En ces temps où les Européens glissent lentement dans l'indifférence religieuse, alors qu'ailleurs dans le monde les fanatismes religieux s'exacerbent, le titre de ce livre sonne singulièrement : une élucubration de plus? Que, curiosité de lecture contentée, l'incroyant que je suis par conviction trouve dans cet ouvrage des motifs de satisfaction, voire de sympathie, voilà qui est plus étonnant. Dans le prolongement de la tradition qui va de la Renaissance, avec Giordano Bruno, au siècle dernier, avec Teilhard de Chardin, ce texte a été écrit à partir de sa thèse par un docteur en théologie, protestant, qui a revu son christianisme à la lumière de ses expériences. Intéressé par les cultures autres, africaines notamment, militant contre le racisme, il ne pouvait qu'être sensible aux problèmes posés à sa foi par la pluralité des formes de vie dans l'univers , raisonnablement envisageable.
Nous ne savons pas vraiment si nous sommes ou non seuls dans
l'univers. Le seul fait de se poser la question conduisait il y a peu
à finir consumé sur un bûcher comme Giordano
Bruno à Rome. Et voici qu'un croyant de
tradition judéo-chrétienne formule l'hypothèse
que la pluralité des vies est pratiquement confirmée,
que la création biblique n'a qu'un sens symbolique, que ses
représentations sont des images, et que le chemin de
l'Église a été pavé d'anathèmes et
d'exclusives pour s'en tenir à des formes religieuses
figées. Si La Bible a
renforcé les hommes dans leur anthropocentrisme en
n'évoquant pas la possibilité d'autres mondes
habités, il est maintenant possible, pense l'auteur, de fonder
une approche morale nouvelle, au carrefour de la science et de la
religion.
Notre monde est devenu fragile depuis
que les hommes ont maintenant les moyens de le détruire, et
plus seulement par le feu nucléaire, mais par la pollution
écologique. Le détruire pour qui? Pour l'espèce
humaine avant tout, car sur notre globe, au train où vont les
choses, les hommes auront disparu pour laisser la place à
d'autres espèces animales plus résistantes. Elles
recommenceront le long parcours de l'évolution. Avec ces
sombres perspectives à l'horizon, l'auteur espére que
la théologie chrétienne, sensibilisée au
problème de la vie, humaine en particulier, mais aussi en
général, s'ouvre à des possibilités
actuellement insoupçonnées : notamment que l'humain est
peut-être un avatar de l'histoire, qui n'a pas le
privilège de l'intelligence. Les hommes en
général, et les chrétiens en particulier, ne
peuvent plus se considérer comme des êtres
supérieurs, les seuls fils de Dieu, rejetant avec bonne
conscience comme dans le passé les femmes, les
«autres», autres religions ou autres couleurs de peau...
Dès lors on peut concevoir un être suprême
différent, dont les intentions seraient de faire en sorte que
toutes les consciences possibles se rencontrent, terrestres ou
extraterrestres, dans la perspective d'un message
évangélique qui prend le sens d'une évolution de
la conscience vers des pratiques supérieures, souhaité
par Teilhard de Chardin.
Il fera grincer bien des dents, cet
ouvrage bien écrit, lecture aisée d'une thèse
plus ardue, dans lequel l'incroyant trouve une perspective de
convergence et de rencontre. Ce livre nous propose d'améliorer
nos vies, de lutter contre nos dogmatismes, de faire en sorte que si,
par dessein divin ou par hasard, nous rencontrions un jour des
créatures d'un autre monde, nous soyons en mesure de leur
proposer autres chose que nos exactions, nos destructions et nos
crimes. Utile, il incite à participer à une
réflexion sur le devenir de l'univers dont l'urgence
n'échappe à personne.
La quatrième de couverture :
Pour la première fois dans le monde francophone un ouvrage destiné à un grand public pose ouvertement les questions existentielles de notre humanité contemporaine. Quelle est la valeur des fondements philosophiques et religieux des civilisations et des cultures humaines face à l'évidence de plus en plus affirmée par les avancées de nos connaissances (astrophysique, exobiologie, physique quantique) non pas d'une, mais de multiples possibilités de vies et de consciences extraterrestres? Les conceptualisations philosophiques et religieuses peuvent-elles toujours prétendre être "porteur de sens", l'absurde ne serait-il pas le seul horizon des humains?L'auteur, universitaire spécialisé dans les problématiques du dialogue interculturel et interreligieux, ayant travaillé sur une évolution des fondements et de la formulation du dialogue science-foi dans une société laïque en pleine évolution, acteur depuis plus de dix ans des politiques sociales contre l'exclusion, expert de l'insertion sociale et professionnelle, a bien saisi les questions existentielles posées par les nouvelles générations et la société plurielle d'aujourd'hui.
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Né en 1960. Études universitaires à Paris et Montpellier (DEA sur sur le dialogue interreligieux et les théologies Noires francophones, et Doctorat), tout en militant dans divers syndicats d'étudiants et associations. Marqué par la pensée de Martin Luther King, il s'est spécialisé en théologie en souhaitant contribuer à une réflexion sur le sens dans le cadre de la laïcité qui lui apparaît la meilleure garantie pour favoriser une société ouverte, plurielle, permettant un réel dialogue interreligieux et interculturel. Continuant à militer dans des organisations sociales, son désir est de faire reculer les frontières entre les humains, entre les animaux dont nous sommes une espèce parmi d'autres, de dépasser toutes les formes d'exclusion entre les humains mais aussi entre les vivants pour s'ouvrir à l'écoute de l'autre, à l'écoute de la vie. Vient d'ouvrir un cabinet de conseils spécialisé en insertion par l'activité économique. http://www.exotheologie.com |
Roland Ernould © 2002