Signalé à l'attention
du public français par un bandeau accrocheur où le nom
de Stephen King figure en
grosses lettres, le nom de l'auteur, inconnu, n'aurait pas
attiré l'attention du lecteur. Mais sa sortie en France avait
été précédée par son succès
en Grande-Bretagne (The Straw Men
avait été la révélation de l'année
2002) et on savait que Marshall était le pseudonyme (les
prénoms) d'un auteur connu par ses trois romans
précédents : M. M. Smith. Le roman
avait en Angleterre dépassé les ventes de Stephen
King et de Jean Auel, et
l'éditeur, Harper Collins, s'était même
engagé auprès des acheteurs : "Aussi bon que Thomas Harris et John Connolly,
ou nous vous remboursons".
Adolescent, Smith a été un passionné de SF,
notamment Isaac Asimov, Arthur
C. Clarke, puis par les romans d'horreur de Stephen
King, Ramsey Campbell,
Nicholas Royle et Clive Barker, qui lui
donnent l'envie d'écrire ses premières nouvelles de
terreur, dont certaines sont publiées (notamment
The Man Who Drew
Cats) et il remporte
même trois fois le British Fantasy Award. Entre-temps, il a
découvert le polar (Jim Thompson et
James Ellroy), et il se lance dans son premier
roman, Avance
Rapide accepté presque
immédiatement par un éditeur, a du succès
quasi-immédiat et remporte le le Prix August Derleth en 1995.
La caractéristique des romans de M. M. Smith est
d'échapper aux étiquettes conventionnelles en
mêlant des intrigues policières parsemées de
scènes de terreur dans un univers cyberpunk , le
résultat de sa culture antérieure où il a
été à bonne école.
Appréciés par la critique et le public, Frères de
chair et La Proie des rêves ses romans suivants attendent leur adaptation
cinématographique (Dreamworks, le studio de Steven Spielberg,
en a racheté les droits.
Ce suspense captivant décline plusieurs intrigues
parallèles à partir de trois faits. Le premier ouvre le
roman, sans explications : une tuerie à Palmerston, en
Pennsylvanie, commise par deux hommes abattant dans un fast-food
plusieurs dizaines de personnes et écrivant quelques mots sur
la vitrine en lettres de sang . Deuxième fait, une adolescente
de Santa Monica, Californie, a renseigné un touriste anglais
sur les attractions de la région. Ce soir-là elle ne
rentrera pas chez elle. Pour sa recherche, un groupe se formera
autour de John Zandt, ancien agent fédéral, et son amie
Nina, elle aussi agent fédéral. La vie de John a
perdu son sens quand sa propre fille s'est volatilisée, sans
laisser de traces. John est poussé
irrésistiblement à retrouver Sarah s'il veut savoir ce
qui est arrivé à sa propre fille. Troisième fait
: à Dyersburg, Montana, Ward Hopkins, revenu chez lui pour
assister aux funérailles de ses parents, découvre un
message caché selon lequel ils ne sont pas morts et une
cassette, où il se voit quand il était petit avec un
autre enfant à ses côtés qui aurait
été abandonné lors d'un voyage. Ward cherche
alors à savoir ce qu'il en est de son passé.
Les deux recherches, menées simultanément par des gens
qui ne se connaissent pas, chacun avec sa perception
particulière du monde, sarcastique ou critique, chercheront
à éclairer les trois faits divers. Mais les
enquêteurs ne savent pas qu'un homme les observe, comme des
proies à attirer sournoisement là où les attend
celui qui n'a pas de visage ni de nom. Mais ils finiront par se
trouver sur la piste de L'Homme Debout, un psychopathe à
l'intelligence supérieure dans la lignée d'Hannibal
Lester.
Smith ne laisse rien au hasard, tout semble si bien machiné
que le lecteur est pris par les rebondissements qui s'accumulent et
l'empêchent de quitter le livre, captivé par une
histoire tordue et une chasse à l'homme aux rebondissements
imprévus. La recherche des auteurs de crimes devient pour
l'auteur un moyen pour dénoncer les contradictions sociales,
économiques et politiques, dans la tradition
éprouvée de la conspiration et de la traque au serial
killer. Le roman est un excellent thriller, mêlant
difficultés de la société de consommation,
secte, conspiration, paranoïa, qui nous fait faire une
plongée étourdissante dans les noirceurs de
l'Amérique. Fasciné par les USA, Smith est
préoccupé par la culture américaine qu'il
rattache à des racines plongeant très loin dans le
passé. Il propose notamment l'idée d'un "virus social"
qui perturbe la collectivité provenant du passage d'un mode de
vie nomade, celui des chasseurs-cueilleurs, au mode de vie
sédentaire fondé sur l'agriculture qui a permis la
naissance des grandes civilisations. On trouve aussi des
réflexions intéressantes sur la relation qui nous unit
à nos proches et l'ignorance où nous sommes de ce
qu'ils sont réellement.
Servi par un style enlevé, mêlant humour noir et cynisme
avec talent, ce roman intelligent ne décevra pas le
lecteur.
Roland Ernould © 2003
Quatrième de couverture :
Palmerston, Pennsylvanie : deux hommes en manteau noir pénètrent tranquillement dans un fast-food bondé. Avec patience et méthode, ils abattent soixante-huit personnes et inscrivent quatre mots sur la vitrine en lettres de sang.
Santa Monica, Californie : une adolescente renseigne un distingué touriste anglais sur les attractions de la région. Ce soir-là elle ne rentrera pas chez elle.
Dyersburg, Montana : un fils terrassé par la disparition brutale de ses parents découvre un message caché dans le fauteuil de son père : "Nous ne sommes pas morts."
Trois faits divers. Trois énigmes dont la clé est enfouie sous une chape de plomb.
Les Hommes de Paille : une plongée étourdissante dans les noirceurs de l'Amérique, qui ébranle nos certitudes et réveille nos terreurs les plus secrètes.
«Au moment où l'on dit se dit que le monde du suspense ne réserve plus guère de surprise, survient un thriller hors norme, terrifiant hors norme, terrifiant, au style redoutablement efficace. Soyez le premier à veiller des nuits entières pour connaître le fin mot. C'est un chef-d'oeuvre de ceux qui nous rappellent que , parfois, les paranoïaques ne se trompent pas.» - Stephen King
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