Koji Suzuki, Double hélice , Ring 2

Traduction de Corinne Atlan, Pocket Collection Terreur,2002.

Précédé par la réputation des films de la série des Ring, et après le premier roman paru le mois précédent chez le même éditeur, voici le second, dont la lecture me laisse des impressions mitigées. Si le suspense est constant dans le récit, avec des rebondissements nombreux, de trop longs moments sont perdus dans des explications scientifiques laborieuses répétées que l'on trouve dans n'importe quelle encyclopédie ordinaire. Le choix de la stratégie de l'auteur japonais pose par ailleurs problème : les limites de l'imaginaire sont certes inconnues, mais la recherche du vraisemblable, c'est-à-dire son acceptation par le lecteur, suppose le respect de certaines conventions. Il se peut que celui qui ignore tout des fondements de la biologie n'ait pas été choqué par les trouvailles de l'auteur. Par contre, celui qui a quelques connaissances est malheureusement hors d'état d'adhérer.

Il faut se méfier des limites de l'intrusion du surnaturel dans des données scientifiques fondamentales : qu'un esprit humain désireux de se venger (une malédiction de Sadako, une fille assassinée et jetée dans un puits) ait été capable d'introduire un virus dans les données d'une bande magnétique ordinaire, que ce virus puisse «sortir» de la bande pour contaminer celui qui regarde la cassette, que cette bande soit «mutante» comme le virus, qu'un livre publié sur ces événements mystérieux puisse à son tour contaminer un million de lecteurs,.c'est beaucoup demander. Ajoutons que ce virus, fusionnant avec des gènes et devenu spermatozoïde par mutation, bafouant toutes les données de la biologie, féconde un ovule pour donner naissance à de nouveaux êtres humains hermaphrodites, qui naissent en huit jours adultes semblables à leur mère porteuse, trop, c'est trop. Et pourtant ces faits sont admis avec facilité par les scientifiques qui vivent ces événements. Ce sont d'ailleurs eux qui exposent le plus souvent les laborieuses données biologiques nécessaires, s'appuyant tranquillement sur de simples analogies et acceptant sans aucune vérification l'invraisemblable réalité fabriquée par le romancier.

Le livre n'est pas sans qualités. L'auteur mène une sorte d'enquête journalistique tambour battant, répétant en partie les mêmes recherches par deux personnages différents. De la part d'un romancier qui a écrit plusieurs essais sur l'éducation, la critique de la civilisation urbaine japonaise est en outre intéressante : une société insatisfaite, rongée par l'ennui, comme nos sociétés modernes, prête à tout pour se distraire, menée par le hasard, opposée à celle qui pourrait surgir des nouveaux êtres apparus à l'ADN semblable : "Les différences individuelles disparaissent. Si tout a la même forme, finies les différences de compétences ou de beauté. Plus d'attachement envers une personne aimée, plus la moindre querelle et bien sûr, plus de guerres. un monde d'égalité et de paix absolue, qui a transcendé la vie et la mort." (376) L'idéal japonais de la conformité et de l'identification? Le plus déroutant est que, dans l'épilogue, le personnage principal, biologiste, devient égoïstement l'allié implicite de la malédiction pour retrouver vivant son enfant mort... En résumé, une oeuvre inégale, à l'écriture quelconque, servie par son dynamisme, qui laisse perplexe. Un best-seller au Japon, en trois volumes. Attendons le troisième, qui ne saurait tarder.

3ème tome : La Boucle.

La quatrième de couverture :

Lorsqu'il pratique l'autopsie de son ami Ryuji, le médecin légiste Mitsuo Ando est loin de se douter qu'il va plonger dans l'irrationnel et le cauchemar...
Comment est-il possible qu'un petit bout de papier se trouve au milieu des organes de son camarade de faculté avec juste ce message énigmatique : "Ring"?
Comment peut-il apparemment être décédé d'un effet secondaire de la variole, pourtant éradiquée depuis plus de vingt-cinq ans?
Et pourquoi l'amie de Ryuji a-t-elle disparu après avoir mentionné une mystérieuse cassette vidéo?
L'épidémie se répand, progresse insidieusement. Le phénomène "Ring" ne fait que commencer : livre, film, vidéo, DVD. Tout le Japon est déjà conquis. Peut-être êtes-vous, vous aussi, déjà infecté par le virus!

Koji Suzuki né en 1957 sur l'île d'Honshu au Japon est diplômé de littérature française. Son premier roman date de 1990 : Le Paradis (Rakuen), Grand Prix de l'imaginaire japonais. Il atteint la célébrité grâce à sa trilogie de terreur Ring (1991), Double hélice (Rasen, 1995), La boucle (The Loop, 1997) et la préquelle L'anniversaire (Ring 0-Birthday). Il a écrit également un roman, histoire d'amour passionnée, Le reflet de la lumière du jour sur la mer (Hikaru sasa umi) et plusieurs essais sur le rôle du père dans l'éducation. Le succès du premier film Ring en 1998 relancera ses ventes (3 millions d'exemplaires au Japon).

 

Roland Ernould © 2002

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