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Unique feuillet intact retrouvé dans l'incendie de l'appartement n°13

Complément au récit

d' Erwin Toul

Le big-bang n'a jamais existé. Il n'a, en tout cas, aucune existence dans la dimension que nous appelons temps. Tout simplement car cette dimension n'admet pas l'infini. Elle est trop simple pour expliquer ce que pourrait être le big-bang (en admettant qu'il a réellement existé). Les scientifiques se retrouvent sans cesse bloqués au même point : comment expliquer ce qu'il y avait avant le big-bang ? Comment prouver l'existence d'un « vide » qui n'existe pas puisque ce n'est que du vide ? Ces questions ne pourront jamais être résolu car nous y appliquons toujours la dimension « temps ». Elle simplifie trop les choses. Elle exige un début et une fin. Ce que nous appelons Création, Genèse n'a aucun sens dans l'absolu puisque quelque chose d'infini ne se crée pas. Il est infini.
De même que l'écriture et les langues d'aujourd'hui manquent cruellement d'ambition, la dimension-temps nous empêche de voir ce qui existe vraiment. Elle brouille notre tentative d'exploration de l'univers. D'ailleurs on le voit chaque jour. Chaque jour, l'existence des trous noirs défie un peu plus les théories sur le temps et la matière. Les dimensions parallèles, les voyages « dans le temps » sont en fait impossibles si l'on admet que le temps existe. Mais si on se refuse à un tel préjugé, si l'on creuse plus loin, toujours plus loin, alors les voyages dans ce que l'on appelle le passé deviennent possibles. Autant que ceux qui sont vers le « futur ».
Einstein disait que nous n'utilisons qu'une infime partie de notre cerveau et de nos capacités. J'avais pensé qu'il avait tort. Je suis aujourd'hui convaincu qu'il a raison. C'est notre représentation temporelle des choses, c'est la grammaire, l'économie, la politique qui nous cachent notre pouvoir et nous le rende inaccessible.
Paradoxalement, c'est ce qui fait de nous des hommes vivant dans une société de consommation « évoluée » qui nous empêche de nous élever à ce que nous sommes réellement.
Nous avons le pouvoir. Et nous nous le cachons par des futilités comme si nous avions peur de l'utiliser.
Mais il est dur et même impossible de parler de tout cela avec notre pauvre langue que cet idiot de Descartes a voulu rationaliser. Il n'y a que l'Ancienne Langue qui puisse nous expliquer la « Genèse ». Je vais pourtant essayer d'expliquer ce qu'il est possible d'expliquer dans notre langue ici. J'expliquerai le reste en utilisant l'Ancienne Langue sur d'autres feuillets.
Ce que nous appelons Genèse ne peut, au mieux, avoir qu'un sens à partir de l'apparition de l'homme. Tout ce qui a eu lieu avant le prétendu Big-Bang et le reste ne sont pas traduisibles dans notre langue et si les scientifiques n'utilisent pas l'Ancienne Langue, ils seront à jamais incapables de comprendre ce qui s'est passé. Mais, une fois encore je le redis, l'utilisation de L'Ancienne Langue est dangereuse. Non seulement pour l'utilisateur, mais aussi pour l'humanité entière. La Bible n'a d'ailleurs pas été écrite pour donner une explication à la Genèse. Elle a été écrite dans le seul but de faire oublier aux hommes L'Ancienne Langue.
Quand la Terre fut donc formée, elle n'était qu'un bloc incandescent sur lequel s'abattaient en permanence des pluies de météorites. De ce chaos est né un calme relatif qui a pu laisser se développer les premières cellules mais beaucoup ne sont pas arrivés à leur terme. Il y eut des milliers de sortes d'humains différentes avant que la nôtre ne puisse émerger du lot. Toutes les autres étaient défectueuses. Si nous avons l'impression d'être si parfaits, si complexes, c'est uniquement parce que toutes les autres possibilités se sont avérées défaillantes. Il en va de même pour tous les animaux. Les assemblements hasardeux de cellules ont dû créer des monstres terribles et difformes. C'est à ce moment que sont nées les Créatures de L'Ombre.
Créatures à part, elles ont appris à maîtriser les aspects de ce monde qu'aucune autre espèce animale n'a cherché à aborder avant que l'homme ne s'intéresse des siècles plus tard aux voyages dans le temps et dans les dimensions.
Ces créatures apprirent à se cacher dans l'ombre d'où leur nom. S'étant élues gardiennes du monde car supérieures à toutes les autres espèces, elles ont hérité du pouvoir absolu sur l'Ancienne Langue et quand elles ont découvert sa puissance, elles ont obligé les hommes à l'oublier pour le bien du monde entier.
Mais les hommes l'ont toujours gardé dans un coin de leur esprit condamné à n'être qu'à moitié sollicité.
Il arriva que certains retrouvent l'Ancienne Langue. Les Créatures se chargeaient de les faire taire en les emmenant dans un lieu inconnu qui peut aussi bien être l'enfer absolu que le paradis.

Erwin Toul © 2003

le texte de la nouvelle

la biographie d'Erwin

ce texte a été publié dans ma Revue trimestrielle

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saison # 22 - hiver 2003

 

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