Greg Bear, Planète rebelle (Star Wars)

éd. Fleuve Noir, 2001.

Tous les fans de Star Wars connaissent le principe des romans consacrés à l'univers de Star Wars, généralisé d'ailleurs à d'autres séries. Ces romans racontent des histoires qui complètent la trilogie fondatrice initiale, et dont la plupart se situent après Le retour du Jedi. Avec la récente sortie d'Épisode 1. La menace fantôme, qui se situe chronologiquement avant le premier La Guerre des étoiles, c'est le père de Luke Skywalker, le héros de la trilogie, qui, enfant, occupe maintenant le terrain, vingt neuf ans plus tôt. Cette période avait moins inspiré les nombreux auteurs de la série (une soixantaine de romans actuellement), une poignée seulement s'intéressant à cette période.

Greg Bear, auteur de science-fiction jadis associé au cyberpunk, mais qui s'est éloigné de ce mouvement, créateur prolifique et imaginatif, se devait d'apporter sa pierre à l'édifice. Il avait déjà fourni, il y a quelques années, sa contribution au cycle Fondation, initié par Asimov (Fondation et Chaos). Je n'éprouve pas d'affection particulière pour ces séries, et on se demande à chaque nouvelle sortie si elle vaut la peine d'y consacrer quelque temps alors que les bonnes lectures abondent. Mais Bear, en bon professionnel, s'est inspiré de l'esprit de Star Wars, et a mis son talent et son sens de l'intrigue au service de l'intelligence des personnages. Le résultat est honorable.

Sa perspective se situe dans le prolongement du dernier film de Lucas. Anakin Skywalker, qui joue un grand rôle dans l'épopée, mérite en effet un traitement particulier. On a appris, par La menace fantôme qu'il est un esclave de la planète Tatooine, gagné au jeu par le maître Jedi Qui-Gon-Jinn et enlevé à sa mère à l'âge de neuf ans. Trop tard, en dépit de ses dons éblouissants, pour devenir Jedi à son tour : les Padawans, apprentis-Jedis, sont généralement repérés dès leur première année, et leur entraînement commence immédiatement. Sinon ils risquent, suivant la mythologie de Star Wars, de sombrer dans le côté obscur de la force. Mais Qui-Gon-Jinn réussit à l'imposer au conseil. Le maître est maintenant mort, et c'est le jeune maître Obi-Wan-Kenobi qui le remplace. Autant Qui-Gon-Jinn était le maître qui convenait à Anakin, par son non-conformisme et ses conflits fréquents au Conseil des Jedis, autant Obi-Wan, plein de bonne volonté, manque de l'envergure nécessaire.

Souvent dépassé par son Padawan (qui a maintenant douze ans), c'est davantage un copain que le maître à la fois ouvert et ferme qu'aurait nécessité le caractère rétif d'Anakin. Il a mal vécu la séparation d'avec sa mère, sent facilement la colère l'envahir, sans pouvoir la convertir en énergie bénéfique. Des zones d'ombre l'inquiètent et le tentent, tout un côté obscur, une puissance sauvage qui ne demande qu'à s'exprimer. Ces défauts peuvent être utilisés dans la mission qui lui a été confiée pour le discipliner. Mais de ce parcours initiatique accompli lors d'un voyage avec Obi-Wan sur la mystérieuse planète Zonama Sekot, dont toutes les réalisations matérielles sont douées de vie. Anakin ne sortira guère transformé. Enrichi de diverses expériences, mais toujours aussi déchiré et n'aimant pas la confusion qu'il trouve en lui.

On voit se profiler son avènement et sa chute future au travers de ses contradictions, d'une certaine animalité profonde en conflit avec l'humanité. Une vision personnelle de l'univers Star Wars qui en vaut une autre, alors que la République vit ses dernières heures et qu'on pressent sa chute prochaine et son remplacement par l'Empire, dirigé par le chancelier Palpoutine. Qui aura son âme damnée : Anakin , devenu maintenant Dark Vador. Un roman distractif, sorte de parcours obligé, bien éloigné des réussites qu'étaient Eon, Eternité et Héritage.

La quatrième de couverture :
Le Chevalier Jedi Obi-Wan Kenobi et le jeune Anakin Skywalker, l'apprenti dont il a la charge depuis le blocus de la planète Naboo survenu trois ans auparavant, sont envoyés sur Sekot afin d'acquérir l'un de ces somptueux appareils et d'enquêter sur la disparition d'une jeune Jedi dont on est sans nouvelles.
Ils découvrent une étonnante civilisation dont la haute technologie est en symbiose avec la nature. Tout ce qui se fabrique sur Zonama Sekot, du vaisseau le plus sophistiqué au plus élémentaire des tabourets, est vivant...
Peut-être cela tient-il au fait que la planète est vivante, elle aussi. Une planète rebelle qui ne souhaite tomber sous le joug de personne et qui semble vibrer au rythme d'un curieux dérivé de la Force que l'on croyait disparu depuis des générations.
Mais même dans les secteurs les plus reculés de l'espace, le mal rôde. Un ambitieux officier, secrètement épaulé par le Chancelier Palpatine, s'est juré coûte que coûte de s'emparer des technologies Sekotiennes. Son nom est Tarkin... Il n'est autre que le futur commandant en chef de la redoutable Etoile Noire...

L'auteur : né en 1951, USA. Auteur prolifique qui accorde une grande attention à la rigueur de conception et au respect du fait scientifique, il a rencontré le succès avec La Musique du sang , prix Hugo et Nebula. Bear manie avec aisance les concepts scientifiques, la technologie de pointe te le discours politique. Il se révèle supérieur à la plupart de ses confrèresen analysant les réseaux de rapports humains. Éon (1988) et Éternité (1995) sont deux romans importants qui s'ouvrent à une dimension cosmique en renouvelant les thèmes de la SF classique et de la hard science.

Roland Ernould © 2002

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