Iain M. Banks, Inversions

éd. française

édition anglaise

traduit de l'anglais par Nathalie Serval, Fleuve Noir, 2002.

La première surprise de ceux qui ont apprécié la lecture des 5 volumes précédents du Cycle de la Culture, tous parus en Livre de Poche, sera de ne pas y trouver les références consacrées habituelles de la saga. Inversions est un roman à part, qui peut se lire sans connaître les précédents, en ignorant notamment l'omniprésence galaxique de la Culture, une organisation ultratechnologique toute-puissante qui observe les affaires des autres planètes et intervient quand c'est nécessaire. Le lecteur perdra seulement une partie du sens de l'action des principaux protagonistes.

Inversions propose une action se situant dans une société moyenâgeuse, ignorant tout de l'existence et des interventions secrètes de la Culture, dont il n'est pas fait mention dans le récit. Mais le lecteur comprend vite que le docteur Vosill, une femme, est une représentante de la Culture dans le royaume de Haspidus. En butte aux préjugés masculins, elle est devenue médecin de cour pour influencer le roi Quience et l'orienter vers des attitudes et des pratiques plus éclairées. On devine de même que, dans le royaume rival de Haspidus, De War, le garde du corps du dirigeant Le Protecteur, a une mission semblable, bien qu'utilisant des méthodes différentes : il ne souhaite pas intervenir de manière directe dans les vicissitudes de la planète, espérant que ses habitants viendront bien à bout de leurs difficultés tout seuls... Intervention ou non intervention dans les affaires des peuples de civilisations supérieures? Le roman, symbolique du rapport des puissances industrialisées avec les pays du tiers-monde, ne tranche pas vraiment. Mais d'une certaine manière, la mission de la Culture en tant que policier interstellaire est accomplie, apportant une première amélioration au chaos de royaumes restés à un stade d'évolution qui en fait des équivalents du tiers-monde.

Le roman est organisé en chapitres alternatifs, passant d'un royaume et d'un représentant de la Culture à l'autre. Si le procédé qui consiste à faire raconter l'histoire du royaume de Haspidus par l'apprenti du médecin se révèle parfois inadapté (ce qui se présente comme un rapport devient souvent une narration littéraire peu compatible avec ce type de compte-rendu), si De War a tendance à raconter des histoires qui ralentissent le récit, l'ensemble est suffisamment enlevé. On suit avec intérêt cette histoire d'un autre âge, avec arquebuses et catapultes, les complots qui se trament et les assassinats qui se préparent dans les cours du Roi et du Protecteur rivaux. Mais on ne tient la clé des manipulations que dans les dernières pages. Il n'y a pas beaucoup de SF dans ce roman, mais plus de fantasy. Ce volet original tranche avec les autres romans du Cycle de la Culture mais apporte une contribution différente à un cycle flamboyant et justement réputé.

Roland Ernould

La quatrième de couverture :

Une planète éclairée par six lunes, perdue dans les régions les plus reculées de la Galaxie...
A la Cour du Roi Qience, un espion s'intéresse aux agissements du DocteurVosill qui a été mystérieusement nommé médecin du souverain. Nomination d'autant plus étonnante que le Docteur est un étranger et surtout, que le Docteur est... une femme! Ce qui déchaîne suspicions et jalousies. Mais, si le DocteurVosill ne manque pas d'ennemis, elle ne manque pas non plus de ressources. Médicales et autres... C'est à elle que l'on a recours pour guérir les empoisonnements, pour faire parler les suspects soumis à la question, pour soulager le Roi de ses différents malaises...
De l'autre côté des montagnes, un dénommé DeWar est le garde du corps du Protecteur Général de Tassasen. Sa mission? Déjouer les complots qui visent à éliminer son chef régicide. Tout en préservant l'amitié secrète qui le lie à la favorite du Protecteur.

Intrigues de palais, trabisons, serments... Le médecin et le garde du corps partagent un secret commun et leurs destins sont inextricablement liés.
Un roman haut en couleurs et en passions, subtil et remarquablement construit.

 

Iain Menzies BANKS (GB 1954 - )
Remarqué il y a près de 20 ans par
Le seigneur des guêpes (1984) roman parodique de terreur macabre, cet auteur écossais s'est tourné ensuite vers la science-fiction. En Grande-Bretagne, ses nombreux lecteurs sont attentifs à ses parutions. Il signe Iain Banks des oeuvres grand public, mais réserve le M intermédiaire à ses romans les plus ambitieux. Il est considéré comme un des meilleurs auteurs de sa génération.

Bibliographie :

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Romans
LE CYCLE DE LA CULTURE
1 -
Une forme de guerre (Consider Phlebas 1987) Livre de Poche 7199
2 -
L'homme des jeux (The player of game 1988) Livre de Poche 7185
3 -
L'usage des armes (Use of weapons 1990) Livre de Poche 7189
4 -
L'état des arts (The state of the art 1991), DLM éditions
5 -
Excession (Excession 1996) Robert Laffont Ailleurs & Demain. Livre de Poche 7241
6 -
Inversions (Inversions, 1998) Fleuve Noir 2002
7 - Look to Windward, 2000 , traduction française :
Le sens du vent, à paraître en septembre 2002, Robert Laffont

Le seigneur des guêpes (The wasp factory 1984) Pocket 9012
Walking on glass 1985
Entrefer (The bridge 1986) Denoël Présence du Futur 456 ou Folio SF 23
Espedair Street 1987
Canal dreams 1989
The crow road 1992
Against a dark background 1993
Un homme de glace (Complicity 1993) Pocket 10477
Feersum Endjinn 1994
Whit 1995
Le Business (The Business 1999) Belfond 2001

Nombreuses nouvelles.
La revue
Galaxies a consacrée un dossier à Iain M. Banks dans son numéro 1. Au sommaire, une nouvelle, et un article de l'auteur décrivant l'univers de La Culture.

Roland Ernould © 2002

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