Denis Labbé, Le pavillon maudit

Syros jeunesse, 4/2001.

Si le grand frère qui fréquente ce site veut offrir à son cadet ou sa cadette un roman plaisant, pas trop long à lire, qui ne le (la) déçoive pas, si un père de famille veut faire oublier momentanément les Chair de Poule et les Potter à ses jeunes enfants, si enfin un professeur de lettres du premier cycle cherche un livre à faire étudier en classe à partir de l'âge de douze ans, s'impose ce petit roman bien présenté, et en caractères qui ne rebutent pas la lecture. D'autant plus qu'il ne vient pas de la plume de n'importe qui. Son auteur, professeur lui-même, a commis des nouvelles, des articles et même un essai, en co-rédaction avec Gilbert Millet, consacré au Fantastique, qui est actuellement le meilleur bréviaire d'initiation au genre pour les élèves du secondaire.

Variation sur le motif inusable du pacte avec le diable, passé par un violoniste du siècle dernier désireux de s'assurer des talents hors du commun pour passer à la postérité, le récit se déroule dans l'opposition fréquente dans le roman fantastique entre ceux qui «y» croient, et ceux qui n'«y» croient pas. Les croyants vont consulter le sorcier du village pour lever le sortilège qui plane sur un pavillon où habitait le musicien, le sceptique cherche plus simplement des solutions pratiques. Si cela réussit, est-ce dû aux rituels et incantations du sorcier, ou aux moyens techniques utilisés par le sceptique?

L'histoire plaira d'autant plus que son enjeu est la possibilité, pour un jeune guitariste, d'utiliser un pavillon "hanté" qui se trouve dans le jardin de sa nouvelle habitation, et qui a servi de résidence forcée au violoniste. Depuis sa mort, le local a toujours été l'objet de la peur des habitants de la maison, qui n'y restaient pas. Le fait que ce soit un lycéen musicien branché qui voudrait s'en servir comme lieu de répétition pour y monter un groupe de rock ne peut que plaire. Les conflits de génération sont exposés avec mesure, juste ce qu'il faut pour réjouir les jeunes sans les exciter, et la figure du vieux sorcier n'est pas sans rappeler certains aspects d'un auteur de contes fantastiques bien connu, à la superbe moustache et aux épais sourcils broussailleux. Le récit est riche d'ailleurs en clins d'oeil de ce genre, que les initiés découvriront avec le sourire.

Bien sûr, d'autres éléments inquiétants ou insolites parsèment le récit : quel rôle joue le chat Baphomet? Quels poltergeits viennent le nuit saccager et souiller la cuisine, puis la salle de bain? Et d'ailleurs, l'histoire est-elle bien terminée avec l'accord final de la guitare?

L'imagination ne peut-elle pas continuer à s'exercer, le roman refermé? Un bon petit livre que même un adulte averti lit avec plaisir.

La quatrième de couverture :

- Voilà, notre salle de répét! C'est mon pavillon!
- Là-dedans? demanda Aurélien, d'une voix un peu étrange.
- Ben oui! Mon père me l'a donné pour ça. Il ne manque plus que la clef. Il ne sait trop où elle est.
- Il a dû la trouver, ta clef, car la porte est grande ouverte.
Aymeric, jeune guitariste de quinze ans, hérite d'un superbe pavillon de jardin comme salle de répétition. Alors que ses voisins du même âge, Carline et Aurélien, lui apprennent que l'endroit est maudit, son chat Baphomet disparaît. Autre fait troublant, un jeune violoniste au destin tragique a vécu dans ce pavillon au XIXe siècle. Et si c'était lui qui revenait hanter les lieux?

 

L'auteur : Né en 1965 à Lunéville, entre Vosges et Alsace, mais Nordiste d'adoption depuis plus de 20 ans, Denis Labbé a conservé cet amour du fantastique propre à ses forêts natales. Docteur es lettres, il enseigne à Avesnes-sur-Helpe et vit à Bavay. Il cherche à donner à ses élèves le goût de la lecture et de l'étrange. Écrivain, poète, traducteur et critique, plusieurs de ses nouvelles sont parues en anthologies : De sang et d'encre (Naturellement), Ainsi soit l'ange (Oxymore), mais également dans des revues aussi différentes que Phénix, Rétroviseur, Poésie Première ou Hauteurs dont il est l'un des rédacteurs. Il a participé à l'ouvrage collectif : H.P. Lovecraft, le Maître de Providence (Naturellement, 1999). On lui doit aussi des traductions de Brian Lumley (Necroscope, Vamphyri), Graham Masterton, Kim Newman ou encore Poppy Z. Brite. Auteur, en collaboration avec Gilbert Millet, d'un ouvrage sur le fantastique aux éditions Ellipses, Le Fantastique (note de lecture), il vient de terminer une biographie romancée Promenades avec Claude Seignolle (note de lecture), un roman , pour la jeunesse, Le Pavillon Maudit (Syros) (note de lecture). Il est l'auteur de deux recueils de poèmes Au pas des oiseaux (Editinter 1998) et Entrevoix (Editinter 2001)d'un roman pour la jeunesse, Le Pavillon Maudit (Syros). Il est l'auteur, avec Gilbert Millet , d'un ouvrage sur le fantastique, Le Fantastique (Ellipses, 2000) (note de lecture), d'une étude de Shining (éd. Ellipses) (note de lecture), d'essais sur La science-fiction (éd. Belin, 2002) (note de lecture), Les mots du merveilleux et du fantastique (éd. Belin, 2003) et d'une Étude sur Tolkien, Le seigneur des Anneaux (éd. Ellipses, 2003) (note de lecture).

 

Roland Ernould © 2001

 Voir sa nouvelle sur ce site :

Denis Labbé, CAFÉ DU CENTRE

 

 

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