Graham Masterton,
Magie maya
Pocket Terreur n°9219, 9/99
La peur peut tuer. Pas seulement la
frayeur qui glace le sang d'un individu et lui fige le coeur. Mais
une peur très particulière, la peur de toutes les
peurs. La somme des peurs individuelles d'un groupe qui mutile,
arrache, disloque, déchiquette la substance de sa poursuite.
La tornade sombre, que subiront les élèves de la classe
de Jim Rook, professeur sympathique bien ordinaire, aimé de
ses élèves, qui n'a que son courage et l'étrange
particularité de voir esprits et fantômes...
Magie maya fait partie de la
série "Rock" (Magie vaudou, magie indienne), dont il est le
troisième volet, qui sera bientôt suivi d'un
quatrième déjà écrit. On connaît
l'affection particulière que porte Masterton à la
mythologie amérindienne, que l'on retrouve dans la plupart de
ses romans. Mais il n'est pas nécessaire d'avoir lu les
volumes précédents pour suivre les difficiles
tentatives de Jim pour sauver ses élèves, aidé -
ou non? - par la réapparition de Susan en fantôme
protecteur (les romanciers fantastiques ont cet avantage de disposer
de divers moyens pour ressusciter les héros qui ont
péri dans les épisodes différents!)
Ce roman, primitivement
destiné à la jeunesse, mais finalement publié
dans une collection pour adultes, est moins explicite et moins
sanguinolent que, par exemple, l'épouvantable série
Harry Erskine - les Manitou - (dont Masterton préparerait un
quatrième volet). Deux scènes éprouvantes en
tout (la prise de possession de Valérie par Susan, et le chaos
des visages de la peur), et pas de sexe, ce qui est rare chez
l'ancien auteur d'écrits érotiques. Le roman est aussi
thétique que les précédents, imposant ses
personnages et leurs pouvoirs sans chercher à les justifier,
propulsant le lecteur dans l'action sans qu'il ait eu le temps de
s'interroger. Il forme un ensemble de variations sur la peur,
émotion si forte - le fait a été exploité
souvent déjà - qu'elle pourrait susciter la
réalité de ce qui a été
éprouvé. Les élèves de Jim ont voulu se
débarrasser de leurs peurs et la Peur n'admet pas que les
humains soient purifiés. Alors, quand toutes les
émotions autonomes d'un groupe se rejoignent en une seule
entité, le visage de la peur collective, tout est à
craindre. Mais on sait que Masterton croit en la puissance des forces
du Bien contre le Mal, à l'entraide des hommes de bonne
volonté et à la force de la croyance.
Avec le style visuel caractéristique de Masterton, ce roman -
comme les deux précédents - nous fait passer un bon
moment de sensations et d'émotions mesurées. Le pouvoir
des mots, ceux que certains personnages savent utiliser dans Magie
maya pour changer des aspects de la réalité, ne
s'exerce pas qu'à sens unique : si vous n'avez pas eu au moins
un peu peur en lisant ce roman sans prétentions,
méfiez-vous. "Lorsque vous n'avez plus peur de rien, c'est
terrifiant..."
La 4ème de couverture :
Rafael Diaz, le nouvel étudiant de Jim Rook, paraît
calme, timide et réservé. Mais le jeune Mexicain semble
avoir un don étonnant : en ayant recours à un ancien
rituel maya, il parvient à débarrasser ses camarades de
leurs phobies et de leurs peurs les plus profondes...
Bientôt des meurtres monstrueux sont commis sur le campus. Le
jeune Rafael en serait-il involontairement responsable? Ou serait-il
l'incarnation de Xipe Totec, démon friand de sacrifices
humains?
Et n'avoir plus peur de rien, n'est-ce pas la chose la plus
dangereuse et la plus effrayante qui soit?
Notice bibliographique:
Né en Grande-Bretagne en
1946, un an près la date de naissance de Stephen King, Graham
Masterton se place, comme lui, sous l'égide de Lovecraft : ses
Grands Anciens sont amérindiens, dans des mondes où
règnent la magie et la réincarnation; où Satan
et les forces du bien, représentées par des hommes
ordinaires, s'affrontent sauvagement. Son univers, beaucoup plus
barbare et sanglant que celui de King, alterne entre le rouge de
l'hémoglobine et le noir des ténèbres. Masterton
ne nous épargne aucun détail scabreux, voire
scatologique, dans des scènes atroces de morts violentes, de
mutilation, de retournement de corps ou de prises de possession.
Écrivain prolifique - deux romans par an -, il est surtout
connu comme l'auteur de la saga du Manitou (3 romans publiés).
Roland Ernould © 1999
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