Sean Smith, J. K. Rowling la magicienne qui créa Harry Potter

traduit par Jean-Daniel Pellet, Ed. Favre, 2002, 282 pages.

En quelques années, la masse des informations disponibles sur J. K. Rowling est devenue considérable, l'intéressant se mêlant au pire, sans que le chercheur ait la possibilité de les vérifier, faute de références à des affirmations souvent conventionnelles ou fantaisistes. Le succès de Rowling a suscité l'intérêt des médias depuis la parution de Harry Potter à l'École des Sorciers, en 1997. Ils ont repris en choeur le parcours d'une Cendrillon mère célibataire et sans ressources, écrivant dans un café avec sa fille dormant dans sa poussette, qui devint célèbre et riche en quelques années. Un tel conte de fées ne peut que séduire les médias. Rowling n'accorde que très peu d'interviews, se répète souvent, donne finalement peu d'informations sur elle-même. Bien conseillée par son agent et son éditeur, elle a compris qu'une partie de l'intérêt qu'on lui porte vient du relatif mystère qui l'entoure et aussi de l'ignorance où ses lecteurs sont tenus sur ses intentions. Elle fuit les journalistes et se tient le plus possible à l'écart du monde.

Ce livre d'un journaliste constitue le premier pas vers ce que pourrait être une biographie suffisamment objective pour être valide. L'auteur cite ses sources dans ses notes, donne des noms de témoins, fournit des indications que le traducteur a revues et augmentées éventuellement pour le lecteur français. Mais, par exemple, on ignore si Rowling a collaboré avec l'auteur, combien de fois elle l'a rencontré. L'a t-il seulement rencontrée? Le lecteur a plutôt l'impression qu'il s'agit d'un travail de compilation bien fait, mais sans données de première main venant de l'auteur confirmant les informations sujettes à caution. Dans bien des cas, les références sont trop succinctes. L'éditeur suisse, pour des raisons inexpliquées, n'a pas jugé bon de reproduire la bibliographie complète des sources de l'auteur (articles de presse, entre autres, et nombreux liens Internet), qui figure dans l'édition anglaise. Mais au moins les nombreux fans de Harry Potter auront à leur disposition un livre rassemblant en un ensemble cohérent nombre d'indications regroupées en chapitres et chronologiquement classées qui étaient jusqu'alors dispersées.

Le livre a le mérite de ne pas être apologétique et ne constitue pas une biographie officielle. L'auteur ne nous cache pas les tendances contradictoires de Rowling, ses changements de vie soudain, la faisant passer du travail solitaire et presque de l'ascétisme (si on veut bien faire abstraction de ses drogues, le tabac et le café, toujours consommés en grande quantité) à une vie beaucoup plus agitée, avec des sorties et des amies. L'image qui ressort de Rowling devient très différente de celle, aseptisée, de la biographie qui figure à la fin des romans. Dépouillée des images d'Épinal romantiques chères au mythomanes de l'artiste maudit, Rowling en sort plus humaine et plus vraie que la légende de la littéraire qui vit, misérable, pour devenir brusquement un phénix à partir d'une idée venue par illumination un jour de blues...L'auteur a essayé, avec un bonheur inégal, de trouver des rapprochements entre les conditions d'existence de Rowling et les éléments qui se trouvent dans son oeuvre. Sa tâche a été facilitée par ces innombrables lecteurs un peu maniaques qui passent leur temps à rechercher les liens les plus tenus entre le monde de Potter et une réalité souvent interprétée. Sean Smith accorde de l'importance aux lectures de Joanne enfant et adolescente, et fournit des détails intéressants sur ces auteurs, compléments utiles à ceux qui se sont limités au monde sorcier : Les Mondes magiques de Harry Potter de David Colbert (Le Pré aux Clercs) et Le Livre de l'apprenti sorcier, un guide du monde magique de Harry Potter d'Allan et Elizabeth Kronzek (L'Archipel). Le livre est surtout indispensable aux amateurs parce qu'il braque le projecteur sur Joanne K. Rowling, une femme au moins aussi passionnante que son héros.

Roland Ernould, septembre 2002.

La quatrième de couverture :

J. K. Rowling, La magicienne qui créa Harry Potter, c'est aussi une épouse jetée à la rue par son mari, une maman seule avec son bébé, une femme réduite à recourir aux services sociaux et, finalement, un écrivain «magique» devenu multimillionaire, respecté, par les plus grands de ce monde.
A l'âge de six ans, Joanne Rowling écrit sa première histoire intitulée «Lapin», qu'elle destine à sa petite soeur. En cette année 2002, elle publiera le tome 5 des aventures de Harry Potter, que des millions de lecteurs de tout âge dévoreront. En attendant, le film tiré de son premier livre est déjà classé numéro 3 des productions cinématographiques mondiales.

Cette biographie est le résultat de recherches approfondies et d'interviews exclusives données par des gens proches de J. K. Rowling, depuis son école maternelle jusqu'à la sortie du film. Elle raconte la vie d'abord ordinaire, puis extraordinaire, du phénomène littéraire qui a le plus marqué le tournant du siède, en incitant des millions d'enfants (et d'adultes) à lire les centaines pages des Harry Potter... Elle nous dévoile également les influences qui ont déterminé l'oeuvre et la vie de l'auteur, et permet aux passionné(e)s de mieux comprendre leur héros préféré. Sean Smith nous fait découvrir une vie qui est une vraie leçon de courage et de ténacité pour venir à bout de l'adversité.

Décrit par le journal britannique The Independent comme un chroniqueur "intrépide", Sean Smith a écrit pour le Daily Mirror et le Sunday People avant de publier entre autres Sophie's Kiss (1997) et The Union Game (2000).

 Roland Ernould © 2002

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