|
![]() |
![]() |
Comme la nature, Roland Ernould a horreur du vide. À 70 ans, cet ancien professeur consacre ses journées à un maître américain de l'horreur, Stephen King. Il surfe sur le Web et alimente, à jet continu, son propre site sur le romancier à succès (voir ci-contre).
Le vide, l'Armentiérois Roland Ernould en a fait
l'expérience voilà cinq ans, alors qu'il venait de
quitter sa grande maison du Pays de l'Alloeu pour un appartement en
ville. Il avait effectué toute sa carrière d'enseignant
à Armentières, aux lycées Paul-Hazard et
Gustave-Eiffel. Il avait enseigné pendant 25 ans à de
futurs professeurs. Certifié de lettres et histoire,
agrégé de philosophie et spécialiste de
psychopédagogie, il possédait 8 000 livres dans sa
bibliothèque. Il en a sacrifié les trois quarts.
"Un livre ne se vend
pas". Il a fait don de ses
ouvrages. Il avait amassé des kilos de documents relatifs
à la psycho-pédagogie. Il a offert son fonds à
une université polonaise. Il est reparti de
zéro.
Comment ce lettré sérieux, respectueux des classiques et de Malraux, Saint-Exupéry, Gide et Sartre, a-t-il rencontré l'univers de Stephen King ? Ce fut il y a dix ans. Roland Ernould avait constaté que le premier auteur lu par les jeunes était le romancier de Bangor (Maine). Il offrit Simetierre à son fils de 17 ans, féru de fantastique. Il le lut à son tour. "Ça ne m'a pas tellement branché, mais j'ai continué à en lire, par divertissement", confie-t-il. Il ne s'est plus détaché de cette oeuvre de plus de 40 titres.
Alors, pour combler le vide, il a songé à
étudier les écrits de Stephen King. Il a rejoint le
fan-club lillois du romancier, a écrit des articles pour sa
revue..."J'ai pris ça
comme une détente ; j'avais vécu une vie où les
trois quarts des lectures étaient obligées. J'ai
découvert petit à petit que, derrière le
divertissement, il y avait beaucoup à creuser."
Roland Ernould s'est mis à décortiquer l'oeuvre de
Stephen King, s'intéressant au mal, son thème majeur,
et accouchant d'un essai. Celui-ci a été refusé
par les éditeurs. Conseillé par son fils,
l'Armentiérois a choisi un thème plus "vendeur", le
sexe. Bingo ! Un petit éditeur vient de le publier (*).
Roland Ernould a deux autres essais en chantier sur le surnaturel et
sur les mythes. À chaque recherche, il relit tout King.
Aujourd'hui, ce bourreau de travail, qui consacre sept à huit
heures par jour à l'univers kingien, a lu cinq fois l'ensemble
de cette oeuvre. "Stephen King
restera comme une sorte de sociologue donnant une vision très
précise et riche des Américains de son temps,
plutôt que comme un grand auteur
littéraire",
estime-t-il. Outre son admiration pour la plume naturaliste de King,
Roland Ernould apprécie le fonctionnement de son imaginaire :
"Ses personnages sont des gens
qui vivent la vie ordinaire, dans laquelle apparaît un
événement insolite. Face à lui, ils continuent
d'avoir des réactions quotidiennes et ça leur donne de
l'humanité."
Il est fasciné par "la
richesse des thèmes, introduits dans les milieux sociaux les
plus variés. Il y a 40 ans d'une époque que j'ai
vécue". Enfin, il a
repéré des correspondances entre le romancier et lui.
"King a été
marqué par sa mère, une
méthodiste", qui lui a
inculqué une morale stricte. Roland Ernould a subi une
mère rigoriste. Comme King, il a connu sa femme alors qu'ils
étaient étudiants, ils partagent une vie paisible et
son avis lui est précieux.
Et le sexe, alors ? Dans l'oeuvre de King, il n'occupe pas plus de place que ça. Roland Ernould dresse un inventaire scrupuleux des passages sexuels écrits par King. C'est clair, précis et complet, mais ce travail de vulgarisation intéressera presque exclusivement les fans de Stephen King.
L'Armentiérois commence par une biographie du romancier. On
découvre un garçon complexé par ses rondeurs.
Cette biographie se fonde sur des documents américains,
recoupés. "À
partir de 25 ans,la vie et l'oeuvre de Steve se confondent et sa
biographie n'a plus d'intérêt", assure Roland Ernould. Du matin au soir, King
écrit.
"King est-il provocateur
?", glisse Roland Ernould en
fin d'inventaire. "Les
Tartuffe du sexe pris à leur propre jeu ! Quoi de plus
réjouissant ?". Mais
"King est-il choquant
?". Non : le sexe y a
"des aspects variés,
tendres, truculents, ironiques, poétiques, appliqués,
aériens, lourds. décrivant des humains authentiques,
vivant, pétant, pelotant, baisant, imparfaits sans doute. Mais
la vie réelle, pas la pornographie".
Cette vie, celle de la libération sexuelle, a intéressé Roland Ernould. "King est en retrait", commente-t-il. "Il a suivi l'évolution des moeurs, mais ne l'a pas appliquée pour son compte. Il est curieux du sexe, mais comme celui qui visite un zoo. C'est un voyeur". C'est aussi un être duel. Tiraillé entre ses plusions de fêtard animal et un équilibre mâtiné de réserve. Du mal, "il a une idée biblique : un Dieu lointain, le diable ; le monde est une confrontation entre forces du bien et du mal".
Roland Ernould ne partage pas cette vision, lui qui milita longtemps
à la Libre Pensée. Néanmoins, il emploie une
image métaphysique pour qualifier la mort. "Comme ma femme, je ressens une
inquiétude en pensant à la grande
ombre". Et il espère
laisser "une oeuvre en
relation avec moi".
Christian Furling
(*) Stephen King
et le sexe, Éditions
Naturellement, 540 pages, 180 F.
La Voix du Nord du Jeudi 25 Mai 2000
www.lavoixdunord.fr
![]() |
![]() |
Dès qu'il délaisse ses
essais destinés au support papier, Roland Ernould se consacre
au site Internet qu'il a voué à Stephen King. Il passe
généralement deux à trois heures par jour
à renouveler le contenu de ses pages et à
répondre aux messages d'interlocuteurs souvent jeunes, ce qui
lui permet de garder des contacts avec une tranche d'âge qu'il
a longtemps fréquentée.
Roland Ernould a créé son site de toutes pièces,
voilà un an. Depuis, il a attiré la bagatelle de 25 000
lecteurs. Ce site est volumineux, puisqu'il comprend environ 1 300
pages...
Il s'agit d'un ensemble très documenté, complet et
précis, ce qui est la marque de fabrique de Roland Ernould.
Ainsi, pour La ligne
verte, l'Armentiérois
a réuni un résumé des feuilletons écrits
par King sous ce titre, puis du scénario tiré de
l'oeuvre de "Steve", puis du film réalisé à
partir de ce scénario. Avec, à chaque étape, une
critique.
Roland Ernould donne aussi des nouvelles du romancier. Son site a
d'ailleurs pris de l'essor après l'accident de la circulation
dont a été victime Stephen King, l'été
dernier. L'ancien professeur surfe sur les sites des
périodiques du Maine, l'état où réside
l'écrivain américain. Et il en a donné des
nouvelles régulières, y compris photographiques.
La Voix du Nord du Jeudi 25 Mai 2000 www.lavoixdunord.fr
A signaler : dossier VALERIO EVANGELISTI : LE MAÎTRE CONTEMPORAIN DE LA SF
ITALIENNE. Numéro 57 de la revue Phénix, 2002, consacré à Valerio Evangelisti: un copieux dossier de 170 pages, dirigé par Roland Ernould, comprenant de nombreuses études personnelles (notamment deux, importantes, consacrées aux personnages d'Eymerich et de Nostradamus), une entrevue inédite, un article de Delphine Grépilloux et une bibliographie d'Alain Sprauel. Le dessin de couverture est de Sophie Klesen.
A propos de Roland, visitez son site, c'est plein de choses passionnantes.
Il s'agit du webzine trimestriel dirigé par Roland Ernould. Au programme, des nouvelles fantastiques (ce trimestre, c'est le Québécois Patrick Sénécal qui est à l'honneur), des chroniques, des articles. Mais on trouve aussi des perles dans les archives du site, notamment des pages sur Stephen King et Valerio Evangelisti.
Roland Emould signe un Stephen King et le sexe, aux éditions Naturellement.
Des tonnes d' informations sur le Maître sur le site d'Ernould, le meilleur site kingien en langue française : http://perso.club-intemet.fr/rernould. Un site plein à craquer et constamment remis à jour (c'est suffisamment rare pour en faire état!).
Roland Ernould a mis en ligne depuis le 14 septembre 1998 un site sur Stephen King: http://perso.club-internet.fr./rernould
L'intérêt de son site réside essentiellement dans le fait qu'il présente de réelles études sur le Maître de Bangor, à la différence d'innombrables sites qui surfent seulement sur la vague informationnelle, voire des rumeurs. Des études inédites paraissent régulièrement sur le site (par exemple, sur La Tempête du siècle, Albin Michel, 1999) et viennent s'ajouter à celles, plus anciennes, publiées sur papier (dans Steve's Rag, Cleaver, Stephen King Magazine...)
Un lien utile est fait en direction des "Revues soeurs". Il va sans dire que le site CARULI ménagera un lien avec ce site King, qui représente un très beau et très gros travail, utile pour les étudiants chercheurs et pour les amateurs de la petite fabrique de l'imaginaire conçue par l'auteur du récent Bag of Bones.
Relic #7, mars 1999, p. 48.
CARULI est le nom du site du Centre Aixois de Recherches Universitaires sur les Littératures de l'Imaginaire, www.up.univ-mrs.fr/~wcaruli,
"Le site vise à approfondir la compréhension de l'homme par une approche faisant appel aux sciences humaines et par une lecture approfondie des textes. Une lecture plutôt universitaire, qui séduira étudiants, professeurs et autres amateurs éclairés. Cela nous changera de certains sites insipides pour préadolescents boutonneux."
Cahier central infos,
p. 10. Je connais des "préadolescents boutonneux" qui ne vont
pas être contents.. .
|
![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |