.. du site
différentes saisons
DÉBAT
SUR STEPHEN KING
par Patrick
Senécal et Hugues Morin.
Patrick
Senécal est un écrivain d'horreur qui vit
à Mont-St-Hilaire. Il enseigne au Cégep de
Drummondville et a déjà publié trois
romans d'épouvante. J'ai rencontré Patrick à
plusieurs occasions depuis la convention Boréal 96 en
mars 1996 et nous avons souvent discuté de Stephen
King. Récemment, alors que nous
étions en plein débat via Internet (c'est le
débat qui suit), nous avons été
invités à discuter du cas de King à
l'émission animée par Marie-France
Bazzo sur les oncles de Radio-Canada. Mais sans plus
attendre, voici donc la transcription de nos débats
sur le King des dernières
années... Hugues
Morin.
|
Hugues
MORIN : Patrick, tu as
mentionné lors de la dernière convention Boréal
que King «ne l'avait plus» depuis quelque
temps. Pourrais-tu élaborer brièvement sur la question
pour le bénéfice de nos lecteurs?
Patrick
SENÉCAL : Hé bien,
je trouve que depuis Misery, ou
à peu près, King
n'étonne plus vraiment. Il se contente de nous re-livrer des
histoires fort semblables à celles qu'il nous a
déjà données... Needful Things, par exemple... Combien de fois nous a-t-il
raconté cette histoire de village dont tous les habitants
deviennent fous? Il a trouvé la recette du succès,
hélas, et non seulement il la répète, mais il
l'allonge interminablement.
MORIN : Pour ma part, Needful Things n'est pas une histoire de village dont tous les
habitants deviennent fous, mais l'histoire d'une petite ville
où s'installe le diable ou ce qui en tient lieu. De plus, King
y explore la petite ville comme microcosme de la
société, ce qu'il a déjà fait maintes
fois, je te l'accorde. Mais je citerai plutôt Desperation, la plupart des nouvelles de Nightmares and
Dreamscapes et Dolores Claiborne en exemple de contradiction de ton
affirmation selon laquelle King refait sans
cesse la même chose.
SENÉCAL :
Je n'ai pas lu Desperation car,
justement, je n'éprouve plus de plaisir à lire
King (Insomnia m'a
achevé). Je ne peux pas aller vérifier les nouvelles de
Nightmares and
Dreamscapes, car j'ai vendu
ce livre, qui m'avait moyennement plu. Je l'avais trouvé moins
bon que Skeleton
Crew, lui-même moins
intéressant que Night Shift. Avec
Dolores
Claiborne, King
se répète, à mon avis : il tente tout simplement
d'aller plus loin dans un domaine qu'il avait déjà
exploré juste avant avec Gerald's Game,
c'est-à-dire le roman féministe. S'il avait
plutôt bien réussi avec Gerald's Game (qui est, à mon avis, son dernier bon livre), il
se plante un doigt dans l'oeil avec Dolores Claiborne. Il résume le batteur de femmes à un
alcoolique dégoûtant qu'on souhaite voir mourir, et la
femme battue à une vengeresse simpliste. Si King
veut vraiment jouer les écrivains engagés socialement,
il va falloir qu'il cesse de simplifier ses scénarios et ses
personnages...
MORIN : Prenons tes affirmations une à la
fois. Tu n'as pas lu King depuis
Insomnia, soit.
Tu as donc raté Desperation,
The
Regulators et, surtout,
The Green
Mile, une oeuvre qui
réfute complètement, d'après moi, ton
affirmation selon laquelle King ne l'a
plus. Pour Nightmares... je
partage ton opinion quant à la supériorité de
Skeleton
Crew, mais suis en
désaccord pour Night Shift. Ceci
nous amène pas mal loin puisque si ton recueil
préféré est Night Shift,
alors tu recherches visiblement un type d'épouvante plus
axée sur l'hémoglobine et les effets de
répulsion. Pour ma part, je préfère les horreurs
(ou terreurs, nuance importante) plus subtiles. Pour Dolores..., tu confonds deux choses; le roman féministe
et le roman dont le personnage principal est une femme, ce qui est
fort différent. Dolores et
Gerald's
Game ne sont pas des romans
féministes. Dans le premier cas, il s'agit d'un
roman-confession d'une femme assez spéciale, qui a dans le
passé, assassiné son mari. Dans ce roman-là,
tout est dans la manière, mais si tu l'as lu en
français, tu as été privé d'un morceau
important : le style très différent de King.
Dans le second, on a affaire à une femme aux prises avec un
problème physique (elle est attachée) mais surtout avec
des fantômes intérieurs (cas de consciences), ce qui se
rapproche du thème de Dolores, mais pas
de la manière que tu le décris. Pour l'engagement
social, King a toujours planté ses romans dans des
sociétés à notre image, mais n'a jamais
réellement écrit de romans sociaux. Je ne crois pas
qu'il le fasse désormais plus qu'avant. Par contre, dans sa
jeunesse, il écrivait plus sur des personnages adolescents,
puis il a glissé vers l'âge adulte et il flirte
maintenant parfois avec des personnages plus âgés.
C'est, je crois, ce glissement et non une orientation plus
«sociale» de son écriture qui t'agace, non? Car au
fond, Carrie traitait
aussi de problèmes sociaux (en toile de fond); l'obscurantisme
religieux et la méchanceté de certains jeunes envers
leurs collègues, entre autres.
SENÉCAL :
Premièrement, je n'aime pas davantage le King
qui use d'hémoglobine avec abondance. J'aime le
King qui nous fait peur, qui nous dérange. Et c'est
ça qu'il ne semble plus capable de faire. Maintenant, il
essaie de nous faire réfléchir, et là, il n'y
arrive pas vraiment. Tu dis préférer les terreurs
subtiles. Parce que tu trouves King subtil,
depuis quelque temps? Ses personnages sont rendus unidimensionnels,
c'est ça le problème. Ses héros sont devenus des
gentils-gentils, interchangeables. Prends le héros de
Insomnia, ou le
héros de The Green Mile
(que j'ai lu) ou le héros de Needful Things : à part l'âge, aucune différence.
Des modèles de vertus, sans psychologie particulière.
Et c'est avec ce genre de personnages que King veut faire
passer une réflexion sur la peine de mort (The Green Mile), les excès des groupes militants
(l'avortement dans Insomnia) ou
l'émancipation d'une femme (Dolores Claiborne qui est, je le maintiens, un roman qui se veut
féministe...)? Pas très convaincant, à mon avis.
Et même si c'est vrai qu'il y a toujours eu des observations
sociales dans les livres de King, le but
premier restait la terreur, le malaise. Quel est le dernier livre de
King qui nous a vraiment fait peur? Rappelle-toi le
personnage tourmenté de Jake, dans Shining (peu d'hémoglobine, si je me rappelle bien...),
le destin tragique du héros de The Dead Zone, la parabole noire et pessimiste de la vie dans
The Long
Walk (ça, c'était
subtil!), et surtout, surtout, la finale horrible de Pet Semetary! Des personnages plus ambigus, des fins
dérangeantes. Même lorsque les héros gagnaient,
il y avait de I'amertume (Cujo,
Firestarter,
Christine).
Maintenant, le héros gagne, les méchants meurent, et en
plus, on a droit à une petite réflexion sociale parfois
intéressante, mais livrée par des personnages sans
substance. Les livres de King,
maintenant, rassurent. Pour un écrivain de terreur, c'est un
comble, non? The
Green Mile est plus amer, c'est
vrai, mais y a-t-il un seul personnage vraisemblable dans cette
histoire? Le bon-bon gardien, le méchant-méchant
gardien... Le bon-bon prisonnier, le méchant-méchant
prisonnier... Les livres de King ressemblent
de plus en plus à des films d'Hollywood. Peut-être,
justement, qu'il écrit maintenant en sachant que ses
scénarios seront adaptés au cinéma...
MORIN
: De un, lorsque tu dis que
King veut maintenant nous faire réfléchir, tu
portes des intentions à l'auteur qu'il n'a peut-être pas
lui-même, ce qui est biaisé comme jugement, puisque
telle n'est pas nécessairement son intention. Je ne crois pas
pour ma part que King veuille
faire passer des réflexions sur la peine de mort ou autres
sujets, il installe comme il l'a toujours fait, ses romans dans le
tissu social américain. Misery et
The Dark
Half, par exemple, nous parlaient
des écrivains en toile de fond, Carrie du monde scolaire de niveau secondaire, etc.
Insomnia est
brossé sur une toile de fond qui traite du débat sur
l'avortement, mais King ne
débat pas d'avortement dans ce livre. Comme il l'a toujours
fait, il démontre que la folie, l'horreur, etc. sont souvent
issues des humains eux-mêmes. À titre d'exemples, notons
que les pouvoirs dans The Dead Zone,
Carrie ou
Firestarter ou
encore Christine ne font
pas figure de mal absolu, le mal étant issu des personnes
autour de ces pouvoirs. Idem pour Insomnia,
où le débat de fond favorise l'émergence de
rancoeurs et violences humaines. De deux, tu parles de peur que tu
sembles beaucoup relier à la finale des romans. En effet, King
n'a pas écrit de romans pessimistes (sous son nom) depuis
Pet
Semetary. Mais sous
prétexte de ne pas ressembler aux films hollywoodiens, faut-il
tomber dans l'autre extrême et faire mourir tous ses
personnages à la fin, pour s'assurer que ça finisse
mal, que tout n'est pas happy end? Je ne crois pas. King
adopte depuis un certain nombre d'années des finales plus
optimistes, je te l'accorde, mais dans la plupart des cas, il les
justifie. De plus, c'est vraisemblablement dû au vieillissement
de l'auteur (sa sagesse?), qui doit voir la vie avec une lorgnette un
peu plus sereine aujourd'hui (il est financièrement en
sécurité, a visiblement réussi sa vie familiale,
avec femme et enfants, vit en harmonie avec sa communauté,
etc.) qu'à l'époque de sa jeunesse, très pauvre,
alors qu'il écrivait Carrie, les
nouvelles de Night Shift ou
encore les premiers romans de Bachman (mais
c'est une autre histoire, nous y reviendrons peut-être plus
tard,). De trois, King
n'écrit pas en pensant aux films éventuels, il
écrit comme il l'a toujours fait, son style n'a pas
changé. Je note que par le passé, les producteurs ne se
sont pas empêchés de modifier ses fins pour les leurs,
alors comme King n'a pas le
contrôle sur un film adapté de ses livres, je ne vois
pas pourquoi il ferait des fins hollywoodiennes en prévision
des films éventuels. Question de relancer le débat sur
une autre voie (faudrait pas ennuyer nos lecteurs!), je dirai deux
choses: premièrement, dans The Green Mile,
il y a un personnage extrêmement savoureux (et
crédible!) : Mister Jingles! Deuxièmement : j'affirme
que King n'est pas qu'un écrivain d'horreur. Et dans ce sens,
comme j'aime bien les univers qu'il crée, ses univers
non-horreur me plaisent autant que les autres, contrairement à
toi, semble-t-il, puisque tu juges qu'il ne l'a plus puisque ses
livres ne font plus peur. Ma relance concerne donc la série
The Dark
Tower (débutée il y
a pratiquement 20 ans, donc qui remonte à une période
du King que tu apprécies), avec laquelle
King tente d'unifier son oeuvre, en quelque sorte. Que
dis-tu de cette série?
SENÉCAL :
J'aime beaucoup la série des Dark Tower, c'est très original. Mais je dois t'avouer que
c'est loin dans ma mémoire et que j'aurais de la
difficulté à en discuter avec précision. Mais
j'aime beaucoup. C'est la preuve que je n'aime pas uniquement le
King qui fait peur, j'aime le King bien fait.
Et depuis quelques temps, il se contente d'appliquer sa recette.
Mais, bon, je ne commencerai pas à me répéter...
Tu reconnais que King est moins
pessimiste, moins sombre. Tu dis que c'est peut-être à
cause de sa sécurité financière, de sa vie plus
stable. La sérénité et la peur ne vont pas
ensemble, il me semble. Ca soulève justement une question
important que je me pose depuis longtemps, que ce soit en
littérature, en musique ou en cinéma : est-ce que
l'embourgeoisement mène à l'inertie? Est-ce que le
succès tue le goût du risque, du changement? En tout
cas, on peut le vérifier dans bien des cas, non?
MORIN : Tu soulèves un point
intéressant, là, avec l'opposition de la
sérénité et de la peur. Tu as bien raison, bien
qu'il soit évident que malgré sa situation, tout
être humain doit continuer à avoir des peurs...
même King. Sauf que
ces peurs sont probablement moins viscérales, moins
immédiates que par le passé. Quant au succès qui
tue le goût du risque, je partage aussi ton avis, je crois
qu'il tue en partie ce goût du risque. En posant comme
hypothèse que King veuille
écrire un roman complètement différent de ce
qu'il a fait avant, disons de la littérature
générale, un roman du style Steinbeck ou
Irving, disons. La question est alors : peut-il le
faire? La réponse est visiblement : non. Le succès de
King le rend en quelque sorte prisonnier de son lectorat, je
crois bien. Le lectorat (et la critique) serait-il prêt
à accepter un tel livre? Visiblement non, si je me fie
à tes réactions suite à la tangente des
dernières années (où, je me répète
aussi, King ne tentait pas nécessairement de faire
peur à tout prix). Alors oui, le succès tue le
goût du risque. King contourne
en partie ceci en re-publiant sous le nom de Bachman; il se permet avec Bachman des
choses qu'il ne se permet pas en tant que King... Je te
conseille donc le diptyque Desperation-The
Regulators qui représente
un retour (léger) à l'époque
héroïque... et tout plein de personnages meurent pendant
les romans, ce qui est loin des aventures hollywoodiennes!
SENÉCAL :
Malgré ce que tu penses, je n'aurais rien contre le fait que
King essaie un autre genre de littérature. Qu'il le
fasse bien, c'est tout. Et je crois qu'il est capable. Il l'a
déjà montré, avec The Stand, et The Shawshank Redemption. Mais j'aimerais te faire part d'un commentaire
intéressant qu'un ami m'a fait, l'autre jour. Cet ami, comme
moi, trouve que King est moins
bon qu'avant et, à cela, il a proposé une
hypothèse qui n'est pas bête : King
étant maintenant une vedette incontestée, il aurait le
contrôle total de ses écrits et plus aucun directeur
Iittéraire ne toucherait à ses manuscrits. Bref, on
laisse King publier ce qu'il veut, les éditeurs
n'oseraient plus le critiquer ou lui demander de modifier certains
passages. Que penses-tu de cette idée?
MORIN : Je crois qu'il y a du vrai et du faux
là-dedans. Bien sûr, il est tentant de croire que les
directeurs littéraires n'osent plus faire de remarques
à King, mais il y a deux choses que l'on oublie en
pensant ça. La première, c'est que le King
d'aujourd'hui n'est définitivement plus un débutant tel
le King de Salem's Lot ou
Carrie... Il a
donc fatalement moins besoin de direction littéraire. Mais il
en a encore besoin, d'un minimum, comme tout auteur. La seconde
chose, c'est que comme tout auteur rendu à un certain point,
King a quelques lecteurs qui lui donnent leurs avis sur ses
manuscrits, dont Tabitha
King, sa femme qui est aussi
écrivaine et qui d'après King, est une
critique assez sévère. Évidemment, reste
à savoir si King
écoute ces conseils... mais sérieusement, la meilleure
preuve que King ne publie
pas ce qu'il veut (ou qu'il s'auto-dirige lui-même en cas de
doute), c'est qu'il ne publie pas tous ses manuscrits! C'est vrai en
romans et c'est aussi vrai en nouvelles, puisqu'il y en a assez
d'éparpillées en revues et fanzines pour faire un ou
deux autres recueils... Je crois donc que ces barrières,
certes différentes d'un directeur littéraire pour les
auteurs débutants, démontrent que King
ne publie pas tout ce qu'il veut nonobstant la qualité de
l'ouvrage.
Débat
réalisé via le réseau Internet
du 15 octobre 1997 au 19
janvier 1998.
Sincères remerciements
à Patrick Senécal
pour sa participation.
Hugues Morin,
paru dans Fenêtre Secrète
sur Stephen King,
# 13, hiver 1998.
|
|
|
Hugues
Morin est né à Roberval, au
Québec, en 1966. depuis 1992, il a publié 90
nouvelles dans divers magazines, collectifs et recueils dont
trois recueils dont son premier livre: Le marchand de
rêves,
publié en Belgique en 1994. En 1995, il a
fondé Ashem Fictions, maison de micro-édition
spécialisée en fantastique et a lancé
la revue Fenêtre Secrète sur Stephen
King, qu'il a
dirigé jusqu'en 1999. En 1997, il est devenu le
cinquième directeur de l'histoire de la revue
Solaris,
poste qu'il a occupé pendant deux ans. Il est
toujours membre de la rédaction de la revue. Il a
publié son premier livre professionnel en 1997;
Stephen
King, Trente ans de terreur, aux éditions Alire. Puis, en 1998, il
a publié deux recueils de nouvelles; L'héritage de
Roberval, aux
Éditions de l'A Venir, puis Ombres dans la
pluie, chez Ashem
Fictions. Il a également fondé un festival de
fantastique et science-fiction à Roberval en 1998,
édition suivie d'une seconde, R2K, qu'il a co-organisé en 2000. Fin 1998,
il a relancé le cinéma à Roberval en
fondant le Cinéma Chaplin, modeste complexe de trois salles jouant
à la fois des primeurs et des films de
répertoire. En 1999, il lance le Chaplin dans un
autre festival, celui sur la relève du cinéma
québécois. En juin 2000, il lançait
avec ses associés le Cinéma Chaplin
II à
Dolbeau-Mistassini. Fin 2000, Hugues Morin décide
d'occuper ses fonctions à distance et part
s'installer à l'autre bout du pays, en Colombie
Britannique pour quelques mois. À suivreÉ
|
saison automne 2001
: La
petite blonde au manteau vert, par Hugues Morin.
|
Patrick Senécal est né à Drummondville
en 1967. Son premier thriller horrifique, 5150 Rue des
Ormes, est publié
en 1994 chez Guy Saint-Jean L'année suivante, son
second titre, Le Passager, paraît chez le même
éditeur. En 1998, il sort chez Alire un roman
à saveur plus fantastique, Sur le seuil. Deux ans plus tard, Senécal
sort un roman totalement différent des trois autres,
Aliss,
qui se veut une version hardcore, démente et
comico-absurde du Alice de
Lewis Caroll.
Il travaille actuellement sur un projet de film qui serait
tiré de Sur le seuil. Il a déjà écrit une
pièce de théâtre, qui flirtait davantage
avec l'humour. Diplômé en Etudes
Françaises, il enseigne la littérature et le
cinéma au collégial.
|
Contenu de ce site
Stephen King et littératures de l'imaginaire :
.. du site Imaginaire
.. du site
Stephen King