Le premier volume de cette histoire
anthologique s'était arrêté en 1937,
l'année de la mort de H.P. Lovecraft et
celle de l'organisation de la première Convention de la SF
à Luds. Jacques Sadoul la
poursuit jusqu'en 1958, quand les Russes lancèrent le premier
spoutnik et ouvrirent la conquête de l'espace.
En 1938, dans une émission de
radio restée célèbre, Orson Welles
avait affolé les USA en décrivant l'arrivée
belliqueuse des Martiens sur notre terre. Inspirée de
La Guerre des
mondes d'H.G. Wells,
elle présentait des informations réalistes sur la
conquête de la terre, une interview réticente d'un
ministre, les foules jetées à la rue, fuyant le danger.
La panique passée, il en résulta un regain
d'intérêt pour la science-fiction. Significativement, le
première Convention Internationale de la SF eut lieu à
New-York l'année suivante. De 1938 à 1940, le nombre de
magazines consacrés à la SF passa de trois à
vingt.
Un éditeur, John W.
Campbell exerça une influence profonde sur le
genre, avec sa revue Astounding Science-Fiction. Campbell avait des idées bien
arrêtées sur le genre, qui présidèrent au
choix de ses auteurs. Un récit de SF devait s'appuyer sur un
concept scientifique raisonné. Il devait se situer dans le
futur, et l'annoncer dans des perspectives raisonnables. Son
écurie fut constituée de vedettes, devenues des
classiques, dont un certain nombre figurent dans ce recueil :
Clifford D Simak
(Escarmouche);
A.E. Van Vogt (Bucolique); Isaac
Asimov, Robert Heinlein
(Ces
gens-là); et Theodor
Sturgeon.
Mais la période qui suivit la
guerre (aux USA, de 1942 à 45) fut marquée par une
certaine défiance à l'égard des scientifiques,
ayant permis la mise au point de la bombe atomique qui avait
ravagé Hiroshima et Nagasaki. Les positions face aux
progrès scientifiques deviennent mitigées :
appréciés pour l'amélioration des conditions de
vie, mais regardés avec une méfiance grandissante. La
conséquence en fut une modification dans l'approche de la
science, vue de manière contestataire ou caustique. La phase
d'enthousiame passée, la science est regardée d'un
autre oeil, mais avec le même intérêt. Les
positions de
Campbell étant
considérées comme conservatrices et
dépassées, d'autres revues novatrices
remplacèrent la sienne dès 1950 : Galaxy, sous la nouvelle direction de H.L. Gold,
et The
Magazine of Fantasy and Science-fiction. Les anciens continuèrent à y
écrire, mais des nouveaux apparaissent, dont certains ont des
nouvelles reproduites dans ce second volume : Robert Abernathy (Un
homme contre la ville); Ray
Bradbury (L'éclat du phénix);
Fredric Brown (F.I.N.) la
nouvelle la plus courte du recueil; Arthur C. Clarke (L'étoile); Philip K.
Dick, Philip José Farmer, Charles
Harness (L'enfant en proie au temps); Fritz Leiber; Richard Matheson
(Cycle de survie). À
noter, pour compléter le tout, un beau récit de
paradoxe d'un auteur sur lequel on n'a pas d'informations, Jack
Lewis (Qui a copié?)
Ces textes sont consacrés par le temps et tous estimables. Souhaitons que le troisième fascicule nous rafraîchisse de si belle façon nos souvenirs. Il s'intitulera L'expansion et portera sur la période 1958-1963. Comme pour le recueil précédent, Sadoul signe une substantielle préface et consacre à chaque auteur une opportune notice biographique. Il est surtout intéressant de noter la place considérable prise par les revues du genre pour lancer et imposer de nouvelles signatures, nos auteurs de demain.
La quatrième de couverture :
La ville... Il a décidé de la détruire. Mais le Léviathan de béton et d'acier engage une lutte titanesque pour se défendre...
Un système solaire disparaît, un monde s'éteint... Quelle entité supérieure peut impunément s'octroyer le droit de détruire une civilisation au profit d'une autre?
Alors que le siècle vit ses plus grands bouleversements, la science-fiction entre dans sonn âge d'or. Mondes post-apocalyptiques, voyages exploratoires dans l'espace, paradoxes temporels... Le genre se tourne plus ouvertement vers la prospective scientifique, et les écrits se font reflet des inquiétudes contemporaines.
Courte bibliographie des
auteurs : Ray Bradbury (1920-) Chroniques martiennes, recueil de nouvelles (1950), Farenheit 451 (1953). Robert Abernathy (1924-) n'a publié qu'une quarantaine
de nouvelles. |
L'auteur : né
en 1934, il est un des professionnels qui a contribué à
faire connaître la science-fiction à un vaste public,
par ses fonctions de directeur de collection et de directeur
littéraire. il est l'auteur de de livres théoriques sur
la SF : Histoire de la science-fiction moderne, Laffont, d'un album
consacré aux illustrateurs de la SF : Hier, l'an 2000, et de
plusieurs essais sur la BD (93 ans de BD,
L'enfer des
bulles 20 ans après) et
les pulps (Les
Meilleurs Récits de Weird Tales). Il a écrit plusieurs romans, influencés
par l'ésotérisme et le fantastique (La Passion selon
Satan, Le jardin de la licorne), ainsi que des romans policiers.
Roland Ernould © 2000