Bernard Simonay, La malédiction de la licorne

Éditions du rocher, rééd. 2001.

Un auteur qui écrit au rythme très soutenu de Bernard Simonay (un gros roman par an depuis quinze ans, qui se vendent et se rééditent), possède nécessairement un certain savoir-faire. Le lecteur qui ne connaît pas l'auteur - c'était mon cas - aura l'occasion d'en faire l'expérience avec la lecture de La malédiction de la licorne, la dernière parution de cette année. Ce roman a en fait dix ans, fait partie d'un cycle, et il s'agit ici d'une réédition.

Ce roman utilise toutes les ficelles de la fantasy, et ne cherche pas à innover dans un genre qui continue à plaire à un certain public. Les personnages principaux sont d'essence royale, voire divine. Dès les premières pages, on sait que la belle princesse, qui ambitionne de devenir la première femme-chevalier, le deviendra, qu'elle battra tous ses rivaux, qu'elle...etc. Quelques bouffées de faiblesse viennent à point teinter cette vaillance triomphante. Et bien sûr, il y a le gentil lutin pas très courageux mais bien aimant; le gardien fidèle qui ne songe qu'à sa princesse: le vilain méchant chevalier dont on devine la corruption dès son apparition : dès les premiers chapitres, le ton est donné. En fait, le véritable créneau de Simonay dans ce roman, c'est la coloration amoureuse du roman, et je le soupçonne fort d'avoir une majorité de lecteurs féminins.

Car si la belle princesse Solyane combat ses adversaires avec la même efficacité, elle a quelques problèmes du côté de sa sexualité et du coeur. Après des expériences pour voir, elle s'éprend évidemment - à contre-coeur et avec des réserves, il faut bien le dire - du méchant chevalier qui convoite la princesse pour satisfaire ses ambitions, dans une relation où la sensualité n'est cependant pas absente. Solyane éprouve des difficultés à se défaire de cette relation, et se fait évidemment un ennemi du chevalier intelligent, rusé, mais dépourvu de scrupules. Il ne porte les yeux que sur le mauvais côté des choses, et fait partie de cette catégorie de seigneurs prédateurs et destructeurs. Cette libération laissera en Solyane des traces, et sera à l'origine de bien des infortunes futures. Il y a dans ce roman d'autres variétés de relations amoureuses, et l'amour entre femmes y tient aussi sa place.

La quatrième de couverture ci-contre permettra au lecteur potentiel d'avoir une idée du contenu du roman, le troisième de son cycle (Le cycle de Phénix), mais qui peut se lire indépendamment. Il présente toutes les caractéristiques du roman de fantasy depuis Tolkien, avec la création d'un cadre historique, ses lieux imaginaires et son milieu biologique : une chronologie, la liste des personnages, un dictionnaire sont joints. Le mérite de la fantasy est de nous parler d'un ou de plusieurs humains humains exceptionnels, supérieurs à la majorité des hommes, et qui nous réconcilient avec nous-mêmes au terme de péripéties palpitantes. Mais il ne suffit pas de vivre une belle histoire : on attend aussi que le romancier nous apporte des perspectives littéraires nouvelles, qui ne soient pas banalement répétitives. Qu'il ne se contente pas d'utiliser les trucs de l'artisan-fantasyste pour nous divertir, mais satisfasse aussi notre sens esthétique en même temps que notre imaginaire. Créer des êtres appelés léonorses, migas, volènes ou kherilans ne pose pas de problèmes particuliers, pas plus qu'un historique ou un vocabulaire facile à inventer : mais la création d'un monde original, un romancier qui crée son propre univers tout en aiguisant notre sensibilité à des situations qui nous motivent est plus rare à rencontrer. Or ce roman n'est qu'une variation, convenablement réalisée il est vrai, de multiples histoires déjà parues. Peu de souffle, peu d'inventivité, mais un certain amour pour les êtres, et surtout la belle princesse, nous permettront de retrouver le ronronnement des archétypes habituels avec un certain contentement.

La quatrième de couverture :
Aux confins de la légendaire forêt Skovandre, la ville de Gwondaleya est en deuil. Le couple de demi-dieux qui la gouvernait depuis vingt ans n'est plus. La princesse Solyane a sacrifié sa vie pour sauver les siens de la destruction. Par désespoir, Dorian, son frère et époux, a abdiqué en faveur de son fils Palléas, puis a disparu... Nelvéa, leur fille, hantée par des songes mystérieux, croit encore au retour de ses parents. Une sorcière lui révèle qu'elle est la réincarnation de la Licorne - cet animal mythique qu'elle prend pour emblème lorsqu'elle devient la première femme chevalier. Mue par un appel irrésistible, elle se lance sur les traces de son père, et s'enfonce dans les profondeurs de la forêt. Mais son aventure la mènera bien plus loin encore... Au cours d'une vie tumultueuse, elle affrontera de multiples épreuves, découvrira la haine, la passion et l'amour avant de comprendre le sens véritable de sa quête. Sera-t-elle assez forte pour lever l'effrayante malédiction qui semble la poursuivre ? Parviendra-t-elle à trouver le courage d'affronter le démon qui s'attache à ses pas, et qui n'est peut-être autre... qu'elle-même ? Dans un décor qui mêle le réel et l'imaginaire à la manière des romans chevaleresques, La Malédiction de la Licorne est avant tout le portrait d'une femme touchante, à la fois forte et fragile, à la recherche d'un passé enfoui qui lui révélera sa propre identité.

 

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Né en 1951, Bernard Simonay, a grandi dans la banlieue parisienne. Passionné depuis toujours par le cinéma, il a longtemps rêvé de devenir scénariste et réalisateur. Il conserve de ses lectures et des films un goût pour les grands espaces et l'aventure, un vif intérêt pour l'histoire et l'archéologie. Il commence à écrire à l'âge de 10 ans, tout en s'intéressant aux mythes et aux légendes. Son premier roman Phénix est oublié en 1986, et obtiendra le prix Cosmos 2000 et le prix Julia Verlanger en 1987. Son oeuvre comprend actuellement trois cycles : le cycle de Phénix (Phénix, 1986, Graal, 1988, La malédiction de la licorne, 1990); le cycle Les enfants de l'Atlantide et le cycle La première pyramide. Ses livres sont parus aux éditions du Rocher.

Roland Ernould © 2001

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