LE MONDE DE HARRY POTTER

LA PERSONNALITÉ DE J. K. ROWLING

PORTRAIT PSYCHOLOGIQUE DE LA CRÉATRICE

DE HARRY POTTER.

Avertissement : la bonne compréhension de cet essai n'est possible qu'avec la lecture préalable de la biographie, supposée connue, ou à laquelle le lecteur devra se référer constamment.

Lors de la séance de photos pour la couverture de la biographie du livre de Sean Smith. Rowling a dit en rigolant de cette photo : "Pour être honnête, je me sens un peu conne d'avoir fait ça." (Sean Smith, p. 214)

. Dans notre société de parade permanente, où tout s'étale ostensiblement, les timides ne peuvent rencontrer que des problèmes, et l'avenir des discrets paraît toujours moins brillant que celui des frimeurs. Il ne faut pas entendre évidemment ici la timidité ordinaire, l'appréhension qui apparaît quand on doit faire face pour la première fois à un problème nouveau. Bafouiller en public quand on n'en a pas l'habitude, être médusé lors d'un examen, perdre ses capacités dans la conduite d'un engin en présence d'un tiers sont des comportements fréquents. Cette appréhension sociale de la première fois cesse avec la répétition. Mais quand l'anxiété ou la paralysie se prolongent, la timidité fait perdre une partie de leurs moyens à ceux qui en sont atteints.

Le manque de confiance en soi, la crainte de décevoir conduisent les timides à l'introversion. Au lieu d'agir, ils se réfugient alors dans la rêverie ou dans l'observation et l'analyse. Manquant d'audace et d'assurance devant l'autorité, le plus souvent ils se contentent de l'effacement. Certains réagissent par une désinvolture feinte qui leur paraît assurer leur dignité, d'autres se sécurisent par la recherche de la perfection : le besoin de se montrer les plus forts, les meilleurs sur un terrain choisi, les rassurent sur leurs capacités, sans leur donner pour autant la confiance profonde qu'ils espèrent. La peur du jugement des autres conduit des élèves à travailler davantage, sans qu'ils gagnent pour autant en assurance. S'ils ne sont pas vaniteux (le vaniteux se pare souvent de qualités qu'il n'a pas et cherche à se faire apprécier sans en avoir les mérites), les timides sont souvent des orgueilleux, qui croient au fond d'eux-mêmes qu'ils sont supérieurs à ce qu'ils paraissent. Première observation sur l'auteur actuellement sous le scalpel métaphorique du psychologue : Joanne est une timide orgueilleuse.

Comme la plupart des timides, Joanne est une hyperémotive, qui réagit violemment aux émotions et aux sentiments. Ni les parents, ni la soeur de Joanne ne sont timides. Autant qu'on puisse le savoir au travers des divers matériaux disponibles, ils sont normalement extravertis, ont de bonnes relations avec le voisinage, participent à la vie sociale. La mère, Anne, est peut-être trop accaparante et protectrice avec ses enfants, donnant beaucoup d'importance à l'ordre. Mais Joanne a une enfance qui paraît ordinaire à la campagne, dans les villages où tout le monde se connaît. Comme sa soeur plus jeune de deux ans, Dianna (Di), elle fait partie des Brownies (les Lutins), équivalents de nos anciens louveteaux du mouvement Scout. Organisation mixte liée à l'Église, ses sections proposaient diverses activités aux enfants de 7 à 10 ans. Le comportement différent des deux soeurs a été remarqué par la responsable alors du groupe, Sylvia Lewis : "Di se mettait toujours en quatre avec beaucoup d'enthousiasme. (...) Joanne était toujours beaucoup plus sérieuse, la tête baissée sous son petit béret, regardant droit devant elle, une petite personne responsable, vous savez 14. Ces deux filles, c'étaient des caractères différents." 15 Si elle partage les autres jeux des enfants, l'activité préférée de Joanne est de loin la lecture solitaire.

Joanne n'a évoqué que brièvement comment elle appréciait son physique de l'époque. Sa soeur est brune comme sa mère, elle, d'un roux flamboyant. D'apparence plutôt quelconque, elle est petite, a un visage étroit et pâle, avec des taches de rousseur, des lunettes (elle souffre de myopie), et les cheveux raides. Il est certain que ce physique ne doit la satisfaire que modérément. En plus, elle est maladroite, une maladresse durement ressentie. Les activités physiques ne l'intéressent pas
16. Lors d'une émission, elle a reconnu son problème : "J'étais la fille à livres par excellence - petite et renfermée, portant les lunettes aux verres épais de la Sécurité Sociale, vivant dans un monde de totale rêverie. J'écrivais sans arrêt des histoires et, de temps en temps, je sortais du brouillard pour forcer ma petite soeur à les écouter et à jouer aux jeux que je venais d'inventer." 17 Un adjectif pour se juger : "commune". On peut penser qu'elle ne s'est pas trouvée telle qu'elle aurait voulu être. La timide qui manque de confiance en elle-même s'est à peine caricaturée dans les propos que tient la fantôme Mimi, qui a toujours peur de ce que l'on pense d'elle. Mimi, qui a "le visage le plus maussade qu'on puisse imaginer, à demi-caché sous de longs cheveux pendants et une paire de lunettes aux verres épais", se plaint sans cesse qu'on se moque d'elle : "Tu crois que je ne sais pas ce que les gens disent de moi derrière mon dos? La grosse Mimi! Mimi la moche! Mimi geignarde, Mimi râleuse, Mimi minable." (II.146) Si les détails ne se ressemblent pas tous, les propos tenus reflètent en partie son insatisfaction à cette époque.

Les trois travestissements littéraires de Joanne Rowling.

Dans la série des Harry Potter, trois personnages ont été pourvus des caractéristiques principales de la personnalité de Joanne : Harry Potter, Hermione Granger et Neville Londubat.

Hermione.

On sait que, timide et anxieuse, Joanne a été terrorisée par une première maîtresse d'école exigeante. À la rentrée, l'enseignante disposait spatialement les élèves dans la classe d'après les résultats d'un test, les bons d'un côté, les médiocres de l'autre. Classée en dessous de la moyenne, Joanne est rangée parmi les médiocres. Entre un maître autoritaire et un élève timide qui a besoin de compréhension et n'a pas le contact facile, la communication est aléatoire. Beaucoup de timides se butent, se replient sur eux-mêmes. Mais Joanne est de ces timides volontaires et opiniâtres qui savent que rien n'est jamais gagné et que tout s'obtient à l'arraché. À la fin de l'année, elle s'est classée parmi les bons élèves : "
J'ai toujours eu envie de réussir, ma main devait être la première à se lever, je devais toujours avoir raison." 18 Ce comportement est permanent chez Hermione : "La main d'Hermione s'était levée à la vitesse d'un boulet de canon. (...) Hermione leva encore la main comme si elle essayait de toucher le plafond. (...) Cette fois, Hermione se leva, la main toujours tendue au-dessus de sa tête." (I. 139) Alors qu'elle aurait pu se refermer sur elle-même, Joanne s'est mise à travailler deux fois plus : "Hermione fut facile à inventer, car c'est presque ma copie conforme à onze ans. C'est une vraie caricature de moi. Comme Hermione, j'étais obsédée par le désir de réussir académiquement, mais ce désir masquait une immense insécurité." 19 Cependant, si en apparence le comportement est identique, les raisons d'agir de Joanne ne sont pas les mêmes que celles d'Hermione. Hermione se comporte spontanément en laborieuse qui croit aux vertus de la science et du savoir pour eux-mêmes. C'est parce qu'elle travaille sans effort, heureuse de le faire parce qu'elle y trouve son plaisir et son accomplissement, que les livres et les bibliothèques sont une partie essentielle de sa vie, et qu'elle croit aux vertus de la connaissance. Elle ne consacre qu'un minimum de temps aux activités de jeu, enrichissant sans trêve ses connaissances, tandis que ses amis Harry et Ron pensent d'abord à s'amuser, puis ensuite - et éventuellement! - à travailler.

Alors que Joanne élève avait un rapport trouble avec le travail, l'apprentissage du savoir étant lié au fait d'être appréciée, Hermione voit en lui le moyen de comprendre le monde et d'agir sur lui, ce qui redonne à l'apprentissage sa véritable signification20. Là où Joanne avait une attitude névrotique envers le savoir, le moyen de se faire remarquer et d'être appréciée, Hermione ne pratique l'accumulation de connaissances que dans la mesure où, grâce à elles, une meilleure action sur le monde est possible. Car il faut noter que les livres qu'étudie Hermione sont toujours des ouvrages utiles, et jamais les livres de divertissement où se plaisait la rêveuse Joanne. Hermione aura un certain chemin à parcourir avant de comprendre le vrai sens de la vie et de refléter la pensée actuelle de Joanne quand elle dit à Harry : "Moi, j'ai tout appris dans les livres. Mais il y a des choses beaucoup plus importantes, le courage, l'amitié." (I, 280)

À son image, Joanne n'a pas fait d'Hermione à onze ans une beauté. Avec ses longues dents (alors qu'elle est fille de dentiste!), elle est aussi différente des autres parce qu'elle est moldue. Les cheveux roux de Joanne ont été attribués à Ron, et ceux de sa soeur Di à Hermione : "Elle avait d'épais cheveux bruns ébouriffés, de grandes dents et un ton autoritaire." (I. 108), tous traits que ne possède pas Joanne.

Harry.

Harry est un personnage bien plus torturé et complexe, un garçon d'abord sentimental et passif comme Joanna, auquel est donné inopinément le pouvoir de changer le cours de sa vie, jusqu'alors sans perspectives. Pendant des années, il s'est évadé dans le rêve plutôt que d'affronter la réalité des Dursley : "
Ça ne fait pas grand bien de s'installer dans les rêves en oubliant de vivre, souviens-toi de ça." (I, 212), lui dit plus tard Dumbledore. Joanne a eu la chance de réaliser en quelque sorte une auto-analyse en vivant pendant des années l'existence fictive de Harry, transformant sa propre vie en même temps qu'elle faisait faire l'expérience nouvelle de la sienne à son personnage. Comme le remarque Sean Smith, elle a trouvé en Potter "un personnage tourmenté, à qui l'on donne le pouvoir de changer inopinément le cours de sa vie, qui s'annonçait terne et triste." 21 Elle peut, considérant comment elle a liquidé son passé un certain moment chaotique, se dire comme Dumbledore à Harry après un match de quidditch gagné : "Je suis content que tu aies chassé ce miroir de ta tête... Tu as continué à travailler? C'est très bien." (I, 222) 22

En commençant sa scolarité, Harry manifeste les mêmes angoisses que Joanne à l'école primaire. Contacté par Hagrid avant son entrée à Poudlard, il lui fait part de ses craintes et pense qu'il sera en situation d'infériorité parce qu'il n'a pas été élevé dans une famille de sorciers : "
Ne t'inquiète pas, Harry, répondit Hagrid avec un sourire bienveillant, tu apprendras très vite. A Poudlard, tout le monde commence au même niveau. Tu t'en sortiras très bien. Reste toi-même, c'est tout." (I, 91)
Harry manifeste à plusieurs reprises des sentiments d'infériorité et d'anxiété, traits constitutifs de la personnalité de Joanne : "
J'ai beaucoup de choses à apprendre... Je suis sûr que je serai le plus mauvais élève de la classe." (I, 104)

En décrivant un Harry angoissé, Joanne se souvient du contact avec sa première maîtresse, la plus sévère de l'école, qui répartissait ses élèves en bons et mauvais suivant un test de connaissances le jour de la rentrée et transpose son angoisse dans le choix du chapeau magique qui décide du sort de chaque candidat à Poudlard : "Jamais il n'avait senti une telle appréhension. (...) Harry éprouvait un sentiment bizarre comme si ses jambes s'étaient soudain changées en plomb. (...) Harry ne se sentait plus le moindre courage. S'il avait existé une maison pour les élèves au bord de la nausée, il y serait allé tout de suite." (I. 119/22) Comme Joanne, il se montre jubilant quand il réussit. Après avoir gagné son match de quidditch (précisément le sport, activité pour laquelle Joanne n'a a jamais manifesté le moindre intérêt!), il triomphe : "Jamais il ne s'était senti aussi heureux. Cette fois, il avait véritablement accompli quelque chose dont il pouvait être fier." (I. 222)

Joanne manifeste un certain dédain à l'égard des réalités ordinaires et du côté matériel des choses (en classe, Joanne était nulle travaux manuels). Elle a fait passer cette tendance de son caractère dans Harry, souvent négligent, distrait, en retard, désordonné. Un trait parmi bien d'autres, lors de l'examen des baguettes magiques pour le concours, quand chaque candidat sait que l'utilisation de la baguette jouera un rôle important. Alors que Cédric nettoie sa propre baguette régulièrement et présente à l'examinateur une baguette impeccable, Harry a négligé la sienne : "Harry contempla sa propre baguette. Elle était pleine de traces de doigts. Il prit un pan de sa robe et essaya de la nettoyer subrepticement." (IV. 328) Transposition d'une Joanne qui égarait ses polycopiés ou devait payer une amende pour avoir oublié de reporter ses livres à la bibliothèque...

On n'a pas souligné suffisamment à quel point Joanne K. Rowling est restée proche longtemps de l'enfance et qu'elle n'a commencé à accéder à l'âge adulte qu'à la trentaine, après un long parcours semblable à celui de Stephen King. Dans Harry Potter, c'est l'esprit de l'enfance qui l'inspire
23 et l'imagination telle que la décrit King avec la possession par certains écrivains du «troisième oeil»24 : "L'imagination est un oeil, un extraordinaire troisième oeil qui flotte librement au-dessus de nos têtes. Durant l'enfance, nous avons 10/10 à cet oeil. À mesure que nous grandissons, sa vision devient de plus en plus floue... Le travail de l'écrivain fantastique ou d'horreur consiste à vous ôter vos oeillères pour quelque temps; à offrir un spectacle fabuleux à votre troisième oeil." 25 Le «troisième oeil» permet d'aller au-delà des barrières du vraisemblable tout en appliquant des conventions réalistes au surnaturel et à l'incroyable. Pas d'histoire fantastique "sans ce troisième oeil. C'est pour lui, ajoute King, qu'un auteur d'horreur monte son spectacle. «Je suis le metteur en scène, dit-il encore, le marionnettiste.»" 26 Et, comme pour Stephen King, le propos de J. K. Rowling est bien de nous «faire retrouver le royaume de l'enfance» de telle sorte que «notre ombre redevienne celle d'un chien, une bouche béante ou d'une silhouette sombre qui nous fait signe dans le noir.»" 27.

Il reste à signaler un dernier point, qui explique aussi bien Joanne que Harry, dans lequel elle s'est réalisée : "Tu as un orgueil et un goût de l'indépendance qui aurait pu tout gâcher." (IV. 707), lui signale Templedore. C'est cet orgueil qui amènera Joanne à poursuivre son oeuvre alors sans perspectives, quand, dans le triste épisode du Portugal suivi de son retour précipité en Écosse avec sa fille, tout autour d'elle paraît s'effondrer.
.

Neville.

On passera rapidement sur Neville, personnage secondaire pittoresque, dans lequel Joanne a fait passer, en l'exagérant pour l'effet comique obtenu, son manque d'adaptation aux réalités quotidiennes. Le manque d'habileté dans les actes suscite des réactions ironiques ou désabusées dans l'entourage. Le timide maladroit cumule vraiment les difficultés. À son impressionnabilité et son trouble en présence d'autres, il ajoute constamment la crainte de faire de travers et se sent continuellement en péril.

Le besoin d'être soutenue.

Comme Harry a besoin d'être poussé par les événements pour se décider à agir, Joanne se laisse vite aller quand personne ne la soutient ou n'encourage ses projets (jusqu'à ce que, en marche vers l'état d'adulte, elle décide de se prendre en charge et de se mettre sur le vaste projet d'écriture qui doit l'occuper pendant des années). L'adolescence venue, des tendances contradictoires se manifestent en elle, un changement de vie soudain, qui la font passer du travail solitaire et presque de l'ascétisme à une vie beaucoup plus agitée, avec des sorties et des amies. Probablement sa mère malade, et moins vigilante, a dû laisser les choses aller. Pourtant Joanne savait que sa nouvelle conduite déplairait à sa mère. En résumant les éléments connus de sa biographie, elle sort beaucoup, modifie son apparence par un maquillage agressif, faisant disparaître l'Hermione sage et studieuse pour la remplacer par un personnage différent, semblable au Harry nonchalant ou dissipé qu'Hermione fustige et secoue sans cesse. Elle est bien partie pour rater sa vie, ne travaille plus guère, à peine ce qu'il faut, passe de justesse ses examens, ne sait pas bien où elle va : la poussée hormonale ne suffit pas à expliquer ce changement
28, ni la maladie de sa mère, qui a pu constituer un élément perturbateur. Pas davantage qu'une orientation mal assumée : elle poursuit dans la voie que souhaite sa mère, qui la voit devenue une brillante secrétaire bilingue dans une entreprise 29 (alors que Joanne sait qu'elle n'a aucune disposition, et sera, en fait, une secrétaire désastreuse). Il y a en elle des tendances contraires au comportement studieux de l'école primaire et du collège, tendances qu'elle a dû longtemps réprimer. On les retrouve chez Harry, peu disposé à travailler s'il n'y est pas contraint : "Malgré la quantité de devoirs que les élèves de quatrième année avaient à faire pendant les vacances, Harry n'était pas du tout d'humeur à travailler lorsque le trimestre s'acheva et il passa la semaine qui précédait Noël à s'amuser le plus possible avec les autres." (IV.426) Quand il est astreint à une tâche obligée, il ne s'y met qu'avec répugnance. Par exemple, il repousse sans arrêt le moment de s'occuper des recherches que lui demande la compétition de la Coupe des Sorciers : "La veille de la deuxième tâche, Harry eut l'impression d'être prisonnier d'un cauchemar. (...) Comment avait-il pu se mettre dans une telle situation? Pourquoi n'avait-il pas cherché à résoudre l'énigme de l'oeuf plus tôt? Pourquoi avoir si souvent négligé d'écouter ce que les professeurs disaient en classe?" (IV. 513) C'est peut-être le regret qu'a eu Joanne en se voyant si souvent dans une position médiocre au lycée et à l'université, mais la tentation du plaisir est forte : "Que n'aurait-il donné pour être comme tous les autres, assis avec une bande d'amis, à boire, à rire et sans autre souci que ses devoirs à faire? Il imagina le plaisir qu'il aurait eu à se trouver dans cette salle si seulement son nom n'était pas sorti de la Coupe de Feu." (IV. 340)

Curieusement, on retrouve un comportement semblable chez Dumbledore, dont on se demande d'abord s'il est naturel ou forcé. Un exemple au repas de Noël : "Joyeux Noël! dit Dumbledore en voyant approcher Harry, Ron et Hermione.. Puisque nous sommes si peu nombreux à rester au château, il serait stupide d'utiliser plusieurs tables.... Asseyez-vous... Asseyez-vous! (...) Pétards surprises! annonça Dumbledore avec enthousiasme.
Il tendit l'extrêmité d'un gros pétard argenté à Rogue qui tira dessus à contrecoeur."
(III .246) Et cette bonne humeur démonstrative, presque ostentatoire, continue : "Bon appétit! dit Dumbledore, le visage réjoui." Et, à la venue du professeur de divination qui sort peu de son antre pour ne pas gâcher son "Troisième Oeil" dans l'agitation du château (III. 116) : ""Sibylle! Quelle bonne surprise! s'exclama Dumbledore en se levant." Ou encore : "Mais je vous en prie, dit Dumbledore, le regard pétillant." (id) Aucun indice ne permet d'affirmer que le comportement de Dumbledore n'est pas naturel, mais il peut jouer très bien un rôle comme personnage public. Comme certains observateurs l'ont prétendu de Joanne? Ou Joanne veut-elle signifier qu'elle a compris qu'on pouvait, comme Dumbledore, être un dévoreur de livres tout en appréciant la vie.30
Ainsi se montrait en effet Joanne lors de ses sorties avec ses amies, la réserve d'Hermione apparemment abandonnée. Une copine de sortie croit avoir compris son comportement de l'époque au delà des apparences : "
Jo aimait boire des coups. Elle aimait faire la fête et prendre du bon temps. Elle avait pourtant un côté sérieux et je me demande si sa manière de jouer au boute-en-train n'était pas de la poudre aux yeux. De l'extérieur, on n'aurait jamais pu deviner qu'il y avait un gros problème du côté de sa mère." 31 Avec ses petits amis, ses sorties, ses lectures, il ne reste plus beaucoup de temps à Joanne pour travailler des cours qui ne l'intéressent pas vraiment32 . La bûcheuse Hermione du roman aura-t-elle avec le temps un comportement semblable?

Sa vie sentimentale est marquée par la recherche d'affection et une constance certaine. Quand elle a eu trouvé un ami sérieux, leur relation allait durer plusieurs années, avec des hauts et des bas, un étudiant-type qui aime sortir boire des verres, mais un peu mou d'après les copines de Joanne : "
C'était elle qui avait la plus forte personnalité." 33 On reprendra ultérieurement cette remarque. Mais on doit insister sur ce besoin d'affection de Joanne, de se sentir soutenue, encouragée, appréciée. La sous-directrice portugaise de l'école où elle travaillait au Portugal a porté un jugement intéressant sur Joanne : "Joanne était quelqu'un de nerveux et d'anxieux, toujours de-ci de-là comme un papillon.(...) Je ne crois pas qu'elle se sentait comblée. On pouvait voir qu'il lui manquait quelque chose. Un jour, elle m'a même demandé de lui trouver un petit ami. Je crois que Joanne avait désespérément besoin d'amour." 34

Aussi, dès qu'on lui manifeste de l'intérêt ou que ce qu'on lui propose lui paraît intéressant; Joanne est présente. Qu'un enseignant la remarque, elle devient disposée à travailler. Elle en a peu rencontré, et il faut noter la profonde influence au lycée de son professeur de lettres Lucy Shepherd, qui avait une bonne vingtaine d'années quand elle fut l'enseignante de Joanne. Elle se passionnait pour les femmes capables de s'assumer et de se réaliser dans la société moderne. Elle respectait ses élèves en leur enseignant non seulement les compétences fondamentales dont ils avaient besoin, mais en nourrissant leur créativité : "
Joanne reconnaît que Melle Shepherd fut le seul professeur à qui elle se soit jamais confiée, parce qu'elle inspirait confiance. (...) Joanne explique que son respect pour son professeur provient de l'extraordinaire passion que cette dernière mettait dans son travail. C'était une féministe et Joanne n'avait jamais rencontré une femme comme elle." 35

À l'université, elle se sentit concernée par la préparation d'une pièce d'Obaldia pleine de vie, montée par un professeur, Martin Sorrell. Trop timide pour jouer, elle s'occupe des costumes. Elle prend ce travail qui l'intéresse au sérieux, ne sèche aucune répétition, contrairement à ses cours. À la surprise de son professeur : "Je fus très étonné qu'elle s'intéresse à la pièce. (...) La pièce fut un grand succès et les costumes étaient super." 36 Elle témoigner également de l'intérêt à son mémoire de licence, une dissertation de 3000 mots qui sera appréciée. Son diplôme sera jugé bon, signe qu'elle aime ce dans quoi elle peut s'impliquer personnellement et se cultiver dans sa voie, mais elle est rebelle aux études académiques. "Joanne travaillait mieux dans les domaines qui requéraient une plus grande implication de sa part, ce qui explique pourquoi son mémoire fut son meilleur travail.", remarque justement un professeur. 37 On retrouvera le même parcours quand elle est en formation pour devenir professeur, où elle est passée de mauvais résultats à de très bons.38

Joanne ne s'est jamais sevrée de son régime étudiant «caféine-nicotine», ce qui n'est pas bon pour une nerveuse. Elle continue à vivre le plus souvent sur la défensive, en réagissant de manière agressive quand elle ne se sent plus en sécurité. Elle le sait et le reconnaît. Dès qu'elle est dans un milieu familier ou accueillant, elle se détend et n'est plus la même.

La déprime.

Quand, à Edimbourg, elle vit de l'aide publique avec sa petite fille. Joanne étoffe ses notes
39 et écrit Harry Potter et la pierre philosophale (dont elle a ramené les trois premiers chapitres rédigés du Portugal) à une table de café pendant que sa fille dort. C'est Harry Potter qui l'a sauvée de la dépression : "J'étais tombée très bas et je devais réaliser quelque chose. Sans ce défi, je serais tombée dans la démence la plus noire." 40

Elle a métaphorisé cette dépression en inventant les détraqueurs, dont on ne peut bien comprendre la fonction qu'en les assimilant à cette période de sa vie : "Les Détraqueurs comptent parmi les plus répugnantes créatures qu'on puisse trouver à la surface de la terre. (...) Ils jouissent de la pourriture et du désespoir, ils vident de toute paix, de tout bonheur, l'air qui les entoure. Même les Moldus sentent leur présence. Quand on s'approche d'un Détraqueur, toute sensation de plaisir, tout souvenir heureux disparaissent. Si on lui en donne le temps, le Détraqueur se nourrit des autres jusqu'à les réduire à quelque chose qui lui ressemble, des êtres maléfiques, dépourvus d'âme. Celui qui subit son pouvoir ne garde plus en mémoire que les pires moments de sa vie." (III, 204). On trouve un écho du désarroi dans lequel s'est trouvé Joanne, cette incapacité à envisager que l'on pourra jamais retrouver la joie, dans les propos de Hagrid, qui a fait un court séjour à Azbakan, en subissant les détraqueurs : "J'ai cru que j'allais devenir fou. Mes plus mauvais souvenirs me revenaient en tête... Le jour où j'ai été renvoyé de Poudlard... Le jour où mon père est mort (...) Au bout d'un moment, on ne sait plus qui on est. On n'a même pas envie de vivre." (III, 239)

Courage dans l'adversité et idéalisme, ces qualités de Joanne reprennent le dessus. N'ayant plus rien à perdre, ni travail, ni mari, elle mise tout sur Harry, dans un roman qui, par réaction, traite de tout sauf de la dépression.
En même temps, elle démarre un postgrade en enseignement; il lui faut bien vivre. En 1996, Christopher Little, agent littéraire basé à Londres, se dit intéressé par le manuscrit qu'elle lui a envoyé.

L'appréciation de son éditeur, Barry Cunningan, après un repas pris avec elle, ne manque pas d'intérêt : "Je ne l'ai pas trouvée très sûre d'elle, mais en pleine confiance et très sérieuse à propos du livre et, le plus important, sûre que les enfants allaient aimer Harry. Je savais qu'elle avait eu toutes sortes de problèmes à affronter depuis son retour du Portugal, et son attachement au livre m'a d'autant plus impressionné. En un mot, elle comprenait si bien ce que c'était de grandir." 41
Joanne a trouvé la formule qui résume le mieux la situation qu'elle a vécu, et qui l'a amené à s'assumer, en faisant dire à Dumbledore : "
Ce sont nos choix, Harry, qui montrent ce que nous sommes vraiment, beaucoup plus que nos aptitudes." (II, 349)

Grandir.

Joanne a eu l'occasion de montrer qu'elle était devenue capable de faire le point sur son évolution lors de la réponse qu'elle a faite lors de sa réception au titre honorifique de Docteur Honoris Causa de l'Université d'Exeter fin 2001. Le professeur Wiseman, dans son discours, mit en évidence les qualités qui ont assuré sa réussite : l'obsession de mettre en pratique son talent naturel et ses qualités de conteuse; les épreuves qui lui ont fortifié le caractère et ont été véritablement formatrices; le travail, la concentration et la suite dans les idées. Après d'autres discours plus ou moins convenus (toujours aussi timide, Joanne, d'abord terrifiée, commençait à se détendre), elle se refusa à prononcer des phrases creuses et fit le point sur sa situation de façon étonnamment lucide. Elle commença par démentir le fait qu'elle ait été une étudiante méritante en racontant qu'elle avait reçu un mot d'un ancien ami étudiant, qui lui rappelait son assiduité de l'époque dans les bars (le Black Horse était l'un d'entre eux) : "
Je suppose que tu y vas pour montrer aux nouveaux diplômés que l'on peut faire quelque chose de sa vie même si l'on passe trois ans au Black Horse". Elle sut reconnaître d'abord ses faiblesses et ses insuffisances, son manque de persévérance dans l'application, son absence de travail et son inaptitude pour les emplois qui s'offraient à elle. Elle reconnut qu'en sortant de l'université, elle avait surtout la peur d'échouer, la crainte de ne pas pouvoir devenir l'écrivain professionnel qu'elle aurait voulu être. Puis, plus tard, après son mariage raté au Portugal, elle avait trouvé l'opportunité de se montrer son courage dans la difficulté, d'éprouver et de montrer sa valeur et sa persévérance en tant qu'écrivain, trouvant finalement son sort meilleur que dans ses emplois de bureau sans perspectives : "Comme écrivain pauvre qui n'avait rien publié, j'étais plus heureuse que je l'ai jamais été comme cadre solvable et médiocre." Elle reconnut enfin sa chance d'avoir étudié à l'université, bien qu'elle n'ait pas été suffisamment appliquée. Elle conseilla aux étudiants d'être eux-mêmes42, de bien saisir leurs chances, rappelant le grand nombre de ceux qui ne pouvaient le faire tout en étant aussi doués qu'eux. Elle leur dit qu'ils ne devaient pas se limiter à tirer des avantages de leurs études, mais aussi penser à améliorer le monde43. Elle rappela les associations caritatives auxquelles elle participe.44

Joanne s'assume en s'intégrant. Non seulement elle participe à des associations caritatives, mais elle a fait l'effort de se mettre au diapason de la société. Elle paraît plus souvent en public, a changé son look : la teinte rousse des cheveux emmêlés a maintenant disparu, ils sont devenus blonds "bièraubeurre", soyeux, quelquefois longs, quelquefois relevés sur la nuque. Sa peau est soignée, sa présentation impeccable, ses vêtements sont maintenant de marque, ses bijoux de vrais diamants. Va-t-elle se laisser piéger par sa richesse alors qu'elle ne s'est pas laissée piéger par la pauvreté? Jusqu'à présent, elle a manifesté beaucoup de dédain pour les biens matériels, voyant dans sa fortune plutôt de quoi combler son angoisse. Comme le richissime Stephen King, elle apprécie sa valeur en fonction du poids financier qu'elle représente, et dont elle commence seulement à jouir. Va-t-elle changer? En tous cas, sa timidité agressive la rend dure en affaires, impitoyablement efficace dans ses multiples contrats pour les gadgets les plus divers
45. L'agent de ses débuts, Christopher Little, la protège toujours, et veille à ses intérêts, qui sont aussi les siens. C'est lui qui gère seul l'abondance de courriers et de télécopies, réduisant sa clientèle à quelques écrivains seulement. Sa relation avec Joanne durera-t-elle autant que la publication des Harry, sept livres alors que le contrat signé par J. K. Rowling se limitait à 5?

Et maintenant?

Ayant gardé son esprit d'enfance, Joanne n'est vraiment heureuse qu'avec les enfants. Dans les réunions où elle les rencontre, elle est détendue, leur parle sans condescendance, les traite en égaux. On sait qu'au cours de son année de formation comme professeur, elle utilisait des méthodes actives, des cartes à questions dessinées par elle-même, des mots croisés qui rendaient ses cours plaisants, intéressant les élèves qui travaillaient davantage, tout le contraire d'un Rogue.
46 Joanne n'apprécie que les gens qui ne la jugent pas, ou qui comptent à ses yeux comme ses lecteurs, qui la valorisent. L'amitié tolérante est pour elle le plus précieux des cadeaux.47

À l'égard de son oeuvre, Joanne a retrouvé les exigences d'absolu d'Hermione. Elle a a passé cinq ans sur son premier manuscrit, et le second lui fut encore plus difficile à écrire que le premier. Quoique livré à l'éditeur, inquiète pour son accueil, elle le reprit pour le corriger encore une fois, bien qu'elle n'aime pas ce travail de relecture.
48 Elle n'est jamais sûre d'elle-même, sait qu'on l'attend à chaque livre pour observer une baisse de niveau, ce que le critique le plus exigeant n'a pu faire jusqu'à présent, constatant au contraire une amélioration de roman en roman (avec un nombre de pages croissant!) Mais des faits sont révélateurs de l'insécurité dans laquelle vit Joanne avec l'exemple d'Harry, jamais sûr d'une popularité à laquelle il est sensible. Par exemple quand il fait perdre des points à Gryffondor, en étant surpris à se promener dans les couloirs la nuit : "L'histoire commença à se répandre : c'était Harry Potter, le célèbre Harry Potter, le héros des deux derniers matches de Quidditch, qui leur avait fait perdre tous ces points. (...) Harry, qui avait été le plus populaire, le plus admiré des élèves de l'école devint brusquement celui qu'on détestait le plus." (I, 240). Un tel sort serait difficile à supporter pour Joanne, restée aussi exigeante qu'elle l'était à l'égard d'elle-même à l'école avant qu'elle change à la fin de l'adolescence.

En ce qui concerne sa vie privée, Joanne entretient de bons rapports avec sa fille Jessica, dont le caractère lui ressemble beaucoup lui ressemble beaucoup
49, et à laquelle elle s'est décidée récemment à donner un père de remplacement. Jusqu'alors, blessée par un précédent mariage et jalouse de son indépendance, Joanne n'avait pas cherché à se remarier, bien que regrettant ne pas avoir davantage d'enfants. Elle a connu le docteur Neil Murray, un médecin d'hôpital,

homme tranquille, son cadet de six ans, qui n'a rien d'un étudiant rencontré dans un bar comme son précédent mari. Divorcé de sa femme médecin épousée en 1996, issu d'une classe moyenne, il a un comportement proche du mari que Joanne aurait pu épouser si elle était restée enseignante dans son milieu d'origine. Ils se sont mariés le lendemain de Noël 2001. On vient d'apprendre en septembre 2002 que Joanne est enceinte et attend son deuxième enfant.

Roland Ernould, septembre 2002.

Rowling soutient (entre autres) l'Association des Familles Monoparentales par ses dons et ses interventions

Notes :

14 Joanne ne se considère pas comme une personne marrante : "I think I am funnier on paper than I am in person; the exact reverse of my sister who is very funny in person, but writes dull letters!" (Je pense que je suis plus drôle sur le papier que dans la vie quotidienne, exactement le contraire de ma soeur qui est vraiment drôle, mais écrit des lettres assommantes.") Interview du 16/10/2000, Scholastic Inc. © 1996-2002.

15 Cité par Sean Smith, J. K. Rowling, la magicienne qui créa Harry Potter, Favre éditeur, 2002, 54. Un autre avis convergent, celui du directeur de l'école, note que Di était de loin "la plus vive des deux."

16 "Sport is such an important part of life at school. I am terrible at all sports, but I gave my hero a talent I'd love to have had. Who wouldn't want to fly?" (Le sport a un rôle tellement important à l'école. Je suis nulle dans tous les sports, mais j'ai donné à mon héros un talent que je n'ai pas. Qui ne souhaiterait pas voler?) Interview du 16/10/2000, Scholastic Inc.

17 Émission With Great Pleasure, propos cité par Sean Smith, J. K. Rowling, la magicienne qui créa Harry Potter, Favre éditeur, 2002, 59.

18 Émission With Great Pleasure, propos cité par Sean Smith, op. cit., 59.

19 Émission With Great Pleasure, propos cité par Sean Smith, op. cit., 59.

20 J'utilise ce terme au sens anglo-saxon, learning (par opposition au teaching, l'action d'enseigner). Acquérir un savoir est un apprentissage, permettant de continuer ultérieurement à développer des acquisitions culturelles (apprendre à apprendre) et éventuellement à produire de la connaissance (apprendre à créer). L'apprentissage des techniques et moyens d'action correspond au savoir-faire (sens étroit du mot français : apprentissage). La formation de la personnalité et l'intégration sociale appartiennent aux domaines du savoir-être.

21 Sean Smith, op. cit., 16.

22 Pagination de l'édition de poche.

23 Interview sur le Net : "The idea that we could have a child who escapes from the confines of the adult world and goes somewhere where he has power, both literally and metaphorically, really appealed to me." (L'idée d'un enfant s'échappant des frontières du monde adulte pour aller quelque part où il a la puissance, littéralement et métaphoriquement, m'a vraiment interpellée.)

24 Dans plusieurs croyances religieuses hindoues, l'oeil droit correspondrait au soleil, à l'activité et au futur. L'oeil gauche s'accorderait avec la lune, la passivité et le passé. Le troisième oeil, invisible et situé juste au-dessous et entre les sourcils, représenterait la synthèse des perceptions des yeux normaux. Il serait ainsi non seulement le symbole de la vision intérieure, mais signifierait la connaissance parfaite, où se trouve le siège du pouvoir occulte. Le troisième oeil de Shiva, tout-puissant dieu de l'Inde, aurait le pouvoir de détruire par le feu. Dans les légendes, il l'utilise contre ses adversaires. Il serait capable de détruire l'univers entier s'il le voulait.

25 Stephen King, Pages Noires, éd. du Rocher, 1996, 214.

26 Alain Bergeron, L'art de la peur, Trente ans de terreur, collectif dirigé par Hugues Morin, éd. Alire, 1997, 40. La citation de King vient de : Tim Underwood et Chuck Miller, Feast of Fear : Conversations with Stephen King, éd. Carrol & Craft, 1992, 238.

27 Jean-Pierre Croquet, Préface d'Anatomie de l'horreur de Stephen King, éd. du Rocher, 1995, V.

28 "Ce n'est pas parce que votre cerveau marche bien que vous êtes meilleur que les autres pour contrôler vos hormones" , dit-elle, rapporté par Sean Smith, op. cit., 78.

29 Joanne a pratiqué le Français à l'université et a fait un stage de quelques mois à Paris pour se perfectionner : "I don't know why I did French at university, except that my parents wanted me to. So learn from my mistake - do what you want, not what your parents want!" (Je ne sais pas pourquoi j'ai fait du français à l'université, sauf que mes parents le souhaitaient. Une leçon à tirer de mon erreur : faites ce que vous désirez faire, et non ce que vos parents souhaitent!) Interview 16/10/00, Scholastic Inc.

30 L'équilibre de Dumbledore doit paraître un idéal à Joanne. L'oeuvre contient de nombreux détails du même ordre. par exemple, le miroir du Riséd réalise en image le désir qu'on a au fond du coeur. Harry vient de voir sa mère et demande à Dumbledore ce qu'il voit dans le miroir quand il le regarde : "Moi? Je me vois avec une bonne paire de chaussettes de laine à la main.
Harry ouvrit des yeux ébahis.
- On manque toujours de chaussettes. Noël vient de passer et je n'en ai même pas eu une seule paire. Les gens s'obstinent à m'offrir des livres."
(I, 212).

31 Sean Smith, op. cit., 114.

32 Divers avis de professeurs : "C'était une étudiante tout à fait ordinaire qui n'était pas mal orientée, mais de toute évidence elle n'avait pas d'ambition dans ce domaine des langues." (Martin Sorrell). "Elle n'était pas aussi douée en langues que certains autres étudiants." (Keith Cameron). Cité dans Sean Smith, op. cit., 107. Des professeurs lui reprochent de perdre leurs polycopiés, et surtout de rêver, d'être en quelque sorte absente mentalement lors des cours.

33 Sean Smith, op. cit., 114.

34 Sean Smith, op. cit., 153.

35 Sean Smith, op. cit., 75.

36 Cité par Sean Smith, op. cit., 115. D'autres détails sont donnés : "Elle était un membre clef de l'équipe car les costumes devaient être pile juste. Son plus gros souci fut d'imaginer un costume pour le cosmonaute. Nous avions improvisé quelque chose de très brillant, une sorte de costume d'argent tout en un, avec un casque blanc et un système pour le masque à oxygène." Cette expérience sera utile à Joanne pour les mises en scène de Poudlard.

37 Professeur Cameron, cité par Sean Smith, op. cit., 115.

38 Il faut noter que Joanne n'a dit à aucun de ses professeurs qu'elle avait l'ambition de devenir écrivain, ce qui aurait pu éclairer son comportement : "Was there a particular teacher who encouraged you to write when you were a child? If there was, how did he or she encourage or help you? - I had some wonderful teachers, but I never confided that I wanted to be a writer. So, no. Writing for me is a kind of compulsion, so I don't think anyone could have made me do it, or prevented me from doing it." (S'est-il trouvé un enseignant pour vous encourager à écrire quand vous étiez enfant? Si c'est le cas, comment fit-il pour vous encourager ou vous aider? - J'ai eu quelques professeurs admirables, mais je n'ai jamais confié à l'un d'eux que je voulais devenir écrivain. C'est ainsi. Écrire est pour moi une sorte de compulsion, aussi je ne pense pas que quelqu'un aurait pu me conseiller ou me déconseiller de le faire). Interview du 03/02/2000, Scholastic Inc. Ce propos ne peut bien se comprendre qu'en sachant que la compulsion, terme utilisé en psychanalyse, est plus qu'un besoin : une force intérieure par laquelle le sujet est amené à accomplir certaines actions, auxquelles il ne peut résister sans troubles ou angoisses.

39 Poursuivant un travail commencé quelques années plus tôt : "During the first five years that I was writing the series, I made plans and wrote small pieces of all the books. I concentrate on one book at a time, though occasionally I will get an idea for a future book and scribble it down for future reference." (Pendant les cinq années durant lesquelles j'ai travaillé sur la série, j'ai fait des plans et j'écrivais quelques fragments de tous les romans. Je me concentrais sur un livre durant quelque temps, pensant occasionnellement que je venais de trouver une idée pour un livre à venir, que je griffonnais dans la foulée pour une utilisation future.) Interview du 16/10/2000, Scholastic Inc.

40 "I was very low, and I had to achieve something. Without the challenge, I would have gone stark raving mad.", interview sur le Net.

41 Cité par Sean Smith, op. cit., 175.

42 "Vous ne répondrez pas à d'autres attentes qu'aux vôtres propres, et vous trouverez le travail dans lequel vous pourrez donner le meilleur de vous-mêmes et, par là, vivre la vie la plus pleine possible." Cité par Sean Smith, op. cit., 175.

43 Rappelons que Rowling a manifesté à diverses reprises sa sympathie pour une politique de gauche, défendant les droits de l'homme, l'ouverture et la tolérance, ce qu'elle a fait dans plusieurs interviews : "If there were one thing you could change about the world, what would it be? - I would make each and every one of us much more tolerant." ("Si vous pouviez changer quelque chose dans le monde, que serait-ce? - Je voudrais faire en sorte que chacun de nous soit plus tolérant). Interview du 16/10/2000, Scholastic Inc.

44 Propos empruntés à l'essai de Sean Smith, op. cit., 237/42. Je n'ai malheureusement pas su me procurer le texte original de cette intervention.

45 Elle manifeste des exigences respectables à propos des films tirés de ses romans : "Un Harry américanisé ou disneyifié? Je ferais tout pour l'empêcher de se pointer avec un emballage de fast-food. (...) Dès le début, elle ne m'a pas laissé le choix", confirme Chris Colombus" Internet.

46 "If you had to choose one teacher from your books to teach your child, who would it be and why? -It would be Professor Lupin, because he is kind, clever, and gives very interesting lessons." (Si vous aviez à choisir dans vos romans un professeur comme enseignant de votre fille, qui prendriez-vous? - Ce serait le professeur Lupin, bienveillant, compétent et qui donne des leçons très intéressantes). Interview, 03/02/2000, Scholastic Inc.

47 "Friends are very important in your books. What do you think is the most important thing in friendship? -Acceptance, I think, and loyalty. There are enough people in the world to give you a hard time. A friend is someone who gives unconditional support." (Les amis sont très importants dans vos livres. Quelle est pour vous la principale qualité d'un ami? - Accueillant et loyal. Il y a assez de gens dans le monde pour vous rendre la vie dure. Un ami est quelqu'un qui vous soutient inconditionnellement.) Interview du 16/10/2000, Scholastic Inc.

48 "When I re-read the books, I often catch myself re-editing them. It's an uncomfortable experience." (Quand je relis les livres, je me surprends à les réécrire. C'est une expérience déplaisante.) Interview du 16/10/2000, Scholastic Inc.

49 "My daughter is turning out to be a bit like me, so she is a bit like Hermione" (Jessica est partie pour pour me ressembler en partie, aussi elle est en partie Hermione). Interview, 03/02/2000, Scholastic Inc.

Pour plus d'informations :

 .. général

mes dossiers sur les auteurs

. . .. . .. . . .