.. du site

 

 Sac d'os

mon opinion :

3 études :

FANTÔME AIMANT CONTRE REVENANT MALÉFIQUE.

À première vue, les deux substituts de ce titre, «fantôme» et «revenant» renvoient à la même réalité: un fantôme n'est-il pas un revenant? Non: le revenant est un défunt qui a eu une mauvaise mort. Victimes de leur vivant, passés de l'autre côté sans trouver le repos, les revenants en reviennent généralement maléfiques. Le fantôme est d'une autre essence: c'est le mort revient faire ou faire faire n'a pas pu réaliser de son vivant, rattraper ses erreurs. Parfois il revient, comme dans Sac d'os, par grand amour... Car l'originalité de ce roman est de présenter une lutte entre des entités dont les desseins sont différents: se servir d'un romancier et lui faire accomplir sa vengeance pour l'une, l'informer et le sauver pour l'autre. Dans le monde parallèle des fantômes où savent s'introduire de mystérieux Extérieurs dangereux, le combat s'engage. Oeuvre d'autant plus intéressante que les fantômes ne sont pas nombreux dans les romans de King. 102 Ko

Sac d'os: L'ÉCRIVAIN ET SON ÉGÉRIE.

Il y a un livre à composer sur King écrivain et la manière dont il met en scène ses nombreux personnages qui écrivent. Il a abondamment publié sur le sujet, depuis les analyses critiques de L'Anatomie de l'horreur ou Pages Noires, jusqu'aux commentaires dans ses nombreuses préfaces et postfaces, sans compter les confidences de ses interviews. On sait par ailleurs qu'il a annoncé la sortie d'un essai sur l'écriture pour l'année 2000, intitulé actuellement On Writing. L'originalité de Sac d'os est de consacrer plus d'une centaine de pages à la situation d'un écrivain en situation de «blocage» et à donner des aperçus jamais développés à ce point sur tout ce qui gravite autour du travail d'un écrivain populaire et la course à la vente de ses éditeurs. Avec, en plus, quantité de réflexions intéressantes sur l'art du romancier. 102 Ko

la page de l'invité (e)un complément

LES AGES DE LA VIE dans Simetiere et Sac d'os. par Delphine Lespinasse

«Le Monde entier est un théâtre, et tous, hommes et femmes, n'en sont que les acteurs. Tous ont leurs entrées et leurs sorties, et chacun y joue successivement les différents rôles d'un drame en sept âges. " Voici la vie, ou voici plutôt une épanadiplose de la vie, résumée dans ce superbe monologue de Shakespeare. Une évolution suivie d'une régression ramenant le vieillard au stade du nourrisson. Une ébauche de la vie se dessinera à travers l'analyse de l'enfance, de l'âge adulte et de la vieillesse dans Simetière et Sac d'os. Cette étude constitue la première partie d'une approche des âges de la vie, de la fuite du temps et de la mort dans deux oeuvres kingiennes.

un complément

QUELQUES FANTÔMES de Stephen KING... ..

Les histoires d'apparitions, esprits, revenants, spectres et fantômes ont alimenté longtemps les légendes des veillées, pour être utilisées de nos jours dans les Ïuvres de fiction romanesques ou cinématographiques. Ces êtres surnaturels forment une vaste famille, où les fantômes sont les mieux codifiés. Le mot fantôme (du mot grec : apparaître) a été longtemps utilisé pour désigner l'image incorporelle ou semi-corporelle d'une créature humaine ou animale trépassée. L'âme d'un mort, continuant de se maintenir terrestrement parce qu'elle ne peut trouver la paix ou qu'elle a une mission particulière à accomplir, revient parmi les vivants. Le motif du fantôme a été longuement utilisé par King dans Sac d'os. Mais d'autres fantômes apparaissent chez King, de façon beaucoup plus brève.

mon opinion :

Stephen King, Sac d'os, Albin Michel éditeur, paru le 8 septembre 1999

Nous le savons, nous sommes tous destinés à finir en tas d'os. Mais certains sacs d'os, enfouis depuis longtemps, peuvent poursuivre des générations de vivants de leurs intentions maléfiques.

Un prolongement de Misery et de la Part des Ténèbres, voilà la première réflexion qui vient à l'esprit quand on commence Sac d'os. Un romancier à succès, un de plus, Mike, rencontre des problèmes d'inspiration et se retrouve complètement bloqué peu après la mort de son épouse Jo. Le roman, écrit à la première personne comme Dolores Claiborne et La Ligne verte, évoque d'abord longuement les quatre années pénibles passées dans le désarroi par un homme aimant, resté seul, qui a perdu ses repères. Quantité de notations et de réflexions sur les rituels d'écriture, les agents littéraires, les éditeurs, la concurrence entre les écrivains, leurs revenus permettent des développements psychologiques et sociologiques auxquels King n'avait jamais consacré cette ampleur. Avec plus d'une cinquantaine d'auteurs cités, les uns incidemment, les autres en situation, parmi lesquels on a la surprise de rencontrer Thad Beaumont, de La Part des ténèbres et William Dendrought, de Ça... Une sorte de petite musique sur le métier, avec le ton distancié, parfois ironique, sans gros effets, d'un conteur d'histoires qui a perdu ses moyens.

Puis ce roman remarquablement construit prend plusieurs directions, qui se révéleront autant de fausses pistes, pour l'explication des phénomènes bizarres qui se produisent dans la résidence d'été de l'auteur, où Mike n'est pas revenu depuis la mort de sa femme. Il a trouvé un mystère dans la vie de Jo, qui ne sera levé que tardivement. D'autres éléments se mettent en place: la jolie jeune veuve Matty, dont notre auteur s'éprend, sans pour autant oublier son épouse; un amour de petite fille; un affreux grand-père, vieillard pourrissant, mais tout puissant, richissime, prêt à tout pour obtenir la garde de sa petite fille. Sur les rives d'un lac qui a sa légende, le chalet de l'auteur paraît hanté. Y passent des fantômes, de curieux phénomènes s'y produisent. Des puissances mystérieuses luttent entre elles, que le romancier ne peut qu'observer sans les comprendre. Elles essaient de communiquer avec lui, ainsi qu'avec la petite fille. Un fantastique sans gros effets, avec de multiples notations curieuses et intrigantes, qui suscitent la peur devant l'inconnu, un étrange discret mais menaçant, et plus raffiné que celui qu'on trouve habituellement chez King. Si l'on veut bien excepter un long rêve épouvantable, qui montre que King n'a pas perdu ses moyens.

Le nom que porte la maison est celui de la chanteuse noire d'un orchestre qui, au début du siècle, s'est produite dans la région avant de disparaître dans des conditions mystérieuses. Comme dans La Tempête du siècle et bien d'autres romans qui mettent en scène des petites villes, les vieux du TR. 90 savent, mais ne parlent pas. C'est en vain que l'écrivain essaie de reconstituer l'histoire. Comment dès lors comprendre que ces manifestations inexplicables, incohérentes en apparence, sont dues à la lutte de deux fantômes dont les intentions sont contradictoires: détruire ou sauver? Et le roman que Mike s'est mis à écrire vient-il de son inspiration ou est-il suscité par une puissance favorable pour exorciser le mal?

Le récit gagne lentement en puissance pour aboutir à la venue d'une tempête cataclysmique, la plus puissante que celles que King ait décrites, pendant que le vrai drame se noue et se dénoue avec des fortunes diverses. Plusieurs dizaines de pages se succèdent, hallucinantes, qu'on lit le cÏur battant, tout esprit critique suspendu, des pages haletantes parmi les meilleures que celles que King ait composées.

Plus original, ce roman est un hymne à l'amour conjugal, dont on ne peut dire davantage pour ne pas dévoiler l'intrigue. Alors que jusqu'à présent une intervention divine ou d'une autre force était nécessaire pour vaincre le mal, ici c'est l'amour qui l'emporte au-delà de la mort. Et c'est Vénus, plutôt que Cassiopée, qui est régulièrement repérée dans le ciel nocturne.

Récit remarquablement monté, avec une maîtrise de la mise en scène qui laisse admiratif. Allant bien au-delà des variations sur le thème de la maison ou du lieu hanté, ce roman attachant allie à la fois force et tendresse. Brillant témoignage d'un écrivain qui, quoi que certains prétendent, n'a jamais été au mieux de sa forme.

 

Roland Ernould 10/09/99 ©

Note critique parue dans Phénix, #53, p. 285.

* Bag of Bones est paru aux USA en septembre 1998. La traduction française de W. O. Desmond a été éditée le 8 septembre 99 par Albin Michel.

* De nombreux sites américains ont publié des informations sur Bag of Bones (Sac d'os).

Le plus intéressant est celui mis en ligne par les éditeurs: http://www.simonsays.com/king/, qui ont mis en ligne de nombreuses informations concernant Bag of Bones: une lettre de King, les chapitres 1 & 2 en américain, une audio du chapitre 7, des commentaires de lecteurs.

En attendant l'édition française, voici une lettre de Stephen King © Simon & Schuster, 1998, et le début du chap. 1 de Bag of Bones.

* Autre site proposant une revue critique: http://www.appelbooks.com/king/bagbones.html

Une préface inédite de King traduite en français pour ce site.

En complément de l'édition de poche de Bag of Bones (parue cette première semaine de juin)) on trouve une lettre de Stephen King, qui nous parle de Hearts in Atlantis, du passage à l'âge adulte dans les années soixante, du métier d'écrivain en général avec un petit commentaire sur son livre On Writing, qui combine souvenirs et conseils techniques:"Je crois qu'ils ne mettront jamais ce livre au programme dans les écoles. Je me suis trop amusé pour l'écrire" Cette lettre, avec d'autres informations, peut être consultée en langue anglaise sur
http://www.simonsays.com/king/heartsletter.cfm

Hearts in Atlantis sera disponible le 14 septembre 1999 aux USA.

La prochaine édition de poche de Bag of Bones comportera cette lettre de Stephen King:

Fidèles lecteurs,
J'espère que
Bag of Bones vous aura empêché de dormir au moins une nuit. Désolé, c'est comme ça que je suis. Moi-même, je n'ai pas pu dormir pendant une nuit ou deux et depuis que j'ai écrit ce bouquin, j'hésite à descendre à la cave -je m'attends toujours à ce que la porte se referme, que les lumières s'éteignent et que l'on se mette à frapper de grands coups. Mais c'est aussi ce qui est amusant, du moins pour moi. Si je ne me sens pas très bien, surtout n'appelez pas le médecin.
Lorsque je suis venu trouver Scribner and Pocket Books, je leur ai proposé trois ouvrages très différents. Le premier, c'est le roman que vous venez de lire (si du moins vous n'êtes pas l'un de ces curieux individus qui commencent par lire ce qui est à la fin d'un livre), le second était un recueil de nouvelles, et le troisième
On writing, un essai sur le métier d'écrivain qui combine souvenirs et conseils techniques. Je crois qu'ils ne mettront jamais ce livre au programme dans les écoles. Je me suis trop amusé pour l'écrire.
Mais je m'écarte du sujet.
J'ai pensé que le recueil de nouvelles serait d'un abord plus facile. Il devait être un peu plus important que
Night Shift (mon premier recueil) et un peu moins important que Skeleton Screw (mon second recueil). J'avais à ma disposition tout un tas de bonnes histoires dont quelques-unes avaient paru dans de petits magazines et plusieurs étaient restées inédites (seules deux nouvelles Everything's Eventual et The Man in the Black Suit avaient été publiées dans des magazines à gros tirage). J'avais même un titre tout trouvé pour ce recueil, One Headlight, d'après la chanson des Wallflowers -il paraissait tout à fait approprié. Si écrire des nouvelles ce n'est pas atteindre son but avec un seul phare, alors je ne m'y entends pas.
[One Headlight = un seul phare. NdT]
Mais voilà. Quelque chose d'inattendu s'est produit. Je crois que j'étais plus ou moins stimulé par la venue d'un autre éditeur et de nouveaux lecteurs; mais surtout j'avais trouvé une bonne idée et je m'étais laissé emporter par cette idée. Entre les différentes périodes de travail intensif sur
Bag of Bones (sur la longue ligne sinueuse qui mène à leur publication, j'ai découvert que les livres reviennent vous tourmenter comme des accès de fièvre), j'ai écrit une nouvelle intitulée Hearts in Atlantis. C'est un de mes «petits romans», une oeuvre trop longue pour être une nouvelle, mais trop courte pour être considérée comme un véritable roman. Au cours de ma carrière où l'on n'a pas cessé de ma reprocher d'écrire des ouvrages beaucoup trop longs (comme par exemple, The Stand, It ou The Tommyknockers), j'ai écrit une douzaine de ces petits romans et je les ai gardés pour être publiés à part dans des recueils séparés. Le premier de ces recueils a été Different Seasons, le second Four Past Midnight. J'aime beaucoup ces deux livres; les histoires qui s'y trouvent comptent parmi celles que je préfère. Cependant je n'avais pas l'intention de publier un recueil de ce type après Bag of Bones, car je n'avais plus d'histoires en réserve, mes tiroirs étaient vides. C'est alors qu'est arrivé Hearts in Atlantis, et cela a déclenché chez moi quelque chose qui attendait patiemment de s'exprimer depuis trente ans ou davantage. J'étais un enfant des années 60, j'étais aussi un enfant de la guerre du Vietnam et j'ai toujours eu eu envie au cours de ma carrière d'écrire quelque chose sur cette époque, depuis The Fish Cheer jusqu'à la chute de Saïgon, en passant par la fin des pantalons à pattes d'éléphant et la mort du disco funk. Bref, je voulais parler de ma génération -quel écrivain n'en a pas envie?- mais j'avais l'impression que si je m'essayais, ce serait un épouvantable gâchis. Par exemple, comment imaginer que je puisse écrire une histoire avec des personnages qui seraient adeptes de la non-violence ou qui diraient: «Hey... groovy!» [Ah, sensass! Ndt]
De Los Angeles, Gertrude Stein a dit:
«Voilà un nom qui ne recouvre rien de précis.» C'est ce que je pense des années soixante, au cours desquelles s'est véritablement forgée la conscience des hommes et des femmes de ma génération, et de toutes les années qui ont suivi et qui nous ont vu remporter quelques victoires et subir de cuisantes défaites. Il me semblait plus facile d'avaler une brique que de dire comment la première génération d'après-guerre aux États-Unis était passée des carabines à air comprimé Red Ryder aux fusils de l'armée, puis aux pistolets laser des salles de jeux. Et puis, j'avais peur. Allen Guisberg a dit: «J'ai vu décliner tous les grands esprits de ma génération.» Moi-même j'ai vu quelques-uns des meilleurs écrivains de ma génération essayer de parler de ce qu'on appelle les Baby Boomers et n'exprimer qu'un grand fatalisme dans un flot de platitudes et de lieux communs.
J'en suis venu à penser qu'il n'est pas bon, mais alors pas bon du tout, pour l'écrivain, de trop réfléchir, et lorsque je me suis mis à écrire
Hearts in Atlantis je ne pensais pas à grand chose -je n'écrivais pas pour parler d'une génération d'hommes et de femmes mais pour me faire plaisir, en exploitant un incident que j'avais pu observer lorsque je n'étais encore qu'en première année de fac. Je n'avais pas vraiment l'intention de publier cette histoire, mais j'ai pensé qu'elle pourrait amuser mes enfants. Et c'est comme ça que j'ai trouvé la solution. j'ai commencé à entrevoir comment je pourrais parler de ce que nous avons failli avoir, de ce que nous avions perdu et de ce que nous étions finalement devenus, et faire tout cela sans pontifier. Je déteste pontifier dans mes ouvrages, ce que quelqu'un (peut-être Robert Bloch) a défini comme «vendre son droit d'aînesse pour avoir le privilège d'utiliser une tribune.»
Une fois terminé
Hearts in Atlantis , je suis revenu en arrière et je me suis mis à écrire une nouvelle histoire d'une bonne longueur, une sorte de roman à part entière, intitulé Low Men in Yellow Coats. Il existait déjà une troisième histoire, Blind Willie. Il suffisait de l'arranger un tout petit peu pour l'adapter à ce que je voulais faire. Une quatrième histoire, également inédite (Why We're in Viet Nam), me paraissait mettre un point final et résumer ce que j'avais à dire. Mais même dans ce cas il me semblait que je n'avais pas tout à fait terminé et j'écrivis une dernière oeuvre intitulée Heavenly Shades of Night Are Falling. Hearts in Atlantis débute avec Bobby Garfield à Harwich, Connecticut (une banlieue imaginée de Bridgeport) en 1960 et se termine dans Shades of Night avec le même Bobby Garfield à Harwich quarante ans plus tard. Le produit fini (surtout avec l'adjonction de la dernière oeuvre) ressemble beaucoup plus à un roman qu'à un recueil d'histoires, mais peu importe, j'en suis assez content -je crois que toutes les histoires qui s'y trouvent sont effrayantes, drôles, tristes et font parfois réfléchir. On n'arrive jamais à dire tout ce qu'on voudrait dire mais quelquefois on réussit tout de même à trouver une piste, suffisamment pour être satisfait un certain temps. C'est une piste que je n'aurais jamais imaginé suivre il y a dix ans, un livre que je n'aurai jamais imaginé écrire et que je n'aurais jamais pu écrire si j'avais projeté de l'écrire. Pour reprendre une expression des années 60, ç'a été un véritable «happening»
Hearts in Atlantis sera disponible chez Scribner à partir du mois de septembre. Si vous étiez adolescent à l'époque où régnaient les chaussures à semelles compensées et se produisaient des groupes qui s'appelaient par exemple The Strawberry Alarm Clock, peut-être que le livre vous rappellera ce que vous avez été, ce que vous avez eu, ce que vous avez perdu et ce que vous avez acquis. Si vous êtes né après, Hearts in Atlantis vous aidera peut-être à comprendre ce que nous avons été et les raisons qui font que nous sommes devenus ce que nous sommes. J'espère bien que vous le lirez et que vous me direz ce que vous en pensez. En attendant... allez en paix, les gars.

Tous mes remerciements à Bernard Briandet qui a traduit cette préface pour mon site et à Simon & Schuster, Inc. Copyright (© 1998) http://www.SimonSays.com/king

 

Vous trouverez ici la lettre de Stephen King © Simon & Schuster, 1998.

Lettre de Stephen King :

Dear Readers,

As I began work on Bag of Bones, the novel which Scribner will publish in the fall of 1998, I looked a few sheets down the calendar and saw fifty staring me in the face. That's a lot of years since Carrie and Salem's Lot and The Stand; a lot of good times for me, and -- I hope -- a lot of shivers for the people who read my books. But fifty is a dangerous age, a time when a writer may have to find a few new pitches if he's going to continue to be successful. I think I can still throw a pretty good fastball when I need to, but in Bag of Bones I've mixed in a few sliders, a few change-ups, and maybe a midnight curveball or two.

I wanted to write at least one more really good scary story before hitting the big five-oh, but I wanted something else, as well: to tell a tale combining the romantic suspense of Rebecca and that sense of otherworldly terror that permeates The Haunting and The Uninvited. I also wanted to write about my Maine again. I found myself lonely for it after spending time in Nevada (Desperation) and the border south (The Green Mile).

I have a new publisher; I wanted to bring them the best book I have in me to write. I wanted to tell a story which would please my old friends and perhaps make a few new ones, as well. Bag of Bones is the result -- a summation of all I know about lust, secrets, and the unquiet dead. If I had to describe it, I'd call it a haunted love story.

I hope you like it.

Best regards, Stephen King.

Hugues Morin vous offre un commentaire sur le premier chapitre:

"Dès les premières lignes, une chose étonne; le roman est narré à la première personne. Un cas assez rare chez King, qui n'a utilisé cette forme de narration que très peu souvent au cours de sa carrière. L'exemple le plus évident de cette forme est le roman Dolores Claiborne, mais dans le cas de Bag of Bones, le niveau de langage est fort différent. Michael Noonan, le narrateur, est écrivain. Il nous raconte donc son histoire comme il l' aurait racontée s'il l'avait inventée... Il s'excuse même parfois de prêter des émotions aux protagonistes, n' étant pas certain que c'est bien ce qu'ils ont ressenti, mais qu'il imagine la chose plausible. Car pour nous raconter son histoire, Mike a interrogé plusieurs personnes, témoins des divers incidents qui se sont produits.

Toujours dans le premier paragraphe, on remarque que l'action de Bag of Bones se déroule à Derry, Maine, petite ville typique de ce coin de pays et que l'auteur (et ses lecteurs) a déjà visité dans les romans lt et lnsomnia. Retour dans le Maine, donc, endroit que King avait négligé avec ses quatre derniers romans (Desperation, The Regulators, The Green Mile et Wizard and Glass). Et donc retour, en partie, à ce bon vieux King aux clins d'oeil comme celui de la résidence d' été de Mike Nooman qui est à Dark Score Lake, l'endroit où Jessie Burlingame était lors de l'éclipse dans Gerald's Game.

Et en lisant ce premier paragraphe (et il est court!) le lecteur est tout de suite accroché. Pas de bavardage, pas de longue mise en sitation; paf! Un punch, comme ça. Puis, on se rend compte que King a téléphoné son effet - comme il le fait souvent - en lançant ce punch et en revenant en arrière par la suite pour nous raconter comment c'est arrivé. Il se sert de petits détails pour installer un suspense qu'il a pourtant vendu dès le départ, et réussi non seulement à maintenir notre intérêt mais encore à nous surprendre.

Enfin, comme King sait si bien le faire, l'intrigue passe subtilement d'éléments réalistes et bien ancrés dans l'esprit du lecteur à un élément surnaturel, que le narrateur et principal personnage s'empresse de nier (et de rationaliser autant que possible)... Et c'est déjà la fin de ce premier chapitre, dont j'ai soigneusement évité de vous raconter l'histoire, question de ne pas vous gâcher le plaisir, chapitre qui laisse le lecteur avec suffisamment d'intérêt pour avoir hâte de pouvoir lire la suite.

Chose certaine, ce King-ci m'a l'air de relever à la fois de ce bon style confortable qu'on connaît à l' auteur, mais avec un petit quelque chose de différent, ce qui me laisse optimiste pour la suite."

Fenêtre Ouverte, # 15.

Début du premier chapitre © Simon & Schuster, 1998.

Chapter 1.

"On a very hot day in August of 1994, my wife told me she was going down to the Derry Rite Aid to pick up a refill on her sinus medicine prescription -- this is stuff you can buy over the counter these days, I believe. I'd finished my writing for the day and offered to pick it up for her. She said thanks, but she wanted to get a piece of fish at the supermarket next door anyway; two birds with one stone and all of that. She blew a kiss at me off the palm of her hand and went out. The next time I saw her, she was on TV. That's how you identify the dead here in Derry -- no walking down a subterranean corridor with green tiles on the walls and long fluorescent bars overhead, no naked body rolling out of a chilly drawer on casters; you just go into an office marked PRIVATE and look at a TV screen and say yep or nope.

The Rite Aid and the Shopwell are less than a mile from our house, in a little neighborhood strip mall which also supports a video store, a used-book store named Spread It Around (they do a very brisk business in my old paperbacks), a Radio Shack, and a Fast Foto. It's on Up-Mile Hill, at the intersection of Witcham and Jackson.

She parked in front of Blockbuster Video, went into the drugstore, and did business with Mr. Joe Wyzer, who was the druggist in those days; he has since moved on to the Rite Aid in Bangor. At the checkout she picked up one of those little chocolates with marshmallow inside, this one in the shape of a mouse. I found it later, in her purse. I unwrapped it and ate it myself, sitting at the kitchen table with the contents of her red handbag spread out in front of me, and it was like taking Communion. When it was gone except for the taste of chocolate on my tongue and in my throat, I burst into tears. I sat there in the litter of her Kleenex and makeup and keys and half-finished rolls of Certs and cried with my hands over my eyes, the way a kid cries.

The sinus inhaler was in a Rite Aid bag. It had cost twelve dollars and eighteen cents. There was something else in the bag, too -- an item which had cost twenty-two-fifty. I looked at this other item for a long time, seeing it but not understanding it. I was surprised, maybe even stunned, but the idea that Johanna Arlen Noonan might have been leading another life, one I knew nothing about, never crossed my mind. Not then.

Jo left the register, walked out into the bright, hammering sun again, swapping her regular glasses for her prescription sunglasses as she did, and just as she stepped from beneath the drugstore's slight overhang (I am imagining a little here, I suppose, crossing over into the country of the novelist a little, but not by much; only by inches, and you can trust me on that), there was that shrewish howl of locked tires on pavement that means there's going to be either an accident or a very close call.

This time it happened -- the sort of accident which happened at that stupid X-shaped intersection at least once a week, it seemed. A 1989 Toyota was pulling out of the shopping-center parking lot and turning left onto Jackson Street. Behind the wheel was Mrs. Esther Easterling of Barrett's Orchards. She was accompanied by her friend Mrs. Irene Deorsey, also of Barrett's Orchards, who had shopped the video store without finding anything she wanted to rent. Too much violence, Irene said. Both women were cigarette widows.

Esther could hardly have missed the orange Public Works dump truck coming down the hill; although she denied this to the police, to the newspaper, and to me when I talked to her some two months later, I think it likely that she just forgot to look. As my own mother (another cigarette widow) used to say, "The two most common ailments of the elderly are arthritis and forgetfulness. They can be held responsible for neither."

Driving the Public Works truck was William Fraker, of Old Cape. Mr. Fraker was thirty-eight years old on the day of my wife's death, driving with his shirt off and thinking how badly he wanted a cool shower and a cold beer, not necessarily in that order. He and three other men had spent eight hours putting down asphalt patch out on the Harris Avenue Extension near the airport, a hot job on a hot day, and Bill Fraker said yeah, he might have been going a little too fast -- maybe forty in a thirty-mile-an-hour zone. He was eager to get back to the garage, sign off on the truck, and get behind the wheel of his own F-150, which had air conditioning. Also, the dump truck's brakes, while good enough to pass inspection, were a long way from tip-top condition. Fraker hit them as soon as he saw the Toyota pull out in front of him (he hit his horn, as well), but it was too late. He heard screaming tires -- his own, and Esther's as she belatedly realized her danger -- and saw her face for just a moment.

"That was the worst part, somehow," he told me as we sat on his porch, drinking beers -- it was October by then, and although the sun was warm on our faces, we were both wearing sweaters. "You know how high up you sit in one of those dump trucks?"

I nodded.

"Well, she was looking up to see me -- craning up, you'd say -- and the sun was full in her face. I could see how old she was. I remember thinking, 'Holy shit, she's gonna break like glass if I can't stop.' But old people are tough, more often than not. They can surprise you. I mean, look at how it turned out, both those old biddies still alive, and your wife..."

He stopped then, bright red color dashing into his cheeks, making him look like a boy who has been laughed at in the schoolyard by girls who have noticed his fly is unzipped. It was comical, but if I'd smiled, it only would have confused him."

 

Avec tous mes remerciements à © Simon & Schuster, 1998. http://www.SimonSays.com/king

 

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