Eoin Colfer, Artemis Fowl
traduction Jean-François
Ménard, Gallimard Jeunesse, 2001
Avec un battage médiatique
semblable à celui utilisé pour les Harry Potter, on a
présenté ce roman comme un concurrent possible de la
série de Rowling. Les éditeurs européens n'ont
pu s'en acheter les droits qu'au prix fort. On y trouve en effet les
mêmes composantes que dans les Potter, au carrefour des romans
gothique, fantastique et de féerie : l'humour des romans de
Rowling, la séduction du monde des sorciers,
l'efficacité de conteur, l'écriture allègre et
la manière légère de traiter le merveilleux qui
procurent un dépaysement identique à celui
d'Alice au pays
des merveilles, un monde
derrière le miroir qui paraît aussi réel que
notre monde, avec sa cohérence et sa logique. Un monde
parallèle de fées, farfadets, nains, lutins, gobelins
et trolls, vit sous terre soumis à la loi du Livre, utilise la
magie en même temps qu'une technologie aussi avancée que
la nôtre, en avance dans plusieurs secteurs. Mais ni le choix
du héros, ni le projet du livre ne se ressemblent.
Portant le nom de la cruelle divinité de la chasse, Artemis,
le dernier rejeton d'une dynastie de voleurs, Irlandais de 12 ans
comme Harry Potter, est le anti-héros qui vit dans un
château, avec sa mère malade mentale. Son père
est mort et la fortune familiale est au plus mal. Artemis est une
sorte de surdoué vraiment hors du commun, un génie, qui
a conçu un projet en principe voué d'emblée
à l'échec : s'emparer de l'or des fées. Personne
n'a jamais su prendre l'or des fées. Artemis n'a que l'aide de
ses ordinateurs et d'un serviteur dévoué, Butler, un
colosse doté d'une force peu commune, qui a une soeur comme
lui peu futée. Inventif, insolent, toujours prêt
à rebondir, Artemis, sorte de James Bond qui a toujours une
longueur d'avance, s'est emparé du Livre des fées. Dans
sa chasse à l'or, il ne manifeste guère de principes
moraux et ne s'embarrasse pas de scrupules. Il en impose à
tous, très éloigné du prototype du héros
au grand coeur par sa volonté d'arriver à ses fins par
n'importe quel moyen, prêt à défier le Peuple
tout entier, sûr de ses possibilités («foul»
signifie «corrompu» en anglais). En face de lui se trouve
le Peuple des êtres magiques, qui se considèrent comme
des opprimés, et sont sans pitié pour les hommes, le
Peuple de la boue. Ils ne craignent qu'à cause de leur nombre
ces minables qui ont relégué les êtres de magie
au centre de la terre.
Aidé par son fidèle serviteur aveuglement au service de
son maître, Artemis parvient à prendre en otage
l'intrépide Holly Short, membre des Fées
Aériennes de Détection et agent-fée de charme.
Commence alors une guerre sans merci, qui se déroule dans
notre monde tel qu'il est, avec Internet, Mac ou Disneyland,
où se trouvent des fées incognito sur le stand Blanche
Neige... Le peuple des fées, et autres êtres magiques,
disposent d'une technologie aussi avancée que celle des
humains, plus même par l'emploi courant de l'énergie
nucléaire ou parce que les avancées techniques portent
sur des points particuliers à leur monde. L'évolution
ayant causé la perte des ailes des fées, des paires
d'ailes mécaniques fonctionnent à l'énergie
solaire... Il existe d'autres petites merveilles du même genre,
témoignages de l'imagination foisonnante de l'auteur qui
possède une bonne maîtrise de l'intrigue, du rythme et
de l'humour.
Ce roman se lit avec plaisir, et on plonge sans difficultés
dans cette nouvelle ballade de sorciers à grimoire qui
mêle magie et informatique, traditions et science-fiction, le
monde des fées à celui des nouvelles technologies,
thriller et vieilles légendes irlandaises, polar high-tech et
conte pour enfants. Mais il faut bien dire que par rapport à
ceux de Rowling, ce livre n'inspire guère de
réflexions. Bon moment de détente, il ne
présente aucune profondeur. Aucune réflexion à
tirer de ce livre bien fait, produit commercial sans
originalité particulière autre que celle des
trouvailles que peuvent faire tous ceux qui ont de l'imagination.
Rien à voir avec l'originalité de Rowling, mais une
imitation comme il y en aura encore sans doute bien d'autres. Colfer
a prévu une trilogie.
Quatrième de couverture :
Nom: Fowl
Prénom : Artemis
Âge : 12 ans
Signes particuliers : une intelligence hors du commun
Profession : voleur
Recherché pour: enlèvement de fée et demande de
rançon
Appel à tous les FARfadets, membres des Forces Armées
de Régulation du Peuple des fées: cet humain est
dangereux et doit être neutralisé par tous les moyens
possibles.
Un anti-héros pétillant de malice, une galerie de
personnages décapants, des dialogues vifs et intelligents, une
histoire au rythme débridé... Laissez-vous
entraîner dans l'univers sophistiqué d'Eoin Colfer,
unique et enchanteur.
"Un polar
jovial et satirique qui marie le high tech et les vieilles
légendes irlandaises. Un livre plein de finesse qui se
dévore..." The Sunday Times (Grande-Bretagne)
"Délectable, très drôle, un
mélange innovant et inventif de mythe et de modernité,
de magie et de polar." Time Magazine (États-Unis)
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Eoin Colfer est né en 1965 à
Wexford, en Irlande. Grand voyageur, il a travaillé
en Arabie Saoudite, en Tunisie et en Italie avant de revenir
en Irlande. Enseignant, comme l'étaient ses parents,
il vit avec sa femme Jackie et son jeune fils dans sa ville
natale. Outre les Artemis Fowl, il a
publié
Que le
diable l'emporte.
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note de
lecture du
second volume :
Mission
Polaire.
note de
lecture du
toisième volume : Code Éternité
Roland Ernould © 2002
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