Quatrième de couverture :
« C'est pour Djamal que Fatima danse, qu'elle se dévoile. Car ils vont s'aimer ici-même, dans le clair-obscur du gourbi d'Ali. Ils sont frère et soeur mais aussi amants -- or cela ne se peut pas... »
Kabylie, début du XXIe siècle. C'est la guerre civile. Djamal, l'ancien rebelle, a tout perdu quand son village a été attaqué. Et quand sa soeur, Fatima, a été violée...
Hanté par l'horreur et la vengeance, il part pour la France, dirigée par le Parti National. Ordre, milices et pureté de la race forment le menu des réjouissances. Lui n'en a cure. Il veut retrouver l'auteur du crime, Max Tannart, un mercenaire français désormais intouchable.
Un thriller de politique-fiction auquel les développements de l'actualité algérienne et française des dernières années donnent un saisissant parfum d'authenticité.
Paru il y a deux ans chez Denoël
dans une édition à prix fort, ce roman, qui a obtenu en
1999 le prix Rosny Aîné 1999, vient de sortir en livre
de poche. Considéré dès sa parution comme la
bonne surprise de la politique-fiction de ces dernières
années, le récit décrit la Jihad, la guerre
personnelle de Djamal, contre un mercenaire français qui a
dirigé le commando qui a violé sa soeur Fatima en
Kabylie. Djamal, qui travaille dans une compagnie
pétrolifère en Algérie, se rend clandestinement
en France pour rechercher le mercenaire assassin, et devient le
clandestin promis d'avance à toutes les avanies. Car dans cet
avenir proche (une dizaine d'années), la France
présente un monde aussi inquiétant que celui de
l'Algérie, toujours en proie à sa guerre civile. Le
Parti National, mouvement fasciste au pouvoir, a entrepris une
politique d'intimidation - et d'élimination larvée -
à l'égard de tous les étrangers,
indésirables au redressement et à la pureté de
la France. La proximité de la période facilite
l'identification du lecteur, qui retrouve ses préoccupations
quotidiennes à l'égard de l'émigration.
Bien que tourné exclusivement
vers sa vengeance, le personnage de Djamal, tueur impitoyable, est
décrit par Ligny de
manière sympathique. Si sa culture est différente de la
nôtre, il participe, dans son désir de justice, à
ce qui fait l'humanité des hommes et il se
révèle attachant (les citations des sourates du Coran
qui précèdent les fragments intercalés entre les
chapitres ont été choisies avec soin pour leur
universalité). Ligny montre
que, quoique le fascisme existe des deux côtés de la
Méditerranée, on peut rencontrer des
modérés qui refusent les régimes
extrêmistes, les excès de l'ultra-libéralisme, et
qui s'entraident pour survivre. Pas de commentaire ni de
prêche. Ligny laisse
parler les faits, au service d'un engagement politique qui fait
confiance à l'intelligence et à la détermination
humaines.
Sous des apparences de documentaire-fiction, ce bon roman, à l'allure de thriller, à l'intrigue foisonnante joint à une intrigue conduite avec soin, d'un rythme rapide, nous montre sans peine les dangers de la xénophobie et de l'intégrisme qui menacent, sans jamais être ennuyeux. Grâce à des journalistes consciencieux et rebelles à l'ordre écrasant et à l'autocensure imposée, la mort tragique de Djamal ne restera pas vaine. Il faut souligner le talent de Jean-Marc Ligny qui a su nous faire partager une tranche de la vie d'un homme qui nous ressemble, au delà de ses différences.
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Roland Ernould © 2000
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