HARRY POTTER ET LE PRISONNIER D'AZKABAN

 

Commentaires sur le film 

par Christine Guillot

Je viens de revoir le film réalisé par Alphonso Cuarón. J'avais été un peu déçue la première fois que je l'avais vu le 4 Juin. Le déroulement de l'action m'avait déroutée, et je ne reconnaissais pas les passages qui m'avaient tant plu dans le livre : la rancune de Rogue et la cabane hurlante. Maintenant que je l'ai revu, je peux dire que le film n'est certes pas excellent, mais qu'il y a de bonnes scènes. En particulier, celle qui se passe sur le pont couvert, entre le professeur Lupin et Harry. Un moment de pure émotion. J'avais donc bien discerné la vérité : Lupin a été amoureux de Lily. J'en étais déjà bien convaincue lors de la lecture du troisième tome. Mais ce passage du film m'a conforté dans mon idée. Je ne m'étais pas trompée sur les sentiments de Lupin. Quant à savoir si Lily aimait aussi Remus ! Je pense qu'elle n'était pas indifférente à son charme, malgré qu'il soit un loup-garou. Car je suppose que comme James et Sirius, elle l'avait fini par deviner la vérité sur son compte.

Je l'aime bien Lupin. Je n'avais jamais vu jouer David Thwelis mais je reconnais qu'il incarne bien son personnage. Je n'avais nullement imaginé par contre que Remus avait une moustache, mais cela ne gâche rien. Proche de Harry, comme je le voulais, lui parlant de ses parents, lui apprenant à repousser les détraqueurs. Se transformant aussi en loup-garou au moment crucial. Un bon rôle difficile et ambigu mais dont il se tire à merveille. Je formulerai seulement le reproche à Alphonso d'avoir bâclé la scène de la rancune de Rogue. Elle se passe la nuit dans les couloirs de Hogwarts et est un peu trop courte à mon avis, alors que dans le livre elle se passe de jour dans le bureau du professeur de Potions et qu'elle est beaucoup plus dense en dialogues et en effets, particulièrement au sujet de la Carte des Maraudeurs et de l'apparition de Remus dans la cheminée de Severus.

Toujours égal à lui-même, Severus. Aussi rancunier et violent que dans les deux premiers films. Son acharnement à détruire ses deux ennemis tourne à l'obsession. Dans la cabane hurlante, il a une phrase qui m'a, non pas choquée, mais profondément intriguée. Il déclare alors qu'il prétend livrer Sirius et aussi Remus aux détraqueurs : "je suppose que la vue du baiser d'un détraqueur doit être horrible, mais j'essaierai que le supporter". (Désolée pour le texte approximatif). Il a vraiment la rancune tenace, et même mortelle, Severus. Je me demande toujours pourquoi il leur en veut au point de les menacer d'une chose pire que la mort. Il y a certainement eu quelque chose de plus grave que le souvenir dans la pensine, pour que son ressentiment ne se soit jamais assouvi. Et cette menace n'est pas anodine. Il a été Mangemort, il me semble. Les détraqueurs faisait partie des alliés naturels de Lord Voldemort, si j'en croie les propres paroles de ce dernier. Severus doit les avoir côtoyé pendant qu'il était à son service. Il doit donc bien connaître leurs pouvoirs et savoir qu'ils détruisent tout sentiment de bonheur quand ils approchent de leurs victimes et qu'ils prennent leur l'âme si on leur en donne l'ordre. Plutôt sadique alors, pour réagir ainsi. Veut-il en plus du reste, se venger parce que lui-même n'a que de mauvais souvenirs ? Je me souviens aussi d'une réflexion de Sirius : "tu as toujours aimé faire des déductions subtiles même si tu t'es trompé quelquefois, Severus". Il lui conseille aussi de retourner jouer avec son nécessaire de potions, d'après ce que me souviens des dialogues. Severus ne manque pas de répartie mais commence à perdre son sang-froid. Ils ne cessent comme ils le feront dans le cinquième tome à se lancer des répliques qui les blessent profondément l'un et l'autre. A noter que Alan Rickman joue toujours avec autant de conviction son personnage. Rancunier, sévère, injuste et toujours aussi acharné auprès de Harry et de ses anciens condisciples. Par contre Severus m'a fort étonnée en se plaçant devant Ron, Hermione et Harry, les protégeant ainsi de Remus transformé en loup-garou. Il ne manque pas de courage, j'en était sûre depuis longtemps, (un Gryffindor potentiel ?) mais courir le risque d'être mordu pour défendre Harry qu'il déteste, est très étrange.

Ron ne change pas. Il est toujours aussi fidèle envers harry. Proche de lui, mais encore en retrait sur le plan de la célébrité. Dans le livre, l'épisode de Sirius pénétrant le dortoir des garçons, lui donnait un peu de gloire, mais ils ont malheureusement supprimé ce passage dans le film. Rupert Grint est un comédien né. Je ne sais s'il continuera dans cette voie, mais il a les capacités d'un comique.
Hermione. Toujours Mademoiselle Je-Sais-Tout, ainsi que le dit Severus. Elle s'affirme de plus en plus et ses deux compagnons ont bien besoin qu'elle prenne la direction des opérations. Ils seraient un peu perdus sans elle. Elle sait ce qu'elle veut Hermione, même si elle ne sait pas encore où ses décisions la mèneront un jour. Emma Watson joue de mieux en mieux. Avec l'expérience elle deviendra je l'espère, une Hermione de plus en plus convaincante.
Harry, a d'autres préoccupations. Le souffle de Voldemort semble planer sur Hogwarts avec le retour de Sirius Black. Cela n'est pas fait pour arranger ses états d'âmes. Mais Daniel Radcliffe ne n'en tire pas trop mal.
Le rapprochement entre Ron et Hermione est flagrant. Je préfère d'ailleurs. J'ai toujours pensé que si Harry devait se trouver une petite amie (en dehors de Cho bien sûr) cela serait plutôt Ginny. Neville se joignant à Luna. Les six adolescents présents aux Département des Mystères sont bien définis : trois garçons et trois filles. Il n'est pas difficile de comprendre qu'ils formeront trois couples. Resteront-ils tous vivants à la fin ? Çà, c'est une autre histoire et un autre film.

Ce pauvre Draco ! Toujours aussi méprisant envers Hermione (sale Sang-de-Bourbe), aussi présomptueux envers Hagrid et toujours aussi couard. Je doute que Lucius soit au courant que son fils soit aussi lâche. S'il le savait, je suis sûre qu'il le tancerait vertement, et lui dirait froidement qu'un Malfoy digne de ce nom ne fuit pas l'ennemi, même si c'est une fille. Draco est vraiment odieux à propos de ses réflexions au sujet de l'hippogriffe et il a bien mérité le coup de poing que lui a donné Hermione. Quoique j'aurais préféré la gifle mentionnée dans le livre, c'est tout de même plus féminin.

La scène dans la cabane hurlante pêche également par un échange trop bref entre les antagonistes. Pour qui a lu le troisième tome, il est facile de suivre le déroulement de la scène, mais les explications données sont trop succinctes. Certes ils ne pouvaient pas transposer tous les dialogues du livre, mais savoir qui étaient les maraudeurs et comment Remus connaissait l'existence de la Carte et qu'il en était un des auteurs n'était pas superflu à mon sens. Et surtout, comment Sirius a-t-il su que Peter Pettigrew était à Hogwarts sous la forme de Scabbers.

Un bon film dans l'ensemble, avec des passages bien tournés. L'entrevue de Harry et du professeur Lupin sur le pont couvert. Le remplacement de Lupin par Severus dans la classe de Défense contre des Forces du Mal. La scène de l'envol de l'hippogriffe (copiée en partie parait-il d'une scène du titanic. Je n'ai pas vu ce film, je n'ai donc pas pu faire le rapprochement). La cabane hurlante. Le retourneur de temps. La présence obsédante des détraqueurs. Et puis tout au long du film, le temps qui passe, inexorable sur ce monde. Aphonso Cuarón a donné à ce troisième opus une sensibilité nouvelle et une autre dimension. Une perception de l'univers sorcier tout en nuances et dans un tout autre style que celui de Chris Colombus. Je pense que cette différence est due en partie à l'origine du réalisateur. Un "homme du sud" plus sensible à la plastique des choses et à leur harmonie, peut-être. Un film plus axé aussi sur les états d'âme des protagonistes, et plus approfondi sur les sentiments que leur suggèrent les évènements qui se passent au cours cette année de collège.

Bien sûr, Il y a des oublis, passages qui sont dans le livre et non transposés à l'écran, et également des ajouts, non décrits dans le troisième tome mais inclus dans le film. Le scénariste n'a pas voulu faire du scène par scène et se montrer trop esclave du livre et il a eu raison. Cela est un peu déroutant au premier abord, mais en tant que bonne lectrice des Harry Potter, je l'ai apprécié en seconde vision. Les détails et les changements de décors comme le saule cogneur ou la cabane de Hagrid, ne sont pas trop perturbants, je les préfère même au second film et l'histoire dans l'ensemble se suit assez bien.

Christine
Le 15 juin 2004

 

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