Quand l'auto-virus met cap au nord
"
Ça ne marchait pas;
ce n'était pas ainsi que l'histoire était supposée s'achever." (141).
À partir d'ingrédients familiers - un écrivain, un voyage en voiture, un tableau acheté - King réussit une fois encore à nous étonner avec cette nouvelle, où cohabitent le motif de l'objet maléfique et celui du double. Une poursuite visualisée conduit à un dénouement à la fois attendu, et inattendu : sans doute trop tard, beaucoup trop tard, un écrivain d'horreur rencontre enfin la peur. À lire dans l'anthologie 999, le livre du millénaire des maîtres du fantastique, qui vient de paraître chez Albin Michel et prochainement : Tout est éventuel, par aux USA.
Ce qu'un auteur peut faire sortir de
composants identiques paraît illimité. En tout cas pour
King. Quand le lecteur se met à lire les premières
pages de cette nouvelle , il se dit : «Encore!» Eh oui,
encore. Bien entendu surgit l'écrivain à succès,
spécialiste de terreur, rejeté des critiques
littéraires, et dont on pense, quand il publie son dernier
livre, "sa dernière
projection vomitale", La
Cité du Cauchemar, qu'il "vient d'être pris d'un nouveau spasme
gerbatif." (128)
Divorcé, comme le deviennent de plus en plus souvent les
écrivains chez King (ou veuf, en tous cas seuls), il vit dans
le Maine, avec de brèves incursions dans les États
voisins. Et dans le Maine, où habite-t-il? Près de
Derry? Gagné. Derry, le lieu de rencontre des lignes de forces
de l'univers, le lieu cosmique par excellence.
Où va donc notre
écrivain? Tiens donc, à Boston, à une
conférence du Pen-Club de la Nouvelle-Angleterre
intitulée «Les dangers de la
célébrité», où on lui pose les
questions qu'il abhorre, cent fois posées, sur la façon
dont lui viennent les idées, et s'il n'en a pas peur. Il
avoue, oui, un peu, pour satisfaire son auditoire. Mais il n'en a pas
peur : de quoi donc aurait-il peur?
Il a accepté ce voyage parce qu'il est en panne d'inspiration
(lui aussi!) et qu'il espère la retrouver. Ce qu'il va trouver
sur le chemin du retour, à défaut des idées
défaillantes, c'est une aquarelle, achetée dans ce que
les Américains appellent une brocante. Coup de foudre? Appel
du destin? En tous cas, cet achat rappelle celui du tableau antique
de Rose Madder,
qui a permis à Rosie de passer dans un monde
parallèle.
Cap au nord, pour un voyage de 400
kilomètres en voiture, par la nationale 1 qui longe la
côte et lui donnera peut-être l'inspiration, qui ne lui
vient jamais sur autoroute, pour "venir à bout de gremlins bousilleurs
d'intrigues." (138). Notre auteur,
un peu troublé par son achat, fait les pauses habituelles pour
la restauration et l'essence, et les remarques connues sur les
déplacements à pied devenus dangereux à cause
des "mines antipersonnel
canines" (139) et les détritus jetés sur les bord des
aires de stationnement dans un État qui affiche pourtant son
désir de propreté. Il s'arrête un moment chez une
tante, (qui ressemble à Ethelyn, la tante de King qui a fait
disparaître la caisse de livres de son
père1). Elle n'aime pas davantage le tableau qu'Ethelyn
appréciait les livres fantastiques : "C'est horrible, dit-elle d'une petite voix
qu'elle avait du mal à contrôler. Il me fait horreur. Je
crois que je peux voir ce qui t'a plu là-dedans, Richie...
mais toi, tu ne fais que jouer; lui, c'est pour de
vrai." (135)
L'événement perturbateur s'est produit une fois de plus dans un environnement familier, où le quotidien est sans surprises. Et quand le «visiteur» arrivera, King nous fera évidemment aussi en finale le «coup» de la montée de l'escalier.
L'objet maléfique est un
thème bien connu dans la littérature du genre. Un
mécanisme a été introduit par un artisan ou un
artiste dans un objet, qui a, ou prend, des comportements humains.
Quelquefois l'objet apporte des avantages momentanés.
Généralement il est difficile de s'en
débarrasser, en le donnant, le jetant ou en le
détruisant. Ni le feu, ni la force mécanique n'ont
d'effet sur l'objet. Son dernier propriétaire est
damné, ou meurt, et souvent les intermédiaires par
lesquels l'objet transite ont des ennuis. Graves.
Les statues, tableaux ou portraits jalonnent les étapes de
l'évolution du fantastique2 et l'utilisation de ces objets particulier permet
d'ajouter l'apparence humaine au comportement. Leurs auteurs, des
visionnaires, ont la possibilité d'enfouir dans l'objet un
mécanisme maléfique qui le rend redoutable parce qu'il
peut être animé d'une forme de vitalité
particulière, facilement adaptable, associée
nécessairement au jeu de la mort. La vie du modèle d'un
peintre peut s'incorporer, se transfuser dans le portrait de la
toile. Des transferts de vie s'opèrent entre l'objet
créé et son auteur, ou son propriétaire. Des
tableaux ou portraits peuvent être liés à un
double. Aussi est-il intéressant de voir ce que King saura
tirer une deuxième fois de ce motif, après
Rose Madder.
Richard a acheté le tableau, dont l'auteur s'est
suicidé, dans une sorte d'état d'esprit planant, comme
celui qu'il le ressentait en prenant (comme King à
l'université!) des drogues illégales dans sa jeunesse :
"Ce qu'il aimait dans les
oeuvres d'art, c'était leur contenu, et plus celui-ci
était dérangeant, plus il aimait ça. A ce titre,
l'aquarelle faisait très fort. (...) On voyait, sur
celui-ci, un jeune homme au volant d'une voiture de sport
(...) qui franchissait
le pont Tobin au coucher du soleil. (...) Il
souriait, mais ses lèvres écartées s'ouvraient
non point sur des dents, mais sur de véritables
crocs." (129)
En s'analysant, Richard croit avoir trouvé pourquoi il a
aimé le tableau : "Il
aimait cette idée d'un cannibale franchissant le pont Tobin au
coucher du soleil, au volant d'une Grand Am. Il n'ignorait pas ce que
la plupart des gens, à la table ronde du Pen, auraient
pensé - oh oui, superbe tableau pour Richard Kinnel, il en a
probablement besoin pour trouver l'inspiration, c'est une plume pour
chatouiller son vieux gosier fatigué et provoquer une nouvelle
projection vomitale." En
fait, c'est le phénomène inverse qui se passe :
"La peinture ne l'avait pas
attiré parce qu'il écrivait des histoires d'horreur; il
écrivait des histoires d'horreur parce qu'il était
attiré par des choses comme cette peinture." (130) Alors que Rosie avait été
«appelée» par son tableau, sans
caractéristique particulière de son tempérament
autre que sa passivité, Richard est «porté»
vers le tableau par sa nature propre séduite par le
dérangeant et l'horrible.
La vendeuse fournit
spontanément des détails sur l'artiste, peintre maudit
: "Bobby avait tout juste
vingt-deux ans quand il s'est suicidé, au printemps dernier.
Ça paraît incroyable... Il était du genre
génie torturé, voyez-vous."
Il ne boit pas, mais se drogue. Ses visions s'objectivent dans ses
oeuvres : "Les pires
étaient celles qu'il faisait quand il avait pris de la drogue.
Après sa mort - il s'est pendu dans le sous-sol, là
où il peignait, d'habitude -, on a retrouvé une
centaine de ces petites bouteilles dans lesquelles on vend cette
sorte de cocaïne, le crack..."
On ne peut plus voir ses créations : "Il devait avoir fait soixante-dix,
quatre-vingts peintures, sans compter tous ses carnets de croquis.
Tout ça se trouvait dans Ie sous-sol." Le sous-sol, comme la crypte ou le
souterrain, est le lieu propice aux rencontres irrationnelles, comme
le signale Bachelard : "La
cave (...) est d'abord l'être obscur de la maison,
l'être qui participe aux puissances
souterraines."
3
Sa mère a cependant vu les productions de son fils et elle en
parle à la voisine (qui procède à la vente du
tableau) : "Elles
étaient presque toutes vraiment mauvaises, bien plus mauvaises
que celle-ci. Des trucs à vous donner la chair de poule.
(...) Y avait des choses sexuelles dans la plupart.
Les pires étaient celles qu'il faisait quand il avait pris de
la drogue." (132)
King a ainsi repris, en le
modernisant, le type du jeune visionnaire qui provoque d'abord le
dérèglement de ses sens, puis ne peut plus supporter
ses hallucinations et son contact avec un monde-autre avec lequel il
communique. Il s'est rendu compte qu'obsédé par
l'innommable, il l'a fait passer dans sa
création4 : "Il s'est
retrouvé au bout du rouleau. Il a apporté tous ses
dessins et toutes ses peintures dans l'arrière-cour - sauf
celle-ci, je suppose - et il y a mis le feu. Puis il est
retourné dans le sous-sol et il s'est pendu. Il avait
épinglé un mot à sa chemise : Je ne peux plus
supporter ce qui m'arrive."
(132)
Richard, sans le savoir, a rencontré ce qui l'attendait. Le
lecteur se souvient de la fin de la phrase citée plus haut :
"Il écrivait des
histoires d'horreur parce qu'il était attiré par des
choses comme cette peinture."
(130)
Il ne s'est pas rendu compte qu'à partir de cet instant,
l'aquarelle se mettait à vivre son existence propre, avec ses
pouvoirs. Jusqu'ici mystérieusement en sommeil, elle attendant
celui qui, en l'achetant, réveillerait les puissances
obscures. L'utilisation d'une voiture pour que les desseins
s'accomplissent est une modernisation intéressante du
thème, ainsi que l'aquarelle faisant office d'une
caméra de surveillance filmant, en temps réel,
l'évolution de la situation.
Un autre thème est incidemment utilisé dans le
récit lors de l'achat du tableau, celui du pacte diabolique.
Alors que la vendeuse de la brocante n'accepte que de l'argent
liquide, Richard paie avec un chèque, et donne sa signature.
Il a remarqué sans y prêter attention qu'une affichette
annonce : PAIEMENT EN LIQUIDE - PAS DE
REPRISE NI D'ÉCHANGE. Avec
sa signature, Richard a paraphé l'acte qui le lie
définitivement à l'oeuvre du peintre et aux forces
maléfiques du tableau.
Qui utilise le tableau, dans le genre
fantastique, se situe forcément dans le domaine du regard et
de son rapport avec un monde-autre inexprimable autrement que par
l'artiste visionnaire. L'évolution du sourire et du regard du
personnage du tableau, d'abord mentalement niée, se trouvera
bientôt liée à l'attente de l'inéxorable.
Les lieux par où l'auteur est passé quelques heures
plus tôt défilent les uns après les autres. Le
créateur est sorti du monde des vivants. Mais sa seule
aquarelle restante est capable de sécréter son propre
univers, où le temps rattrape le temps, inexorablement.
Richard "s'était senti
bien jusqu'au moment où sa fascination pour le tableau avait
commencé à se transformer insidieusement en quelque
chose d'autre, quelque chose de plus sombre." (138)
Le lecteur a déjà rencontré le thème du
tableau qui se modifie5 dans Rose
Madder. En rangeant dans
le coffre de sa voiture l'aquarelle qu'il a montrée à
sa tante, Richard a un choc : "Ce qu'il vit l'atteignit comme un doublé
droite-gauche au foie et à l'estomac.
L'aquarelle avait changé (...). Pas beaucoup,
mais changé de manière indiscutable. Le sourire du
blondin s'était élargi, révélant le reste
de ses dents effilées de cannibale. Il avait les yeux un peu
plus plissés aussi, ce qui donnait à son visage une
expression plus mauvaise et entendue que jamais." (133)
Je ne reprendrai pas dans le détail les observations de plus
en plus difficilement supportables de Richard,
persécuté à distance, qui veut croire
jusqu'à la dernière minute, sans y croire vraiment,
à l'impossible. Plusieurs indices intéressants
jalonnent la nouvelle. La voiture suiveuse suit son trajet, toujours
visible sur le tableau fonctionnant comme un téléviseur
en direct. Avec son poursuivant sarcastique, dont le bras,
passé par la portière, a été vu
fugitivement par Richard : avec un tatouage
LA MORT PLUTÔT...
(136)
Le double de ce récit n'est pas l'inverse d'un personnage,
comme Rosie et Rose Madder. Le peintre voulait détruire tous
ses tableaux. L'un d'entre eux, un seul, lui a échappé
: "Il a brûlé
toutes ses peintures, oui, bien entendu, il les a
brûlées, pensa Kinnel dans son rêve aquatique. Il
ne pouvait supporter ce qui lui arrivait, c'est ce qu'il disait dans
son billet, et quand on en arrive à ce stade, dans les
festivités, on ne prend pas la peine de se demander si l'on
excepte tel ou tel tableau du feu de joie. C'est simplement que tu
avais mis quelque chose de spécial (...) de
manière purement accidentelle, probablement. Tu avais du
talent, ça se voyait tout de suite, mais le talent n'a rien
à voir avec ce qui se passait dans ce
tableau." (149)
Plusieurs liens éclairent partiellement le mystère de
ce double. L'ex-femme de Richard, Sally, qu'il avait
rencontrée lors d'une Convention mondiale de science-fiction,
dirige maintenant un abri pour animaux abandonnés et publie
deux lettres mensuelles : "La
première, Survivors, était bourrée d'infos
astrologiques et d'histoires supposées authentiques de
contacts avec le monde spirituel; la seconde, Visitors, rapportait
les dépositions de personnes qui auraient eu des rencontres du
troisième type avec des extraterrestres." (137) Et quand le poursuivant le rejoint chez
lui, Richard fait un rapprochement : "Sally qui publiait à présent deux revues,
depuis son mobile-home, l'une intitulée Survivors, et l'autre
Visitors. Pendant que ses yeux scrutaient l'allée, ces deux
mots se présentèrent à son esprit comme la
vision dédoublée d'un stéréoscope.
Il avait un visiteur qui était incontestablement un
survivant."
Puis il rectifie :
"Survivants.
Survivants et visiteurs."
(150)
Il vient de faire un rêve où la vendeuse du tableau
(assassinée entre temps par le mystérieux poursuivant)
lui confiait : "Certaines
choses sont très douées en matière de
survie. (...)
Elles n'arrêtent pas de
revenir, en dépit de tous les efforts qu'on fait pour s'en
débarrasser.
(...)
Si vous voulez, on peut dire
qu'il a fait un trou dans le fondement de I'univers, poursuivit-elle.
C'est de Bobby Hastings [l'auteur de l'aquarelle]que je parle. Et c'est ça qui en est
sorti." (149)
D'autre part, Richard s'est désigné lui-même
comme sujet de choix, avec sa nature prête à
s'éveiller devant l'insolite, celle de l'auteur fantastique
qu'il est. Il a désiré l'aquarelle et il a
signé. Quand il a compris la malédiction, et qu'il est
devenu sa propre victime, il est trop tard pour éloigner le
danger. "Il venait de
comprendre , tout aussi soudainement qu'il tenait la
vérité qui lui avait toujours manqué dans ses
oeuvres de fiction, que c'était précisément de
cette façon que réagissaient les gens quand ils se
trouvaient confrontés à quelque chose que la raison ne
pouvait expliquer. Il avait l'impression de saigner à mort,
mais seulement à l'intérieur de sa
tête." (139)
Commencé dans la
répétition et la banalité, le récit
devient vite prenant. Un écrivain part faire un voyage pour
trouver des idées et, avec le tableau dans son coffre,
traîne derrière lui la mort. Il a d'abord refoulé
sa peur du mieux qu'il a pu : "Lorsque des fissures de ce genre apparaissent dans votre
vie, il faut bien faire quelque chose; sans quoi, elles ont tendance
à s'élargir et, tôt ou tard, tout
dégringole par là." (141)
Il n'éprouvait pas la
peur, s'il la décrivait avec délectation. Maintenant,
il l'aborde : le lecteur suit son évolution de la fausse
horreur convenue littérairement à l'horreur absolue.
Richard «sait» maintenant ce qu'éprouvent les
lecteurs, ce qu'il a lui-même décrit dans ses romans. Il
fait dans sa chair l'expérience de sentiments identiques
à ceux qu'il éprouve maintenant qu'il est dans la
même situation. Il connait bien les conventions, ficelles et
astuces du métier. Il attend même avec fatalisme - et
curiosité presque - ce qui va lui arriver. Quand il
brûle l'aquarelle maudite dans la cheminée, il se
demande si le procédé va marcher pour arrêter un
processus jusqu'ici inexorable : "Il le faut, pensa-t-il. Ça marchera parce qu'il
le faut, et c'est tout ce qu'il y a à dire." (145) Dans sa fiction, l'écrivain
crée des apparences, et réagit en metteur en
scène des événements que lui fournit son
imagination. Aussi Richard vit dédoublé sa
dernière journée : l'homme éprouve la peur, mais
l'écrivain réagit en spectateur, avec des
réactions d'humour macabre, des clins d'oeil
désespérés à ce qui a été
si longtemps pour lui une fiction et qui devient une
réalité qui se dérobe? Des réactions dont
le lecteur ne sait plus bien si elles appartiennent à
l'infortuné personnage ou au King metteur en scène.
Mais il doit bien admettre que les procédés romanesques
de lutte contre les maléfices ne fonctionnent pas dans la
réalité. Il sait que, dans les romans du genre, dans un
cas comme celui-là, le tueur porte un tatouage, des bottes de
moto et une machette acérée. C'est à sa lente et
incrédule mutation que nous assistons. Il voit avec frayeur la
fin arriver, et se renouveler - pour lui et «pour de vrai»,
ce qu'il a tant de fois décrit : "Les pas montaient toujours, continuaient d'avancer.
Évidemment Ce n'était pas le genre de type à qui
il suffisait de dire de s'en aller. Ça ne marchait pas; ce
n'était pas ainsi que l'histoire était supposée
s'achever." Quand le
réel rejoint ainsi la fiction, il n'y a plus qu'à se
résigner : "Et il ferma
les yeux." (151)
Ainsi se termine cette nouvelle, écrite avec brio et sans
temps mort comme la plupart des nouvelles de King, qui ne
présentent pas les longueurs de certains romans. On se
souviendra de ce remarquable exercice d'un King écrivain
d'horreur, habité par ses peurs, qui décrit un autre
écrivain d'horreur, qui pense n'avoir pas peur, et qui en
périra, fasciné. Cette variation modernisée de
motifs classiques offre des reflets qui se multiplient, de ce que
l'on sait de l'artiste-peintre, du «visiteur», de
l'infortuné écrivain et de l'organisateur King
lui-même. Ces prodigieux effets en miroir avec des doubles
seraient à analyser avec plus de profondeur en correspondance
avec les hantises particulières de King.
Et le virus du titre, me direz-vous? Un indice : "L'aquarelle se trouva à hauteur de ses
yeux et il l'étudia avidement, saisi une fois de plus par la
bizarrerie sans apprêt du sujet : un jeune gars au volant d'une
voiture de sport, un jeune gars arborant un sourire entendu et
féroce qui révélait des dents effilées et
encore plus féroces.
Il convient très bien, pensa-t-il. Si jamais un titre a
convenu à une peinture, c'est bien celui-ci." (133)
Roland Ernould © 1999.
(roland.ernould@neuf.fr).
Site web:
http://rernould.perso.neuf.fr
Armentières, 9/10 décembre 1999.
Ces opinions n'engagent que leur
auteur, qui reçoit avec reconnaissance toutes les remarques
qui pourraient lui être faites.
La nouvelle The Road Virus Heads North a été publiée dans une récente anthologie de nouvelles d'horreur, intitulée 999, pour célébrer le prochain millénaire. Éditeurs Avon and Hodder & Sloughton. Une édition limitée avait été tirée en juin à 500 exemplaires. Le recueil est paru aux USA en septembre 1999 dans l'édition courante. La traduction française est parue fin novembre 1999 chez Albin Michel (7 traducteurs)
Les 29 inédits de 999 ont
été rassemblés par Al Sarrantonio.
L'anthologie de 812 pages contient :
- un roman de 40.000 mots de William
Peter Blatty;
- 3 novellas de Joe Lansdale, Joyce Carol Oates and David
Morrell;
- 8 nouvelles de Stephen King, Eric Van Lustbader, F. Paul Wilson,
Thomas F. Monteleone, Ramsey Campbell, Gene Wolfe, Ligotti, Kim
Newman;
- 17 histoires brèves de Neil Gaiman, Ted Klein, Tom Disch,
Tim Powers, Ed Bryant, Dennis McKiernan, Nancy Collins, Rick Hautala,
Ed Gorman, Al Sarrantonio, Chet Williamson, P.D. Cacek, Edward Lee,
Peter Schneider, Steven Spruill, Michael Marshall Smith and Bentley
Little.
1 Vers 1960, à douze ans, il a découvert dans le grenier une caisse de livres, venant de son père (par lequel il avait été abandonné à l'âge de deux ans). Son père, amateur de science-fiction et d'horreur, a même essayé d'écrire quelques histoires de cette veine, toutes refusées et perdues. Sa tante Ethelyn aurait fait disparaître la caisse au bout de quelques jours. Raconté dans Anatomie de l'horreur, éd du Rocher, 1995, 114/115.
2 Les classiques connus : Omphale, de Théophile Gautier, Le portrait ovale, d'Edgar Poe, Le portrait de Dorian Gray, d'Oscar Wilde, Le modèle de Pickman de H.P. Lovecraft.
3 Gaston Bachelard, La Poétique de l' espace (1957), PUF Quadrige, 1984, chap. 1, 35.
4 King se situe évidemment dans la postérité du Le modèle de Pickman de H.P. Lovecraft.
5 Rosie a acheté un tableau et l'a installé dans son studio. Elle constate que le tableau se modifie dans le temps et elle entend des bruits en correspondance avec la vie exprimée dans le tableau. Une nuit, elle se lève, constate que le tableau occupe tout le mur et elle entre dans le tableau, comme Alice au travers du miroir. Elle se retrouve dans un autre monde, très différent du sien tout en en ayant gardé des caractères. Pendant le récit, le tableau reflétera fidèlement les diverses modifications des deux mondes. Quand, sur une sorte de coup de foudre, elle a acheté le tableau, porte de deux mondes, tout se passe en fait "comme si c'était le tableau qui l'avait vue" (105).
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