Édouard Brasey, Nains et gnomes

Pygmalion, L'Univers féerique, 1999.

Après les notes de lecture sur Sorcières et démons, et sur Géants et dragons, parus chez le même éditeur, en voici une troisième consacrée à cet auteur inépuisable, chercheur de cette part de nous-mêmes qui a donné jadis naissance aux mondes de la féerie. Brasey continue à faire revivre pour nous l'univers mystérieux et attachant, tantôt inquiétant, drôle ou poétique, des êtres imaginaires qui figurent dans les contes et les légendes du monde entier, dans le cas présent ce que l'on appelle "le monde du petit peuple". Comme l'explique Brasey, ses êtres vivent dans un monde parallèle au nôtre, qui possède ses propres règles, mais dont la clef nous est cachée : "Selon Paracelse et d'autres auteurs du passé, les membres du «petit peuple» vivent avec les éléments de la nature, raison pour laquelle on les appelle les «élémentaux». Les nains et les gnomes habitent sous la terre, où ils forgent les épées de légende. Les sirènes et les ondines peuplent l'élément aquatique et cherchent l'alliance amoureuse avec les hommes, seul moyen pour elles d'obtenir une âme immortelle. Les elfes, "élémentaux" de l'air, cultivent la beauté et l'art, notamment la musique."

Les nains et les gnomes existent dans tous les pays et dans toutes les cultures, sous des noms évidemment différents. On les appelle nains, gnomes ou gobelins en France, trolls en Islande et les pays scandinaves, kobolds au Danemark, et de bien d'autres noms encore, plusieurs dizaines comme on le remarque avec étonnement à la lecture du livre. Ils sont associés à l'obscurité, aux travaux cachés, et sont assimilés aux divinités du feu et des enfers. Ils sont associés aux travaux de la forge et de la mine, pour lesquels ils sont remarquablement doués, et souvent aussi gardiens des pierres précieuses et des trésors.

Petits, difformes, parfois effrayants, plusieurs fois centenaires, vêtus comme au Moyen-âge avec comme seule caractéristique leur bonnet rouge, souvent dotés de caractères magiques, ils sont courageux, sobres, presque austères. Leur seul plaisir est la pipe. Exactement le contraire des lutins, joueurs et plaisantins. Ils ont de multiples pouvoirs, comme ceux de se rendre invisibles avec une cape, de se déplacer rapidement dans l'espace en un instant. Ils possèdent des pierres qui permettent de comprendre des langues étrangères, de protéger aussi bien de la soif que des dragons. Certains sont capables de comprendre l'avenir.

Ce livre est plus descriptif que les autres, parce que les nains n'ont pas été beaucoup associés, comme d'autres êtres mythiques, à de grandes entreprises, si l'on excepte le mythe des Niebelungen et la malédiction de l'anneau, évidemment largement commentés. Le lecteur reste donc un peu sur sa faim de légendes. Par contre, il apprend quantité de choses. Les amateurs de King auront, par exemple, beaucoup d'informations sur les «knockers», les esprits frappeurs de la mine, qui font partie du folklore de Cornouailles. Les knockers jouent un grand rôle pour les mineurs. Ils connaissent l'emplacement des bons filons, et les mineurs qui ont le bonheur d'entendre leurs coups ont des chances de tomber sur le minerai. Ils avertissent de l'imminence du grisou, en tapant de manière désordonnée. Car si certains sont mauvais, la plupart sont bénéfiques et ils ont bonne réputation parmi les mineurs. En contrepartie de leurs services, ils demandent quelques cadeaux à leurs compagnons de fond : des vêtements, toujours usés (ils ont horreur de tout ce qui est neuf. Les mineurs leur offrent des vêtements d'enfants hors d'usage), et des mets sucrés. Délicats, ils apprécient les chants et les rires des mineurs, mais abhorrent leurs jurons, en représailles desquels ils déclenchent de petits éboulements. Vous trouverez bien d'autres nains pittoresques, connus, les Gremlins, ou moins, comme les «brownies», qui ont la réputation d'être les amis des gens de lettres. Un chapitre est consacré aux nains maléfiques, les «fairies» d'Écosse, les «ellicon» nordiques, et les «red caps», les bonnets rouges écossais et les «korrils» (ou korrigans) bretons.

Ce recensement pittoresque se termine avec ces êtres féeriques de petite taille, les lutins, proches des nains domestiques, drôles, plaisantins, bons vivants, farceurs, aimant la bonne bouteille, coquins et trousseurs de jupons. Considérés comme de bons petits diables, les lutins sont généralement plaisants, plus dérangeants que nuisibles. Certains d'entre eux sont cependant mauvais, et utilisent leurs dons pour nuire à ceux qui ne leur plaisent pas. Les lutins ont aussi une solide réputation amoureuse, de séducteurs et d'amoureux, et sont acceptés malgré leur petite taille parce qu'ils sont généreux et comblent de cadeaux les femmes qui leur octroient leurs faveurs. Ce serait l'explication de certaines fortunes douteuses...

Bref, si ce livre ne fait pas revivre de ces grands mythes ou légendes que l'on aime se voir rappeler, il constitue une source d'informations utiles et pittoresques indispensable, derniers vestiges de l'époque de "
l'Âge d'Or, ce temps mythique où les bêtes parlaient, où les hommes comprenaient le langage des oiseaux, où les portes du monde de Féerie demeuraient ouvertes." (221)

Quatrième de couverture :
De petite taille, ils habitent dans des grottes ou au fond de souterrains ténébreux et connaissent tous les secrets des métaux rares et des pierres précieuses. Voici le petit peuple des nains, gnomes, lutins et gobelins qu'Edouard Brasey est allé surprendre dans les fabuleux récits qui circulent à leur sujet depuis des milliers d'années.
D'où viennent-ils ? De Laponie, dit-on. Les Celtes et les Romains les adoraient comme des divinités minuscules, tour à tour bienveillantes ou redoutables. Ils forgèrent les épées de légende, telle Durandal, tissèrent des coiffes qui rendaient invisibles. Ils aidaient les mineurs à découvrir les meilleurs filons, accomplissaient certains travaux ménagers, endormaient les enfants et répandaient la joie dans la maisonnée. Mais, si on leur manquait de respect, ils pouvaient se transformer en êtres malicieux et se livrer à de vilains tours.
Ils ont inspiré de multiples recueils de contes et de légendes du folklore européen. Aujourd'hui, ils continuent de peupler les jeux de rôle, les films (les Gremlins), les bandes dessinées et les romans fantastiques.
Après son remarquable Fées et Elfes, Edouard Brasey poursuit avec émerveillement son enquête sur ce monde fantastique. Il nous en dévoile les secrets et les mystères à partir d'innombrables documents, chroniques, contes et témoignages
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Table des matières : Le petit peuple sous la terre - La «Pygmée-théorie» - Les gnomes et les nains de jardin - Les Maîtres de la forge - La vengeance des nains et l'anneau des Niebelungen - Les petits hommes de la montagne - Les esprits des mines - Les nains domestiques - Les Génies familiers - Nains et artisans des grands argentiers - les Lutins du foyer - les Lutins taquins - Les Lutins coquins - - Les nains démoniaques - La disparition du petit peuple. Bibliographie.
Roland Ernould © juillet 2001. (rernould@club-internet.fr)

 

Notice bibliographique :
Edouard Brasey, qui vit dans les Alpes de Haute-Provence, est un spécialiste de l'univers des fées et des contes. Auteur d 'une quinzaine d'ouvrages, romans, documents et essais, il donne sur le monde merveilleux des êtres imaginaires de nombreuses conférences qui rassemblent un large public. Il a réalisé des documentaires sur le sujet pour la télévision. Parmi les livres sur le sujet dans la même collection :
Fées et Elfes, Nains et Gnomes, Sirènes et Ondines, Géants et Dragons, tous aux éditions Pygmalion.

NOTES DE LECTURE :

Edouard ..Brasey. .... .Sorcières et démons, Pygmalion , L'univers Féerique, 2000.

Édouard ..Brasey .. Géants et dragons, Pygmalion , L'univers Féerique, 2000.

Roland Ernould © 2002

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