Christine Guillot

Lettre à Mme Rowling

à propos de trois sorciers bien étranges

Texte modifié d'une lettre écrite
à Mme Rowling le 22 avril 2003

Avertissement


J'avais depuis la fin de la lecture du quatrième tome Harry Potter et la coupe de feu, soit mi-octobre 2002, commencé à réfléchir aux caractères et motivations des différents personnages. J'avais déjà imaginé dans ma tête certains paragraphes entiers, mais je n'osais pas me lancer dans une véritable lettre. Je l'ai enfin composée entre milieu décembre 2002 et le 3 avril 2003. Il m'a fallu beaucoup de temps pour agencer mes idées et travailler mon texte. Je l'ai envoyée à Bloomsbury le 25 avril 2003, mais comme elle était en français, elle n'a pas été transmise à l'auteur.
J'ai indiqué dans la mesure du possible les noms anglais qu'elle a crées, bien que je sois plus habituée aux noms français. J'ai aussi indiqué en bleu mes réflexions postérieures à ma lettre et mes impressions ressenties à la lecture du cinquième tome.



Madame,

Je suis désolée de vous écrire en français, mais c'est la seule langue qui me permette d'exprimer tout ce que je ressens à la lecture de vos livres.
Je veux vous féliciter et vous remercier de m'avoir fait rêver et oublier le monde, le temps d'une lecture et même plusieurs. Je n'ai jamais pu complimenter Victor Hugo, Sir Arthur Conan Doyle ou Alexandre Dumas pour leurs écrits. Et pour cause. Ils sont morts depuis longtemps. J'aurai voulu le faire avant qu'il soit trop tard.

Vous, les écrivains avez de grands pouvoirs. Vous pouvez donner à vos héros les plus belles qualités ou les plus affreux défauts, les meilleurs amis du monde ou les plus mortels ennemis, la richesse ou la pauvreté, une grande famille ou la solitude. Vous prenez sur eux le droit de les faire naître quand vous le désirez et les tuez de même. Toutes les possibilités vous sont offertes. Des pouvoirs à la fois fascinants et terrifiants. De très grands pouvoirs que n'aurait certes pas reniés Lord Voldemort lui-même.

Harry, Ron et Hermione sont de charmants enfants et j'ai pris plaisir à lire leurs aventures, mais j'avoue que je me suis beaucoup plus intéressée aux personnages adultes, peut-être parce que je le suis également.
Certains lecteurs trouvent que Harry, Ron et Hermione et les autres manquent de personnalité ou sont trop superficiels. Pourquoi pas tant qu'ils y sont, vous demander aussi d'indiquer après chacune de vos phrases quand il faut applaudir, rire ou pleurer. Quels idiots de lecteurs ! Quel manque d'imagination ! Il est vrai que j'en ai peut être trop et que je sais très bien sans qu'on me l'indique à chaque instant, ce que pense tel ou tel de vos héros. Il y a trois personnages que j'aime beaucoup dans vos livres. Ils sont bien différents les uns des autres et ont chacun leur caractère. Je n'ai que mes convictions personnelles et ma sensibilité de lectrice à vous offrir. Je n'ai aucun moyen de vérifier si les événements que je développe à propos de ces hommes sont aussi ceux que vous avez inventés.
Oh ! Je ne veux pas récrire leur histoire. Vous l'avez fait avant moi et certainement beaucoup mieux. Mais, quand je me plonge dans un livre qui me charme particulièrement, j'oublie que les personnages ne sont que des êtres de papier, des chimères de rêve comme je me le dis toujours. Vous seule savez ce qu'ils ont été, ce qu'ils sont, et ce qu'ils seront. Moi, simple lectrice, je me trompe sans doute sur leur compte, mais tant pis. C'est ainsi que je les imagine.


Le premier est Remus Lupin et le troisième dans mon classement. Je sais que c'est un de vos préférés. Il paraît le plus gentil, bien qu'il aurait volontiers tué Peter Pettigrew si Harry ne l'avait pas arrêté. Un sorcier pas comme les autres, Lupin. Un loup-garou qui ne figure pas dans le registre crée en 1947 par Scamander apparemment. Sinon tout le monde aurait su qu'il en était un. Lupin serait-il un
loup-garou non déclaré, comme Black et Potter sont animagi illégaux? Seuls ses amis, Dumbledore, Mme Pomfrey, Snape, et ses parents semblent connaître la vérité. Il est jeune, trente sept ans environ quand Harry en a treize. Mais il en paraît bien dix de plus avec ses rides et ses cheveux gris. Il se dit lâche parce qu'il n'a pas osé dire à Dumbledore que Black avait réussi à s'introduire dans le collège, mais il a tort. Il faut aussi un grand courage pour supporter une maladie telle que la sienne. Il sait bien qu'elle est incurable, qu'il vieillit plus vite que les autres sorciers du même âge et qu'il mourra jeune. A-t-il encore ses parents? Je présume que non, sinon ils ne le laisseraient pas dans le dénuement où il se trouve au moment de son entrée à Hogwarts. Son père et sa mère l'ont beaucoup aimé et ils ont été certainement très chagrinés de voir leur enfant malade. Ils ont cherché à le soigner mais sans dire ce qu'il avait réellement. Une enquête aurait peut-être eu lieu, et le petit Remus (il devait avoir six ou sept ans quand il a été mordu) aurait été placé à St Mungo's Hospital ou un endroit similaire où ils n'auraient pu le voir aussi souvent. Ils l'ont gardé avec eux et se sont sacrifiés financièrement pour leur fils. Ils ont probablement été tentés d'avoir recours à un Mage noir pour guérir leur enfant. En vain.

Quand Remus a eu onze ans, ses parents ont eu la chance que Dumbledore l'accepte dans son école malgré son handicap (je pense que cela représente une forme d'épilepsie, de cancer, de tuberculose ou une maladie incurable). A la fin de ses études, sa maladie est toujours présente, sournoise, invalidante. Remus a tout de même voulu devenir professeur de Défense contre les Forces du Mal. Dumbledore a informé le directeur d'une autre école de l'existence de cet étudiant particulier, pour qu'il prenne des dispositions de façon à donner à ce jeune homme la possibilité de continuer sa scolarité. Certaines cabanes hurlantes ou maisons hantées disséminées en Angleterre sont sans doute liées à la présence de
loups-garous dans ces établissements scolaires, s'ils ne meurent pas avant, et s'ils en ont les capacités intellectuelles. A vingt et un ou vingt deux ans, après avoir reçu son diplôme, il a cherché du travail sans en trouver. Ses rares employeurs s'aperçoivent rapidement qu'il n'est pas comme les autres et le renvoient. Il ne peut accepter que du travail temporaire entrecoupé de périodes de chômage plus ou moins longues. Plus tard, il apprend que deux de ses amis sont morts et que le troisième est en prison, pour avoir trahit, pense-t-il. Ses parents l'ont sans doute recueilli de nouveau, puis sont morts de chagrin après quelques années. Mais il ne fera pas appel au Bureau d'aide sociale aux loups-garous. Remus se retrouve donc bien seul, comme le Seigneur des Ténèbres (the Dark Lord), mais pour d'autres raisons. Il n'a pas peur de ce dernier d'ailleurs et ne craint pas de prononcer son nom. La plupart des sorciers, même les Mangemorts (Death Eaters) n'apprécient guère la présence d'un loup-garou à leurs côtés. Et pour cause. Ce sont des êtres trop dangereux pour leur entourage. Je soupçonne aussi Severus d'avoir révélé la vérité à Lord Voldemort au sujet de Lupin.

Cela ne m'étonnerait pas que Remus ait été amoureux de Lily pendant qu'il était à Hogwarts. Chaque fois que Harry lui parle de sa mère, il devient pâle et se trouble. Seulement, elle était plus attirée par James, et Remus a vite compris qu'elle aurait été malheureuse avec lui. Il n'a été ni jaloux ni rancunier, mais très content pour son ami.
Dumbledore a embauché Remus à Hogwarts pour tenir le poste de professeur de Défense contre les Forces du Mal, dans le but de le mettre à l'abri de Black qui s'était échappé de la prison d'Azkaban. Mais il ignorait que Sirius était animagus et pouvait forcer les défenses du collège.

Remus vit à l'écart des autres, craignant que l'on s'aperçoive de son état. Sans doute, un jour se sacrifiera-t-il pour sauver quelqu'un. Son ami Black? Harry? Plutôt Snape qui est son ennemi le plus acharné. Celui-ci comprendra alors, mais trop tard que Remus n'était pas qu'un «loup-garou apprivoisé» comme il le dit avec tant de mépris, mais un homme capable de sentiments et de grandeur d'âme.

C'est également une histoire d'amitié entre Lupin, Black, Potter et (Pettigrew). Je mets entre parenthèse ce dernier. Il était plus un "admirateur" dans le genre de Colin Creevey, qu'un véritable copain. Et j'aime les histoires d'amitié. Elles me font toujours craquer. Leur camaraderie est d'ailleurs sincère, fidèle. Ils se revoient après plus de douze ans de séparation et sont encore amis malgré les années, les épreuves, les suspicions, les tracas de la vie et la disparition de certains d'entre eux. Lupin et Black se retrouvent comme à leurs débuts, toujours prêt à se soutenir, à s'entraider et ils en auront bien besoin avec le retour du Seigneur des Ténèbres.

Une petite remarque au sujet du livre «Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban». Lupin paraît malade et fatigué dans le train le 1er septembre, soit quelques jours après sa transformation en loup-garou le 27 ou 28 août. Pendant l'année scolaire, Il est absent aux environs du
25 de chaque mois, à la pleine lune :
il ne peut participer au repas de Noël. Mais l'année suivante au mois de juin, il se transforme le
6 du mois, le soir de l'exécution de l'hippogriffe. Le calendrier lunaire sorcier ne serait-il pas le même que le calendrier de la lectrice lambda que je suis et qui à l'air de correspondre aux années 1996/97?
Autre remarque. Vous indiquez différentes dates pendant l'année scolaire. Le vendredi 16 octobre, le vendredi 20 avril et le jeudi 6 juin. Je n'ai trouvé aucun calendrier ayant ces dates dans l'ordre chronologique. Le vendredi 16 octobre est dans l'année 1992, le vendredi 20 avril appartient à l'année 1990 et le jeudi 6 juin fait partie de l'année 1991. Je sais bien que nous sommes dans un univers particulier (les sorciers) mais tout de même. Serait-ce des dates personnelles qui vous rappellent des souvenirs heureux ou malheureux? J'ai su depuis que son mariage avec son premier mari était le 16 octobre 1992, mais les deux autres dates?

Je n'ai acheté que le troisième volume en anglais. C'est mon préféré. Mais je ne parviens à le lire que parce que je connais des passages de la version française presque par coeur. Les chapitres que j'aime particulièrement? Le
14 : Harry dans le bureau de Snape avec l'amusant épisode de la Carte du Maraudeur et la rancune de Severus (amusant pour le lecteur mais pas pour le professeur de Potions) et les 17, 18 et 19 : la réunion des protagonistes dans la cabane hurlante avec les révélations de Sirius et de Remus et l'intervention de Snape.


Severus Snape est justement le deuxième personnage que j'aime bien. Un sorcier pas comme les autres lui aussi. Il a la rancune tenace, mortelle même, puisqu'il n'hésite pas à menacer du baiser des détraqueurs (dementors), Remus Lupin et Sirius Black. A cause d'un évènement qui a pourtant eu lieu plus de vingt et un ans auparavant. Rancunier et vindicatif comme un Slytherin mais aussi, intelligent et courageux comme un Gryffindor. Severus serait-il né d'une mère Slytherin et d'un père Gryffindor ou le contraire? Peut-être. Ses parents sont sans doute de petits commerçants de Knockturn Alley ou de Hogsmead, peut-être marchands de potions ou bien d'animaux dangereux. Une "mésalliance" qui n'a pas été acceptée par la famille Slytherin de l'enfant. Les deux "Maisons" sont ennemies depuis longtemps. En fait depuis que Salazar Slytherin a quitté le collège qu'il avait fondé il y a mille ans. Severus grandit avec le sentiment d'être un incompris. Son père et sa mère sont deux caractères opposés qui ne cessent de quereller à propos de tout et sa famille Slytherin le rejette et le considère comme un taré, un bon à rien, un vilain petit canard. Un enfant surdoué, si cela existe dans le monde des sorciers, doté d'une très grande intelligence et une rare perspicacité et qui a bien vite appris à détester ce maudit sang Gryffindor qui coule dans ses veines. Un mélange plutôt explosif d'ailleurs.
Son enfance n'a pas été aussi idyllique que cela. Les souvenirs de Snape que Harry voit au cours d'une séance d'occlumancie le prouvent. Je me demande même si Severus n'a pas été martyrisé par son père Slytherin et délaissé par sa mère Gryffindor. Chacun d'eux accusant Severus d'avoir les défauts de l'autre. Certes, cela n'excuse pas son comportement actuel envers Harry ou James ou Sirius mais cela explique ses colères plutôt violentes. Il semble avoir été bien malheureux avec ses parents, et espérait certainement trouver des amis à Hogwarts. Il a dû être bien déçu.

Il est plus Slytherin que Gryffindor. Pourtant, lorsqu'il entre à Hogwarts à onze ans, le Chapeau chargé de répartir les élèves hésite un instant avant de l'envoyer chez les Slytherin.
Savoir si c'est Severus qui a choisi Slytherin ou si c'est son père qui l'a prévenu que s'il allait à Gryffindor comme sa mère, il l'écorcherait vif est un pari bien délicat. A moins que voyant que Black et Potter allaient à Gryffindor, il ait refusé de se retrouver dans la même Maison qu'eux et qu'il ait regretté son choix ensuite. Vers quatorze ou quinze ans, il a le coup de foudre pour une fille. C'est de son âge, bien sûr. Mais celle qu'il aime n'est pas une Slytherin. Elle ne fait pas partie non plus des Hufflepuff ni des Ravenclaw. Il y a pourtant beaucoup de demoiselles dans ces maisons, mais il ne s'y intéresse pas. Non, c'est d'une Gryffindor bien sûr dont il tombe amoureux. Encore ce maudit sang qui coule dans ses veines, se dit-il. Une jeune fille arrivée au collège deux ans après Severus. Elle ne fait même pas attention à lui et ne s'apercevra jamais qu'il l'a aimée. Dès son entrée à Hogwarts, elle est bien plus attirée par un adolescent avec des lunettes et des cheveux en bataille, que de ce garçon aux yeux noirs et perçants et aux cheveux gras. Lily : un joli prénom. Le coeur de Severus est partagé entre la haine et l'amour. Une partie de lui-même l'attire vers cette fille, l'autre partie tente de la repousser. Mais il n'est guère démonstratif, et il n'est pas du genre à se jeter aux genoux d'une jeune fille en lui disant des "je t'aime" pathétiques. Il aime et souffre en silence. Severus haïra encore davantage les Gryffindor. De plus, Il n'apprécie guère la virtuosité de James dans les Matches de Quiddich et comble de malchance, il s'aperçoit que James est aussi amoureux de Lily. Encore de bonnes raisons de détester un Gryffindor. Et à seize ans, sa haine atteint le summum avec l'histoire de la cabane hurlante (shricking shack). C'est la goutte qui fait déborder le vase.
Je pense d'ailleurs que cet épisode malheureux est postérieur à l‘humiliation qu'il a enduré quand James et Sirius le provoquent après leurs examens. L'envoyer en l'air montrer son caleçon qu'une propreté plus que douteuse devant une partie des élèves de l'école et surtout devant Lily, était la dernière chose à faire. Je comprends la réaction brutale de Severus envers eux et que cela soit son pire souvenir. Il a subi là, la honte de sa vie. Je me demande à ce propos s'il est vraiment sale de nature ou si ses parents le négligent au point de ne pas lui fournir de sous-vêtements de rechange. Dans les deux cas, allez après cela, dire à une fille que vous l'aimez. Lily lui aurait éclaté de rire au nez en lui disant : «je sortirai avec toi quand tu seras un peu plus propre». Et il ne pouvait guère lui déclarer sa flamme devant James et Sirius. S'il l'avait fait, Voldemort n'aurait même plus eu besoin de les tuer. Tout simplement parce qu'ils seraient véritablement morts de rire d'entendre une pareille déclaration. Si Severus traite Lily de Sang-de-Bourbe, c'est tout bonnement qu'il ne veut pas que ses adversaires sachent qu'il est aussi amoureux d'elle. Ses paroles ont sûrement dépassées sa pensée. Il est de plus furieux que James ose demander à Lily de sortir avec lui en sa présence et qu'il lui reproche d'exister. Ce pauvre Severus n'a pas demandé à naître. Il n'y est pour rien. Et si James et Sirius lui reprochent d'être Slytherin et toujours plongé dans la magie noire, Severus pourrait bien en faire autant envers eux. Quand à le surnommer Snivelus, ce n'est pas plus sympathique de leur part. J'imagine mal Severus, même enfant, allant pleurnicher dans les robes de son Directeur chaque fois qu'il se faisait attaquer par James et Sirius.
Snape finira ses études comme dans un cauchemar. Dumbledore ne l'a pas renvoyé comme il aurait certainement dû le faire. Il lui a donné peut-être là, sa première chance. Lorsqu'il quittera le collège, ce sera sans jeter un regard en arrière. Ne jamais y retourner. Ne jamais revoir ces tours.

Il a dix huit ans maintenant et n'a qu'une envie : oublier. C'est Voldemort qui lui en fournit l'occasion. Il lui propose de devenir Mangemort (Death Eater.) Severus tombe dans le piège sans même s'en rendre compte, tant il est aveuglé par la haine. C'est une fuite en avant. Il est si occupé par son nouveau travail qu'il ne mesure plus le temps qui passe. Si je peux appeler "travail", le fait de menacer ou de tuer les Moldus et certains réfractaires aux idées de Voldemort. Ce n'est que plusieurs années plus tard (quatre ou cinq environ) qu'il se réveille enfin. Il se demande comment il en arrivé là et pourquoi il s'est laissé entraîner dans cette folie. Mais il ne sait à qui se confier. Sa famille? Elle ne l'aime pas. Ses parents? Ils sont peut être séparés ou décédés. Ses seuls amis sont des Mangemorts : Igor Karkaroff et Lucius Malfoy. Il ne peut guère leur demander conseil. Et quand Severus était au collège, ses condisciples Rosier, Wilkes, Lestrange et Avery ne l'avaient accueilli dans leur groupe que parce qu'ils avaient vite compris qu'il valait mieux être avec lui que contre lui. Sa rancune et ses colères devaient déjà être assez spectaculaires.
Une bande de Sytherin qui semble être plus âgés que lui, ce qui ne m'étonne guère. Si Severus était un surdoué comme je le pense, il devait se sentir plus à l'aise avec des garçons et des filles plus vieux et plus de son niveau, que des élèves de son âge. Une bande, mais pas forcément de vrais amis. Son seul espoir, le sage Dumbledore. Retourner à Hogwarts? Il hésite longtemps avant de franchir à nouveau les portes cet endroit qu'il pensait ne plus jamais revoir. Dumbledore écoute sa confession. Il lui offre un abri. Hogwarts est un endroit sûr et une protection contre d'éventuelles représailles de la part de Voldemort. Il lui donne un travail : professeur de Potions. Severus aurait préféré le poste de Défense contre les Forces du Mal. Il a toujours été excellent dans cette matière, mais il doit d'incliner devant la décision du Directeur. Je pense que Dumbledore veut punir Snape à sa manière de ses fautes et de son engagement auprès du Seigneur des Ténèbres. Il devient aussi à la demande de Dumbledore, un espion fort habile. Il l'était déjà à l'école quand il surveillait James Potter et ses amis pour surprendre leurs secrets. C'est Severus qui a averti le Directeur que le Seigneur des Ténèbres recherchait les Potter pour les tuer. Il donne de cette façon une preuve qu'il a renoncé définitivement à soutenir Lord Voldemort.
J'imagine aussi que Dumbledore ayant suivi le parcours de cet élève depuis ses onze ans, il doit bien le connaître. S'il lui fait tant confiance comme il est répété plusieurs fois dans les livres, c'est qu'il a sans doute pensé que lors de la répartition, le choix de l'enfant se porterait sur Gryffindor et non Slytherin. Je suis certaine que c'est une Maison qui lui aurait parfaitement convenue. Comme la Maison Slytherin aurait pu être celle de Sirius. Ils ont choisi tous deux leur Maison. Et leur destin aussi peut-être. Pour le meilleur et pour le pire.
Severus n'est pas seulement Slytherin et adepte de magie noire. Il est maigre, laid, sale, rancunier, partial, méprisant, vindicatif, agressif, coléreux, grossier, violent. Il a tous les défauts possibles et imaginables, et pourtant Dumbledore croit en lui. Il n'a peut-être pas tort et malgré ses mauvais penchants, il doit y avoir quelque chose de valable en Severus. Il me semble que Dumbledore espérait qu'il aurait pu devenir un sorcier d'une grande valeur, s'il n'avait pas eu une éducation aussi déplorable, et s'il n'avait pas hérité de son père d'un physique aussi ingrat et d'un caractère aussi détestable.

Il passera plusieurs années ainsi. Il devient directeur de la Maison Slytherin, et est resté Maître des Potions. Son ressentiment s'assagit un peu, mais il n'aime décidément pas les Gryffindor. Il y a toujours cette dualité en lui et il ne parvient pas à la maîtriser. Et sa rancune se réveille à l'arrivée de Harry. Celui-ci ressemble tant à son père. Le souvenir de ses années de collège est encore vif dans son coeur malgré le temps passé. Severus ne peut oublier si facilement. Quant à la petite Hermione, dès le premier cours et il ignore encore qu'elle deviendra la meilleure amie de Harry, il ne l'aime pas davantage. Non pas parce qu'elle est née de parents Moldus, il n'a plus de raison de les détester, mais à cause de son attitude. Elle ressemble fâcheusement à l'enfant qu'il était au même âge. Toujours la première à lever le doigt. Toujours prête à donner la réponse exacte. Et bien sûr, comme lui, assise à la même place dans la classe de potions. Une surdouée comme lui. Severus aussi devait être dédaigné et appelé «Monsieur Je-Sais-Tout» par les professeurs. Il en savait plus que les élèves de septième année à son entrée au collège. Encore un bien mauvais souvenir.
Il n'y a pas que Harry qui est visé et haï par Severus. L'ont été ou le sont également : Sirius Black, Remus Lupin, James Potter, Peter Pettigrew, Ron Weasley et ses frères George et Fred, Hermione Granger, Neville Longbottom, et j'en oublie sûrement. Tous des Gryffindor. Dumbledore est peut-être le seul qu'il ne déteste pas vraiment et encore.

Malgré les indices semés dans les récits qui font que certains lecteurs pensent que Severus est un vampire, je ne crois pas qu'il en soit un. Certes, dans le film, il se drape dans sa cape et dans les livres il est quelquefois comparé à une chauve-souris. Mais cela peut simplement être une forme de protection contre lui-même ou pour se donner une contenance. Il semble bien sûr de lui et bien méprisant envers ses "cornichons d'élèves", mais est-il aussi à l'aise qu'il le paraît? D'ailleurs, s'il était un vampire, cela ferait un sorcier qui aurait le même problème que Remus. Un genre de maladie incurable ou non. Il serait donc illogique qu'il ait l'air dégoûté quand il voit Lupin. S'il l'est vraiment, est-ce que James Potter et ses amis l'avaient deviné et qu'il leur en veut aussi à cause de cela? A mon avis, le seul qui peut être véritablement un Vampire est Lord Voldemort lui-même. Hagrid dit :
«dunno if he had enough human left in him to die» (je ne crois pas qu'il ait eu en lui quelque chose de suffisamment humain pour mourir). Et je suis pratiquement sûre que Severus n'est pas un animagus chauve-souris. Un animal aussi petit est certes parfait pour un espion, mais il court le péril de se faire tuer par un sorcier ou dévorer par un autre animal. Rita Skeeter prend le risque, mais c'est dangereux pour tous les sorciers qui sont tentés de se rendre quasiment invisible pour surprendre les secrets des autres sorciers. Et s'il est un animagus, pourquoi ne s'est-il pas transformé avant de pénétrer sous le saule cogneur (Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban p. 436). Il est sensé n'y avoir aucun témoin ce soir là, à l'orée de la forêt interdite. Donc, il aurait pu devenir une chauve-souris sans inquiétude, au lieu de prendre le bâton utilisé par Remus et la cape abandonnée par Harry. Cape providentielle qui lui évite de se transformer sans doute, mais je ne le pense pas. A mon avis, la métamorphose n'a jamais été sa matière favorite. Il est très bon en potion, en enchantement, en Force du Mal, en botanique, en occlumancie et en légitimancie, mais il ne peut être doué en tout. Il y a aussi d'autres moyens d'espionnage dans le monde des sorciers. Et puis, cela ferait un animagus supplémentaire non déclaré. Car s'il était officiel, Hermione l'aurait vu dans le registre qu'elle a consulté pour faire son devoir sur les animagi. A moins qu'elle n'ait pas osé le dire à Harry et à Ron. Cela ferait donc cinq en tout, si je compte James Potter. Cela fait beaucoup, comparés aux sept animagi officiels seulement, répertoriés par le Ministère depuis un siècle.

Si Severus soutient que le Kappa vit en Mongolie et non au Japon, je suis sûre que c'est pour dénigrer systématiquement l'enseignement donné par Lupin qu'il déteste plutôt que par ignorance ou négligence.
D'ailleurs, j'ai remarqué que Snape en s'adressant à Remus l'appelle toujours Lupin. Par contre, celui-ci lui dit Severus. Une différence qui signifie quelque chose de précis. Severus méprise Lupin parce qu'il sait ce qu'il est réellement et essaye de le dénoncer auprès des élèves. Lupin ménage Severus par crainte justement de l'être directement auprès d'eux. Il sait que Severus a déjà tenté de le faire en donnant un devoir sur les loups-garous, alors que cette leçon est prévue seulement en fin de programme. Par contre, Remus ne se venge pas de Severus contrairement à ce que l'on pourrait croire. Il n'est pas rancunier comme lui.

Severus est loin d'être un idiot et un horrible crétin comme ne cessent de le souligner Black et Potter. C'est au contraire un sorcier d'une rare perspicacité. Il ne se trompe pas quand il affirme que Harry est responsable de la fuite de Sirius. Je ne sais comment il l'a deviné, mais le plus fort, c'est qu'il a raison. Il n'a pourtant pas eu le temps matériel de le surprendre. Entre le temps d'emporter Ron, Harry, et Hermione à l'infirmerie, d'expliquer l'histoire à Cornelius Fudge, de voir Harry à son réveil, d'accompagner le Ministre dans le bureau du professeur Flitwick, puis de redescendre pour accuser Harry, il n'a jamais été seul.
En fait, je pensais avant d'avoir lu le cinquième tome que Snape était une sorte de Sherlock Holmes sorcier et qu'à partir de quelques indices, il était capable d'en tirer une conclusion logique. Car Severus manie la logique avec brio, contrairement à bien des sorciers ainsi que le dit Hermione dans le premier tome (p278). Je sais maintenant comment il a soupçonné que Harry avait délivré Sirius. Par le biais de la légitimancie. En cas de doute sur les faits et gestes de certains de ses élèves (Harry par exemple), il ne doit pas se priver de l'utiliser, en dehors de sa classe de potion surtout.

J'ai vu sur le web, une interview faite en mars 2001, il me semble. Vous y indiquez que Snape a trente cinq/trente six ans. Vous ne pouvez savoir combien cette phrase m'a stupéfiée. C'est l'âge que je lui donne quand Harry a onze ans.


Quant au troisième et le premier dans mon classement, c'est à mon avis le plus énigmatique de tous et c'est pour cela que je l'aime autant. Vous allez me trouver bien extravagante, mais mon préféré est Lucius Malfoy. Il a de bien vilains défauts et donne à son fils une bien sotte éducation, mais en a-t-il reçu une autre? L'aime-t-il cet enfant ? Oh ! Bien sûr, il lui achète un balai de course, lui offre des présents, lui envoie des colis de friandises au collège. Il ne déteste pas bien sûr. Simplement, il ne lui a jamais dit qu'il l'aimait. C'est un sentiment plutôt tabou dans sa famille. A-t-il seulement appris à aimer ce pauvre Lucius? Probablement pas. Son père n'a vu en lui qu'un héritier dont il se devait de faire un parfait Mage noir. Depuis combien de siècles le sont-ils? Quatre, cinq, plus encore? Je ne sais pas. Je pense qu'ils étaient de simples sorciers au départ. Puis l'un d'eux a franchi la barrière. Par amour pour une fille de Mage noir? Par défi? Par goût du risque et du mystère? A cause de mauvais penchants? Peut-être pour tout cela à la fois. Et ses descendants ont continué. L'un d'eux a conseillé un puissant seigneur qui lui a octroyé un fief en remerciement. C'est cet ancêtre qui a fait construire le manoir, resté depuis dans la famille. Une résidence qui indique bien leur appartenance à une classe sociale élevée. Une élégante demeure flanquée d'une tour, entourée d'un grand parc planté d'arbres plusieurs fois centenaires. Une habitation avec de grandes salles dotées d'un mobilier peu nombreux mais de très grande qualité, et dans chacune d'elle une belle cheminée sculptée de serpents et de dragons, et ornée des armoiries de la famille. Un manoir avec des couloirs sombres et froids, des passages secrets et des chambres dissimulées. En ces temps anciens, les Mages noirs cachaient bien leurs secrets. Dans cette belle propriété, M. Malfoy a élevé Lucius comme il l'a été
lui-même et comme tant d'autres l'ont été avant lui. Des hommes initiés très tôt aux secrets de la magie noire. Ce sont des Mages qui ont souvent dû combattre leurs semblables dans des duels mortels. Et contre des sorciers qui n'appréciaient pas beaucoup leurs penchants pour de mauvaises actions et leur puissance politique. Certains mouraient avant que leurs enfants parviennent à l'âge adulte. Ces Mages noirs inculquaient donc à leurs descendants tout ce qu'ils avaient appris eux-même et ne prenaient guère en compte le jeune âge de leurs rejetons. Un homme pas très tendre, pas très démonstratif, le père de Lucius. Il ne lui a jamais dit je t'aime, mais lui a appris à utiliser un balai avant même de savoir marcher, à se servir d'une baguette magique avant de savoir tenir une cuillère et à préparer des potions avant de savoir lire et écrire. Dès que Lucius a eu sept ou huit ans, il lui a appris à se battre en duel. Il l'a emmené dans Knockturn Alley. Il a même osé lui apprendre les sortilèges impardonnables. En lui interdisant toutefois de s'en servir contre quiconque en dehors de l'enceinte de la propriété, et à l'intérieur, seulement sous
sa direction. Une éducation sévère et implacable, faisant fi de toutes les règles et conventions en usage au Ministère de la Magie. Lucius a dû souvent entendre son père lui dire d'un ton cinglant : «un Malfoy digne de ce nom ne tombe pas de son balai au bout de trois heures sous un soleil de plomb même s'il n'a que quatre ans.» «Un Malfoy digne de ce nom sait distinguer une dent de tigre d'un crochet de serpent dans la préparation d'une potion.» «Un Malfoy digne de ce nom ne confond pas son ancêtre Geoffrey dit le hautain avec Victor surnommé le balafré.» «Un Malfoy digne de ce nom…» Un leitmotiv qui doit encore résonner à ses oreilles.

A l'adolescence, Lucius a sans doute tenté de se rebeller. De refuser d'obéir à son père. Mais chaque fois que son fils se révoltait, il lui répondait d'un ton sans réplique : «Un Malfoy digne de nom ne discute pas les ordres de son père, il obéit.» Pauvre Lucius. Une enfance vraiment idyllique. Une éducation qu'il applique malheureusement à son fils. Draco craint son père, mais il l'admire aussi et tente
de l'imiter fidèlement par ses actions, ses paroles. C'est pour cela que Draco est insupportable et qu'il est si odieux et méprisant. Quand il est loin de son père, il se défoule et ne redoute plus de se faire corriger. Il fait bêtise sur bêtise pour épater ses copains, qui lui obéissent sans discuter. Deux garçons grands et forts mais pas très intelligents, comme leur père, et qui bavent d'envie sans doute devant la fortune de M. Malfoy. Lucius a aussi signalé à son fils, que lui, s'était débrouillé pour ne jamais recevoir de beuglante (howler) quand il était au collège. Cela aurait été une honte pour la famille. Et pour ne pas se faire punir, et recevoir une lettre explosive, Draco ment sans cesse à son père. Qui n'entend qu'une cloche n'entend qu'un son ! Il faut dire aussi que Lucius est porté à croire ce que lui raconte son fils. De plus, envoyer Hagrid - un garde-chasse - pour défendre l'hippogriffe devant la Commission d'Examen des Créatures Dangereuses. La belle idée ! Lucius méprise les domestiques et n'a jamais apprécié le Gardien des Clefs quand il était à Hogwarts. Il n'est donc pas du tout prêt à accepter les explications plutôt embrouillées de Hagrid.

J'ai aussi remarqué que Lucius s'adresse à son fils d'une manière qui fait mal à entendre. (Si, si, dans un livre cela s'entend.) Quelle froideur et quel mépris envers son propre enfant ! Il l'emmène à douze ans dans Knockturn Alley chez Borgin and Burkes. Et ce n'est certainement pas la première fois. Depuis plusieurs années, il vient quelquefois avec son fils pour l'initier aux secrets de la magie noire. M. Borgin dit «
delighted. ... and young Master Malfoy, too...charmed» (Je suis ravi, vraiment... et le jeune monsieur Malfoy est là également...J'en suis enchanté.) et non «who is this young Master?». C'est donc que Draco est déjà venu avec son père dans cette boutique et dans d'autres aussi sûrement. Draco deviendra Mage noir lui aussi. Il est encore jeune mais les actions de son père ne lui font pas peur. Il y est habitué depuis longtemps et il a même l'air d'aimer ce qu'il fait. Mangemort, c'est autre chose. Draco n'a pas l'air étonné de savoir son père avec les sorciers masqués, mais est-il prêt à le suivre?
J'ai remarqué que Narcissa, la femme de Lucius, n'est pas une Mangemort. Elle n'apparaît pas à côté de son mari, auprès de Voldemort dans le cimetière de Little Hangleton.

Oh ! Lucius est loin d'être un ange, je vous l'accorde bien volontiers. Mais
vous avez beau faire tous vos efforts pour le rendre antipathique, je ne parviens pas à le détester. Je le verrais bien être né au mois de novembre sous le signe du scorpion. Et puis, je crois, vous n'auriez pas dû en faire un blond aux yeux gris. J'ai toujours eu un faible pour ce genre d'homme. Je ne serais pas surprise de savoir qu'un de ses lointains ancêtres se soit nommé Odin ou Erik (un descendant de vikings?)
Je me demande même si M. Malfoy n'est pas un descendant de Muggle. Cela remonte à loin, très loin. Sans doute peu après que Salazar Slytherin ait fondé le collège avec les trois autres sorciers. Et c'est certainement un détail qui n'a pas été indiqué sur l'arbre généalogique de Lucius. Par contre sa haine envers les Moldus s'explique peut-être aussi par le fait qu'un ou plusieurs d'entre eux ont tué un membre de sa famille il y a plusieurs siècles. Je suis sûre que dans certaines circonstances, c'est possible. Il en a résulté une haine qui s'est transmise de père en fils jusqu'à lui. Il aurait pu cesser de leur en vouloir bien sûr. C'est mal connaître son sens de la famille. Je crois aussi qu'il est d'une gentillesse exquise par rapport à Lord Voldemort. Certes les Malfoy ont mauvaise réputation dans le monde des sorciers bien qu'ils soient encore respectés, mais Lucius n'a certainement pas tué ses propres parents ni aucun membre de sa famille.
Je ne cherche pas à l'excuser, je tente de le comprendre. Il me fait un peu penser à un cheval sauvage : superbe, fougueux, racé, indomptable. Il semble manger dans la main du Seigneur des Ténèbres pourtant, mais celui-ci l'a-t...il vraiment apprivoisé, cet aristocrate fier et arrogant? «Lucius, my slippery friend», dit-il quand il le revoit après treize ans de séparation. Une petite phrase noyée au milieu de près de huit cents pages, mais il est en effet bien étrange que Lucius, qui passe aux yeux de certains sorciers pour un intime de Voldemort, ne se soit pas précipité à son secours. Il aurait été bien plus rapide que Barty Crouch Junior et plus efficace que Peter Pettigrew. Il est d'ailleurs très amusant, de constater que Lord Voldemort a été "ressuscité" par ce dernier. Le plus mauvais Mangemort qui soit selon le Seigneur des Ténèbres lui-même. Lèche-bottes, mais piètre sorcier. Lucius semble aussi être le seul qui ose questionner Lord Voldemort, alors qu'ils sont tous réunis autour de lui, muets de terreur et de culpabilité. Sans doute son orgueil d'aristocrate.
Il ne me paraît pas être un fanatique de Voldemort comme Bellatrix Lestrange ou Barty Crouch Junior. Et si Severus est un très bon occlumens, Lucius aussi. Sa défense quand Voldemort lui reproche et à lui seulement, de ne pas être venu à son secours, ne m'avait pas parue convaincante quand je l'ai lue. Je me disais : «quel menteur tu fais, mon pauvre Lucius, tu n'avais pas envie de le revoir, tu te passais très bien de lui» et curieusement Le Seigneur des Ténèbres ne le traite pas de menteur comme il le fait avec Peter Pettigrew. Ou bien Voldemort n'est pas un aussi bon legitimens que Severus le dit ou c'est Lucius qui sait bien dissimuler ce qu'il pense.
Je me suis toujours étonnée que M. Malfoy puisse encore obéir au Seigneur des Ténèbres. Il a pourtant prouvé qu'il n'y tenait pas tant que cela et il n'aime pas beaucoup recevoir des ordres. Quand Bellatrix, son mari, son beau-frère, et Barty Crouch Junior ont tenté de retrouver Voldemort et qu'ils ont échoué, pourquoi Lucius n'a-t-il pas pris la relève? Il aurait pu se dire : «puisque ces imbéciles ont raté leur mission, j'y vais et je le ramènerais». Je pense que Lucius a un peu peur de Voldemort comme il craignait son propre père. Sa disparition l'arrangait plutôt. Plus d'épée de Damoclès suspendue au dessus de sa tête : Le seigneur des Ténèbres avait dû le menacer de tuer sa femme et son fils s'il ne restait pas à ses côtés ou bien il lui avait fait du chantage.

Il peut y avoir plusieurs explications à propos de la présence de Lucius Malfoy auprès de Voldemort et à son peu d'empressement d'aider son Maître. Je pense que Tom Riddle a connu le père de Lucius. Celui-ci doit avoir deux ou trois ans de plus que le Seigneur des Ténèbres et il l'a rencontré au collège de Hogwarts. C'est ainsi que Lucius est au courant pour la chambre des secrets. Il a entendu le récit de ces événements par son père. M. Malfoy a-t-il été un intime de Lord Voldemort? C'est une question à laquelle je ne peux que tenter de deviner la réponse. M. Malfoy devait déjà être à cette époque, un adolescent fier et vindicatif, méprisant envers les Moldus, hypocrite et menteur. Il transmettra ces défauts à son fils Lucius.
Car ce n'est certainement pas Le Seigneur des Ténèbres qui leur a appris à mépriser les elfes et les Sang-de-Bourbe. Mais Tom Marvolo Riddle a-t-il fait mention de sa parenté avec Salazar Slytherin quand il était à l'école? A-t-il dit qu'il était fils de Moldu? Sûrement pas. Ce sont des secrets qu'il devait se garder de révéler. Inutile de se faire reconnaître auprès de ses camarades de classe, même de ses intimes. Ils auraient rapidement fait le rapprochement après l'ouverture de la chambre des secrets. Il ne pouvait prendre ce risque.

Ma première hypothèse est que quand Voldemort revient de son tour du monde, au bout de vingt sept ans, il est méconnaissable. Il pense à réunir des adeptes. Il commence certainement par ses anciennes connaissances de Hogwarts. Les Slytherin et les Mages noirs d'abord. Mais cela ne lui suffit pas. Alors, amis ou pas, tout lui est bon. Certains se laissent entraîner, comme Peter Pettigrew, Crabbe ou Goyle, mais d'autres sont réticents à le rejoindre. Je pense que le père de Lucius est un de ceux-là malgré qu'il soit Slytherin et adepte de magie noire. Il est aussi fier que peut l'être un aristocrate. Ce n'est certes pas un homme titré, Lord comme se faisait appeler Tom Riddle auprès de ses intimes, mais c'est un noble authentique et a une certaine idée de ce que doit être un homme de son rang dans la hiérarchie des sorciers. Depuis plusieurs années il a appris à Lucius à s'occuper de la propriété au cas où il viendrait à mourir. M. Malfoy père accueille son hôte comme il se doit dans son manoir. Il est secondé par son fils qui l'aide à diriger le domaine. Mais il ne se laisse pas convaincre par les belles paroles de Lord Voldemort et refuse de se joindre à lui. Ce dernier le tue et se tourne ensuite vers Lucius qui assiste à l'entretien. Il a environ vingt et un ans maintenant, mais il n'est pas marié et n'a pas d'enfants. La mort de son père le prend au dépourvu. Il n'a pas eu le temps de réagir lorsque Lord Voldemort a attaqué M. Malfoy. Et il se rend rapidement compte qu'il n'est pas de taille à lutter contre ce sorcier qui se révèle bien plus puissant que ne l'était son père. Il est le dernier représentant du nom et ne peut mourir sans avoir de successeur. Lucius est contraint et forcé d'accepter de devenir Mangemort. Le Seigneur des Ténèbres ne lui laisse pas le choix.
Et les années passent. Lucius se marie vers vingt cinq ans. Il a choisi sa femme de la même "Maison" que lui et une Sang-pur. Une jeune sorcière de son âge ou avec un an de plus. Un mariage de convenance. Lucius n'aime sûrement pas beaucoup sa femme, mais il lui faut un héritier. Un garçon à tout prix. Il aura sans doute recours à la magie noire pour y parvenir. Il aura enfin un enfant à l'âge de trente ans environ. Mais la naissance Draco renforce les pouvoirs de Voldemort sur M. Malfoy. Et quand Severus décide de quitter brusquement le Seigneur des Ténèbres, Lucius ne peut le suivre malgré ses révélations à propos de Lord Voldemort. Il ne tient pas à risquer la vie de son fils. Lorsque le Seigneur des Ténèbres disparaît, Lucius ne peut et ne veut pas porter secours à un sorcier qui a tué son père. Au lieu de cela, il revient tranquillement dans son manoir auprès de sa femme et de son fils et déclare à qui veut l'entendre qu'il a été victime d'un mauvais sort.


Ma deuxième hypothèse est que le père de Lucius est mort au cours d'un duel quelque temps avant le retour de Lord Voldemort. Il a environ vingt et un ans maintenant. Lucius est devenu le maître du domaine de ses ancêtres. Quand le Seigneur des Ténèbres se présente au manoir, il l'accueille seul. Tom Marvolo Riddle est bien différent du jeune homme qu'il était au collège et Lucius ne l'a jamais rencontré. Il n'était pas né à l'époque de la scolarité de Voldemort. Ce dernier fait-il allusion au fait que M. Malfoy père était un de ses intimes? Lui révèle-t-il que Tom Riddle et Lord Voldemort sont une seule et même personne? Et qu'il est à moitié Sang-de-Bourbe? Sur ce dernier point, je ne le pense pas. Lucius aurait-il accepté d'obéir à un sorcier qui n'est pas un Sang-pur? Le Seigneur des Ténèbres sait parfaitement à quel genre de sorcier il s'adresse. Le jeune homme est flatté qu'un Lord s'intéresse à lui, et il se laisse prendre aux discours du Seigneur des ténèbres. Ses idées ressemblent aux siennes. Et Voldemort n'est pas mécontent de son nouvel adepte. C'est le plus talentueux de ses Mangemorts. Seul Severus, un nouveau partisan arrivé trois ans après, pourra rivaliser avec Lucius.
Et le temps passe. Lucius prend femme vers l'âge de vingt trois ou vingt quatre ans, je pense. Elle est bien sûr Slytherin et issu de la noblesse comme lui. Une jeune sorcière qui a un an ou deux de plus que lui. Un mariage de raison. Lucius n'estime pas beaucoup son épouse, mais il se doit d'avoir un héritier. Un garçon de préférence. Il fera sans doute usage de magie noire pour y parvenir. L'enfant naît alors qu'il a eu ses vingt sept ans. Il en est très heureux. Mais deux ans plus tard, Snape choisit de quitter le Seigneur des Ténèbres. Lucius est bien tenté d'en faire autant. Severus lui a appris que ce Lord auquel il obéit n'en est pas un, mais Voldemort n'hésite pas à tuer l'enfant de Lucius pour lui démontrer sa puissance et lui ôter toute envie de rébellion. Il aura un autre garçon à l'âge de trente ans environ. Mais la naissance Draco renforce à nouveau les pouvoirs de Voldemort sur M. Malfoy. Que celui-ci tente de le fuir et le Seigneur des Ténèbres n'hésiterait pas à tuer encore une fois son enfant et même sa femme sans aucun état d'âme. C'est pourquoi la disparition du Seigneur des Ténèbres est un soulagement pour Lucius.
Il ne ment peut-être pas en disant qu'il n'a pas voulu cela.

J'ai l'impression qu'il y a quelque chose entre Lucius Malfoy, Lord Voldemort et James Potter et sa femme. Une rivalité ou un secret que les Potter avaient découvert et qu'ils n'auraient pas dû connaître. Les circonstances de la mort de l'enfant de Lucius ou de son père? A moins que James Potter ait appris un détail sur la vie de Lord Voldemort que celui-ci voulait tenir caché. Tout est possible. Je pense James Potter a signé son arrêt de mort et celui de son fils à ce moment là. Le Seigneur des Ténèbres ne pouvait laisser un non-Mangemort connaître ses secrets ou ceux d'un de ses fidèles, sans réagir. Déjà qu'il tue sans remord ses adversaires, ses propres partisans ou leurs enfants quand ils lui résistent, il n'allait pas craindre d'éliminer un sorcier et sa famille qui en savait un peu trop long sur lui ou sur un de ses adeptes. Il a pu aussi tuer l'enfant de Lucius, pour le punir de son infidélité et ne pas avoir su se protéger de la curiosité d'un espion ou d'un fureteur.

Je connais maintenant l'âge réel de Lucius depuis la lecture du cinquième tome et je sais aussi qu'il n'a eu qu'un enfant (Draco) alors qu'il atteignait ces vingt-six ans apparemment. Mais mes autres hypothèses sont peut-être encore valables.

Il est né dans une famille qui possède une grande richesse, mais a-t-il été heureux, ce pauvre Lucius. Prisonnier du passé de ses aïeux et de son éducation. Son père a tellement canalisé ses actions, ses idées, ses attitudes, a tellement étouffé en lui ses bonnes qualités (s'il en avait) et l'a tant humilié par des paroles blessantes, qu'il en a fait un homme incapable de bons sentiments et de générosité. Il en a fait un aristocrate qui a un bien vilain caractère. Mais aussi, un sorcier avec un savoir et un sens de la famille poussés au plus haut degré. Pour lui sa lignée d'ancêtres est quelque chose de palpable. Une sorte de mémoire sur le temps qui passe et qui représente un sentiment d'éternité qu'aucun roturier n'atteindra jamais. Et Lord Voldemort n'est pas un noble, bien qu'il fasse allusion à son ancêtre Salazar Slytherin. Lucius possède en outre un pouvoir social et politique certain. Il fait partie de cette catégorie de sorciers qui ont un poids économique et une force de décision importante dans les affaires de l'Etat. Il a beaucoup de relations parmi les hauts membres du Ministère. Je ne connais pas exactement son métier, vous n'en parlez pas. Mais je le verrais bien avoir un poste important au Ministère ou une profession libérale, bien que sa grande fortune lui permette de ne pas travailler. Il s'occupe également de gérer son domaine. Il a été un des membres du Conseil d'Administration de Hogwarts. Il prend la défense de son fils auprès de la Commission des Examens des Créatures Dangereuses. Et malgré que Lucius soit un ancien Mangemort, il ne manque pas d'audace et n'a pas peur de venir défier Albus Dumbledore jusque dans le bureau du professeur McGonagall à visage découvert. Qui prétend que les Mangemorts et même le Seigneur des Ténèbres ont peur du Directeur de Hogwarts? Lucius semble être une exception.

C'est dommage qu'il n'ait pas été un orphelin comme Harry. Recueilli par des tuteurs comme les Weasley par exemple (ce qui eu été peu probable vu son statut social), il serait devenu un homme plus fréquentable, sans doute. Mais les chiens ne font pas des chats. Il serait toujours resté en lui des qualités Slytherin que tous les efforts de parents adoptifs ou d'une institution n'auraient pas pu réprimer. Les atténuer par une éducation différente de celle qu'il a reçue, peut-être.
Il aurait aussi pû faire comme Sirius et refuser de suivre des traditions établies depuis des générations. Cela n'a malheureusement pas été le cas.

Quant à l'avenir? M. Lucius n'aime pas qu'on lui manque de respect. M. Lucius n'apprécie pas qu'on lui mette le nez dans ses erreurs. M. Lucius déteste qu'on lui donne des ordres. M. Lucius a horreur que l'on fouine dans ses affaires.
M. Lucius a l'habitude de régler ses comptes lui-même. Il l'a prouvé lorsque Arthur Weasley a tenté de s'attaquer à lui. Il faut voir la manière abjecte avec laquelle il a riposté. Une idée astucieuse. Il s'est souvenu sans doute d'une soeur plus jeune que lui et qui tenait aussi un carnet intime ensorcelé. Comment s'est-il procuré ce journal intime appartenant à Lord Voldemort? Féru de magie noire, l'a-t-il acheté chez Borgin and Burkes et a-t-il découvert lui-même l'usage qu'il pouvait en faire? Ou bien est-ce un cadeau du Seigneur des Ténèbres qui lui a dévoilé le secret contenu dans ce journal et voulait éprouver ainsi la fidélité de Lucius? Quelle que soit la réponse, que l'on retrouve dans son manoir des souvenirs ayant appartenu à Lord Voldemort, et il pourrait être accusé de complicité et envoyé à Azkaban. Il a apparemment échappé à ce sort et été innocenté par le Ministère il y a treize ans.

M. Malfoy aura peut être besoin de M. Weasley un jour, qui sait? De Hagrid, de Hermione ou de Dobby. Je gage que si Lucius se rend compte que Lord Voldemort n'est qu'un demi Sang-de-Bourbe, s'il l'ignore, il recevra cette révélation comme une gifle en pleine face. Il n'aura de cesse de venger cet affront dans le sang. N'a-t-il pas obéi pendant plus de dix ans à un homme qu'il pensait être un authentique sorcier Mage noir, et qui se révèle avoir du sang de Moldu dans les veines? Il tentera de se venger seul de cette humiliation. Et il risque bien se faire tuer par Le Seigneur des Ténèbres. Il oublie que l'union fait la force et qu'il peut avoir besoin d'un plus petit que lui. Si je peux appeler petit, un sorcier comme Hagrid.

J'ai envie quelquefois de prendre Lucius par les épaules et de lui dire : «Descendez de votre piédestal, et cessez de mépriser tous les gens qui vous entourent et de les considérer comme s'ils étaient des ennemis éventuels. Ils ont leur utilité sur cette terre, autant que vous. Et vous serez bien heureux qu'ils vous viennent en aide le moment venu. Que ferez-vous contre Voldemort s'il s'avise de s'en prendre à votre fils, si vous refusez de lui obéir? Certes, ce moment n'est pas encore arrivé, mais il ne saurait tarder. Le Seigneur des Ténèbres prend une force de pouvoir plus dangereuse encore qu'il y a treize ans. Sans aide, vous ne pourrez rien contre lui et Draco est trop jeune et n'est pas assez initié aux Forces du Mal pour se passer de vous et se défendre seul.»
Mais qui oserait tenter de modifier le comportement de Lucius Malfoy? Qui oserait le contrer et essayer de le dompter? Qui se risquerait à lui démontrer qu'il se trompe et lui recommander de se ranger du côté de Dumbledore? Celui qui à mon avis peut vraiment avoir une influence sur Lucius, est Severus. Il est le seul dont il accepterait éventuellement les conseils, plus volontiers que ceux de Dumbledore.
Mais il est plus facile de gratter le cou d'un Magyar à pointes pour le faire rire, que de convaincre Lucius de changer d'avis.

Dumbledore connaît bien ses élèves. Ne les a-t-il pas tous vu défiler dans son collège? Il sait bien les timorés et les téméraires, les sincères et les menteurs, les sages et les exaltés, les travailleurs et les paresseux, les riches et les pauvres. Il sait bien qu'il est inutile de heurter Lucius de front. Il sait parfaitement que c'est un homme qui répugne à reconnaître ses fautes et ses erreurs, comme son père, et son grand-père, qu'il a certainement eu aussi comme étudiants. Il lui parle sans jamais élever la voix, sans jamais le brusquer. Il ne fait aucune allusion à l'éducation que lui a donnée son père ni au caractère dont il a hérité. Il sait bien que la réaction de Lucius serait immédiate. Il sortirait sa baguette magique et répondrait que personne ne peut se permettre de le juger ni d'insulter la mémoire de ses aieux. Dumbledore se contente de le mettre en garde comme s'il s'adressait à un élève ou à un fils. Lucius a eu beaucoup de chance. Son plan a échoué. S'il avait réussi à faire tuer par Ginny des enfants de Moldus avec l'aide du carnet intime de Lord Voldemort, Dumbledore n'aurait certainement pas eu autant de longanimité envers lui et l'aurait fait traduire devant un tribunal qui l'aurait condamné.
J'espère que Dumbledore lui donnera quand même une possibilité de se racheter. Il l'a bien fait pour Remus en le nommant professeur de Défense contre les Forces du Mal. Et Severus ! Il a eu droit à deux chances. Alors, pourquoi pas Lucius? Lui proposera-t-il de changer de camp? Et M. Malfoy acceptera-t-il d'admettre qu'il a fait un mauvais choix en s'alliant à Lord Voldemort? Lucius est loin d'être bête. S'il se décide enfin à agir contre le Seigneur des Ténèbres avec tous ceux qui sont prêts à le combattre, il sera un précieux allié. Il connaît bien les secrets de Vous-Savez-Qui et consentira peut-être à donner des renseignements qui permettront de l'éliminer totalement. Il ne le fera pas sans réticence, ni grincement de dents. Il lui en coûtera beaucoup de rabaisser son orgueil de race et de faire taire ses préjugés. Une dure leçon qui lui sera sans doute plus profitable que toutes celles que lui a inculquées son père. La seule chose qui peut le faire hésiter, c'est la crainte de perdre son fils.
Mais même s'il cesse d'être Mangemort définitivement, Lucius ne renoncera jamais à la magie noire. Il restera Mage noir envers et contre tout. Et Draco le sera aussi. Je ne le vois pas devenir un sorcier comme Harry ou Ron.

J'ai remarqué une chose. Il n'y a pas que Lord Voldemort qui se trouve en filigrane dans tous vos livres. Lucius aussi. Quand il n'apparaît pas lui-même dans un chapitre, c'est son fils qui parle de lui.
«Mon père est aller acheter mes livres…» «Mon père m'a dit que…» «Si mon père savait que…» «Je dirais à mon père que…» «Mon père m'a envoyé une coupure de journal…» Ou bien ses adversaires comme les Weasley. Il est présent à tout instant comme une ombre. Je me demande si ce n'est pas lui le personnage clef. Celui par qui tout peut arriver, le meilleur comme le pire.


En résumé, je pense que les trois personnages que je préfère ont quelque chose en commun. Ils sont tous les trois des sorciers à part entière. Des Sang-Pur. Ou du moins s'il y a des Muggles dans leur généalogie, cela remonte à loin. Je crois aussi que des trois, c'est Remus qui a été le plus heureux affectivement. Son père et sa mère semblent l'avoir beaucoup aimé. Il le dit lui-même : «Mes parents ont tout essayé pour me guérir». Lucius a été moins heureux comme je l'ai démontré plus haut. Severus, sur ce point n'a vraiment pas eu de chance, si ce que je suppose est ce qu'a imaginé l'auteur. Sur le plan de la fortune, c'est au contraire Lucius qui est le mieux partagé. Pas forcément gâté, mais il n'a manqué de rien matériellement. Remus et Severus ont certainement connu un confort plus simple voire même carrément pauvre dans le cas de Remus. Garder chez soi un enfant loup-garou n'a pas dû être très facile financièrement. A voir l'état de la cabane hurlante, après son passage, on peut se douter des dégâts qu'il a occasionnés chez ses parents avant son arrivée à Hogwarts. Pour ce qui est de l'éducation, à mon avis, c'est encore Remus qui l'emporte devant Lucius. Severus lui, est loin derrière.

Karkaroff a fait ses études en Angleterre. Son émotion en revoyant le Château est révélatrice. «
dear old Hogwarts» dit-il à Dumbledore en lui serrant les mains. A la fin de sa scolarité, il est reparti dans son pays et a exercé le métier de professeur dans l'école de Durmstrang puis en est devenu le Directeur Général. Bien qu'il soit plus vieux que Lucius, il a gardé le contact avec lui, puisque ce dernier a pensé envoyer son fils en pension dans son collège. Malgré la différence d'âge, il est aussi ami avec Severus, une autre ancienne connaissance lorsqu'il était Mangemort. Trois compagnons aussi dissemblables entre eux que les Trois Mousquetaires. Lucius, le noble fier et hautain, Severus, le roturier intelligent et rancunier, et Igor, l'étranger bon vivant et pusillanime. Et pourtant, je suis sûre qu'ils s'estiment malgré la différence d'âge et de condition sociale.
Severus et Lucius sont toujours amis et se fréquentent encore. L'un est resté Mangemort, l'autre ne l'est plus, mais l'amitié est tenace entre eux. Lucius serait-il d'accord avec Severus, et serait-il au courant de son espionnage auprès des Mangemorts? Dans ce cas, il protège le professeur des Potions et peut-être aussi lui-même par la même occasion. Lucius est suffisamment retord pour échapper aux soupçons éventuels du Seigneur des Ténèbres.

Quant à ce malheureux Neville, dès qu'il voit Snape, il perd tous ses moyens et tremble devant lui. Severus ne cesse de l'humilier et le dénigrer auprès de ses camarades. Il sait que ses parents étaient des Aurors. Ils l'ont sans doute pourchassé quand il était Mangemort.
Neville ne prendra de l'assurance que lorsqu'il aura de meilleures nouvelles de ses parents qui sont toujours à St Mungo's Hospital. Peut-être, se rétabliront-ils dans les prochains mois. Ce serait un beau jour pour Neville qui deviendrait alors un garçon plus enjoué et plus sûr de lui. Enfin délivré de cette angoisse permanente que l'on sent en lui. Et quand on sait ce que sont devenus ses parents, on peut le comprendre. Guériront-ils grâce à l'argent donné par Lucius? Pourquoi pas ! De sa part, ce don peut paraître étonnant, mais je pense que ce geste a été fait au moins autant par tradition et par charité
(son père, son grand-père et ses ancêtres depuis des générations devaient déjà donner des sommes à des organismes de ce genre) que par intérêt. Je ne crois pas à la parabole du riche obligatoirement égoïste et mauvais et du pauvre forcément gentil et généreux. C'est un raccourci trop simple et trop naïf. L'âme humaine est beaucoup plus complexe que cela. Surtout celle de Lucius.

Il y a aussi une chose étrange dans le récit. Les centaures, bien qu'ils refusent de l'admettre, me semblent être proches des sorciers sur le plan du caractère et du physique. Trois d'entre eux en particulier. Ronan avec ses cheveux châtains, aussi sage et lucide que Remus. Bane aux cheveux noirs aussi sauvage et coléreux que Severus et Firenze qui a les cheveux blonds, aussi fier et hors-la-loi que Lucius. Je l'avais déjà remarqué incidemment quand je relisais le deuxième tome, mais c'est devenu une certitude à la lecture du cinquième.

J'ai vu le film «Harry Potter et la chambre des Secrets». Jason Isaacs incarne bien Lucius Malfoy. Il ressemble assez au personnage que j'avais imaginé. Je l'avais pensé avec des cheveux plus courts et un visage plus triangulaire. L'acteur m'a aussi semblé manquer un peu de morgue et d'arrogance. Mais peut-être, n'a-t-il pas voulu faire une caricature de son personnage et il a eu raison. Là aussi j'ai un coup au coeur en lisant une déclaration de l'acteur dans une revue cinématographique courant novembre 2002. Il indiquait qu'on lui demandait à certains moments (qui n'apparaissent pas dans le film d'ailleurs) à gronder son "fils" et à lui tirer les oreilles. En lisant le deuxième tome, je me demandais bien quelle avait pu être l'éducation de Lucius avant même que de lire cet article. Ce sont ces réflexions que vous avez pu lire.
A mon avis, il manque une scène essentielle dans le film (elle a effectivement été tournée mais n'a pas été incluse au montage) Celle où M. Malfoy apparaît avec Draco dans le magasin Borgin and Burkes. Cela confirme à ce moment qu'il fait bien partie des Mages noirs. Severus Snape aussi est bien joué par Alan Rickman. Dommage que les scènes où il apparaît ne soient pas plus longues.
J'espère surtout que tous les personnages qui sont dans les deux films ressemblent à ceux que vous aviez imaginés dans votre tête. C'est cela le plus important. Toutes les idées que les lecteurs peuvent vous suggérer tant sur le plan du déroulement de l'intrigue future que sur la physionomie des personnages ne doivent pas vous importer, ni vous influencer, sauf bien sûr, si elles sont en accord avec les vôtres.
J'aimerais bien assister au tournage de «Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban». Particulièrement les scènes qui correspondent aux chapitres que je préfère (les 14, 17, 18, et 19) mais je serais bien handicapée par mon anglais balbutiant. Et puis que ferais-je d'autre que de gêner les acteurs et les techniciens présents sur un plateau de cinéma. C'est fâcheux, mais j'attendrai que le film sorte sur les écrans en espérant ne pas être trop déçue par le jeu des acteurs et le montage qu'en fera le réalisateur.


J'ai tenté de donner un âge aux personnages de ces récits. Pour certains, cela a été très facile. Tous les enfants sont dans une année scolaire bien précise (sauf erreur de votre part). Mais pour les adultes cela a été beaucoup plus ardu. Il m'a fallu croiser les données bien minces qui apparaissent dans les quatre livres et faire appel à toute mon imagination pour déterminer l'âge de la plupart d'entre eux.
J'en ai donné quelques-uns dans ces lignes. Mais en fait, j'en ai "inventé" pour pratiquement tous les personnages. De Barty Crouch Junior à Snape en passant par M. Weasley avec sûrement une marge d'erreur pour chacun.


Il y a quatre catégories de personnes dans les livres : les Moldus (Muggles) comme L'oncle de Harry, les sorciers comme Sirius Black, les Mages noirs Lucius Malfoy par exemple et les Cracmols (Squibs) comme Argus Filch. Ces derniers sont très rares. Les Mangemorts (Death Eaters) sont uniquement le nom donné aux partisans de Voldemort. Ceux-là disparaîtront à la mort définitive du Seigneur des Ténèbres (s'il meurt un jour). Un Moldu ne peut devenir sorcier mais peut avoir un enfant sorcier. Un sorcier peut se faire Mage noir. Quant aux Mangemorts ils peuvent venir du monde des sorciers ou des Mages noirs et cela sans distinction de
"Maison" : Gryffindor, Ravenclaw etc.

Après la séparation de Salazar Slytherin avec les autres fondateurs de Hogwarts, je pense que les Slytherin se sont isolés du reste des sorciers refusant le plus possible les contacts, mariages ou relations d'amitié. Il y a eu bien sûr quelques dissidents pour refuser cette mise à l'écart et braver les interdits. Les parents de Severus par exemple. Dans leur cas, cela n'a pas été une réussite. Par contre pour les trois autres "Maisons", cela ne posait aucun problème. Les unions étaient fréquentes entre eux et avec les Moldus. C'est ainsi que l'on peut trouver chez les Patil par exemple, une Gryffindor et une Ravenclaw. Par contre, aucun ou très peu d'entre eux semblent être des descendants directs des fondateurs de Hogwarts. A ce sujet, je me demande pourquoi il a fallu tant de siècles avant que le véritable descendant de Salazar Slytherin apparaisse. Même en sachant que les sorciers vivent plus longtemps que les Moldus, près de neuf cents ans, c'est vraiment beaucoup. A croire que pendant tout ce temps, il n'y a pas eu d'Héritier digne de ce nom, ce qui est bien étonnant.

Chaque enfant à son entrée à Hogwarts a une Maison dominante en lui. Cela guide le Chapeau pour la répartition. Mais il peut se tromper ou hésiter entre deux Maisons, si elles sont de force égale.
A moins que dans certains cas ce soit les élèves qui repoussent la Maison proposée par le Chapeau. Sirius ou Harry qui refusent d'aller à Slytherin par exemple ou sans doute Severus qui renâcle à se retrouver à Gryffindor. Dans le cas de Draco, pas d'hésitation, il est Slytherin jusqu'au bout des ongles comme son père. Mais Harry est beaucoup plus complexe. Les Maisons se sont mélangées en lui depuis les siècles. Et le sort que lui a lancé Voldemort n'a pas arrangé les choses, perturbant encore davantage le Chapeau. Ce mélange est un atout sur beaucoup d'enfants, puisqu'il possède apparemment les qualités de deux Maisons au moins. Voldemort a simplement exacerbé les qualités Slytherin qui étaient latentes. C'est une bonne chose pour Harry qui aura ainsi tous les avantages pour le combattre. A condition qu'il prenne rapidement conscience des possibilités qui sont en lui. Car au fur et à mesure qu'il grandira, ses qualités et ses défauts se modifieront. Il aura plus d'assurance et de maturité, mais perdra certaines aptitudes Slytherin. Il ne pourra plus comprendre les serpents et outrepassera moins les interdits, sauf ceux qu'il considérera comme vraiment injustes.


Vous affirmez qu'il n'y a pas d'école supérieure pour sorciers. A d'autres, mais pas à moi. Je suis certaine qu'il y a (dans le monde des sorciers) au moins une autre école qui prépare les enfants après leur sortie du collège de Hogwarts à certains métiers, professeur ou autre. Je vois mal un maître de dix huit ans enseigner à des élèves de dix sept ans. Une année de différence c'est trop juste pour en connaître beaucoup plus que les étudiants. Par contre trois ou quatre ans d'études supplémentaires, me semble suffisant pour devenir un professeur acceptable, avec une différence d'âge propice à maintenir la discipline voulue dans une classe et une instruction plus complète nécessaire à l'enseignement d'une matière.
Et j'avais raison. L'auteur avait bien prévu que certaines professions comme les Aurors aient trois années de formation après Hogwarts avant que les élèves passent un examen, qui achève définitivement leur scolarité.
D'ailleurs, aucun professeur actuellement présent à Hogwarts ne semble avoir moins de vingt six/vingt huit ans. Quirrel devait avoir environ vingt deux à vingt trois ans quand il est arrivé à Hogwarts pour enseigner. Et les autres professeurs comme Flitwick ou McGonagall sont encore plus âgés.
Que vous ayez décidé de ne pas continuer les aventures de Harry et ses amis au-delà de leurs dix huit ans, c'est votre droit et je ferais comme vous. Sept volumes, c'est déjà un tour de force. Pas facile de trouver des idées pendant encore deux énormes romans sans se répéter ni tourner en rond, parce ce que l'on ne sait plus quoi inventer. Je vous fais confiance pour trouver encore de nombreuses situations tragiques ou rocambolesques, mais quand même. Ma seule crainte, c'est la conclusion que vous tirerez de ce long récit.


J'ai encore tant idées et de questions qui se bousculent dans ma tête sur les protagonistes, que je pourrais encore continuer ainsi pendant des pages. Mais je ne sais si mes idées sont bonnes et mes questions pertinentes. Car il y en a, des
non-dits et des retournements de situations dans vos livres. J'aime, malgré le manque de "faux" indices. Mais pour suivre le déroulement de l'histoire, il faut bien faire attention à ce qu'on lit et se souvenir de tout ce que l'on a lu auparavant.


J'espère ne pas vous avoir ennuyé avec mon imagination débordante. A bientôt de vous lire dans le cinquième volume des aventures de Harry, Ron et Hermione et tous les personnages secondaires. J'attendrai qu'il paraisse en version française en automne 2003. J'ai appris la patience avec les livres. Et je dirais sagement comme Hagrid :
«what's comin' will come, an' we'll meet it when it does» (Il arrivera ce qui arrivera et il faudra se préparer à l'affronter).


Remanié le 26 Février 2004 © Christine GUILLOT

Je me présente
Je m'appelle Christine Guillot, j'habite Caluire près de Lyon. Mon métier n'a rien à voir avec la littérature, je travaille dans une banque.
C'est le premier texte sur les littératures de l'imaginaire que j'écris. J'ai beaucoup aimé les livres de Mme Rowling, mais je relis aussi régulièrement des auteurs plus classiques comme Alexandre Dumas, Victor Hugo, ou Paul Féval.
Je lirais bien Le Seigneur des Anneaux qui fait partie de cette littérature de l'imaginaire, et j'en ferai bien une étude mais on a déjà écrit tant de critiques, et d'essais sur l'auteur et son oeuvre, que j'hésite à le faire. Même si j'ai l'impression de connaître les principaux personnages de la trilogie avant même que de les avoir lus.
j'espère que mon texte vous plaira chers internautes.
Mes Meilleurs sentiments

Christine Guillot
guillot.kris@wanadoo.fr

ce texte a été publié dans ma Revue trimestrielle

 différentes saisons

saison # 23 - printemps 2004.

 

.. général

mes dossiers sur les auteurs

. .. . .. . .. . . ..