VAMPIRES AU PRÉSENT

Les vampires de Stephen King

"Mais ce n'est pas du sang.
C'est de la peur."

(
Le policier des bibliothèques, 160)

 

Produit de l'imaginaire collectif, codifié avec précision par Bram Stoker, repris par le cinéma et divers auteurs, le motif du vampire s'est trouvé usé. Avec Salem, King avait atteint le sommet d'un moment de l'évolution du vampire de Stoker, qu'il ne lui était guère possible de reprendre dans les mêmes termes. Il lui faut chercher autre chose s'il veut encore utiliser l'inépuisable motif du vampire. Après Richard Matheson et Anne Rice33 notamment qui ont renversé les perspectives habituelles, King ne pouvait poursuivre dans cette voie qu'en ajoutant une caractéristique originale à ses vampires, tout en gardant les caractéristiques vampiriques traditionnelles auxquelles il est parait fortement attaché. Avec la société de consommation dans Popsy, et l'aviation dans Le Rapace Nocturne, il rattache le motif au présent d'une autre manière que dans Salem. Avec Les Petites Soeurs d'Elurie, une communauté de vampires est projetée dans l'avenir

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Deux gags vampiriques.

Loin des clichés traditionnels, et des vampires aux caractéristiques conventionnelles distanciées de notre temps, les nouvelles Popsy et Le rapace nocturne, deux histoires de vampires écrites à peu d'intervalle, se rattachent à cette littérature horrifique où le burlesque trouve sa place. Comme le remarque Alain Dorémieux, dans le cas présent, "King s'amuse à tirer narquoisement les ficelles du thème du vampire" 34.

Si le roman Salem et la nouvelle Un dernier pour la route qui en découlait naturellement, utilisaient un vampire juste assez assez modernisé pour contenter un lecteur moderne, Popsy et Le rapace nocturne utilisent des décors et des situations résolument quotidiens dans une perspective ludique. Les deux nouvelles, écrites plus de dix ans après Salem, ont cette curiosité d'employer l'une le décor d'un parking banal de grande surface très éloigné de l'environnement gothique35, l'autre le cadre d'aérodromes de campagne minables. Elles ne sont pas traitées dans la perspective sérieuse de Salem et présentent la singulière caractéristique de «décaler» le vampire par rapport à la sphère habituelle où on le circonscrit. Par ailleurs, plus question de relier ses vampires à des perspectives cosmiques de lutte du bien contre le mal. Écrire une histoires de vampires est devenu pour King une blague, un exercice de style. Sorte de jeu intellectuel passionnant, comment, après avoir une première fois fait du neuf avec du vieux, trouver un motif original?

Popsy.36

Le kidnappeur Sheridan, ne possède pas le savoir et le statut social de Matt, le professeur de Salem, du romancier Ben ou du médecin Cody. C'est un minable, dont la «spécialité» est l'enlèvement d'enfants pour le compte d'un intermédiaire. Il s'est demandé un certain temps ce que l'on pouvait faire de ces enfants. Maintenant qu'il s'est installé dans la routine, il ne se pose plus de telles questions.

L'enlèvement se passe dans le milieu morne et sans surprise d'un supermarché, duquel les clients sortent chargés de sacs, "l'air hébété, presque drogués par ce qu'ils prenaient sans doute pour du contentement." Le vigile de garde néglige sa surveillance pour flirter avec une caissière : "Sheridan trouva qu'ils faisaient très publicité pour cigarettes, comme celle que l'on trouve sur le dos des magazines." 37 (148) Dans l'indifférence générale, Sheridan fait le choix d'un enfant seul qui pleure sur le parking, attendant le retour de son Popsy. Les indices s'accumulent, anodins en apparence, mais à double sens, tous significatifs pour qui connait les clichés du motif vampire. Ils ne sont pas décodés par Sheridan. Que Popsy, le grand-père, soit aller chercher à boire pour le gosse, que Popsy soit toujours habillé de noir, que le gosse ait l'air blême, qu'il manifeste une force exceptionnelle en tordant une barre métallique à laquelle il est attaché dans la camionnette de l'enlèvement, qu'il le morde avec des "dents comme des lames de rasoir" (153), les indices s'accumulent sans que Sheridan sorte de sa routine de kidnapper chevronné, mais qui ne pense pas vite en dehors de sa spécialité. Même la signature caractéristique sur la main mordue, "deux marques en creux, irrégulières et longues de deux à trois centimètres" (153), ou le fait que l'enfant lui dise qu'il n'ait pas de mère, sa seule inquiétude vient de la rétivité de sa victime. L'information que Popsy possède une force exceptionnelle le fait rigoler : "Tu parles! Je parie qu'il est le seul vieux de la maison de retraite à pouvoir soulever tout seul son propre bandage herniaire." (155) Que Popsy soit capable se «sentir» où se trouve l'enfant, ou qu'il sache voler, ne l'émeut pas davantage : "Je te parie qu'il vole encore mieux quand il s'est enfilé quelques bouteilles de gnôle." (156) Sheridan vit dans un état de naïveté intégrale, qui réjouit fort le lecteur averti.

Sa candeur disparaît d'un coup. Alors qu'il est seul sur un chemin avec l'enfant, la lune est brusquement voilée, il entend un bruit d'ailes. Dans une illumination, tout s'assemble dans sa tête. Les dents du gosse qui l'ont mordu sont des canines dont il remarque qu'elles sont anormalement longues : "Il me retrouvera. Il sent où je suis. Avec son nez. Mon Popsy peut voler.
Soif je lui ai dit que j'avais soif, il est allé me chercher quelque chose à boire il est allé me chercher QUELQU'UN à boire il est allé..."
(157) À cet instant, une aile membraneuse recouvre le pare-brise, la portière est arrachée, Sheridan extrait de la voiture par Popsy qui porte sa cape. Sa gorge ouverte avec l'ongle permet d'étancher la soif du petit38.
Le récit a une autre portée. Ses vampires sont présentés de manière sensiblement différente que dans
Salem. Le gamin a une confiance absolue en son grand-père Popsy, devenu le symbole de ce qu'il voudrait être, et qu'il présente de manière toujours favorable. Il est fier de ce Popsy porte la cravate bleue qu'il préfère et il délire de joie quand il le retrouve. Il babille dans la voiture et Sheridan aurait été bien informé s'il l'avait laissé parler au lieu de l'interrompre39. Dans sa situation de vampire, il garde les comportements de l'enfance. Quand Sheridan a la gorge tranchée - dénouement de la nouvelle : "La dernière chose qu'il vit avant que sa vision s'obscurcisse définitivement, ce fut d'abord le gamin qui mettait ses mains en coupe pour recueillir le liquide - tout comme lui, Sheridan, pour boire au robinet de la cour quand il était petit - et enfin Popsy qui lui caressait les cheveux doucement, avec tout l'amour d'un aïeul." (158) De même Popsy demande à son petit fils "d'un ton plein de sollicitude" s'il a encore soif. Leur présence au centre commercial a son explication très banale : "«Nous étions simplement allés au centre commercial pour acheter à mon petit-fils quelques-unes de ces figurines qu'on voit à la télé», murmura Popsy. «Tous les enfants veulent jouer avec.»" (157) Des vampires tout semblables aux gens ordinaires - avec un nom commençant d'ailleurs par «pop» - des êtres surnaturels qui regardent tranquillement la télévision et fréquentent la société de consommation...

Guy Astic a mis en évidence le "principe minimaliste" de telles oeuvres, qui s'effectue "dans un esprit de défi moqueur". Il en signale la proximité avec celui "que Richard Bloch met en pratique; selon lui, «l'horreur et le comique sont les deux faces d'une même pièce. (...) L'élaboration d'un récit de terreur ressemble beaucoup à la construction d'un gag.»" 41.La complicité du lecteur averti des aspects de l'icône vampirique jouit de sa supériorité sur Sheridan, individu abject et antipathique, qui a bien mérité ce qui lui arrive. Quand au lecteur aussi «innocent» que Sheridan, il a la surprise, en moins de deux pages, de découvrir une coda surprenante.

Il faut noter aussi la dimension eschatologique. Le statut de Sheridan est ambigu, à la fois victime et responsable, sorte de vampire à sa manière, vivant de la vie des enfants kidnappés. Popsy le vampire n'en a pas à lui personnellement, pas plus qu'il n'en veut particulièrement à tel ou tel homme ordinaire : "
Vous auriez dû le laisser tranquille. Vous auriez dû nous laisser tranquilles." (157) La différence de perspectives avec Salem est importante. Depuis sa parution, la figure du vampire a évolué. Roman Polanski avait porté le coup de grâce au mythe en le ridiculisant dans son parodique Bal des vampires 42. Si Dracula garde un caractère dangereux, l'influence de divers auteurs novateurs a modifié sa perception. Ellison, avec d'autres, avait trouvé de nouvelles directions au motif du vampire43, qui n'est plus un monstre pervers, mais essaie de s'adapter, comme il le peut, à notre époque. Dans Entretien avec un vampire d'Anne Rice, le vampire n'est plus celui que l'on désigne comme l'Autre, Il se présente comme un être sensible qui éprouve des émotions et des joies qui tiennent de l'affectivité humaine. Le vampire est devenu un être proche de nous, que nous pouvons comprendre et ne plus juger de façon sommaire dans la mesure où une identification avec lui est possible. Il fait maintenant partie des mythologies du monde moderne, gardant son aspect pervers pour se rapprocher de monsieur tout-le-monde. "Il finit par lui ressembler, par la fascination qu'exerce sur lui le sang, et ce que l'on sait de sa corruption par les diverses formes de pollutions et de contaminations dont il est le support et le véhicule. Le vampire incarne alors les espoirs déçus et les angoisses devant un avenir problématique. Il interroge aussi les mystères du désir et des formes qu'il prend." 44 Le vampire moderne n'est plus satanique impatient de pervertir les corps et les âmes, mais un être qui possède un métabolisme différent de celui des humains. Ce vampire «politically correct» ne peut être condamné pour suivre les règles de sa propre nature45.

Le rapace nocturne. 46

Les caractéristiques vampiriques ont donc changé et Anne Rice a consacré dans Entretien avec un vampire plusieurs paragraphes pour expliquer au lecteur le nouveau statut qu'elle lui donne. Par exemple, si ses vampires sucent encore le sang des mortels et ne peuvent sortir que la nuit, ils ne peuvent se métamorphoser en brouillard ou en chauves-souris. Le crucifix, les hosties consacrées, l'ail, le pieu, n'ont aucune vertu contre eux.

King ne va pas moderniser à ce point le vampire du Rapace de nuit. Ce qui l'intéresse, c'est de mettre en oeuvre une situation réjouissante : "Le Rapace Nocturne a commencé comme une simple farce - un vampire titulaire d'une licence privée de pilote, comme c'était amusant!" (notes, 690) Aussi, par contraste avec la situation insolite d'un aviateur-vampire, il multiplie les références classiques. Le vampire garde sa cape : "Le type avait l'air de sortir d'un paquet-cadeau. Smoking, cravate de soie, tout le bazar. (...) Le type portait aussi une grande cape. Rouge comme une voiture de pompier dedans, noire comme un cul de mule dehors. Quand le vent la soulevait, il a dit qu'on aurait cru une aile de chauve-souris." Il dort dans son avion, son cercueil, où il garde une réserve de terre : "J'ai vu un gros tas de boue sous ce Skymaster. Juste au-dessous de la soute à bagages. (...) Un truc dégueulasse. Plein de vers. (...) Et d'asticots. Ouais, des asticots. Comme quand y a quelque , chose de crevé." (125) La nouvelle elle-même est orientée vers sa chute, le premier gag : un vampire qui pisse dans les toilettes, on ne peut plus trivial47. Mais le surprenant effet prévu, qui justifie la mise en scène de cette idée, a dû avoir un effet irrésistible sur le grand gamin qu'est resté King. Si on y ajoute un second gag : un photographe qui rencontre un vampire, mais ne peut le photographier...

En fait, dans cette nouvelle, il y a deux rapaces : l'un marqué par la fatalité de son sort de vampire, l'autre par des formes de consommation de sensations modernes. Le journaliste à sensation Dees, que l'on a rencontré dans L'accident, est prêt à tout pour assouvir sa clientèle. Il flaire de loin le sujet juteux : "La vieille odeur du sang chatouillait de nouveau ses narines, forte, âcre et irrésistible, et pour le moment il n'avait qu'un désir : en suivre la trace jusqu'au bout." (114) Dees, qui travaille pour une publication réglée sur l'horreur "avec la précision d'un accordeur de piano. (...) Ce qui faisait avant tout le succès de l'Inside View : les hectolitres de sang et les quintaux d'entrailles." (118) Il ne croit en rien : "Tandis que je travaillais à cette nouvelle, je commençai à distinguer un homme profondément aliéné, un homme qui paraissait résumer à lui seul les choses les plus terribles et déroutantes de notre société soi-disant ouverte, en ce dernier quart de siècle. Dees est l'archétype de l'incroyant, et sa confrontation nocturne, à la fin, n'est pas sans rappeler la citation de George Seferis que j'emploie dans Salem's Lot, a propos d'un trou dans une colonne. En ces dernières années du XXe siècle, tout cela ne paraît que trop vrai, et «Le Rapace Nocturne» est avant tout l'histoire d'un homme qui découvre ce trou." (notes R&C, 690)

Car Dees, contrairement au kidnappeur de Popsy, connait bien ses classiques. Il a repéré que l'avion du Rapace Nocturne ne vole que la nuit, que ses victimes ont le coup perforé de deux trous, qu'il signe du nom Dwight Renfield48 le registre des aérodromes. Il règne autour du personnage suspect une aura érotique qui amène les femmes à se faire belles - surtout quand elles lisent un roman de vampires!49. Dees est persuadé que tout cela est une mise en scène d'un psychopathe, "un homme qui se prenait pour un vampire." (119) Rien ne le surprend dans ses découvertes successives, puisqu'il s'imagine un monstre copiant Dracula. En dépit du danger, il poursuit sa quête : il veut des photos, et un article en caractères 50 dans la presse. Jusqu'à ce que le bruit trivial d'un être qui se livre à une occupation bien ordinaire pour un homme brise ses espoirs : "Le bruit d'un homme qui soulage sa vessie.
Il se dit : Les vampires n'ont pas de refl-
Sur quoi il aperçut un liquide rougeâtre qui heurtait la porcelaine le l'urinoir du milieu et s'écoulait avec des tourbillons par les trous de l'évacuation.
Aucun filet d'urine dans l'air; il ne devenait visible que lorsqu'il touchait la porcelaine.
C'est alors qu'il se matérialisait.
(...)
Je regarde un vampire qui pisse, pensa-t-il vaguement.
On aurait dit qu'il n'en finissait pas; l'urine sanglante venait heurter la porcelaine, devenait visible et tourbillonnait vers la bonde. Dees restait planté là, toujours accroché au lavabo dans lequel il avait vomi, les yeux fixés sur le reflet du miroir, ayant l'impression d'être quelque rouage paralysé à l'intérieur d'une machine en panne."
(143)
Le journaliste trop incrédule se rend enfin compte qu'il ne s'agissait pas d'un psychopathe, qu'il a affaire à un véritable vampire - quel scoop! - mais ne peut que le constater bêtement en croassant : "
Vous existez vraiment». Pas une interrogation, mais un constat, pour un incrédule pour lequel n'importe quel sujet qui peut faire vendre est bon à prendre et qui ne se pose pas de questions. Nouvelle répétition par King de ce paradoxe que le pouvoir du vampire vient de ce que personne ne croit à son existence.

Le lecteur n'a que des informations succinctes sur l'apparence du vampire-aviateur, Dees gardant le nez sur son lavabo et n'osant pas se retourner pour regarder. Il entend les mouvements d'une cape, une voix grave et sans âge lui parler, sent une haleine froide et des "effluves de cryptes anciennes et de tombeaux scellés. (...) Un instant, il vit une longue main blanche striée de sang, des ongles déchiquetés et soutachés de crasse."
Dans son désarroi, en péril de mort, ses automatismes de professionnel se manifestent toujours : "
Il se représenta faisant brusquement demi-tour et voyant ce que le miroir était incapable de lui montrer; se représenta découvrant le Rapace Nocturne, son ami chiroptérien, monstre grotesque constellé de sang, de fragments de chair et de cheveux arrachés; il se représenta tirant cliché après cliché tandis que ronronnait le moteur de débobinage... mais il n'y aurait rien sur la pellicule.
Rien du tout.
Parce qu'on ne pouvait pas les photographier non plus."
(144) Pas de reflet dans les glaces, pas de photo possible... Dees ne se retournera pas. Sur ordre, il détruira son film, et les diverses photos de l'avion du vampire, de la terre sous l'avion, d'un de ses massacres. Son film contre sa vie.
Les deux chutes (l'urine devenant visible et rouge, l'impossibilité de prendre des photos, le comble pour un photographe) sont réunies en deux pages, avec une sobriété et une efficacité de moyens qu'on ne rencontre pratiquement que dans les nouvelles de King.


L'introduction d'un vampire traditionnel dans un univers moderne est devenu courant. C'est le sort qui se trouve réservé en particulier à Dracula dans bon nombre de récits de caractère humoristique où le vampire propulsé dans le futur sait plus ou moins s'adapter. King ne représente pas un vampire moderne maladroit. Dans les deux nouvelles, il est remarquablement accordé et efficace, tout en gardant ses caractéristiques anciennes. En fait ces deux nouvelles sont l'occasion d'illustrer une fois de place les tristes conséquences d'une imagination anémiée...

Roland Ernould © Armentières, 2001.
Ces opinions n'engagent que leur auteur, qui reçoit avec reconnaissance toutes les remarques qui pourraient lui être faites.

Notes

34 Alain Dorémieux, Territoires de l'inquiétude 4, Denoël, Présence du fantastique, 42.

35 Dans Salem, Barlow était au moins lié à Marsten House, une demeure maléfique particulière qui avait son histoire.

36 Popsy. Création : 1987. Première publication: 1993. Dans le recueil Rêves et cauchemars (Nightmares and Dreamscapes).

37 "Au train où allaient les choses, on aurait pu braquer la banque de la galerie marchande que le garde n'y aurait vu que du feu." 146.

38 King s'amuse : "Martin, autre film de Romero, est un traitement élégant et sensuel du mythe du vampire, et un des rares exemples cinématographiques de réflexion sur le mythe : laissant de côté les aspects romantiques de celui-ci (par contraste avec le Dracula de John Badham), Romero nous montre à quel point il peut être ardu de boire le sang qui jaillit à gros bouillons des veines de sa victime." (Ana, 94)

39 Quand Sheridan se moque du grand-père qui vole mieux quand il a bu de la gnôle, le gamin va parler de la boisson exclusive de son grand-père : "Mon Popsy, il..." (156) Mais il ne peut aller plus loin, car Sheridan l'interrompt alors qu'il aurait pu disposer d'un élément décisif qui lui aurait peut-être permis d'éviter son sort.

41 Guy Astic, Dernières nouvelles d'un «crapaud réel» dans un jardin imaginaire, Cahiers du CERLI, Fantastique et science-fiction : théorie , modernité et renouvellement, Faculté de Lettres de Nantes, n° 7/8, 1998, 162.

42 The Fearless Vampire Killers or Pardon me, your teeth are in my Neck, USA, 1968, 108 mn.

43 En France, Claude Seignolle avait amorcé cette évolution avec Pauvre Sonia (1965). Par exemple, la nouvelle d'Harlan Ellison Essaie donc un couteau émoussé (Try a dull knife, parue aux USA en 1968, et reprise par Dorémieux dans Territoires de l'inquiétude 4), se passe en partie dans la rue, et en partie dans les toilettes d'une boîte de nuit. On retrouvera l'utilisation des toilettes dans les dernières pages du Rapace Nocturne. Ellison (1934) est un auteur polyvalent qui a produit une oeuvre importante dans son pays , mais n'est guère traduit en France. Des analyses de certaines de ses oeuvres (notamment Hitler peignait des roses) lui sont consacrées dans Pages Noires (pp. 163 à 188 notamment).

44 Roger Bozzetto et Jean Marigny, Frères et soeurs de sang, préface à l'anthologie Vampires, Dracula et les siens, op. cit., XVII.

45 Dans un article intitulé Dracula : la science et le mythe, Sophie Marret reprend les idées de Marjorie Howes et rappelle le climat politique et social dans lequel fut écrit Dracula, qui aurait été inconsciemment inspiré par un climat politique particulier. L'empire britannique rencontrant des difficultés par pour maintenir son hégémonie et le contrôle de ses colonies, les victoriens semblent avoir été hantés par la crainte de la décadence raciale, et de l'invasion.. Dracula se fonde aussi sur la peur d'une invasion barbare venant de l'Est qui amènerait la fin de la civilisation européenne. Les manières de Dracula ont tout du gentleman britannique et il tente de parvenir à ses fins de la même manière que les Anglais conquirent leurs colonies : par le savoir, le calcul, le subterfuge et la violence. Enfin Bram Stoker était irlandais, peuple de légendes. Ce n'est pas la technologie occidentale qui permet de vaincre Dracula, mais des rituels religieux qui ont leur origine dans la superstition populaire. Faut-il y voir un désir de victoire du peuple irlandais sur l'empire britannique incarné par Dracula? Otrante, revue d'art et littérature fantastiques, # 10, été 1997, 217/8. On comprend alors que le modèle du vampire est daté et qu'il a fallu le renouveler.

46 Night Flier. Création : 1ère version 1988 : L'Oiseau de nuit. Première publication dans 13 Histoires Diaboliques (Prime Evil), 1988. Trad. fr. Albin Michel, 1990
2è version remaniée 1992. :
Le rapace nocturne. Publication dans le recueil Rêves et cauchemars (Nightmares and dreamscapes),1993..

47 Les écrivains ne mettent en scène qu'un vampire s'alimentant, mais jamais évacuant.

48 "Le nom qu'avait donné le pilote semblait une plaisanterie bizarre. Dwight était le prénom d'un acteur, Dwight Frye, qui venait juste de jouer, entre autres rôles, celui de Renfield, un malade mental baveux dont l'idole était le vampire le plus célèbre de tous les temps." 122. Renfield est le fou enfermé dans un hôpital psychiatrique, habité par l'esprit de Dracula, et qui s'essaie à manger insectes et petits animaux.

49 "Bien qu'elle eût été complètement vidée de son sang, il n'y en avait que quelques gouttes sur l'oreiller, à côté d' elle, ainsi que sur le livre posé sur son sein : Lestat le vampire, d'Anne Rice." 136.

ce texte a été publié dans ma Revue trimestrielle

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saison # 11 - printemps 2001.

 

 

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