La fille qui aimait Tom Gordon .
"Le base-ball
m'a sauvé la vie.
Chaque fois que j'ai eu besoin d'un coup de pouce, le base-ball
était là."1
Il y a presque dix ans, dans The Stephen King Story, George Beahm annonçait dans les projets immédiats de King une oeuvre sur le base-ball: "There is a baseball book in me. I did'n't mention it because that's the one that's closest to actually happening".2 : «il y a un livre sur le base-ball qui me travaille. Je n'en parlerai pas parce qu'il est celui qui est le plus prêt à mûrir». King a répété plusieurs fois qu'il pensait à quelque chose sur ce sport, mais rien n'a été publié à ce jour si on excepte un article, Head Down, dont je parlerai plus loin. Par contre, dans The Girl who loved Tom Gordon, avec ce joueur de l'équipe des Boston Red Sox, le base-ball sera sans doute en première ligne...
C'est l'occasion d'examiner les rapports passionnés qu'entretient King avec ce sport depuis son enfance. Son admiration pour les Red Sox ne date pas d'hier. Daniel Golden raconte, dans un article3, que l'année où King enseignait à l'Université du Maine, les Sox ont remporté le championnat contre les Yankees: "Il annula prestement sa classe pour faire la fête."...
Dans Le Corps,
qui est en grande partie autobiographique, on trouve des informations
sur ce qui a marqué Steve à douze ans. Avec le rock, le
base-ball figure en bonne place: "Mais cet été représente encore
bien plus (...)
Des échos des
Fleetwoods chantant Come
Softly to Me, de Robin Luke
chantant Susie Darlin,
et de Little Anthony faisant
pétarader les paroles de I Ran All the Way Home. (...) Pendant les longues soirées pourpres où le
rock and roll de WLAM se fondait dans le base-ball nocturne de WCOU, le temps
basculait. Pour moi, tout s'est passé en 1960 et cet
été a duré des années, gardé
intact par la magie d'un réseau de sons: le bourdonnement
ténu des criquets, le bruit de mitraillette des cartes
claquant sur les rayons d'un vélo, (...) la voix
texane et monotone de Budy Knox qui chante «Viens et deviens ma
poupée de fête, je te ferai l'amour, l'amour», et
la voix du commentateur de base-ball se mêlant à la
chanson et à l'odeur d'herbe fraîchement coupée:
«Le score en est à trois à deux. Whitey Ford se
penche... se débarrasse de l'écriteau... il y est...
Ford fait une pause... il lance... et ça y est! Williams a
tout pris de celle-là! Dites-lui adieu! RED SOX MÈNE, TROIS À UN! Ted Williams jouait-il encore avec les Red
Sox en 1960? Mon cul, je parie que oui. (...) je m'en
souviens très clairement. Pour moi cela faisait deux ans que
le base-ball s'était mis à compter, depuis que j'avais
été obligé de voir que les joueurs de base-ball
étaient faits de chair et de sang, comme moi. Cela m'est venu
quand la voiture de Roy Campanella a fait un tonneau et que les
journaux ont crié la fatale nouvelle en première page:
sa carrière était finie, il allait passer le reste de
sa vie dans un fauteuil roulant. Cela m'est revenu, le même
bruit sourd et mortel, quand je me suis assis devant cette machine
à écrire un matin, il y a deux ans, que j'ai
allumé le poste de radio et appris que Thurman Munson
s'était tué en posant son avion."(354)
Ce serait donc vers 10 ans que King aurait découvert le
base-ball. Sa mère l'a partiellement initié, en
s'intéressant aux Dodgers de Brooklyn avec ses
collègues de la laverie industrielle où elle a
travaillé quelque temps. Dans l'oeuvre de King, des enfants
s'y intéressent plus tôt, comme Danny, 6 ans, dans
Shining. Il a le «don» et Holloran, qui l'a
aussi, lui demande de lui envoyer un message
télépathique:"Au
moment de projeter sa pensée, il jugea plus prudent de
modérer son élan. Il ne voulait pas faire de mal
à M. Halloran. N'empêche que la pensée jaillit de
son esprit avec une force formidable, comme une balle de base-ball
lancée avec force par le grand Nolan Ryan."Quelle impresion
ça t'a fait? demande Holloran.
"- C'était comme si j'étais Nolan Ryan en train de
lancer une balle appuyée, répondit promptement
Danny;
- Alors tu t'intéresses au base-ball? (...)
- Papa et moi, nous sommes des
supporters des Angels. dans l'Ouest, c'est notre équipe
favorite. Parmi les équipes de l'Est, nous
préférons les Red Sox. Nous avons assisté
à la rencontre entre les Red Sox et Cincinnati en finale de la
Coupe du monde."(83/4)4
Aux Etats-Unis, ce sport repose maintenant sur une industrie qui réalise des profits considérables, par les droits perçus sur les média et quantité de produits dérivés, l'équivalent de ce à quoi on a assisté avec le mondial du foot-ball chez nous l'an dernier. Les joueurs, comme nos footballeurs, touchent des fortunes. Des sommes énormes sont misées par les amateurs sur des paris ou dans des concours de pronostics. Pour les jeunes, le base-ball est souvent lié à l'espérance d'un destin majeur -et pour les moins-doués, il reste un sprort intéressant. Dès son premier roman publié, Carrie, King nous donne un portrait du jeune homme complet, qui joue forcément au base-ball: "Ross était un athlète particulièrement doué. Son sport favori était le base-ball et il avait été admis dans l'équipe première de l'Universite d'Ewen dès son entrée au collège. Dick 0' Conneil, l'entraîneur de la grande équipe des Red Sox de Boston, a souligné qu'un avantageux contrat aurait été offert à Ross s'il avait vécu.
Mais Ross était également un étudiant brillant (...) et ses parents ont précisé qu'il était résolu à finir ses études (il comptait faire une licence de lettres) avant de devenir «pro» du base-ball." (107)
On comprend dès lors que,
quand, dans Le
Fléau, un virus a
fait disparaître la quasi-totalité des terriens,
Frannie, une survivante, décide de noter sur un carnet les
choses disparues qu'elle regrette. C'est tout naturellement qu'elle
note, dans ses souvenirs de la civilisation qui existait avant le
fléau: "Choses dont je
veux me souvenir: Les Texas Rangers (équipe de base-ball)
avaient un lanceur, Nolan Ryan5, absolument
incroyable."532
Le base-ball est, bien sûr, un des sujets de conversation des
gosses: "On est resté
quelque temps sous l'arbre à bavasser comme d'habitude -quelle
était la meilleure équipe de base-ball (toujours les
Yankees avec Mantle et Maris, bien sûr)."(Le
corps, 351) Dès
que des gosses trouvent un terrain propice, ils y jouent:
"A trois immeubles de
là, des gosses disputaient une partie de base-ball dans la
lumière déclinante."(L'homme qui
aimait..., 371)
C'est aussi, comme le temps qu'il fait, un moyen commode d'entrer en
communication avec les gens: "L'homme fit un signe en direction de la radio.
Yastrzemski venait de manquer son coup.
- Vous êtes un fan des Red Sox? Moi, je suis pour les
Yankees."(Pastorale, 259)
Ce qui peut entraîner des fâcheries avec les voisins de
quartier: "On parlait
base-ball avec M. Hammond, qui habitait Laurel Line et taillait
inlassablement sa haie. M. Hommond travaillait chez IBM («ce qui
signifie Incessantes Bordeliques Mutations, vous
répétait-il constamment tandis que ronronnait son
sécateur électrique) et était un ardent
supporter de l'équipe d'Atlanta. Il affichait un certain
mépris pour l'équipe de Cincinnati -les Rouges- ce qui
ne le mettait pas forcément au mieux avec ses
voisins."(Charlie, 165/6)
L'écoute, à la radio ou la télévision,
est un des passe-temps préférés des adultes.
Quand il fait mauvais, "les
personnes âgées douées de bon sens se trouvaient
chez elles, bien au chaud, regardant peut-être l'une des
dernières parties des Red Sox."(201) Mais, compte-tenu de la durée de la saison
des championnats de base-ball6, c'est dans la douceur qu'on peut goûter les
émotions d'une bonne partie: "C'était les grandes vacances. On pouvait sentir
l'odeur de l'herbe fraîchement tondue. Au second étage
d'un immeuble, par la fenêtre ouverte, s'écoulaient les
péripéties d'un match de base-ball, les Yankees
menaient par six à zéro contre les Red Sox à la
fin de la huitième manche et Ted Williams tenait la
batte."(Cours, Jimmy..., 202)
C'est souvent l'occasion de profiter de la douceur du soir:
"La cigarette de Crandall
luisait comme une grosse luciole paisible dans la chaude nuit
d'été, et la voix étouffée d'un speaker
de radio commentait en sourdine un match de base-ball. Tout cela
s'associait pour donner à Louis un sentiment des plus
étranges, proche de celui qu'on éprouve en retrouvant
des lieux familiers."(Simetierre,
26)
Avec, bien souvent, du liquide pour se soutenir: "Retranché sous le porche
arrière [de sa maison], une bouteille
de lait pleine d'un cidre quasiment aussi fort que du calva, le poste
de radio portatif à portée de la main, il attendait sur
sa chaise berçante la retransmission d'un match qui
promettait: les Red Sox contre les Washington
Senators."(Ça 649 Et même beaucoup de liquide: "Il s'était envoyé près de
trois packs -trois packs de six bières- pendant la
retransmission du match de base-ball, et il était un peu dans
les vapes. (...) La partie s'était prolongée sur
quatorze reprises, et tout ça pour rien. Les White Sox avaient
perdu. Quelle bande de tarés, cette
année!"(Ça,
110/11) Les gourmands peuvent évidemment y associer du
solide:"Il ne répugnait
pas pour autant à s'envoyer un sac entier de Doritos
trempés dans une boîte de sauce aux clams tout en
regardant un match de base-ball à la
télé."(La
Peau..., 29)
Le récit de la la nouvelle Pastorale se
déroule en partie sur un fond discret de base-ball,
constamment évoqué au cours des
événements: "À cette époque, Harold Parkette aimait
à siroter un verre de bière en écoutant un match
à la radio et il se disait alors que tout était pour le
mieux dans le meilleur des mondes."(259) Sauf qu'il a des problèmes avec sa pelouse
et a des difficultés à trouver des jardiniers
occasionnels: "Début
mai, il engagea quelqu'un d'autre, puis juin s'écoula, et
pendant ce temps son équipe favorite stagnait à la
quatrième place."(260)
"Vers la fin du mois, Harold
sortit dans le patio pendant le septième tour de batte de son
match de base-ball..."(260)
"Il ouvrit une boîte de
bière et soupira en apprenant que Dick Drago, son batteur
préféré, était en bien mauvaise posture.
Une légère brise balaya le perron. Les criquets
stridulaient dans l'herbe haute. Harold murmura quelques mots peu
aimables à l'égard de Dick Drago puis
s'assoupit."(261)
Les parties décisives d'un championnat sont l'occasion de
véritables mouvements sociologiques affectifs. Dans le
microcosme d'une prison, l'ambiance peut être survoltée,
enfermement aidant. Andy est en prison: "Son humeur noire l'a quitté vers l'époque
du championnat de 1967, l'année de rêve, l'année
où les Red Sox ont remporté le flambeau au lieu
d'être neuvièmes, comme l'avaient prédit les
bookmakers de Las Vegas. Quand c'est arrivé -quand ils ont
gagné le Tournoi des Amériques- toute la prison en a
été comme grisée. Il régnait une sorte de
bonheur imbécile: si les Dead Sox pouvaient revenir à
la vie, alors peut-être n'importe qui pouvait y arriver.
Aujourd'hui je suis incapable d'expliquer cette impression, pas plus
qu'un ex-beatlemaniaque ne pourrait expliquer sa folie, je suppose.
Mais c'était réel. Toutes les radios de la prison
étaient branchées sur les matchs quand les Red Sox
arpentaient le terrain. Une ombre est passée quand ils ont
perdu deux points à Cleveland, vers la fin, et une joie
exubérante quand Rico Petrocelli a donné le coup
décisif. Et puis la déprime, quand Lonborg a
été battu dans le second match de la série,
empêchant le rêve de s'accomplir jusqu'au
bout."(Rita Hayworth..., 75/6)
À l'occasion d'un voyage dans une grande ville, c'est un
divertissement apprécié: "Et si les Yankees jouaient ce soir? Un match qui
vaudrait peut-être la peine. Prendre le métro jusqu'au
stade, avaler une bonne bière, bouffer des hot dogs, et
regarder les yankees flanquer une raclée à ces connards
de Cleveland ou de Boston..."(Le
Fléau, 33).
Un spectacle sportif qui, pour le campagnard en virée à
la ville, peut être doublé d'autre chose, dans les rues
chaudes par exemple: "Eh ben,
j'irai peut-être voir jouer les Dead Sox au stade de Fenway.
Ferai certainement un tour par le rue Washington...
- La zone de combat! Putain, j'ai bien connu!» Gary
s'étrangla de rire et se tapa sur les cuisses.«Voir des
trucs cochons et essayer de s'attraper une
chaude-pisse!"(Cujo 118)
Rares sont les personnages importants qui ne s'intéressent
pas au base-ball, comme Ralph, dans Insomnie
"Ralph n'éprouvait
aucun intérêt pour les Red Sox."(201) L'intérêt collectif est en
effet si important qu'on utilise ce sport avec succès dans la
publicité: "Ils avaient
commencé par une affaire de peu d'importance: il s'agissait de
présenter dans la presse écrite, une campagne
publicitaire pour l'Association d'aide aux
hémiplégiques.
Ils avaient proposé une image très dure, en noir et
blanc, représentant un petit garçon appuyé sur
d'énormes et cruelles béquilles, tout debout contre la
ligne de démarcation d'un terrain de base-ball pour minimes.
Il portait une casquette aux couleurs des New York Mets, et son
expression -Roger avait toujours soutenu que c'était
l'expression triste de l'enfant qui avait fait vendre la pub-, ne
trahissait aucune tristesse; elle était simplement
rêveuse, presque joyeuse, en fait. La légende
était simple: BILLY BELLAMY NE
MARQUERA PLUS JAMAIS LE COUP GAGNANT. En dessous: BILLY EST
HÉMIPLÉGIQUE. Et
encore en dessous, en caractères plus petits: Aidez-nous un
peu, d'accord?"(Cujo,
36)
Les jeunes pratiquent
assidûment le base-ball, mais aussi, en complément,
collectionnent les photos des joueurs. Steve et Cynthia rencontrent
sur la route un camping-car abandonné.Ils décident de
le visiter: "Pendant qu'elle
passait dans la partie habitation, Steve alla explorer l'avant,
tête baissée pour ne pas se cogner. Sur le tableau de
bord étaient disposés trois paquets de cartes de
base-ball, triées en fonction des équipes -Cleveland
Indians, Cincinnati Reds, Pittsburgh Pirates. Il les regarda. Plus de
la moitié étaient signées, et beaucoup de cartes
signées étaient personnalisées. En bas de celle
d'Albert Belle, il lut: «A David - Continue à frapper!
Albert Belle.» Et sur une autre, dans la pile de Pittsburgh:
«Regarde la balle avant de prendre ton élan, Dave. Ton
ami, Andy Van Slyke.»
(...)
Il n'a emporté que
celles auxquelles il tenait le plus, se dit-il avec un petit sourire.
Celles qu'il ne supportait pas de laisser à la
maison."(Désolation, 121)
Le plus long développement concernant les cartes de base-ball
se trouve dans Bazaar. King
nous donne d'abord une idée sur la manière dont
s'effectuent les transactions. De même qu'il procède
avec tous ses clients pour les appâter, Leland Gaunt demande au
jeune Brian ce qu'il désire le plus: Sandy Koufax,
répond le gamin: "«Sandy Koufax, répondit Mr Gaunt, songeur.
Comme c'est intéressant.
- Enfin, pas Sandy Koufax lui-même, mais sa carte de
base-ball.
- Des Topps ou des Fleers?» demanda Leland Gaunt.
Brian n'avait jamais cru que cet après-midi allait lui
révéler des surprises encore plus agréables,
mais le fait était là: Mr Gaunt s'y connaissait aussi
bien en cartes de base-ball qu'en bois pétrifié et en
géodes. C'était stupéfiant, vraiment
stupéfiant.
«Les Topps.
- Je suppose que c'est sa carte de première années qui
t'intéresse, fit Leland Gaunt d'un ton de regret. Je ne pense
pas pouvoir faire quelque chose pour toi, dans ce cas, mais...
- Non, pas celle de 1954. Celle de 1956. C'est la carte de 56 que
j'aimerais avoir. j'ai une collection de cartes de base-ball de cette
année-là. C'est mon père qui m'a donné
l'idée de cette collection. C'est amusant, et il y en a
quelques-unes qui valent cher: Al Kaline, Mel Parnell, Roy
Campanella, des types comme ça. J'en ai déjà
plus de cinquante. Y compris Al Kaline. Elle coûtait
trente-huit billets. je peux vous dire que j'en ai tondu des
pelouses, pour avoir Al.
- Je te crois volontiers, admit Mr Gaunt avec un sourire.
- Oui, comme je le disais, les cartes de 56 ne sont pas très
chères, en général. Cinq dollars, sept,
quelquefois dix. Mais une Sandy Koufax en bon état coûte
entre quatre-vingt et cent billets. Ce n'était pas une grande
vedette, cette année-là, mais évidemment les
choses ont changé, depuis l'époque où les
Dodgers étaient à Brooklyn. Tout le monde les traitait
de traîne-patins: c'est mon père qui me l'a
dit."(41)
Et pour les jeunes, l'histoire du base-ball a quelque chose de
mythique. Leland Gaunt présente une boîte à
chaussures contenant les cartes qu'il a en magasin et recherche celle
réclamée par Brian: "Brian les regardait défiler à toute
vitesse, muet d'étonnement. Le type de la boutique de Noth
Conway [où il achète habituellement ses
cartes] détenait une jolie collection (pour un
«plouc», comme ajoutait son père) De vieilles
cartes, mais le contenu de tout son magasin n'était rien en
comparaison des trésors jetés en vrac dans cette
ancienne boîte à chaussures. Il y avait des cartes de
tabac à chiquer avec des photos de Ty Cobb et de Pie Traynor.
Des cartes de cigarettes avec celles de Babe Ruth, de Dom DiMaggio et
de Big George Keller et même Hiram Dissen, le lanceur manchot
qui avait joué dans les White Sox pendant les années
quarante. LUCKY STRIKE GREEN EST SUR LE
FRONT! proclamaient plus d'une
des cartes de cigarettes. Et là -à peine eut-il le
temps de l'apercevoir-, un visage large et solennel au-dessus d'une
tenue de l'équipe de Pittsburg...
«Mon Dieu, mais c'était Honus Wagner, non?»
s'exclama Brian. Son coeur lui faisait l'effet d'un tout petit oiseau
qui se serait égaré au fond de sa gorge et y voletait,
pris au piège. «C'est la carte de base-ball la plus rare
de tout l'univers!»"(...)
Ses longs doigts rabattaient
les cartes rapidement; défilaient des visages d'une autre
époque, prisonniers de leur protection en plastique
transparent, des hommes qui avaient frappé la batte,
rattrapé la balle ou regagné acrobatiquement leur base,
héros d'un âge d'or enfui, un âge qui suscitait
des rêves joyeux et vivants chez le jeune garçon.
«Un peu de tout, voilà le secret de la réussite
pour une entreprise comme la mienne, Brian. Diversité,
plaisir, émerveillement, satisfaction... c'est aussi le secret
d'une vie réussie d'ailleurs... (...) Bon,
voyons... ça doit bien être quelque part... Ah»
Il tira une carte du milieu de la boîte comme un
prestidigitateur qui fait un tour, et la déposa triomphalement
dans la main de Brian.
C'était bien une carte Sandy Koufax.
C'était bien une carte des Topps de 56.
Et elle était signée.
«À mon vieil ami Brian, avec mes meilleurs voeux, Sandy
Koufax», lut Brian d'une voix étranglée.
Étranglée au point qu'il fut incapable d'articuler un
mot de plus."(42)
Brian vient de recevoir de Leland
Gaunt la carte de Sandy Soufax, dans son enveloppe en plastique. Il
n'ose pas l'ouvrir, et c'est Gaunt qui le fait à sa place, lui
mettant la carte dans la main. Brian regarde la carte avec les yeux
d'un amoureux: "Il apercevait
de minuscules creux à la surface de la carte, ceux
laissée par la plume du stylo avec lequel Sandy Soufax avait
signé son nom et écrit celui de Brian. La signature de
Sandy Koufax était presque identique à sa signature
imprimée, sauf que cette dernière se lisait
«Sanford Koufax» Mais la signature manuelle était
mille fois mieux, parce qu'elle était réelle. Sandy
Soufax avait tenu cette carte et opposé sa marque dessus, la
marque de ses mains si vivantes et de son nom magique.
Mais il y avait en plus le propre nom de Brian. Sans doute un
garçon avec le même prénom que lui avait-il
attendu près du vestiaire avant une partie, et Sandy Koufax,
jeune et fort, ses parties de gloire encore à l'état de
simple promesse, avait pris la carte qu'on lui avait tendue (et
d'où se dégageait encore, probablement, un parfum
douceâtre de chewing-gum rose) et apposé sa marque
dessus...c'est-à-dire aussi la mienne, songea
Brian."
Il se met à rêver: "Agréable odeur d'herbe fraîchement
coupée.
Lourd claquement du frêne7 contre la peau
de cheval.
Cris et rires en provenance de la cage de base8.
«Bonjour, monsieur
Koufax. Pouvez-vous me signer une carte, s'il vous
plaît?»
Un visage étroit. Des yeux bruns. Des cheveux sombres. Il
soulève un instant sa casquette, se gratte la tête
à hauteur de ses premiers cheveux, remet la casquette.
«Bien sûr, petit.» (Il prend la carte.) «Comment
t'appelles-tu?
- Brian, M'sieur, Brian Seguin.»
Scritch, scratch, scrotch sur la carte. La magie, les lettres de
feu.
«Veux-tu devenir joueur de base-ball quand tu seras grand,
Brian?» La question sonne comme si elle était
récitée par coeur, et il parle sans lever les yeux de
la carte qu'il tient dans sa grande main droite, afin d'écrire
de sa main gauche, celle qui ne va pas tarder à devenir
magique.
«Oui, M'sieur.
- Alors répète tes exercices.» Et il lui rend la
carte.
«Oui, M'sieur!»
Mais déjà Sandy Koufax s'éloigne, tout d'abord
au pas, puis au petit trot sur l'herbe fraîchement
coupée, en direction des vestiaires, tandis que son ombre
trottine à côté de lui..."(42/3)
L'histoire des gens est souvent
rattachée à des événements liés au
base-ball, qui laisse chez les amateurs, des souvenirs durables:
"Larry se mit à penser
aux matchs de base-ball qu'il regardait à la
télévision, cinq ans plus tôt. Un souvenir qui
lui faisait chaud au coeur, car c'était la dernière
fois qu'il s'était senti vraiment heureux, en pleine forme,
l'esprit en paix."(Le
Fléau, 232) Dans
un tel climat, la réputation est souvent
déterminée par le degré de performance atteint
dans ce sport: "Mon
frère Pete est mort d'une appendicite
aiguë;
(...) il venait tout juste de
fêter ses quatorze ans, et il était le meilleur batteur
de base-ball du pays."(Simetierre,
69)
Une passion aussi prenante suscite des souvenirs inoubliables de
jeunesse. Un adulte revient sur les lieux de son enfance et va revoir
"le terrain où les
gosses jouaient au base-ball -à l'époque où, lui
semblait-il, quatre-vingt-dix pour cent de la population était
composée d'enfants".
Les enfants jouaient au base-ball sur ce terrain jouxtant un
dépôt pour camions, dont un des propriétaires,
Tracker, se plaisait à entraîner les joueurs:
"Le terrain n'avait
guère changé, mais il suffisait de le voir pour se
rendre compte qu'on n'y jouait plus au base-ball. Les traditions ne
s'étaient pas perpétuées, pour d'obscures
raisons.
En 1958, ce n'était pas des lignes blanches de chaux qui
délimitaient le périmètre de jeu, mais les
sillons creusés par les pieds des coureurs. Il n'existait pas
de vraies bases
pour ces garçons
(...), mais Tony gardait
précieusement quatre morceaux de toile à bâche
crasseux, que l'on disposait cérémonieusement ensuite
sous l'un des bâtiment de briques, quand le crépuscule
mettait définitivement fin au jeu."Eddie évoque un joueur plus fort que son
âge qui est lent, a du mal à se déplacer, mais
"quand il réussissait
à prendre une balle, elle allait très, très
loin. Les deux qu'il avait expédiées par dessus la
barrière avaient été miraculeuses. On n'avait
jamais retrouvé la première, alors qu'ils avaient
été une bonne douzaine à fouiller la pente raide
qui descendait dans les friches.
Quand à la deuxième (...) Il avait
frappé celle-ci avec une telle vigueur que l'enveloppe,
déjà un peu fatiguée, était
retombée au sol à un mètre à peine de la
deuxième base, comme un gros papillon, tandis que la balle
elle-même s'élançait dans une superbe
lumière de crépuscule tout en s'effilochant, et que les
enfants se tournaient pour suivre sa progression, frappés
d'admiration. Elle s'élevait encore quand elle avait franchi
la barrière et Eddie se rappela l'exclamation de Stringer
Dedhamm: «Sainte merde!» lancée à voix
retenue et stupéfaite, tandis qu'elle décrivait son arc
suivi d'une chevelure de comète. Elle n'avait sans doute pas
encore touché le sol que déjà une demi-douzaine
de gamins grimpaient comme des singes à la barrière.
Tony Tracker riait, l'un air idiot, et avait crié:
«Celle-là serait sortie du Yankee Stadium, vous
m'entendez? Celle-là serait sortie de ce putain de
stade!»
C'était Peter Gordon qui l'avait trouvée, non loin du
ruisseau. (...)
A vrai dire, il n'en restait
plus grand chose, sauf que, et c'était presque un miracle, le
fil ne s'en était pas rompu.
Sans se concerter, les garçons avaient ramené les
restes de la balle à Tracker, qui les avait examinés
sans dire un mot, entouré du groupe silencieux des enfants. De
loin, on aurait pu voir dans le tableau de cet homme imposant
entouré de gosses la célébration de quelque
culte de vénération pour un saint
objet. (...) La pelote que Tony Tracker lui avait tendue
était à peine plus grosse qu'une balle de golf
9."(Ça,
536/8)
Stephen King a su utiliser avec
habileté son goût pour le base-ball, et plusieurs
passages cités plus haut sont un témoignage de cet
attrait. Celui qui me semble le plus réussi est celui qui
narre le cadeau d'un peintre alcoolo, Dave, à un enfant
cancéreux, Joe. C'est le père qui raconte:
"Ce que Joe aimait le plus,
c'était le base-ball. Il en était fou. Il
collectionnait les autocollants, les emballages de chewing-gum... il
me bassinait pour que j'achète une antenne parabolique de
réception: il voulait voir les parties des Royal
-c'étaient ses préférés- et celle des
Cubs, aussi sur WGN, la station de Chicago. À huit ans, il
connaissait la moyenne de tous les joueurs de la Ligue
américaine. Dave et moi, nous l'avons amené voir des
parties trois ou quatre fois. C'était quelque chose d'amener
ce gosse dans une visite guidée du paradis. Dave l'a
emmené deux fois, lorsque j'étais pris par mon
travail."
Joe est tombé malade,
et les médecins lui ont annoncé qu'il ne pourrait
assister à aucune partie les mois suivants: " Quand Dave est venu le voir, Joe s'est mis
à pleurer à cause de ça. Dave l'a serré
dans ses bras et lui a dit: «Si tu ne peux pas aller voir les
parties, Joe, eh bien, je t'amènerait voir les Royal,
moi.»
Joe l'a regardé et lui a demandé: "Comment, en
personne, Oncle Dave? C'est comme ça qu'il l'appelait, Oncle
Dave.
"Non, là je ne peux pas, mais je peux faire presque aussi
bien, tu vas voir... il a répondu.»
Les médecins ont prévenu les parents que l'enfant
était condamné: "Dix jours après lui avoir fait
sa promesse, Dave est arrivé dans la chambre de Joe, à
l'hôpital, un sac en papier dans chaque bras. «Qu'est-ce que tu apportes, Oncle
Dave?»"que demande Joe, en s'asseyant sur son
lit. (...) «Les Royal, évidemment,
répond Dave Je te l'avais dit, non?»...
Alors il a posé les deux sacs sur le lit et les a
renversés. Il fallait voir l'expression sur la figure du
petit... Jamais, jamais je n'avais vu ça. Il s'est
illuminé comme un sapin de Noël."
Le père pleure de
chagrin à ce souvenir: "Lorsque Dave a retourné les sacs, ce sont des
balles de base-ball qui sont tombées, plus de deux douzaines.
Mais pas n'importe quelles balles car ils avait un visage peint sur
chacune, celui d'un des joueurs de l'équipe 1980 des Kansas
City Royal. C'était pas non plus -comment on dit
déjà? des caricatures. Non, c'était aussi bien
que les têtes de Norman Rockweell pour les premières
pages du Saturday Evening Post. J'avais vu le travail de Dave, ce
qu'il faisait avant de s'être mis à boire vraiment
sérieusement, et c'était bon, mais ça ne valait
pas ça. Il y avait Willie Aikens, Franck White, U. Washington,
George Brett... Willie Wilson et Amos Otis... Dan Quisenberry, qui
avait l'air aussi mauvais qu'un méchant dans un film de
cow-boy... Paul Splittorff et Ken Brett... je ne me souviens pas de
tous les noms, mais c'était toute la foutue équipe, y
compris Jim Frey, l'entraîneur.
Et avant de venir apporter les balles à Joe, il est
allé à Kansas City et s'est débrouillé
pour que tous les joueurs les signent, sauf un. C'est Darrel Porter,
un receveur, mais il a promis de signer se balle dès qu'il
pourrait. Et il l'a fait."
C'était un travail considérable: "Ce que je ne sais pas, c'est comment il s'y
est pris pour aller aussi fichtrement vite. Tout ce que je peux
imaginer, c'est qu'il a dû travaillé jour et nuit, parce
qu'il avait terminé en dix jours. Et c'était bougrement
réussi;
Il savait bien qu'il fallait aller vite."(197)
"- Vous auriez dû voir
son expression, répondit Soames d'une voix lointaine. Vous
n'auriez pas cru ça possible, de le voir assis dans son lit,
en train de regarder toutes ces figures avec leurs casquettes aux
couleurs de Kansas City posées sur leur tête ronde. je
ne sais pas comment les décrire, mais jamais je ne
l'oublierai... Vous auriez dû voir son expression...
Joe s'est beaucoup affaibli vers la fin, mais jamais au point de ne
pas pouvoir voir les Royal à la tété, ou de ne
pas écouter le reportage à la radio, et les balles
étaient toutes rangées dans sa chambre. Le rebord de la
fenêtre était cependant la place d'honneur. C'est
là qu'il disposait les neuf hommes qui jouaient la partie
qu'il regardait, ou dont il écoutait la retransmission. Si
Frey changeait de batteur, Joe l'enlevait du bord de la fenêtre
et le mettait de nouveau à sa place. Et quand le joueur
était à la batte, Joe prenait la balle avec sa main.
Ainsi-»
Soames s'interrompit brusquement et enfonça le visage dans son
grand mouchoir."(198/9)
On peut noter que le stade de Bangor, construit grâce au
financement de King, a pour nom «stade Mansfield», du nom
du fils de l'entraîneur de l'équipe des minimes dans
laquelle a joué Owen, le second fils de King. Sur la
stèle à l'entrée du stade est portée
l'inscription: «À Shawn Trevor
Moansfield10 et tous les autres gamins qui ne pourront jamais jouer
au base-ball.»
L'intérêt peut se situer
au niveau de l'intrigue. On connaît les conséquences de
l'achat de la carte de base-ball par Brian: le mensonge, la vilenie,
le désespoir et le suicide. Car cette carte n'existe que dans
son imagination. Son plus jeune frère, Sean, a constaté
l'intense intérêt que Brian manifeste pour une nouvelle
carte. Quand il la découvre, comme il n'est pas
illusionné par Leland Gaunt, il voit cette carte comme elle
est: "L'aîné
croyait que son cadet ignorait tout de la carte, mais il se trompait.
Sean savait même qui était dessus, car arrivé de
l'école bien avant son frère, aujourd'hui, il
s'était introduit dans sa chambre pour la regarder. Il se
demandait pourquoi Brian y tenait tant; elle était vieille,
sale, écornée, à demi effacée. En plus,
Sean n'avait jamais entendu parler de ce joueur, un lanceur des
Dodgers de Los Angeles du nom de Sammy Koberg, dont les coups
gagnants se comptaient sur les doigts de la main. Un type qui n'avait
même pas passé une année entière dans la
première division. Qu'est-ce que Brian pouvait bien lui
trouver, à cette carte?"(509)
Il trouve Brian assis dans le garage, le fusil de chasse de son
père le canon pointé vers sa tête:
"Brian s'accrochait d'une main
à l'arme et tenait de l'autre la vieille carte de base-ball
crasseuse qui semblait avoir une si grande emprise sur sa vie, depuis
une semaine."Sean est
épouvanté: "«Fais pas l'idiot! Tu... tu me fiches la
trouille!
- Tu dois me faire une promesse», répondit Brian. Il
avait enlevé chaussettes et tennis et glissait un gros orteil
sous le pontet de la Remington. (...) «Ne
va jamais là-bas, reprit-il. Le Bazar des Rêves est un
endroit empoisonné, et Monsieur Gaunt un
empoisonneur.(...)
Jure-moi que tu
n'achèteras jamais les poisons que vend Monsieur
Gaunt.»
Sean jure ce que veut Brian et le supplie de poser le fusil.
"«Je t'aime,
frérot...» Brian regarda la carte de
base-ball.«Sandy Koufax... de la merde», observa Brian Rusk
en appuyant sur la détente avec son orteil."(511)
Outre ces deux brillantes réalisations littéraires, on
trouve dans l'oeuvre de King de nombreuses notations concernant le
base -ball, utilisé comme élément comparatif.
Dans les trocs, comme ces deux voisines: "Rachel et Norma s'aimaient bien, et elles avaient
scellé leur amitié en échangeant des recettes de
cuisine à la façon de deux garçonnets qui
troquent de ces images de vedettes de base-ball qu'on trouve dans les
paquets de céréales précuites."(Simetierre,
35) Dans l'évaluation des chances: "On a autant de chances de sauver quelque chose,
déclara Vic, que les Cleveland Indians de remporter le
championnat de base-ball cet automne."(Cujo, 35)
Dans l'attitude des personnages, qui rappelle telle scène de
jeu, comme dans cette querelle entre trois hommes: "Le tableau qu'ils formaient ainsi rappelait
vaguement quelque chose à Halleck. Quelque chose de familier.
On aurait dit des joueurs de base-ball qui s'empoignent avec les
arbitres au sujet d'un point contesté."(La
Peau..., 58) Pour
caractériser l'habileté tactique: "Louis se prit à aligner les arguments
avec une faconde qui n'était guère dans son style.
Cette facilité de parole toute nouvelle l'emplissait d'une
sorte de griserie mesquine. Il avait l'impression d'être un
ailier remplaçant qui se retrouve soudain avec le ballon et
réalise une percée spectaculaire, louvoyant à
travers les lignes adverses, déjouant toutes les tentatives de
placage avec une aisance inexplicable."(Simetierre,
337) Ou même dans l'acte sexuel, comme Tom, quand il veut
s'empêcher de jouir trop vite: "Dans ces cas-là, il se mettait à penser au
nombre de coups marqués en moyenne par match par les White
Sox."(Ça, 119)
Pour
conclure.
On sait que King s'est
intéressé à l'équipe locale de base-ball
dans laquelle jouait son fils Owen. Il a même
dépensé 1,2 millions de $ pour offrir un stade
convenable à la ville de Bangor pour que son fils puisse jouer
dans des conditions satisfaisantes. Il a été quelque
temps l'entraîneur de l'équipe "En rejoignant ce que sa femme
Tabitha11 appelle la «communauté des pères par
intérim entraîneurs de base-ball», King a pu vivre
avec intensité la relation père-fils qu'il n'a jamais
connue. Abandonné par son père à un âge
où il ne pouvait pas lancer de balles et encore moins tenir
une batte, King était comme fou à l'idée de
partager sa passion du base-ball avec son plus jeune fils, Owen,
première base, et ses amis."12 Owen King a fait partie de l'équipe des minimes
Bangor West All Stars, qui a remporté un championnat en 1989,
et c'est cette saison que King a raconté dans l'article
Head Down (que j'avais cité dans l'introduction
pour signaler que j'y reviendrai). Cet article a paru dans le New
Yorker13 et repris dans l'anthologie américaine
Rêves et
Cauchemars.
L'éditeur français, considérant
l'intérêt que les Français portent au base-ball,
a tout simplement décidé de ne pas le reprendre... Pour
King, cette expérience n'a pas été que
paternelle: elle lui a aussi permis de mieux s'insérer dans la
communauté de Bangor.
Parmi les rumeurs tenaces qui traînent depuis des
années: King aurait toujours le projet d'écrire un
livre qui ne serait pas de fiction sur le base-ball et pourrait
racheter l'équipe des Red Stock...
Et ce diable d'homme a les pouvoirs de faire l'un et l'autre...
Roland Ernould © 1999.
1 Dans Stephen King Field of Dreams, article de Daniel Golden, paru dans le Boston Globe Magazine du 20 août 1992. Cité dans le livre de George Beahm Tout sur Stephen King, éd. Lefrancq 1996, p.100.
2 Citation d'une conférence de presse d'octobre 1990, © 1992 by George and Mary Beahm. Édition Warner Books de 1994, p. 329. Livre non traduit en français.
3 Article de Daniel Golden cité plus haut, p.100.
4 Le base-ball (littéralement, balle à la
base) est un jeu qui dérive de la balle au chasseur et du
cricket, dont les règles actuelles ont été
codifiées en 1845 aux USA, dont il est le sport national, avec
le basket-ball. Longtemps sport typiquement américain, il se
répandra dans le monde avec l'expansion des USA dans le monde
asiatique après la seconde guerre mondiale. Il ne figure parmi
les disciplines olympiques que depuis 1992. jusqu'alors, il y
figurait comme sport de démonstration, avec en 1988 les USA
premier du classement. En 1992, Cuba, Taipeh et le Japon. En 1996,
Cuba, Japon et USA.
En France, ce sport est pratiquement inconnu et ne suscite aucun
intérêt: 12.000 licenciés seulement, à
comparer aux 1.900.000 du football...
5 Ce nom a été cité un § plus haut, par Danny.
6 A la différence de nos championnats de football, qui se déroulent de l'automne à l'été, les matchs de base-ball américains se passent du printemps à l'automne.
7 La batte, en bois (le frêne) ou en aluminium, mesure un peu plus d'un mètre pour une largeur et un diamètre d'environ 7cms.
8 Les 3 bases sont des piquets jalonnant le parcours qui doit être suivi par chaque joueur lorqu'il a frappé la balle. La home-plate est la base qui sert de point de départ et d'arrivée des joueurs.
9 La balle, en liège et en corde, recouverte de peau, a un diamètre de 7,5 cms, pour un poids d'un peu moins de 150 grammes.
10 Mort à 14ans d'une méningite. À comparer au slogan publicitaire de l'agence de publicité de Cujo cité plus haut: "La légende était simple: BILLY BELLAMY NE MARQUERA PLUS JAMAIS LE COUP GAGNANT."
11 Tabitha a écrit un roman sur le basket One for one, qui n'a pas été traduit en français.
12 Stephen King Field of Dreams, article de Daniel Golden, références données plus haut, p.96.
13 The New Yorker du 16 avril 1990. Cet article n'a pas été traduit en français.
From: New York Now | Television | ,Thursday, February 20, 1999
By Dan Shaughnessy, Globe Columnist.
Stephen King has been a Sox fan for 40 years, a season ticket-holder for more than a decade, and now he's used the Olde Towne Team as a vehicle for his latest novella, ''The Girl Who Loved Tom Gordon.''
Tom Gordon is flattered.
''I think it's an unbelievable thing,'' the Sox closer said yesterday after throwing at the team's minor league complex. ''I've always enjoyed Stephen King's work. My whole family is a big fan of his.''
King is in Florida visiting family and plans to hang out with Flash sometime next week. Gordon, an early arrival at Sox camp, will join the rest of Boston's pitchers and catchers for the first formal workout tomorrow afternoon.
Flash is thinking about going fishing when his new best friend and author comes to Fort Myers. ''I'm going to try to see if I can charter a boat,'' he said. ''I'd like to take him deep sea fishing. And if he hangs around, maybe we'll hit the golf course.''
''[King] wrote me a letter sometime around last October,'' said Gordon, ''but I didn't get it until I came up for the Baseball Writers' Dinner in January. Since then I've met Stephen and his wife. He's a great man. And his wife and my mom got along great.''
Gordon said he's always been a fan of the mystery man. He said his favorite King work is the film version of ''The Shawshank Redemption.''
King knows his way around the ballfield. He went to his first Red Sox game at Fenway in 1959 and saw Al Kaline homer in a rain-shortened Detroit victory. He claims he went to Fenway at least once a year for the next 10 years and never saw the Red Sox lose.
The best-selling author was teaching at the University of Maine during the 1978 season and canceled classes after the Red Sox lost their one-game playoff to the Yankees. He wrote a piece in The New Yorker about his son's championship Little League field and built a $1.5 million ballpark for Bangor.
King was first to predict that a Red Sox-Cubs World Series might trigger the apocalypse - ''Red Sox win three, Cubs win three, and then nuclear war breaks out.'' If the Red Sox ever go up for sale, King would be a logical prospective buyer. And wouldn't that be a perfect match.
This is hardly the first time the Red Sox have crossed into pop culture. Sam Malone of ''Cheers'' fame was supposed to be a former Red Sox pitcher, and Fenway Park has been used as a prop for a range of television shows and movies, including ''Ally McBeal'' and ''Field of Dreams.'' Ted Williams was the subject of a legendary story by John Updike, and Jimmy Piersall's life story was made into a book and movie, starring Anthony Perkins of ''Psycho'' fame.
Gordon has not seen an early version of the novella, but said, ''I think he's got me signing a hat for her. She likes me as a player. I'm glad he made me a good guy in the book. I consider myself a good guy.''
King was unavailable yesterday, but last summer he talked about future works involving his love of baseball. The author said: ''I've often thought that I would like to write a story or even a novel where some columnist finds this old guy who's never seen the Red Sox lose. He's been to a lot of games and they find out that when they bring this guy into the park, they always win, so they prop him up and get to the World Series and the guy has a couple of strokes and a heart attack and they're still bringing him in. Of course, the kicker is, he dies before the seventh game.''
Sounds like a true baseball horror story. Meanwhile, Tom Gordon and the rest of us wait for ''The Girl Who Loved Tom Gordon.''
Remerciements à Dan Shaughnessy, chroniqueur au Globe, et au ''The Girl Who Loved Tom Gordon'' is scheduled to go on sale the same week the Red Sox open their 1999 season in Kansas City Boston Globe © Copyright 1999 Globe Newspaper Company.
Uniquement littéraires : romans, essais, travaux et recherches sur Stephen King en langue française. Ce réseau d'échanges a pour fonction d'affiner la connaissance et la compréhension de Stephen King.
L'INITIATION, MORT ET RENAISSANCE. LE HÉROS ET LA BÊTE.
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