemblable satire pince sans rire à la
Starchip Troopers ? Le pavé de King abondait pourtant
dans le sérieux imperturbable (Toullec n'a
manifestement pas lu le même livre que moi !), et si
humour il y a, il nait tout bêtement de
l'impossibilité du tandem Kasdan/Goldman à
maitriser son sujet, une espèce de resucée de
la guerre des mondes qui part des retrouvailles annuelles de
quatre copains d'enfance doués de pouvoirs
paranormaux, lesquels doivent faire face, dans un paysage de
neige et d'isolement, à l'irruption de parasites
gluants à la David Cronenberg. Dans le roman, tout se
tient, tout s'enchaîne. Dans le film, quel souk entre
les pets sonores provoqués par les aliens
(littéralement chiés par le cul de l'homme),
l'expression maladroite de l'univers mental de l'un des
héros sous emprise des aliens, un
défilé zoologique à la Bambi et un raid
héliporté à la Independance Day.
Gavant, ridicule. Si Dreamcacther restera dans l'histoire du
cinéma, ce sera pourcompter auprès de Sphere,
Postman et Battlefield Earth, parmi les plus calamiteux
films de science-fiction." Ciné Live,
Marc Toullec, 23/04/2003. Envoyé par
"Sylvain Tavernier" syltavernier@wanadoo.fr
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