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LE MONDE DE HARRY POTTER
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Harry Potter,
de la version anglaise à la version française
UN CERTAIN
ART DE LA TRADUCTION
par
Franck Ernould
Tome 1 : Harry Potter à
l'École des Sorciers et
tome 2 : La
chambre des Secrets
actualisé le 20/07/2002
Outre la création
de ses intrigues, l'inventivité de H.K. Rowling se manifeste
aussi dans les patronymes, noms de lieux, de sorts...
Possédant la version originale intégrale, nous nous
sommes livrés au jeu des correspondances. Une comparaison
intéressante, qui laisse respectueux devant le talent du
traducteur, Jean-François Ménard, mais qui pose aussi quelques questions
concernant la pertinence de certaines des nombreuses coupures de
texte...
Tome 1 : Harry Potter à
l'École des Sorciers/Harry Potter
and the Philosopher's Stone.
Que faisiez-vous le 9 octobre 1998 ?
C'était la date de sortie de ce livre de poche ! La
différence commence dès le titre ! Là,
Jean-François Ménard n'y est pour rien, c'est
l'éditeur, semble-t-il, qui a reculé devant le mot
"pierre philosophale", trop évocateur des paysages sulfureux
et moyenâgeux de l'alchimie. Craignant que ce terme quelque peu
ésotérique ne détourne les lecteurs francophones
de l'ouvrage, Gallimard Jeunesse adopte un titre nettement plus
banal, ne décrivant pas ce qui se passe dans l'ouvrage comme
c'est le cas pour les autres tomes, mais qui a au moins le
mérite (?) d'une ambivalente neutralité,
inséparable de l'absence de prise de risque. Une
démarche de "lissage" hélas très répandue
en France, qu'il s'agisse de traduction littéraire, de
doublages de films... Le fier coq gaulois, si fièrement
dressé sur ses ergots lorsqu'il s'agit de défendre la
Culture, serait-il en fait si pusillanime ?
Les plus curieux d'entre vous se sont peut-être demandé
pourquoi les tee-shirts ou les capes de sorciers estampillées
Harry Potter, qui sont omniprésentes dans les catalogues de
Noël, portent la lettre "H". Scoop : en Anglais, l'école
de magie ne s'appelle pas Poudlard (un
nom qui a pourtant une consonance bien anglaise), mais
Hogwarts ! Le dictionnaire nous apprend que hog
signifie porc châtré, wart une verrue, et wart-hog, un
phacochère ! Bref, de Hog+wart à "Pou de lard", il y a
une marge ! Cela dit, ce nom en vaut un autre, et Ménard reste
cohérent avec lui-même, puisqu'un peu plus loin dans
l'ouvrage, le terme Hoggy Warty se trouve fort logiquement traduit
par "pou du lard"... Peut-être une explication concernant ce
nom nous attend-elle dans les livres 5, 6 et 7 !
À propos des quatre maisons de Poudl... pardon, Hogwarts, elles portent
les noms de Slytherin,
Hufflepuff, Gryffindor et
Ravenclaw. Traduction quasi "mot à mot" pour ce
dernier nom, claw = serre et
raven = corbeau, Ménard a changé
d'oiseau et choisi Serdaigle en français. Pour Hufflepuff, il
a recherché l'alitération (Pouffsouffle). Slytherin
devient, annonciateur de la suite du livre, Serpentard (nous n'avons
pas trouvé le sens du mot slyther, avec un "y", vieil anglais
sans doute : slither, avec un "i" signifie, en revanche, onduler
comme un serpent...), et, par "francisation", Gryffindor devient
Griffondor. À signaler aux adeptes du jeu vidéo,
localisé en français, que les décors continuent
à porter les termes anglais...
En anglais, Moldu
(non-sorcier) se dit... Muggle. La
plupart des noms propres des personnages principaux de Harry Potter
sont conservés : Hermione, Hedwige, les Weasley, dumbledore,
McGonagall... En revanche, en ce qui concerne les personnages
secondaires, plus anecdotiques, et les noms de lieux,
Jean-François Ménard s'est livré à un
astucieux travail de "transposition", ou il les a "francisés"
au point de vue prononciation. Il ne fait que suivre la tendance
adoptée par J.K. Rowling, qui n'hésite pas à
créer en anglais des noms un peu folkloriques dès
qu'elle en a l'occasion. Madam Malkin
devient Madame Guipure, ... Griphook
devient ainsi Gripsec. Grip donne l'idée de serrer, et Hook
est un crochet. Hélas, Gripsou était
déposé par Walt Disney France...
Parmi les camarades de Harry, le cas
de Neville Longbottom
est amusant : son nom se voit francisé en Londubat (homonyme
de "long du bas" : bottom signifie "postérieur"). En revanche,
un autre camarade, Parvati Palil, disparaît carrément de
la traduction française... Draco Malfoy gagne un "e" et devient ainsi Drago Malefoy, "dragon de
mauvaise foi" en vieux français, ce qui colle fort bien au
personnage ! Quant au rat décati de Ron Weasley, il s'appelle
Skabbers en
VO, Croûtard en français. L'adjectif "scabby" signifie
en anglais "pouilleux", "mesquin", et "cab" croûte, mais aussi,
dans une autre acception, "jaune", celui qui ne suit pas le mot
d'ordre de grève. Ceux qui ont lu le Tome 3
apprécieront : Rowley annonce la couleur dès le
début !
La rue de Londres qui donne accès au monde parallèle
des sorciers s'appelle, en VO, Diagon Alley.
Belle invention de J-F Ménard, qui traduit Diagon Alley (jeu
de mot sur diagonale/diagon-allée, impossible en
français) par le très poétique "chemin de
traverse".
J-F Ménard a trouvé une belle équivalence pour
le sorting
hat, chargé de
répartir les élèves par établissement. Le
terme, en anglais, signifie littéralement "chapeau trieur"
à la limite de la banalité. Il devient en
français, fort joliment, le "choixpeau".
Ce n'est pas sans un certain amusement que nous avons vu
apparaître, dans le catalogue d'Halloween d'une certaine
chaîne de grande distribution , de VRAIES "chocogrenouilles" et
des "dragées surprise de Bertie Crochue". L'imagination de
J.K. Rowling a vite été rattrapée par les
démons du marketing... Là encore, Ménard a
laissé libre cours à sa créativité ! Les
chocogrenouilles s'appelaient platement, en VO, Chocolate
Frogs ; rappelons que les
Français sont qualifiés de froggies par les Anglais,
puisque nous avons la détestable habitude de manger des
grenouilles. Chez nous, les bonbons au chocolat prennent diverses
formes animales, mais, il est vrai, rarement celles de grenouilles...
Quant aux dragées surprise (Bertie Bott's Every Flavor
Beans), ce sont des
confiseries en forme de haricot, des jellybeans, à tous les
parfums. Pourquoi Bertie Crochue ? Nous n'avons pas trouvé la
signification de Bott... Belle équivalence entre
patacitrouille et Pumpkin Pastie (pumpkin = citrouille, justement), les Cauldron Cakes deviennent fort logiquement les fondants (et
non les gâteaux) du chaudron, les Drooble's Best Blowing
Gums sont traduits par les
Ballongommes du Bullard, et les Licorice Wands restent tout bonnement, traduction littérale,
des baguettes magiques à la réglisse.
En ce qui concerne la monnaie des sorciers, Ménard trouve
encore de jolies équivalences, avec des mots à la fois
désuets, évocateurs et poétiques ; les
sickles
(faucille) deviennent des mornilles, le galleon (17 sickles) un galion (en français, c'est sorte
de bateau) et les knuts (de
knout, instrument de torture, sorte de fouet) des noises.
Le chien de Hagrid s'appelle Fang en VO,
c'est-à-dire "crocs". Le terme passe mieux avec un adjectif
derrière, il devient donc Crockdur... La lecture de l'anglais
réserve une surprise de taille : Hagrid a un accent populaire
à couper au couteau ! Qui a complètement disparu de la
traduction française de Jean-François Ménard.
Sans doute celui-ci a-t-il craint (à raison &endash; essayez
un peu !) que l'adopter donnerait à cet attachant personnage
un côté vulgaire ou rural que l'anglais ne
possède absolument pas... À moins que, là
encore, l'éditeur ait préféré ne pas
prendre ce "risque" ! Dans le film, il reste en VO un accent, mais
pas mal tempéré....
Les occupants de Poudlard portent,
là encore, des noms très imagés.
Équivalence stricte pour Nearly Headless Nick, qui devient Nick Quasi-Sans-Tête (il explique
d'ailleurs un peu plus loin l'origine de ce nom imagé) ; en
revanche, le Professeur Rogue (adjectif assez péjoratif en
français) s'appelle Snape en
anglais (snapy signifie "irritable", ce qui convient bien au
personnage !), le concierge Mister Filch
devient Rusard (c'est vrai que sa méchanceté le rend
rusé ; pourtant, "to filch" = chiper, chaparder) ; sa chatte,
Mrs
Norris, est francisée
en Miss Teigne (encore un nom évocateur du caractère de
celui qui le porte), Madam Hooch
devient Madame Bibine (le mot "hooch" désigne un whisky de
mauvaise qualité), et l'infirmière Mrs Pomfrey devient, par homonymie, Madame Pomfresh. Un peu plus
tard dans le livre, le Professeur Sprout (chou) devient... Chourave (le nom aurait presque mieux
convenu au concierge Rusard !) ! Rien de plus simple que de franciser
le nom du capitaine/entraîneur de l'équipe de Quidditch
de Gryffondor, Wood :
Dubois, tout simplement !
On peut se poser des questions sur la
validité de la francisation des personnages "secondaires", en
laissant les noms des personnages principaux inchangés ou
presque. "Les aventures d'Aristide Potier" n'auraient sans doute pas
le même succés, sans parler du merchandising et du logo
commercial qui devrait changer d'un pays à l'autre... Harry
Potter, ça parle en toutes les langues &endash; c'est
ça aussi, la globalisation.
Les noms des sorciers du temps jadis sont soumis au même
traitement : Ulric The Oddball est
traduit par Ulric le follingue (traduction littérale !), et
Emeric the
Evil par Emeric le
Hagueur.
Quelques équivalences de noms de sorts : Remembrall se
traduit simplement par Rappelltout (racourci de remember all),
Leg
Locker (verrouilleur de
jambes) par Bloque-Jambes.
C'est dès le premier tome qu'on voit apparaître le titre
d'un journal appelé à tenir une place bien plus
importante ensuite (dans le troisième et le quatrième,
notamment) : le Daily Prophet, qui devient la Gazette
du Sorcier (le site Web du
même nom, en langue française, est tout à fait
recommandable). Dans le même ordre, l'examen OWL (Ordinary Wizardry Level),
"niveau de sorcellerie ordinaire", dont les initiales forment en
anglais le mot "hibou", devient BUSE (Brevet Universel de Sorcellerie
Élémentaire). Autrement dit, on reste dans les noms
d'oiseaux !
Venons-en au Quidditch : le Chaser
devient le poursuiveur, le Keeper est
évidemment le gardien de but, le Seeker est l'attrapeur ; quant au Quaffle se
transforme en Souaffle, le Bludger
devient le cognard ("to bludgeon" = matraquer) et le Snitch Golden, le Vif d'Or ("snitch" = nez/pif, ou
chaparder).
Au final, quelques belles inventions, mais une grande
fidélité à l'espritLe premier tome des aventures
de Harry Potter est assez plan-plan, la traduction en est donc, fort
logiquement, le reflet ! Mais le texte évolue...
Livre 2,
La chambre des
Secrets/Harry Potter and the
Chamber of Secrets.
Dans le second volume, sorti en
France le 23 mars 1999, les choses sérieuses commencent, avec
notamment des personnages plus marqués, moins
stéréotypés, plus inattendus. Ainsi, le
Professeur Gilderoy Lockhart, très
narcissique, imbus de sa personne, grand diseur, soucieux de son
fan-club, devient le premier caractère irritant
créé par J.K. Rowling. Auteur abondant (son juron
favori n'est-il pas "Nom d'un best-seller !" ?) et fat, Lockhart
rappelle à l'auteur de ces lignes un professeur de dessin
industriel/fabrication mécanique lui aussi très
concerné par l'accueil fait à ses livres scolaires...
qu'il s'empressait de mettre au programme de ses élèves
(il n'y a pas de petits profits...). Force est de constater que J-F
Ménard a un peu "lissé" le personnage de Lockhart dans
la traduction, supprimant nombre de passages où il
apparaît encore plus insupportable !
C'est d'ailleurs dans ce Tome 2
qu'apparaissent ces coupes quasi-systématiques, parfois deux
lignes, parfois un paragraphe entier. Exemple p 46 : "...répondit M. Weasley en
bâillant. ... Qui est-ce qui s'amuse..". Entre les deux, on a, en VO : There was some pretty nasty stuff that wasn't
my department, though. Mortlake was taken away for questioning about
some extremely odd ferrets, but that's the Committee on Experimental
Charms, thank goodness. Rien
d'essentiel, certes, mais pourquoi l'abandonner ? Il est vrai que
remplacer in the tone of
someone explaining that 1 + 1 make 2 par "dit-il d'un
ton d'évidence" ne
porte pas à redire...
p 68 : après "vitrine des magasins", on enchaîne sur "Ils virent Fred et George...". Il manque Ron gazed longingly at a full set of Chudley Cannon
robes in the windows of Quality Quidditch Supplies until Hermione
dragged them off to buy ink and parchment next door. In Gambol and
Japes Wizarding Jokes Shop, they met Fred and
George...
Et page 140, le Kwikspell, pardon, le Vitmagic (cours de sorcellerie
par correspondance accélérés, pris par le
concierge Rusard) se voit réduit à quelques lignes,
puis "suivait une longue
description...", alors qu'en
VO, tout y est, comme sur les vrais prospectus à
l'américaine, avec les avis enthousiastes des anciens
utilisateurs de la méthode, et la police de caractères
"artistique" à l'appui ! Cet humour-là passe pourtant
sans problème dans tous les pays du monde, colonisés
par l'imagerie et la publicité américaines... Dans le
tome 2, ces coupes sont quasi-systématiques, une phrase toutes
les deux pages en moyenne. Pour économiser le papier ?
Dommage...
En certaines occasions, Ménard s'écarte un peu
gratuitement (sauf l'immense respect que je lui porte !) du sens de
l'original. Exemple : p 107 [Ron doit transformer un scarabée
en bouton de manchette] "(sa baguette) semblait impossible à réparer et
lançait des étincelles en dégageant une
épaisse fumée malodorante qui n'était pas du
goût du professeur Mac Gonagall". VO : ... it
seemed to be damaged beyond repair. It kept crackling and sparkling
at odd moments, and everytime Ron tried to transfigure his beetle it
engulfed him in thick gray smoke that smelled of rotten eggs. Unable
to see what he was doing, Ron accidentally squashed his beetle with
his elbow andhad to ask for a new one. Professor McDonagall wasn't
pleased. Si ce n'est pas un
raccourci saisissant, ça !
Autre exemple, p 282, "Il faillit
planter son sécateur dans la main de Ron. "Aïe", s'écria Ron". VO : Harry hit Ron on the hand with his pruning shears. "Ouch
! What're you...". Entre
frapper quelqu'un sur la main avec son sécateur et lui planter
dedans, il y a une légère différence !
Même chose p 230 :
his feet were agony in shoes
four sizes too small "ses pieds devenus quatre fois trop grands pour
ses chaussures subirent un véritable supplice". Il y a une marge entre "quatre pointures trop petit" et "quatre fois trop grand" ... le mot size a été pris au pied de la
lettre ! Un peu avant, il n'y a pas de "métal en fusion" dans la VO, mais de la cire chaude (hot wax) qui fait des bulles (bubbled).
Dès la première apparition du personnage, on se demande
à quoi correspond le nom bizarre de T.E. Jedusor... et la
curiosité ne fait quez croître quand on
s'aperçoit qu'il s'appelle T.M Riddle en VO ! (riddle = énigme, devinette) ; aller
jusqu'au "jeu du sort" semble un peu tiré par les cheveux...
Quand on voit apparaître les prénoms français
(Tom Elvis) comparés aux anglais (Tom Mariolo), on ne comprend
pas davantage... Ce n'est qu'à la fin de l'ouvrage que la
clé de ce changement de nom apparaît : en recombinant
les lettres de Tom Mariolo Riddle, on obtient I Am
Voldemort ! Ménard a
dû se torturer les méninges pour, à partir de
l'équivalent français (je suis Voldemort), arriver
à Tom Elvis Jedusor. Ajouter un "u" et un "t" pour en faire
Jeudusort, plus directement intelligible, était impossible...
Bravo l'artiste !
Juste une petite
remarque anodine sur un site excellent :
En anglais le vrai nom de Voldemort
est Tom MARVOLO Riddle et non Mariolo comme tu l'indiques
dans la page consacrée aux différences d'avec
la VO. En effet, on ne pourrait pas faire le jeu de mot avec
Mariolo, puis qu'il manque le V de Voldemort...Encore merci
pour ce site, pleins de bonnes choses. de Costa <costa_forminus@hotmail.com>
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Pour le reste de l'imagerie des
sorciers et leur "civilisation", Ménard, désormais en
terrain connu, se balade ! The Witching Hour devient "Salut
les Sorciers !" (allusion
à la célèbre émission de radio des
années 60, "Salut les copains !"). Celestina Warbeck devient
Celestina Moldubec... Contrairement à ce qu'on aurait pu
penser, le langage du gnome n'est pas très imagé, il se
contente de manger des syllabes, dé déformer un peu
quelques mots (Genoff me
pour fiche-moi la paix, par exemple). Les Dr. Filibuster's Fabulous Wet-Start,
No-Heat Fireworks deviennent
les "Pétards mouillés du Docteur Flibuste. Explosion
garantie sans chaleur" &endash; ce qui est somme toute exact s'ils
sont mouillés ! Knockturn Alley
se transforme en une
poétique allée des Embrumes. Les associés
Flourish &
Blotts se voient
francisés en Fleury & Bott, Mr Borgin & Burkes en M. Barjow & Beurk (notez le "w",
dotant d'une distinction toute britannique un patronyme
évoquant sinon une certaine folie), le professeur
Miranda
Goshawk
devient Miranda Fauconnette (hawk
= faucon). Quant à Moaning Myrtle, on la connaît en français sous le nom de
Mimi Geignarde (to
moan = gémir, se
lamenter). Gladys Gudgeon devient Gladys Gourdenièze. Moins
méchant, le phénix Fawkes devient Fumseck, et la Parselmouth
se transforme en Fourchelangue (langue des serpents).
Côté magie, la Floo Powder devient la jolie
poudre de cheminette, un Mudblood est
un sang de Bourbe, la formule magique Peskipiksi Pesternomi se prononce, en français, Mutinlutin Malinpesti
(on reconnaîtra les pixies, lutins, chers à la
mythologie de la Planète Gong de Daevid Allen).
Pepperup
devient une jolie pimentine (potion infirmière), le
Polyjuice, au
lieu d'un vulgaire polyjus, devient Polynectar (quelle classe !), la
Moste Potente
Potion est une potion de grands pouvoirs (eh oui, Ménard
connaît son latin !). Quand Harry doit réparer son bras
cassé, on lui donne en VO du Skele-gro (tiré de
skeleton-grow), rendu en français par Poussoss. Le sort de
Quickspell
devient Vitmagic (traduction mot à mot). Quant à la
swelling
potion, pas de fioriture,
c'est une potion d'enflure...
Plus concret, le House Championship devient la Coupe des 4 Maisons,
la lettre bruyante qu'envoie Mrs Weasley à son fils,
a
Howler,
devient, de façon très imagée, une beuglante
(howl = hurler). Le balai volant Cleanswap
("échange propre") devient le modèle Brossdur, et
les Treacle Fudge se changent en "caramels d'Hagrid".
Tome 3, Le Prisonnier
d'Azkaban/Prisoner of
Azkaban
Le nombre de pages augmente... 300
pour le premier, 350 pour le deuxième... et pas moins de 460,
en édition de poche, pour ce troisième volume des
Aventures de Harry Potter. Publié en France le 19 octobre
1999, alors que la renommée du petit sorcier commence à
croître, ce livre est beaucoup attendu. Sans doute
Jean-François Ménard a-t-il dû le traduire en
quatrième vitesse pour réduire le délai entre la
sortie de la version originale et la version française. Il
s'en est, comme toujours, fort bien sorti. Même si, comme nous
allons le voir, les coupes sont encore plus nombreuses (au point de
défigurer littéralement un chapitre !) et les
approximations parfois hasardeuses, confinant au contresens ou
à l'incompréhension &endash; et ce, jusqu'à la
toute dernière page !
Le premier chapitre,
récapitulatif, constitue une bonne révision des
principaux termes "potteriens" &endash; quoique Jean-François
Ménard en profite pour nous décocher, dès la
douzième ligne, un Adalbert Lasornette qui n'a pas grand chose
à voir avec Bathilda Bagshot, l'auteur de l'Histoire de la
Magie que lit Harry sous son lit. Fort heureusement, la
sorcière Wendelin the Weird reste Gwendoline la Fantasque page
suivante.
Le Magicobus ("bus magique" est pris
par un dessin animé américain) s'appelle, en VO, Knight
Bus : jeu de mot sur night bus "bus de nuit", et Knight qui signifie
"chevalier".
Voir : UN CERTAIN ART DE LA
TRADUCTION
, tome 3, Le Prisonnier d'Azkaban.
Tome 4, Harry Potter et la Coupe de
Feu/Harry Potter and the
Goblet of Fire
Le tome 4 compte, en édition
de poche, plus de 750 pages ! Beaucoup d'observateurs l'ont fait
remarquer, il s'agit davantage d'un livre pour adultes que les
précédents tomes. Est-ce aussi un hasard si on y voir
apparaître une journaliste de la Gazette du Sorcier, à
la déontologie plutôt... douteuse ? C'est que Rowling a
désormais accédé au rang de
célébrité mondiale, et que la renommée a
ses contraintes ! Comment mieux donner un exutoire à ses
rancÏurs que sous la forme d'un personnage antipathique ?
Allez visiter ce site de
référence, avec des calendriers retraçant
chronologiquement les événements décrits dans
les livres, avec d'éventuelles remarques
d'impossibilités :
http://www.i2k.com/~svderark/lexicon/
LE SON DANS
HARRY POTTER
Véritable blockbuster de la
fin 2001, le film tiré par Chris Columbus du premier volume
des Aventures de Harry Potter a bénéficié de
tout ce que la haute technologie peut offrir au cinéma.
Trucages numériques d'image, plus de 20 superpositions
d'animations numériques pour le match de Quidditch,
morphing... la liste est impressionnante.
La bande son n'est pas en reste !
Même si cela se remarque moins, inventivité et
subtilité sont de mise partout (sauf pour la musique, mais
c'est là un autre débat). Le problème qui se
posait à l'équipe de la bande son était pourtant
difficile : il fallait faire "magique" sans pour autant faire
"futuriste" ni "artificiel". Et inventer de nombreuses signatures
sonores : après tout, personne ne sait le bruit que fait un
balai volant, un Cognard ou un Vif d'Or !
la suite
ultérieurement!
voir aussi : les problèmes des
traducteurs de Stephen King
|
Franck Ernould
est ingénieur du son, journaliste audio, traducteur
technique. Il a publié deux ouvrages en collaboration
avec Denis Fortier : Initiation au son, Cinéma et
audiovisuel, Femis éd.
1996, et Home
Studio, Dunod éd, coll
Audio-Vidéo , 2003. Il a un site
fréquenté par les amateurs de son
: http://perso.club-internet.fr/fernould
Il a longtemps travaillé dans
le secteur du doublage de films et de séries TV, ce
qui l'a doté d'une prudente et permanente
circonspection dès qu'on traduit quelque chose en
français...
|
Sans pour autant adopter la position
un rien extrémiste de l'acteur Jacques
François ("Le doublage
devrait être passible de correctionnelle
!"), Franck Ernould est adepte
absolu de la VO, que ce soit pour les films ou pour les
livres, Il a trouvé en Harry Potter une bonne
occasion de pratiquer la littérature
comparée... et de tirer son chapeau à
Jean-François Ménard, le traducteur
attitré des Harry Potter, qui a fourni là un
travail colossal, sans compter qu'il a certainement
été confronté à des
délais intenables pour rendre sa copie...
|
Jean-François Ménard
vient d'ailleurs de traduire, toujours pour Gallimard Jeunesse,
Artemis
Fowl, d'Evin Coffer, ouvrage que certains verraient bien succéder
à Harry Potter dans les ventes. Ce qui, après
lecture de
l'oeuvre, semble tout
à fait improbable...
Ménard est lui-même écrivain, depuis
une bonne vingtaine d'années : voici quelques titres de lui,
glanés sur amazon.fr.
Le voleur
de chapeaux, Poche (2000)
Léger gout d'orange
sure, Broché
(2000)
Du balai la sorcière,
Poche (1999)
Les Pieds de la
sorcière,
Broché (1999)
La sorcière
Mangetout, Poche (1998)
L'enfant qui disait n'importe
quoi, (avec André
Dhôtel), Poche (1998)
Le fantôme du
lac, La Mouche
(Illustrations). Poche (1997)
La ville du désert et
de l'eau, Broché
(1997)
La belle anglaise a
disparu, Poche (1996)
Le Vagabond du Middle
West, Poche (1995)
Jimmy
Lalouette, Poche (1995)
Fromage ou
dessin, Poche (1994)
Calebasse
d'étoiles,
Broché (1989)
Quinze millions pour un
fantôme, Poche
(1980)
TRADUCTIONS
La guerre
des Gaules, de Jules
César, adapté par Jean-François Ménard.
Broché (1997)
Le Rêve de la
forêt profonde, Malcolm
J. Bosse, Jean-François Ménard (Traduction). Poche
(1995)
Allez visiter ce
site de référence Harry Potter, avec des
calendriers retraçant chronologiquement les
événements décrits dans les livres,
avec éventuelles remarques d'impossibilités
:
http://www.i2k.com/~svderark/lexicon/
|
. Harry Potter, de la version
anglaise à la
version
française
, vol.
1 et 2, par Franck Ernould , étude
. Harry Potter, de la
version anglaise à la version
française
, vol.
3, par Franck Ernould , étude
.Le DVD analyse
critique
par
Franck Ernould
.LE SON dans le
film Harry Potter à
l'école des sorciers,
par
Franck Ernould
Joanna K.
ROWLING au ROYAL FESTIVAL HALL de LONDRES, 26 juin 2003.
Voici la seule transcription/adaptation en français de cet
événement. On trouve des transcriptions plus
ou moins complètes et infidèles en anglais sur
le Web. Celle-ci a été réalisée
d'après un enregistrement intégral du
webcasting original par Franck Ernould.
|
Livres
publiés :
Franck
Ernould, Denis Fortier
Home Studio
Dunod, 2e éd.
2003
Diplômé de l'ENSLL,
Franck Ernould est ingénieur du son, journaliste,
traducteur technique audio. Il collabore
régulièrement aux magazines Audio Media France, Radio World
International,
Réalisa-SON, Sound Keys, Brodcast, Computer
Music International, Musique Infos Hebdo... http://perso.club-internet.fr/fernould
Après avoir débuté sa carrière
dans la production musicale, Denis Fortier est aujourd'hui
spécialisé dans le développement de la
télévision numérique interactive. Il
est également expert dans les domaines de
l'enregistrement sonore et du multimédia près
de la cour d'appel de Paris.
|
PRODUIRE DE LA MUSIQUE CHEZ SOI
Analogique ou numérique,
constitué d'une console couplée à un
magnétophone ou d'un ordinateur
complété de logiciels
spécialisés, le «home studio» est
devenu un outil de production musicale incontournable. Du
compositeur au groupe de musiciens amateurs, le home studio
s'adresse au plus grand nombre et permet d'obtenir
«à la maison» des résultats d'une
qualité professionnelle. Sa pratique est à
l'origine de l'essor de nombreux styles musicaux actuels
comme le hip hop, la house, la jungle, le drum'n'bass,
etc.
Après un bref rappel des données
indispensables dans les domaines de l'électronique et
de l'acoustique, les principaux équipements composant
un home studio sont décrits un par un. L'art et la
manière de choisir son matériel, de
l'installer, de le câbler et d'organiser de
façon ergonomique son studio personnel sont
étudiés en détail, de même que
des domaines aussi complexes que l'informatique musicale,
les effets, les écoutes, les microphones et la prise
de son...
Ce livre à vocation pratique donnera au lecteur,
débutant ou confirmé, les
éléments de base indispensables pour
maîtriser les machines afin de s'en affranchir et de
laisser place à la création et au plaisir.
Bourré d'astuces et de conseils concrets, ce livre
trouvera naturellement sa place sur les
étagères d'une nouvelle
génération de
musiciens/techniciens/producteurs.
|
Franck
Ernould
Denis
Fortier
Initiation au son
Femis, 1996.
|
On trouvera dans cet ouvrage
une initiation aux techniques du son dans le cinéma
et l'audiovisuel sous forme d'un rappel des notions
fondamentales (de l'acoustique à
l'audionumérique), ainsi qu'un aperçu des
méthodes (du tournage au mixage), des outils (des
enregistreurs-lecteurs aux stations de montage virtuel) et
des métiers (du perchman au designer sonore), des
formations et des débouchés.
Franck Ernould, né en
1963, est diplômé de l'École nationale
supérieure Louis Lumière. Ingénieur du
son free-lance dans les domaines de la vidéo et du
doublage, il est également journaliste (Keyboards, Home Studio Magazine, Son Mag,
Timecode, Music & Business) et traducteur technique. http://perso.club-internet.fr/fernould
Denis Fortier, né en
1954, est spécialisé dans l'ingénierie
culturelle et la production multimédia. Il est
également expert auprès de la cour d'appel de
Paris. Il enseigne par ailleurs les techniques
audiovisuelles et multimédia. Denis Fortier est
l'auteur de plusieurs ouvrages sur le son et collabore au
Monde.
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Franck Ernould
©
2001.
fernould@club-internet.fr
http://perso.club-internet.fr/fernould
ce texte a
été publié dans ma Revue trimestrielle
différentes saisons
saison # 14 -
hiver 2001.
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