Denis Labbé, Promenades avec
Seignolle
éd. de L'oeil du Sphinx, 2001.
La richesse d'un auteur comme Claude Seignolle
tient en son pouvoir de se prêter à de multiples
lectures et interprétations. D'autant plus variées dans
son cas qu'il s'est toujours amusé à proposer des
pistes différentes, fussent-elles fort éloignées
les unes des autres. Dans ce petit livre qui respire l'admiration
inconditionnelle, Denis Labbé, qui connaît bien
l'auteur, nous propose des aperçus qui suscitent quelques
commentaires.
La sympathie pour Seignolle est évidente, et nous vaut le
rappel toujours agréable des souvenirs des bonnes pages de
l'auteur : son enfance, sa mère, ses grand-mère,
grand-pères, tante et oncles, tous personnages pittoresques et
hauts en couleurs, la grand-mère Augusta surtout. Le lecteur a
récemment retrouvé dans Une enfance sorcière1.
cet entourage qui influença peu ou prou Seignolle On rencontre
aussi dans Labbé ses amis passés : Jean Ray, Lawrence Durrell, Marcel Béalu, Blaise
Cendrars, sont
évoqués à propos et avec justesse. De nombreuses
anecdotes, sur lesquelles je reviendrai, viennent agrémenter
le volume, qui se lit avec facilité. Mais si l'ouvrage
présente des agréments, il suscite cependant des
réserves importantes
Singulière m'a d'abord parue la prise de position
négative de Denis Labbé touchant les universitaires
(chap. 2). Le milieu des facultés a une pratique
particulière bien connue, faite de recherches prudentes, avec
des repentirs, des reprises, beaucoup d'inertie et, pour
résumer, une lourdeur certaine. Les talents nouveaux ne sont
reconnus qu'avec lenteur. La littérature populaire (les
paralittératures2)
suscite toujours des réserves chez des chercheurs qui ont
l'habitude d'étudier des textes difficiles, parfois laborieux,
pour écrire des livres qui finiront souvent sur les rayons
poussiéreux des bibliothèques universitaires. Mais il
est facile de flatter le grand public en ne montrant dans leur
travail que compilation de Trissotin, manies de coupeurs de cheveux
en quatre et goût éperdu de la note. Il faut bien
reconnaître que la reconnaissance universitaire est
recherchée, et Seignolle, comme bien d'autres auteurs, a
toujours témoigné sa satisfaction de voir ses oeuvres
susciter de l'intérêt chez ces laborieux, qu'il n'a
jamais hésité à éditer à compte
d'auteur, pour leur assurer une diffusion plus grande. Il ne balance
jamais à fournir abondamment les chercheurs qui s'adressent
à lui pour obtenir ouvrages et documentation. Il n'est pas
avare en propos et entretiens. Il est vrai que les premiers
réflexes des universitaires avec Seignolle n'ont pas toujours
été les bons. Pierre-Georges Castex, mon ancien professeur de
fac à Lille, s'il sut très tôt reconnaître
le talent de Seignolle et mettre l'accent, dans son Histoire de la
Littérature3,
sur son réalisme, son sens de la description et du
décor, a complètement négligé son
approche du surnaturel paysan. Les universitaires ont, en effet,
d'abord vu en Seignolle le prolongateur du courant de
littérature du terroir, et n'ont pas examiné son oeuvre
en sociologues ou en mythanalystes. Il a fallu attendre les
avancées de la littérature comparée à
l'Université pour rencontrer des universitaires qui voyaient
enfin Seignolle tel qu'il était, comme Roger Bozzetto (cité d'ailleurs
par Labbé) et Jean Marigny, qui sont devenus ses
amis. Il faut cependant noter que Seignolle a surtout
été étudié par des étudiants de
maîtrise ou de D.E.A. (leur liste n'est pas
négligeable)4,
plutôt qu'il n'a été l'objet de travaux
d'enseignants, et que son étude a été
plutôt laissée à des subordonnés. Mais ces
dernières années, la revanche a été
éclatante. Un numéro spécial de la revue
Otrante5,
fréquentée surtout par des universitaires, lui a
été consacré en 1998. Denis Mellier, qui se
révèle l'un des grands maîtres de la critique
universitaire du fantastique, lui a réservé le premier
chapitre de son récent ouvrage Textes fantômes, fantastique et
autoréférence6,
aux côtés de H.P.Lovecraft, Bram Stoker, Jean Ray ou Marcel Béalu : il y a pire comme
compagnons! Enfin, il faut noter que Seignolle sera l'objet d'un
important colloque au Centre Culturel International de
Cerisy-la-Salle, du 14 au 21 août 2001, où du beau monde
universitaire viendra rendre un hommage mérité au
maître7 et
où on pourra écouter... Denis Labbé en personne.
Il vaut donc mieux oublier cette charge8 et
laisser Denis s'expliquer, lors du colloque, avec ceux des
universitaires pour lesquels cette diatribe sera restée en
travers de la gorge.
Plus surprenantes sont diverses anecdotes sur Claude Seignolle,
à l'occasion de sa venue dans le Nord ou en diverses
circonstances, qui transforment Seignolle en sorcier ou en magicien,
au sens littéral, au point de le rendre capable, entre autres
activités insolites, de trouver une pièce d'or entre
les pavés de Marchiennes...9
Qu'en penser? On s'interroge sur le fait que ces propos pourront
contribuer à altérerer l'image de Seignolle
auprès de certains de ses lecteurs, aimant le fantastique sans
admettre pour autant le paranormal, et de faire passer le
maître du fantastique de la diablerie pour un diablotin
masqué, chargé de se faire valoir par des moyens
plutôt singuliers. Il me serait facile de demander directement
à Seignolle ce qu'il pense de ces épisodes. Ce serait
le mettre, ainsi que Denis Labbé, dans l'embarras. J'ai
déjà essayé d'expliquer à Seignolle que,
de mon point de vue, l'utilisation de l'étrange me paraissait
beaucoup plus riche littérairement (par l'invention imaginaire
qu'elle suppose) lorsqu'elle était fabriquée
littérairement par un "non-croyant"(étrange
inventé), et bien moins intéressante quand la
littérature ne faisait que carrosser des convictions profondes
(paranormal "cru", admis et mis en scène, démarche qui
s'apparente à un témoignage ethnographique
enjolivé sur un fait de croyance, guère plus valable
que n'importe quelle anecdote). La discussion a été
esquivée. Seignolle l'intuitif a une remarquable
facilité à changer ses opinions et ses propos selon son
auditoire...
Seignolle a constamment éprouvé le goût de
bluffer son public, en toute innocence souvent, car il adore plaire
et adopte spontanément le langage ou le comportement qui lui
paraissent améliorer au mieux l'image de lui que son
interlocuteur se forme. Ce charmeur aime séduire, est
prêt à tout pour y parvenir. Soit d'un oeil fulgurant
(le troisième oeil dont parle Stephen King), il saisit les intentions
et les attentes de son interlocuteur; soit tâtonnant patiemment
de ses antennes habiles, il cerne peu à peu la
personnalité de son vis-à-vis, jusqu'au moment
où il a senti quels propos conviennent pour se faire valoir.
Il ne faut pas oublier que Seignolle a aiguisé ses sens par
des milliers de contacts avec des campagnards secrets autrement plus
difficiles à conquérir que des intellectuels
espérant le profit du propos convenu qui les arrange. Toutes
ces petites gens méfiantes de la campagne, il fallait les
mettre en confiance, les aborder avec précaution, les
écouter avec componction, les aiguiller habilement au moment
voulu dans un sens ou dans un autre, vers ce qui intéressait
Seignolle : ce se prêtait le mieux à une exploitation
littéraire. Seignolle voyait d'emblée le parti à
en tirer, le gauchissement qu'il pourrait donner à son texte
son texte. Ces décennies de pratique paysanne s'apparentent
à celles d'un vendeur au porte à porte, devenu
redoutable à la longue par une pratique renouvelée du
discours approprié. La roublardise naturelle de Seignolle
devait faire merveille face à celle de ses paysans, roublard
contre roublards, duel dont il n'a probablement pas d'ailleurs
été toujours vainqueur. Les paysans de naguère
s'étaient constitué un fonds de ruse redoutable : il en
avait fallu dans le passé, pour résister à la
fois au seigneur, et aux suppôts de Dieu ou du Diable.
La vérité de Seignolle n'est connue que de lui, encore
qu'il n'est même pas certain que des années de polissage
de ses statues ne l'aient pas amené à modifier certains
angles ou à les arrondir, au point qu'il ne sait plus bien
où il en est. Cela ne l'émeut pas. Un admirateur de
plus pour cet octogénaire fringant n'a pas de prix, et il ne
lésine pas sur le pittoresque. «Le conteur est par définition un
menteur», se plaît-il à
dire, et il reconnaît aimer raconter les
événements à sa façon10.
L'histoire, peu à peu, se fausse, se déforme, pour que
naisse la légende11.
Sa répétition métamorphose les choses
suggérées, les transforme en évidences et en
certitudes. Sans qu'il y ait tromperie manifeste, l'ornement et
l'enjolivure deviennent réalité. Et quel plaisir de
nourrir ainsi ses diverses images, les modeler, les façonner,
les fignoler, pour se garantir la postérité, seule
authentique préoccupation de Seignolle?
Il semblerait, d'après les propos de Denis Labbé, que -
jeu ou conviction - les relations que des auteurs du Nord
entretiennent avec Seignolle (je connais celles d'Alain
Delbe) sont
empreintes d'une vénération qui, simulée ou
vraie, l'apparentent à un maître de
l'ésotérisme diabolique. Il me paraît à ce
sujet qu'il y ait un double malentendu : l'un portant sur la nature
des êtres diaboliques de Seignolle, l'autre sur la description
qu'il donne bien souvent du diable. Dans des régions
christianisées, où le paganisme avait été
plus ou moins intégré, le discours religieux
évoquait sans cesse le Diable, et les potentialités de
cette figure symbolique étaient bien commodes pour faire
régner l'ordre tant bien que mal. Le diable des paysans de
Seignolle est le plus souvent un personnage familier, craint, mais
pas au point de paralyser. Il est facile à duper, et le
recueil Les Évangiles
du Diable est plein de récits où
ce n'est pas le Diable qui a nécessairement le beau
rôle12.
Francis Lacassin
consacre plusieurs pages de son introduction à nous montrer
que le Diable populaire, loin du discours savant des
théologiens, n'est pas si malin qu'on le pense et que, s'il a
des pouvoirs, il peut être facilement berné, et trouver
plus rusé que lui13.
Les croyances en la sorcellerie supposent toujours un contrat,
où la tromperie est possible, et autorisée par la
malveillance et la mauvaise foi du démon ou du sorcier. La
grande peur du Diable, comme nous l'a montré Jean
Delumeau14,
avait été ressuscitée par le discours
théologique des XVIè et XVIIè siècles :
elle n'existe plus de nos jours que dans l'esprit de croyants
retardés ou des Ayatollahs. L'intérêt de l'oeuvre
de Seignolle dans ce domaine est d'être le prolongement d'un
mythe qui ne s'est mis à exister dans la littérature
qu'à partir de l'instant où il ne trouvait plus
guère d'échos dans les masses. En tant que symbole, le
Diable est devienu bien commode. De nos jours, la littérature
fantastique, étayée par le cinéma, se maintient
en partie avec la présence du diable, et un des mérites
de Seignolle aura été de faire le lien entre le
passé et des succès de librairie américains
comme L'exorciste de William Peter Blatty, Rosemary's Baby de Ira
Levin et
Carrie
de Stephen King.
Le diable fonctionne dans ces textes de manière
manichéenne, incarne une angoisse collective, et se
révèle adapté pour traduire les craintes et les
fantasmes d'une société moderne qui n'a plus rien
à voir avec celle qu'a connue jadis Seignolle. Le diable prend
de multiples formes nouvelles, et Seignolle a été ainsi
un des témoins qui a permis le passage du Malin de la
littérature fantastique du milieu du XIXè, au
fantastique moderne. Un certain Diable est mort, mais un nouveau
Diable, bien plus polymorphe, l'a remplacé15,
qui remplit la même fonction.
Le deuxième point concerne la tentative que fait Denis
Labbé pour tirer Seignolle du côté du satanisme.
Seignolle a, certes, fréquenté après la guerre
les libraires qui éditent les écrivains rejetés
par l'édition traditionnelle et des milieux proches de
l'alchimisme, de l'ésotérisme, de l'occultisme et du
satanisme. Il fraya avec Jacques Bergier16,
qui eut son heure de gloire avec Le matin des magiciens et la
revue Planète, qui l'incita
à écrire Le
château de l'étrange17,
recueil d'anecdotes bizarres de contemporains
déboussolés ou excités par
l'étrangeté, tentative qui resta sans
lendemain18
et dont Seignolle a admis qu'elle était peut-être pas
dans le prolongement de son oeuvre. Seignolle est, à
l'époque, satisfait de passer pour un personnage sulfureux :
"Un de nos plus grands et mystérieux
alchimistes dont on cherche à effacer
l'existence." (?), écrira
Eugène Candelier, fréquenté alors assidûment avec Serge
Hutin et Antoine
Faivre. Il ne
faut donc pas s'étonner de voir Seignolle contacté par
des satanistes italiens, tout prêts à en faire un de
leurs grands prêtres lors de la parution des Évangiles du Diable. Bref, Denis Labbé admet qu'il lui plaît bien
de voir en Seignolle un prophète d'un culte sataniste (p.
127). Entre coïncidences ou «coups» du Malin, il nous
propose un homme qui tient autant, sinon plus, du sorcier que de
l'amoureux de la plume19.
Le lecteur aura compris que cette image de Seignolle n'est pas la
mienne. Connaissant mon rationalisme, jamais il n'a essayé de
se présenter sous cet angle dans ses rapports
épistolaires ou téléphoniques. Ce qui ne
m'étonne pas outre mesure de la part de ce brouilleur de
pistes.
Le lecteur intéressé par un Seignolle qui penche du
côté des pactes sataniques lira avec
intérêt l'ouvra ge de Labbé. Je
préfère donner une interprétation plus terre
à terre de l'auteur, en insistant sur le rôle de
porte-flambeau des traditions d'un homme qui assure la transition
entre le passé et le présent. Par rapport aux autres
romanciers du terroir, George Sand, Maupassant, un peu
Zola, par
raccroc, la situation de Claude Seignolle est différente,
prolongement mais surtout compréhension ethnologique. Les
romanciers de la paysannerie se sont intéressés surtout
au folklore, leurs paysans demeurant mal dégrossis ou devenant
idéalisés. Seignolle a sa curiosité
éveillée par les superstitions et les incertitudes qui
concernent l'étrangeté. Ces croyances se rattachent au
vieux fonds imaginaire qui s'est constitué depuis la nuit des
âges, et qui touche encore les citadins qu'il met en
scène, tant il est vrai qu'un citadin n'est qu'un rural ayant
changé de vernis culturel sans modifier structurellement sa
pensée profonde. Car l'être humain est le seul animal
qui ne peut vivre qu'en donnant un sens aux choses. Quand il a
attribué ce sens, cette signification à ce qui
l'entoure, il y vit plus commodément, que cet entourage soit
bénéfique ou maléfique. Il sait qu'il inventera
des formules, des rituels, pour obtenir ce qu'il désire ou ce
qui correspond à ses besoins. L'être humain est ainsi
fait qu'il part d'une irrationnalité congénitale, et
que sa rationalité, jamais claire, est toujours à
construire.
L'originalité de Seignolle a été de mettre
à jour ce fonds archaïque, devenu pittoresque de nos
jours, au moment où il allait disparaître par
l'urbanisation et l'industrialisation de nos sociétés,
en ce milieu de XXème siècle, après la seconde
guerre mondiale qui avait précipité l'évolution.
Seignolle est un jalon irremplaçable pour comprendre
l'évolution des formes que le besoin de croire et de donner un
sens aux choses avait constituée peu à peu, et le
goût actuel pour des nouveautés et des croyances
renouvelées et modernisées, du moins en apparence,
qu'elles viennent des sectes ou s'inspirent des religions orientales.
L'oeuvre de Seignolle effectue naturellement le passage, entre des
formes de société anciennes, qui ont gardé leur
originalité, mais paraissent néanmoins
périmées, et des formes nouvelles, qui correspondent
à de nouveaux besoins, liés à des sentiments,
des désirs et des besoins qui ont changé.
L'irrationnalité a seulement changé de formes et les
hommes y vivent toujours à l'aise. Nos contemporains sont
toujours désireux d'être rassurés,
protégés dans leur santé, leurs biens et leurs
affections, et prêts à rechercher des solutions qui leur
paraissent efficaces : le voyant, la cartomancienne, le mage, le
spécialiste médical, l'expert les attirent, même
s'ils ne pas toujours certains de leur efficacité. Qu'elle
soit seulement apparente, qu'elle leur autorise des illusions, cela
leur suffit bien. Ils sont tout autant que jadis dans
l'impossibilité d'analyser et de comprendre leur environnement
et leur monde, qui, avec les avancées scientifiques, leur
paraissent de plus en plus compliqués. Ils n'ont pas les
outils intellectuels qui leur permettent de trouver des
repères. Nos contemporains ont finalement des attitudes
identiques à celles de leurs ancêtres dans leurs
recherches, même si elles ont complètement changé
dans leurs formes. Menacés dans leur certitudes, ayant pris
davantage conscience de la violence du monde, ils se sentent toujours
inquiétés par des forces extérieures, auxquelles
ils n'hésiteront pas à proposer des explications
mystérieuses nouvelles. Le Diable de Seignolle sera
remplacé par de nouveaux démons. Car dans ces
perspectives technologiques nouvelles sont apparues de nouvelles
superstitions, de nouveaux dieux et de nouveaux diables. Si le Dieu
de Nietzsche est mort, le Diable de Seignolle a été
rejeté par les derniers prêtres, alors que leurs
prédécesseurs l'imposaient il n'y a pas si longtemps,
pour des raisons de doctrine : Dieu ne prenant son sens que par son
rival. Si le grand dieu judéo-chrétien a disparu,
combien de petits dieux ou diables de nombreuses sectes de notre
temps l'ont supplanté! Les prêtres et les sorciers de
village ont pratiquement disparu. Ils ont été
remplacés par les astrologues, devins, marabouts, gourous
divers, qui remplissent la même fonction. Le latin, support
magique de cérémonies partout répandues
naguère, où le pain et le vin se changeaient en chair
et en sang, n'est plus utilisé que dans des rituels reprenant
les traditions historiques sataniques ou macabres, aux
côtés d'autres langues ésotériques. Des
sacrifices d'enfants aux serial-killers, le Mal, le diabolique et ses
suppôts ont encore un bel avenir, à côté
des vains dieux du stade ou de l'image...
Vous ne trouverez pas dans cet ouvrage de Denis
Labbé20,
débordant de bons sentiments, une image complète de
Seignolle, du moins vous présentant ses multiples facettes.
L'octogénaire Seignolle est resté un grand enfant,
toujours en quête de témoignages de sympathie,
d'affection ou de considération. Jamais certain de la
solidité de son image, jusqu'à son dernier jour il
cherchera avec fièvre ceux qui donneront de lui des
éclairages nouveaux, construisant ainsi une image complexe,
disparate et diversifiée dans ses exigences. Ce livre pourra
jouer ce rôle pour les amateurs d'occultisme. Il fera à
nouveau parler de Seignolle, ce qui est toujours utile. Car on ne
peut qu'admirer cet homme qui s'est fabriqué et continu
à bâtir patiemment sa mythologie, attentif aux
déformations, aux glissements, soucieux de les favoriser sans
cependant exagérer, anxieux de ne pas briser une
amitié, de ne pas décevoir ses admirateurs. Metteur en
scène de ses contes, metteur en scène de son
passé, metteur en scène de ses reflets, ainsi va
Seignolle, unique en son genre, bravant le temps, passager et
observateur curieux et compréhensif d'un monde où la
folie des hommes, leur sauvagerie, leur goût de la destruction
lui ont permis d'écrire une oeuvre forte, tout en conservant
son âme d'enfant, son appétit pour ses légendes
et son besoin de défier le temps.
Roland Ernould © juillet 2001.
Document 1.
Raymond Gilles, Le
folklore de la peur, mémoire de
licence, Université Libre de Bruxelles, 1974.
Marie-Neige Martinez, Aspects de la littérature fantastique
française contemporaine de 1940 à nos
jours, Université de Toulouse
Montmirail, 1973.
Geneviève Chatry, Analyse
structurale et thématique de quelques nouvelles de Claude
Seignolle, mémoire de
maîtrise, Université de la Sorbonne Paris III, 1986.
Judharat Bencharit, Le réel et le
surnaturel dans l'oeuvre de Claude Seignolle, thèse de doctorat, Université de la
Sorbonne Nouvelle Paris III, 1991.
Estelle Perrin, Le Diable à travers
les nouvelles campagnardes de Claude Seignolle, mémoire de maîtrise, Université Jean
Monnet de Saint-Étienne, 1995.
Delphine Bahuet-Gachet, L'espace dans les
nouvelles littéraires françaises et italiennes de
XXème siècle (1940-1960), 2
vol., thèse, Université de Bordeaux Michel-de-Montaigne
III, 1996.
Document 2.
Colloque du Centre Culturel International de Cerisy-la-Salle du 14 au
21 août 2001.
Ce colloque est destiné à rendre hommage à un
écrivain particulièrement original dont l'oeuvre a
suscité, en France et à l'étranger de nombreux
essais, voire des thèses universitaires. Claude Seignolle dont
Jean Ray a dit qu'il "installe l'enfer dans notre vie", est le seul
grand écrivain français de notre époque qui se
soit imposé comme un maître du fantastique. Lawrence
Durrell, qui l'admirait , l'a fait connaître dans les pays
anglo-saxons où il est tout particulièrement
apprécié. La raison de ce succès est que Claude
Seignolle puise largement son inspiration dans les trésors des
légendes et du folklore des provinces de France. Ethnologue et
poète, Seignolle, qui se dit volontiers paysan, connaît
admirablement bien les traditions et les superstitions de la France
"profonde". C'est un merveilleux conteur qui sait donner à ses
récits une coloration particulière. Chez lui, le
diable, les loups-garous et les vampires ne sont pas tout à
fait semblables à ceux que l'on rencontre ailleurs. Certains
récits de Claude Seignolle comme La
Malvenue, Le
Chupador ou Marie la Louve sont devenus de
véritables classiques de la littérature fantastique,
maintes fois réédités et traduits dans de
nombreuses langues. A l'aube du XXe siècle, il est temps,
avons-nous pensé, qu'un colloque vienne enfin consacrer
l'univers et l'écriture de l'auteur des Evangiles du Diable .
Les différents intervenants auront à coeur
d'éclairer non seulement l'oeuvre de Claude Seignolle, dont
les thèmes récurrents sont le diable, la mort, la fuite
du temps, les peurs ancestrales et la sagesse paysanne, mais aussi la
personnalité d'un homme attachant, profondément
humaniste, dépositaire de la mémoire d'un monde rural
en voie de disparition.
Conférences (suivies de débats)
R. Baudry : Le charme des animaux et le langage
des bêtes chez Seignolle et d'autres auteurs. - J. Bencharit :
Étude de La Malvenue. - D. Besançon : La mort dans l'oeuvre de Claude
Seignolle. - J. Bessière ; Claude Seignolle, le fantastique
comme exception. - R. Bozzetto : Claude Seignolle, ou les
mystères de la temporalité. - G. Chatry-Touren : Le
Double, analyse clinique de deux nouvelles,
Le Bahut Noir et Le Chupador. - A. Chareyre-Mejan
: L'inoubliable Seignolle, ou l'art du souvenir. - Ch. Grivel :
Étude de Delphine. - A. Huftier : Claude Seignolle et la peur de l'organique
- O. Joguin : Les visages du diable dans l'oeuvre de Seignolle. -
D. Labbé : Images de la femme chez
Claude Seignolle. - J. Marigny : Sagesse
et traditions populaires dans l'oeuvre de Claude Seignolle. - G.
Menegaldo : L'oeuvre de Claude Seignolle au cinéma et à
la télévision. - J.-P. Picot : Les tranchées de
14-18 et le "fantastique de guerre" : Claude Seignolle, Arthur Machen
et Henri Béraud. - A. Schaffner : Le jeu avec le lecteur dans
les récits fantastiques de Claude Seignolle.
Communications
(suivies de débats)
- F. Bazzoli : Claude Seignolle et les images. - H. Desmarets :
La Brume ne se lèvera
plus. - D. Gachet : Le choix de la forme
courte : la nouvelle chez Claude Seignolle. - Cl. Herzfeld :
l'écriture de la possession dans La Malvenue. - S. Lazzarin :
Dans la peau du loup. Le thème lycanthropique chez Claude
Seignolle. - W. Schnabel : La peur chez Claude Seignolle.
Table ronde
(suivie de débats)
A. Faivre, D. Gachet, J.Goimard, P. Jauliac : Claude Seignolle et le
fantastique paysan.
Document 3
:
Revue Otrante, numéro
consacré à Claude Seignolle, 1998. Sommaire :
Jean Pierre Sicre, Voir dans la nuit : avant-propos - Alain Delbe,
L'île du sorcier - Arnaud Huftier, Claude Seignolle, ou la
parole fait signes - Marie Charlotte Delmas, CS, quêteur de
mémoire, conteur de sornettes - Roger Bozzetto, Un
fantastiqueur singulier - Alain Charreyre-Méjan, Les yeux
à rebours - Dominique Besançon, CS et sa légende
de la mort - Delphine Bahut-Gachet, Pour une poétique du
centre ville : réflexions sur le décor urbain de La
nuit des Halles - Denis Mellier, Vertige des doubles : notes sur le
bahut noir - Gwenhaêl Ponnau, Pauvre Sonia ou le don du sang -
Annie Spiquel, Sur les pas de Gérard - Alain Schaffner, De la
barrique à l'oubliette : CS sur les traces d'Edgar Poe -
Denis Labbé, Des présences
sorcières - Sadoul Barbara, CS et
les loups-garous - Jean-Pierre Jardin, Bêtes grises et sang
noir : les loups de CS - Raymond Gilles, CS et les voix du terroir :
un cycle de malédictions - Judharat Bencharit, La
représentation spatiale de la psyché - Documents et non
entretiens - Instants de folklore exotique - Questionnaire sur le
folklore provençal - Mea Maxima culpa - Deux dents, pas plus -
L'impossédable.
|
L'auteur : Né en
1965 à Lunéville, entre Vosges et Alsace, mais
Nordiste d'adoption depuis plus de 20 ans, Denis
Labbé a conservé cet amour du fantastique
propre à ses forêts natales. Docteur es
lettres, il enseigne à Avesnes-sur-Helpe et vit
à Bavay. Il cherche à donner à ses
élèves le goût de la lecture et de
l'étrange. Écrivain, poète, traducteur
et critique, plusieurs de ses nouvelles sont parues en
anthologies : De sang
et d'encre (Naturellement),
Ainsi soit
l'ange (Oxymore), mais
également dans des revues aussi différentes
que Phénix,
Rétroviseur, Poésie
Première
ou Hauteurs dont il
est l'un des rédacteurs. Il a participé
à l'ouvrage collectif : H.P. Lovecraft, le
Maître de Providence (Naturellement, 1999). On lui
doit aussi des traductions de Brian Lumley (Necroscope,
Vamphyri), Graham Masterton, Kim
Newman
ou encore Poppy Z. Brite. Auteur, en
collaboration avec Gilbert Millet, d'un ouvrage
sur le fantastique aux éditions Ellipses,
Le
Fantastique
(note de lecture), il vient de terminer une biographie
romancée Promenades avec Claude Seignolle, un roman , pour la jeunesse, Le Pavillon Maudit (Syros). Il est l'auteur de deux recueils de
poèmes Au pas
des oiseaux (Editinter 1998) et
Entrevoix (Editinter 2001)Il prépare avec Gilbert
Millet
un ouvrage sur la science-fiction.
|
Notes :
1
Claude Seignolle, Une enfance
sorcière, reprise d'une partie de
Lithos et moi
(1960), Royer éd. 1994, Omnibus 2000.
2 Voir Gabriel Thoveron, Deux
siècles de para-littératures, Lecture, Sociologie,
Histoire, éd. du Céfal,
1996. Thoveron est professeur à l'Université Libre de
Bruxelles et Directeur du Centre d'Études des Techniques de
Diffusion de l'Institut de Sociologie, chargé d'études
aux Instituts d'Études Politiques de Paris et de Lille.
3 Pierre-Georges Castex, Paul Surer et Georges Becker,
Histoire de la littérature
française, Hachette, 1974.
Volumineuse histoire traditionnelle de la littérature
française qui contient de nombreux résumés des
oeuvres, ainsi que des évaluation de l´apport de divers
textes ou auteurs. Le rond des
sorciers de Seignolle est cité.
La thèse de Castex Le conte
fantastique en France de Nodier à Maupassant, José Corti, 1951, a beaucoup fait pour populariser
le fantastique à l'université.
Quelques semaines avant sa mort, Castex écrivait à
Seignolle : "À votre façon,
vous avez agrandi le champ de la littérature fantastique et
marqué notre époque.",
cité par Estelle Perrin, Le Diable
à travers les nouvelles campagnardes de Claude
Seignolle, Université Jean Monnet
de Saint-Étienne, 1995.
4 Voir en fin de texte : document 1.
5 Sur laquelle Labbé tient des propos injustes. Voir
la note 9. Revue certes confidentielle, compte-tenu de son prix et de
sa densité intellectuelle. Mais s'interroge-t-on sur le tirage
des revues du fantastique populaire (fantastique, SF ou autre)?
Quelques cetaines d'exemplaires? Quelques milliers paraissent
fabuleux aux éditeurs. Si les lecteurs de romans existent, de
moins en moins nombreux d'ailleurs, rares deviennent ceux qui
consacrent du temps à lire des analyses critiques sur les
auteurs, et, à plus forte raison, sont disposés
à payer pour le faire.
6 Denis Mellier Textes
Fantômes, Fantastique et
autoréférence, éd.
Kimé, Collection «Détours
littéraires», 2001. Ce texte est une reprise de celui
consacré à Seignolle dans Otrante. Denis Mellier est
Maître de Conférences à l'Université de
Poitiers où il enseigne la littérature comparée
et le cinéma. Il est l'auteur de L'Écriture de l'excès. Fiction fantastique et poétique de la terreur
(Champion 1999) et La littérature
fantastique, Seuil mémo,
2/2000.
7 Colloque sous la direction de Roger Bozzetto et Jean
Marigny. Voir en fin de texte : document 2.
8 Violente même contre la revue Otrante, pratiquement
accusée de nombrilisme. Pourtant, Denis Labbé se
trouvait au sommaire... Voir en fin de texte : document 3.
9 Ville du Nord connue pour avoir eu des sorcières
brûlées sur la place du village au XVIIème
siècle, qui est devenue la cité des
cucurbitacées (les citrouilles et leur famille!) et de la
fête des sorcières.
10 "Méfiez-vous, je suis un
menteur", entretien avec Marie-Charlotte
Delmas, automne 1997, cité dans Otrante, op. cit., p. 39, qui
raconte aussi que sa mère disait de lui en périgourdin
: "Ne l'écoutez pas, c'est un
original. Il raconte toujours des histoires. Il ment, mais il en fait
son métier." (p. 40)
11 Labbé analyse d'ailleurs bien ces glissements,
à propos d'une anecdote d'Une
enfance sorcière (p. 29) :
"Je vis, à dix mètres
peut-être, au fond de l'oubliette ronde, telle une immense
jarre, je vis les restes osseux, squelettes parfaitement
conservés, d'un groupe de soldats anglais de la guerre de Cent
Ans; une demi-douzaine de prisonniers malchanceux, suppliciés
et jetés là sans pitié, sans doute encore
vivants, abandonnées à la mort lente et crevés
de faim comme sur un radeau perdu en mer."
Seignolle donne à cette anecdote tous les caractères de
la vérité : le "Je
vis", répété deux
fois; les nombreux détails réalistes. Et pourtant,
l'essentiel n'a pu être qu'inventé, en l'absence d'une
investigation historique convenablement conduite. Rien n'est
prouvé, mais littérairement, l'emprise est si forte
qu'elle anesthésie complètement notre sens critique.
Mais un détail concret gêne : la gardienne allume de
"vieux journaux" qu'elle jette dans le puits pour éclairer les
restes. Depuis le temps que ce manège dure, que peut-il encore
rester de visible au fond du puits sous les papiers consumés?
Comme le fait remarquer Labbé : "Bien entendu, et Seignolle le raconte, il n'y avait
peut-être au fond de ce puits que des pierres et quelques
vagues bouts de tissus, l'imagination ayant fait le reste. Mais pour
l'enfant pétri de contes et d'histoire, aucun doute
n'était possible.", note 56, p.
170. Le ciselage du texte a fait le reste.
12 Le diable de Seignolle est un personnage proche de
l'humain, avec des caractéristiques anthropomorphiques
marquées, ce qui le rend proche, parce que le paysan peut le
comprendre à partir de la psychologie humaine. Il est en
même temps effrayant, à cause de ses pouvoirs. Dans les
romans et nouvelles de Seignolle, le diable - mise en scène
littéraire oblige - nécessite une mise en scène
plus tragique, où la méfiance à l'égard
de l'occulte est importante, comme la contamination des
ingérences démoniaques.
13 Estelle Perrin, Le Diable
à travers les nouvelles campagnardes de Claude
Seignolle, op. cit., p 60.
14 Jean Delumeau, La peur en
Occident, Fayard, 1978.
15 "Cette parfaite fiction (Satan),
sans la moindre substance, fabriquée par les Zoroastriens du
Vème siècle avant notre ère, puis le
christianisme, est toujours parfaitement vivante dans les pays
prétendument les plus développés du
monde.", Gérald Messadié,
Histoire du Diable, Robert Laffont, 1993, p. 24.
16 Avec son compère Louis Pauwels, il a notamment
écrit Le matin des
magiciens, gros succès de
librairie, publié en 1960, éd. Gallimard.
17 Maisonneuve et Larose éd., 1969.
Réédité dans une édition enrichie en
1974, W. Beckers éd. Réédité par
Maisonneuve et Larose, 1996.
18 Quelques contes ont cependant été
tirés de certains récits : Le
Numéro 141, Une santé de cerisier,
La main de pierre, Un vieux
mélomane.
19 Un exemple de critique d'Anthesis : "Claude Seignolle, de sa plume magique, donnera naissance
à une oeuvre unique dans les annales de la littérature
fantastique. Une oeuvre terrifiante à souhait où
désormais le Diable perd son rôle de dupé. Comme
dans la danse du Sabbat, Seignolle prend à rebours le lecteur,
les puissances maléfiques retrouvent leurs pouvoirs et nous
entraînent vers les racines du mal, le véritable, celui
qui fit trembler tant de nos aïeux lors des anciennes
veillées au coin du feu." Je viens
juste d'écrire le contraire. Pour avoir vécu dans le
milieu paysan il y a un demi-siècle, je puis témoigner
que, excepté quelques personnes influencées par les
prêtres, les paysans avaient une attitude beaucoup plus
nuancée, plus ambiguë à l'égard du diable
et qu'ils ironisaient facilement à son sujet. Tout en s'en
méfiant cependant : on ne sait jamais... On ne sait jamais :
la formule est toujours utilisée de nos jours et
témoigne du même fonds superstitieux.
Droit de réponse : Elric
Warrior me fait les remarques suivantes :
"Mais que faites vous des
études de Claude Seignolle sur les traditions et superstitions
? Peut être que dans les années 50, on pouvait ironiser
selon votre experience sur le diable mais certainement pas sur ses
"proches collaborateurs ", c'est à dire les sorciers.
Je n'arrive pas à saisir
votre raisonnement, comment peut on ironiser tout en se
méfiant ? Cela me parait incroyable.
Pour ma part, je pense
sincèrement que si le Diable avait un rôle de
dupé dans de nombreux contes et récits, c'etait du fait
qu'il était craint et on se moque toujours de ce que l'on ne
peut comprendre .En somme c'est une sorte d'exorcisme.
Le curé de village a
toujours joué un rôle énorme , il était le
seul recours contre les puissances démoniaques car il
possedait selon les paysans, les moyens de combattre le malin ou ses
suppots car lui aussi avait des formules secretes.
Lui seul pouvait
détruire le sort d'un sorcier, d'ailleurs Claude Seignolle
décrit cette action dans ses romans et nouvelles.
Et c'est pour cette raison que
j'ai précisé dans mon introduction d'
www.heresie.com/seignolle/ <http://www.heresie.com/seignolle/> que Claude Seignolle rendait au
Diable son véritable pouvoir, il n'etait plus comme dans de
nombreux contes, le dupé.
Le fait que l'on peut trouver
dans les recueils de légendes que Claude Seignolle a
dirigé, des contes étranger a sa production ou le
Diable passe pour un idiot n'a strictement rien à voir avec le
Diable Seignollien. Merci de m'avoir lu et bonne fin de week end
!
Cordialement
Elric Warrior
20 Je remarque malicieusement que, à l'imitation des
travaux universitaires, il comporte son cortège de notes et sa
bibliographie...
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Claude Seignolle
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en lecture gratuite :
L'hostie
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.. du site Imaginaire
.. du site Stephen King
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