"Il" est revenu
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Ça s'en va et ça revient...
Ils sont sept face à Lui. La Chose qui pourrit dans
les égouts de Derry et se nourrit de leurs peurs.
Enfants, ils ont affronté l'horreur et ont vaincu par
la magie. Aujourd'hui Ça revient pour prendre sa
revanche sur les adultes, mais les pouvoirs de l'enfance se
sont évanouis. Alors ils y vont avec la
pétoche.
Il est des films qui ne devraient jamais
voir le jour. Aucun lecteur assidu de King ne
prétendra le contraire : ÇA est une
abomination, un téléfilm honteux et
pathétique. Quand on songe à la puissance du
roman, porté par ces mots d'ouverture "la magie
existe", le néant qui se dégage de cette
adaptation a de quoi faire frémir. On tient ici
l'archétype de la trahison envers l'auteur, du projet
alléchant qui permettrait d'amasser une fortune en
exploitation. Seulement voilà, les gens qui
produisent ou réalisent ce genre de choses n'ont
manifestement pas lu Stephen King. ll n'y a pas de
mystère : on ne peut restituer ce qu'on ne
maîtrise pas.
Tommy Lee Wallace est un apprenti
incapable de cadrer une image correctement. Chaque
scène est moche, les couleurs ternes, auxquelles
s'ajoutent des décors désertiques et un
casting d'une finesse Kollossale. La faute revient en
priorité au scénariste qui n'a conservé
du livre que les scènes d'épouvante. Le film
s'apparente moins à une histoire d'horreur qu'au
catalogue du petit monstre de cinéma. Toutes les
vingt minutes en moyenne apparaîssent -au choix- un
loup-garou, un vampire, une momie ect. le tout sans
cohérence ni logique. Les scènes "chocs"
(elles ne feraient peur à personne de plus de dix
ans) constituent l'essentiel des trois heures que dure ce
supplice. On a beau chercher, rien n'est à sauver :
séparés du style de King les dialogues sonnent
creux, et le scénario n'a pas jugé utile de
conserver tous les passages sur la naissance de
l'amitié, les liens entre les membres du groupe, les
sentiments extrèmes d'amour, de haine et de peur chez
les enfants... La palme revient à
l'éclairagiste et au directeur de la photo : les
acteurs ont systématiquement le soleil en pleine face
et la pellicule est surexposée. Quant aux effets
spéciaux, mieux vaut paroles garder car en dire plus
serait de la vulgarité. Tout Ça pour dire que
C'est plutôt un mauvais film.
(le pire de tous, on peut mettre un panneau sens interdit
?)
Fidélité : Tiens ? Un
oiseau...
Sylvain Tavernier
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