La vie de Stephen King . 1

enfance et adolescence

UNE ENFANCE SANS PÈRE

La maison de Durham où King passa une partie
de son enfance

Stephen King n'a pas connu son père, officier de la marine marchande, qui a subitement quitté le foyer conjugal en 1949. La situation du jeune Stephen King de deux ans n'est pas brillante : une mère seule, sans ressources, qui élève ses deux enfants, David, enfant adopté, et Steve. Elle doit souvent changer de résidence pour trouver des emplois nouveaux. Nellie King s'était mariée à 25 ans, juste avant la guerre, et n'avait pas d'enfant au retour de son époux après la guerre, six ans plus tard. Après avoir adopté David, elle eut Steve sur le tard à 33 ans. Son mari la quitte deux ans plus tard. C'est une femme d'expérience, qui avait dû se débrouiller pendant la guerre. Elle sut se montrer à la hauteur 1 :

"Je pense que maman, qui savait se montrer entêtée, intraitable, d'une ténacité et d'une persévérance à toute épreuve, avait pris goût au double rôle de travailleur et de chef de famille." 2

.. du site ..

Stephen connaît le visage de son père pour avoir retrouvé dans le grenier une bobine de film tournée sur un navire3. Et aussi par les rares propos de sa mère qui ne sont pas tendres. Son père aimait la fête, aurait été un buveur et un homme à femmes, avec à son actif quelques actions illégales. Sa seule crainte était de perdre sa licence de la marine

"pour cause de déficience visuelle. Quand il était à terre, il avait l'habitude de brûler les feux rouges et de rouler sur les trottoirs." 4

Lourd héritage : la vue de Steve n'est pas meilleure, il a souffert d'un penchant pour la boisson et a peur de la folie. Son "père n'avait guère de suite dans les idées." Les Pillsbury, la famille maternelle,

"comme il sied à des gens de souche anglo-normande, étaient doués de sens pratique. Mon père, lui, descendait apparemment d'une longue lignée d'excentriques; sa s...ur Betty était sujette à des absences répétées (ma mère la considérait comme une maniaco-dépressive)" 5

et elle finit ses jours dans une maison de santé. Quarante ans plus tard, Steve ne semble pas regretter de ne pas avoir revu son père :

"De la façon dont elle le décrivait, j'avais eu beaucoup de chance. Je pensais qu'il allait reparaître la main tendue pour avoir de l'argent, mais il ne l'a jamais fait. Je pense qu'il est mort. Mon père était un débauché et un parleur. (...) Ma mère m'a dit qu'il n'avait jamais eu l'ambition de s'accrocher et de se frayer un chemin."6

Pas vraiment l'image du père idéal...

Une enfance trop protégée.

La West Durham Methodist Church où Stephen apprit la religion

King n'a donc pas vécu, dans un couple éducateur, les conditions de la célèbre relation sexuelle ...dipienne. Sa mère ne s'est jamais remariée. King lui a connu quelques hommes de passage, mais aucun n'est devenu son beau-père :

"Je garde un vague souvenir des hommes que fréquentait ma mère durant cette période -entre 1952 et 1958, à peu près; un souvenir assez fiable pour que je sache qu'elle avait une vie sociale normale, pas assez pour que je puisse deviner si elle avait une vie sexuelle. Il y avait Norville, un type qui fumait des Lucky Strike et faisait tourner trois ventilateurs dans son deux-pièces pendant l'été; il y avait Milt, qui conduisait une Buick et portait un immense short bleu par beau-temps; et il y en avait un troisième, un type minuscule qui travaillait, si ma mémoire est bonne, comme cuisinier dans un restaurant français. Pour autant que je sache, ma mère n'a jamais envisagé d'épouser l'un d'eux. Elle avait déjà donné. En outre, à cette époque, une femme qui se laissait passer la bague au doigt n'avait plus voix au chapitre en ce qui concernait sa famille et son emploi. (...) Si bien qu'elle sortait avec des mecs, mais aucun d'eux ne finissait par s'installer dans sa vie."

King se souvient encore de quelques sorties :

"Ce soir-là, on était en compagnie de Milt, l'homme à la Buick et au short bleu. Il s'était apparemment pris d'affection pour mon frère et pour moi, et ça ne le dérangeait pas de nous avoir de temps à autre sur sa banquette arrière (quand on a atteint les eaux tranquilles de la quarantaine, l'envie de peloter sa petite amie au drive-in a peut-être perdu de son intensité... même si on dispose pour ce faire d'une Buick aussi large qu'un yacht." (Anatomie de l'horreur, 118/9)

Son frère d'adoption n'a que deux années de plus que lui. Ses gènes, étrangers aux King, lui ont permis d'acquérir plus tôt la stabilité et l'équilibre que Steve a longtemps peiné à trouver. Mais il n'a pu que jouer le rôle classique du frère aîné. Il semblerait que pendant toute sa jeunesse, King ait ainsi été à la recherche du modèle masculin qui lui a manqué. La plupart des personnages principaux de ses premiers romans n'ont pas de père (Marche ou crève, Carrie, Running Man). Bien plus tard, la recherche d'un modèle paternel se constatera par un de ses professeurs à l'Université du Maine d'Orono (UMO), Burton Hatlen, qui l'a eu comme étudiant et le fréquente encore :

"Il faut aussi prendre en compte le fait que Steve n'avait pas de père et avait tendance à rechercher un substitut paternel. L'homme le plus important pour lui fut -bien que je ne l'aie jamais rencontré- le professeur de lycée qui donna à Steve l'idée du personnage Matthew Burke dans Salem." 7

Dans Simetierre, le personnage principal, qui n'a plus de père, est tout content à quarante ans de trouver un nouveau voisin qui aurait pu l'être.

Dans une étude, Jacques Van Herp compare King à Simenon. Ils ont gardé tous deux, de façon indélébile, le souvenir d'une enfance pauvre et difficile :

"King, comme Simenon, ont porté en eux ce petit garçon. Ils peuvent bien lui imposer silence, il a fallu ravaler bien des humiliations, fermer tant de blessures, dont les pires sont sans doute involontaires. À jamais il y a en eux un enfant blessé qui voudrait fermer cette blessure, toujours prompte à se rouvrir. Il y a un autre souvenir : le portrait de la Mère, obsédante, possessive, habile à manipuler. Les mères de Simenon sont bien connues. Outre la mère de Carrie, on trouve chez King, dans Ça, le portrait ressemblant et atroce d'une mère qui «aime» son fils et se révèle experte en chantage sentimental." 8

Cela aura été sans doute le cas de Steve, qui rappelle souvent les conseils maternels :

"Quand j'étais gosse, il y avait une épidémie de polio. Ma mère ne permettait pas que nous nous approchions d'une piscine publique parce qu'on supposait que le germe s'attrapait dans ces lieux. Elle nous montrait des photos d'enfants dans des chaises roulantes, des enfants avec des bras et des jambes malades, pour nous inculquer ce sentiment de peur." 9

Il y a une limite au désir de protection maternelle et il semble que Nellie King l'ait dépassée. Mère veuve devenue substitut du père, elle retarde sur le plan affectif l'évolution de Steve, qui n'a pas connu la répartition des rôles entre les partenaires d'un couple qui fonctionne, mais uniquement jusqu'à douze ans l'omniprésence de sa mère. Incidemment des propos montrent que Steve marié a eu longtemps peur du jugement de sa mère, à laquelle par exemple il n'avoue pas ses ivresses. 10 Quand en octobre 1970 (il a 23 ans) paraît la nouvelle Poste de nuit, dans Cavalier, il n'ose pas envoyer cette revue «pour hommes» à sa mère. Il préféra lui expédier une photocopie, après avoir masqué "les photos sur papier glacé de jeunes filles dans des poses hautement suggestives." (SKS, 72)

Si ce qu'un adolescent attend de son père, c'est avant tout la conquête de son autonomie, King n'a ainsi pas pu s'appuyer sur une image positive de son père. Quand, à douze ans, la vie d'errance terminée, il retrouve à Durham la famille maternelle et le Maine, il voit beaucoup ses oncles. L'un d'entre eux, l'oncle Clayt, le marquera davantage que les autres. Il lui raconte des histoires, et King en parle à diverses reprises, en louant sa "
capacité d'émerveillement." 11 Mais pas d'influence constante et en profondeur. Par contre, ce qu'il rappelle à de nombreuses reprises, c'est l'éducation méthodiste rigoureuse qu'il a vécue. Dans Rage, écrit à dix-huit ans, sa dernière année du lycée, le père est représenté comme autoritaire et n'admettant que sa propre image comme modèle. Sans doute une compensation au fait d'avoir été privé du sien. Après tout, semble penser Steve, mieux vaut-il peut-être ne pas avoir eu de père que d'être comprimé par l'autorité paternelle au point d'exploser comme son personnage Charlie, adolescent comme lui quand il écrivait son roman...

Enfant protégé, trop resté dans l'ombre de sa mère, la laissant décider à sa place, il aura des difficultés, adolescent, à nouer des relations avec les jeunes de son âge. Dans une interview, King a expliqué que l'une de ses frayeurs d'enfant était

"de ne pas être capable d'entrer en contact, de trouver une entente et d'établir des rapports de communication. C'est la peur que j'avais, cette peur de ne pas pouvoir me faire des amis, la peur d'avoir peur et de ne pas pouvoir dire à quiconque que j'étais effrayé. J'éprouvais la peur constante d'être seul." (SKC, 49)

Comme sa mère, il lit beaucoup :

"Elle avait une pile de ses livres favoris, où s'accumulaient.en tas Agatha Christies et Erle Stanley Gardners C'était une dame qui travaillait dur -elle travaillait quarante-cinq, cinquante heures la semaine- et elle lisait ces.Agatha Christies et Erle Stanley Gardners. Elle savait ce qu'elle me demanderait pour son anniversaire ou la Fête des Mères, ou en n'importe quelle autre circonstance. C'était toujours un Perry Mason ou quelque chose comme ça." (SKS, 22)

Longtemps, il gardera, de l'absence du père et d'une insuffisance d'image, des survivances infantiles, un manque, la difficulté de définir un couple valide, et un fort besoin de protection, qu'après sa mère, Tabitha assurera partiellement12...

Le Gros-Lard.

King n'a jamais accepté son physique. Au fil des ans, il s'est fait une raison. Mais, signe de sa souffrance, il a fréquemment pratiqué l'autodérision à son égard. Devenu adulte, il a étudié et exploité son apparence pour les photographes et son public. Sans jamais l'aimer.

"Il se trouvait trop gros. Lors de la répétition des équipes au base-ball, il était choisi le dernier,et les autres disaient : «Ah, ah, ah, vous avez eu King». Ses cauchemars de l'époque tournaient autour du ridicule qui tue. Comme d'avoir un pantalon qui descend pendant le salut du drapeau, ou de devoir passer un exposé devant la classe sans y être préparé; ou encore la braguette ouverte qui fait rire tout le monde. Devoir lever la main devant la classe pour aller aux toilettes." 13

On comprend qu'il y ait eu tant de «vilains petits canards» dans son oeuvre. Et qu'à plusieurs endroits il s'y décrive sans complaisance 14, comme Ben :

"Môme de onze ans affligé d'un pétrousquin grand quasiment comme le Nouveau-Mexique. (...) Ses hanches ondulaient comme celles d'une fille; son estomac ballottait d'un côté à l'autre. En dépit de la douce température de la journée, il portait un ample haut de survêtement; il ne s'habillait presque jamais autrement parce qu'il éprouvait une honte profonde de sa poitrine. (...) Hoggins le Roteur avait braillé : «Hé, les mecs! Visez un peu c'que le Père Noël a apporté à Halscom! Une grosse paire de nénés!» Le Roteur avait été tellement content de sa plaisanterie qu'il s'en était presque évanoui. D'autres avaient ri, et notamment quelques filles. Si un trou conduisant en enfer s'était ouvert devant lui à cet instant, Ben y aurait sauté sans un bruit. Ou tout au plus un léger murmure de gratitude." (Ça, 177)

Il a subi des râclées comme celle de Ben :

"Quand j'avais huit-neuf ans, je fus méchamment battu à l'école, mais je ne m'en suis souvenu qu'il y a quelques années en travaillant sur It." 15

Combien y a-t-il eu de souvenirs pénibles ainsi refoulés? De critiques plus ou moins ironiques, de quolibets humiliants, et cruellement ressentis? La blessure narcissique doit avoir saigné longtemps.

Au Lycée, grand, fort, enveloppé, de grosses lentilles sur le nez
16, la dentition malsaine, il est en plus maladroit, et sa situation est difficile. Évoquant plus tard les créatures hideuses des films d'horreur, il écrira :

"Quant aux adolescents eux-mêmes (j'étais de ceux-là et je peux en parler d'expérience), les monstres concoctés dans les grands studios des États-Unis leur donnaient l'occasion de contempler des individus encore plus affreux qu'ils ne pensaient l'être pour leur part." 17

Il n'a pas de vrais amis et il n'est pas heureux. Il lui faudra de nombreux livres pour évacuer son amertume. C'est un élève sans éclat.

"Se penchant rétrospectivement sur ses années de lycée, King n'a pas de nostalgie. «Mon cursus scolaire passa totalement inaperçu. Je n'étais pas à la tête de la classe, mais pas à la queue. J'avais des camarades, mais aucun de ceux-là n'étaient les cadors, ou les gars du conseil scolaire ou quelque chose comme ça»" 18

Il a autant souffert de ses camarades que de l'indifférence de ses professeurs et de l'ambiance générale. Les adolescents rejetés, complexés, il connaît. Le lycéen Harold Lauder, décrit plus tard dans Le Fléau, lui ressemble, et, comme lui, écrit. C'est bien ce qu'à l'âge d'Harold voulait aussi faire Steve..

Le gros lard écrit.

Titre du numéro Été 1959 du fanzine édité par Stephen et son frère Dave.

Deux attitudes sont possibles au timide qui se trouve ainsi rejeté. Soit essayer par tous les moyens de s'adapter à la norme. Soit jouer la singularité et accentuer sa différence physique. King jouera la provocation et la différence. Pendant longtemps, il va négliger son apparence et ne fera aucun effort pour se conformer. Nous le verrons plus loin.
Cette attitude se doublera d'un comportement de fuite fréquent chez le timide : il se repliera sur lui-même et, comme il sait raconter des histoires, comme son double Gordon Lachance dans
Le Corps, il les écrira.

"On pensait - en considérant combien il lisait et combien il écrivait- qu'il passait trop de temps dans sa chambre, trop de temps dans l'imaginaire et c'était compris comme un comportement malsain et anormal.
Je pense qu'il le sentait et que cela lui était pénible. C'était très difficile pour lui d'être ce qu'il était et de l'accepter. Sous ce rapport, je pense que Steve se sentait très seul; il en éprouvait un sentiment d'isolement. " 19

Ces deux aspects apparaissent bien à ceux qui le connaissent : "sympa", mais pas vraiment sociable, note un de ses professeurs, Jim Bishop; "à la fois très pudique et très public", d'après un compagnon de chambrée 44, qui ajoute :

"Steven lisait comme si sa vie en dépendait. (...) Il lisait et écrivait tout le temps. En réalité, je crois qu'il était timide et qu'il se réfugiait dans ses bouquins" 20.

La fuite dans l'écriture sera en effet le second aspect caractéristique du tout jeune King, qui écrit et autopublie avec son frère ou un ami depuis l'âge de douze ans. Et cette activité, outre la quiétude loin des moqueurs qu'elle lui procure, lui permet d'établir une relation avec son père. Car la seule image positive que King a pu tirer de son père lui a permis de créer une légende salvatrice, qu'il a probablement un peu romancée quand il la raconte. Son père, qui avait tout abandonné en partant, a laissé notamment une caisse de livres que Steve retrouve dans le grenier d'un oncle où elle était oubliée. Elle contenait des livres de fantastique et de terreur, dont un recueil de nouvelles de Lovecraft 21. Son père avait essayé d'écrire des nouvelles de cette veine, mais sans succès, et il n'a jamais été publié 22. Cette découverte faite à douze ans déterminera son destin :

"J'avais trouvé ma voie. Lovecraft -par l'entremise de mon père- l'avait ouverte pour moi" (Ana, 117).

Le désir de recréer, au moins sur un point 23, une image du père est nécessaire, car le père est celui qui devrait présenter un modèle et créer des perspectives. Ainsi, lui qui n'a pas connu son père, n'a-t-il pas finalement suivi et dépassé cet homme qui aimait et écrivait des histoires? Et sans avoir eu besoin de souhaiter «la mort du père» pour devenir lui-même, il réussira à faire mieux que lui : il sera publié, célèbre, essaiera de moins boire. Il aura aussi des enfants, mais il ne délaissera pas sa famille... Mais n'anticipons pas.

 

Souffrir de ne pas être comme les autres engendre une frustration qui dégénère vite en opposition. La quasi-totalité des jeunes acceptent le conformisme et les contraintes habituelles de mode par peur de se singulariser et de perdre leurs repères. Cette attitude a, de plus, l'avantage pour le plus grand nombre d'éviter d'avoir une pensée personnelle. Les «différents» engendrent la moquerie, ou font peur. Chez les enfants et les adolescents, la moquerie l'emporte, devant ce qui ne paraît qu'une anomalie ridicule. Chez les adultes, la moquerie est souvent le masque de la peur et les individus qui se différencient trop du groupe doivent s'attendre à servir de cible à l'agressivité collective. Ainsi le port des cheveux longs n'a jamais porté tort à quiconque. Mais aussi bien aux USA qu'en France, dans les années soixante, le port des cheveux longs n'était pas considéré comme un choix anodin, mais comme un signe de déviance, dont le caractère sexuel paraissait évident. Or la déviance menace les valeurs du groupe et sa cohésion.

Comme les timides qui peinent à s'intégrer, et, en plus, timide, porteur à ses yeux d'anomalies, King se montrera très tôt sensible à ce phénomène sociologique de la déviance. Ce concept est certainement celui qui revient le plus souvent dans
Anatomie de L'Horreur et King a de nombreuses fois analysé les inconvénients qui se produisent pour les différents ou les déviants...

La Lisbon High School, (= lycée) à Lisbon Falls dans le Maine

Le gros lard et les apparences.

Aux USA, le phénomène était encore plus complexe et comportait une signification symbolique : le porteur de cheveux longs ne pouvait être qu'un étudiant parasite et contestataire, hostile à la guerre au Vietnam, en rupture avec le mode de vie de vie établi. Les cheveux longs -et surtout les idées dont ils étaient les symboles- provoquèrent insultes et créèrent des problèmes dans les écoles. Jusqu'alors, enfant, il acceptait les violences d'enfants. Mais le voici maintenant presque adulte et subissant des violences adultes. Qui, en plus, mettent en cause une virilité dont il est précisément en train de douter.
Ce sujet a été longtemps pour lui un point sensible, une épine irritative qui s'enfonce à chaque pression.

"Je me souviens, par exemple, que les cheveux longs étaient un fait de société explosif en 1968, quand j'avais vingt et un ans. Aujourd'hui, ça semble aussi incroyable que l'idée que des hommes aient pu s'entre-tuer pour des questions d'astronomie élémentaire, mais c'est bel et bien ce qui s'est passé. En cet an de grâce 1968, je me suis fait jeter du Stardust, un bar de cette bonne ville de Brewster (Maine), par un ouvrier du bâtiment. Ce type, qui avait des muscles sur ses muscles, m'a déclaré que je pourrais revenir finir ma bière «quand tu te seras fait couper les tifs, espèce de tantouze pédé». Sans parler des lazzis que me lançaient les automobilistes (en général ceux qui conduisaient des bolides à ailerons des années 50) : «T'es un garçon ou une fille? C'est combien, chérie? Quand est-ce que tu as pris un bain pour la dernière fois?»" (Ana, 187)

Si ce problème n'a pas réellement d'importance, comme Steve semble l'indiquer, il lui y a pourtant consacré pas mal d'énergie et en parle à plusieurs reprises 24. L'épisode qu'il a vécu a été transposé littérairement : le personnage principal, un étudiant, entre dans un bar :

"la première chose à m'avoir frappé ça a été la température, chaude et bonne. Ensuite la chanson de péquenot du juke-box, la voix (...) de Merle Haggard : «Nous, on n'a pas les cheveux longs et hirsutes comme les hippies de San Francisco».

La troisième chose à m'avoir frappé, ça a été l'oeil. Vous faites connaissance avec l'oeil le jour où vous vous laissez pousser les cheveux au-dessous des oreilles. À partir de ce moment-là les gens savent que vous n'appartenez ni au Lion's Club, ni aux Elks, ni au VFW. Vous connaissez l'oeil, mais vous n'arrivez pas à vous y faire. (...)
Derrière moi quelqu'un a dit :
- J'ai l'impression que le Christ est revenu, comme ma maman avait toujours dit qu'il le ferait.
Le plongeur à l'air godiche s'est mis à rire, un bref yarf-yarf. Les camionneurs ont fait chorus.
(...)
L'un des chevaliers de la route s'est dirigé nonchalamment vers le juke-box et a glissé une autre pièce. Johnny Cash s'est mis à chanter «Un garçon prénommé Sue». J'ai soufflé sur mon café." (Non, 417)
La scène se termine par l'inévitable injure «pédé» et la bagarre. Cet épisode montreaussi comment King a pu développer une culture du regard et on aura l'occasion de revenir sur ce point.

Cheveux et barbe. À l'Université, il laisse pousser sa barbe, autre façon de vivre masqué. Pour dissimuler sa timidité, il adopte en public une attitude désinvolte, surfaite, parfois jugée grossière. Cette attitude de défense l'aide à sauvegarder à ses yeux sa propre image en en créant une, qu'il construit lui-même, donc impose, au lieu de se la voir imposée. L'image de l'extrêmiste qui fait peur, c'est l'impression qu'il veut donner sur la célèbre première page du journal de l'UMO, Maine Campus :

"Il avait les cheveux longs, jusqu'aux épaules et une barbe imposante. C'était à peu près à la même époque que la sortie du film DELIVRANCE et il devait s'agir d'une parodie. Steve avait un fusil à la main sur cette photo et le pointait vers l'appareil de façon à ce que les deux canons du fusil soit au premier plan. Et il vous regardait avec un regard «sauvage». Sous la photo, on pouvait lire les mots «Study, damn it!» (NdT : Étudiez, bon Dieu!). Cette photo a été réutilisée en diverses occasions." 25

Des années plus tard, il vit encore le même problème. Ainsi quand il raconte une interview :

"L'article du journaliste s'avéra finalement plutôt objectif; il émettait quelques réserves sur mon aspect physique, mais ce n'était pas sans raisons -j 'étais particulièrement peu soucieux de ma personne durant cet été de 1979- et je pense néanmoins avoir été relativement bien traité." (Ana, 194)

Mais, malgré ses succès, il n'aime toujours pas les foules.

"King est gêné lorsqu'il monte sur la scène d'un auditorium et qu'un millier de personnes se met à l'applaudir, alors qu'il n'a même pas prononcé un mot." 26


Il lui arrive de prendre de bonnes résolutions vestimentaires, mais il ne se sent jamais si bien que chez lui, devant son traitement de textes, en jeans, T-shirt et baskets...

À quelqu'un qui a vécu ce que King a éprouvé, il est difficile d'avoir une vision idyllique de le société. Quand on suit attentivement le parcours de Steve, depuis qu'il a commencé à écrire à douze ans jusqu'à l'Université, on ne peut manquer d'être frappé par une dominante, qui ne quittera jamais son oeuvre : la dérision. Une dérision moins cynique que celle que l'on trouve dans des oeuvres de Céline, mais qui traduit le refus d'embellir une réalité qui a des aspects jugés inacceptables.

Une des constantes du département littéraire d'une université est de ne s'intéresser qu'à la grande littérature et d'ignorer ou de dénigrer les formes populaires. L'étudiant King, explique son professeur Hatlen, s'amusait

"avec cette idée de «déchets». C'est pour cela qu'il a écrit sa colonne KING'S GARBAGE TRUCK (NdT : Le Camion Poubelle de King) dans le journal universitaire. Comment a-t-il pu trouver un titre de la sorte? Il l'a bien entendu tiré des «déchets» littéraires. Il s'agit d'un titre sans prétention et je crois qu'il s'agissait de l'endroit exact où il devait se trouver." 27

Tabitha, la future femme de King, était à l'UMO en même temps que lui et lut le «King Garbage Truck. Elle raconte :

"Je me souviens de l'avoir lu et d'être devenue furieuse. Je pensais : «Qui c'est ce comique qui vient juste de débarquer?» (TSK, 131)

Mais on sait aussi que, lycéen, Steve avait eu des ennuis avec la publication d'une parodie satirique du journal scolaire qu'il avait intitulé Village Vomit 28 : poubelle et vomissure, deux mots qui ont une connotation de dégoût et de rejet. Et enfin, quand Steve avait douze ans, la publication avec son frère David d'un modeste imprimé de deux pages, Dave's Rag, combinait déjà l'idée du chiffon et de la loque avec la feuille de chou. En 1975, King publia dans le Maine Campus une nouvelle La Revanche de Gros Lard Hogan 29, dont l'idée est significative. Un lycéen moqué pour son physique participe à un concours public de mangeurs de tartes dans le seul but de les vomir sur la foule...

Un ancien condisciple de King, Sanford Phippen, nous apporte d'autres informations, toujours dans le domaine de la dérision. En réaction aux élitistes clubs huppés de la fac,

"il créa sa propre confrérie, baptisée les Nitty Gritty Up Tight Society for a Campus with More Cools (qui pourrait se traduire, approximativement par les Courageux Coincés pour un Campus plus cool, ou encore les Joyeux Bourrés pour un Campus plus cool!) et il remit les "gritties", récompenses accordées aux personnes du campus particulièrement cool." 30

On comprend dès lors, qu'en complémentarité avec sa fuite dans la lecture et l'écriture, il se réfugie dans la boisson, tâte un peu de la drogue, se met à fumer, ce qu'il n'avait pas fait jusqu'à 18 ans 31. C'est à l'Université qu'il commence vraiment à boire et à traîner dans les bars :

"Il était également un habitué du Shamrock, un bouge infâme où il rejoignait ses compagnons les plus radicaux pour écluser quelques bières et écouter de la folk. Comme l'indique son compagnon de chambrée, «King avait toujours une ribambelle de bouteilles de bière ouvertes sous son lit.»" 32 Le compagnon de chambrée de l'étudiant tueur de La révolte de Caïn 33 écrite à 21 ans, ressemble comme un frère au personnage de Steve...

La libido du gros lard.

Avec sa libido, le «gros lard» a des problèmes. D'abord avec la société où il se trouve :

"Dans une société qui accorde une telle importance à la beauté physique (une société où, rappelons-le, un poussée de comédons cause des souffrances mentales considérables) et à la puissance sexuelle, le malaise et l'ambivalence dus au sexe favorisent l'apparition d'un nouveau point de pression."

Ensuite avec ses lectures, qui ont pu lui développer un certain état d'esprit :

"Dans toutes les BD d'horreur des années 50, les femmes apparaissent comme des créatures charnelles, séduisantes, épanouies, mais fondamentalement maléfiques : des salopes castratrices qui, telle la veuve noire, semblent instinctivement vouloir prolonger l'acte d'amour par une séance de cannibalisme."

Ou avec les films qu'il a vus :

"Et ce qu'il y a peut-être de plus intéressant, pour ces millions d'adolescents qui ont vu le Vampire prendre son envol et pénétrer dans la chambre d'une belle endormie, c'est que le Vampire n'a même pas besoin de bander pour passer à l'acte. Une excellente nouvelle pour ces jeunes gens qui découvrent le sexe et qui ont appris, grâce au cinéma, qu'une relation réussie se fonde sur la domination du mâle et la soumission de la femelle. Et la plupart des gamins de quatorze ans qui viennent de prendre conscience de leur potentiel sexuel ne sont guère en mesure de dominer quoi que ce soit, excepté les pages centrales de Playboy. Le sexe suscite quantité d'émotions chez les adolescents, et la terreur n'est pas la moindre d'entre elles. Le film d'horreur confirme cette impression. Oui, semble-t-il dire; le sexe est terrifiant; le sexe est dangereux." 34

Ces analyses originales sonnent l'authenticité. Mais le moins que l'on puisse en dire, c'est que le jeune King s'est forgé, dans la vision austère et puritaine que l'on pouvait avoir du sexe dans une petite ville du Maine, une idée fort peu positive de ses rapports futurs avec les femmes. Plus nettement encore dans le texte qui suit apparaît le conflit entre le désir sexuel et les nécessaires relations inter-individuelles pouvant permettre d'accéder au rapprochement et à la satisfaction : "L'élément sexuel de Dracula est une oralité infantile associée à un intérêt marqué pour la nécrophilie (et aussi pour la pédophilie, pourrait-on dire, vu le rôle joué par Lucy). En outre, le sexe y est sans responsabilité aucune, et pour reprendre une expression amusante due à Erica Jong, on y baise toujours la braguette fermée. C'est peut-être en partie grâce à cette sexualité infantile et rétentive que le mythe du vampire -qui, sous la plume de Stoker, semble nous dire : «Je vais te violer avec ma bouche et tu vas adorer ça; au lieu d'emplir ton corps de mon fluide puissant, je vais te dérober le tien»- a toujours eu du succès auprès des adolescents qui cherchent encore à maîtriser leur sexualité. Apparemment, le vampire a découvert un raccourci qui lui permet d'éviter tous les travaux d'approche et de conquête." (Ana, 81)

Éviter les travaux d'approche et de conquête, on ne saurait si bien dire. Le timide éprouve des difficultés non pas d'impuissance physique réelle, mais dans la relation avec l'autre, la difficulté à établir le dialogue. Désir de la femme et peur de la femme en tant que partenaire sexuel.
C'est lui-même étudiant qu'il décrit dans le personnage de Gerald :

"Le binoclard obèse qu'il avait été n'avait pas réussi à sortir avec une fille avant ses dix-huit ans -années où il avait fait un régime très strict et de l'exercice, pour résorber son pneu autour de la taille avant que celui-ci ne l'absorbe totalement.(...) Jessie savait que ses années cauchemardesques de lycée lui avait laissé le lourd héritage du mépris de soi et de la méfiance à l'égard des autres." (19)


Il doit bien finir par s'y mettre : "

Quand j'entends les Beach Boys chanter Help me, Rhonda, je revis durant une ou deux secondes d'enchantement la honte et l'extase de mon premier pelotage (et un simple calcul mental vous permettra de constater que j'ai abordé cette activité avec un certain retard)" 35.

 Il y a des analogies frappantes avec Rage, son premier roman édité qui commença à être écrit les mois qui suivirent. Charlie, en dernière année de lycée, sort avec un copain et des filles :

"J'ai toujours eu un estomac pourri. Des fois, j'avais des nausées avant d'aller à l'école le matin, ou en sortant avec une fille pour la première fois. Un jour, Joe et moi, on a emmené des nanas au parc de Harrison. (...) On a pris la route 1 vers Bath, avec la radio allumée qui passait du rock. Brian Wilson, ça je m'en souviens, Brian Wilson et les Beach Boys. Ils parlaient de surf, ce qui allait drôlement bien avec les Beach Boys 36 à la radio. Elle était mignonne. Elle s'appelait Rosalynn. C'était la soeur d'Annmarie... J'ai ouvert la bouche pour dire que je ne me sentais pas bien et j'ai tout vomi par terre. Il y en a un peu qui est tombé sur la jambe d'Annmarie. Si vous aviez vu sa tête!" (135)

Autre récit à accueillir avec les réserves d'usage, mais qui ne doit pas être très éloigné de la réalité. Dans la novella Le Corps, où King a mis beaucoup de lui-même 37, il fait dire au romancier Gordon Lachance :

"Ces prétentions ne doivent pas cacher le fait que c'est une histoire profondément sexuelle écrite par un jeune homme profondément inexpérimenté (à l'époque j'avais couché avec deux filles, éjaculé prématurément sur l'une des deux). (...) C'était l'oeuvre d'un jeune homme aussi dépourvu d'assurance que d'expérience."


À l'université, il ne fréquente guère les filles, et n'aime guère les manifestations collectives. Dans la nouvelle
Nona, il décrit l'ambiance du bal de l'université :

"Vers la fin de l'année scolaire, juste avant les examens, un bal a lieu au gymnase. (...) C'était sombre, bourré de monde, imprégné de sueur et frénétique comme seule peut l'être une soirée universitaire juste avant que ne tombe le couperet des examens. Il y avait du sexe dans l'air. Pas besoin de le sentir; on pouvait presque tendre la main et l'attraper à pleines poignées comme un morceau d'épais tissu mouillé. On devinait que plus tard ils feraient l'amour, ou ce qui passait pour de l'amour. Ils le feraient sous les gradins, dans le parking de la chaufferie, dans les appartements et les dortoirs. Ce serait fait par des hommes-enfants désespérés, talonnés par la conscription et par de jolies étudiantes qui abandonneraient leurs études dans l'année pour rentrer chez elles et fonder un foyer. Ce serait fait dans les larmes ou les rires, la sobriété ou l'ivresse, la crispation ou l'absence totale d'inhibition. Mais surtout, ce serait vite fait."(443)

Un de ses professeurs de l'UMO, Burton Hatlen, raconte de Steve :

"Il était très connu sur le Campus..., célèbre parmi les étudiants. Il était cependant assez timide. Cela lui a pris pas mal de temps avant qu'il surpasse sa timidité... Avec les femmes tout particulièrement. Et Tabitha était très importante. Elle est entrée dans sa vie lors qu'il ne s'y attendait pas. Je crois bien qu'elle fut sa première petite amie. Je ne me souviens pas de l'avoir vu avec d'autres petites amies avant elle. C'est aussi un autre phénomène très intéressant." 38

Steve connaît Tabitha Spruce, une condisciple, à la bibliothèque de l'Université où il a un «job», mais n'a avec elle que des relations de travail. En deuxième semestre de la dernière année d'université de Steve, Tabitha vit encore avec un autre étudiant :

"Le gars avec qui elle était à l'époque, David Lions, s'est révélé un excellent poète doublé d'un éditeur puisqu'il a fondé les Lynx Presses du Massachussets." 39.

Les relations de Steve avec Tabitha n'ont donc pu s'établir que durant l'été 1970. Tabitha a encore une année d'études à effectuer. Steve vit de petits boulots. À cette époque, il a fait de l'exercice, a maigri : il pèse 94 kgs pour 1,90 m. (SKS, 67)


Le mariage de Steve et Tabby eut lieu le 2 janvier 1971. George Beahm, irremplaçable pour la plupart des informations concernant cette période de la vie de King, n'indique pas la date de naissance de leur premier enfant, Naomi, sans doute pour des raisons de discrétion. Mais comme il indique la date de naissance du second, Joe, le 4 avril 1972, on constate évidemment que même un auteur fantastique ne peut pas fabriquer deux enfants en l'espace de seize mois... Lors du mariage (forcé?), Tabitha, qui a encore cinq mois d'études à faire pour achever son cursus, devait être enceinte de quelques mois, situation sans doute causée par un Steve toujours bien maladroit... Il ne semble pas qu'il ait été mûr pour ce mariage, comme on le verra plus loin.
En 1972, il écrit
Carrie. Et quelques années plus tard il constate :

"Quand j'ai écrit mon bouquin, j'ai beaucoup peiné pour parvenir à sa conclusion, m'efforçant de faire de mon mieux avec ce que je savais des femmes (c'est-à-dire pas grand-chose)." (Ana, 201)

Roland Ernould ©

ÇA = ÇA, (81-85) < 86
CAI = la révolte de Cain, (68) < 85 (MAC)
CAR = CARRIE, (72-73) < 74
COR = le corps , (73) < 82 (DIF)
CRO = le croque-mitaine, (73) < 78 (BRU)
DIF = DIFFÉRENTES SAISONS 4 novellas,
(82=postface)
ELE = un élève doué, (74) < 82 DIF
FL1 = LE FLÉAU, version abrégée, (75-78) < 78
FL2 = LE FLÉAU, version complète, (88 version 78) < 90
MAC = DANSE MACABRE préface + 20 nouvelles, (77 ) < 78
MAR = MARCHE OU CRÈVE, (66-67) < 79
NON = Nona, (78) < 85 (MAC)
POS = poste de nuit, (70) < 78 (BRU)
PRI = le printemps des baies , (68 c75 < 78 (BRU)
RAG = RAGE, (66+71) < 77
REL = La revanche de Gros Lard Hogan, (75) (COR)
REV =RÊVES ET CAUCHEMARS 23 nouv., (92 notes 93) < 93
RUN = RUNNING MAN, (71-72) < 82
SAL = SALEM, (72-74) < 75
SHI = SHINING, L'ENFANT LUMIÈRE, (74-77) < 77
SIM = SIMETIERRE, (79-82-83) < 83
STU = Stud City, (69) (COR)
TIG = en ces lieux les tigres, (68) < 85 (MAC)

Abréviations : Les trois lettres correspondent
aux titres des Ïuvres. La ou les dates entre
parenthèses sont celles de la création de l'Ïuvre.
La dernière date est celle de la publication aux USA. Les
titres des romans sont en majuscules. Les titres des
nouvelles, en minuscules, sont suivis par l'abréviation du
recueil)
Premières dates (entre parenthèses) : années de conception et d'écriture
deuxième date : date de parution

Pour précisions supplémentaires, voir la bibliographie.
Ouvrages critiques de King :

ANA = ANATOMIE DE L'HORREUR, (79/80).< 81
PAG = PAGES NOIRES 1979/80. 1981

Ouvrages critiques consacrés à King :

SKS = George Beahm, THE STEPHEN KING STORY, Warner Books, éd. 1994. Pas de traduction française à ce jour
SKC = George Beahm, THE STEPHEN KING COMPANION
Warner Books, éd. 1993. Pas de traduction française
à ce jour.
TSK = George Beahm, TOUT SUR STEPHEN KING, éd. Lefrancq 1996.
Phénix 2 = Stephen KING, Les Dossiers de Phénix 2, éd. Lefrancq, Bruxelles 1995.

Notes.

1 "Après le départ de mon père, ma mère s'est débrouillée comme elle pouvait pour joindre les deux bouts (...). Elle a occupé toutes sortes d'emplois peu rémunérateurs : repasseuse dans une blanchisserie, pâtissière dans une boulangerie, vendeuse dans un magasin, femme de ménage (...). Elle faisait de son mieux pour ne pas perdre pied, comme d'innombrables femmes avant et après elle. On n'a jamais eu de voiture (et on n'a eu une télé qu'en 1956), mais jamais on ne sautait un repas.", Anatomie, 112.

2 Ana, 118. La stabilisation à Durham ne viendra que plus tard, en 1958, quand la famille se cotisera pour permettre à la mère de King de soigner les vieux parents. Stephen King a alors 11 ans.

3 "A un moment donné, notre père avait confié sa caméra à un autre marin, et soudain le voilà, Donald King, de Peru (Indiana), accoudé au bastingage. Il lève la main, sourit; fait sans le savoir un petit signe à des fils qui ne sont même pas conçus. On a rebobiné le film, et on l'a regardé une deuxième fois. Et une troisième. Salut, papa; où es-tu passé aujourd'hui?", Ana, 114.

4 Beahm, SKC, 42/3. Pas de traduction française complète à ce jour. Les traductions de Beahm sont de l'auteur de cet ouvrage.

5 Ana, 112, 115 et 111.

6 Interview de Martin Coenen, , Phénix 2, 39.

7 Cité dans l'interview de Lou Van Hille, Burton Hatlen, Professeur, Guide, Ami, dans Steve's Rag #12, 21, décembre 1996. Hatlen ajoute : "Un de ses professeurs [au lycée] avait remarqué qu'un certain talent sommeillait en Steve et l'aida à trouver la voie. C'est probablement pour cela que l'on trouve beaucoup de professeurs de lycées dans ses romans. Ils lui ont beaucoup apporté et c'est probablement aussi pour cela que Steve voulait devenir professeur."

8 Stephen King et son jumeau, Phénix 2, 256/7.

9 Interview de Martin Coenen, Phénix 2, 52.

10 Ivre, il a ramassé des balises de circulation, s'est fait coincer par un flic, juger et condamner à une amende : "J'aurais sans doute pu emprunter cet argent à ma mère, mais les circonstances n'étaient pas faciles à expliquer (à moins d'avouer une bonne cuite)." Brume, Notes, 641.

11 Ana, ch. 4 et The Playboy Interview, 1983, Beahm, SKC, 28/9.

12 Sur ce point, voir une précision dans l'interview de Burton Hatlen par Lou Van Hille, Steve's Rag, nov. 1996, 21.

13 Alessandro Arturo, Éléments autobiographiques dans l'...uvre de King,Phénix 2, 15. Une nouvelle de 1968, écrite à l'université, reprend ce sujet des toilettes de l'école, En ce lieu des tigres, Brume.

14 "Je me suis souvent senti malheureux et différent, étranger aux autres gosses de mon âge. J'étais un enfant gros -fort étant l'euphémisme utilisé par les marchands de vêtements- et vraiment mal coordonné, toujours le dernier à être choisi quand on choisissait les équipiers" Beahm, SKC, 40.

15 Interview de Martin Coenen, Phénix 2, 41.

16 "On pourrait croire que j'ai des lunettes sur le nez, mais il m'arrive parfois de penser que ce sont des culs de bouteilles", Ana, 112. Ses "culs de bouteilles" re-

viennent comme une obsession dans chaque roman, présente dès son premier roman publié : "Ses yeux étaient énormes derrière les verres épais, on aurait dit des ...ufs pochés" (Car, 67)

17 Danse Macabre, Avant-propos, 19.

18 Beahm, SK.C, 48. Plus âgé, son talent littéraire se manifestera davantage : "À bien des égards, la scolarité de K. fut on ne peut plus ordinaire. Scolairement, il fut un élève en-dessous de la moyenne; bien qu'il se souvienne de n'avoir obtenu que des Cs et Ds en chimie et physique, il était suffisamment bon dans les autres matières pour être deux fois cité au tableau d'honneur quand il était étudiant de première et seconde année." SKS, 40.

19 Interview de Christopher Chesley, ami d'enfance de King, SKS, 32.

20 Sanford Phippen, King, l'étudiant, article paru dans le Maine Magazine (UMO), repris dans TSK, 44.

21 Cette découverte a été relatée plusieurs fois par King. On trouve le titre de certains livres de cette caisse dans Ana, 115/6.

22 "Il a reçu quelques lettres de refus personnalisées; des lettres du style «Ça ne nous convient pas mais continuez à nous envoyer votre prose», comme j'en ai reçu pas mal à mon tour durant mon adolescence et jusqu'après mon vingtième anniversaire (quand je me sentais déprimé, il m'arrivait de me demander quel effet ça ferait de se moucher dans une lettre de refus).", Ana, 115.

23 On l'a vu plus haut, sa mère n'était pas tendre à l'égard de son mari disparu.

24 "C'était un sujet sensible pour King. Il stigmatisait les quelques sujets qui l'éc...uraient et partait contre les critiques des cheveux longs. Pouvez-vous imaginer un pays prétendument basé sur la liberté d'expression racontant aux gens qu'ils ne peuvent pas laisser pousser leurs cheveux ou leur barbe? Depuis quand sommes-nous descendus au point que nous devons porter plus d'attention à ce que les gens paraissent plutôt qu'à ce qu'ils pensent?", S.KS, 62.

25 Interview de Lou Van Hille, Burton Hatlen, Professeur, Guide, Ami, Steve's Rag #11, nov. 1996, 21.

26 Voir l'interview d'un libraire de Bangor, Stuart Tinker, libraire indépendant particulièrement apprécié par King, Steve's Rag #12, déc 96, 25.

27 Steve's Rag #12, déc. 1996, p. 21.

28 "King raconte ses mésaventures comme satiriste qui publia le Village Vomit, une parodie du journal de l'école. Comme King l'explique, "le Village Vomit se moquait des professeurs, en mentionnant les noms, avec cette sorte de cruauté innocente particulière aux enfants. Sa tentative attira immédiatement une attention non souhaitée, avec la ferme promesse de trois jours de suspension. Cependant King eut de la chance. Plutôt que de l'exclure, l'administration décida de canaliser ses efforts d'écriture créative, avec une publication plus pertinente -un journal local, où il couvrirait l'activité sportive de l'école pour un demi-cent le mot.", SKS, 41. Des membres de l'équipe éducative avaient quand même quelque largeur d'esprit....

29 Reprise dans Le Corps, Différentes Saisons.

30 Sanford Phippen, King, l'étudiant, article paru dans le Maine Magazine (UMO), repris dans TSK, 39.

31 Danse Macabre, Avant-propos, 11.

32 Idem, 42 et 44.

33 Nouvelle pubiée plus tard dans Danse Macabre.

34 Ana, successivement 83, 30 et 84.

35 Id., 126. Help me, Rhonda, composé par Brian Wilson pour le groupe les Beach Boys a été enregistré le 24/02/1965, par Capitols Records. La sortie du disque se fit le 05/05/1965, et ce fut un tube pendant les mois qui suivirent. On peut donc situer avec une exactitude suffisante ce «pelotage» : Steve va avoir ou a 18 ans.

36 Noter la correspondance exacte entre la biographie (Anatomie) et la fiction (Rage).

37 La nouvelle Stud City, parue en revue à l'automne 1969, a été reprise ultérieurement pour figurer dans Le Corps, Différentes Saisons, 443. Steve a 22 ans.

38 Steve's Rag #11, nov. 1996, 21.

39 Cycle de la Tour Sombre, I, Le Pistolero, Postface, 250.

Articles consacrés à

King : l'homme

UNE ENFANCE SANS PÈRE

L'ADOLESCENCE DIFFICILE

LA FASCINATION DE LA MORT

 

 

ce texte a été publié dans ma Revue trimestrielle

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saison # 22 - hiver 2003

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