Actuellement, la plupart des Français ignorent presque tout des religions judéo-chrétiennes dominantes il y a encore cinquante ans, et n'en savent pas davantage sur les cultes païens parallèles qui subsistent encore de nos jours sous forme de couvents, d'associations ou de confréries. C'est dire l'intérêt de ce livre qui, en un langage accessible, fait le point de l'essentiel en ce qui concerne les sorcières et les démons, qui ne se comprennent bien que dans le contre-culte et l'omniprésence du diable (figure elle-même abandonnée par la théologie catholique contemporaine...) Ce monde, singulier, magique et étrange, remonte à des temps archaïques lointains, dont le système de pensée pré-logique (pour utiliser le terme des sociologues) est dépassé par la science moderne. Dans cette pensée ancienne, la ligne de démarcation entre le surnaturel et la nature n'existe pas vraiment, et la position des hommes dans un univers magique est en rapport à la fois avec l'environnement et les mythes primitifs, racines des différents mythologies ultérieures. La religion cosmique pratiquée par les chasseurs et les éleveurs du néolithique relèvent d'une culture bien plus anciennes que les religions antiques connues (Antiquité grecque ou Moyen-Orient - Bible et Avezta).

Quand le "Dieu-Grand" a été imposé en Occident, ces petits dieux païens et leurs servants ont subi des mutations, mais n'ont pas disparu. Conjointement à la religion nouvelle et à leurs prêcheurs, les rites païens condamnés par l'église ont continué à être célébrés par les paysans, et la croyance aux puissances surnaturelles et aux sortilèges est restée vivace jusqu'à peu. À l'expérience humaine intuitive et émotionnelle primitive, le surnaturel se manifeste sous des formes nombreuses. À côté des esprits divers, lieux, arbres ou minéraux, les sorciers et les démons tiennent une place particulière, où les «pouvoirs» magiques tiennent un rôle prépondérant. Ce monde de revenants, de nécromants, de vampires, de loups-garous, souvent maléfique continue à séduire des hommes saturés de sciences et de techniques, et qui sont restés bien plus émotifs que devenus rationnels. Si, de nos jours, n'est plus nécessaire la foi dangereuse et courageuse de nos ancêtres qui devaient, dans l'obscurité de leur conscience, affronter les puissances invisibles, ces mystères cosmiques continuent à émouvoir nombre de nos contemporains, toujours sensibles à ces agents des ténèbres, porteurs de maladie ou de mort le plus souvent, et intervenant continuellement sur le cours de la nature. Si vous ne connaissez pas bien cette mentalité archaïque et magique, et les êtres qui la peuplent, lisez ce livre qui vous donnera de nombreux détails sur les principales figures du monde fantastique.

Ne demandez cependant à ce livre que ce qu'il peut vous donner : des informations et des histoires. On pourrait reprocher à l'auteur d'en être resté à un niveau très narratif, sans une analyse tant soit peu approfondie des raisons historiques et sociologiques de cette floraison d'entités et d'êtres surnaturels de toutes sortes. Mais ne boudons pas notre plaisir. Un recensement complet et agréable à la lecture permet aux jeunes générations, qui ont d'autres fantômes et d'autres démons, d'autres vampires financiers ou nécrophobes de la violence, de mieux comprendre que chaque époque a ses démons à exorciser : à elles de trouver les formules qui lui paraîtront efficaces... Les créatures du livre, qui lui sont constamment proposées par la télévision et le cinéma, de tragiques naguère, sont devenues ludiques. Mais elles constituent certainement aussi une preuve indiscutable que, devant les limites de nos connaissances actuelles, et la difficulté de comprendre le monde et les méthodes de plus en plus complexes de la science, notre imaginaire n'y trouve pas son compte. L'adulte contemporain n'a pas réglé les émois de ses peurs enfantines devant les mystères du caché et de l'au-delà.

Roland Ernould © 2001

La quatrième de couverture :

La nuit d'Halloween, des légions d'êtres grimaçants quittent leurs cachettes pour venir hanter les ténèbres de notre imaginaire : sorcières ricaneuses, juchées sur un balai, fendant les airs et s'envolant en pleine nuit pour célébrer leur sabbat; loups-garous hurlant à la pleine lune; vampires rôdant dans les cimetières; nécromanciens invoquant les esprits des morts.
Largement popularisés par la littérature et par le cinéma, tous ces monstres, auxquels il faut adjoindre les succubes, les incubes, les lamies, les goules et autres animaux fantastiques, comme la bête du Gévaudan, suscitent peur, curiosité ou fascination.
Mais d'où viennent ces êtres mal aimés? Qui sont-ils? Comment vivent-ils? Où se cachent-ils? Pour les retrouver, Edouard Brasey nous invite à le suivre sur la route des Enfers, là où s'agitent des démons inquiétants et cornus, dotés de pieds fourchus. Il se glisse avec nous dans les cabinets secrets des exorcistes, des cabalistes et des mages noirs, nous remémore certaines déviations de l'Histoire, tels les messes noires de l'affaire des poisons ou le procès des possédées de Loudun.
Cinquième volume de l'Univers féerique, Sorcières et démons clôt brillamment une très passionnante et troublante plongée dans les ténèbres de l'imaginaire.

Table des matières : Introduction : la nuit d'Holloween - Magie médicale et sortilège des sorcières - Le vol des sorcières - Le sabbat - Morts-vivants et nécromants - Les vampires - Gare aux loups-garous - Les grandes affaires du garouage - Les démons et la hiérarchie de l'enfer - La religion des sorcières - Lilith et la sorcière féministe - La chasse aux sorcières - Les possédées du diable - Conclusion : le baiser à la sorcière. Bibliographie sélective.

NOTES DE LECTURE :

Édouard Brasey... Nains et gnomes, Pygmalion, L'Univers féerique, 1999.

Édouard ..Brasey .. Géants et dragons, Pygmalion , L'univers Féerique, 2000.

Roland Ernould © 2001

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