|
LE MONDE DE HARRY
POTTER
|
|
LA PERSONNALITÉ DE J. K. ROWLING
PORTRAIT
PSYCHOLOGIQUE DE LA CRÉATRICE
DE HARRY
POTTER.
Avertissement : la bonne
compréhension de cet essai n'est possible qu'avec la
lecture préalable de la biographie, supposée connue, ou à laquelle
le lecteur devra se référer
constamment.
|
Lors de la séance de
photos pour la couverture de la biographie du livre de Sean
Smith. Rowling a dit en rigolant de cette photo :
"Pour être honnête,
je me sens un peu conne d'avoir fait
ça." (Sean Smith, p. 214)
|
. Dans notre société de
parade permanente, où tout s'étale
ostensiblement, les timides ne peuvent rencontrer que des
problèmes, et l'avenir des discrets paraît
toujours moins brillant que celui des frimeurs. Il ne faut
pas entendre évidemment ici la timidité
ordinaire, l'appréhension qui apparaît quand on
doit faire face pour la première fois à un
problème nouveau. Bafouiller en public quand on n'en
a pas l'habitude, être médusé lors d'un
examen, perdre ses capacités dans la conduite d'un
engin en présence d'un tiers sont des comportements
fréquents. Cette appréhension sociale de la
première fois cesse avec la répétition.
Mais quand l'anxiété ou la paralysie se
prolongent, la timidité fait perdre une partie de
leurs moyens à ceux qui en sont
atteints.
|
Le manque de confiance en soi, la
crainte de décevoir conduisent les timides à
l'introversion. Au lieu d'agir, ils se réfugient alors dans la
rêverie ou dans l'observation et l'analyse. Manquant d'audace
et d'assurance devant l'autorité, le plus souvent ils se
contentent de l'effacement. Certains réagissent par une
désinvolture feinte qui leur paraît assurer leur
dignité, d'autres se sécurisent par la recherche de la
perfection : le besoin de se montrer les plus forts, les meilleurs
sur un terrain choisi, les rassurent sur leurs capacités, sans
leur donner pour autant la confiance profonde qu'ils espèrent.
La peur du jugement des autres conduit des élèves
à travailler davantage, sans qu'ils gagnent pour autant en
assurance. S'ils ne sont pas vaniteux (le vaniteux se pare souvent de
qualités qu'il n'a pas et cherche à se faire
apprécier sans en avoir les mérites), les timides sont
souvent des orgueilleux, qui croient au fond d'eux-mêmes qu'ils
sont supérieurs à ce qu'ils paraissent. Première
observation sur l'auteur actuellement sous le scalpel
métaphorique du psychologue : Joanne est une timide
orgueilleuse.
Comme la plupart des timides, Joanne
est une hyperémotive, qui réagit violemment aux
émotions et aux sentiments. Ni les parents, ni la soeur de
Joanne ne sont timides. Autant qu'on puisse le savoir au travers des
divers matériaux disponibles, ils sont normalement
extravertis, ont de bonnes relations avec le voisinage, participent
à la vie sociale. La mère, Anne, est peut-être
trop accaparante et protectrice avec ses enfants, donnant beaucoup
d'importance à l'ordre. Mais Joanne a une enfance qui
paraît ordinaire à la campagne, dans les villages
où tout le monde se connaît. Comme sa soeur plus jeune
de deux ans, Dianna (Di), elle fait partie des Brownies (les Lutins),
équivalents de nos anciens louveteaux du mouvement Scout.
Organisation mixte liée à l'Église, ses sections
proposaient diverses activités aux enfants de 7 à 10
ans. Le comportement différent des deux soeurs a
été remarqué par la responsable alors du groupe,
Sylvia Lewis : "Di se mettait
toujours en quatre avec beaucoup d'enthousiasme. (...)
Joanne était toujours
beaucoup plus sérieuse, la tête baissée sous son
petit béret, regardant droit devant elle, une petite personne
responsable, vous savez 14. Ces deux filles, c'étaient des
caractères différents." 15 Si elle partage les autres jeux des enfants,
l'activité préférée de Joanne est de loin
la lecture solitaire.
Joanne n'a évoqué que brièvement comment elle
appréciait son physique de l'époque. Sa soeur est brune
comme sa mère, elle, d'un roux flamboyant. D'apparence
plutôt quelconque, elle est petite, a un visage étroit
et pâle, avec des taches de rousseur, des lunettes (elle
souffre de myopie), et les cheveux raides. Il est certain que ce
physique ne doit la satisfaire que modérément. En plus,
elle est maladroite, une maladresse durement ressentie. Les
activités physiques ne l'intéressent
pas16. Lors d'une émission, elle a reconnu son
problème : "J'étais la fille à livres par excellence -
petite et renfermée, portant les lunettes aux verres
épais de la Sécurité Sociale, vivant dans un
monde de totale rêverie. J'écrivais sans arrêt des
histoires et, de temps en temps, je sortais du brouillard pour forcer
ma petite soeur à les écouter et à jouer aux
jeux que je venais d'inventer." 17 Un adjectif pour se juger : "commune". On peut penser
qu'elle ne s'est pas trouvée telle qu'elle aurait voulu
être. La timide qui manque de confiance en elle-même
s'est à peine caricaturée dans les propos que tient la
fantôme Mimi, qui a toujours peur de ce que l'on pense d'elle.
Mimi, qui a "le visage le plus
maussade qu'on puisse imaginer, à demi-caché sous de
longs cheveux pendants et une paire de lunettes aux verres
épais", se plaint sans
cesse qu'on se moque d'elle : "Tu crois que je ne sais pas ce que les gens disent de
moi derrière mon dos? La grosse Mimi! Mimi la moche! Mimi
geignarde, Mimi râleuse, Mimi minable." (II.146) Si les détails ne se
ressemblent pas tous, les propos tenus reflètent en partie son
insatisfaction à cette époque.
Les trois
travestissements littéraires de Joanne
Rowling.
Dans la série des Harry Potter, trois personnages ont
été pourvus des caractéristiques principales de
la personnalité de Joanne : Harry Potter, Hermione Granger et
Neville Londubat.
Hermione.
On sait que, timide et anxieuse, Joanne a été
terrorisée par une première maîtresse
d'école exigeante. À la rentrée, l'enseignante
disposait spatialement les élèves dans la classe
d'après les résultats d'un test, les bons d'un
côté, les médiocres de l'autre. Classée en
dessous de la moyenne, Joanne est rangée parmi les
médiocres. Entre un maître autoritaire et un
élève timide qui a besoin de compréhension et
n'a pas le contact facile, la communication est aléatoire.
Beaucoup de timides se butent, se replient sur eux-mêmes. Mais
Joanne est de ces timides volontaires et opiniâtres qui savent
que rien n'est jamais gagné et que tout s'obtient à
l'arraché. À la fin de l'année, elle s'est
classée parmi les bons élèves : "J'ai toujours eu envie de réussir, ma
main devait être la première à se lever, je
devais toujours avoir raison." 18 Ce comportement est permanent chez Hermione :
"La main d'Hermione
s'était levée à la vitesse d'un boulet de
canon. (...)
Hermione leva encore la main
comme si elle essayait de toucher le plafond. (...)
Cette fois, Hermione se leva,
la main toujours tendue au-dessus de sa tête." (I. 139) Alors qu'elle aurait pu se refermer
sur elle-même, Joanne s'est mise à travailler deux fois
plus : "Hermione fut facile
à inventer, car c'est presque ma copie conforme à onze
ans. C'est une vraie caricature de moi. Comme Hermione,
j'étais obsédée par le désir de
réussir académiquement, mais ce désir masquait
une immense insécurité." 19 Cependant, si en apparence le comportement est
identique, les raisons d'agir de Joanne ne sont pas les mêmes
que celles d'Hermione. Hermione se comporte spontanément en
laborieuse qui croit aux vertus de la science et du savoir pour
eux-mêmes. C'est parce qu'elle travaille sans effort, heureuse
de le faire parce qu'elle y trouve son plaisir et son
accomplissement, que les livres et les bibliothèques sont une
partie essentielle de sa vie, et qu'elle croit aux vertus de la
connaissance. Elle ne consacre qu'un minimum de temps aux
activités de jeu, enrichissant sans trêve ses
connaissances, tandis que ses amis Harry et Ron pensent d'abord
à s'amuser, puis ensuite - et éventuellement! -
à travailler.
Alors que Joanne élève
avait un rapport trouble avec le travail, l'apprentissage du savoir
étant lié au fait d'être appréciée,
Hermione voit en lui le moyen de comprendre le monde et d'agir sur
lui, ce qui redonne à l'apprentissage sa véritable
signification20. Là où Joanne avait une attitude
névrotique envers le savoir, le moyen de se faire remarquer et
d'être appréciée, Hermione ne pratique
l'accumulation de connaissances que dans la mesure où,
grâce à elles, une meilleure action sur le monde est
possible. Car il faut noter que les livres qu'étudie Hermione
sont toujours des ouvrages utiles, et jamais les livres de
divertissement où se plaisait la rêveuse Joanne.
Hermione aura un certain chemin à parcourir avant de
comprendre le vrai sens de la vie et de refléter la
pensée actuelle de Joanne quand elle dit à Harry :
"Moi, j'ai tout appris dans
les livres. Mais il y a des choses beaucoup plus importantes, le
courage, l'amitié."
(I, 280)
À son image, Joanne n'a pas
fait d'Hermione à onze ans une beauté. Avec ses longues
dents (alors qu'elle est fille de dentiste!), elle est aussi
différente des autres parce qu'elle est moldue. Les cheveux
roux de Joanne ont été attribués à Ron,
et ceux de sa soeur Di à Hermione : "Elle avait d'épais cheveux bruns
ébouriffés, de grandes dents et un ton
autoritaire." (I. 108), tous
traits que ne possède pas Joanne.
Harry.
Harry est un personnage bien plus torturé et complexe, un
garçon d'abord sentimental et passif comme Joanna, auquel est
donné inopinément le pouvoir de changer le cours de sa
vie, jusqu'alors sans perspectives. Pendant des années, il
s'est évadé dans le rêve plutôt que
d'affronter la réalité des Dursley : "Ça ne fait pas grand bien de
s'installer dans les rêves en oubliant de vivre, souviens-toi
de ça." (I, 212), lui
dit plus tard Dumbledore. Joanne a eu la chance de réaliser en
quelque sorte une auto-analyse en vivant pendant des années
l'existence fictive de Harry, transformant sa propre vie en
même temps qu'elle faisait faire l'expérience nouvelle
de la sienne à son personnage. Comme le remarque Sean Smith,
elle a trouvé en Potter "un personnage tourmenté, à qui l'on donne
le pouvoir de changer inopinément le cours de sa vie, qui
s'annonçait terne et triste." 21 Elle peut, considérant comment elle a
liquidé son passé un certain moment chaotique, se dire
comme Dumbledore à Harry après un match de quidditch
gagné : "Je suis
content que tu aies chassé ce miroir de ta tête... Tu as
continué à travailler? C'est très
bien." (I, 222)
22
En commençant sa scolarité, Harry manifeste les
mêmes angoisses que Joanne à l'école primaire.
Contacté par Hagrid avant son entrée à Poudlard,
il lui fait part de ses craintes et pense qu'il sera en situation
d'infériorité parce qu'il n'a pas été
élevé dans une famille de sorciers : "Ne t'inquiète pas, Harry,
répondit Hagrid avec un sourire bienveillant, tu apprendras
très vite. A Poudlard, tout le monde commence au même
niveau. Tu t'en sortiras très bien. Reste toi-même,
c'est tout." (I, 91)
Harry manifeste à plusieurs reprises des sentiments
d'infériorité et d'anxiété, traits
constitutifs de la personnalité de Joanne : "J'ai beaucoup de choses à apprendre...
Je suis sûr que je serai le plus mauvais élève de
la classe." (I, 104)
En décrivant un Harry
angoissé, Joanne se souvient du contact avec sa
première maîtresse, la plus sévère de
l'école, qui répartissait ses élèves en
bons et mauvais suivant un test de connaissances le jour de la
rentrée et transpose son angoisse dans le choix du chapeau
magique qui décide du sort de chaque candidat à
Poudlard : "Jamais il n'avait
senti une telle appréhension. (...) Harry
éprouvait un sentiment bizarre comme si ses jambes
s'étaient soudain changées en plomb. (...)
Harry ne se sentait plus le
moindre courage. S'il avait existé une maison pour les
élèves au bord de la nausée, il y serait
allé tout de suite." (I. 119/22) Comme Joanne, il se montre jubilant quand il
réussit. Après avoir gagné son match de
quidditch (précisément le sport, activité pour
laquelle Joanne n'a a jamais manifesté le moindre
intérêt!), il triomphe : "Jamais il ne s'était senti aussi heureux. Cette
fois, il avait véritablement accompli quelque chose dont il
pouvait être fier." (I.
222)
Joanne manifeste un certain
dédain à l'égard des réalités
ordinaires et du côté matériel des choses (en
classe, Joanne était nulle travaux manuels). Elle a fait
passer cette tendance de son caractère dans Harry, souvent
négligent, distrait, en retard, désordonné. Un
trait parmi bien d'autres, lors de l'examen des baguettes magiques
pour le concours, quand chaque candidat sait que l'utilisation de la
baguette jouera un rôle important. Alors que Cédric
nettoie sa propre baguette régulièrement et
présente à l'examinateur une baguette impeccable, Harry
a négligé la sienne : "Harry contempla sa propre baguette. Elle était
pleine de traces de doigts. Il prit un pan de sa robe et essaya de la
nettoyer subrepticement."
(IV. 328) Transposition d'une Joanne qui égarait ses
polycopiés ou devait payer une amende pour avoir oublié
de reporter ses livres à la bibliothèque...
On n'a pas souligné suffisamment à quel point Joanne K.
Rowling est restée proche longtemps de l'enfance et qu'elle
n'a commencé à accéder à l'âge
adulte qu'à la trentaine, après un long parcours
semblable à celui de Stephen King. Dans Harry Potter, c'est
l'esprit de l'enfance qui l'inspire 23 et l'imagination telle que la décrit King avec
la possession par certains écrivains du «troisième
oeil»24 : "L'imagination
est un oeil, un extraordinaire troisième oeil qui flotte
librement au-dessus de nos têtes. Durant l'enfance, nous avons
10/10 à cet oeil. À mesure que nous grandissons, sa
vision devient de plus en plus floue... Le travail de
l'écrivain fantastique ou d'horreur consiste à vous
ôter vos oeillères pour quelque temps; à offrir
un spectacle fabuleux à votre troisième
oeil." 25 Le «troisième oeil» permet
d'aller au-delà des barrières du vraisemblable tout en
appliquant des conventions réalistes au surnaturel et à
l'incroyable. Pas d'histoire fantastique "sans ce troisième oeil. C'est pour lui, ajoute
King, qu'un auteur d'horreur monte son spectacle. «Je suis le
metteur en scène, dit-il encore, le
marionnettiste.»"
26 Et, comme pour Stephen King, le propos de J. K. Rowling
est bien de nous «faire
retrouver le royaume de l'enfance» de telle sorte que «notre ombre redevienne celle d'un chien, une
bouche béante ou d'une silhouette sombre qui nous fait signe
dans le noir.»"
27.
Il reste à signaler un dernier
point, qui explique aussi bien Joanne que Harry, dans lequel elle
s'est réalisée : "Tu as un orgueil et un goût de
l'indépendance qui aurait pu tout
gâcher." (IV. 707), lui
signale Templedore. C'est cet orgueil qui amènera Joanne
à poursuivre son oeuvre alors sans perspectives, quand, dans
le triste épisode du Portugal suivi de son retour
précipité en Écosse avec sa fille, tout autour
d'elle paraît s'effondrer.
.
Neville.
On passera rapidement sur Neville, personnage secondaire pittoresque,
dans lequel Joanne a fait passer, en l'exagérant pour l'effet
comique obtenu, son manque d'adaptation aux réalités
quotidiennes. Le manque d'habileté dans les actes suscite des
réactions ironiques ou désabusées dans
l'entourage. Le timide maladroit cumule vraiment les
difficultés. À son impressionnabilité et son
trouble en présence d'autres, il ajoute constamment la crainte
de faire de travers et se sent continuellement en péril.
Le besoin
d'être soutenue.
Comme Harry a besoin d'être poussé par les
événements pour se décider à agir, Joanne
se laisse vite aller quand personne ne la soutient ou n'encourage ses
projets (jusqu'à ce que, en marche vers l'état
d'adulte, elle décide de se prendre en charge et de se mettre
sur le vaste projet d'écriture qui doit l'occuper pendant des
années). L'adolescence venue, des tendances contradictoires se
manifestent en elle, un changement de vie soudain, qui la font passer
du travail solitaire et presque de l'ascétisme à une
vie beaucoup plus agitée, avec des sorties et des amies.
Probablement sa mère malade, et moins vigilante, a dû
laisser les choses aller. Pourtant Joanne savait que sa nouvelle
conduite déplairait à sa mère. En
résumant les éléments connus de sa biographie,
elle sort beaucoup, modifie son apparence par un maquillage agressif,
faisant disparaître l'Hermione sage et studieuse pour la
remplacer par un personnage différent, semblable au Harry
nonchalant ou dissipé qu'Hermione fustige et secoue sans
cesse. Elle est bien partie pour rater sa vie, ne travaille plus
guère, à peine ce qu'il faut, passe de justesse ses
examens, ne sait pas bien où elle va : la poussée
hormonale ne suffit pas à expliquer ce
changement28, ni la maladie de sa mère, qui a pu constituer
un élément perturbateur. Pas davantage qu'une
orientation mal assumée : elle poursuit dans la voie que
souhaite sa mère, qui la voit devenue une brillante
secrétaire bilingue dans une entreprise 29 (alors que Joanne sait qu'elle n'a aucune disposition,
et sera, en fait, une secrétaire désastreuse). Il y a
en elle des tendances contraires au comportement studieux de
l'école primaire et du collège, tendances qu'elle a
dû longtemps réprimer. On les retrouve chez Harry, peu
disposé à travailler s'il n'y est pas contraint :
"Malgré la
quantité de devoirs que les élèves de
quatrième année avaient à faire pendant les
vacances, Harry n'était pas du tout d'humeur à
travailler lorsque le trimestre s'acheva et il passa la semaine qui
précédait Noël à s'amuser le plus possible
avec les autres." (IV.426)
Quand il est astreint à une tâche obligée, il ne
s'y met qu'avec répugnance. Par exemple, il repousse sans
arrêt le moment de s'occuper des recherches que lui demande la
compétition de la Coupe des Sorciers : "La veille de la deuxième tâche,
Harry eut l'impression d'être prisonnier d'un cauchemar.
(...) Comment avait-il pu se mettre dans une telle
situation? Pourquoi n'avait-il pas cherché à
résoudre l'énigme de l'oeuf plus tôt? Pourquoi
avoir si souvent négligé d'écouter ce que les
professeurs disaient en classe?" (IV. 513) C'est peut-être le regret qu'a eu
Joanne en se voyant si souvent dans une position médiocre au
lycée et à l'université, mais la tentation du
plaisir est forte : "Que
n'aurait-il donné pour être comme tous les autres, assis
avec une bande d'amis, à boire, à rire et sans autre
souci que ses devoirs à faire? Il imagina le plaisir qu'il
aurait eu à se trouver dans cette salle si seulement son nom
n'était pas sorti de la Coupe de Feu." (IV. 340)
Curieusement, on retrouve un
comportement semblable chez Dumbledore, dont on se demande d'abord
s'il est naturel ou forcé. Un exemple au repas de Noël :
"Joyeux Noël! dit
Dumbledore en voyant approcher Harry, Ron et Hermione.. Puisque nous
sommes si peu nombreux à rester au château, il serait
stupide d'utiliser plusieurs tables.... Asseyez-vous... Asseyez-vous!
(...)
Pétards surprises!
annonça Dumbledore avec enthousiasme.
Il tendit l'extrêmité d'un gros pétard
argenté à Rogue qui tira dessus à
contrecoeur." (III .246) Et
cette bonne humeur démonstrative, presque ostentatoire,
continue : "Bon
appétit! dit Dumbledore, le visage
réjoui." Et, à
la venue du professeur de divination qui sort peu de son antre pour
ne pas gâcher son "Troisième Oeil" dans l'agitation du château (III. 116) :
""Sibylle! Quelle bonne
surprise! s'exclama Dumbledore en se levant." Ou encore : "Mais je vous en prie, dit Dumbledore, le regard
pétillant." (id) Aucun
indice ne permet d'affirmer que le comportement de Dumbledore n'est
pas naturel, mais il peut jouer très bien un rôle comme
personnage public. Comme certains observateurs l'ont prétendu
de Joanne? Ou Joanne veut-elle signifier qu'elle a compris qu'on
pouvait, comme Dumbledore, être un dévoreur de livres
tout en appréciant la vie.30
Ainsi se montrait en effet Joanne lors de ses sorties avec ses amies,
la réserve d'Hermione apparemment abandonnée. Une
copine de sortie croit avoir compris son comportement de
l'époque au delà des apparences : "Jo aimait boire des coups. Elle aimait faire
la fête et prendre du bon temps. Elle avait pourtant un
côté sérieux et je me demande si sa
manière de jouer au boute-en-train n'était pas de la
poudre aux yeux. De l'extérieur, on n'aurait jamais pu deviner
qu'il y avait un gros problème du côté de sa
mère."
31 Avec ses petits amis, ses sorties, ses lectures, il ne
reste plus beaucoup de temps à Joanne pour travailler des
cours qui ne l'intéressent pas vraiment32 . La bûcheuse Hermione du roman
aura-t-elle avec le temps un comportement semblable?
Sa vie sentimentale est marquée par la recherche d'affection
et une constance certaine. Quand elle a eu trouvé un ami
sérieux, leur relation allait durer plusieurs années,
avec des hauts et des bas, un étudiant-type qui aime sortir
boire des verres, mais un peu mou d'après les copines de
Joanne : "C'était elle
qui avait la plus forte personnalité." 33 On reprendra ultérieurement cette remarque. Mais
on doit insister sur ce besoin d'affection de Joanne, de se sentir
soutenue, encouragée, appréciée. La
sous-directrice portugaise de l'école où elle
travaillait au Portugal a porté un jugement intéressant
sur Joanne : "Joanne
était quelqu'un de nerveux et d'anxieux, toujours de-ci
de-là comme un papillon.(...) Je ne crois
pas qu'elle se sentait comblée. On pouvait voir qu'il lui
manquait quelque chose. Un jour, elle m'a même demandé
de lui trouver un petit ami. Je crois que Joanne avait
désespérément besoin d'amour." 34
Aussi, dès qu'on lui manifeste de l'intérêt ou
que ce qu'on lui propose lui paraît intéressant; Joanne
est présente. Qu'un enseignant la remarque, elle devient
disposée à travailler. Elle en a peu rencontré,
et il faut noter la profonde influence au lycée de son
professeur de lettres Lucy Shepherd, qui avait une bonne vingtaine
d'années quand elle fut l'enseignante de Joanne. Elle se
passionnait pour les femmes capables de s'assumer et de se
réaliser dans la société moderne. Elle
respectait ses élèves en leur enseignant non seulement
les compétences fondamentales dont ils avaient besoin, mais en
nourrissant leur créativité : "Joanne reconnaît que Melle Shepherd fut
le seul professeur à qui elle se soit jamais confiée,
parce qu'elle inspirait confiance. (...) Joanne
explique que son respect pour son professeur provient de
l'extraordinaire passion que cette dernière mettait dans son
travail. C'était une féministe et Joanne n'avait jamais
rencontré une femme comme elle." 35
À l'université, elle se
sentit concernée par la préparation d'une pièce
d'Obaldia pleine de vie, montée par un professeur, Martin
Sorrell. Trop timide pour jouer, elle s'occupe des costumes. Elle
prend ce travail qui l'intéresse au sérieux, ne
sèche aucune répétition, contrairement à
ses cours. À la surprise de son professeur : "Je fus très étonné
qu'elle s'intéresse à la pièce. (...)
La pièce fut un grand
succès et les costumes étaient super." 36 Elle témoigner également de
l'intérêt à son mémoire de licence, une
dissertation de 3000 mots qui sera appréciée. Son
diplôme sera jugé bon, signe qu'elle aime ce dans quoi
elle peut s'impliquer personnellement et se cultiver dans sa voie,
mais elle est rebelle aux études académiques.
"Joanne travaillait mieux dans
les domaines qui requéraient une plus grande implication de sa
part, ce qui explique pourquoi son mémoire fut son meilleur
travail.", remarque justement
un professeur. 37 On retrouvera le même parcours quand elle est en
formation pour devenir professeur, où elle est passée
de mauvais résultats à de très
bons.38
Joanne ne s'est jamais sevrée de son régime
étudiant «caféine-nicotine», ce qui n'est pas
bon pour une nerveuse. Elle continue à vivre le plus souvent
sur la défensive, en réagissant de manière
agressive quand elle ne se sent plus en sécurité. Elle
le sait et le reconnaît. Dès qu'elle est dans un milieu
familier ou accueillant, elle se détend et n'est plus la
même.
La
déprime.
Quand, à Edimbourg, elle vit de l'aide publique avec sa petite
fille. Joanne étoffe ses notes 39 et écrit Harry Potter et la pierre philosophale (dont elle a ramené les trois premiers
chapitres rédigés du Portugal) à une table de
café pendant que sa fille dort. C'est Harry Potter qui l'a
sauvée de la dépression : "J'étais tombée très bas et je
devais réaliser quelque chose. Sans ce défi, je serais
tombée dans la démence la plus noire." 40
Elle a métaphorisé
cette dépression en inventant les détraqueurs, dont on
ne peut bien comprendre la fonction qu'en les assimilant à
cette période de sa vie : "Les Détraqueurs comptent parmi les plus
répugnantes créatures qu'on puisse trouver à la
surface de la terre. (...)
Ils jouissent de la pourriture
et du désespoir, ils vident de toute paix, de tout bonheur,
l'air qui les entoure. Même les Moldus sentent leur
présence. Quand on s'approche d'un Détraqueur, toute
sensation de plaisir, tout souvenir heureux disparaissent. Si on lui
en donne le temps, le Détraqueur se nourrit des autres
jusqu'à les réduire à quelque chose qui lui
ressemble, des êtres maléfiques, dépourvus
d'âme. Celui qui subit son pouvoir ne garde plus en
mémoire que les pires moments de sa vie." (III, 204). On trouve un écho du
désarroi dans lequel s'est trouvé Joanne, cette
incapacité à envisager que l'on pourra jamais retrouver
la joie, dans les propos de Hagrid, qui a fait un court séjour
à Azbakan, en subissant les détraqueurs :
"J'ai cru que j'allais devenir
fou. Mes plus mauvais souvenirs me revenaient en tête... Le
jour où j'ai été renvoyé de Poudlard...
Le jour où mon père est mort (...) Au
bout d'un moment, on ne sait plus qui on est. On n'a même pas
envie de vivre." (III,
239)
Courage dans l'adversité et idéalisme, ces
qualités de Joanne reprennent le dessus. N'ayant plus rien
à perdre, ni travail, ni mari, elle mise tout sur Harry, dans
un roman qui, par réaction, traite de tout sauf de la
dépression.
En même temps, elle démarre un postgrade en
enseignement; il lui faut bien vivre. En 1996, Christopher Little,
agent littéraire basé à Londres, se dit
intéressé par le manuscrit qu'elle lui a
envoyé.
L'appréciation de son
éditeur, Barry Cunningan, après un repas pris avec
elle, ne manque pas d'intérêt : "Je ne l'ai pas trouvée très
sûre d'elle, mais en pleine confiance et très
sérieuse à propos du livre et, le plus important,
sûre que les enfants allaient aimer Harry. Je savais qu'elle
avait eu toutes sortes de problèmes à affronter depuis
son retour du Portugal, et son attachement au livre m'a d'autant plus
impressionné. En un mot, elle comprenait si bien ce que
c'était de grandir."
41
Joanne a trouvé la formule qui résume le mieux la
situation qu'elle a vécu, et qui l'a amené à
s'assumer, en faisant dire à Dumbledore : "Ce sont nos choix, Harry, qui montrent ce que
nous sommes vraiment, beaucoup plus que nos
aptitudes." (II, 349)
Grandir.
Joanne a eu l'occasion de montrer qu'elle était devenue
capable de faire le point sur son évolution lors de la
réponse qu'elle a faite lors de sa réception au titre
honorifique de Docteur Honoris Causa de l'Université d'Exeter
fin 2001. Le professeur Wiseman, dans son discours, mit en
évidence les qualités qui ont assuré sa
réussite : l'obsession de mettre en pratique son talent
naturel et ses qualités de conteuse; les épreuves qui
lui ont fortifié le caractère et ont été
véritablement formatrices; le travail, la concentration et la
suite dans les idées. Après d'autres discours plus ou
moins convenus (toujours aussi timide, Joanne, d'abord
terrifiée, commençait à se détendre),
elle se refusa à prononcer des phrases creuses et fit le point
sur sa situation de façon étonnamment lucide. Elle
commença par démentir le fait qu'elle ait
été une étudiante méritante en racontant
qu'elle avait reçu un mot d'un ancien ami étudiant, qui
lui rappelait son assiduité de l'époque dans les bars
(le Black Horse était l'un d'entre eux) : "Je suppose que tu y vas pour montrer aux
nouveaux diplômés que l'on peut faire quelque chose de
sa vie même si l'on passe trois ans au Black
Horse". Elle sut
reconnaître d'abord ses faiblesses et ses insuffisances, son
manque de persévérance dans l'application, son absence
de travail et son inaptitude pour les emplois qui s'offraient
à elle. Elle reconnut qu'en sortant de l'université,
elle avait surtout la peur d'échouer, la crainte de ne pas
pouvoir devenir l'écrivain professionnel qu'elle aurait voulu
être. Puis, plus tard, après son mariage raté au
Portugal, elle avait trouvé l'opportunité de se montrer
son courage dans la difficulté, d'éprouver et de
montrer sa valeur et sa persévérance en tant
qu'écrivain, trouvant finalement son sort meilleur que dans
ses emplois de bureau sans perspectives : "Comme écrivain pauvre qui n'avait rien
publié, j'étais plus heureuse que je l'ai jamais
été comme cadre solvable et
médiocre." Elle
reconnut enfin sa chance d'avoir étudié à
l'université, bien qu'elle n'ait pas été
suffisamment appliquée. Elle conseilla aux étudiants
d'être eux-mêmes42, de bien saisir leurs chances, rappelant le grand
nombre de ceux qui ne pouvaient le faire tout en étant aussi
doués qu'eux. Elle leur dit qu'ils ne devaient pas se limiter
à tirer des avantages de leurs études, mais aussi
penser à améliorer le monde43. Elle rappela les associations caritatives auxquelles
elle participe.44
Joanne s'assume en s'intégrant. Non seulement elle participe
à des associations caritatives, mais elle a fait l'effort de
se mettre au diapason de la société. Elle paraît
plus souvent en public, a changé son look : la teinte rousse
des cheveux emmêlés a maintenant disparu, ils sont
devenus blonds "bièraubeurre", soyeux, quelquefois longs,
quelquefois relevés sur la nuque. Sa peau est soignée,
sa présentation impeccable, ses vêtements sont
maintenant de marque, ses bijoux de vrais diamants. Va-t-elle se
laisser piéger par sa richesse alors qu'elle ne s'est pas
laissée piéger par la pauvreté? Jusqu'à
présent, elle a manifesté beaucoup de dédain
pour les biens matériels, voyant dans sa fortune plutôt
de quoi combler son angoisse. Comme le richissime Stephen King, elle
apprécie sa valeur en fonction du poids financier qu'elle
représente, et dont elle commence seulement à jouir.
Va-t-elle changer? En tous cas, sa timidité agressive la rend
dure en affaires, impitoyablement efficace dans ses multiples
contrats pour les gadgets les plus divers45. L'agent de ses débuts, Christopher Little, la
protège toujours, et veille à ses
intérêts, qui sont aussi les siens. C'est lui qui
gère seul l'abondance de courriers et de
télécopies, réduisant sa clientèle
à quelques écrivains seulement. Sa relation avec Joanne
durera-t-elle autant que la publication des Harry, sept livres alors
que le contrat signé par J. K. Rowling se limitait à
5?
Et
maintenant?
Ayant gardé son esprit d'enfance, Joanne n'est vraiment
heureuse qu'avec les enfants. Dans les réunions où elle
les rencontre, elle est détendue, leur parle sans
condescendance, les traite en égaux. On sait qu'au cours de
son année de formation comme professeur, elle utilisait des
méthodes actives, des cartes à questions
dessinées par elle-même, des mots croisés qui
rendaient ses cours plaisants, intéressant les
élèves qui travaillaient davantage, tout le contraire
d'un Rogue.46 Joanne n'apprécie que les gens qui ne la jugent
pas, ou qui comptent à ses yeux comme ses lecteurs, qui la
valorisent. L'amitié tolérante est pour elle le plus
précieux des cadeaux.47
À l'égard de son oeuvre, Joanne a retrouvé les
exigences d'absolu d'Hermione. Elle a a passé cinq ans sur son
premier manuscrit, et le second lui fut encore plus difficile
à écrire que le premier. Quoique livré à
l'éditeur, inquiète pour son accueil, elle le reprit
pour le corriger encore une fois, bien qu'elle n'aime pas ce travail
de relecture. 48 Elle n'est jamais sûre d'elle-même, sait
qu'on l'attend à chaque livre pour observer une baisse de
niveau, ce que le critique le plus exigeant n'a pu faire
jusqu'à présent, constatant au contraire une
amélioration de roman en roman (avec un nombre de pages
croissant!) Mais des faits sont révélateurs de
l'insécurité dans laquelle vit Joanne avec l'exemple
d'Harry, jamais sûr d'une popularité à laquelle
il est sensible. Par exemple quand il fait perdre des points à
Gryffondor, en étant surpris à se promener dans les
couloirs la nuit : "L'histoire
commença à se répandre : c'était Harry
Potter, le célèbre Harry Potter, le héros des
deux derniers matches de Quidditch, qui leur avait fait perdre tous
ces points. (...) Harry,
qui avait été le plus populaire, le plus admiré
des élèves de l'école devint brusquement celui
qu'on détestait le plus." (I, 240). Un tel sort serait difficile à
supporter pour Joanne, restée aussi exigeante qu'elle
l'était à l'égard d'elle-même à
l'école avant qu'elle change à la fin de
l'adolescence.
En ce qui concerne sa vie privée, Joanne entretient de bons
rapports avec sa fille Jessica, dont le caractère lui
ressemble beaucoup lui ressemble beaucoup49, et à laquelle elle s'est décidée
récemment à donner un père de remplacement.
Jusqu'alors, blessée par un précédent mariage et
jalouse de son indépendance, Joanne n'avait pas cherché
à se remarier, bien que regrettant ne pas avoir davantage
d'enfants. Elle a connu le docteur Neil Murray, un médecin
d'hôpital,
homme tranquille, son cadet de six
ans, qui n'a rien d'un étudiant rencontré dans un bar
comme son précédent mari. Divorcé de sa femme
médecin épousée en 1996, issu d'une classe
moyenne, il a un comportement proche du mari que Joanne aurait pu
épouser si elle était restée enseignante dans
son milieu d'origine. Ils se sont mariés le lendemain de
Noël 2001. On vient d'apprendre en septembre 2002 que Joanne est
enceinte et attend son deuxième enfant.
Roland Ernould, septembre 2002.
Rowling soutient (entre autres)
l'Association des Familles Monoparentales par ses dons et ses
interventions
Notes :
14 Joanne ne se considère pas comme une personne
marrante : "I think I am
funnier on paper than I am in person; the exact reverse of my sister
who is very funny in person, but writes dull
letters!" (Je pense que je
suis plus drôle sur le papier que dans la vie quotidienne,
exactement le contraire de ma soeur qui est vraiment drôle,
mais écrit des lettres assommantes.") Interview du 16/10/2000,
Scholastic Inc. © 1996-2002.
15 Cité par Sean Smith, J. K. Rowling, la magicienne qui créa Harry
Potter, Favre éditeur,
2002, 54. Un autre avis convergent, celui du directeur de
l'école, note que Di était de loin "la plus vive des deux."
16 "Sport is such
an important part of life at school. I am terrible at all sports, but
I gave my hero a talent I'd love to have had. Who wouldn't want to
fly?" (Le sport a un
rôle tellement important à l'école. Je suis nulle
dans tous les sports, mais j'ai donné à mon
héros un talent que je n'ai pas. Qui ne souhaiterait pas
voler?) Interview du 16/10/2000, Scholastic Inc.
17 Émission With Great Pleasure, propos cité
par Sean Smith, J. K. Rowling,
la magicienne qui créa Harry Potter, Favre éditeur, 2002, 59.
18 Émission With Great Pleasure, propos cité
par Sean Smith, op. cit., 59.
19 Émission With Great Pleasure, propos cité
par Sean Smith, op. cit., 59.
20 J'utilise ce terme au sens anglo-saxon, learning (par
opposition au teaching, l'action d'enseigner). Acquérir un
savoir est un apprentissage, permettant de continuer
ultérieurement à développer des acquisitions
culturelles (apprendre à apprendre) et éventuellement
à produire de la connaissance (apprendre à
créer). L'apprentissage des techniques et moyens d'action
correspond au savoir-faire (sens étroit du mot français
: apprentissage). La formation de la personnalité et
l'intégration sociale appartiennent aux domaines du
savoir-être.
21 Sean Smith, op. cit., 16.
22 Pagination de l'édition de poche.
23 Interview sur le Net : "The idea that we could have a child who escapes from the
confines of the adult world and goes somewhere where he has power,
both literally and metaphorically, really appealed to
me." (L'idée d'un
enfant s'échappant des frontières du monde adulte pour
aller quelque part où il a la puissance, littéralement
et métaphoriquement, m'a vraiment interpellée.)
24 Dans plusieurs croyances religieuses hindoues, l'oeil
droit correspondrait au soleil, à l'activité et au
futur. L'oeil gauche s'accorderait avec la lune, la passivité
et le passé. Le troisième oeil, invisible et
situé juste au-dessous et entre les sourcils,
représenterait la synthèse des perceptions des yeux
normaux. Il serait ainsi non seulement le symbole de la vision
intérieure, mais signifierait la connaissance parfaite,
où se trouve le siège du pouvoir occulte. Le
troisième oeil de Shiva, tout-puissant dieu de l'Inde, aurait
le pouvoir de détruire par le feu. Dans les légendes,
il l'utilise contre ses adversaires. Il serait capable de
détruire l'univers entier s'il le voulait.
25 Stephen King, Pages Noires,
éd. du Rocher, 1996, 214.
26 Alain Bergeron,
L'art de la peur,
Trente ans de
terreur, collectif
dirigé par Hugues Morin, éd. Alire, 1997, 40. La
citation de King vient de : Tim Underwood et Chuck Miller,
Feast of Fear : Conversations
with Stephen King, éd.
Carrol & Craft, 1992, 238.
27 Jean-Pierre Croquet, Préface d'Anatomie de l'horreur de Stephen King, éd. du Rocher, 1995,
V.
28 "Ce n'est pas
parce que votre cerveau marche bien que vous êtes meilleur que
les autres pour contrôler vos hormones" , dit-elle, rapporté par Sean Smith,
op. cit., 78.
29 Joanne a pratiqué le Français à
l'université et a fait un stage de quelques mois à
Paris pour se perfectionner : "I don't know why I did French at university, except that
my parents wanted me to. So learn from my mistake - do what you want,
not what your parents want!"
(Je ne sais pas pourquoi j'ai fait du français à
l'université, sauf que mes parents le souhaitaient. Une
leçon à tirer de mon erreur : faites ce que vous
désirez faire, et non ce que vos parents souhaitent!)
Interview 16/10/00, Scholastic Inc.
30 L'équilibre de Dumbledore doit paraître un
idéal à Joanne. L'oeuvre contient de nombreux
détails du même ordre. par exemple, le miroir du
Riséd réalise en image le désir qu'on a au fond
du coeur. Harry vient de voir sa mère et demande à
Dumbledore ce qu'il voit dans le miroir quand il le regarde :
"Moi? Je me vois avec une
bonne paire de chaussettes de laine à la main.
Harry ouvrit des yeux ébahis.
- On manque toujours de chaussettes. Noël vient de passer et je
n'en ai même pas eu une seule paire. Les gens s'obstinent
à m'offrir des livres." (I, 212).
31 Sean Smith, op. cit., 114.
32 Divers avis de professeurs : "C'était une étudiante tout à fait
ordinaire qui n'était pas mal orientée, mais de toute
évidence elle n'avait pas d'ambition dans ce domaine des
langues." (Martin Sorrell).
"Elle n'était pas aussi
douée en langues que certains autres
étudiants." (Keith
Cameron). Cité dans Sean Smith, op. cit., 107. Des professeurs
lui reprochent de perdre leurs polycopiés, et surtout de
rêver, d'être en quelque sorte absente mentalement lors
des cours.
33 Sean Smith, op. cit., 114.
34 Sean Smith, op. cit., 153.
35 Sean Smith, op. cit., 75.
36 Cité par Sean Smith, op. cit., 115. D'autres
détails sont donnés : "Elle était un membre clef de l'équipe car
les costumes devaient être pile juste. Son plus gros souci fut
d'imaginer un costume pour le cosmonaute. Nous avions
improvisé quelque chose de très brillant, une sorte de
costume d'argent tout en un, avec un casque blanc et un
système pour le masque à
oxygène." Cette
expérience sera utile à Joanne pour les mises en
scène de Poudlard.
37 Professeur Cameron, cité par Sean Smith, op.
cit., 115.
38 Il faut noter que Joanne n'a dit à aucun de ses
professeurs qu'elle avait l'ambition de devenir écrivain, ce
qui aurait pu éclairer son comportement : "Was there a particular teacher who encouraged
you to write when you were a child? If there was, how did he or she
encourage or help you? - I had some wonderful teachers, but I never
confided that I wanted to be a writer. So, no. Writing for me is a
kind of compulsion, so I don't think anyone could have made me do it,
or prevented me from doing it." (S'est-il trouvé un enseignant pour vous
encourager à écrire quand vous étiez enfant? Si
c'est le cas, comment fit-il pour vous encourager ou vous aider? -
J'ai eu quelques professeurs admirables, mais je n'ai jamais
confié à l'un d'eux que je voulais devenir
écrivain. C'est ainsi. Écrire est pour moi une sorte de
compulsion, aussi je ne pense pas que quelqu'un aurait pu me
conseiller ou me déconseiller de le faire). Interview du
03/02/2000, Scholastic Inc. Ce propos ne peut bien se comprendre
qu'en sachant que la compulsion, terme utilisé en
psychanalyse, est plus qu'un besoin : une force intérieure par
laquelle le sujet est amené à accomplir certaines
actions, auxquelles il ne peut résister sans troubles ou
angoisses.
39 Poursuivant un travail commencé quelques
années plus tôt : "During the first five years that I was writing the
series, I made plans and wrote small pieces of all the books. I
concentrate on one book at a time, though occasionally I will get an
idea for a future book and scribble it down for future
reference." (Pendant les cinq
années durant lesquelles j'ai travaillé sur la
série, j'ai fait des plans et j'écrivais quelques
fragments de tous les romans. Je me concentrais sur un livre durant
quelque temps, pensant occasionnellement que je venais de trouver une
idée pour un livre à venir, que je griffonnais dans la
foulée pour une utilisation future.) Interview du 16/10/2000,
Scholastic Inc.
40 "I was very low,
and I had to achieve something. Without the challenge, I would have
gone stark raving mad.",
interview sur le Net.
41 Cité par Sean Smith, op. cit., 175.
42 "Vous ne
répondrez pas à d'autres attentes qu'aux vôtres
propres, et vous trouverez le travail dans lequel vous pourrez donner
le meilleur de vous-mêmes et, par là, vivre la vie la
plus pleine possible."
Cité par Sean Smith, op. cit., 175.
43 Rappelons que Rowling a manifesté à
diverses reprises sa sympathie pour une politique de gauche,
défendant les droits de l'homme, l'ouverture et la
tolérance, ce qu'elle a fait dans plusieurs interviews :
"If there were one thing you
could change about the world, what would it be? - I would make each
and every one of us much more tolerant." ("Si vous pouviez changer quelque chose dans le monde,
que serait-ce? - Je voudrais faire en sorte que chacun de nous soit
plus tolérant). Interview du 16/10/2000, Scholastic
Inc.
44 Propos empruntés à l'essai de Sean Smith,
op. cit., 237/42. Je n'ai malheureusement pas su me procurer le texte
original de cette intervention.
45 Elle manifeste des exigences respectables à
propos des films tirés de ses romans : "Un Harry américanisé ou
disneyifié? Je ferais tout pour l'empêcher de se pointer
avec un emballage de fast-food. (...) Dès le début,
elle ne m'a pas laissé le choix", confirme Chris
Colombus" Internet.
46 "If you had to
choose one teacher from your books to teach your child, who would it
be and why? -It would be Professor Lupin, because he is kind, clever,
and gives very interesting lessons." (Si vous aviez à choisir dans vos romans un
professeur comme enseignant de votre fille, qui prendriez-vous? - Ce
serait le professeur Lupin, bienveillant, compétent et qui
donne des leçons très intéressantes). Interview,
03/02/2000, Scholastic Inc.
47 "Friends are
very important in your books. What do you think is the most important
thing in friendship? -Acceptance, I think, and loyalty. There are
enough people in the world to give you a hard time. A friend is
someone who gives unconditional support." (Les amis sont très importants dans vos livres.
Quelle est pour vous la principale qualité d'un ami? -
Accueillant et loyal. Il y a assez de gens dans le monde pour vous
rendre la vie dure. Un ami est quelqu'un qui vous soutient
inconditionnellement.) Interview du 16/10/2000, Scholastic
Inc.
48 "When I re-read
the books, I often catch myself re-editing them. It's an
uncomfortable experience."
(Quand je relis les livres, je me surprends à les
réécrire. C'est une expérience
déplaisante.) Interview du 16/10/2000, Scholastic Inc.
49 "My daughter is
turning out to be a bit like me, so she is a bit like
Hermione" (Jessica est partie
pour pour me ressembler en partie, aussi elle est en partie
Hermione). Interview, 03/02/2000, Scholastic Inc.
Pour plus d'informations :
.. général