Le prochain Harry Potter: Y A-T-IL UN SECRET DANS LE RETARD PRIS DANS LA PUBLICATION DU TOME 5? Pourquoi le roman a pris du retard

LE MONDE DE HARRY POTTER

Y A-T-IL UN SECRET DANS LE RETARD PRIS

DANS LA PUBLICATION DU TOME 5?

Le 26 décembre 2001, J. K. Rowling a épousé

en secondes noces le Dr Neil Murray, un

médecin anesthétiste.

Régulièrement, l'un ou l'autre de mes lecteurs (que je dois fort décevoir) m'annonce tout content - et mais en se trompant! - la sortie du tome 5 de la série des Harry Potter, Harry Potter et l'ordre du phénix. De nombreux lecteurs demandent ainsi à leur libraire s'ils ne connaissent pas vraiment la date de publication ou s'ils ne veulent pas la leur dire, respectant le secret d'une technique de marketing destinée à amplifier les ventes. Car pour beaucoup de ceux qui apprécient Harry, comme le dit Le Monde du 5 décembre 2001, le nom de Harry Potter rime "avec marketing et merchandising". Or il se pourrait, d'après des informations venues des USA, que l'attente des lecteurs impatients commence à virer à l'exaspération...

C'est que vraisemblablement actuellement personne ne sait, même pas l'auteur, quand le tome 5 sera achevé. Son éditeur aux USA, Scholastic aurait indiqué à ses actionnaires que le prochain Harry Potter sortirait... avant juin 2003. Car si Rowling a pu écrire ses quatre premiers volumes dans une relative sérénité, depuis de nombreux mois déjà sa vie est emportée dans un tourbillon imprévu. Le succès a maintenant profondément changé la vie de J.K. Rowling. L'an dernier, elle a dû consacrer son attention au tournage du premier film sur Harry Potter (sorti aux USA et GB en novembre 2001 et en décembre en France). Alors qu'elle n'accordait que de rares interviews, elle a dû se forcer à assurer la promotion du film et y a passé plus de temps que prévu. Elle a donné plusieurs longs entretiens à la journaliste Sean Smith, qui préparait un livre très documenté. Rowling s'est aussi davantage engagée dans la vie associative. Elle a acheté une nouvelle maison, s'est mariée fin décembre 2001 avec le Dr Neil Murray, un médecin anesthésiste. Un temps considérable a été perdu pour l'écriture au point qu'elle a dû écourter sa lune de miel pour travailler.

Tous ces événements ont ralenti considérablement son rythme de création et surtout auraient interrompu à plusieurs reprises la continuité de son travail. Rowling nous avait habitués à la cadence d'un livre par an, rythme qu'elle avait trouvé pour les quatre premiers tomes, jusqu'en juillet 2000. Cette cadence est maintenant cassée, et le retard prévu est d'au moins six mois, même si le roman devrait être moins épais que le précédent. Elle l'explique par un travail d'écriture qui lui demande maintenant davantage d'attention que pour les premiers : il est vrai que La Coupe de Feu était plus long que les précédents, et beaucoup plus élaboré, plus proche du roman pour adulte. Mise sous tension, Rowling s'angoisse, s'irrite, se fâche même. Elle a reconnu cette pression extérieure dans un magazine.

Il est certain que ce climat d'attente impatiente de son lectorat - joint aux importants changements signalés dans sa vie privée -- ne favorise pas sa créativité. On a même prétendu qu'elle avait dû reprendre tout le livre, recommencer à zéro. Même si ces bruits, nombreux sur le web, s'avéraient sans fondement, il est difficile pour une personne aussi sensible que Rowling de faire face. Elle affrontait son sort dans l'adversité (voir la biographie de Sean Smith), quand elle avait tout à se prouver et tout à gagner. Maintenant c'est l'inverse : elle a beaucoup à perdre. Ce climat doit certainement contribuer à la vivre dans le stress. Il faut que Rowling fasse aussi bien que le tome 4 : les éditeurs savent que les lecteurs sont d'autant plus cruels avec leurs auteurs qu'ils ont trop espéré... Déjà, avec le recul, des lecteurs attentifs ont signalé des négligences dans le tome 4, qu'ils n'avaient pas remarquées dans les premiers volumes. Des incohérences et des contradictions - heureusement mineures et invisibles pour la plupart des lecteurs - ont entraîné les spécialistes dans des débats compliqués, jusqu'à la conclusion qu'il ne pouvait s'agir que d'erreurs. D'autre part, aux USA où la crainte des attentats est encore forte après les événements du 11 septembre 2001, on a fait remarquer que, dans La Coupe de Feu, les mangemorts ressemblent à des terroristes. J.K. Rowling aurait-elle décidé de tenir compte les récents événements?

En attendant, chacun révise sa stratégie et trompe son attente. Les fans, nombreux à naviguer sur le web - ils font partie de cette génération qui lit, a un ordinateur et se trouve capable d'écrire et d'exprimer ses sentiments (quoique avec de nombreuses fautes d'orthographe...). Ils fréquentent des centaines de sites, échangent des informations, discutent, se contredisent. Chacun colporte ses rumeurs, qui sont souvent pour lui des faits. De nouveaux faux chapitres circulent, souvent repris de textes qui existent déjà. Cette effervescence sympathique n'est pas à décourager, car elle annonce peut-être un renouveau de la lecture - et pourquoi pas une reprise de l'intérêt pour d'autres littératures? Jamais des élèves en classe n'ont fait preuve d'autant d'ardeur et d'appétit de savoir.

L'éditeur Scholastic calme le jeu, bien que sa stratégie commerciale soit complètement bouleversée. La sortie du deuxième film de Chris Colombus, Harry Potter et la Chambre des Secrets, est prévue pour cette fin de l'année 2002. Selon les plans initiaux, la sortie du film devait bénéficier d'une énorme promotion qui aurait dû être mise en place à l'occasion de la parution du livre au début de cet été. Les éditeurs de jeux vidéo, les fabricants de jouets, et les diverses sociétés ayant acquis les franchises sur les objets "Harry Potter" comptaient sur les nouveaux livre et film pour relancer la demande. Heureusement, la sortie des DVD pourra partiellement combler l'attente des fans. Mais à ce jour - juillet 2002 - Rowling n'aurait pas remis encore son manuscrit à l'éditeur. Or, une fois le manuscrit terminé, il s'écoule nécessairement de quatre à cinq mois avant la publication. Cette publication du livre tomberait alors en fin d'année, en même temps que la sortie du film : que décideront les équipes de marketing?

Reste à ce que cet enthousiasme ne se retourne pas contre Rowling. Le pire qu'il puisse personnellement lui arriver, c'est de tomber de son piédestal. Même si elle est vulnérable sentimentalement, elle a heureusement le caractère solide et une forte volonté. Pour certains jeunes fans, les plus impatients, la déception et le dépit commencent à être visibles. Pour d'autres, ce retard réussit une mutation imprévue : émousser leur fascination pour Potter et la détourner vers d'autres livres. C'est ainsi que dans l'attente du prochain Potter, certains auteurs voient leurs tirages augmenter. Un auteur anglais toujours très lu dans les pays anglo-saxons, bien que déjà "ancien" pour les jeunes, bénéficie de ce report : C.S. Lewis (1898-1963), qui a publié une quarantaine de livres, aussi bien pour les universitaires, que pour le grand public ou les enfants, qui le connaissent par la série des Chroniques de Narnia. De même le Français Serge Brussolo, qui approchait de la cinquantaine sans s'être jamais mis au roman pour la jeunesse. Depuis son premier recueil de nouvelles, publié en 1980, ses romans se sont bousculés (une soixantaine), soutenus par une imagination incontrôlable, touchant à tous les domaines, qu'il a mise l'an dernier dans ses premiers romans pour la jeunesse, qui ont rencontré un succès inespéré (cent mille volumes du premier tome vendus) : la série Peggie Sue et les fantômes séduit, comme Harry Potter, aussi bien les adultes que leurs descendants...

Narnia

de C. S. Lewis

comprend 7 romans

traduits en français et publiés chez Folio.

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